Daily Archives: 25/05/2016
Sénégal-Gambie : reprise du transport de marchandises à la frontière –
Après trois mois de blocus, la frontière sénégalo-gambienne a été rouverte au trafic aujourd’hui à 8h, ont confirmé à “Jeune Afrique” le ministère des affaires étrangères et des syndicats de transporteurs sénégalais.
C’est l’épilogue surprenant d’un blocus qui était entré en vigueur après que le fantasque président gambien Yahya Jammeh a décidé le 11 février de multiplier par cent le montant de la taxe douanière imposée aux camions sénégalais qui traversent quotidiennement son pays pour acheminer des marchandises en Casamance.
Le point de passage frontalier entre le Sénégal et la Gambie bloqué depuis février dernier par les groupements de transporteurs routiers sénégalais vient d’être rouvert au trafic ce matin à 8h, ont confirmé à Jeune Afrique le ministère des affaires étrangères et des syndicats de transporteurs sénégalais.
La levée intervient une semaine après l’échec des gouvernements sénégalais et gambien à trouver un accord à ce sujet à Dakar.
Selon un correspondant de la Radio Futurs médias (RFM), un média sénégalais, au point de passage de Karang situé dans la région de Kaolack, le trafic a normalement repris en milieu de journée, et le flux se fait dans les deux sens.
Toutefois, la nouvelle surprend autant qu’elle divise les principaux syndicats de routiers sénégalais à l’origine du blocus. Jointes par Jeune Afrique, les directions des deux tendances de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS et CNTS/FC), déplorent la décision et assurent n’y avoir pas été associées.
« Au moment du blocus, nous nous étions concertés avec le gouvernement avant de prendre la décision, on aurait dû aujourd’hui procéder de la sorte. Mais hélas ! », se désole Bassirou Ndiaye secrétaire général adjoint du syndicat des routiers affilié à la CNTS.
Jusqu’ici, les transporteurs contournaient l’enclave anglophone par l’est, en passant par la région de Tambacounda, pour se rendre en Casamance, la région méridionale. Gambie et Sénégal s’étaient donnés rendez-vous en juillet pour de nouvelles négociations.
jeunefrique
Le Spectre de la présidence à vie

Le Tadjikistan, ex république soviétique d’Asie centrale vient de permettre par un référendum au chef de l’Etat Emomali Rahmon de devenir «président à vie» ! Le référendum constitutionnel du 22 mai a révélé ses résultats ce lundi : 94,5% des électeurs approuvent notamment que, le président Emomali Rahmon, 63 ans, peut désormais briguer un nombre illimité de mandats, alors que la précédente constitution l’aurait obligé à quitter le pouvoir en 2020. Cette possibilité d’être « président à vie » ne s’applique qu’à Emomali Rahmon, en raison de son statut particulier de « dirigeant de la nation ». Un statut que lui a attribué le Parlement l’an dernier et qui lui confère, à lui et à sa famille, l’immunité pénale. « Rahmon nous a apporté la paix, il a mis fin à la guerre et il devrait diriger le pays aussi longtemps qu’il en a la force », décrètent certains de ses thuriféraires. On croirait entendre nos ’’ânes verts !’’ Un des amendements proposés lors du référendum visait aussi à baisser l’âge minimum requis pour un candidat à l’élection présidentielle de 35 à 30 ans. Une mesure qui pourrait faciliter l’avènement de Roustam, fils d’Emomali Rahmon âgé de 28 ans, comme successeur de son père à la présidence. En Afrique, malgré la progression de la démocratie un peu partout, de vieilles habitudes persistent et connaissent même des poussées dans plusieurs pays. En effet des chefs d’Etat manipulent sans vergogne la Constitution pour prolonger indéfiniment leur règne et mainmise sur les pays. Au pouvoir depuis 1979 — avec une interruption de cinq ans, entre 1992 et 1997 —, le président Denis Sassou-Nguesso a prolongé son règne par un tripatouillage constitutionnel, qui s’apparente à un coup d’Etat. Au Burundi, son homologue Pierre Nkurunziza s’est lui aussi permis de passer en force, en juillet dernier, au bout de deux mandats, sans prendre la peine pour sa part de modifier la loi fondamentale mais en l’interprétant en sa faveur. Au Congo RDC, le président Joseph Kabila parvient lui aussi après moult hésitation à se maintenir au pouvoir grâce à un subterfuge grossier à savoir ne pas organiser les élections sous prétexte de l’impréparation matérielle. En janvier 2015, des émeutes ont éclaté à Kinshasa contre une révision de la loi électorale impliquant un recensement de la population. Cette tâche titanesque, impossible à réaliser avant le vote, aurait donné à M. Kabila un bon prétexte pour prolonger son pouvoir, de report en report du scrutin. La répression de janvier a fait au moins 42 morts. Face à ces échecs il y a heureusement l’autre Afrique, celle qui progresse avec à la clé des élections à peu près normales comme au Benin, au Cap-Vert, en Afrique du Sud, au Ghana au Nigeria et à Maurice. Le Burkina Faso, pour sa part, fournit un motif d’espoir, avec le soulèvement populaire contre toute modification de la Constitution, en octobre 2014, puis la lutte victorieuse contre le coup d’Etat du général Gilbert Diendéré, en septembre 2015. Au Sénégal, les rouages démocratiques paraissent bien huilés, avec des alternances qui se produisent sans remise en cause de l’unité nationale depuis l’an 2000. Pour les apprentis dictateurs africains, le texte constitutionnel est une feuille de choux sans grande valeur. Ils feignent d’ignorer qu’une constitution est le résultat d’un consensus entre les acteurs politiques, et qui régit les relations, non seulement, entre les institutions du pays, mais aussi, entre la classe dirigeante et la citoyenneté. Ce n’est pas un document qui doit faire l’objet de changements par la volonté de celle ou celui qui détient le pouvoir exécutif. Des normes sont prévues pour son changement. Ils n’ont cure des manifestations de l’opposition et de la société civile. Si elles gênent vraiment leurs desiderata, ils feront recours à la brutalité, à la force et à la violence mais aussi à…La Politique du ventre qui est un concept qui désigne une manière d’exercer l’autorité avec un souci exclusif de la satisfaction matérielle d’une minorité. Développé par Jean-François Bayart dans son ouvrage L’État en Afrique : la politique du ventre, il a pour caractéristique principale que ceux qui exercent une fonction politique, exercent cette fonction uniquement pour en retirer certains avantages personnels. Quels rapports avec la Mauritanie ? Que ceux qui reconnaissent en eux les défauts ou travers décrits ci dessus s’appliquent ce qu’on en dit ou plus prosaïquement : Qui se sent morveux se mouche !
BC