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Mauritanie : instauration d’une Journée contre les pratiques discriminatoires
Apanews – Une Journée nationale de lutte contre les pratiques discriminatoires a été instituée en Mauritanie et sera célébrée le 9 janvier de chaque année, a annoncé le ministre de la Justice, Dia Moctar Malal, citant à ce propos un projet de décret approuvé en Conseil des ministres.
Le Garde des sceaux qui donnait un point de presse, jeudi soir à Nouakchott, a rappelé que la Constitution mauritanienne stipule dans son article premier que « la République garantit à tous les citoyens l’égalité devant la loi, sans aucune distinction fondée sur l’origine, l’ethnie et le sexe ou autre ».
Il a ajouté que son pays a adopté en 2018 une loi portant sur la lutte contre la discrimination, expliquant que cette loi est jusqu’ici peu connue par le public.
Selon lui, l’institution de la Journée nationale de lutte contre les pratiques discriminatoires vient compléter cette loi et lutter contre les pratiques discriminatoires sur l’ensemble du territoire national.
La date du 9 janvier coïncide avec la journée de mercredi dernier qui a été marquée par l’organisation à Nouakchott d’une géante marche populaire destinée à dénoncer l’extrémisme et l’incitation à la haine.
MOO/cat/APA
FLAMNET-AGORA: Marche forcée du 09 janvier 2019 : Ils ont marché…sur quelque chose | Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Quand on marche contre soi, on marche sur soi et celui qui marche sur lui-même trébuche.
C’est ainsi qu’ils ont marché ce 09 janvier 2019, pensant avoir marché contre ce qu’ils considèrent comme leur étant extérieur (la haine, le racisme et la discrimination), alors qu’ils ne font que marcher contre leur propre turpitude. Et nul, en fait ou en droit, ne peut se faire prévaloir de sa propre turpitude.
Ont-ils marché contre les putschistes qui depuis des décennies confisquent le pouvoir et les avilissent ? Ont-ils marché contre l’accaparation du pouvoir par une classe corrompue et siphonnant les ressources du pays ?
Ont-ils marché contre l’injustice de tous les jours ?
Ont-ils marché contre la détention abusive d’un citoyen libéré par la justice et incarcéré par un potentat au pouvoir : Ould Mkheytir ?
Ont-ils marché contre le bradage des écoles publiques au profit de commerçants véreux acoquinés au pouvoir maintenant l’éducation dans de piteux états ?
Ont-ils marché contre le bradage du domaine public (Ecole de Police etc…) au profit d’une courtisanerie présidentielle vorace ?
Ont-ils marché contre l’enrichissement illicite et le détournement des biens publics par fonctionnaires, autres hauts commis de l’Etat et par personnes interposées ?
Ont-ils marché contre la destruction des monuments historiques (Sénat/blocs rouges) et des emblèmes de la nation (drapeau, hymne et armoiries nationaux) ?
Ont-ils marché pour dénoncer la cession des ressources naturelles au profit de compagnies véreuses profitant à la gente corrompue au pouvoir ?
Ont-ils marché contre la criminalité, les viols, les meurtres et l’insécurité qu’entretient l’Etat pour justifier son existence.
Ont-ils marché lorsque contre la misère qui sévit et jette des milliers de familles dans le dénuement, la dépendance et la prostitution ?
Ont-ils marché contre les immondices qui ont fait de leur capitale un dépotoir à ciel ouvert ?
Ont-ils marché contre les maladies qui sévissent, l’insalubrité et les hôpitaux-mouroir ?
Ont-ils marché contre les médicaments trafiqués, importés par des criminels-commerçant-pseudo-pharmaciens avec la bénédiction de l’Etat et qui tuent tous les jours des milliers d’innocents ?
Ont-ils marché contre les détériorations des valeurs sociales sous l’impact d’un régime politique qui utilise le mensonge, la falsification et la corruption comme moyen de maintien au pouvoir ?
Ont-ils marché contre la détérioration et la falsification de tout le système éducatif à ses différents stades faisant de l’enseignement et des diplômes mauritaniens, une non-valeur scientifique.
Ont-ils marché contre le bradage des cerveaux de nos enfants à des écoles primaires commerciales qui en font les incultes de demain et le malheur de la Nation ? Non ! Contre tant de violence et de crimes contre tout un peuple, ils n’ont pas marché !
Mais pour quoi, donc, ont-ils marché ce 09 janvier 2019 ?
