Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: May 2013

FLAMNET-AGORA: MOI ET LES FLAM par Mariame KANE

altLa première fois que j’ai entendu parler des Forces de Libération Africaine de Mauritanie (FLAM), c’était en 1986 pendant les arrestations de leurs membres. Je n’étais pas impliquée dans la vie politique, ni dans la lutte contre l’exclusion de la communauté Négro -Mauritanienne. J’étais dans un autre monde qui est l’ignorance de ses propres droits, et pourtant des membres de ma famille, Saidou KANE dit Moustapha Boly en l’occurrence, consacraient leur vie à la lutte pour l’égalité.
– La première fois aussi que j’ai vu les flamistes, c’est quand l’Etat a ouvert les portes de la prison de 100 m2 de Nouakchott. Je me rappelle de ma première visite dans cette horrible prison et je me garde de détailler la situation inhumaine et dégradante dans laquelle je les ai trouvés. C’était un vendredi jamais je n’oublierai cette matinée. Lorsque j’ai vu, pour la première fois, Djigo tafsir que Saidou Kane (paix à leurs âmes) m’avait présenté, j’étais abattue et révoltée. Ce sera le déclic.

– De retour à la maison, choquée et révoltée par leurs conditions de détention, j’ai pris conscience de la gravité de la situation des noirs de Mauritanie et de notre avenir incertain. J’étais blessée au plus profond de moi-même, et cela m’a permis de prendre connaissance et conscience à quel point ce système raciste, odieux et « fasciste », est décidé à aller jusqu’au bout de son programme d’exclusion des noirs de la gestion du pays.

– Je rends hommage aux fondateurs, à tous les fondateurs, qui ont fait un travail remarquable, qui ont réveillé tous ceux et celles qui « dormaient » comme moi, je remercie celles et ceux qui ont poursuivi le combat à Dakar, en France, en Amérique et partout dans le monde. Enfin je souhaite à votre nouvelle équipe, ici présente, bonne chance et beaucoup d’anniversaires.

– Merci les Flam et merci à Kaw Touré aussi pour sa Présence sur le net.

– Merci aussi à toutes celles et ceux qui combattent de toutes leurs forces contre l’injustice et l’exclusion des négros mauritaniens et haratines dans leur propre pays.

– Merci, encore une fois, à cette génération qui a osé reprendre le flambeau que nous portons aujourd’hui je cite entre autres : Safi Wane, Saidou Kane Junior, Chérif ba, Hapsa Banor, Hamidine Kane Ousmane et Boubacar Diagana, Ciré Ba, Cheikh Oumar BA, Amar Ba, Amadou Birane Bal, Amadou Alpha Ba, Samba Dia, Oumar Silèye Ba, Mamoudou Dème… Je m’excuse auprès de tous ceux que je n’ai pas cités.

– Je ne saurais finir sans souhaiter bon travail à la nouvelle équipe de la section en particulier à Hamadi Sow et Cheikh Dieng, Aminata Niang, Yaaya Maabel Dia qui ont fait un excellent travail pendant notre combat contre l’enrôlement.

Si comme je le disais au début de mon intervention, j’étais « inconsciente » de notre situation, aujourd’hui je crois avoir rattrapé cette « faute ». J’en fais tellement maintenant que parfois vous devez me trouver « excessive ».

La lutte continue
Mariame KANE

 www.flamnet.info

 

 

 

 

Il y a 40 ans, l’activiste de gauche Omar Blondin Diop mourait en détention à Gorée

altIl y a 40 ans, le 11 mai 1973, survenait, à Gorée, la mort en détention d’Omar Blondin Diop, jeune opposant à la politique “pro-occidentale’’ et “antipopulaire’’ du pouvoir de Léopold Sédar Senghor, et porteur d’un idéal révolutionnaire, d’idées d’égalité entre tous. Il avait 26 ans.

Le 14 mai 1973, le quotidien gouvernemental Le Soleil, reprenant le communiqué de l’administration pénitentiaire, écrit : “La commission de surveillance des prisons (…) a constaté que le détenu Oumar Blondin Diop s’était donné la mort par pendaison dans sa chambre, aux environs de deux heures du matin’’.

Diop est mort dans sa cellule, à la prison centrale de Gorée où il avait été interné, depuis sa condamnation, à trois ans de réclusion, pour “atteinte à la sûreté de l’Etat’’, par un Tribunal spécial, le 23 mars 1972.

