Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 04/07/2019

CONFESSION POLITIQUE : UNE INTELLIGENTSIA QUI A PERDU SES REPERES

Les rôles de I-LE PASSE QUI PRÉPARAIT L’AVENIR
Avant le coup d’état de 1978, ceux qui faisaient la politique dans ce pays avaient des motivations uniquement patriotiques sous tendues par des idéaux de justice sociale, de meilleure conduite des institutions de l’Etat, de recherche d’une politique étrangère souveraine, d’optimalisation des retombées de notre potentiel économique. Aucune pensée relative à la carrière personnelle, aux règlements de compte entre personnes ne venait assombrir cet idéal. L’engagement était total, le choc frontal mais les codes d’éthique étaient respectés par tous les protagonistes mêmes ceux qui, à l’époque, étaient taxés de gauchisme.

Le paysage politique d’opposition comptait à l’époque : Le mouvement national des ressortissants de la Vallée, les baathistes, les nassériens et le MND originel qui avait des liens avec l’opposition traditionnelle au régime. Celle-ci était composée d’hommes de toutes les ethnies et régions du pays et ses animateurs étaient plus âgés que notre génération. L’opposition et le pouvoir avaient chacun des programmes écrits très élaborés qu’ils proposaient aux citoyens.

Le pouvoir le faisait par la voix officielle de son parti et sa presse. L’opposition avait ses cellules, sa presse clandestine, ses relais à l’intérieur du pays et ses manifestations. Aucune des parties n’avait de rancune individualisée vis-à-vis de l’autre. Les liens sociaux et les amitiés personnelles étaient maintenus malgré la diversité des opinions. Chacune des parties respectait l’autre.
Pour consolider l’unité du pays et convaincu que certaines propositions de l’opposition étaient pertinentes, Le Président Moktar, paix à son âme, décida, malgré les réticences d’une partie de son camp, la révision des accords avec la France en 1972, la création de la monnaie en 1973 et, finalement, la nationalisation de la Miferma et de la Somima en 1974.

Il mauritanisa 70 % du capital de la BIMA, première banque du pays détenue par un actionnariat étranger. C’était en 1975.
Il est évident que dès la révision des accords en 1972, la création de la monnaie et surtout la nationalisation de la Miferma et de la Somima, l’opposition, qui s’opposait par idéal, commença à reconnaître les bienfaits de telles réformes pour le pays. Le dialogue s’engagea entre les deux parties avec respect et détermination, sans marchandages d’aucune sorte. Certes, quelques cadres de l’opposition étaient réticents, pas parce qu’ils considéraient que les décisions n’étaient pas pertinentes mais simplement parce qu’ils jugeaient que les prémices d’une future guerre au Sahara annihileraient les effets positifs des réformes entreprises. Personne ne pouvait les blâmer pour ces appréhensions raisonnables mais la guerre n’était pas encore déclenchée et tout le monde espérait une issue heureuse au problème du Sahara.

Les négociations engagées portaient uniquement sur les thèmes politiques. Jamais l’aspect relatif à des places n’a été évoqué ni directement ni indirectement. Après les négociations et sans concertation, le Président coopta un universitaire de l’opposition, surtout pour renforcer le groupe qu’on appelait alors « les techno » qu’il avait déjà au sein de son gouvernement. L’administration publique fut ouverte à toutes les compétences d’où qu’elles viennent. Le 10 juillet 1978, l’intelligentsia du pays était essentiellement composée des cadres du régime déposé et des groupes idéologiques qui avaient une grande expérience de la lutte politique et disposaient de structures organisationnelles rodées.
Si j’ai voulu faire ce rappel historique, c’est surtout pour marquer la profondeur de la rupture mentale entre cette période – où les hommes étaient uniquement mus par des idéaux pour le pays – et celles qui vont suivre – beaucoup moins glorieuses – et qui seront entachées par le reniement des idées généreuses, le délabrement des mœurs politiques et administratives, le repli sur des concepts primaires d’ethnies, de tribus, de régions.

