Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 06/04/2015

FLAMNET-RÉTRO : Gros plan sur le Président Samba Thiam-président des FPC

altDans le cadre de la rubrique “RETROSPECTIVE” nous  revisitons le passé, en vue d’instruire la jeunesse  sur notre  longue marche .., .Aujourd’hui nous proposons aux internautes la rediffusion de cette interview  du Président Samba Thiam -président des FPC accordée à l’avomm en décembre 2004.

Bonne lecture.

                          

Gros plan sur le Président des FLAM dans un entretien exclusif

Lundi 6 Décembre 2004


Monsieur Samba Thiam est l’un de ces hommes politiques qui oppose à toutes les incertitudes ses convictions et son engagement. Il s’est battu durant toute sa vie pour la dignité de sa communauté et pour une Mauritanie égalitaire, digne et respectueuse des différences qui sont bien plus une richesse qu’un handicap.

Ce combat lui a valu l’internement dans la prison mouroir de Oualata. Puis l’exil qui ne semble pas l’avoir déraciné, ni altéré sa lucidité dans l’analyse de la situation de son pays. Dans cet entretien l’homme livre ses réponses avec ce sens aigu de l’histoire et une approche qui invoque le contexte et admet la différence. Le tout décliné avec honnêteté intellectuelle, humilité, franchise et de pertinence des propos. Samba Thiam répond sans détours, argumente et convainc. Il n’a pas hésité à répondre sans détours à nos questions. Résultat: Nous avons été bien servis. 

 Med

AVOMM : Nous savons, Monsieur le Président, que vous abhorrez parler de vous. Mais nos militants et de très nombreux Mauritaniens dont vous représentez l’espoir demandent à vous connaitre un peu mieux. Qui êtes-vous, Monsieur le président? Comment le fonctionnaire “ consciencieux” que vous êtiez s’est-il laissé tenter par la galère de la résistance?

LE PRESIDENT DES FLAM : Parler de soi est toujours, quelque part, se mettre en valeur, se flatter un peu. Et je déteste cela. Profondément. Je suis un homme de l’ombre, un homme ordinaire, sans vraiment rien de spécial. Le crépitement des Flash, ça n’est pas pour moi. J’aurais aimé, un peu comme Engels, être un second volontaire auprès d’un Marx.

C’est pour dire que cette position que j’occupe aujourd’hui et qui me place sur un piédestal, je ne l’ai pas recherchée, car en opposition totale avec ma personnalité, au point que des fois je me surprends à me demander ce que je fais là.

Qui suis- je? Un fils de paysan né dans un petit village du Guidimakha, vers 1948 me dit-on; j’appartiens à cette génération dont l’âge se compte en hivernages, loin des fichiers d’Etat civil. Ma famille immigra à Sélibaby quand j´avais entre 4 et 5 ans. Puis suit l’Ecole. Sans trop d’histoires. Le Primaire, à Sélibaby, le Collège à Kaédi, l’ENI et l’ENS à Nouakchott, puis Saint-Cloud, en France. Une filière donc plutôt professionnelle que les arrestations de septembre 1986 sont venues interrompre.

Mon engagement politique, je devrais dire ma première révolte d´adolescent, remonte à ma scolarité à Kaédi. Mon score en Arabe cassait mes résultats qui auraient pu être meilleurs, invariablement. Pourtant, Je ne ménageais pas mes efforts pour apprendre cette langue et m’en servir, en bénéfice. Malheureusement, je finissais toujours par baisser les bras, face à des Professeurs sans pédagogie aucune, parce que sans formation, agissant comme s’ils dressaient cette langue contre moi …contre les autres. Evidemment, il a pu y avoir quelques heureuses exceptions. La seule fois où je fus très intéressé et sur le point d’y arriver ce fut avec le professeur ABDOULAYE DIA. Un homme fin, cultivé, mais surtout un pédagogue. Il resta avec nous 3 mois pour se voir muté, je ne sais où.

