Monthly Archives: July 2019
Quinze (15) partis rejettent les résultats de l’élection présidentielle
Suite à une élection présidentielle conduite de manière unilatérale par un pouvoir décidé à empêcher par tous les moyens toute alternance démocratique avec la complicité d’une CENI alignée et d’un conseil constitutionnel manifestement peu disposé à exercer de manière équitable sa compétence de jugement, s’est installé dans le pays une grave crise électorale.
Pour camoufler la réalité de cette crise, le pouvoir a déclenché une vague de répressions sans précédent se traduisant notamment par des arrestations massives, des enlèvements et la suspension des libertés publiques comme l’interruption d’internet, l’interdiction des manifestations et la fermeture des sièges des candidats….
Dans ce cadre, il n’hésita pas à tenter de créer un climat de division de nos populations en lutte contre le holdup électoral sur des bases ethniques et raciales.
Compte tenu de la gravité de cette situation de crise post électorale, nous parti politiques soutiens des candidats de l’opposition démocratique et signataires de cette présente déclaration
-condamnons énergiquement la décision du conseil constitutionnel qui étouffe l’espoir des Mauritaniens de corriger les graves fautes commises par la commission de supervision unilatérale en charge d’organiser le scrutin.
-Rejetons les résultats de ces élections frauduleuses et contraires à la volonté de l’électeur Mauritanien telle qu’exprimée clairement par son engouement lors de la campagne électorale
-Déclarons notre volonté de contribuer à tout effort susceptible de sortir le pays de la crise actuelle provoquée par le régime
Partis signataires:
AJD/MR
Almoutaqbal
Arc En ciel
FPC
FRUD
MPR
Parti du changement Mauritanien
PLEJ
RFD
Tawasoul
UFP
UNAD
UNDD
Union Pour le Dialogue entre les communauté de Mauritanie ( DECALEM)
Sawab
cridem
Madame Aminetou mint Ely, présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) : ‘’Ghazwani doit prouver aux mauritaniens qui doutent de son indépendance vis-à-vis d’Aziz qu’il peut gouverner le pays sans tutorat de quiconque’’
Le Calame : Quelle est votre appréciation de la victoire annoncée du candidat Ghazwani, par la CENI?
Aminetou Mint Ely : Comme de nombreux mauritaniens, je ne suis pas surprise de cette victoire décrétée, il y a quelques semaines, par le président de la République Mohamed ould Abdel Aziz. Il ne vous a échappé que ce dernier a publiquement annoncé que son candidat et ami remporterait cette présidentielle, dès le premier tour. Nous n’avions donc qu’à assister à un simulacre, pour ne pas dire cirque, dont le décor était déjà planté, il y a bien longtemps.
Pour réussir son coup de « maître », le Président a mis, à la disposition de son dauphin, tous les moyens de l’Etat et de son administration ; « mieux », il s’est personnellement investi, en organisant des tournées à l’intérieur du pays, exerçant des pressions sur les tribus, cadres, forces armées et de sécurité.
Les sociétés d’Etat comme la SNIM, ainsi que les hommes d’affaires ont été obligés de sortir le chéquier et de mobiliser leurs employés… Après avoir raté le 3èmemandat, Ould Abdel Aziz n’entendait pas rater sa « sortie », tenant coûte que coûte, au contraire, à rester au plus près du pouvoir.
C’est la raison pour laquelle il a jeté son dévolu sur l’un de ses meilleurs confidents, le général Ghazwani, qui pourrait lui assurait ses bases arrières, après tous les biens qu’il a accumulés durant ses dix ans de règne.
Je signale que l’argent que les hommes d’affaires ont pu mobiliser, pendant cette campagne, n’a pas été versé sur le compte de la campagne du candidat, mais à la banque de Zeïne El Abedine, courtier du président de la République. Celui-là même qui a hérité du marché d’impression des cartes et bulletins de vote.
Autre atout du candidat Ghazwani, une CENI acquise au pouvoir, de par la composition de son comité directeur et du manque de contrôle sur les moyens techniques du fichier électoral. Face à cette « machine », il était donc pratiquement impossible que le candidat du pouvoir perde face à ceux de l’opposition.
– …pourtant, les candidats de l’opposition ont réussi à drainer des foules ?
– Le candidat Ghazwani avait, certes, des adversaires de poids, une force réelle : l’ancien Premier ministre, Sidi Mohamed ould Boubacar, dont l’expérience et l’aura sont tangibles mais qui a souffert de l’infiltration d’agents de renseignements et d’extrémistes de tout acabit.
Kane Hamidou Baba, candidat de la Coalition Vivre Ensemble (CVE) a rassemblé les victimes de l’exclusion, de la marginalisation et de la souffrance. Une coalition de frustrés, donc, et de victimes de répression qui continuent à réclamer justice, réparation et meilleure cohabitation entre les différentes composantes du pays.
Biram Dah Abeid tentait un second challenge et a réussi une bonne campagne, avec un score flatteur, quand on sait l’hostilité dont le pouvoir fait montre à son égard. Comme Kane, il prône un meilleur vivre ensemble en Mauritanie, une Mauritanie bâtie sur la justice et l’égalité entre tous ses fils. Son discours commence à prendre une véritable assise.