Certains ont marché parce qu’il fallait au nom de leur administration, et pour garder leur emploi, marcher ; il y a ceux qui ont marché parce que qu’ils pensent servir un idéal matérialisé en slogans et autres partis pris.
Mais tout ce monde a bien moins marché qu’on ne l’a fait …marcher. Au sens propre et figuré. Une marche à pas forcé…sur lui-même.
Car la haine, le racisme…viennent justement de ceux qui ont marché.
Pour que la haine et le racisme et la division disparaissent, et pour que la tolérance s’installe, c’est une autre marche qu’ils faut faire. Pas cette marche de ce 09 janvier 2019, qui n’est que l’expression de la combine d’un pouvoir qui cherche un terrain pour s’affirmer face à des échéances électorales, qu’il sait cruciales pour son devenir. Alors, il réveille les vieux démons, car quoi de plus machiavélique pour continuer à gouverner que de créer des ennemis intérieurs-extérieurs pour générer la peur et la crainte afin de rendre l’existence de ce pouvoir, aux yeux du citoyen, indispensable.
La marche du 09 janvier 2019, c’est, pour le pouvoir en place, se faire une légitimité en opposant le citoyen à ce qu’il craint lui-même, la haine, le racisme et la discrimination qu’il a lui-même contribué durant des décennies à cultiver dans la société mauritanienne.
Il a encouragé le tribalisme et en a même fait même une institution qu’il utilise et manipule au gré de ses intérêts (électoraux, politique, économiques et sociaux.) Il a réduit le citoyen à une collection de tribus et d’ethnies corvéables à merci.
Il a encouragé la destruction du système éducatif, et corrompu l’intelligentsia dont une partie lui sert de bouc-émissaire et de conseillers dans son immonde projet de sape de la nation et de ses fondements. On le sait, le déclin des peuples et des nations nait de la destruction du tissu éducatif, scientifique et culturel…en somme leur âme.
Si ce régime a commandé et organisé la marche du 09 janvier 2019, c’est uniquement pour distraire le peuple des véritables marches qu’il doit, et aurait dû, faire et l’orienter vers celle qu’il pense lui servir contre des individus qui au nom de leur communauté dénoncent le racisme et l’esclavage comme Biram et autres…
Mais Biram est éphémère, et la violence, le racisme et le tribalisme en Mauritanie ne sont pas nés avec lui, c’est le pouvoir violent et putschiste depuis 1978 qui les a exacerbés et en a fait une arme pour son maintien et sa pérennité (déportation et assassinats des années 80 et 90, haine et emprisonnement d’opposants et de sénateurs ces dernières années etc. etc.)
Si une marche devait se faire, c’est bien une marche contre le pouvoir militaro-politique, lui-même, qui est la source de la haine, et de la division qui secoue la Mauritanie. Une division qui prend sa source dans le tribalisme mesquin qu’il a consolidé et utilisé ; une marche contre la misère qu’il a créée et qui engendre la haine du démuni et dont nait la violence…
Marcher contre autre chose c’est marcher contre soi-même, c’est même « marcher dans quelque chose » (au sens littéral et en hassanya) …
Peut-on dénoncer et marcher contre ce que nous savons être de notre propre fait ? Si cela est, alors cette marche est l’expression la plus élaborée du cynisme des gouvernants mauritaniens et l’asservissement de tout un peuple que l’on fait marcher.
Quand on marche contre soi, on marche sur soi et celui quimarche sur lui-même trébuche. En somme, un peuple qui s’est trompé de marche. Une Nation prise dans la turpitude de ses gouvernants.
Pr ELY Mustapha
Ciré Ba : Le président ne marchera pas pour commémorer le trentième anniversaire du génocide Avril 1989
Avril 2019 : , trente ans après le triomphe des idées extrémistes et racistes de la mouvance panarabiste, nous devons commémorer partout en Mauritanie et sous toutes les latitudes la déportation de dizaines de milliers de milliers de noirs mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Le pouvoir sera fortement tenté de s’opposer à toute manifestation publique de grande ampleur. Au meilleur des cas, il confinera sous haute surveillance policière dans des locaux de partis ou d’organisations de défense des droits humains.
La tentation d’une interdiction est plus grande. Le temps et les hostilités ne doivent pourtant pas avoir de prises sur le devoir de mémoire, l’exigence de vérité et notre soif légitime de justice.
En France, par exemple, le parcours de reconnaissance de l’État de la rafle du Vél’ d’Hiv a été long, très long : c’est seulement en 1993 que le président François Mitterrand instaure une « journée commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite « gouvernement de l’État français » entre 1940 et 1944.