Le journal Le Soleil relayait la version officielle du suicide, alors qu’une partie de l’opinion nationale et internationale penchait plutôt pour la thèse de l’assassinat d’un jeune homme engagé dans le combat pour la libération de l’Afrique.

Omar Blondin Diop, au vu de son engagement et de ses prises de position politiques, était devenu le symbole d’une génération de refus d’une politique néocoloniale, un acteur majeur de l’agitation politique et syndicale alors en cours depuis 1968.

La thèse officielle selon laquelle le jeune gauchiste s’est donné la mort “par pendaison’’, est contestée par le père de la victime, le médecin Ibrahima Blondin Diop, qui avait porté plainte à l’époque pour “coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort et pour non-assistance à personne en danger’’.

Dans son essai intitulé “Sénégal notre pirogue’’ (Présence Africaine, 2007), Roland Colin, directeur de cabinet du président du Conseil Mamadou Dia (1957-62), raconte qu’Omar Blondin Diop avait reçu, en détention, la visite de Jean Collin, ministre de l’Intérieur, avec lequel il eut une altercation. “Le ministre de l’Intérieur, a-t-on su en fin de compte, aurait donné l’ordre au gardien de le châtier. Le lendemain, il fut retrouvé pendu dans sa cellule’’, écrit Roland Colin.

Le juge d’instruction Moustapha Touré qui avait inculpé les trois gardes de la prison de Gorée pour meurtre, fut relevé de ses fonctions et dessaisi du dossier. “Mohamed a été le premier à dire qu’il n’y avait pas de suicide et que son frère avait été battu à mort. Oumar Blondin gémissait, soupirait, d’après les déclarations de son frère’’, soutient Moustapha Touré.

Alors que des voix soutenaient qu’Omar Blondin Diop a été inhumé en catimini au cimetière des Abattoirs sur la Corniche-Ouest, le ministre de l’Information Daouda Sow signalait, lors d’une conférence de presse (tenue…), que le défunt a été “enterré samedi (12 mai) en présence de son père et de ses parents proches’’.

Issu de la moyenne classe sénégalaise d’après indépendance, Omar Blondin Diop est né le 18 septembre 1946 à Niamey, au Niger. Admis à l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, il était adjoint de Daniel Cohn-Bendit, animateur du “Mouvement du 22 mars’’.

Diop prend une part active à la campagne électorale du trotskiste Alain Krivine, responsable de la Ligue communiste et participe aussi aux évènements de Mai-68. Pour “activités subversives’’, il est exclu de l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud et expulsé de France par le gouvernement français en 1969.

À Paris, le jeune activiste politique avait rencontré Jean-Luc Godard pour qui il joue son propre rôle dans ‘’La Chinoise’’, en 1967. Dans ce film, cinq jeunes gens passent leurs vacances d’été dans un appartement qu’on leur a prêté : Véronique, étudiante en philosophie, Guillaume, acteur, Kirilov, peintre venu de l’ex-Union soviétique, Yvonne, paysanne, Henri, scientifique proche du Parti communiste français.

Ensemble, ils essaient de vivre en appliquant les principes de Mao Zedong, leurs journées dans cette retraite sont une succession de cours et de débats sur le marxisme-léninisme et la Révolution culturelle. Véronique projette alors d’assassiner un dignitaire soviétique de passage à Paris.

Pendant l’hivernage 1969, Landing Savané et Omar Blondin Diop rentrent à Dakar pour “travailler à promouvoir le processus révolutionnaire’’, rappelle une note publiée en septembre 2011 sur le site Internet de And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS).

Le premier a terminé ses études et travaille à la Direction de la statistique comme chef de division, le second a décidé de suspendre les siennes. Avec leurs amis, ils avaient créé le Mouvement des jeunesses marxistes léninistes (MJML), en 1970.

Le ministre de l’Information, Daouda Sow, signalait, lors d’une conférence de presse, le 15 mai, que le président Senghor était intervenu “personnellement’’ et “avec insistance auprès du président de la République française (Georges Pompidou)’’, pour faire lever la mesure d’exclusion et d’expulsion qui frappait Omar Blondin Diop.