Elle sera marquée par toute une culture nouvelle qui surprendra plus d’un et en premier lieu les classes moyennes et un peuple auxquels nous avons fait miroiter un monde meilleur. Jusqu’aujourd’hui, ils n’ont jamais compris ni la rapidité de notre métamorphose, ni notre nouvelle propension au pillage à ciel ouvert, ni notre participation au dévoiement des structures de l’Etat de leur noble mission de services publics et finalement notre engouement nouveau – et sans limite – pour cet « argent roi » que nous méprisions tant et qui est devenu tout d’un coup la seule finalité dans la vie. Il nous fallait désormais l’avoir et a n’importe quel prix.
Les premiers à avoir murmuré aux oreilles des militaires leurs premières décisions malheureuses ce furent bien nous qui étions les anciens porte-étendards des grands idéaux, les défenseurs de la veuve, du pauvre et de l’opprimé. Puisqu’ils buvaient nos paroles et puisqu’on était leurs « souffleurs attitrés’’ pourquoi n’avons-nous pas essayé de prime abord de leur conseiller la consolidation des acquis légués, la redynamisation de l’administration publique et profiter de la crainte qu’ils inspiraient à l’époque pour instaurer la bonne gouvernance et la démocratie qu’ils s’étaient engagés à promouvoir ?
Je me souviens que le premier conseil que certains ont donné au Premier président militaire, homme intègre, patriote et digne, était un décret qui changea la numérotation des régions pour revenir aux noms à connotation régionale: Hodh, Trarza, Zemmour etc. Après ce décret, ce fut le retour rapide et irrévocable à un passé que nous avons mis des années à combattre avec des succès probants. Sur ce plan, notre politique et celle du régime déposé se rejoignaient.

Depuis cette date, chaque tribu, puis plus tard chaque région, a commencé à réunir tous ses chefs traditionnels et ses cadres qui établissaient leur plateforme revendicative que le plus en vue des notables devrait transmettre au chef de l’Etat, en insistant surtout sur le caractère urgent des nominations demandées.
Peu importait la compétence des postulants pourvu que la région soit bien représentée.

Le poste était souvent spécifié alors qu’il peut être occupé par un cadre qui n’a pas démérité mais dont le « tort » est d’appartenir à une autre région. Voila comment commença la fin de la défense des intérêts des masses déshéritées, de la lutte contre le tribalisme, le régionalisme, le sectarisme et le combat pour le renforcement de l’unité nationale. Cette attitude s’est doublée d’une mise dos à dos des ethnies, des régions et des tribus avec une dose d’ostracisme rarement atteinte dans le pays, presque une chasse « aux sorcières ».

Historiquement, il faut avouer que peu de cadres de la Vallée n’ont participé à cette phase de déstructuration collective de l’Etat. Cela arrivera plus tard.

Chaque groupe idéologique commençait à faire le décompte des officiers qui peuvent avoir pour lui des sympathies anciennes ou nouvelles. Il réunissait tout son monde et choisissait un membre du comité qui serait son mentor. La guerre des anciens groupes idéologiques commença avec ses effets parfois pervers sans que les officiers très peu avertis de la chose politique ne comprennent que leur perte de cohésion n’est pas due à des problèmes inhérents à eux mais qu’ils sont manipulés par des forces extérieures qui veulent, chacune, contrôler une parcelle du pouvoir.

Les limogeages, les radiations commencèrent. Les observateurs avertis comptaient les coups. Tout le temps que dureront les régimes militaires, les anciens groupes idéologiques sont restés leur interface visible ou cachée. Leurs gourous que le lexique politique de l’époque appelait les « notables » siégeaient dans tous les gouvernements. Leur présence était très visible dans toutes les activités à caractère politique. Malgré leur cooptation dans les sphères de décision et leur adaptation au contexte nouveau, avec ses mœurs morales et politiques, ils ont continué à se livrer des guerres intestines où tous les coups sont permis.
Pendant que certains sont condamnés à la prison à vie, radiés ou en résidence surveillée, les autres étaient sans gêne sous les lampions de la République. Seule une partie du groupe nationaliste de la Vallée avait accompli sa rupture définitive avec les régimes successifs et a préféré l’exil.

Une précision s’impose : En relatant ce processus, je ne cherche nullement à absoudre les erreurs des militaires – et Dieu sait qu’elles ont été nombreuses – mais surtout pour dire qu’ils n’en sont pas les seuls responsables. Ils ont toujours bénéficié de nos « conseils avisés ».

Nous étions par rapport à eux des gens rompus à la politique, capables de concevoir des stratégies propres à ce genre de groupes dans tous les pays où ils existent: Nos méthodes sont d’une efficacité redoutable pour noyauter, désinformer ou discréditer un régime, un groupe ou lyncher une personne.

