Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 22/02/2013

Printemps de «velours» mauritanien : Pourquoi ça n’a pas pété

La Tunisie et la Libye fêtent cette année le deuxième anniversaire de leurs printemps révolutionnaires. Curieusement, la Mauritanie a été épargnée, malgré le terreau d’injustices criantes qui demeure dans le pays, et les soubresauts de quelques collectifs sociaux spontanés. Et contrairement à ce qu’en dit une cadre de l’UPR, la Mauritanie n’a certainement pas bénéficié d’un «printemps de velours».


Printemps de «velours» mauritanien : Pourquoi ça n’a pas pété
 

Sentant venir le vent de la révolte, dans un pays où plus de 40% des jeunes sont au chômage, le roi Mohamed VI a initié un léger changement de cap dans la répartition et la séparation du pouvoir. Un changement qui a vu l’avènement du PJD de son premier ministre Benkirane.

De ce fait, on a parlé de printemps de velours au Maroc, contrairement à ses collègues maghrébins, comme la Tunisie et la Libye où la violence des confrontations entre manifestants et forces de l’ordre ont été de mise.

En début de semaine, Khira mint Cheikhani, professeur de relations internationales à l’Université de Nouakchott et secrétaire exécutive à l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir en Mauritanie déclarait que «les changements intervenus dans le monde arabe sont de deux sortes : un «printemps arabe» dur et un «printemps de velours», précisant que le premier se caractérise par ce qui s’est passé en Tunisie, en Egypte et en Libye et que le second correspond aux réformes qui ont été menées au Maroc et en Mauritanie».

Plutôt que d’invoquer comme Mme Mint Cheikhani des réformes qui n’existent pas, si ce n’est le contraire avec un durcissement de l’arbitraire en Mauritanie, d’autres raisons expliquent l’inertie des forces attendues du changement, qui auraient initié un vrai printemps révolutionnaire dans le pays.

 


Manifestation du mouvement du 25 février

Manifestation du mouvement du 25 février

Education et conscience politique- Les printemps arabes ont tous été portés par les jeunes, étudiants, salariés, issus des classes moyennes; pour certains mêmes, comme en Egypte, par la bourgeoisie, sa jeunesse.

En Mauritanie, où une classe moyenne commence à peine à émerger d’un douteux embryon depuis une demi-douzaine d’années, la structure sociale, est binaire : les très pauvres, et analphabètes, qui représentent plus de la moitié de la population et les quelques très aisés, qui représentent à peine 2% de la population ; au milieu, nage mollement une classe-qui-survit-quotidiennement, et qui n’a certainement pas le temps et le luxe de s’embarrasser de concepts révolutionnaires.

Dans ce cadre précis il n’est pas évident de faire fleurir des revendications. «Les besoins de bases (habitat, nourriture, travail, éducation) étant difficilement couverts, les gens ne peuvent pas se projeter dans des perspectives de contestation durable. Le quotidien ne leur permet pas» soutient Abdoulaye Sow, sociologue à l’université de Nouakchott.

D’autre part, les printemps arabes ont montré une conscience politique forte chez ces jeunes. On ne peut pas en dire autant au pays de la politique du ventre, où de jeunes formations politiques n’existent que dans la perspective d’une récompense du sommet de l’état. Les mouvements comme ceux du Sursaut ou de l’UD ont été remarquables par leur côté éphémère.

D’autres mouvements ont certes germé et tenu la dragée haute mais ont marqué par leur incapacité à se solidariser.

Des mouvements collectifs désunis-
Que ce soit le mouvement du 25 février, ou celui de Touche pas à ma nationalité, ou encore des pseudo partis politiques de jeunes, qui se disaient indépendants, et qui ont de suite disparu des radars, tous ont en commun de représenter des intérêts particuliers à un moment donné. «Aucun n’a su inscrire son combat dans un cadre plus globale des jeunesses mauritaniennes, et porter un flambeau de changement» analyse froidement Abdel Vettah Ould Habib, membre du mouvement du 25 février.