“Malgré la réticence des autorités françaises, le chef de l’Etat devait avoir satisfaction’’, expliquait M. Sow, précisant qu’Omar Blondin Diop avait pu retourner, en septembre 1971 en France, “comme boursier du Sénégal’’, et réintégrer l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud.

Dans ses activités, le MJML, son mouvement, essayait de s’implanter en milieu paysan dans les régions périphériques et dans le bassin arachidier ainsi que dans certaines grandes zones ouvrières (Thiès, Taïba, Richard-Toll notamment). C’est ainsi qu’il réussit à faire échouer la campagne d’explication de la politique de jeunesse de l’Union progressiste sénégalaise (UPS).

Plusieurs ruptures en 1972 au sein du mouvement maoïste, notamment celle intervenue entre le groupe animé par Omar Blondin Diop, tenant des orientations qualifiées de ‘’gauchistes’’, et celui de Landing Savané, partisan d’une “ligne de masse maoïste authentique basée sur une action politique, moins spectaculaire mais plus féconde, de liaison avec les masses ouvrières et paysannes’’, relève le site Internet d’AJ/PADS (septembre 2011).

Landing Savané forme le groupe Reenu-Rew. Les frères Blondin Diop, eux, quittent le MJML pour créer le Comité d’initiative pour une action révolutionnaire permanente (CIARP).

Dans un article critique titré “Les suicidés’’ du président Senghor’’, l’hebdomadaire socialiste “L’Unité’’, (n°65, 18-24 mai 1973), note que le Sénégal est “un grand pays qui garde depuis 10 ans en prison Mamadou Dia’’, ancien président du Conseil (1957-62).

Le journal ajoute : “Léopold Sédar Senghor est un ancien élève de l’Ecole normale supérieure, un poète de la négritude, un ami personnel de Georges Pompidou et un chaud partisan de la coopération avec la France. Mais on meurt dans ses prisons, comme en Espagne. Et ceci nous importe plus que cela’’.

En 1971, plusieurs militants et sympathisants maoïstes avaient été arrêtés à l’occasion des grèves scolaires et universitaires. Des étudiants furent exclus de l’Université de Dakar pour faits de grève et résistance violente aux autorités. Le pouvoir exclut aussi de l’Université de Dakar des jeunes militants de gauche comme Marie Angélique Sagna, Amadou Top, Abdoulaye Bathily, Mamadou Diop Decroix et l’intégration forcée des garçons, dans l’armée en 1971.

Sur les conséquences politiques de la mort d’Omar Blondin Diop, Pathé Diagne soutient qu’elles seront “très importantes, mais fort peu connues’’, soulignant l’émoi que l’événement tragique “jeta sur l’opinion internationale fortement remuée par ses amis de l’extérieur’’.

Dans son essai intitulé “Léopold S. Senghor ou la négritude servante. De la francophonie au Festival panafricain d’Alger. Trente ans après’’ (L’Harmattan, 2006), Diagne relève que “cette mort amena à mobiliser Cheikh Anta Diop et Abdoulaye Ly, par le biais de Amath Bâ, ancien président de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), pour voir, avec les partisans de Mamadou Dia, comment obliger Senghor à démocratiser le régime’’.

“C’est là l’origine du Rassemblement national démocratique’’, le dernier parti politique fondé par le savant sénégalais Cheikh Anta Diop, qui était un ami intime d’Ibrahima Blondin Diop, père d’Omar Blondin.

Source: Seneweb

AGORA: Décryptage – Mauritanie : Un recensement périlleux par Babacar Justin Ndiaye

altPourquoi la fragile Mauritanie, encore convalescente de la grave crise des années 89-90, s’évertue-t-elle dangereusement à titiller ses vieux démons ; notamment celui de la fracture raciale ? Difficile de comprendre cette auto-fragilisation au moment où le pays est confronté au défi de la démocratie et à la menace du terrorisme.

 
Le besoin de statistiques fiables pour un aménagement optimal du territoire et une planification économique, n’expliquent pas tout. Dans ce pays sociologiquement en fusion heurtée, le recensement national est plus qu’un exercice administratif de routine.
Il est un enjeu politique.