Puis surviennent les évènements de 1966, cette révolte collective des Elèves du Sud contre l’ordonnance de l’Assemblée nationale “rendant obligatoire l’enseignement de l’Arabe au Secondaire ” qui les pénalisait. J’étais en classe de troisième .Plusieurs Élèves allaient se voir exclus, et obligés de se rendre au Sénégal pour poursuivre leurs Etudes.

Le second facteur de mon engagement politique reste surtout lié à ma carrière d’Instituteur. Pendant dix ans, je fournissais le meilleur de moi même, en formant correctement et consciencieusement je crois, les enfants que j’avais en charge. Alors je m’aperçus de quelque chose, qui m’avait échappé lorsque j’enseignais à Nouadhibou et ALEG : mes élèves du Sud échouaient ou étaient déclassés immanquablement, aux examens alors qu’ils étaient bons, et même très bons certaines fois, à cause de la note en Arabe, la seule. Ce que j’avais vécu au secondaire ils le revivaient à leur tour, dès le primaire, du fait de ces réformes intempestives du Système Educatif, pour lesquelles ould Daddah avait un dessein inavoué.

Je pouvais comprendre la démarche de ould Daddah visant à recréer un équilibre, légitime, en raison du legs colonial entre les différentes composantes nationales, mais on s’attela davantage à éliminer, systématiquement, qu’à rééquilibrer.

L’observation de la vie autour de moi, la nature de la reproduction sociale, je devrais dire ethnique de L’Etat, l’ampleur et la vitesse à laquelle cette élimination des Négro-africains se fit, avaient fini par me convaincre, que rester indifférent face à cette situation serait opter pour la démission.

Et comme J’aime les défis… Je me mis donc à rechercher un cadre de lutte, des compagnons, c’est alors que je rencontrai Ibrahima A. Sall ; et débuta alors l’aventure passionnée qui allait nous conduire aux FLAM d’aujourd’hui. Voilà par quel cheminement je suis arrivé à la politique.

AVOMM : Que représentent, Monsieur le Président, aujourd’hui les FLAM; pour être précis quel rôle voudriez-vous faire jouer à votre organisation?

LE PRESIDENT DES FLAM : Je pense sérieusement que les FLAM constituent présentement une force importante, de plus en plus incontournable, dans l’échiquier politique national. Comme l’écrivait récemment quelqu’un à Flam-net, elles incarnent, d’abord, le refus et la résistance négro-africaine, en un mot symbolisent, à mon sens, la conscience politique des Négro-africains. Elles jouent, et doivent continuer de jouer, un rôle d’avant-garde, qui signifie éveiller les consciences, accoucher les esprits, donc initier, impulser, orienter, encadrer mais aussi fédérer l’ensemble des forces de la résistance au dessein de bâtir une Unité nationale qui repose sur la justice, l’égalité et le droit à la différence.

AVOMM : C’est certainement cette vocation revendiquée qui fait que beaucoup voient les Flam comme étant “l’ANC” de la Mauritanie. Le peuple attend-il trop de votre formation?

LE PRESIDENT DES FLAM : Peut-être que le peuple attend beaucoup de notre formation. Et c’est quelque part normal. A y regarder de près, à comparer l’histoire de l’ANC avec celle des Flam (loin d’être finie pour ces dernières) rien ne permet de s’opposer à cette similitude. Il a fallu 72 années à L’ANC pour arriver là où il est et nous, nous en sommes seulement à notre 21 année, c’est-à-dire que nous sortons juste de l’adolescence. Mais rassurez-vous, nous n’attendrons pas 70 ans pour réaliser notre projet d’établir la justice et l’égalité dans notre pays. Alors pourquoi pas ANC de Mauritanie? L’histoire comparée des deux Organisations, soit dit en passant, serait un thème de recherche, bien venu, pour nos Etudiants!

AVOMM : Croyez-vous, Monsieur le Président, en l’Etat unitaire en Mauritanie? Sinon quelles seraient vos propositions pour que toutes les nationalités vivent pleinement dans l’espace national ?

