Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: January 2013

Livre: Ressorts d’une crise, selon deux auteurs mauritaniens

alt”La responsabilité de Amadou Toumani Touré (ATT) est pleine et entière”. Dans un livre intitulé ”L’occupation du Nord du Mali” publié récemment par deux intellectuels mauritaniens Ciré Ba historien et Boubacar Diagana géographe, pointent du doigt la responsabilité de l’ex-président ATT dans cette rébellion.

Sans remonter plus loin dans l’histoire et aller aux origines de la rébellion touareg, Ciré Ba et Boubacar Diagana observent que ”depuis novembre 2010 avec la rencontre de Tombouctou et la création du Mouvement national de l’Azawad qui a appelé à un élan de solidarité des Azawadis installés au Mali et à l’étranger, un premier signal était donné au pouvoir central de Bamako de ce qui sera par la suite la série d’attaques ayant abouti à la prise du Nord”.

Malgré de très nombreux signaux au cours des deux dernières années, le Président malien obnubilé par le désir de maintenir l’activité touristique dont l’essentiel s’effectue en territoires Touareg et Dogon ”semblait s’installer dans un déni permanent”. L’enjeu pour ATT étant de continuer à donner l’image d’un pays stable et sûr alors que des Islamistes ”avaient fini de faire de la forêt de Wagadou une espèce de base retranchée presque fortifiée”, se désolent les co-auteurs de l’ouvrage.

Un autre facteur non moins important est la chute du régime de Kadhafi. Le nombre des ex-combattants dans l’armée libyenne rentrés au Mali est estimé par les autorités de ce pays entre ”2 000 et 4 000 personnes. Leurs représentants ont été reçus en haut lieu”, renseignent les deux camarades. Le refus du président ATT de s’engager dans la lutte contre ”l’Aqmi et son soutien à Kadhafi ont fini par rendre son pouvoir moribond. Il paye cash”, martèlent-ils. Le 22 mars 2012, des mutins de l’armée malienne, basés à Kati dans les environs de Bamako, montent au palais de Koulouba et prennent le pouvoir.

La main de Mohamed Ould Abdel Aziz et Sarkozy

D’une part, du côté de Bamako, le soutien du président Mohamed Ould Abdel Aziz à la rébellion touareg ne fait l’ombre d’aucun ”doute”. Outre le fait ”d’héberger des éléments du MNLA”, il utiliserait ses deux généraux Hadi et Meguette, ”passés maîtres dans l’art de la répression à l’intérieur et de la déstabilisation à l’extérieur, pour conseiller, aider et manipuler cette rébellion dont des responsables auraient pignon sur rue à Nouakchott”, informent les analystes.

D’autre part, ils écrivent que le MNLA bénéficierait du soutien de la France de l’ex-président Sarkozy. Le Président de son bureau politique, Mahmoud Ag Aghaly, s’est en effet fendu d’un communiqué depuis Ménaka, le 08 février 2012, dans lequel on peut lire : ”le MNLA exprime ses vifs remerciements aux Autorités Françaises pour l’intérêt qu’elles accordent à la révolution du peuple de l’Azawad”, notent Ciré Bâ et Boubacar Diagana. En conclusion, l’historien et le géographe se demandent si la Mauritanie ne risque pas de favoriser une revendication séparatiste ”dans sa partie est, le Hodh dont les lien culturels, historiques, sociologiques et économiques sont très forts avec le Nord Mali”.

PIERRE BIRAME DIOH -L´ENQUÊTE

La demande d’asile du chef d’Ansar Edine embarrasse Nouakchott

Le chef d’Ansar Edine, Iyad Ag Ghali dont les combattants étaient jusque-là les plus « visibles » dans la guerre en cours au Mali depuis le 12 janvier dernier, demande l’asile politique en Mauritanie ! Une information qui, si elle se vérifie, constituera un véritable tournant dans le conflit malien mais aussi impliquera la Mauritanie, de façon directe, dans ce qui se présente déjà comme l’après-guerre du nord malien. Un à un, les chefs d’Ansar Edine quittent le bateau qui prend l’eau de toutes parts.

