Monthly Archives: June 2016
L’impossible unité nationale /Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar
Les jalons
La proclamation de la République, à Aleg le 28 novembre 1958, fut le résultat d’un engagement consensuel, solennel et sincère entre toutes les communautés, après des débats houleux mais francs et fraternels dans une ambiance bon enfant, dominée par l’émergence du problème identitaire. Les noirs, minoritaires, voulaient lui donner le nom de la République africaine de Mauritanie pour marquer leur différence, les maures, majoritaires, celui de la République arabe de Mauritanie pour imposer leur hégémonie. C’est le président de cette assemblée constituante, le métis Sidel Moktar Ould Yahya Ndiaye, qui, grâce à son sens élevé du devoir national et surtout à son souci de préserver coûte que coûte l’unité nationale, pilier principal de cette nouvelle République, qui avait proposé de la nommer République Islamique de Mauritanie, l’islam étant le ciment de notre unité. Sa proposition avait été votée à l’unanimité par tous les députés dans un contexte pluraliste.
La déclaration de notre indépendance le 28 novembre 1960 à Nouakchott avait entériné la naissance d’un État bi-ethnique où cohabitent une communauté arabo-berbère et une communauté négro-africaine unies par l’histoire, par la géographie, et surtout par une même religion, pour un même destin.
Mais l’adoption par l’assemblée nationale, en mai 1961 de l’amendement constitutionnel, transformant le régime parlementaire plus compatible pour consolider la cohabitation, en régime présidentiel source d’autoritarisme, va remettre en cause ce contrat social, ce pacte solennel, cette solidarité entre musulmans d’origines différentes, qui est le fondement de notre unité nationale et conduira notre pays vers la dictature de la majorité.
Cette déloyauté, pour ne pas dire cette trahison de la part de ses compagnons arabo-berbères, va provoquer la démission de Sidel Moktar Ndiaye président de cette assemblée nationale, dénonçant ainsi le monolithisme de la nouvelle République contraire aux objectifs fondamentaux fixés par le congrès d’Aleg, indispensables aux nécessaires équilibres intercommunautaires. Il sera remplacé à la tête de cette institution par Hamoud ould Ahmedou.
La concentration des pouvoirs et la politisation de la religion.
La réforme constitutionnelle de janvier 1965 faisant du Parti du Peuple Mauritanien (PPM) le seul parti légal et lui consacrant le monopole des candidatures sera fatale pour la cohabitation, puisque la minorité négro-mauritanienne n’aura plus le droit à l’expression politique d’envergure, pour manifester sa différence et exiger des réformes consensuelles comme au moment de l’indépendance. Cette concentration des pouvoirs exécutif, parlementaire et politique propre au système majoritaire, est injuste et confortera le totalitarisme du pouvoir aux mains de la majorité maure où les minorités n’auront plus aucun droit de jouer un rôle positif dans la construction nationale et doivent se contenter des miettes.
Auparavant, le premier congrès des juristes musulmans mauritaniens, composé essentiellement de ressortissants des tribus maraboutiques majoritairement d’origine Sanhadja, organisé du 20 au 27 novembre 1961, six mois après la réforme constitutionnelle, et à la veille du premier anniversaire de notre indépendance, par le ministre de la justice et de la législation, avait annoncé certaines recommandations à la fin de ses travaux , dont la plus importante était l’officialisation de la langue Arabe, exploitant ainsi le caractère islamique de la République pour servir des desseins inavoués. C’est le début de la politisation de notre religion et de l’ingérence des marabouts dans les orientations de l’Etat.
En effet, ces marabouts, que la force de leur foi avait amenés à renoncer librement à leur langue maternelle, avaient adopté la langue du coran et de l’islam dont ils sont devenus les fervents défenseurs, et l’avaient répandue par la force des armes dans tout le Maghreb, et même jusqu’à la péninsule ibérique. Après leur décadence puis leur défaite, ils poursuivirent leur œuvre par des moyens pacifiques. Grâce à leur maitrise de la langue arabe et de la force de leur foi, ils sont devenus les détenteurs du pouvoir spirituel et les nobles protecteurs de notre sainte religion dont ils assurent aujourd’hui encore le rayonnement.
