Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 28/01/2019

Mauritanie : L’alternance ne se décrète pas, elle se prépare

En 2019, le président sera celui que le camp de la majorité actuelle aura choisi. Ghazouani ou un autre, qu’importe. Il faut seulement que le « Successeur » d’Aziz ait le “profil” le plus proche possible de ce que recherchent ceux qui pensent que les “acquis” doivent être préservés. Il faut surtout que l’armée voit en lui l’homme qui peut tenir la barre dans une mer agitée à très agitée.

Je ne dis pas que toutes ces raisons sont suffisantes pour décréter l’échec de l’opposition. Le miracle existe mais il se produit dans des conditions où les éléments politiques que je qualifierais de “perturbateurs” poussent à l’optimisme.

Notre opposition porte en elle-même le germe de l’échec. Trop divisée. Sans moyens et – presque – sans idées autres que celles qui lui permettraient de s’emparer du pouvoir. La rue, un moment. Les urnes, quand on la pousse dans ses derniers retranchements, et en rangs dispersés. Mais son plus grand tort est de penser aux choses à réaliser en aval avant celles qu’il faut penser en amont. « Je ferais ceci si je gagne » mais jamais la question du « comment » vaincre un pouvoir qu’on accuse d’utiliser des armes (politiques) non conventionnelles comme la tribu, l’administration, l’argent et le savoir?

Il manque à l’opposition cette capacité de fixer des objectifs communs et de les prioriser. Il lui manque surtout cet élan de dépassement pour venir à bout de ses égoïsmes.

L’Union pour la République  (UPR), comme tout parti au pouvoir dans une démocratie “en construction”, tire sa force du rôle fédérateur que joue le président de la République. Une discipline spartiate que ne perturbe que de rares “mouvements de troupes”, quand un chef de clan estime qu’il a été délaissé, lors d’élections locales, au profit d’un frère ennemi. Rien de grave donc pour perturber la solidité d’un Système éprouvé – et approuvé – par la majorité d’une élite politique qui vous dit, sans gêne, “eddewla maa toua’ned” (quelque chose comme : on ne s’oppose pas à l’État).

En face de la machine de guerre de la majorité, l’opposition repose toute sa force sur le sentimentalisme. Le pouvoir doit “dégager”. Le peuple souffre. L’armée fait toujours la politique. L’économie nationale est au bord de la faillite.

Tout cela est vrai peut-être, mais suffit-il de le dire pour que la transformation devienne possible ?

La question du candidat unique ne se discute pas à cinq mois d’une présidentielle vue comme la fin d’un cycle politique où l’opposition a pratiquement tout raté

Il manque à l’opposition cette capacité de fixer des objectifs communs et de les prioriser. Il lui manque surtout cet élan de dépassement pour venir à bout de ses égoïsmes. L’alternance ne doit pas être vue comme l’Objectif d’un parti ou l’assouvissement de l’ambition d’un individu. Cette perception des choses est tout aussi condamnable que l’appel à un troisième mandat heureusement rejeté par le président Aziz.

La question du candidat unique ne se discute pas à cinq mois d’une présidentielle vue comme la fin d’un cycle politique où l’opposition a pratiquement tout raté, par sa faute ou celle du pouvoir : le dialogue, la réforme  (ou tripatouillage) de la constitution, la composition de la Ceni (Commission électorale  nationale indépendante). Elle est surtout une menace quand des parti(e)s prennent les devants et exhibent leur candidat, objet de controverse sur le plan national, ou font du marketing politique pour un autre que la justice pourrait facilement “éliminer”, comme celle du Sénégal vient de le faire pour le duo Karim Wade/Khalifa Sall.

Donc, si l’opposition perd ce sera parce que rien n’a été fait pour qu’elle gagne. C’est aussi simple que cela.