Pas étonnant donc que la Mauritanie reste, depuis plus de trente ans, le seul pays au monde où les chiffresalt liés à démographie, relève du secret-défense. « Le plus grand danger qui menace présentement la cohésion nationale est le recensement en cours. Il faut revoir cette affaire qui suscite d’innombrables interrogations et de protestations dans certaines de nos villes ». Ces propos du Président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, sont le meilleur baromètre de la montée des périls découlant de l’enrôlement lancé, en mai dernier, pour officiellement mettre en place un nouveau système d’identification des Mauritaniens. Administratif, technique et routinier dans tous les pays du monde, le recensement démographique est, en Mauritanie, une opération grandement redoutée. Tant ses résultats (données chiffrées et fiables sur la population) conditionnent le destin politique de ce pays multiracial, multiethnique et multiculturel.

D’où la contestation anti-recensement qui fait vibrer, sur une grande échelle, les fondations de l’entité Un recensement périlleuxmauritanienne. A juste raison. Car les modalités de l’enrôlement sont diablement inflammables. Singulièrement le libellé des questions réservées aux populations négro-mauritaniennes. Et, surtout, la nature des pièces introuvables qui leur sont fortement exigées. Exemples surréalistes et provocateurs : le lieu de naissance du père du père ; les extraits ou bulletins de naissance de l’arrière grand-père etc. Comme si la colonie de Mauritanie –administrée depuis Saint-Louis du Sénégal – ne faisait pas partie de l’Afrique Occidentale Française (AOF) jusqu’à son indépendance obtenue le 28 novembre 1960.
Paradoxalement, le recensement ne pose aucune difficulté aux centaines de Touaregs (anciennement réfugiés maliens) que le

régime du Président Ould Taya avait fixés sur la vallée du Fleuve, afin de « dénégrifier » le sud mauritanien, par un rééquilibrage des données démographiques.
Par ailleurs, l’enrôlement ne connaît bizarrement aucun hic dans les deux Hodh, c’est-à-dire les régions de Néma et d’Ayoun-el-Atrouss (le grand Est frontalier du Mali) amputé du Soudan français, et tardivement rattaché à la Mauritanie vers les années 40 par le gouverneur Christian Laigret. Pourtant, ces zones sont peuplées de gens à la nationalité ambiguë ou fluctuante. Feu le Colonel Cheikh Ould Boyde, longtemps patron de la gendarmerie mauritanienne, né de mère bambara, serait-il, aujourd’hui, éconduit ou accepté par les agents de recensement ? Sa fille, Mme Cissé Khady Mint Cheikh Ould Boyde, actuelle ministre de la Culture, est-elle de nationalité clairement mauritanienne ou équivoque ?

Et que dire de l’ex-maire d’Akjoujt, Maurice Benza né de père antillais ? Décidément, les opérations d’enrôlement du Général Abdelaziz ont un caractère ubuesque. Si l’on y ajoute le fait que la majorité des enquêteurs sont en majorité maures, on saisit bien la fureur sans bornes des Toucouleurs, Ouolofs et autres Soninkés de Mauritanie. Eux qui, aux heures sombres de l’Histoire récente de la Mauritanie (guerre du Sahara 1976-1978), ont quitté le Gorgol, le Guidimakha et le Brakna, pour aller jusqu’au Guelta Zemmour, défendre jusqu’au sacrifice suprême, la souveraineté de leur patrie pluriethnique et multilinguistique.

Ce n’est alors guère surprenant que les Mauritaniens issus des trois ethnies précitées soient les animateurs du mouvement « Touche pas à ma nationalité » qui fait barrage à ce recensement dont le but ultimement visé, est d’exclure administrativement les Noirs de leur pays. Sinistre répétition ou bégaiement de l’Histoire : après la déportation hors des frontières ; c’est désormais le ghetto qui fait du citoyen, un métèque chez lui. On en arrive à admettre – même si la balkanisation à la soudanaise est inacceptable et inappropriée – que les théoriciens et fondateurs du Front de Libération du Walo, du Fouta et du Guidimakha (WALFOUGUI) n’avaient pas tort dans l’absolu.

L’épicentre prévisible de la révolte (la vallée du Fleuve Sénégal) est évidemment la zone la plus quadrillée et la plus violemment traitée par les forces de l’ordre. Toute la willaya du Gorgol, c’est-à-dire la région de Kaédi, est sous contrôle policier. Outre le chef-lieu Kaédi, les villes de Maghama et de Mouqata ont été calcinées par la spirale révolte-répression. Même la ville très métissée de Rosso, capitale du Trarza, est touchée par la bourrasque anti-recensement. De facto, l’autorité civile (gouverneurs et préfets) s’est liquéfiée au profit de l’appareil militaro sécuritaire. Preuve que l’Etat républicain du Général Mohamed Ould Abdelaziz est un vernis qui craquelle au moindre choc.