Ces tribus maraboutiques avaient opposé une véritable résistance culturelle efficace et intelligente à vocation islamique et universelle, qui s’était manifestée pacifiquement, depuis la pénétration française jusqu’à l’indépendance, et même au-delà, face a la colonisation française, en refusant sa culture et en sauvegardant la culture islamique par la multiplication des mahadras et des bibliothèques.
Face à l’attitude quelque peu réfractaire à l’enseignement colonial de la majorité des arabo-berbères, les français avaient axé leurs efforts sur la composante noire de la Mauritanie plus motivée, qui, au bout du compte, avait été presque la seule bénéficiaire de cet enseignement français, au point que beaucoup d’intellectuels arabophones considèrent, jusqu’a ce jour, le français comme la langue des négro-mauritaniens.
L’orgueil et surtout l’ignorance des arabo-berbères, les avaient même poussés à refuser d’envoyer leurs enfants à l’école des agriculteurs, créée en 1931 dans le Karakoro pour répondre aux besoins du pays, considérant cette fonction comme métier servile normalement dévolu aux basses classes, ratant ainsi l’occasion de former leurs enfants dans ce noble métier très utile pour notre pays. C’est pourquoi cette école avait formé plusieurs promotions composées exclusivement des candidats négro-mauritaniens.
Les maures jaloux
Cette orientation coloniale qui profitait donc plus aux noirs avait abouti au début des années de l’indépendance à la formation de quelques centaines de fonctionnaires francisants, comprenant des enseignants, des infirmiers, des vétérinaires, des agriculteurs, des commis dans l’administration, des auxiliaires de la justice, des agents des PTT, entre autres, majoritairement négro-mauritaniens, donnant ainsi plus de 75% des fonctionnaires civils et plus de 80% dans les forces armées et de sécurité, dans un contexte où la fonction publique est l’unique débouché garantissant un avenir meilleur.
Cette supériorité des cadres négro-mauritaniens et l’engouement que cette communauté avait pour l’enseignement français, avait suscité la jalousie des jeunes arabo-berbères arabophones issus des tribus maraboutiques, qui se sont sentis sans avenir, empêchés de participer à la construction de leur pays, malgré leur nombre important, uniquement à cause de leur ignorance de la langue française, langue des mécréants, alors qu’ils ont tous les niveaux requis dans la langue arabe, qui est aussi la langue de l’Islam et normalement celle de tous les mauritaniens.
C’est ainsi que pour compenser ce retard, certains maures d’obédience nassériste, parmi les compagnons du père de la nation, dont l’un des leaders avait été célébré les semaines dernières pour son œuvre exaltante d’arabisation, prétendant lutter contre l’influence grandissante du français qui perpétue, à leurs yeux, la colonisation, ont suscité quelques mesures discriminatoires et arbitraires au niveau de la fonction publique et de l’enseignement, qui sont à l’origine des frustrations des négro-mauritaniens et qui n’ont pas du tout amélioré le système éducatif national.
Parmi ces mesures figure la réduction pour ne pas dire l’exclusion des cadres négro-mauritaniens des postes à pourvoir dans l’administration, dans les forces armées et de sécurité, dans le parti unique et dans l’assemblée nationale, remplacés par des arabo-berbères moins compétents. Même les noirs arabisants n’étaient pas traités dans les mêmes conditions que leurs frères maures arabisants, ils étaient recrutés à 10% parmi les enseignants et à 5% parmi les candidats de l’institut des études islamiques de Boutilimit.
Au niveau des forces armées et de sécurité où la proportion des noirs dépassait les 80% le 28 novembre 1960, des décisions discriminatoires et arbitraires de révocation abusives et de mise à la retraite par anticipation sans droit à pension, avaient ramené progressivement ces effectifs à 25%, pour faire profiter arbitrairement les tribus guerrières majoritairement d’origine arabe, à plus de 90% illettrés, transformées par la nouvelle République en véritables tigres en papier, juste bons pour les corvées.