«C’est que les communautés fractionnées et cloisonnées voient chacune leur perspective et leurs combats à livrer, d’abord. C’est une urgence sociale en premier lieu, comme ça a pu l’être quand TPMN a commencé à manifester contre le recensement en 2011, et qui n’a quasi-exclusivement rassemblé que des négro-mauritaniens» opine Alassane Dia, coordinateur de l’alter-TPMN.

 


Jemil Mansour (d) président du parti Tawassoul lors de leur deuxième congrès en décembre 2012

Jemil Mansour (d) président du parti Tawassoul lors de leur deuxième congrès en décembre 2012

«Pas de peuple mauritanien»- Cette désunion remarquée de tous s’explique facilement selon Abdoulaye Sow. «On est d’abord maure, halpulaar, soninké, harratine, wolof, ou du Brakna, du Trarza, du Guidimakha, avant d’être mauritanien !» déplore-t-il vigoureusement. «Le creuset identitaire mauritanien, fort, ne s’est pas encore formé. Chacun est agrippé à son identité primaire, et donc à ses intérêts primaires. Il n’y a pas de manifestations populaires, multicolores, multi-communautaires. On remarque malheureusement dans la plupart des manifestations, une tendance beydane, ou une tendance négro-mauritanienne. L’intérêt général est occulté par les particularismes» continue-t-il.

La force des printemps arabes, que ne peut pour le moment se targuer d’avoir la Mauritanie, est d’avoir un peuple, avec un sentiment d’appartenance commune, guidé vers un même destin, et partageant les mêmes intérêts. Aucun de ces trois critères ne prévoit dans le schéma social et culturel mauritanien.

L’union faisant la force, une telle amorce commune aurait certainement fait vaciller le faible sommet de l’état. En Tunisie, ce sont des tunisiens qui ont fait la révolution, des égyptiens en Egypte. En Mauritanie ? Des groupes bien identifiés politiquement, communautairement, identitairement, culturellement, se sont dressés. «Coupés du reste du peuple, ils ne pouvaient que s’effilocher avec le temps» constate Birame Ould Abeid, président de l’initiative pour la résurgence abolitionniste. «Le combat contre l’esclavagisme que mène IRA cherche justement depuis un moment à sortir du cadre strictement harratine, et montrer à toutes les composantes communautaires que c’est une cause nationale, et que c’est une des raisons de la persistance des injustices criantes qui demeurent dans ce pays, notamment guidées par un puissant système de racisme d’état» explique-t-il.

En passant entre autres par le religieux. C’était l’un des sens de la mise en scène qu’il avait orchestré l’an passé, en incinérant des livres de rite malékite qui justifient l’esclavagisme. Une mise en scène que même Tawassoul avait condamné.

Une mouvance islamico-politique neuve-
Tawassoul est la structure politique, qui espérait le plus bénéficier des retombées d’un inespéré «printemps mauritanien». Comme les mouvances islamico-politiques des pays où ces révolutions sont advenues, en ont profité, du fait de leur enracinement social et associatif, dans les milieux défavorisés depuis des décennies parfois, comme c’est le cas pour les frères musulmans en Egypte.

Contrairement au Maroc, à la Tunisie ou à l’Egypte surtout, où les frères musulmans font partie intégrante de la société et du panorama du pays depuis des décennies, la Mauritanie ne connaît l’apparition d’une mouvance religieuse, politique et sociale que depuis peu avec l’avènement de Tawassoul.

Elle n’a pas l’historique de ses collègues maghrébines ou égyptienne, fondus dans les tissus sociaux de ces pays depuis des lustres, et que les périodes électorales post-révolutions ont porté au pouvoir.

MLK

Source: noorinfo

 

Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté à Atar: Biram réfute toute intention de brûler le Coran.

altBiram Dah Abeïd a fustigé, mercredi soir (20 février), devant une foule en liesse à Atar, la campagne d’intoxication et de dénigrement orchestrée par des groupes dominants et esclavagistes qui n’ont pas eu l’effet escompté. « Ceci prouve que IRA a changé la donne idéologique et politico-social dans le pays et que pour vaincre IRA et son président, il va falloir que les groupes dominants puissent changer de stratégie et de tactique ». La Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté a entamé, ce mercredi matin, à Atar, la seconde phase de sa randonnée après l’expédition, au cours du week end dernier, dans les régions du Nord à Nouadhibou et après la caravane de la route de l’espoir.