LE PRESIDENT DES FLAM : Sans équivoque, je dis oui. Mais la question qui demeure est quel type d’Etat unitaire? Je crois davantage aujourd’hui à l’Etat fédéral qu’à l’Etat unitaire centralisé dans sa forme actuelle. Certains ont tendance à exagérer l’opposition entre Etat unitaire et Etat fédéral, à mon sens. Mais, certaines considérations d’ordre strictement liées à la définition mises à part, ce dernier demeure, malgré tout, unitaire, mais de type spécial. Voilà tout. Fédération ne rime pas nécessairement avec séparation. Certaines peurs alimentées à la perspective d’une fédération me semblent injustifiées. Nous nous sommes largement expliqués sur cette question du Fédéralisme, également; il serait donc fastidieux d’y revenir ici.

Mon choix pour ce type d’Etat reste surtout justifié par le pragmatisme. Nous avons, pendant plus de quarante ans, tenté l’expérience de l’Etat unitaire centralisé qui a complètement échoué, avec huit Régimes successifs. Pourquoi devrait-on continuer à s’imposer quelque chose qui ne marche pas, plutôt que d’explorer de nouvelles voies ?

Les expériences historiques doivent nous servir.

AVOMM : Nous savons en effet qu’il faut beaucoup de courage pour le reconnaitre. Que diriez-vous donc à la classe politique mauritanienne et à l’opposition intérieure et extérieure ?

LE PRESIDENT DES FLAM : Rassemblez-vous. Ou plutôt rassemblons- nous, mais sur des bases vraies. Qu’on arrête de tourner autour des questions superficielles, périphériques pour poser les vraies questions, sans amalgame. Et là encore je vais devoir me répéter. Rien de durable ne saurait être construit, pour nous, sans la résolution correcte de la Question nationale et de celle de l’esclavage, préalable à l´instauration d’une Démocratie réelle. En effet, nous continuons de penser qu’on ne peut ériger une “démocratie” sur le socle du racisme et de l’esclavage. Ces deux plaies doivent être pansées, voire guéries, en prélude à l’instauration d’une démocratie durable. Autrement, on aura fait que les reculer, les masquer, ce qui ne pourra que rendre, malheureusement, la situation encore plus délicate, et encore plus difficile à redresser. Voilà pourquoi je ne partage pas l’approche qui consiste à poser notre problématique essentiellement sous l’angle de la “carence démocratique” .

Par ailleurs, sans prétendre donner des leçons -loin de moi cette idée-, j’ai le sentiment que l’opposition interne aurait à gagner en choisissant une stratégie précise cohérente et durable vis-à- vis du Pouvoir actuel. Enfin, une coordination de l’opposition interne et externe me semble souhaitée, pour l’efficacité de nos actions communes, et nécessairement complémentaires.

AVOMM : Monsieur le Président, les appels au dialogue et à la concertation de votre organisation commencent à être entendus et de plus en plus de nos compatriotes semblent disposés à vous écouter. Peut-on penser, avec cette dynamique de rencontres en cours, que vous seriez prêt à dialoguer avec le régime de TAYA? Sinon auriez-vous des préalables?

LE PRESIDENT DES FLAM : J’ai comme l’impression que votre question, implicitement, reconduit un stéréotype monté par le Régime et nos adversaires Politiques. Un stéréotype assez entendu sur les FLAM qui voudrait que notre organisation fût “radicale et opposée à tout dialogue”. Mais cela est complètement faux! Il suffit de se référer au Manifeste et à notre littérature générale pour s’en rendre compte. Les vertus du dialogue, toute personne censée, tout homme politique doit y croire.

