Eléction d’Ould Baya au perchoir : rupture d’un “équilibre” ?
Les députés ont porté Cheikh Ould Baya, leur homologue de Zouerate à la présidence de l’Assemblée nationale. Une élection sans suspens et avec un score plus qu’honorable: 118 sur 149 votants. Il a fait le plein des voix face à un concurrent du parti islamiste, Tawassoul. On s’y attendait depuis que le nom de cet officier supérieur de l’armée, très proche du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz dont il serait l’un des confidents, a circulé peu avant son accident suivi d’un voyage en France pour des soins.
Mais la question que l’on se pose, avec cette élection est de savoir pourquoi Ould Baya a été envoyé à l’Assemblée Nationale alors qu’il était, jusqu’ici, cité par les dauphins du locataire du palais brun. Peut-être parce que le pouvoir a besoin d’un homme de poigne et de confiance pour faire face aux assauts des députés de l’opposition ? Ould Baya est rompu en la matière lui qui a fait ses preuves avec les partenaires de l’UE, pour les accords de pêches avec la Mauritanie. Mais, pour certains observateurs et quelques cadres de l’UPR, l’élection d’Ould Baya entrerait dans les calculs du président Aziz qui voudrait faire de lui un intérimaire fidèle, en cas de démission ou de vacances du pouvoir. Le dauphin que celui-ci aura choisi n’aurait pas beaucoup de soucis à se faire lors de la prochaine présidentielle. Enfin, est-ce à dire que le boulevard est désormais grand ouvert pour l’autre dauphin probable, à savoir le général Ghazwani qui s’apprête dit-on, à faire valoir ses droits à la retraite de l’armée?
Mais côté jardin, l’élection d’Ould Baya à la tête de l’Assemblée Nationale vient remettre en cause un certain « équilibre » établi depuis quelques années. Jusqu’ici, la Chambre basse du Parlement était comme réservée à un Hartani. Et le Sénat, avant sa dissolution, en août dernier, octroyé, quant à lui, aux négro-africains. Chacun y trouvait son compte. Ce modus vivendi vient de sauter avec l’arrivée d’Ould Baya au perchoir. Depuis cette élection, des supputations vont bon train. Certains croient dur comme fer que le prochain premier ministre sera un black. Un Hartani, dit-on. Une nouvelle donne dans la représentativité des composantes du pays? On attend donc la suite du feuilleton dont le prochain acte sera la constitution d’un nouveau gouvernement. Les manœuvres seraient déjà en cours.
le calame