De la place pour les marabouts
Mais c’est surtout dans l’enseignement secondaire où l’on veut faire de la place pour les tribus maures maraboutiques que l’imposture a été la plus flagrante. C’est ainsi que l’article 10 de la loi 65 026 du 30 janvier 1965 qui handicape sérieusement les négro-mauritaniens et compromet leur avenir, va constituer la goutte qui fera déborder le vase. Cet article, qui prend effet à partir du 1er octobre 1965 stipule : « Dans les établissements d’enseignement secondaire, il est donné un enseignement en langue française et un enseignement en langue arabe. Ces deux enseignements sont obligatoires pour tous les élèves inscrits. Des dispositions spéciales peuvent être prises en ce qui concerne les élèves venant de l’étranger. ».
Tous les postes à pourvoir dans le cadre de cette arabisation profiteront aux tribus maraboutiques qui sont à plus de 90 % des lettrés en langue arabe. Cette loi inopportune et injuste, fera de l’année 1966 une année d’agitation, l’élément précurseur est signalé par le père de la Nation dans ses mémoires :« Nous savions que certains cadres francisants noirs- enseignants surtout- avaient profité des grandes vacances pour sensibiliser les élèves de leur ethnie contre l’enseignement de l’arabe et les préparer à faire la grève et à organiser des manifestations dès la rentrée. ».
Ce sont surtout les vacances de Noël qui seront mises à profit par les agitateurs pour déclencher les grèves. C’est ainsi que dès la rentrée des classes, le mardi 4 janvier au lycée de Nouakchott, à l’école normale et au lycée de Rosso, le mercredi 6 janvier au collège de Kaedi et le lundi 10 janvier au collège d’Aioun El Atrouss, la totalité des élèves noirs se mirent en grève contre la loi de la discorde, pour dénoncer l’arabisation à outrance.
Le 6 janvier, un tract intitulé le manifeste des 19 signé par 19 hauts fonctionnaires, magistrats, ingénieurs, ou instituteurs négro-mauritaniens qui soutient les grévistes est largement diffusé. Ce texte déclarait : « Appuyer les grèves des élèves noirs pour barrer la route à l’arabisation à outrance et exiger l’abrogation des lois promulguées le 30 janvier 1965. Le bilinguisme n’est qu’une supercherie permettant d’écarter les citoyens noirs de toutes les affaires de l’Etat.» Le père de la Nation accusait dans ses mémoires, des mains étrangères françaises et sénégalaises d’avoir téléguidé ses manifestations.
Le 10 janvier, le chef de l’Etat adressait un message à la nation critiquant avec virulence le manifeste des 19 et annonçant leur suspension de la fonction publique à compter du début de la grève le 4 janvier et précisant que des poursuites judiciaires seront engagées contre eux. Dans la soirée, le président de l’assemblée et tous les membres du gouvernement originaires de la vallée dans un geste patriotique et courageux, avaient présenté leur démission au père de la nation qui la refusa.
Les mesures annoncées solennellement contre les 19 héros entraîneront l’extension de la grève, dès le 11 janvier, à l’ensemble de la fonction publique noire, ainsi que beaucoup d’agitation dans le milieu ouvrier et chez les étudiants noirs à l’étranger.
A propos de cette loi de la discorde, le père de la Nation disait dans une interview à Afrique Magazine en janvier 1999 : « … Les mauritaniens arabophones s’estimaient lésés pendant la colonisation, parce que l’enseignement de leur langue avait été abandonné au profit du français. Nous avions voulu mettre de l’ordre dans tout cela. Et comme toujours, il y a des facteurs de désordre qui interviennent quand on veut mettre de l’ordre… Encore une fois, il n’était pas question de délaisser le français et encore moins les francophones, mais simplement de faire de la place aux autres. ».
(A suivre)
le calame
Appel à réconciliation nationale pour contribuer ensemble au développement de la Mauritanie.
En ces derniers jours du mois béni de Ramadan j’adresse cet appel à la fois politique et apolitique à tous ( le Président de la république e premier) pour qu’Allah le tout puissant remplisse nos cœurs de de pardon de reconnaissance des valeurs de chacun en fermant les yeux à nos erreurs humaines en vue créer la condition siné qua non de l’unité e extériorisation de nos prédispositions personnelles bienfaisantes cachées pour contribuer tous ensemble à la construction rapide de la Mauritanie dans la solidarité mutuelle et la paix.