Maintenant il reste que pour dialoguer il faut être deux … et motivés par la même volonté. Seulement l’expérience de ces 12 dernières années a montré clairement que Ould Taya n’était pas disposé au dialogue; Il ne l’est toujours pas. Vouloir dans ces conditions ériger le dialogue en principe, l’appeler à cor et à cris en désespéré, est tout simplement, selon nous, ridicule voire absurde. Il faut, au contraire, tirer objectivement les leçons de toutes ces années et déterminer la conduite la mieux adaptée face à l’attitude provocatrice et figée du Régime. C’est cela, nous semble-t-il, une démarche objective et lucide.

On dit souvent qu’une bonne théorie est une théorie qui fonctionne; et l’on peut dire d’une théorie qu’elle fonctionne quand elle permet d’expliquer des faits observés, et de prédire de nouvelles données qui, après vérification, s’avèrent exactes. De ce point de vue, nous pouvons dire, que face à notre réalité, seules nos théories tiennent encore la route. En toute modestie.

AVOMM : C’est cette justesse de vue qui vous vaut, sans doute, le mérite d’être à la tête du tout nouveau Forum de l’opposition à l’extérieur, par l’intermédiaire de votre homme de confiance, j’ai nommé Ba Mamadou Bocar. Cela voudrait-il dire que vous auriez atteint l’âge de la maturité si on sait que dans ce forum il y a des signataires arabo-berbères en grand nombre?

LE PRESIDENT DES FLAM : Encore un autre cliché, un autre préjugé que vous reconduisez, inconsciemment peut-être! Ce n’est pas nous qui avons mûri mais les autres. Nous avons mûri depuis longtemps, nous autres!

Encore une fois si notre Discours de toujours, nos appels à la raison et au dialogue n’ont pas été entendus à l’époque, ce fut moins par notre faute qu’à cause d’un climat de passion exacerbée, impropre à l’écoute. Ould Taya avait réussi, par la manipulation et l’intoxication à mystifier les masses arabo-berbères sur la vraie nature des Flam. C’est de moins en moins le cas aujourd’hui.

Il est donc normal, puisque le contexte a changé, qu’il y’ait eu, comme vous dites, des signataires Arabo-berbères en grand nombre. Ce FOME est le couronnement de tous nos Appels au dialogue, et alliances contractés (UTM 86, UNESM), depuis 1986 à nos jours ; je suis sûr que Mamadou Bocar Ba, responsable des relations extérieures, et aujourd’hui President de cette structure, en mesure toute l’importance et la portée.

Il est évident que ceux qui disent que ” les Flam ne se sont ouvertes aux Maures que maintenant ” ne savent pas de quoi ils parlent. Leur passage furtif aux Flam justifie leur méconnaissance de notre cheminement.

Nous ne sommes pas le “Front National” comme – dit-on-le chuchotent certains à l´ombre. Les Flam sont toujours demeurées égales à elles mêmes, constantes dans leurs principes et dans leur position. Nous n’avons donc pas changé, nous autres.

AVOMM : Venons-en, maintenant, si vous le voulez bien, Monsieur le Président, au fonctionnement interne des Flam. D’aucuns disent que les Flam détestent les alternances à leur tête, et ont du mal à tenir leur Congrès. Ajouté à ces allégations, les récentes déclarations de SiiKAM, et avant lui, le départ tapageur de Saidou Kane, aujourd’hui à l’Alliance patriotique qui vient de naître. Que diriez-vous pour éclairer l’opinion surtout mauritanienne qui suit ces soubressauts ?

LE PRESIDENT DES FLAM : J’aurais sincèrement désiré ne pas intervenir sur ces dossiers individuels, car je déteste parler de quelqu’un, surtout dans une situation de conflits inter-parties, dès lors que l’une des parties est absente, c’est-à-dire donc ne peut se faire entendre ou se défendre à l’instant même. J’aurais voulu inscrire ces départs dans le cadre normal et naturel de la marche de notre Organisation qui, pour paraphraser quelqu’un, ressemble à la marche d’un train “à chaque gare des passagers montent et d’autres descendent.” Ils sont juste descendus du train de la lutte!