La demande d’asile du chef d’Ansar Edine embarrasse Nouakchott
En effet, des sources qualifiées de « bien informées » par les divers médias qui ont évoqué cette possible arrivée du chef du mouvement Ansar Edine, Iyad Ag Ghali en Mauritanie parlent de l’arrivée, par le point de franchissement de Bassiknou, ville frontalière avec le Mali, d’une délégation de 12 notables de la tribu touarègue des Ifogas (celle d’Iyad Ag Ghali) à bord de quatre véhicules tout-terrain. Cette délégation devrait se diriger vers Nouakchott et demander l’asile politique à celui qu’on surnomme « le lion du Sahara » et qui est de plus en plus acculé par les forces de la coalition internationale, notamment française, venues délivrer le Mali de l’emprise des groupes islamistes armés.

La démarche d’Iyad Ag Ghali ressemble, point par point, à celle du colonel Aghli Ag Mané, qui a abandonné la guerre, il y a quelques jours, et s’est rendu avec hommes et armes à l’armée mauritanienne. Il n’a pas tardé à bénéficier de l’asile politique grâce à l’influence de son grand frère, Mohamed Mané installé en Mauritanie depuis le début des années 90 du siècle dernier. Mais la comparaison entre les deux hommes s’arrête là. Iyad Ag Ghali est vraiment un personnage atypique dont le parcours, semé d’embûches et de retournements de situation, explique bien des choses.

Une décennie pour se faire un nom

L’aura d’Iyad Ag Ghali a commencé à briller au nord Mali, en août 2003, quand il parvient à jouer un rôle de premier plan dans la libération de 14 touristes allemands pris en otage en Algérie. .

Ce chef touareg qu’on voyait souvent debout devant ses hommes, avec un corps bien musclé et une barbe noire qu’il a laissé pousser depuis qu’il a épousé les idées islamistes d’AQMI et du MUJAO, tout en mettant en avant la spécificité de la lutte de son mouvement, est un homme complexe. Dans le passé, il était le chef de la tribu des Ifogas, qui vit dans les montagnes et les déserts du Grand Sahara mais présentement, la France considère Iyad Ag Ghali comme l’ennemi juré de l’Occident. Ag Ghali commande aujourd’hui le plus grand regroupement islamiste au Mali, Ansar Edine, qui compte quelque 1500 combattants, et contrôle – contrôlait plutôt – 60% du territoire. Il livre une guerre contre l’armée française qui les combat avec ses avions militaires, ses hélicoptères et son infanterie. Berlin qu’il a aidé dans le passé pour sauver la vie de ses ressortissants prête main forte aujourd’hui à la France en assurant le transport des troupes vers le Mali.

Il y a quelques années pourtant, les relations entre Ag Ghali et les Allemands étaient très bonnes. On le considérait, à l’époque, comme un allié, puisqu’il avait facilité, en 2003, la libération d’otages occidentaux dont 10 Allemands.

Ag Ghali était loin d’être islamiste, en plus du fait qu’il n’a jamais affiché des penchants extrémistes. Mais à cause de la pression née de la rivalité entre Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO), dissidente de la première, (et qui disposent chacune de 500 combattants), Ag Ghali a, lui aussi, recouru à la religion pour justifier son nouveau positionnement sur l’échiquier malien. Il a ainsi obligé l’application implacable de la charia dans les zones sous le contrôle d’Ansar Edine. Et depuis, il tient un discours enflammé contre les « mécréants ».

Sans doute que sa vocation religieuse ne convient pas à son mode de vie. Même au moment des premiers raids aériens de l’armée française, ce chef que ses hommes appelle « le lion du Sahara » vivait dans une imposante maison construite pour lui par le défunt guide libyen, Mouammar Kadhafi, non loin de l’aéroport de Kidal.

Mais selon des informations recueillies par les services de renseignements allemands (le BND), il y a une étroite relation ente Ag Ghali et les groupes liés à AQMI dans la zone. Le gouvernement de Bamako espérait, jusqu’à une date récente, que l’argent parvienne à convaincre les forces touarègues à renoncer à cette relation islamiste. Ag Ghali était même partie prenante dans les négociations. Mais le BND a mis en garde le gouvernement allemand : des propos tenus par le chef des rebelles à ses hommes montrent clairement que pour lui les négociations ne sont qu’une manœuvre pour gagner le temps et pour mieux préparer l’attaque contre le sud.

