Daily Archives: 10/01/2019
Ciré Ba : Le président ne marchera pas pour commémorer le trentième anniversaire du génocide Avril 1989
Avril 2019 : , trente ans après le triomphe des idées extrémistes et racistes de la mouvance panarabiste, nous devons commémorer partout en Mauritanie et sous toutes les latitudes la déportation de dizaines de milliers de milliers de noirs mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Le pouvoir sera fortement tenté de s’opposer à toute manifestation publique de grande ampleur. Au meilleur des cas, il confinera sous haute surveillance policière dans des locaux de partis ou d’organisations de défense des droits humains.
La tentation d’une interdiction est plus grande. Le temps et les hostilités ne doivent pourtant pas avoir de prises sur le devoir de mémoire, l’exigence de vérité et notre soif légitime de justice.
En France, par exemple, le parcours de reconnaissance de l’État de la rafle du Vél’ d’Hiv a été long, très long : c’est seulement en 1993 que le président François Mitterrand instaure une « journée commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite « gouvernement de l’État français » entre 1940 et 1944.
La reconnaissance de la responsabilité de la France dans la déportation et l’extermination des Juifs viendra en 1995 et sera le fait du président Jacques Chirac.
Chez nous aussi, ces déportations qui sont un jalon du génocide encore nié furent planifiées, décidées et exécutées par l’autorité politique, son armée, sa police, des idéologues de la mouvance panarabiste et des civils embrigadés.
Certains acteurs de premier plan sont encore au pouvoir, d’autres dans ses cercles restreints. Ils font tout pour retarder et faire reculer la vérité.
La marche du pouvoir ce mercredi 9 janvier ne doit pas nous divertir. Son calendrier électoral 2019 ne doit pas faire oublier qu’il est passé maître dans l’art de tenir l’agenda politique avec à sa remorque une partie de l’opposition : seul maître à bord, le général président qui écrase tout et tout le monde, décide et donne le top départ, siffle la fin de la récréation et annonce la prochaine étape. A ce rythme, la présidentielle prévue cette année pourrait être une simple formalité pour lui ou pour son dauphin.
Monsieur le général président Mohamed Ould Abdel Aziz, la reconnaissance du génocide dressera les Mauritaniens « contre les discours de la haine et de l’incitation à la division », l’instauration d’une journée nationale commémorative marquera profondément notre conscience collective comme au Rwanda.
La priorité doit être à l’apaisement qui passe par la justice. Malheureusement, les actes que vous avez posés depuis dix ans au moins n’ont pas été des actes de construction d’une Mauritanie plurielle et égalitaire entre ses composantes.
Votre récente menace d’appliquer la loi N° 023/2018 pénalisant la discrimination à toute demande de justice que vous assimilez à une « atteinte à la sécurité et à la stabilité » du pays le prouve.
Ciré Ba – Paris, le 10 janvier 2018
Marche contre le racisme et l’extrêmisme : Au discours de la haine, le président oppose un discours de la colère!
Le Rénovateur Quotidien – Mercredi 09 janvier 2019. Une foule immense et bigarrée occupe le vaste espace de l’ancien aéroport de Nouakchott.
Le décor était suffisamment campé pour une marche dédiée à l’unité nationale à travers des slogans et autres formes d’expression pour donner un cachet officiel à cette manifestation préparée depuis quelques semaines par le parti au pouvoir et ses alliés. Une journée « marchée et payée » pour les fonctionnaires et autres employés. Vers les coups de 09 heures, une marée humaine déferle en direction de l’ancien aéroport sur l’avenue Gamal Abdel Nacer.
Un véritable marathon auquel des milliers de marcheurs ont pris part pour se joindre à l’appel du Président de la République adressé aux mauritaniens « de s’unir pour combattre le discours de la haine ».
Tous les points d’accès étaient barricadés, et seuls les passages piétons y avaient droit. Un raz- de- marée humaine compact s’est formé dans tous les sens pour créer une ambiance autour du podium aménagé pour la circonstance.