Maire de Maaden El Ervane
Le manifeste des Haratines proteste et appelle à manifester
Le manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines a exprimé sa colère, suite à l’utilisation de la force par les services de sécurité afin d’évacuer un squat, situé en face de l’hôpital ophtalmologique de Nouakchott.Il a appelé à un sit-in sur les lieux pour dénoncer la mesure.
Dans un communiqué distribué mercredi, le manifeste dénonce « un usage démesuré de la force contre de pauvres citoyens, entraînant de blessures graves pour certains d’entre eux ».
Le communiqué fait état de la présence dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie d’un très grand nombre de détenus issus de ce quartier qui n’ont commis, d’autres péchés que d’avoir refusé d’être expulsé du site sur lequel ils vivaient vers une destination inconnue et sans recevoir de terrains à usage d’habitation.
Le manifeste a exprimé sa « colère et sa condamnation pour la répression de citoyens sans défense » avant d’appeler « tous ses sympathisants et tous les citoyens convaincus de la justice et de l’égalité à observer un sit-in à l’intérieur des tentes dressées non loin de l’hôpital ophtalmologique ».
Source : Sahara Médias (Mauritanie)
Turquie: 36 tués dans un triple attentat-suicide à l’aéroport d’Istanbul, l’EI suspecté
Au moins 36 personnes, dont des étrangers, ont été tuées mardi soir dans un triple attentat-suicide à l’aéroport international Atatürk d’Istanbul, le plus meurtrier dans la métropole turque déjà visée trois fois cette année, a annoncé le Premier ministre Binali Yildirim.
“Selon les dernières informations, 36 personnes ont perdu la vie”, a dit M. Yildirim, le visage grave, devant la presse sur les lieux de l’attaque, indiquant que “les indices pointent Daech” (acronyme du groupe Etat islamique).
Le ministre de la Justice Bekir Bozdag a précisé que 147 personnes avaient été blessées.
Selon les autorités, des explosions ont d’abord eu lieu à l’entrée du terminal des vols internationaux vers 22H00 (19H00 GMT). Trois assaillants ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, une fusillade a éclaté puis les kamikazes se sont fait sauter.
“Trois kamikazes ont mené une attaque”, a indiqué Vasip Sahin, le gouverneur d’Istanbul, aux journalistes
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté à une “lutte commune” internationale contre le terrorisme, dans un communiqué publié après l’attentat d’Istanbul.
“Cette attaque, qui s’est déroulée pendant le mois du ramadan, montre que le terrorisme frappe sans considération de foi ni de valeurs”, a dit le chef de l’Etat.
– Enorme boule de feu –
Le président français François Hollande a “condamné fermement” un “acte abominable” tout en appelant lui aussi à un renforcement de la coopération internationale en matière de lutte antiterrorisme.
A Washington, un porte-parole de la Maison blanche a condamné ces attaques “abominables” tout en promettant le soutien des Etats-Unis à Ankara. Le sécrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a “condamné l’attaque terroriste” et a lui aussi réclamé une coopération internationale accrue.
La télévision turque a diffusé des images très impressionnantes sur lesquelles on voit un policier tirer sur un assaillant puis celui-ci, blessé, tomber au sol en actionnant sa charge.
LIRE AUSSI: Les images des minutes qui ont suivi l’attentat-suicide à l’aéroport Atatürk d’Istanbul
Un grand mouvement de panique s’est emparé du terminal des vols internationaux lorsque deux violentes explosions suivies de coups de feu ont d’abord été entendues.
Des photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une énorme boule de feu à l’entrée du terminal et des membres de la sécurité en train de faire évacuer des passagers qui hurlaient dans des couloirs, pris de panique.
On voyait aussi des passagers gisant au sol et d’importants dégâts matériels à l’intérieur du terminal.
Un photographe de l’AFP a vu des corps recouverts de draps à l’aéroport, jonché de bagages abandonnés. Des centaines de policiers et pompiers se trouvaient sur place.
“J’attendais mon vol pour Tokyo et soudain plein de gens se sont enfuis et je les ai suivis. J’ai entendu des coups de feu et c’était la panique”, a déclaré à l’AFP une Japonaise, Yumi Koyi.