Mais puisqu’il faut en parler, allons-y; seulement je ne verserai pas dans la calomnie, ni dans l’information du Pouvoir. Sans être long, je dirais que pour l’un il s’était agi d’une prétention à diriger L’Organisation – du reste légitime pour tout militant!- mais l’Assemblée générale des militants, souveraine, en avait décidé autrement. Ce qui n’avait pas été sans frustrations; une frustration mal contenue qui s’est transformée alors en attaque en règle contre l’Organisation, maquillée sous forme de conflit d’Orientation qui n’existait pas en réalité. Un adage dit que “le peuple plébiscite ses héros ou les foule aux pieds”.

Telle est la stricte vérité.
Pour l’autre, les raisons étaient encore plus superficielles. Lorsqu’on soutient que la ligne est juste – c’est le plus fondamental – mais que l’équipage et son capitaine sont incompétents, on reste au poste pour se battre à le changer. On ne quitte pas un bateau qu’on dit se diriger droit sur le récif alors qu’on prétend être capable de le sauver du péril. Ce n’est ni élégant, ni militant, ni moral.

Dans les deux cas, il faut le souligner, peut-être que l’Ego, ce que d’aucuns appellent le “ petit moi”, aura été le facteur dominant.

Vous avez parlé de l’Alliance Patriotique à laquelle appartient l’un de ces éléments en cause, ici… Je dois rappeler, pour mémoire, à l’opinion, que celui-là même qui fustigeait les Flam et en était sorti justement à cause de l’option de la lutte armée qu’il trouvait incongrue et funeste, s’est rallié depuis à l’AP pour curieusement cette même option qui devient du coup vertueuse! Peut-on bien m’expliquer alors ici où se trouve le problème d’orientation censé constituer, à l’époque, la pomme de discorde ?

En tout état de cause, l’histoire écrite des FLAM révèlera peut-être un jour, avec clarté, toute la vérité sur les zones d’ombre de ces dossiers, qui ne sauraient prendre place ici. Quant à l’alternance, le problème ne s’est jamais encore posé. Créées en 1983, Les Flam ont enregistré quand même leur première alternance en 1990! Il ne faut donc pas poser ce problème, comme s’il n’y avait jamais eu d’alternance!

En second lieu, les Flam sont plus un mouvement de libération qu’un parti politique ordinaire, classique en dépit des retouches du Statut. A ce titre, elles exigent naturellement plus de stabilité. Enfin, comme je le soulignais au début c’est quand même aux militants de base qu’il revient d’en décider. Mon espoir, c’est connu, est qu’émergent enfin ces jeunes capables, aptes à reprendre l’étendard de la lutte. Des jeunes “sac à dos” bien connus pour leur fidélité à l’Organisation et leur détermination prouvée, des jeunes forgés dans l’acier. Des jeunes avec ce toupet bien connu qui a fait qu’il y a eu Mai 68, Shaperville et Soweto, et Avril 79 chez-nous. C’est mon souhait car, en m’observant un peu, je constate que même si l’esprit reste encore alerte, le corps, malmené, prend de l’âge, et ne suit pas toujours. Qu’on se détrompe, personne n’est accroché!

Diriger une organisation du type des FLam -mouvement de libération – n’est pas une tâche facile. Le pouvoir et le poids des responsabilités s, ici plus qu’ailleurs je crois, vous rongent la santé, et vous empêchent de mener une vie normale, comme les autres… On ne se rue pas vers le pouvoir lorsqu’on en mesure toutes les contraintes, pour un homme normal. On y est poussé, bien souvent malgré soi; On y reste par devoir bien plus que par intérêt bassement matériel, d’autant plus que les Flam ne nourrissent pas leurs dirigeants, du moins pas encore. “La lutte pour les dollars” ça n’est pas pour moi. Je n’ai ni voiture, ni maison, et travaille un part-time job… pour justement pouvoir ménager un espace de temps libre pour l’action politique.