Quant à Mohamed Ould Maouloud, éminent intellectuel, patriote, et soutenu par un des plus grands partis politiques du pays, le RFD, et l’UNAD, il a basé son discours sur le social.
Le plateau de l’opposition était donc très relevé. Sans la fraude, un second tour était inéluctable. Mais, hélas, le jeu était perdu d’avance, face à des militaires plus que jamais déterminés à poursuivre leur OPA sur la Mauritanie qu’ils ont mise sous coupe réglée.
– Que pensez-vous des manifestations et arrestations auxquelles on a assisté, au lendemain du scrutin?
– En s’en proclamant vainqueur, bien avant la CENI qui ne le confirmera que le lendemain, le candidat Ghazwani a provoqué l’ire des militants de l’opposition descendus dans la rue pour protester contre ce qu’on peut qualifier de holdup électoral. Comme à l’accoutumée, les forces de l’ordre ont chargé les électeurs protestant contre cet état de fait.
C’était d’ailleurs prévisible, puisque Nouakchott s’était retrouvée militarisée le jour même du scrutin, les forces de défense et de sécurité investissant les grands axes et les environs des centres de vote.
Le 23, toute la ville était quasiment en état de siège. Arrestations, répression, saccages et mises sous scellés de sièges des candidats. On assistait comme à une panique du pouvoir. Une panique qui a conduit à l’arrestation de ressortissants étrangers, sénégalais, maliens et gambiens, accusés de manipuler les Mauritaniens, ce qui pouvait occasionner des incidents diplomatiques avec nos voisins. En agissant ainsi, le pouvoir traite les Mauritaniens en moins que rien.
Comment des ouvriers et manœuvres, à la recherche du pain quotidien, peuvent-ils nous manipuler ? Quel mépris envers le peuple mauritanien ! La Mauritanie a une histoire, des valeurs et des vertus… on ne doit traiter ses populations ainsi. Une panique que reflète, surtout, la déclaration incendiaire du ministre de l’Intérieur promettant une répression féroce et des peines lourdes contre les manifestants, c’est du jamais vu !
Cette répression démontre un grave recul de la démocratie et des libertés de s’exprimer, de manifester. Il faut le déplorer et le dénoncer. Les arrestations barbares du journaliste Camara Seydi Moussa et du président Samba Thiam illustrent on ne peut mieux cette dérive.
On débarque chez des gens, on sème la panique, on ramasse les ordinateurs et téléphones, mêmes ceux des domestiques. Dans quel pays sommes-nous ? Nous exigeons la libération de ces personnes et le respect de la Constitution qui garantit le droit de manifester, de se réunir et de s’exprimer.
– Alors, qu’attendez-vous maintenant du président élu ?
-Rien ! Il sera président comme tous les autres, militaires, qui l’ont précédé, la Mauritanie n’est pas sortie de l’auberge, hélas ! Elle demeura sous le joug de Mohamed ould Abdel Aziz qui n’a cessé de déclarer sa décision de rester au centre du pouvoir.
Reste à savoir comment. Le nouveau président Ghazwani demeurera-t-il soldat d’Ould Abdel Aziz, poursuivant la même politique et la même gouvernance ? Une gouvernance marquée par la corruption, le blanchiment d’argent, l’exclusion et le chaos. Dans cette hypothèse, Ghazwani n’aura qu’à gérer des crises.
Seconde hypothèse : il décide de s’émanciper de son faiseur de roi et assume la plénitude de sa charge présidentielle. A lui donc de prouver, aux mauritaniens qui doutent de son indépendance vis-à-vis de son ami, qu’il peut gouverner le pays sans tutorat de quiconque, en nouant des alliances politiques fructueuses. C’est à cette seule condition qu’il pourra satisfaire aux aspirations des citoyens qui l’ont élu, en s’attaquant aux nombreux défis qui l’attendent.
Propos recueillis par DL
L’Editorial du Calame: Une nouvelle page, à défaut d’un chapitre…
Le Calame – Militaires en faction, fusils en bandoulière, gilets pare-balles, voitures alignées, la commune de Sebkha ressemble, depuis quelques jours, à une zone en état de siège. Après les troubles survenus, suite à la proclamation des résultats de la présidentielle et l’intervention musclée de la police et de la gendarmerie, le pouvoir a voulu marquer le coup.
Et de quelle façon ! Le ministre de l’Intérieur est monté au créneau le premier. Il a parlé, pêle-mêle, d’une opération de déstabilisation à grande échelle qui visait notre pays, de « mains étrangères » – toujours cette cinquième colonne qui nous veut du mal ! – de non-mauritaniens qui seraient passés aux aveux.
Bref, de quoi terroriser nos pauvres concitoyens à qui l’on a déjà fait avaler tellement de couleuvres. On arrête, dans la foulée, Samba Thiam, le président des FPC, histoire de diaboliser encore plus les anciens et actuels Flamistes, et leur attribuer la responsabilité de tous nos malheurs.