Preuve également que l’option sécuritaire est privilégiée : le commissaire directeur de la Sûreté régionale de Kaédi a été limogé puis remplacé au pied levé, par le commissaire Ely Ould Moktar de la Sûreté de l’Air qui coiffe l’aéroport de Nouakchott. Plus visible encore, est la navrante distribution raciale des responsabilités dans la répression en cours dans la vallée. Par un cynisme innommable, le Président Aziz a envoyé contre les militants de « Touche pas à ma nationalité », les deux corps paramilitaires (gendarmerie et garde nationale) commandées par les Généraux Ndiaga Dieng et Félix Nigri.

Deux officiers généraux (noirs) natifs de la ville de Boghé. Conséquence, la vieille recette du « diviser pour régner » a marché parfaitement ; puisque la ville n’a pas bougé. Ironie du sort – pardon, du jeu du gouvernement de Nouakchott – le Général Ndiaga Dieng est le fils d’un tailleur originaire de Saint-Louis ; tandis que le Général Félix Nigri descend d’un grand-père italien et d’une maman toucouleur de Podor. Question : ces deux Généraux qui répriment les manifestants du « Touche pas à ma Nationalité » sont-ils, eux-mêmes, recensables ? En dehors de son caractère attentatoire à l’unité et à la stabilité, le recensement cache subsidiairement une orientation anti-sénégalaise.

De plus en plus appuyée, avec la rafle des Sénégalais du quartier Médina 3 que le ministre de l’Intérieur Sid’Ahmed Ould Boilil présente comme des éléments étrangers qui manipulent les révoltés du « Touche pas à ma nationalité ». Tout se passe comme si le Président Aziz cherche à transposer la dégradation de ses relations avec Wade, sur les péripéties d’un recensement périlleusement amorcé. A l’intérieur comme à l’extérieur de la Mauritanie, le recensement diffuse ses ondes de choc. En effet, l’opération d’identification constitue du pain béni pour une opposition (toutes sensibilités confondues) secrètement contente de voir l’homme fort de Nouakchott s’en mêler fatalement les pinceaux dans une affaire politiquement explosive.

Babacar Justin Ndiaye

 

FLAM : 30 ANS DE COMBAT ET RETOUR AU PAYS NATAL

C’est dans un Palais de l’Est Parisien comblé que les Forces de Libération Africaines de Mauritanie, célébra son 30ème anniversaire le 13 Avril 2013.

30 ans de lutte acharnée contre la dictature du Colonel Taya, et ensuite sous le régime de Ould Abdel Aziz, pour un redéploiement de leur force en terre mauritanienne.

Les FLAM, à l’instar de l’ANC Sud-Africaine, ont montré ainsi le chemin parcouru depuis Avril 1983. Allant de la lutte armée, au processus démocratique.

Rétrospective :

1986 : La Mauritanie est en effervescence. Le régime du Colonel Taya découvre un document, le Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé qui fait le procès de la cohabitation entre les différentes communautés. Malgré un constat sans concession, les FLAM appellent au dialogue entre « Mauritaniens pour se dire la vérité ». Une répression s’abattra sur le mouvement : les cadres négros-mauritaniens sont arrêtés ou activement recherchés. Après un procès rapidement expedié, les principaux animateurs de l’organisation sont envoyés au fort de Walata ou quelques uns (BA Abdoul Ghoudou, BA Alassane Omar, Djigo Tafsiou et l’écrivain TENE Youssouf Guèye) décèderont des suites de leur condition de détention. Commencera donc le long exile des FLAM.

Le long exil :

C’est au Sénégal que les militants exilés mettent à profit le rassemblement des victimes pour se restructurer. Même si l’organisation n’a pas harcelé le pouvoir mauritanien au point de lui imposer un dialogue sur « la question nationale », les FLAM mettront à profit cet exile pour affuter leurs armes.

