Daily Archives: 19/04/2015
Lilian Thuram : « Les racistes ont falsifié l’histoire du monde»
L’heureux gagnant du Prix Kéba Mbaye de l’Ethique 2014, Lilian Thuram, après avoir reçu sa distinction, a déclaré que les racistes ont falsifié l’histoire du monde. Avant d’ajouter que chaque personne est porteuse de l’histoire. «J’ai l’habitude de dire souvent aux enfants que chacun de nous est porteur de l’histoire. Qu’on le veuille ou non, nous sommes porteurs de l’histoire. Et, cette histoire est très proche de nous», a-t-il soutenu.
L’ancien défenseur de l’équipe de France a aussi estimé qu’il faut changer la carte du monde car, elle ne respecte pas les superficies de chaque pays, et met toujours le continent européen au centre. «Il faut changer cette carte afin de mieux percevoir le monde», a-t-il déclaré. Avant de présenter une nouvelle carte du monde à l’assistance.
Sur cette carte, M. Thuram a renversé les continents en mettant l’Afrique au centre du monde. Selon lui, cette carte respecte les superficies. Elle permet de voir autrement le monde et permet au continent noir d’être debout. «Je pense qu’il n’est jamais trop pour découvrir la réalité des choses. Et, découvrir la réalité des choses, c’est le premier chemin pour apprendre à se respecter», a-t-il soutenu. Avant de remettre un exemplaire de cette carte au Premier ministre et au président de la Fondation Kéba Mbaye, El Hadj Ibrahima Ndao. Lilian Thuram a ainsi demandé à ces derniers de faire en sorte que sa carte soit amenée dans les écoles afin que les élèves aient une autre dimension du monde.
Le champion du monde en 1998, a également souligné que la première chose dans la vie pour réussir, c’est avoir confiance en soi et avoir un bon estime de nous-mêmes. «La connaissance est un moyen pour comprendre qu’en réalité, ce sont les personnes racistes qui ont des problèmes. Il faut enrichir notre connaissance pour aider les personnes les plus racistes à devenir plus humains».
Lilian Thuram a reçu son Prix Kéba Mbaye de l’Ethique 2014, des mains du Premier ministre, Mohammed Abdallah Dionne, ce samedi 18 avril, au Grand Théâtre national de Dakar, en compagnie de son épouse Christiana Thuram et de sa mère Marianna.
Cheikhou AIDARA
seneweb
Des pays africains inquiets après les violences xénophobes en Afrique du Sud
Plusieurs pays africains ont réagit après la poursuite des violences xénophobes en Afrique du Sud, se préparant même à rapatrier certains de leurs ressortissants. L’Afrique du Sud craint d’écorner son image dans le continent.
L’ONU et des pays africains ont exprimé leur inquiétude samedi 18 avril devant la poursuite des violences xénophobes qui ont fait au moins six morts et provoqué le déplacement de 5 000 étrangers en trois semaines en Afrique du Sud.
Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’est dit “très préoccupé”, tandis que dans la région, des pays d’origine des immigrés se sont préparés à rapatrier certains de leurs ressortissants. Le Zimbabwe, qui compte officiellement 250 000 immigrés en Afrique du Sud, a annoncé qu’il rapatrierait ceux de ses ressortissants qui en feraient la demande. Le Malawi avait fait la même annonce en début de semaine.
Plusieurs chefs d’État africains sont montés au créneau, au rang desquels le président zimbabwéen Robert Mugabe. Celui-ci a dénoncé des actes “impardonnables” dans un discours prononcé pour l’anniversaire de l’indépendance nationale samedi. Allié historique de l’ANC – le parti au pouvoir en Afrique du Sud -, Mugabe s’est tout de même dit rassuré par les déclarations du président sud-africain Jacob Zuma.
“Nous allons sans aucun doute mettre fin à cette violence”, avait assuré le dirigeant sud-africain depuis un camp d’accueil de réfugiés près de Durban samedi, après une nouvelle nuit de violences xénophobes.“Ceux qui voudront revenir, quand les violences auront cessé, seront les bienvenus”, avait-t-il ajouté.
Des réactions au Mozambique, en Zambie et même au Nigeria
Après le Zimbabwe où une centaine de manifestants ont marché vendredi sur l’ambassade d’Afrique du Sud pour remettre une pétition, de nouvelles manifestations ont eu lieu samedi dans les pays voisins de l’Afrique du Sud.
Au Mozambique, une centaine de personnes ont marché dans la capitale Maputo jusqu’à l’ambassade d’Afrique du Sud. “Ces actes xénophobes sont très tristes car l’Afrique du Sud et le Mozambique ont une histoire extrêmement liée, nous les avons considérablement appuyés au moment de l’apartheid”, confiait Amilcar Manhica Junior, l’un des manifestants. La veille, plus de 200 manifestants avaient brièvement bloqué la route menant au poste-frontière de Ressano-Garcia, entre le Mozambique et l’Afrique du Sud. Ils avaient interdit le passage de tous les véhicules immatriculés en Afrique du Sud, en représailles aux violences xénophobes des derniers-jours.
Au Nigeria, le ministre des Affaires étrangères Aminu Wali a relevé qu’aucun de ses concitoyens n’avait été victime des récents incidents. En cas de besoin, “il est de notre devoir de nous assurer que nous pourrons rapatrier nos compatriotes”, avait-t-il cependant indiqué jeudi soir.“Nous n’acceptons pas que nos citoyens soient l’objet d’un tel traitement inhumain en Afrique du Sud”, avait-il ajouté.
Plus symbolique, une radio privée en Zambie avait annoncé qu’elle ne diffuserait plus aucune musique d’artistes sud-africains.
L’image de l’Afrique du Sud écornée
L’Afrique du Sud risque des conséquences sur l’économie et l’image du pays, a mis en garde le directeur de cabinet de la présidence sud-africaine, Jeff Radebe.
De son côté, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane, avait reçu des ambassadeurs africains vendredi pour les assurer des efforts de Pretoria. “Nous avons mis le corps diplomatique africain dans la confidence des mesures prises par nos forces de sécurité pour traduire en justice les responsables de la violence et des actes criminels”, avait-t-elle dit, assurant : “Nous pensons que nous pouvons vaincre ce démon” de la xénophobie.
AFP
france24.fr