Oftah Mohammed Abdullah, une femme de nationalité non précisée, raconte à l’AFP avoir vu l’un des assaillants: “Il avait une écharpe rose, une veste courte et avait caché un fusil (dessous). Il l’a sorti et a commencé à tirer sur les gens. Il marchait comme un prophète”.
Les télévisions montraient en boucle des scènes de pagaille devant un grand hôpital proche de l’aéroport, Bakirkoy, submergé par des proches cherchant à avoir des nouvelles de voyageurs.
“Je cherche mon fils Sefa Ipek. Je suis sans nouvelles de lui, il ne répond pas sur son portable”, a déclaré son père sur CNN Turk.
Rebelles kurdes ou jihadistes
Le Premier ministre est arrivé d’Ankara à l’aéroport d’Atatürk quelques heures seulement après le triple-attentat tandis qu’une réunion ministérielle de crise se tenait dans la capitale autour de plusieurs ministres.
ous les vols ont été suspendus au départ d’Atatürk, le plus grand aéroport de Turquie et le 11e dans le monde, avec ses 60 millions de passagers en 2015.
Puis le trafic aérien a pu reprendre à partir de 03H00 locales (00H00 GMT), selon M. Yildirim.
Abdullah Agar, un expert des affaires de sécurité et de terrorisme, interrogé par CNN-Türk, a privilégié la thèse d’un attentat jihadiste.
“Cela ressemble beaucoup à leurs méthodes”, a-t-il dit, en référence aux attaques survenues dans l’aéroport et le métro de Bruxelles (32 morts). L’aéroport de la capitale belge, frappé le 22 mars dernier, a d’ailleurs adressé ses condoléances à la Turquie sur Twitter.
Un autre aéroport d’Istanbul, Sabiha Gokcen, avait été la cible en décembre d’un attentat qui avait fait un mort, un employé.
Les consulats américain et français ont demandé à leurs ressortissants de ne pas se rendre dans la zone d’Atatürk.
Istanbul et Ankara ont été secouées depuis l’an dernier par une série d’attentats qui ont fait près de 200 morts, des centaines de blessés et créé un climat de forte insécurité.
Istanbul avait déja été visée en janvier (12 touristes allemands tués, imputé à l’EI), en mars (4 touristes tués –trois Israélien et un Iranien– attribué aussi à l’EI) et début juin (11 morts dont six policiers, revendiqué par les combattants kurdes).
Les attentats en Turquie ont visé des lieux touristiques emblématiques –provoquant une chute immédiate du tourisme– ou les forces de sécurité turques.
Ils ont été attribués soit à l’EI –qui n’en a jamais revendiqué aucun– ou aux rebelles kurdes, notamment aux TAK, une émanation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Source : Al Huffpost Maghreb Algérie/AFP
Les larmes des femmes de Garack
c’est le nom du site de la coopérative des femmes du village de Garack, un village situé à environ 4 km de la ville de Rosso.
Le Collectif des femmes de Garack s’active depuis 1998 dans une coopérative principalement tournée vers l’agroalimentaire (les arbres fruitiers et les légumineux).
On dénombre dans ce site de 40 hectares, 4600 arbres fruitiers dont 3000 manguiers et 1600 citronniers. Aujourd’hui, ces arbres sont en train de mourir à cause de l’assèchement du site; ce site, qui était alimenté par un bras du fleuve N’Diougueur (branche du fleuve Sénégal), a été asséché par l’Etat mauritanien par la fermeture de ce courant naturel du fleuve Sénégal.
Pour, dit-on, des travaux de curage du chenal de Belel et la construction de deux ponts dont la durée des travaux est de 4 mois. Seulement, voilà maintenant deux ans que Garack attend la fin de ces travaux pour faire revivre Belel. Par ces travaux de curage du chenal, l’Etat veut alimenter un autre site agricole, le projet «KOK», du nom des terres aménagées non loin de Garack. Comment en voulant mettre sur pied un projet vital pour les populations, on va détruire un acquis (le site de Belel), fruit de 19 ans de dur labeur des femmes de cette localité?
426 femmes s’activaient dans ce site. Et, en plus des arbres fruitiers, elles produisaient des légumes (oignons, aubergines, patates…). On peut dire que Belel est à Garack ce que le Nil est à l’Egypte. La production de Belel était destinée à la consommation quotidienne locale à travers le marché de Rosso, mais ravitaillait aussi le marché de Nouakchott en légumes, deux à trois fois par semaine.
