Daily Archives: 17/01/2019
L’injustice endémique/Par El Wely Sidi Heiba
Les tribus et ethnies du pays des grandes contradictions sont comme l’eau qui prend la forme du récipient qui la contient. Si quelques tribus brillent dans l’art des alliances, certaines le sont dans celui de l’allégeance, plusieurs dans le troc des positionnements et du louage des loyautés, tandis que d’autres s’assujettissent, l’échine basse, au présent comme par le passé aux axes de la force. Au fond rien n’a changé depuis l’ère moyenne de la grande pagaille “Seiba”, que l’avènement de la colonisation a pourtant tempérée sans pourtant réussir à en éradiquer la profonde insurrection contre:
· L’ordre,
· La Justice,
· L’égalité,
Ni obtenu son divorce d’avec :
· L’injustice taciturne envers ceux qui s’y soumettent et obéissent,
· L’hypocrisie, qui se profile derrière l’apparence de la religion travestie et d’une jurisprudence compatissante et factice,
· L’arrogance de la poésie des “mœurs” avilies et de la morale déformée,
· L’allégeance opportuniste au pouvoir et à l’argent,
· Le retournement des alliances,
· La trahison,
· L’égocentrisme absolu,
· Le penchant à la domination par l’argent, la force et la fausse notoriété,
· Le dégoût du travail et l’exploitation des personnes vulnérables.
Réalité amère d’un état de fait exceptionnel, que les esprits occultent sciemment dans la ferme intention de le perpétuer aux fins d’un satisfecit de ceux qui en bénéficient. Et c’est délibérément ceux-là mêmes qui le maintiennent dans le socle d’un système social moyenâgeux imposé, pour qu’il demeure bien ancré dans les moules tribaux et de castes du passé ; Ne voulant surtout pas que cet état des choses change pour que restent préservés leurs intérêts restreints et égoïstes, ils usent de la stature, de la situation et de la prépondérance de leurs :
· Hauts responsables politiques et militaires,
· Dignitaires médiévaux
· Parlementaires,
· Maires et conseillers municipaux,
Une situation qui voue le pays à la corruption et à la déliquescence.
Ce sont eux qui mettent en dérision la politique avec leurs partis gendarmes, qui n’ont pas de discours saillants, moins encore de programmes édifiants, faisant au pire ramper le pays à l’arrière du peloton des nations, tout en se tenant hypocritement, par une attitude contradictoire, loin d’une telle monstrueuse responsabilité.
Et c’est bien là que réside l’injustice flagrante qui règne dans le pays par la faute de concepts d’un temps révolu et qu’établissent, sous des masques hideux, des obsédés par l’injustice et la corruption à l’ère de la démocratie et des entités étatiques normales qui comptent sur les meilleurs de leurs citoyens de par leurs connaissances et leurs compétences en matière de leadership.
Il ne fait aucun doute que l’injustice, quelle que soit sa source, est l’un des facteurs les plus importants pour alimenter le discours de la haine et de la rancune, le répandre et soutenir ses adeptes, politiciens opportunistes et prétendus militants des droits de l’homme qui veulent la sédition et l’embrasement du pays.
Il est également certain que les opportunistes, arrivistes, poètes travestis et intellectuels moribonds n’hésiteront pas à suivre la vague du “nouvel appel” de combat contre le discours de la haine. Par son biais, ils chercheront à le détourner de sa juste voie pour parvenir à des fins égoïstes et, à défaut de cela, verser au détour l’huile sur le feu tout en se moquant de savoir si le pays va en brûler.
Une équation qu’il faudrait sans ambigüité résoudre, au plus vite, en frappant sans merci sur les deux parties sur fond d’instauration de la justice et de l’équité.
le calame
L’Editorial du Calame : Jusqu’au jour où…
Lors de la cérémonie de clôture du dialogue inclusif, en 2016, entre les partis de la majorité et une partie de l’opposition, Ould Abdel Aziz déclara, dans un discours très applaudi par l’assistance, qu’il n’était pas question de toucher les articles de la Constitution limitant les mandats présidentiels.
Et que ceux qui le demandaient étaient des ennemis de la Nation dont ils cherchaient la perte. Il aura répété, plusieurs fois, à des organes de presse étrangers, qu’il respectera le texte fondamental et ne se présentera pas à un troisième mandat. Le pays tout entier, tant les partisans du généralissime que ses détracteurs, poussa un grand ouf de soulagement.