Ce poste,au contraire, exige une somme de privations, une pression intense, permanente, une grande solitude quelques fois devant certaines décisions difficiles qui rythment la vie du dirigeant. Non, diriger une organisation du type Flam n’est pas une sinécure, croyez-moi.

Pour ce qui concerne cette question du 6e Congrès ,je dois dire que s’il a été anormalement retardé , c’est tout simplement dû à des aléas et contraintes liés à des facteurs externes ,et à des lourdeurs internes ; rien de plus . Mais qu’on se rassure, le BEN travaille pour que ses assises se tiennent dans la courant de 2005. C’est impératif.

AVOMM : Il y a quelques années vous aviez suspendu la lutte Armée. Les mauvaises langues disent que depuis cette date les Flam se cherchent sans savoir quelle lutte ou quelle stratégie mener face au Pouvoir. Ne peut-on pas penser devoir reprendre les armes quand on sait que les raisons pour lesquelles nous les avions prises restent plus réelles que jamais avec Taya et la constance de la négation et de l’exclusion?

LE PRESIDENT DES FLAM : C’est exact, la lutte armée avait été suspendue en 1992. Mais cela prouve justement, contrairement à ce que vous pensez, que nous savons ce que nous faisons! Nous avons évalué froidement, lucidement, après quelques années de sa mise en action, que les conditions minimales n’étaient pas réunies… Nous avons donc réapprécié la situation à la lumière de l’expérience, et de certaines données qui n’avaient pas été prises en compte, initialement. Qu’est-ce que cela prouve ?

Que nous sommes capables de marquer un temps d’arrêt et de réexaminer nos analyses, nos méthodes et nos stratégies, de les repenser en profondeur, et au besoin les réajuster. je ne pense pas que cette manière de faire signifie manquer de stratégie ou tourner en rond. Au contraire! Notre stratégie est claire, bien réfléchie. Vous vous en rendrez compte dans le futur. C’est bien souvent après la victoire ou la défaite que l’on peut juger de la validité d’une stratégie. Nous ne sommes, encore, ni dans l’un ni dans l’autre cas. Pour ce qui est de reprendre la lutte armée, nous nous sommes longuement appesantis sur la question dans le document intitulé “la longue marche des FLAM”. Je n’y reviendrai pas. Mais nous demeurons confiants en l’avenir. Très confiants.

AVOMM : L’actualité brûlante de l’heure nous amène à parler des Cavaliers du Changement que vous aviez, semble-t-il, rencontrés à un moment donné. Peut-on savoir aujourd’hui, Monsieur le Président, pourquoi vous n’aviez pas jugé bon d’en parler à l’opinion mauritanienne et, ensuite, sur quoi vos contacts avaient porté?

LE PRESIDENT DES FLAM : Permettez-moi d’abord d’exprimer au Commandant Ould Hannana,_ homme courageux -, et à travers lui à tous ceux qui sont aujourd’hui détenus avec lui, tout le soutien moral de L’Organisation. Ce qui leur arrive aujourd’hui est le tribut que tout combattant déterminé doit s’attendre à payer. C’est le coût de la lutte; car la vraie lutte comporte toujours un coût, parfois très élevé. Ma compassion va aussi à leurs familles, aujourd’hui dans l’inquiétude, la tristesse et la douleur.

Maintenant, pourquoi n’en avais-je pas parlé à l’opinion, demandez-vous?

D’abord parce que j’étais, naturellement, tenu par le sceau du secret; les discussions étaient en cours et loin d’être achevées. Je ne pouvais donc certainement pas, en parler. Ensuite Leur procès est quand même en cours, me semble-t-il. Alors faudrait parler d’eux quand on sait que le Pouvoir pourrait les charger encore plus. En effet, mes propos, même dénués de tout caractère subversif, pourraient être tendancieusement interprétés, déformés et retournés contre eux? Je pense que je les aiderai davantage en me taisant. Du moins pour l’instant. Mais un jour, là aussi, nous parlerons. Rien ne presse.