Mauvais signal au monde où notre pays était bien vu, au moins pour la liberté d’expression qu’il garantissait à ses citoyens, à défaut d’autre chose. Internet est coupé. Pourquoi ? Empêcher le flux d’informations que véhiculaient les réseaux sociaux ?
Censurer les images des manifs et de la répression ? Ne pas jeter de l’huile sur des flammes incandescentes ? Un journaliste, Camara Seydi Moussa, directeur de publication de « La Nouvelle Expression », est incarcéré à son tour. Le militant des droits de l’homme, pourfendeur de l’ordre établi, antiféodal à qui l’on ne peut reprocher que sa plume acerbe, fait désordre. Il faut le faire taire.
Et l’armée est appelée à la rescousse, comme si les autres corps n’étaient pas suffisamment outillés pour rétablir l’ordre. Dans un Etat normal, elle n’est appelée qu’en cas de débordements suffisamment graves, état de siège, couvre-feu ou….coup d’Etat. Ould Abdel Aziz veut-il pourrir son fin de règne ?
Nous faire regretter les « dix ans de paix et de stabilité » dont ses laudateurs nous bassinent à longueur de journée ? Ou nous préparer à d’autres suites, moins avouables ? A moins qu’il ne soit pas lui-même le commanditaire de ce remue-ménage… L’armée serait-elle intervenue pour siffler la fin de la récréation ?
Donner un signal fort au Président sortant ? Rétablir le « vrai » ordre, en attendant l’investiture du président élu ? La façon dont les troubles ont éclaté, alors qu’ils étaient prévisibles et qu’on pouvait les éviter, le déploiement des forces qui les a suivis, le blackout sur l’information, autant d’indices d’une anguille sous roche.
On sent, en tout cela, comme des tiraillements qui ne disent pas leur nom. Des choses nous échappent, à nous autres communs des mortels. On attend donc, on attend l’après-élection, en priant qu’elle ne soit, elle aussi, qu’un leurre.
Et qu’elle se termine, en tout cas, sur un après-Aziz sans ambages ni encombres. Le pays en a assez des crises, des crispations, des invectives, du mépris. Il veut tourner la page obscurcie de ratures. En ouvrir au moins une nouvelle, à défaut d’un chapitre…
Ahmed Ould Cheikh
Mise en liberté de Samba Thiam
La Sureté politique a libéré, le mercredi 3 juillet courant, en début d’après-midi, le Président des FPC Samba Thiam, après quelques jours d’arrestation.
Samba Thiam également ex Président du mouvement FLAM vivant en exil est l’un des leaders de première heure de la coalition « Vivons ensemble » récemment créée et qui a apporté son soutien aux dernières élections présidentielles du 22 juin passé au candidat Kane Hamidou Baba.
Le Conseil Constitutionnel confirme la victoire de Ghazouani
Mohamed Cheikh Ahmed Mohamed Ghazouani, candidat de la majorité, est élu président de la République Islamique de Mauritanie, avec 52% des suffrages à l’issue du premier tour du scrutin présidentiel du 22 juillet 2019, selon un arrêt du Conseil Constitutionnel rendu public lundi.
La haute juridiction, sous la présidence de Diallo Mamadou Bathia, confirme ainsi les résultats officiels provisoires annoncés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), publié au cours de la nuit du lundi 24 au mardi 25 juillet.
Ghazouani est un ancien Chef d’Etat Major Général des Armées (CEMGA), ex ministre de la défense et compagnon du président en exercice, Mohamed ould Abdel Aziz, depuis une quarantaine d’années.
La décision du Conseil Constitutionnel rejette les recours des candidats de l’opposition : Biram Dah Abeid (indépendant-leader antiesclavagiste), Sidi Mohamed ould Boubacar (indépendant-ancien premier Ministre), Kane Hamidou Baba (Coalition Vivre Ensemble-CVE) et Mohamed ould Maououd (Coalition des Forces Démocratiques du Changement (CFDC).
.Ces candidats ont dénoncé « des votes multiples chez les militaires, l’impossibilité du contrôle des opérations de vote par leurs représentants dans plusieurs bureaux de vote, la partialité de la CENI…… » et demandé la reprise du scrutin.
Après la lecture de la décision du Conseil Constitutionnel, le président Diallo Mamadou Bathia, a tenu « à édifier les électeurs, compte tenu de l’importance de l’événement : un scrutin présidentiel.
Les recours qui ont présentés à notre juridiction contestaient l’impartialité de la CENI, sans fournir de preuves matérielles relatives à des faits précis de fraude ».
Ce scrutin, rappelle-t-on, est à l’origine d’une vive tension dans le pays.
Les candidats de l’opposition dénoncent « un coup d’état électoral dans la gestion duquel le pouvoir attise désormais la fibre identitaire ».
Les forces armées et de sécurité sont déployées dans plusieurs endroits de Nouakchott, Et l’Internet reste coupé, sauf pour quelques institutions publiques et privées.
Face à la contestation électorale, le gouvernement mauritanien a dénoncé « une main étrangère » et accusé les pays voisins.
Le nouveau président mauritanien devrait être investi le 01 août prochain.
le calame