Celui qui a mis le pays en coupe réglée va enfin passer la main. A n’importe qui. Pourvu qu’il parte. Pourtant, malgré le verrou constitutionnel et ces déclarations de bonnes intentions, il restait toujours beaucoup de gens persuadés qu’Ould Abdel Aziz ne céderait jamais le pouvoir de gaieté de cœur et ferait tout ce qui est en son pouvoir, pour y rester le plus longtemps possible.
Et les faits, malheureusement, sont en train de leur donner raison. Des membres de son cercle proche et des députés de l’UPR se mobilisent, en effet, depuis quelques jours, pour obtenir un maximum de signatures de parlementaires en faveur d’amendements constitutionnels modifiant les articles limitant à deux les mandats du président de la République.
L’initiative à laquelle Ould Abdel Aziz serait « étranger » (!) aurait déjà recueilli près de soixante-dix signatures mais elle rencontre, parallèlement une forte opposition de divers députés de la majorité. Rumeurs et contre-rumeurs circulent. N’ayant pu obtenir les voix des deux-tiers des députés et risquant, du coup, faire voler le camp du Président en éclats, l’initiative aurait, dit-on, été abandonnée. Que nenni !, rétorquent d’autres sources, elle continue son petit bonhomme de chemin et ses soutiens ne cessent d’augmenter. Difficile, dans ces conditions, de démêler le vrai du faux.
Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le pays est à un tournant. Des députés irresponsables sont en train de le mener vers des lendemains périlleux. Rarement une initiative n’aura été autant décriée et ses auteurs vilipendés, sur les réseaux sociaux. Comme si les Mauritaniens s’étaient donné le mot d’ordre que, cette fois, ils ne se laisseront pas faire et n’accepteront plus qu’on les prive de leur dernier espoir, qu’enfin ce pays se normalise, grâce à une alternance pacifique. La frustration et l’amertume seront d’autant plus grandes que ce pouvoir tant décrié se maintiendra, de longues années encore.
Si elle aboutissait, l’initiative desdits députés serait-elle la goutte qui fera déborder le vase ? Elle laissera, en tout cas et à coup sûr, des traces. Lorsqu’il essaya, en 2011, de modifier la Constitution sénégalaise, le président Abdoulaye Wade dut faire face à une opposition déterminée. En tête de cortège, ses leaders s’enchainèrent aux grilles de l’Assemblée et ses militants affrontèrent, avec courage, les forces de l’ordre. Les amendements firent ainsi chou blanc, Wade annonçant, le soir même, qu’ils étaient retirés. Mais, chez nous, où en est notre opposition ?
Continuera-t-elle à se contenter de communiqués de dénonciation… jusqu’au jour où il sera trop tard ?
Ahmed Ould Cheikh
le calame
CPI, Gbagbo : Le coup de grâce | Par Tijane Bal
Tijane Bal – « Le procès de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo devait sceller le triomphe du droit international sur la violence politique.
Mais, révélant les carences d’une instruction à charge, les audiences mettent en lumière les responsabilités françaises dans le conflit et la puissance du réseau du président Alassane Ouattara ». Fanny Pigeaud. Le Monde diplomatique. Décembre 2017. La CPI n’a pas attendu l’acquittement de Laurent Gbagbo pour être critiquée. Tout ça pour ça a-t-on envie de dire ! Gbagbo à la suite de M’Bemba.
De quoi conforter les sceptiques et faire douter les plus bienveillants. Les juges de La Haye ont donc, à quelques mois d’intervalle, décidé d’élargir deux accusés emblématiques. Les deux événements interviennent à la veille d’échéances majeures dans leurs pays respectifs.
Un scénario idéal pour les conspirationnistes. A n’en pas douter, La CPI va, une fois de plus, se retrouver sur la sellette. Justice de vainqueurs.
L’accusation d’incohérence ne manquera pas de s’ajouter à celle de « justice des vainqueurs ». Expression d’ailleurs équivoque puisqu’elle renvoie à au moins deux faits de natures différentes : la vengeance contre les perdants de ce seul fait ou le triomphe de principes de justice à la suite de la défaite de ceux qui les ont bafoués. S’agissant du cas de Gbagbo, on serait bien en peine de trancher. Et ce, bien que le renvoi de l’intéressé à la Haye ait été rendu possible grâce ou à cause (c’est selon) d’une intervention étrangère.