Peu avant son installation sur l’estrade un mouvement de panique causé par la chute d’un pan du podium se créa. Un homme sera touché par cet incident : le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget Mohamed Ould Kembou.
Les choses rentrent dans l’ordre. L’artisan de cette grande messe populaire ne tarda pas à s’adresser du haut de la tribune au public. D’abord par une expression de reconnaissance à l’endroit d’un peuple solidaire de cette marche contre la haine. Et de poursuivre un discours enflammé contre ceux que Mohamed Ould Abdel Aziz a qualifié de commerçants de la haine et de la division contre lesquels il invite les mauritaniens à se dresser en rempart et auxquels il faut tourner le dos. Revenant sans cesse sur la propagande haineuse de ceux qu’il traite de conspirateurs contre la paix et la cohésion nationale , le président tout noir de colère accumule les diatribes et promet à ces pyromanes d’un autre âge le pire des châtiments dans l’application des dispositions juridiques criminalisant tout comportement appelant à la violence à caractère raciale ou politique.
Allant dans tous les sens et sans réellement adopter une trajectoire méthodique pour mieux orienter ses idées l’’orateur du jour continuait à procéder sous le sceau de l’emportement par juxtaposition syntaxique de ses idées, à l’emporte -pièces sur les causes réels ou supposés et les effets se rapportant à cette campagne fumigène ourdie par des « ennemis de la Mauritanie pour saper son unité et ses valeurs citoyennes »
Les allusions ne manquent pas pour diaboliser ces « colporteurs de la surenchère politique » qui cherchent dit-il, à détruire les acquis démocratiques et réalisations accomplies cette dernière décennie ». Passés ces moments d’attaques en règle, le président rappelle que seule l’école constitue et constituera l’ultime voie pour assurer l’unité nationale. Seule par l’éducation pourront s’ancrer les idéaux de paix et de justice. Plus de 20 minutes d’horloge ont permis au président de se défouler autour d’un sujet d’une extrême gravité et qu’il tient à évacuer des cœurs et des consciences en dégainant sa colère par un exercice de la communication publique qui pouvait mieux gagner en adresse.
Premier hic !
L’occasion était belle pour un président à la tête d’une manifestation citoyenne de faire un petit coup médiatique sympathique et rassembleur. Face à toutes les composantes de la Mauritanie, l’amorce d’un discours unitaire par l’expression des salutations dans les différentes langues serait un exercice de communication marquant un événement dédié à l’unité nationale. Cela, n’enfreint point la constitution et le président serait en parfaite cohérence avec un tel projet si tant est qu’il se materniserait par des actes forts. Et ce n’est pas compliqué de le faire. Sans verser dans le sectarisme, le premier citoyen doit se faire le devoir d’apprendre quelques rudiments de toutes les langues pour donner en premier l’exemple.
Deuxième hic !
Avant de terminer son discours, le président pourrait en cette occasion rare demander au public de garder patience pour écouter la traduction de son discours dans les autres langues nationales. Aussitôt le discours terminé les foules se sont dispersées pour tourner le dos aux traducteurs, laissant derrière des mots, rien que des mots suspendus dans les airs d’une manifestation qui a raté l’occasion de souder les rangs et jeter symboliquement les bases dé reconstruction d’une unité fissurée par des préjugés qui ont fragilisé la cohabitation entre les franges nationales.
Un discours virulent … pas de propositions…
En faisant sienne cette marche gigantesque, le président a réussi au moins à remplir les rues et l’ancien aéroport de Nouakchott. Il a démontré sa capacité de sévir verbalement contre les « ennemis de l’unité » tapis selon lui dans les réseaux sociaux mais aussi dans des milieux qu’il n’a pas nommés. En revanche, il a laissé bien des mauritaniens sur leur faim. Et pour cause !