« C’était notre homme »

Dans le passé Iyad Ag Ghali était un homme politique connu, à tel point que le gouvernement malien l’avait envoyé une fois, en tant que diplomate, en Arabie saoudite. Au printemps 2003, un groupe d’aventuriers occidentaux ont été enlevés dans le grand Sahara. Ag Ghali avait alors aidé les Allemands en jouant un rôle d’intermédiaire ente la capitale Bamako et le groupe islamiste responsable de l’enlèvement, à savoir le GSPC algérien (groupe salafiste pour le prêche et le combat). Ag Ghali avait réussi, en fin de compte, à parvenir à un accord et, en août 2003, 14 otages ont été libérés contre une rançon de 5 millions d’euros (6,7 millions d’USD). Après cela, un haut responsable du ministère allemand des Affaires étrangères avait transporté l’argent à Bamako à bord d’un avion militaire ; il a remis le magot au gouvernement malien qui a envoyé, à son tour, Iyad Ag Ghali dans la zone frontalière entre le Mali et l’Algérie. Et comme le disait un ancien haut responsable dans le gouvernement allemand : « Ag Ghali était notre homme ». Mais plus maintenant. Les Occidentaux ne voient en lui que celui qui a aidé AQMI à trouver refuge au nord Mali et qui, depuis, a épousé ses vues islamistes sous le couvert de l’application de la charia dans une province de l’Azawad qu’on voyait déjà autonome. Si demain il est reçu en Mauritanie, alors qu’elle sera l’attitude de Paris et de Bamako ?

MOMS
Pour l’authentique

 

Lancement officiel de son initiative : Jusqu’où ira Messaoud Ould Boulkheïr ?

altLa cérémonie de lancement officiel de l’initiative du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheïr, également président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP), serait, de l’avis des cadres de ce parti, « très imminente ». D’aucuns avancent début février. La mise en place d’une commission d’organisation et de suivi – autrement dit, de pilotage – vient conforter cette thèse. Cette instance regroupe l’ensemble des soutiens de l’initiative que ceux-ci jugent à même de « faire bouger les lignes », dans une scène marquée, depuis juillet 2009, par des invectives en tout genre.

Réponse mitigée du président Aziz

personnes-ressources, la contribution à la sortie de crise, proposée par Messaoud Ould Boulkheïr, a reçu le soutien de quelque huit partis politiques et de presque toute la société civile, ce qui est, en soi, très réconfortant, mais le Collectif de la Majorité Présidentielle (CMP) et la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) traînent les pieds. Les uns et les autres apprécient diversement la proposition. Si la COD retarde encore sa réponse, certaines formations en son sein, comme l’UFP, Tawassoul et le groupe de Moussa Fall estiment qu’elle « peut servir de base de discussion », ce qui constitue une avancée mais annonce des nuages dans le ciel de la COD.
« Le président de la République, dont on attendait une réponse positive, n’a pas ménagé celui à qui il doit beaucoup », nous dit un cadre d’APP. « En effet », explique-t-il, « le président de l’Assemblée lui a évité le Printemps arabe, en acceptant de dialoguer avec lui, de tout faire, ensuite, pour couper court aux rumeurs folles, sur sa santé, lors de sa convalescence en France, et de l’accueillir, au bas de la passerelle, le jour de son retour au pays. Mais, faisant fi de tout cela, le président de la République a zappé une partie essentielle de son initiative ». En effet, si le Raïs se dit disposé à négocier tout ce qui concerne l’organisation d’élections transparentes, il exclut, en revanche, la constitution d’un gouvernement de large ouverture, ce qui permettrait, justement, la préparation concertée du processus électoral. D’où les méfiances, quelque peu « légitimes », de la COD. Comme on dit, « chat échaudé craint l’eau froide ». On se rappelle, en effet, qu’au lendemain de l’Accord de Dakar, la constitution d’un gouvernement de transition n’avait pas permis d’éviter les soupçons de fraude, sur le scrutin du 18 juillet 2009. Avec une administration, une institution militaire et sécuritaire acquises à sa cause, le président Mohamed Ould Abdel Aziz dispose de tous les atouts pour « mater » l’opposition. Or, la gestion concertée, à travers un gouvernement de large ouverture, pourrait réduire les risques et éviter, au pays, un contentieux électoral aux lourdes conséquences.
Avec la réponse a minima de la présidence, on peut se demander à quoi aura servi le dialogue politique avec le pouvoir si on est incapable d’organiser des élections inclusives, principale pomme de discorde de la classe politique ? Les Mauritaniens sont loin d’avoir oublié la courte expérience de 2007, où une concertation avait permis d’organiser des élections consensuelles. Le refus de l’actuel pouvoir de céder sur un gouvernement d’ouverture qui aurait, pour mission essentielle, la gestion du processus électoral, « jette un doute sur sa sincérité à organiser des élections transparentes », craint le cadre de l’APP.