« LE VIOL DES FOULES PAR LA PROPAGANDE » était quelques années avant le bréviaire de tous les groupes idéologiques.
Cette mue dans les mœurs morales et politiques des groupes, leur proximité avec les différents pouvoirs militaires leur ont permis de drainer une grande faune politique qu’ils n’avaient pas avant le coup d’Etat de 1978.

La jonction avec le pouvoir militaire qui n’était pas accessible à tout le monde combinée à un changement de leur lexique politique : alliance tactique avec les forces traditionnelles, moins de recours aux concepts idéologiques et des alliances avec l’étranger au grand jour ont facilité grandement l’élargissement de leur base ainsi que leur poids politique. Heureusement tout le monde n’a pas suivi cette trajectoire mais la déception est restée très grande.

Des hommes qui furent parmi les pères fondateurs de ces mouvements ont préféré quitter carrément la scène politique. Ils continuent à s’intéresser au destin de leur pays tout en évitant le militantisme de quelque nature qu’il soit. Certains ont fait des études sur le tard et ont choisi d’être des serviteurs de l’Etat, d’autres ont eu de grandes carrières au niveau international et quelques-uns, peu nombreux, se sont engagés dans les forces armées. Les plus braves, les plus engagés – et qui furent malheureusement les plus déçus – ont végété dans des postes subalternes mais continuent à incarner  »la dignité personnifiée ». Malgré l’âge, ils continuent de rêver d’un monde meilleur où règnent la justice sociale et l’égalité des chances.

II LE PRÉSENT HANDICAPE PAR LE PASSE

Le passé évoqué aura de grandes conséquences sur les générations qui suivront. L’aura qu’ont eu ces groupes idéologiques à l’époque antérieure est due au fait qu’ils ont mis la barre très haut pour tout ce qui a trait aux aspects moraux qui font le prototype du vrai patriote. On est presque entré dans les mythes du visionnaire et même de l’infaillibilité. Quand les générations futures furent confrontées à ces personnages de légendes, elles tomberont de très haut. En venant dans la vie active, l’occasion leur sera offerte de côtoyer ces noms mythiques dont on leur a rabattu les oreilles dans les lycées et les universités.

Ils comprendront que les idéaux dont se réclamaient les générations précédentes sont en train de battre de l’aile. Personne ne peut mesurer la portée psychologique que peut avoir ce phénomène sur le destin d’un jeune plein de fougue, bardé de diplômes et qui commence sa carrière. C’est le moment de se poser la question essentielle d’une vie : que faire? La question qui le taraudera sera de se dire quel chemin vais-je prendre, quel modèle sera le mien? Le référentiel de valeurs qu’il voulait incarner et le modèle d’homme qu’il voulait être n’existent plus. La digue morale est rompue, il ne se sent plus bridé par des principes. Il se dit, je ne serais pas un Don Quichotte. « Je ferais comme tout le monde ».

Je dirai pour finir que je n’ai pas eu à écrire cet article pour flétrir une personne ou une frange de gens. Depuis que j’écris, j’essaye de dire ce que je pense et non ce que les autres souhaitent entendre. Je ne me connais pas d’ennemis particuliers. Ce n’est pas non plus une auto flagellation dont je n’ai nul besoin car j’assume aussi bien mon passé que mon présent. jusqu’aujourd’hui, je garde avec tous ces groupes, sans exception, des liens amicaux et parfois très affectifs. Ce texte doit être simplement compris comme une réminiscence d’un homme gagné par l’âge et qui exprime ce que peut ressentir un jeune adolescent de 16 ans happé par un idéal généreux sous la houlette d’hommes plus âgés, courageux et patriotes et qui voit cet idéal se rétrécir comme une peau de chagrin et offrir un tableau peu idyllique au fil des années. Ma reconnaissance reste très grande à ceux auxquels reste un zeste de cet idéal.
Nouakchott, Septembre 2012

Brahim Salem Ould Moctar Ould Sambe dit « Ould Bouleiba »

« Les souffleurs »: terme de théâtre qui désigne des personnes qui sont derrière le rideau et quand un acteur cale sur une phrase de son texte, elle lui est soufflée par l’une des personnes cachées

 

cridem

Quinze (15) partis rejettent les résultats de l’élection présidentielle

Quinze (15) partis rejettent les résultats de l'élection présidentielleSuite à une élection présidentielle conduite de manière unilatérale par un pouvoir décidé à empêcher par tous les moyens toute alternance démocratique avec la complicité d’une CENI alignée et d’un conseil constitutionnel manifestement peu disposé à exercer de manière équitable sa compétence de jugement, s’est installé dans le pays une grave crise électorale.

