Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 11/12/2012

Démission à marche forcée

alt« Moi, Cheick Modibo Diarra démissionne avec tout mon gouvernement, ce mardi 11 décembre 2012. Je m’excuse auprès de l’ensemble des populations du Mali qui souffrent de cette crise sous plusieurs formes, et cela à tous les niveaux. Je remercie les membres du gouvernement, tous leurs collaborateurs pour les efforts dont ils n’ont pas fait économie. » Par ces mots, Cheick Modibo Diarra a surpris l’ensemble de la communauté internationale et c’est en dénouant le fil des événements que l’on comprend cette déclaration. Arrêté à son domicile dans la nuit par des militaires sur ordre d’Amadou Haya Sanogo (président du comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité et ancien chef des auteurs du coup d’Etat de mars dernier) le premier ministre a du renoncer à un voyage pour Paris officiellement pour des soins médicaux Cheick Modibo Diarra est ensuite emmené selon des informations de RFI, dans un 4X4, entouré d’hommes en armes direction le camp de Kati, le quartier général du capitaine Sanogo. Se serait après un entretien avec le capitaine qu’il enregistre cette déclaration diffusée à la télévision malienne. Il aurait ensuite été relâché, puis ramené à son domicile ou il est actuellement en résidence surveillée.

« Le premier ministre est en résidence surveillée. Il ne peut pas recevoir qui il veut, ou aller où il veut. Il y a des militaires à sa résidence et il n’est pas libre de ses mouvements. » selon un membre de la famille de M. Diarra.

Rien n’a filtré sur les raisons de cette arrestation et surtout de cette démission, mais selon plusieurs observateurs, la tension montait « au sein du triumvirat primature – présidence – armée, qui dirige actuellement le pays. Les divergences étaient visibles à propos de la situation dans le nord du Mali aux mains des djihadistes (et sur l’organisation) journées dites de concertations nationales »

Cheick Modibo Diarra s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur d’une intervention étrangère rapide. La veille de sa démission, l’Union Européenne avait d’ailleurs pris la décision d’envoyer dans le pays 400 militaires début 2013 pour former l’armée malienne en vue de la reconquête du nord. Cette initiative était la première concrétisation d’un engagement étranger sur le terrain, alors qu’est attendu avant Noël un feu vert de l’ONU sur le déploiement d’une force internationale.

Les ex putschistes préféraient pour leur part compter sur leur propre armée. Pour Bakary Mariko porte parole de l’ex junte, « l’armée malienne a les ressources  nécessaires et la volonté d’aller libérer son pays ». « Si la communauté  internationale doit tarder, l’armée malienne prendra ses responsabilités pour  libérer son territoire ».

Ces observations et ces désaccords au sommet de l’État confortent les propos de Jean Yves Le Drian, ministre de la défense française, pour qui « La situation au Mali est très complexe. Il y a depuis un certain temps une espèce de triumvirat à la tête de l’Etat (…) Manifestement le processus de réconciliation nationale, qui est indispensable pour que le Mali retrouve sa souveraineté, a quelques difficultés à se mettre en œuvre».

Dans le même temps, Paris condamnait les circonstances de la démission de Cheick Modibo Diarra et appelait à la nomination rapide d’un nouveau gouvernement. Catherine Ashton haute représentante de l’Union Européenne pour les Affaires étrangères appelait pour sa part « les militaires à cesser d’interférer dans la vie politique et à appuyer le processus de transition vers le retour à l’ordre constitutionnel ».

En réponse, Bakary Mariko assurait à France 24 que « Le Premier ministre sera remplacé dans les heures qui viennent par le Président de la République et que l’ensemble des forces vives du Mali, avec son armée, vont prendre les décisions qui s’imposent pour sortir le Mali de la crise institutionnelle ».

Cette nouvelle crise institutionnelle au Mali intervient surtout dans un climat social bouillant. La « concertation nationale » qui devait se tenir à partir d’aujourd’hui avec pour but d’établir une « feuille de route » pour les mois à venir entre les acteurs politiques, militaires, sociaux et les organisations de la société civile a une nouvelle fois été reporté. La semaine dernière, une grève des transporteurs a paralysé les agglomérations du pays alors que dans le même temps, les petits commerçants fermaient boutiques.

Source: Slateafrique