Toutefois le manque de soutien du gouvernement sénégalais ainsi que sa coopération avec son homologue Mauritanien fera qu’en Juillet 1999, KAAW Touré, porte parole de l’organisation est expulsé vers la Suède. On verra également que la Communauté Internationale et le HCR réduisent leur programme d’aide aux réfugiés Mauritaniens. Les cadres du Mouvements sont toujours harcelés et s’exilent aux USA au risque de faire éclater le mouvement et de le couper de sa base populaire. On verra donc l’émergence d’autres organisation : AJD, PLEJ ; etc … qui se positionneront sur les memes thématiques.

1989 : la déportation des négros mauritaniens

Profitant du “conflit” avec le Sénégal pour tenter de “dénégrifier” le pays, le régime du dictateur TAYA, va déclancher la déportation de plus de 120.000 négros-mauritaniens, vers le Sénégal et le Mali. Il s’agissait aussi de saisir cette occasion pour faire passer enfin une réforme foncière qui rencontrait une forte résistance en milieu négro-africain, pour servir des intérêts inavoués. La déportation, justement, permit de redistribuer la terre, et les terres de ces réfugiés en exil forcé au Sénégal, comme s’ils ne devaient plus jamais revenir !

Il s’agissait enfin de frapper les esprits en sévissant durement et partout pour intimider, afin de décourager à jamais toute velléité de résistance, en décapitant la seule force politique organisée que sont les FLAM, de manière à neutraliser l’avant-garde éclairée de la contestation du projet hégémonique. Dans le feu des événements allait surgir une quatrième raison : récupérer le bétail peulh ( 150 000 bovins ) pour compenser les pertes matérielles subies par les Maures rapatriés du Sénégal.

Pour se venger du Sénégal voisin, les autorités mauritaniennes allaient se rabattre, sans remords, sur leurs propres citoyens qu’elles spolièrent et dépossédèrent pour les chasser ensuite comme de “vulgaires étrangers”.

2005 la scission :

La chute du dictateur TAYA, entrainera une scission interne du mouvement. Des cadres du mouvement sont convaincus de porter, désormais le combat sur le terrain. Ils créeront le FLAM/Rénovation avant de rejoindre l’AJD pour former l’AJD/MR qui portera Ibrahima Moctar Sarr, un négro-mauritanien candidat à l’election présidentielle en 2007. Malgré la rudesse de ce coup le FLAM ne sombre pas mais envisage sérieusement de se redéployer sur le terrain.

2013 : Quel bilan tirer

Depuis 2011, les FLAM ont entamé un nouveau processus politique avec les autres organisations, ces dernières, revenant sur une position plus radicale vis-à-vis du pouvoir actuel. Et le processus du recencement excluant toute personne qui ne pourrait pas fournir un acte de naissance officiel, démontre aujourd’hui que la question ethnique est au cœur du rapport de force avec le pouvoir clanique. Les memes inquiétudes persistent donc depuis 1986.

Aujourd’hui les FLAM sont confronté aux questions de positionnement sur l’échiquier politique et de terrain. Victime de diabolisation par l’ancien régime (rumeurs d’assassinats, de vengence ou d’établissement d’un gouvernement uniquement composé de négros-mauritaniens peulhs), leur retour est attendu d’autant plus qu’il ne s’inscrit pas en terme de concurrence ni de récupération mais dans un processus d’union de toutes les forces d’opposition mauritaniennes.

Toutefois subsiste encore la question de l’autonomie du Sud du pays. A cela, le Manifeste du négro mauritanien opprimé, réponds clairement : «…Il faudrait que le Négro-mauritanien comprenne qu’il ne doit pas s’insurger contre le Beydane en soi, mais contre l’appareil d’Etat arabo-berbère raciste et oppresseur, afin que Blancs et Noirs puissent enfin dialoguer à égalité, se battre ensemble pour des lendemains plus certains[…] Les problèmes mauritaniens doivent être posés par des Mauritaniens, discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les Mauritaniens eux-mêmes. Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes nos nationalités à un dialogue des races et des cultures, dans lequel nous nous dirons la Vérité pour guérir nos maux. Il faut que nous traduisions dans la réalité nos appels au Salut National et au Redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes nos ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles raciales et culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient certainement pas les Mauritaniens ». On est donc loin d’un appel à la vengeance, au meurtre, comme cela avait été affirmé par la junte militaire pour justifier ses exactions envers les negros-mauritaniens.