La reconnaissance de la responsabilité de la France dans la déportation et l’extermination des Juifs viendra en 1995 et sera le fait du président Jacques Chirac.
Chez nous aussi, ces déportations qui sont un jalon du génocide encore nié furent planifiées, décidées et exécutées par l’autorité politique, son armée, sa police, des idéologues de la mouvance panarabiste et des civils embrigadés.
Certains acteurs de premier plan sont encore au pouvoir, d’autres dans ses cercles restreints. Ils font tout pour retarder et faire reculer la vérité.
La marche du pouvoir ce mercredi 9 janvier ne doit pas nous divertir. Son calendrier électoral 2019 ne doit pas faire oublier qu’il est passé maître dans l’art de tenir l’agenda politique avec à sa remorque une partie de l’opposition : seul maître à bord, le général président qui écrase tout et tout le monde, décide et donne le top départ, siffle la fin de la récréation et annonce la prochaine étape. A ce rythme, la présidentielle prévue cette année pourrait être une simple formalité pour lui ou pour son dauphin.
Monsieur le général président Mohamed Ould Abdel Aziz, la reconnaissance du génocide dressera les Mauritaniens « contre les discours de la haine et de l’incitation à la division », l’instauration d’une journée nationale commémorative marquera profondément notre conscience collective comme au Rwanda.
La priorité doit être à l’apaisement qui passe par la justice. Malheureusement, les actes que vous avez posés depuis dix ans au moins n’ont pas été des actes de construction d’une Mauritanie plurielle et égalitaire entre ses composantes.
Votre récente menace d’appliquer la loi N° 023/2018 pénalisant la discrimination à toute demande de justice que vous assimilez à une « atteinte à la sécurité et à la stabilité » du pays le prouve.
Ciré Ba – Paris, le 10 janvier 2018
Marche contre le racisme et l’extrêmisme : Au discours de la haine, le président oppose un discours de la colère!
Le Rénovateur Quotidien – Mercredi 09 janvier 2019. Une foule immense et bigarrée occupe le vaste espace de l’ancien aéroport de Nouakchott.
Le décor était suffisamment campé pour une marche dédiée à l’unité nationale à travers des slogans et autres formes d’expression pour donner un cachet officiel à cette manifestation préparée depuis quelques semaines par le parti au pouvoir et ses alliés. Une journée « marchée et payée » pour les fonctionnaires et autres employés. Vers les coups de 09 heures, une marée humaine déferle en direction de l’ancien aéroport sur l’avenue Gamal Abdel Nacer.
Un véritable marathon auquel des milliers de marcheurs ont pris part pour se joindre à l’appel du Président de la République adressé aux mauritaniens « de s’unir pour combattre le discours de la haine ».
Tous les points d’accès étaient barricadés, et seuls les passages piétons y avaient droit. Un raz- de- marée humaine compact s’est formé dans tous les sens pour créer une ambiance autour du podium aménagé pour la circonstance.
Peu avant son installation sur l’estrade un mouvement de panique causé par la chute d’un pan du podium se créa. Un homme sera touché par cet incident : le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget Mohamed Ould Kembou.
Les choses rentrent dans l’ordre. L’artisan de cette grande messe populaire ne tarda pas à s’adresser du haut de la tribune au public. D’abord par une expression de reconnaissance à l’endroit d’un peuple solidaire de cette marche contre la haine. Et de poursuivre un discours enflammé contre ceux que Mohamed Ould Abdel Aziz a qualifié de commerçants de la haine et de la division contre lesquels il invite les mauritaniens à se dresser en rempart et auxquels il faut tourner le dos. Revenant sans cesse sur la propagande haineuse de ceux qu’il traite de conspirateurs contre la paix et la cohésion nationale , le président tout noir de colère accumule les diatribes et promet à ces pyromanes d’un autre âge le pire des châtiments dans l’application des dispositions juridiques criminalisant tout comportement appelant à la violence à caractère raciale ou politique.