AVOMM : Nous voudrions vous dire notre gratitude pour avoir bien voulu partager votre temps chargé avec nos lecteurs. Mais avant de vous laisser retourner à vos précieuses occupations, permettez-nous de vous demander une toute dernière confidence sur votre ami et compagnon d’infortune à Walata et à Aouin, M. Ousmane Sarr qui dirige aujourd’hui l’ONG AVOMM.

LE PRESIDENT DES FLAM : OUI, C’est un Sarr que j’ai connu en prison; semblable à tous ces SARR que j’ai connus, intelligents astucieux et féconds. A cette différence toutefois, ce Sarr là est courageux; les autres étaient plutôt des “lapins”, pour reprendre la célèbre pique de SADAT à ASSAD de SYRIE.

Plaisanteries mises à part, j’ai été séduit chez Ousmane par deux traits de caractère à Walata: la force du sourire et la force de conviction, malgré toutes les peurs quotidiennes de prison. Et comme la permanence dans la conviction et le courage ne sont pas, nous le savons, les choses les mieux partagées chez nous, on comprendra pourquoi je porte tant de considération pour l’homme.

Maintenant concernant l’Avomm, si je puis exprimer franchement ma pensée, je dirais que “militaire droit de l’hommiste ” c’est bien, mais il y a mieux! la prise en charge des Orphelins et veuves des militaires est une noble entreprise, mais qui ne devrait servir que d’appoint, ou constituer un volet d’un programme plus ambitieux.

Mais peut-être que ma vision reste, elle aussi, stéréotypée, déformée par une conception populaire -faussement? – orientée du militaire?

Cela dit je me sens très honoré d’avoir été votre invité. C’est donc à mon tour de vous remercier, pour l’intérêt que vous portez à ma personne, et à l’Organisation que je dirige.

Je souhaite plein succès à votre site.
La lutte continue !

Propos recueillis par SARR ADAMA et Mohamed Dogui. 

Lundi 6 Décembre 2004

 

www.flamnet.info

 

 

Forces Armées et de Sécurité : Faut-il encore les appeler ainsi ?

Pourquoi la Mauritanie a besoin de modifier sa constitution Les dernières promotions au grade de Général me donnent l’occasion de faire le point sur la situation de l’effectif des généraux depuis l’introduction de ce grade dans les Forces Armées et de Sécurité. Cette situation d’effectif est facile à faire puisqu’il me suffit tout simplement de vous donner la liste de tous les Généraux en activité. Elle est faite dans le désordre mais je crois que le compte y est.

Liste des Généraux en activité :

  1. Mohamed Cheikh Ould Ghazouani

  2. Félix Négri

  3. Mohamed Ould Megett

  4. Ghoulam Ould Mohamed

  5. Mohamed Ould Hadi

  6. Hanene Ould Sidi

  7. Dah Ould El Mamy

  8. Mohamed Ould Mohamed Znagui

  9. Mesgharou Ould Sidi

  10. Mohamed Cheikh Ould El Bourour

  11. Sultane Ould Mohamed Souad

  12. Abdallahi Ould Ahmed Aicha

  13. Mohameden Ould Bilal

  14. Lebatt Ould Mayouf

  15. Moctar Ould Bollé

  16. Habiboullah Ould Nah

  17. Mohamed Salem Ould Ahmed Salem

Ils sont donc 16 Hassanophones pour 1 seul puularophone, le Général Félix Négri qui fait figure de rescapé.  Le 31 décembre 2015, date de départ à la retraite de Félix Négri, puisqu’il n’a pas été promu au bout de 2 ans dans son grade, les Forces Armées et de Sécurité ne compteront plus, dans leurs différents commandements, d’africains mauritaniens. Les rangs de ces derniers se sont tellement éclaircis qu’il faut maintenant une grosse loupe pour repérer les Colonels Hacen Koné (Gendarmerie Nationale), notre Attaché Militaire à Bamako, et le Colonel Boubacar Keita (Armée National), occupant un poste subalterne à l’Inspection Générale des FAS, qui pourront prétendre à un avancement pour ce grade. 