Sous les tonnerres d’applaudissements de sympathisants surchauffés venus acclamer leur leader, Biram a qualifié de « mensongers et de particulièrement dangereuses les accusations véhiculées par certains milieux sur ses intentions de vouloir brûler le coran. » Selon Biram, ces accusations d’apostasie et d’adversité à l’islam charriées par l’ancien soutien Ahmedou Habiboullah dit Elmehdy ne peuvent coller à l’image que se font les populations du mouvement abolitionniste et de son leader. « Car IRA , explique-t-il, s’est adossée sur l’islam originel, le coran et la sunna pour reconquérir les droits à la liberté, à l’égalité et à la justice spoliée par les groupes dominants esclavagistes et racistes qui se fondent sur des livres négriers ouverts injustement et illégalement par la sacralité de l’islam ».

Comment IRA peut-elle s’en prendre au coran, livre de référence pour démolir les positions de ceux qui instrumentalisent cette religion pour pouvoir s’adonner impunément à des crimes réprimés par cette religion ? s’est-il interrogé.

Prenant à témoin les populations d’Atar, de la campagne de dénigrement, Biram pointe du doigt les groupes dominants arabo berbères de Mauritanie, certains journalistes, érudits et classe politique d’être à l’origine de ce lynchage médiatique qui vise à intimider « les h’ratines pour les empêcher d’aller de l’avant dans la reconquête de leurs droits inaliénables ».

Cette campagne est très dangereuse pour la paix civile et la cohésion nationale car « takfir » et accusations d’apostasie sont , indique Biram, synonymes de peine de mort dans les sociétés musulmanes donc c’est une incitation au meurtre auquel s’adonnent les érudits, journalistes et hommes politiques.

Le dirigeant abolitionniste a mis en garde les fossoyeurs de la paix civile car, dit-il, « le développement de cette campagne ne manquera pas de susciter une réaction des h’ratines pour défendre leur honneur, leur dignité, leur foi et leur croyance. Cette campagne de dénigrement sera donc, ajoute-il, « si elle continue le prélude à une rupture aux conséquences lourdes ».

Connivence au sommet de l’Etat

Biram Dah Abeïd déclare partager avec les sympathisants et engagés de IRA et les populations d’Atar la « décision irréversible de mener le combat sans merci contre ceux qui pratiquent l’esclavage dans l’Adrar et ailleurs que se soient les fils de grandes tentes ou de chefs confessionnels ou tribaux qui seront trainés devant les tribunaux et mis dans les cachots. Le président de IRA a dénoncé « la connivence continue de l’Etat mauritanien avec les groupes dominants ; une connivence qui s’est manifestée au grand jour par la mise en liberté de Rahma Mint Greyvé et la non poursuite de ces complices dans les crimes d’esclavage dont sont victimes Salma et ses enfants ».

Birame pense que le chef de l’Etat continue à céder aux pressions des groupes dominants esclavagistes visant à perpétuer le crime, à piétiner la loi et la constitution, à blanchir ce crime barbare et atroce dont les responsables continuent à être les vainqueurs dans toutes les affaires posées devant la justice au grand dam des victimes, des juges, des officiers de police judiciaire à cause de l’interposition de l’Etat pour empêcher la loi d’être appliquée.

Biram Dah Abeid a appelé les populations d’Atar à « s’engager massivement dans la formation politique qui va se créer bientôt parallèlement à l’ONG, le combat politique contre l’injustice, l’esclavage et pour les droits de l’homme. Peu avant la tenue de ce grand rassemblement, des groupes de rap (Double Black Hartani et Chicobass) se sont relayés sur la scène scandant des slogans vilipendant l’esclavage et appelant à la liberté.

Le responsable de l’antenne IRA, Mohamed Ould Sghaêr avait souhaité la bienvenue à la caravane avant que le faqih Mohamed Vall Ould Mouhamedou ne fustige les prises de position partisanes. Après Atar, la Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté se rendra à Zouérate et à Akjoujt.

Source: Le calame