La COD : entre ni oui ni non et secousses telluriques

Du côté de la COD, l’initiative ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut. Si l’UFP et Tawassoul, l’AJD/MR et certains cadres, regroupés autour de Moussa Fall, transfuges d’ADIL, se disent favorables, les autres formations hésitent à se prononcer officiellement. On sait qu’en privé, certains apprécient positivement la démarche de Messaoud. Mais, comme tous redoutent le leadership du tribun hartani, ils préfèrent ne pas lui donner toutes les cartes, une réserve qui avait fait capoter le dialogue inclusif enclenché, par celui-là, en 2011. « C’est la principale raison de la méfiance ou de la réserve de la COD », croit notre contact à l’APP.
En plus des divergences sur la réponse à donner à l’initiative, la COD est traversée par quelques remous consécutifs au lancement de la reconquête du Nord-Mali. Si les partis Tawassoul et Hatem ont condamné la guerre menée par la France au Mali, le reste de la COD reste sans voix.

Une troisième voie

En dépit de tout cela, le président Messaoud Ould Boulkheïr reste déterminé à aller jusqu’au bout de sa démarche, convaincu qu’elle est la seule voie pour sortir le pays de la crise politique. Aussi a-t-il décidé de passer à la vitesse supérieure. Après avoir recueilli l’avis de ses soutiens, le président de l’Assemblée nationale va populariser son initiative par une vaste campagne de sensibilisation des populations. « Pour quel résultat ? » est-on tenté de se demander. Pour au moins constituer, autour du président de l’APP, un vaste pôle politique, une sorte de troisième voie, afin de peser sur l’avenir du pays.
Le timing de lancement ne semble pas fortuit. La guerre du Mali, dont les conséquences sont particulièrement redoutées des Mauritaniens, est prise à sa juste mesure. Lançant cette initiative en ce moment précis, le président de l’Assemblée nationale entend alerter l’opinion sur les conséquences d’une telle guerre, pour une Mauritanie gangrenée par la crise politique. Une bonne opportunité pour appeler les Mauritaniens à faire front commun contre les dégâts collatéraux de ce conflit sur notre pays.

Dalay Lam

Source: Le calame

La CENI déclare bientôt la date des élections législatives et municipales

altLa Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) relèvera la date des élections législatives et municipales avant la fin du mois de février prochain, a déclaré à Alakhbar une source proche du gouvernement.
La même source a indiqué aussi que le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a instruit certains ministres de son gouvernement que les élections seront organisées avant le mois du juillet 2013.
Dans cette ordres d’idées La CENI s’est réunie lundi 28 janvier à Nouakchott avec la coalition de partis de la majorité pour débattre l’organisation desdites élections.

Source: Al Akhbar

Les djihadistes, ces horribles créations des dictatures

Pour le chroniqueur algérien Kamel Daoud, ce ne sont pas les révolutions arabes qui ont provoqué l’essor des djihadistes, bien au contraire.

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«Ceci est le résultat du printemps arabe», a résumé, sous couvert d’anonymat, un responsable algérien au New York Times, rapporte le site d’information en ligne TSA.

C’est la nouvelle équation, épilogue de longs glissements sémantiques entre le sens de démocratie, chaos, révolution, désordre, islamistes, etc.

En Algérie, le régime a joué sur la peur du chaos et le traumatisme des années 90 (décennie noire), pour stopper net les demandes de changements et faire passer la démocratie pour l’ennemi du bien.

Avec la prise d’otages d’In Amenas, cette équation est désormais revendue aux opinions de l’Occident: les djihadistes sont la conséquence du printemps arabe. Est-ce vrai? Non.

Echecs des nationalismes

Les révolutions en Tunisie, en Egypte ou, surtout en Libye, ont permis aux islamistes de prendre le pouvoir et aux djihadistes de prendre de nouvelles armes.