 Parmi les hassanophones, ils ne sont que deux Haratines, les Généraux Ghoulam Ould Mohamed et Mohameden Ould Bilal, malgré la forte présence de cette frange de la population dans les Forces Armées et de Sécurité.  C’est d’ailleurs une modification de la loi qui a permis au Colonel Mohameden Ould Bilal, avec le Colonel Mohamed Salem Ould Ahmed Salem, d’accéder au grade supérieur le jeudi passé. En effet, le règlement interdisait à un officier atteint par la retraite mais maintenu en activité, généralement pour 2 ans encore, c’est le cas de Ould Bilal, d’accéder au grade supérieur.

La disparition du Commandement des Forces Armées et de Sécurité des cadres africains mauritaniens était programmée. Depuis le milieu des années 80, à partir du régime de Maaouya Ould Sid Ahmed Taya, leur présence dans les listes d’admis au brevet de Capitaine s’était faite rare. Puis vinrent les purges successives qui vidèrent presque la totalité des autres restants. Il faut ajouter à cela les politiques ciblées de recrutement au grade d’officier pour que le tableau soit à peu près complet. Certains Corps, comme celui de la Garde Nationale, ne compte déjà plus d’officiers supérieurs de cette catégorie de la population dans ses rangs.

La très faible représentativité des Haratines dans le Commandement est due quant à elle à une politique d’injustice vis-à-vis de cette frange qui, très présente à la base de la pyramide, voit ses représentants de plus en plus rares au fur et à mesure qu’ils évoluent vers son sommet. Au point que l’on est en droit de se demander si, aujourd’hui, l’on ne doit pas changer  l’appellation « Forces Armées et de Sécurité» par « Forces Armées Maures». Au moins là les choses deviennent très claires !

Ahmed Jiddou ALY

 

Le parti El Moustabel dénonce les «vicissitudes» des Ulémas mauritaniens

altLe parti El Moustaqbel a tenu, ce lundi, à 12 heures, à son siège à l’ilot A , un point de presse  sur la la déclaration des ulémas de Mauritanie  décrétant qu’à compter du 26 mars 2015, l’esclavage   ou ses pratiques est désormais  illicite.

Prenant la parole, les vice-présidents du parti, Pape Moda Diop et Moctar Ould Sidi Maouloud se sont dits indignés et offusqués par la sortie des Ulémas  en collusion depuis l’indépendance du pays avec les esclavagistes. Les responsables du parti trouvent cette  sortie inopportune  dans la mesure où elle n’apporte rien de nouveau et se contredit même en invoquant la loi de 1981 abolissant l’esclavage dans le pays. C’est une autre politique de fuite en avant, selon eux.  Pour El Moustaqbel, les Uléma ont toujours  été  des suppôts des pouvoirs politiques esclavagistes et racistes,  en justifiant par leurs enseignements et interprétation des textes religieux   l’existence de l’esclavage en Mauritanie. Pour le parti El Mousaqbel, la sortie des Ulémas entre dans le cadre des manœuvres  et manipulations auxquelles les pouvoirs politiques  ont habitué les victimes de cette pratique honteuse. “La Fatwa et les  textes législatifs n’apportent rien de nouveau, estime El Moustaqbel  Les responsables du parti regrettent le fait que les Uléma  nient le combat que les organisations de défense des droits de l’homme mènent pour trouver une solution définitive à cette violation des droits  humains.”

Et toute solution ne prenant pas en compte  les Harratines, principaux  concernés par cette question est vouée à l’échec, estime-t-on à El Moustaqbel. “La sortie malencontreuse des Uléma est destinée à la consommation des organisations internationales qui financent les projets et programmes du pouvoir, elle ne berne personne en Mauritanie”, affirme Samory  Ould Beye, président du conseil national du parti.

 

le calame