Je ne me rappelle pas avoir vu – ou entendu – ces derniers mois, que l’opposition regroupée au sein du FNDU (Forum national pour la démocratie et l’unité), où d’un cadre plus large impliquant le Rfd et l’Unad, a entrepris une descente sur le terrain pour mobiliser ses troupes et tenter de chasser, à l’Est et au Centre du pays, sur les « terres » fertiles (en électeurs) de la majorité.

Mission impossible donc, serais-je tenté de dire. Parce que dans un pays comme la Mauritanie, les changements ne répondent pas aux normes classiques de la persuasion. L’idée d’une récupération ne découle pas d’un sopi, à la sénégalaise, ou d’un changement à la burkinabé. Si l’on accepte cette vérité, il faudrait bien que l’opposition trouve quelque chose capable de provoquer le miracle dont j’ai parlé tantôt. Un deus ex machina au 21ème siècle ne peut prendre la forme envisagée aujourd’hui par l’opposition sous forme du surgissement d’un candidat providentiel. Ni même des pulsions et “répulsions” qui remuent une majorité encore sous le choc du départ annoncé du Chef.

elhourriya

alternance en mauritanie

Eponger une créance de l’Etat de 189 milliards d’UM : Voilà pourquoi il faut s’y opposer Par Ely Moustapha

altLa gabegie qui s’est instaurée en Mauritanie depuis l’arrivée des régimes militaires trouve son fondement dans l’accaparation des ressources publiques à travers des individus au sein de l’Etat ou en dehors de lui mais en connivence avec ses hauts décideurs. Le Ministre de l’Economie et des finances en est, donc, venu tout simplement à requérir des députés d’éponger une créance de l’Etat de plus de 189 Milliards d’ouguiyas à l’égard de la Banque Centrale de Mauritanie.

La raison de s’opposer à une telle requête est d’autant plus justifiée que les 189 milliards, dont il s’agit, ne sont ni la résultante d’une perte de l’Etat lui-même, ni le fait d’une force majeure mais le résultat de la mauvaise gestion et de la gabegie à travers la mise à contribution forcée d’institutions devant garantir l’efficacité et la transparence dans la gestion publique.

Quelle est l’origine de cette créance ?

L’analyse des créances de l’Etat auprès de la Banque centrale, nous montre qu’elles sont faramineuses et qu’elles progressent d’année en année ! Avec une inertie réelle de l’Etat pour les rembourser ou les régulariser. Elles se situent, en 2017,  à 215.011.269.000 (plus de 215 milliards d’ouguiyas) contre 206 499 148 163,27 en 2016,  soit une augmentation de 8 milliards et demi d’UM, en 2017.

Ce que le ministre de l’économie et des finances a voulu, c’est tout simplement faire entériner,  par le Parlement, l’annulation des créances de l’Etat vis-à-vis de la BCM soit exactement 189 900 062 266,86 UM (quasiment 190 milliards d’UM) .

D’où vient ce montant que brandit le Ministre de l’Economie et des finances ?

Ce montant est la somme des créances de l’Etat suivantes (hors comptes chèques postaux et allocations DTS BCM-Etat) :

–  Créances sur l’Etat à régulariser (36 929 463 764,56 UM)

– et les Créances issues de la convention entre l’Etat et la BCM de 2013 d’un montant de 152 970 598 502,30 UM

Soit donc un total de :  189 900 062 266,86 UM

Comment s’expliquent ces montants gigantesques ?

Le premier montant de 152 970 598 502, 29 UM est le résultat de la consolidation de diverses facilités accordées par la BCM à des entreprises publiques bénéficiant d’une garantie de l’Etat ayant fait l’objet d’une convention signée entre l’Etat et la BCM le 30 décembre 2013.

Ce montant de 152 970 598 502, fixé en 2013, figure toujours en 2017 aux créances de l’Etat pour le même libellé soit 6 ans plus tard !