Qu’était-il donc reproché au leader du Front Populaire Ivoirien ? D’abord son entêtement électoral face à M. Ouattara. Ce dont découlent les violences post-électorales. Dans un article prémonitoire de décembre 2017, intitulé Débâcle de l’accusation contre M. Gbagbo, la journaliste Fanny Pigeau détaille les chefs d’inculpation contre l’intéressé non sans pointer les failles du dossier d’accusation : responsabilité dans la mort d’au moins 167 personnes lors de 4 événements : la répression d’une manifestation le 16 décembre 2010, celle d’une marche de femmes pro-Ouattara le 3 mars 2011, le bombardement d’un marché le 17 mars 2011, des violences au lendemain de l’arrestation de l’ancien président.
Par contraste, les éléments du camp de M. Ouattara échappent à toute mise en cause notamment pour le massacre, en mars 2011 dans la ville de Duékoué qui a fait au moins 800 morts civils et dont certains d’entre eux sont suspectés. Perspicace, la journaliste pressentait : « tout indique que son procès (de Gbagbo) se terminera par un échec pour le bureau de la procureure ». Justice sélective.
C’est la seconde accusation et celle ayant peut-être le plus fort impact: le biais racial. Pas nécessairement par choix mais simplement parce que certains justiciables constituent un maillon faible. Ce n’est pas un secret. Un certain nombre de pays-et non des moindres- ont d’emblée récusé toute collaboration avec la juridiction instituée par le statut de Rome de 1998. Il est en revanche frappant de constater que la quasi-totalité des prévenus qui ont défilé devant les juges de La Haye sont des Africains noirs. D’où les accusations récurrentes de racisme portées contre la juridiction. En football, certaines actions sont dites téléphonées. On peut en dire autant du remplacement fort opportun du juge argentin Luis Moreno Ocampo par la Gambienne Fatou Bensouda. On aurait de bonnes raisons de penser qu’il vise à allumer des contre-feux.
Reste que le procès à la CPI sous ce chef n’est pas sans faire débat. On peut se demander si ceux qui l’instruisent ne passent pas à côté de l’essentiel. N’est-il pas plus déterminant en définitive de savoir si « les Noirs » extradés à la Haye y ont leur place pour les faits qu’ils ont commis? Peu importe qui ils y côtoient. Ou pas.
Ne tombe-t-on pas dans l’automatisme et un nationalisme un peu facile en se faisant les alliés objectifs de « clients » peu défendables qui, pour les besoins de la cause, retrouvent des accents patriotiques aussi peu sincères qu’opportunistes ? A l’image de tel dirigeant qui, ne s’étant pas trouvé suffisamment nationaliste pour éviter d’expédier des fortunes colossales dans des banques étrangères, mais brandit néanmoins l’étendard dès que, par la grâce d’ONG, il s’est trouvé alpagué par la justice pour « biens mal acquis ».
Alors président en exercice de l’Union africaine, M. Alfa Condé, sus à la condamnation classique du « deux poids, deux mesures », défendit la résolution adoptée par l’organisation continentale en janvier 2017 demandant aux Etats africains de quitter la CPI. « Non pas parce que nous sommes en faveur de l’impunité et contre les droits de l’homme mais parce qu’il faut que les Africains soient jugés en Afrique par notre Cour pénale Internationale dont les statuts doivent être ratifiés » crut-il devoir préciser. On se demande au passage pourquoi les Etats tardent-ils tant à ratifier ces fameux statuts.
Il est désormais de bon ton de brandir le procès à Dakar de Hissène Habré, ancien président du Tchad, pour célébrer les juridictions africaines et les estimer plus indiquées pour juger des dirigeants africains coupables d’exactions durant leurs mandats. C’est oublier que l’ancien dictateur tchadien a échappé de longues années à la justice et que la pression en vue de la tenue d’un procès a été surtout le fait de ressortissants tchadiens et/ou bi-nationaux vivant principalement en Belgique.
Il serait certes préférable « que les Africains soient jugés en Afrique ». Reste à savoir avec quelle crédibilité et si une certaine Afrique le veut. Rien n’est moins sûr.
Tijane Bal
cridem