La Présidente de la coopérative des femmes de Garack, hagarde et interloquée, déclare : «Me parler ou me demander de parler de Belel, c’est briser davantage mon cœur. Car voilà bientôt deux ans que je cours et n’arrive pas empêcher « l’assassinat en silence » du trésor d’un effort d’une vingtaine d’années de labeur de ces braves femmes. Mes glandes lacrymales ne produisent plus de larmes.
Et pourtant on se rend compte qu’après tous ces efforts, rencontres et promesses des autorités, nous n’avons, aujourd’hui, que nos larmes pour pleurer; nos larmes pour l’assèchement de nos champs. Nos larmes pour le manque à gagner. Nos larmes pour l’appauvrissement de ces familles qui avaient comme seule ressource de subsistance ces champs. Nos larmes pour notre impuissance de sauver notre activité de plus de dix-neuf ans et voilà deux ans que nous courrons. Deux ans que nous tapons à des portes pour sauver ces arbres. Deux ans que nous parlons à nos responsables.
Deux ans que nous cherchons une solution conséquente. Deux ans que nous cherchons à être entendues par les plus hautes autorités du pays… en vain. Deux ans que nous assistons, impuissantes, à l’hécatombe de 4600 arbres fruitiers. Vous savez qu’aujourd’hui, moi personnellement, je ne peux plus aller à Belel. Je n’ai plus le courage de regarder ces arbres qui meurent ».
Non. C’est une évidence. Mesdames vos cris ne sont pas entendus. Et ce n’est pas encore demain la veille. Mais criez, criez, criez encore. Vous aurez difficilement un répondant efficient pour sauver ce qui peut l’être aujourd’hui de Belel car votre préoccupation n’est pas la préoccupation de vos interlocuteurs. Vous, vous cherchez à mettre l’accent sur la primauté du développement local et eux sont dans la défense des petits intérêts mesquins et égoïstes. C’est ce qu’on appelle en géométrie deux droites parallèles. Vos intérêts ne peuvent jamais coïncider.
Ceux que vous pensez être capables de trouver une solution à l’assèchement de Belel, vous leur attribuez une lourde responsabilité qu’ils n’ont pas. Mesdames, il ne vous reste que de taper directement à la porte de Mohamed Ould Abdelaziz. Va-t-il vous entendre ? Je ne saurais le dire. Mais …
Mesdames, souvenez-vous de la destruction de 12 hectares de culture provoquée par l’assèchement de votre site dont 5 hectares d’oignons, 4 et ½ hectares d’aubergines et 2 et ½ hectares des autres légumes ? Rappelez-vous du nombre d’arbres arrachés impunément pour faire passer les engins devant exécuter les travaux ?
Pour les oignons, certains spécialistes soutiennent qu’on peut récolter 21 tonnes par hectare, soit 105 tonnes d’oignons perdues. Pour les 3000 manguiers qui ne produisent plus… la récolte annuelle d’un seul manguier avoisinait les 500 kilogrammes, faites le calcul. Et que dire de 1600 citronniers qui produisaient en toutes saisons?
C’est une autre criminalité à laquelle l’autorité locale a été indifférente. Car les solutions promises par ces autorités n’ont jamais vu le jour pour vous sauver de cette catastrophe provoquée sciemment. Pour un pays et des autorités qui se respectent, on ne peut jamais laisser une hécatombe de l’écosystème constitué de 4600 arbres fruitiers, produit d’environ vingt ans d’activité sans une étude pour une solution au préalable pour préserver cet acquis source de vie. L’eau dont ces femmes ont besoin est à quelques centaines de mètres.
Les bras de ces femmes ne peuvent pas construire de conduit pour alimenter le site que les techniciens soutenaient que c’est le seul moyen pour éviter la catastrophe.
Ces femmes, les femmes de Garack, ne demandent qu’une chose : contribuer au développement du pays par l’action locale en assurant l’autosuffisance alimentaire au village et à la région. Est-ce c’est trop demander… ?
Camara Seydi Moussa
boolumbal