Mais les islamistes et les djihadistes ne sont pas nés des révolutions. Ils sont nés avant, des dictatures, des échecs idéologiques des nationalismes et de l’injustice.

Les islamistes sont d’abord les fils légitimes et aînés des régimes qui sont tombés et du wahabisme internationalisé par le livre et le satellite.

On ne semble retenir, aujourd’hui, de ces dictatures que leur vertu policière de «stabilité» et d’ordre. On oublie, avec une criminelle facilité, les tortures, les dénis de droits, les spoliations de richesses, les viols, les fraudes, les corruptions, le mal, les disparitions forcées, les vols, les assassinats.

On oublie la guerre faite aux progressistes, les universités vassalisées, les élites soumises aux chantages par la violence, la chasse aux intellectuels et au savoir. On oublie que ces régimes ont justement encouragé les islamistes comme alibi (si ce n’est pas moi, ce sont eux!), pourchassé la modernité, et verrouillé les cultures sous la serre des mosquées et des «services».

On oublie aussi que, faute d’alternative idéologique aux nationalismes menteurs, les gens n’ont trouvé que le wahabisme et l’islamisme comme refuge et comme solution, parce qu’on n’a rien laissé émerger d’autres.

Opium des peuples

On ne fabrique pas un islamiste et un djihadiste lorsqu’on se révolte contre un régime. On fabrique des djihadistes quand on construit la plus grande mosquée de l’Afrique, quand on pourchasse les couples et les libertés, quand on encourage le bigotisme et les fatwas et quand on «talibanise» les écoles et les écoliers, au lieu de les encourager à s’interroger sur le monde et à créer la richesse et la valeur.

L’équation moderne est d’«afghaniser» les peuples par les écoles et de «pakistaniser» les régimes par la global-war. Cela mène au mur.

Les islamistes sont donc les enfants directs des dictatures. Kadhafi n’avait pas six enfants, mais des milliers, de Benghazi à Gao. Autant que Moubarak. Ce ne sont pas les enfants des révolutions.

On en fabrique quand on infantilise un peuple pendant des décennies, quand on le dé-cultive, le réduit à l’ignorance et au Moyen-Âge: la dictature peut tomber mais ses effets seront durables, pendant longtemps: les islamistes, le non-vote, le désengagement, le fatalisme, la violence comme institution primaire, l’intolérance, en sont les produits dérivés.

Et si les peuples «arabes» se sont révoltés, c’est à cause de trois grand maux: les polices politiques alias les «Moukhabarates» qui gangrènent la vie des nations, la justice à la dérive et les fils des dictateurs. Cela est la vérité crue et évidente pour celui qui ne veut pas s’illusionner ni mentir.

Dire aujourd’hui que le printemps arabe a enfanté des djihadistes est une manœuvre, un mensonge, un raccourci et une ruse. Ce n’est pas vrai.

Demander la démocratie n’est pas un crime

Dans ce monde arabe, aujourd’hui centre du monde par l’obscurité et pas par l’avant-garde et la lumière, les islamistes et les djihadistes sont venus au monde parce que pendant le demi-siècle passé, on a tout fait pour détruire ce qui peut assurer une relève, une réflexion, une liberté.

On les a encouragés, dopés et on a surveillé et emprisonné ce qui pouvait offrir un autre choix que le Moyen-Âge. On a détruit les libertés et les libérations acquises après le départ des colons.

Demander la démocratie n’est pas un crime, ni la cause du chaos actuel. Le chaos et la violence sont le crime des régimes qui ne savent fabriquer que des prisons ou des islamistes ou des Trabelsi prédateurs.

Dire aujourd’hui, que les djihadistes sont une menace contre le pays est une vérité mais il faut aussi admettre qu’à long terme, on fabrique des islamistes quand on refuse la liberté aux siens, le savoir, les écoles modernes, l’entreprise, la créativité et la création et lorsqu’on encourage la prière au lieu du travail et le conservatisme au lieu de la citoyenneté ou la fatwa au lieu de la loi.

Lorsqu’on prive un peuple de sa liberté, il s’habitue aussi à ne pas en avoir, au nom de Dieu, à la place du «au nom du dictateur».

Kamel Daoud (Le Quotidien d’Oran)