Daily Archives: 12/10/2018
Eléction d’Ould Baya au perchoir : rupture d’un “équilibre” ?
Les députés ont porté Cheikh Ould Baya, leur homologue de Zouerate à la présidence de l’Assemblée nationale. Une élection sans suspens et avec un score plus qu’honorable: 118 sur 149 votants. Il a fait le plein des voix face à un concurrent du parti islamiste, Tawassoul. On s’y attendait depuis que le nom de cet officier supérieur de l’armée, très proche du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz dont il serait l’un des confidents, a circulé peu avant son accident suivi d’un voyage en France pour des soins.
Mais la question que l’on se pose, avec cette élection est de savoir pourquoi Ould Baya a été envoyé à l’Assemblée Nationale alors qu’il était, jusqu’ici, cité par les dauphins du locataire du palais brun. Peut-être parce que le pouvoir a besoin d’un homme de poigne et de confiance pour faire face aux assauts des députés de l’opposition ? Ould Baya est rompu en la matière lui qui a fait ses preuves avec les partenaires de l’UE, pour les accords de pêches avec la Mauritanie. Mais, pour certains observateurs et quelques cadres de l’UPR, l’élection d’Ould Baya entrerait dans les calculs du président Aziz qui voudrait faire de lui un intérimaire fidèle, en cas de démission ou de vacances du pouvoir. Le dauphin que celui-ci aura choisi n’aurait pas beaucoup de soucis à se faire lors de la prochaine présidentielle. Enfin, est-ce à dire que le boulevard est désormais grand ouvert pour l’autre dauphin probable, à savoir le général Ghazwani qui s’apprête dit-on, à faire valoir ses droits à la retraite de l’armée?
Mais côté jardin, l’élection d’Ould Baya à la tête de l’Assemblée Nationale vient remettre en cause un certain « équilibre » établi depuis quelques années. Jusqu’ici, la Chambre basse du Parlement était comme réservée à un Hartani. Et le Sénat, avant sa dissolution, en août dernier, octroyé, quant à lui, aux négro-africains. Chacun y trouvait son compte. Ce modus vivendi vient de sauter avec l’arrivée d’Ould Baya au perchoir. Depuis cette élection, des supputations vont bon train. Certains croient dur comme fer que le prochain premier ministre sera un black. Un Hartani, dit-on. Une nouvelle donne dans la représentativité des composantes du pays? On attend donc la suite du feuilleton dont le prochain acte sera la constitution d’un nouveau gouvernement. Les manœuvres seraient déjà en cours.
le calame
Protection de la jeune fille : objectif 2021, une Mauritanie sans mariage d’enfants [PhotoReportage]
On ne doit plus accepter de voir une fille de 13 ans venir accoucher, c’est vraiment choquant, a déclaré jeudi Mme Aissata Ba, gynécologue et directrice générale du Centre Hospitalier Mère et Enfant (CHME).
Mme Ba alertait sur les conséquences dramatiques du mariage des filles sur leur santé, en citant à titre d’exemple, la fistule obstétricale “qui empoisonne la vie” de centaines de femmes mauritaniennes. “Vivre avec la fistule, c’est terrible. Le pire des cas, c’est la mort”, affirme-t-elle à l’occasion de la journée internationale de la fille, organisée par World Vision Mauritanie, en partenariat avec le ministère mauritanien des affaires sociales, de l’enfance et de la famille.
Selon des statistiques, 37% des femmes mauritaniennes se sont mariées avant 18 ans et 14% d’entre elles sont mariées avant 14 ans. “Ces chiffres montrent la gravité de la situation”, souligne Abdallahi Diakité, président de la commission multisectorielle de lutte contre les mariages des enfants.
Depuis 2011, la Journée internationale de la fille est célébrée chaque le 11 octobre. En Mauritanie, Word Vision Mauritanie a saisi cette occasion pour lancer officiellement la campagne “Une Mauritanie sans mariage d’enfants”. Elle vise à réduire le taux de 35, 2% de mariage d’enfants mauritaniens à zéro.
Saluant les efforts du Gouvernement mauritanien en matière de protection de l’enfance, Mme Lilian Dodzo, directrice nationale de World Vision Mali-Mauritanie a indiqué à l’occasion de cette journée, qui a réuni religieux, ONGs et partenaires techniques et financiers de la Mauritanie, que “la protection des enfants contre les abus constitue un défi majeur et une préoccupation pour tous”.
Il s’agit de lever les obstacles liés à l’éducation, à la santé, aux violences, à la pauvreté ou encore au dividende démographique, tout en mobilisant des ressources financières pour renforcer le système de l’enfance en Mauritanie.
En Mauritanie, on retrouve la prévalence la plus forte en matière de mariages d’enfants dans les régions de Guidimakha (25,8%), Hodh El Chargui (19,5%), Hodh el Gharbi (17,1%), Gorgol (19,5%). La wilaya de l’Assaba ferme la marche avec 17,8%. Et pourtant, sur le plan juridique, il est pénalisé le mariage des enfants avant 18 ans.
Face à cette situation, World Vision Mauritanie a invité entre autres le Gouvernement à appeler les chefs religieux à ne plus sceller les mariages des couples dont l’un des conjoints est âgé de moins de 18 ans et des couples qui ne présentent pas d’actes de naissances.
Par Babacar Baye NDIAYE
©CRIDEM / (11 Octobre 2018)
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