Pour camoufler la réalité de cette crise, le pouvoir a déclenché une vague de répressions sans précédent se traduisant notamment par des arrestations massives, des enlèvements et la suspension des libertés publiques comme l’interruption d’internet, l’interdiction des manifestations et la fermeture des sièges des candidats….

Dans ce cadre, il n’hésita pas à tenter de créer un climat de division de nos populations en lutte contre le holdup électoral sur des bases ethniques et raciales.

Compte tenu de la gravité de cette situation de crise post électorale, nous parti politiques soutiens des candidats de l’opposition démocratique et signataires de cette présente déclaration

-condamnons énergiquement la décision du conseil constitutionnel qui étouffe l’espoir des Mauritaniens de corriger les graves fautes commises par la commission de supervision unilatérale en charge d’organiser le scrutin.

-Rejetons les résultats de ces élections frauduleuses et contraires à la volonté de l’électeur Mauritanien telle qu’exprimée clairement par son engouement lors de la campagne électorale

-Déclarons notre volonté de contribuer à tout effort susceptible de sortir le pays de la crise actuelle provoquée par le régime

Partis signataires:

AJD/MR

Almoutaqbal

Arc En ciel

FPC

FRUD

MPR

Parti du changement Mauritanien

PLEJ

RFD

Tawasoul

UFP

UNAD

UNDD

Union Pour le Dialogue entre les communauté de Mauritanie ( DECALEM)

Sawab

 

cridem

Madame Aminetou mint Ely, présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) : ‘’Ghazwani doit prouver aux mauritaniens qui doutent de son indépendance vis-à-vis d’Aziz qu’il peut gouverner le pays sans tutorat de quiconque’’

Madame Aminetou mint Ely, présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) : ‘’Ghazwani doit prouver aux mauritaniens qui doutent de son indépendance vis-à-vis d’Aziz qu’il peut gouverner le pays sans tutorat de quiconque’’Le Calame : Quelle est votre appréciation de la victoire annoncée du candidat Ghazwani, par la CENI?

Aminetou Mint Ely : Comme de nombreux mauritaniens, je ne suis pas surprise de cette victoire décrétée, il y a quelques semaines, par le président de la République Mohamed ould Abdel Aziz. Il ne vous a échappé que ce dernier a publiquement annoncé que son candidat et ami remporterait cette présidentielle, dès le premier tour. Nous n’avions donc qu’à assister à un simulacre, pour ne pas dire cirque, dont le décor était déjà planté, il y a bien longtemps.

Pour réussir son coup de « maître », le Président a mis, à la disposition de son dauphin, tous les moyens de l’Etat et de son administration ; « mieux », il s’est personnellement investi, en organisant des tournées à l’intérieur du pays, exerçant des pressions sur les tribus, cadres, forces armées et de sécurité.

Les sociétés d’Etat comme la SNIM, ainsi que les hommes d’affaires ont été obligés de sortir le chéquier et de mobiliser leurs employés… Après avoir raté le 3èmemandat, Ould Abdel Aziz n’entendait pas rater sa « sortie », tenant coûte que coûte, au contraire, à rester au plus près du pouvoir.

C’est la raison pour laquelle il a jeté son dévolu sur l’un de ses meilleurs confidents, le général Ghazwani, qui pourrait lui assurait ses bases arrières, après tous les biens qu’il a accumulés durant ses dix ans de règne.

Je signale que l’argent que les hommes d’affaires ont pu mobiliser, pendant cette campagne, n’a pas été versé sur le compte de la campagne du candidat, mais à la banque de Zeïne El Abedine, courtier du président de la République. Celui-là même qui a hérité du marché d’impression des cartes et bulletins de vote.

Autre atout du candidat Ghazwani, une CENI acquise au pouvoir, de par la composition de son comité directeur et du manque de contrôle sur les moyens techniques du fichier électoral. Face à cette « machine », il était donc pratiquement impossible que le candidat du pouvoir perde face à ceux de l’opposition.

– …pourtant, les candidats de l’opposition ont réussi à drainer des foules ?

– Le candidat Ghazwani avait, certes, des adversaires de poids, une force réelle : l’ancien Premier ministre, Sidi Mohamed ould Boubacar, dont l’expérience et l’aura sont tangibles mais qui a souffert de l’infiltration d’agents de renseignements et d’extrémistes de tout acabit.

