Daily Archives: 23/02/2013
Etats Generaux de l’Education : allons-nous , encore une fois, faire fausse route ?

Il est à craindre que nous nous fourvoyions , de nouveau ! .
Cette commission pose les buts à atteindre , entre autres, s’ouvrir sur les experiences universelles afin d’enrichir la culture nationale dans sa diversité , valoriser la productivité , stimuler la mobilité sociale , l’émancipation du citoyen , renforcer les valeurs de citoyenneté , de tolérance , d’égalité et d’équité !
Fort bien !
Mais il n’y a là , à mon sens , rien de nouveau, ou presque , au regard des finalités comparées des réformes précédentes . La seule nouveauté résiderait , peut –être, dans la démarche, visant à associer le plus grand nombre possible d’acteurs à ce projet ; ce qui , du reste , n’est pas , en soi , forcement positif ou synonyme de réussite au bout , si l’on en croit ‘’Mani’’- personnage de A Maalouf- , qui disait que : « une foule de gens cultivent les plus absurdes superstitions ; leur grand nombre ajoute-t-il quelque valeur à leur croyance ? »
Bref, si les buts ultimes déclarés dans ce communiqué semblent généreux et louables , les voies et moyens évoqués, pour les atteindre, à travers les thématiques retenues,-essentiellement techniques- me paraissent inappropriés .
En effet les thèmes répertoriés , comme les ressources humaines –( .. on dissertera à loisir et en longueur sur la valeur du capital humain )-, les programmes et manuels scolaires , la formation professionnelle , le suivi et l’Evaluation , les infrastructures sont importants, certes, dans la chaîne des causes , mais ne constituent pas le facteur déterminant dans le diagnostique du mal ; même s’ils participent de l’échec du système éducatif , ils n’en constituent pas cependant la cause première !
C’est par le bon bout qu’il faut prendre le problème pour éviter de faire fausse route !
Quel est le mal en fait ? Un système éducatif à genoux , malade , malgré six réformes successives qui ont toutes échoué ; des Elèves , des Etudiants et des Enseignants d’une baisse de niveau sans précédent , des élites francisantes ou arabisantes en extinction !
Et quelle est la cause de ce mal ? l’Arabisation , fondamentalement !
Une arabisation à outrance, à toute vitesse , sous le couvert d’une pseudo-repersonnalisation , à l’origine de tous les dégâts ! l’instrumentalisation de la langue arabe à des fins d’assimilation ou de marginalisation , voire de domination ethnique, tout court !
Voilà la cause véritable de notre échec qui ne doit pas être recherchée du coté des programmes , des manuels ou du suivi ! Et ce mal , hélas !, empire chaque jour que Dieu fait, en raison de notre mauvaise foi ou de notre manque de courage (c’est selon ) à reconnaître la cause profonde de cet échec .
Quel serait le remède ? il résidera , essentiellement , dans la réponse à certaines questions, centrales , délicates , incontournables dont nous ne pourrions faire l’économie : Quel sera le statut, la place de l’Arabe , des langues negro-africaines , du Français ? quel but , attendu, dans l’enseignement de chacune de ces langues ?
Voilà le nœud du problème !
Tout le reste , beaucoup moins compliqué , suivra sans grande difficulté, pour relever de pratique administrative ou d’application technique !
Nos hommes politiques , nos gouvernants, qui ont tenu à imposer, coùte que coùte, la langue arabe , à des franges importantes de la société qui ne se reconnaissaient pas comme arabes , ethniquement, ces gouvernants qui , par idéologie , ont étouffé le Hassanya et les langues negro- africaines ( Pulaar , Soninke , Wolof, bambara ) et , par réaction de rejet enfin , poussé au recul du Français – langue d’accès direct au savoir scientifique -, perçue comme langue du colonisateur, honni , portent donc la responsabilité de ce désastre !
La réforme qui sera issue de ces Etats généraux en préparation , va probablement échouer , à son tour, comme toutes les réformes précédentes, si l’on y prend garde , car l’on est entrain de reproduire les mêmes erreurs du passé .
D’abord au vu de la reconduction des mêmes réflexes , – quotas et dosage- qui refont surface dans la composition de la commission de pilotage et vont , sùrement , se reproduire au niveau régional et national .
Ensuite au regard du contexte interne , agité , marqué par des tensions , des frustations en tous genres , peu propice à la tenue de telles assises qui requièrent, plutôt , un climat serein et apaisé !
Et , en arrière plan à tout ça , cette apparente politique en cours, éclatée , décousue , frisant le coq-à-l’âne , avec cette propension à tout mener au pas de course ou par forcing’’, qui n’est pas pour rassurer !
Mais au-delà de ces réserves,- optimisme oblige!- , disons que l’échec ou le succès de ces rencontres dépendra, essentiellement de notre volonté affirmée de changement, de notre capacité à porter un regard neuf sur les choses et sur nous-mêmes, sans a-priori .
Nous réussirons si nous abordons cette problématique dans un esprit exempt de tout calcul partisan , départi de tout chauvinisme ou de tout complexe de superiorité sous-jacent . Nous réussirons à condition que nous restions mùs par le seul désir de construire, une fois pour toute , un système éducatif performant , fonctionnel, efficient , au service et pour le bien- être d’un peuple , dans toute sa diversité culturelle et ethnique !.
Mais de grâce, ne mêlons pas l’Islam à ça ,- souvent convoqué pour mystifier – qui doit rester une affaire strictement personnelle de conviction intime , et relever des foyers ; les valeurs de tolérance, de justice , d’égalité , de respect d’autrui que certains ont tendance à prêter à l’Islam sont , en réalité, des valeurs universelles qui transcendent celui-ci !
De grâce, enfin, n’y mêlons pas ces Oulemas et Imams porteurs du conservatisme le plus arriéré qui nous tirerait vers la bas !
C’est à ces conditions, et à ces conditions seulement,que nous réussirons cette enième réforme qui renforcerait notre unité en en redressant les bases , et ouvrirait ainsi la voie à notre développement !
Bara Ba Dk Senegal
Fevrier 2012-02-14