Il est l’expression même du laxisme caractérisant la gestion des créances publiques. Car si la BCM a accordé les facilités aux entreprises publiques, se chiffrant en milliards, c’est bien parce que l’Etat en était le garant. Or nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude et encore moins de sa mauvaise gestion des biens de la collectivité nationale.

C’est donc un boulet au pied du ministre de l’économie et des finances qui recherchant l’aval du Parlement voudrait faire éponger la créance de l’Etat à l’égard de la BCM.

C’est autant dire que l’opposition à cette proposition est hautement justifiée, car son acceptation validerait la gabegie, induite par la gestion des entreprises publiques dont l’Etat assurait la garantie auprès de la BCM, notamment pour le montant précité de 152 milliards d’UM.

Quant au second montant de plus de 36 milliards d’UM, il s’agit principalement des impayés échus sur la gestion des bons du trésor et que l’Etat voudrait éponger alors que ce montant a servi à gérer les bons du trésor finançant son besoin de trésorerie durant sa calamiteuse gestion des deniers publics.

En effet, les bons du trésor étant des titres représentant une dette à court terme de l’Etat, ils sont achetés par des particuliers ou par des banques et autres institutions financières (bons en compte courant ou certificat de trésorerie). Cela permet à l’Etat de couvrir une partie de ses besoins de trésorerie.

Plus simplement encore, l’Etat mauritanien a émis des bons trésors qui ont généré une créance de 36 milliards à l’égard de la BCM (pour leur gestion) et que le Ministre de l’Economie et des finances vient de demander d’effacer !

Que se passerait-il si les créances de de la BCM sur l’Etat sont supprimées ? 

Ce serait un détournement de biens publics puisque les montants devant être dégagés pour les régulariser, ont bien bénéficié à l’Etat et aux entreprises publiques (par des voies incontrôlées) et ni la BCM n’a reçu la contrepartie de sa gestion, ni la collectivité nationale (le peuple) n’en connait la destination. La première se voit transformée (comme la SNIM et autres entreprises publiques) en vache à lait, la seconde, en peuple infantilisé.

Au niveau de l’institution d’émission, la BCM, cela grèvera lourdement son Actif, causant un déficit de son bilan et de son Etat de résultat, avec les conséquences sur sa gestion et son endettement. Et il n’est pas certain que cela dissuadera l’Etat de continuer sa mauvaise gestion des ressources publiques.

Le cas de ce ministre de l’économie et des finances, qui vient requérir d’un Parlement d’éponger une créance de l’Etat,  est l’exemple même de la mauvaise gestion qui caractérise l’Etat et son incapacité à faire face à ses obligations malgré tous les revenus de ressources naturelles, de l’imposition, d’emprunts nationaux et internationaux dont il dispose.

Si l’Etat n’a pu honorer ses créances à l’égard de la Banque Centrale (à l’égard de toute la collectivité nationale d’ailleurs), c’est à cause des détournements, de la corruption, des malversations et l’enrichissement illicite par personnes et compagnies interposées qui siphonnent les ressources nationales et obligent l’Etat à s’endetter encore et encore et à appauvrir encore, et toujours, le peuple mauritanien.

Par son acte et par une telle proposition, ce ministre qui est censé être l’argentier sûr et fiable de l’Etat, des deniers publics, avilit l’Etat et offense les parlementaires.

Les députés se doivent de renvoyer ce ministre à ses casseroles et lui demander de trouver les moyens d’honorer les engagements de l’Etat.  Il y va du respect des institutions, de la crédibilité de l’Etat, de celle, fort entamée, de ceux qui le servent et surtout du salut des finances publiques mauritaniennes. Finances publiques prises en otage par une poignée d’individus au service de leurs propres intérêts. Le pauvre peuple a déjà tellement souffert de la gabegie des pouvoirs publics qu’il ne manque plus qu’à l’outrager directement en offensant ses représentants au Parlement. Ce qui vient de se faire.

En somme, un ministre, sinistre des finances publiques mauritaniennes.

Le calame