Allant dans tous les sens et sans réellement adopter une trajectoire méthodique pour mieux orienter ses idées l’’orateur du jour continuait à procéder sous le sceau de l’emportement par juxtaposition syntaxique de ses idées, à l’emporte -pièces sur les causes réels ou supposés et les effets se rapportant à cette campagne fumigène ourdie par des « ennemis de la Mauritanie pour saper son unité et ses valeurs citoyennes »
Les allusions ne manquent pas pour diaboliser ces « colporteurs de la surenchère politique » qui cherchent dit-il, à détruire les acquis démocratiques et réalisations accomplies cette dernière décennie ». Passés ces moments d’attaques en règle, le président rappelle que seule l’école constitue et constituera l’ultime voie pour assurer l’unité nationale. Seule par l’éducation pourront s’ancrer les idéaux de paix et de justice. Plus de 20 minutes d’horloge ont permis au président de se défouler autour d’un sujet d’une extrême gravité et qu’il tient à évacuer des cœurs et des consciences en dégainant sa colère par un exercice de la communication publique qui pouvait mieux gagner en adresse.
Premier hic !
L’occasion était belle pour un président à la tête d’une manifestation citoyenne de faire un petit coup médiatique sympathique et rassembleur. Face à toutes les composantes de la Mauritanie, l’amorce d’un discours unitaire par l’expression des salutations dans les différentes langues serait un exercice de communication marquant un événement dédié à l’unité nationale. Cela, n’enfreint point la constitution et le président serait en parfaite cohérence avec un tel projet si tant est qu’il se materniserait par des actes forts. Et ce n’est pas compliqué de le faire. Sans verser dans le sectarisme, le premier citoyen doit se faire le devoir d’apprendre quelques rudiments de toutes les langues pour donner en premier l’exemple.
Deuxième hic !
Avant de terminer son discours, le président pourrait en cette occasion rare demander au public de garder patience pour écouter la traduction de son discours dans les autres langues nationales. Aussitôt le discours terminé les foules se sont dispersées pour tourner le dos aux traducteurs, laissant derrière des mots, rien que des mots suspendus dans les airs d’une manifestation qui a raté l’occasion de souder les rangs et jeter symboliquement les bases dé reconstruction d’une unité fissurée par des préjugés qui ont fragilisé la cohabitation entre les franges nationales.
Un discours virulent … pas de propositions…
En faisant sienne cette marche gigantesque, le président a réussi au moins à remplir les rues et l’ancien aéroport de Nouakchott. Il a démontré sa capacité de sévir verbalement contre les « ennemis de l’unité » tapis selon lui dans les réseaux sociaux mais aussi dans des milieux qu’il n’a pas nommés. En revanche, il a laissé bien des mauritaniens sur leur faim. Et pour cause !
Le président n’est pas allé au fond de sa pensée pour analyser les causes objectives qui minent l’unité nationale et qui ouvrent la voie à la propagation sur les réseaux sociaux et autres moyens d’expression de ce qu’il qualifie du discours de la haine. Cette crise qui est certes en partie favorisée par une politique d’éducation ratée est plus profonde que cela. Elle trouve son pendant dans l’injustice et les inégalités sociales et économiques et une juste répartition des ressources humaines et économiques du pays.
Il fallait annoncer les couleurs de profondes réformes pour afficher sa volonté de reconstruire l’unité avec des matériaux pérennes et non par le discours à l’état brut. Beaucoup de gens venus enthousiastes sont repartis déçus par un gros rassemblement qui n’a duré que le temps d’un discours de 20 mn qui n’a pas esquissé les fondements d’un projet d’Etat unitaire.
Reportage, analyse, décryptage par Cheikh Tidiane Dia
Mauritanie : fermeté dans l’application de la loi contre la discrimination
Le procureur général de la république en Mauritanie Mohamed O. Meymi a initié hier mercredi une circulaire consacrant la fermeté dans l’application de la loi incriminant la discrimination contre les personnes et les parties incriminées dans les pratiques liées à la haine et la discrimination.
Cette circulaire, adressée aux procureurs de la république sur toute l’étendue du territoire national, appelle ceux-ci à activer les accusations contre les parties et les personnes impliquées ou à l’origine d’un discours ou la pratique de la haine.
Cette loi incriminant la discrimination avait été adoptée l’année dernière et est entrée en vigueur après sa publication au journal officiel, prévoit des peines de 5 ans de prison assortie de lourdes amendes.
Cette loi qui ne prévoit pas la rétroactivité permet au parquet de poursuivre les auteurs des crimes racistes même en l’absence d’une plainte formulée par les personnes ou les groupes victimes des faits.
Dans son discours hier qui a suivi la marche contre la haine et la discrimination, le président Mohamed O. Abdel Aziz avait affirmé que la loi sera fermement appliquée à tous, sans exception.
saharamedias