Au cours de cet célébration plusieurs partis politiques et organisations étaient présentes. Pour le PS, le député de Montreuil Monsieur Razzy HAMADI s’est engagé à poser une question écrite au gouvernement français concernant la situation de quasi-apartheid subie par les négros-mauritaniens. On attends donc avec impatience la réponse qui sera apportée par Hollande et ses amis.

Quant au NPA, que j’ai eu l’honneur de représenter, le soutien aux organisations d’opposition n’est plus à démontré. Depuis 1995 nous sommes aux cotés, notamment, des FLAM et plus récemment du mouvement de la jeunesse mauritanienne « Touche pas à ma Nationalité ».

Le NPA souhaite donc s’inscrire encore un long moment encore en compagnon de route des FLAM. Trente ans, dans la vie d’une organisation c’est long mais c’est aussi le signe d’un dynamisme militant. Certes, il y a eu des remous, des scissions, des réconciliations, mais jamais de trahison envers le peuple.

Comme nous l’affirmons dans nos organisations respective LA LUTTE CONTINUE…

Mariam SERI-SIDIBE- MEDIAPART

Loupe du ‘Le Rénovateur’ : Pour une relecture lucide des manifestes contre l’oppression et l’esclavage

altSi pendant des années la bombe provoquée par la publication du Manifeste du négro-mauritanien opprimé a radicalisé les positions tant du côté des Flam que du côté des milieux arabes hostiles à toute volonté de régler la question nationale en tenant compte des revendications politiques contenues dans un document qui a été considéré comme un tract lancé au nez du pouvoir par un groupe subversif accusé de porter atteinte à la sécurité de l’Etat.

Il fallait user de l’arme de la répression pour remettre ces « éléments agités à leur place » en leur réservant un traitement digne d’ennemis de l’unité nationale. Ould Taya aurait agi autrement par le dialogue et la lecture lucide de ce document, les gaffes commises seraient moindres .

Probablement la tentative du coup d’Etat de 1987 n’aurait pas eu lieu. Les arrestations suivies de tortures les plus atroces que les sbires de Taya ont infligé contre le mouvement nationaliste négro-africain ont avivé les tensions et libéré les démons de la violence au grand dam de la cohabitation intelligente ente les communautés ayant toujours appris à vivre en paix.

Les mauvaises interprétations et les lectures sataniques que certains ont sciemment faites du Manifeste ont fait monter les enchères livrant en pâture une communauté à la vindicte populaire. En rédigeant ce qui est qualifié par le pouvoir de l’époque de pamphlet, les auteurs de ce Manifeste qui doivent se faire aujourd’hui le devoir de lever certaines zones d’ombre sur ce projet notamment sa publication cinq ans après l’arrivé de Taya au pouvoir mais aussi sur la responsabilité qu’ils devaient assumer suite à cette décision gravissime en temps –là. Pourquoi aussi la quasi-totalité des cadres ont quitté le pays après leurs libérations de Oualata puis du Fort d’Aioun.

Les figures de cette conscience noire particulièrement les intellectuels devraient approfondir leurs réflexions à travers des œuvres en guise de contribution au débat nationale après tant d’années d’exil. Plus que de simples polémiques qui ont eu raison sur la cohésion de ce mouvement à l’étranger.

Des questionnements sont aussi nécessaires pour demander à la classe politique dans sa diversité mais aussi aux pouvoirs politiques, si l’approche consistant à publier un document justifie tout ce déferlement de violence dirigé contre des innocents jusque dans les villages les plus reculés du pays qui ont subi les pires moments de terreur de l’histoire lesquels qui se sont poursuivis jusqu’ au départ de Taya animé par un instinct vengeresse . Pourquoi surtout aujourd’hui encore l’histoire continue de donner raison à ce Manifeste quelque soit les démentis que l’on veut opposer aux thèses qu’il véhicule ?

Les statistiques présentés à l’époque sur la représentativité éthique dans les administrations ont-elles évolué ou au contraire régressé ? Le débat sur la cohabitation a –t-il été réglé ? Le statut des langues nationales, les réformes de l’éducation ont –ils été débattu comme il faut ? L’esclavage qui a été aussi posé dans le Manifeste du négro –mauritanien opprimé et qui une pierre dans la chaussure du pouvoir mérite d’être approfondi et dépolitisé. Ce sera l’objet du prochain article où la publication du Manifeste du Haratin relance le débat sur la lutte contre ce phénomène…

Cheikh Tidiane Dia- Le Rénovateur quotidien