Kane Hamidou Baba, candidat de la Coalition Vivre Ensemble (CVE) a rassemblé les victimes de l’exclusion, de la marginalisation et de la souffrance. Une coalition de frustrés, donc, et de victimes de répression qui continuent à réclamer justice, réparation et meilleure cohabitation entre les différentes composantes du pays.

Biram Dah Abeid tentait un second challenge et a réussi une bonne campagne, avec un score flatteur, quand on sait l’hostilité dont le pouvoir fait montre à son égard. Comme Kane, il prône un meilleur vivre ensemble en Mauritanie, une Mauritanie bâtie sur la justice et l’égalité entre tous ses fils. Son discours commence à prendre une véritable assise.

Quant à Mohamed Ould Maouloud, éminent intellectuel, patriote, et soutenu par un des plus grands partis politiques du pays, le RFD, et l’UNAD, il a basé son discours sur le social.

Le plateau de l’opposition était donc très relevé. Sans la fraude, un second tour était inéluctable. Mais, hélas, le jeu était perdu d’avance, face à des militaires plus que jamais déterminés à poursuivre leur OPA sur la Mauritanie qu’ils ont mise sous coupe réglée.

– Que pensez-vous des manifestations et arrestations auxquelles on a assisté, au lendemain du scrutin?

– En s’en proclamant vainqueur, bien avant la CENI qui ne le confirmera que le lendemain, le candidat Ghazwani a provoqué l’ire des militants de l’opposition descendus dans la rue pour protester contre ce qu’on peut qualifier de holdup électoral. Comme à l’accoutumée, les forces de l’ordre ont chargé les électeurs protestant contre cet état de fait.

C’était d’ailleurs prévisible, puisque Nouakchott s’était retrouvée militarisée le jour même du scrutin, les forces de défense et de sécurité investissant les grands axes et les environs des centres de vote.

Le 23, toute la ville était quasiment en état de siège. Arrestations, répression, saccages et mises sous scellés de sièges des candidats. On assistait comme à une panique du pouvoir. Une panique qui a conduit à l’arrestation de ressortissants étrangers, sénégalais, maliens et gambiens, accusés de manipuler les Mauritaniens, ce qui pouvait occasionner des incidents diplomatiques avec nos voisins. En agissant ainsi, le pouvoir traite les Mauritaniens en moins que rien.

Comment des ouvriers et manœuvres, à la recherche du pain quotidien, peuvent-ils nous manipuler ? Quel mépris envers le peuple mauritanien ! La Mauritanie a une histoire, des valeurs et des vertus… on ne doit traiter ses populations ainsi. Une panique que reflète, surtout, la déclaration incendiaire du ministre de l’Intérieur promettant une répression féroce et des peines lourdes contre les manifestants, c’est du jamais vu !

Cette répression démontre un grave recul de la démocratie et des libertés de s’exprimer, de manifester. Il faut le déplorer et le dénoncer. Les arrestations barbares du journaliste Camara Seydi Moussa et du président Samba Thiam illustrent on ne peut mieux cette dérive.

On débarque chez des gens, on sème la panique, on ramasse les ordinateurs et téléphones, mêmes ceux des domestiques. Dans quel pays sommes-nous ? Nous exigeons la libération de ces personnes et le respect de la Constitution qui garantit le droit de manifester, de se réunir et de s’exprimer.

– Alors, qu’attendez-vous maintenant du président élu ?

-Rien ! Il sera président comme tous les autres, militaires, qui l’ont précédé, la Mauritanie n’est pas sortie de l’auberge, hélas ! Elle demeura sous le joug de Mohamed ould Abdel Aziz qui n’a cessé de déclarer sa décision de rester au centre du pouvoir.

Reste à savoir comment. Le nouveau président Ghazwani demeurera-t-il soldat d’Ould Abdel Aziz, poursuivant la même politique et la même gouvernance ? Une gouvernance marquée par la corruption, le blanchiment d’argent, l’exclusion et le chaos. Dans cette hypothèse, Ghazwani n’aura qu’à gérer des crises.

Seconde hypothèse : il décide de s’émanciper de son faiseur de roi et assume la plénitude de sa charge présidentielle. A lui donc de prouver, aux mauritaniens qui doutent de son indépendance vis-à-vis de son ami, qu’il peut gouverner le pays sans tutorat de quiconque, en nouant des alliances politiques fructueuses. C’est à cette seule condition qu’il pourra satisfaire aux aspirations des citoyens qui l’ont élu, en s’attaquant aux nombreux défis qui l’attendent.

Propos recueillis par DL