Le président n’est pas allé au fond de sa pensée pour analyser les causes objectives qui minent l’unité nationale et qui ouvrent la voie à la propagation sur les réseaux sociaux et autres moyens d’expression de ce qu’il qualifie du discours de la haine. Cette crise qui est certes en partie favorisée par une politique d’éducation ratée est plus profonde que cela. Elle trouve son pendant dans l’injustice et les inégalités sociales et économiques et une juste répartition des ressources humaines et économiques du pays.
Il fallait annoncer les couleurs de profondes réformes pour afficher sa volonté de reconstruire l’unité avec des matériaux pérennes et non par le discours à l’état brut. Beaucoup de gens venus enthousiastes sont repartis déçus par un gros rassemblement qui n’a duré que le temps d’un discours de 20 mn qui n’a pas esquissé les fondements d’un projet d’Etat unitaire.
Reportage, analyse, décryptage par Cheikh Tidiane Dia
Mauritanie : fermeté dans l’application de la loi contre la discrimination
Le procureur général de la république en Mauritanie Mohamed O. Meymi a initié hier mercredi une circulaire consacrant la fermeté dans l’application de la loi incriminant la discrimination contre les personnes et les parties incriminées dans les pratiques liées à la haine et la discrimination.
Cette circulaire, adressée aux procureurs de la république sur toute l’étendue du territoire national, appelle ceux-ci à activer les accusations contre les parties et les personnes impliquées ou à l’origine d’un discours ou la pratique de la haine.
Cette loi incriminant la discrimination avait été adoptée l’année dernière et est entrée en vigueur après sa publication au journal officiel, prévoit des peines de 5 ans de prison assortie de lourdes amendes.
Cette loi qui ne prévoit pas la rétroactivité permet au parquet de poursuivre les auteurs des crimes racistes même en l’absence d’une plainte formulée par les personnes ou les groupes victimes des faits.
Dans son discours hier qui a suivi la marche contre la haine et la discrimination, le président Mohamed O. Abdel Aziz avait affirmé que la loi sera fermement appliquée à tous, sans exception.
saharamedias
Le président Aziz : « nous ne bloquerons pas les réseaux sociaux même utilisés par certains pour diffuser un discours de haine »
Le président mauritanien Mohamed O. Abdel Aziz a déclaré mercredi que les réseaux sociaux ne seront pas bloqués malgré leur utilisation par certain pour diffuser un discours de haine.
Le président Aziz s’exprimait lors d’un meeting qui a suivi une marche organisée par le gouvernement pour dénoncer la haine et l’extrémisme, ajoutant que toute personne qui tenterait de perturber la quiétude de ce pays sera poursuivi par l’état et jugé par le peuple mauritanien.
Cette personne, a encore dit le chef de l’état mauritanien, quel que soit sa position, ses relations, ses contacts et ses biens sera poursuivie par l’armée mauritanienne qui est celle du peuple et non celle du président.
Poursuivant son intervention, le président O. Abdel Aziz a dit que les mauritaniens se doivent de savoir que leur pays est un état démocratique où toutes les libertés sont garanties et qu’ils n’accepteront pas que les mauvaises intentions de certains ne remettent en cause ces acquis.
Il a réaffirmé que les réseaux sociaux ne seront jamais bloqués et qu’il n’y aura pas de restriction des libertés ni celle de la démocratie dont bénéficie le peuple mauritanien qui est un peuple éveillé et intelligeant, mais nous n’accepterons pas qu’il arrive chez nous ce qui est arrivé dans d’autres pays arabes.
« La chose la plus précieuse que nous avons a ajouté le chef de l’état mauritanien est notre sécurité, notre stabilité et notre unité et nous ne permettrons pas à des personnes d’en faire un commerce à l’étranger » a notamment déclaré O. Abdel Aziz.
Il a enfin réaffirmé que la Mauritanie a connu une importante émancipation et réalisés d’importants progrès et que « les mauritaniens doivent sauvegarder leur unité, la consolider et faire échec aux criminels, qui tentent de cultiver la haine et l’extrémisme »
saharamedias