Daily Archives: 04/10/2017
Edito Le Calame : Blanchissez, blanchisseurs !
Samedi 30 Septembre, le régime mauritanien n’allait pas être à la fête à Dakar. Ce jour-là, en effet, le président de l’ONG Sherpa (spécialisée dans la traque des biens mal acquis) comptait présenter, lors d’une conférence de presse organisée par le président d’IRA, Biram Ould Dah, le rapport de son organisation intitulé « La corruption en Mauritanie, un gigantesque système d’évaporation ».
Mais les autorités sénégalaises, qui gèrent leurs relations avec la Mauritanie avec une extrême prudence, n’ont pas voulu prendre le risque de froisser l’homme fort de Nouakchott dont les nerfs paraissent à fleur de peau, depuis sa dernière déconvenue sénatoriale. Elles ont préféré interdire la conférence de presse conjointe.
Une réaction surprenante de la part d’une démocratie et une décision regrettable venant d’un Etat qui a toujours été une terre d’accueil. Malgré cette interdiction (une mesure qui ne grandit pas ses auteurs), le rapport accablant de l’ONG a été, quand même, envoyé à la presse et son impact n’en a été que plus grand. Etabli en 2013, il a été mis à jour cette année, avec un seul constat :
« la situation n’a fait qu’empirer, les spoliations se sont accentuées, alors même que le pays traverse une période difficile, depuis la chute des prix des minerais de fer. Les ressources publiques continuent à être détournées par le clan au pouvoir ». Un constat qui résume, parfaitement, la situation que nous vivons depuis un bien triste 6 Août 2008 tuant, dans l’œuf, notre embryon de démocratie.
Depuis, c’est la prédation à grande échelle. Un clan a fait main basse sur le pays et ses ressources. Une situation extrêmement grave et aux conséquences imprévisibles que dénonce Sherpa. Bien documenté et chiffres à l’appui, le rapport de l’ONG revient, avec force détails, sur la mise à sac de l’Etat et de ses ressources. Il évoque, d’abord, la malédiction des ressources minérales dont les prix ont connu une flambée, entre 2010 et 2014, qui a si peu profité au pays, seulement à des chanceux « bien nés ».
Il dresse, ensuite, la liste des marchés de gré à gré conclus au profit des mêmes, sans aucun respect pour les procédures, comme l’aéroport international de Nouakchott, la centrale électrique duale (attribuée à la société Wartsila dont l’offre était pourtant la plus chère), des marchés « bien souvent conclus au mépris de l’intérêt général », note le rapport.
Et d’épingler, dans la foulée, le programme Emel 2012 qui coûta des milliards, pour un résultat plus qu’aléatoire, sommet, parmi tant d’autres, hélas, de la mauvaise gestion et du pillage des finances publiques, au grand dam des institutions financières internationales.
C’est donc un énorme pavé dans la mare que vient de lancer cette ONG. Il aurait pu être plus complet, si l’on y avait ajouté un petit paragraphe sur la justice. Ce bras vengeur du pouvoir exécutif a perdu toute crédibilité. Désormais utilisée pour fabriquer des dossiers de toutes pièces et régler des comptes, elle a perdu son indépendance et n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Sinon, comment expliquer qu’on puisse placer, sous contrôle judiciaire, douze sénateurs, quatre journalistes et deux syndicalistes, pour la simple allégation qu’ils furent aidés par un mécène ? Comment comprendre qu’à part les petits dealers, aucun gros bonnet du trafic de drogue ne croupit actuellement en prison ? Ils ont pourtant été arrêtés, parfois la main dans le sac.
Par quel miracle dix kilos de cocaïne, saisis récemment, se sont-ils transformés en ciment blanc ? Blanchissez, blanchisseurs, mais craignez qu’une fois pris, le ciment ne vous fixe à la merci du peuple qui vous demandera, tôt ou tard, des comptes…
Ahmed Ould Cheikh
Le président des FPC exprime la solidarité de son parti au directeur du Calame
Le président des forces patriotiques du changement (FPC), M. Samba Thiam a rendu, ce mardi 3 octobre, à 11 h, une visite de courtoisie au journal Le Calame.
Le but de ce déplacement, explique M. Thiam est de témoigner la solidarité de son parti à Ahmed Ould Cheikh, directeur du journal Le Calame, placé sous contrôle judiciaire dans le cadre du dossier «Bouamatou et consorts ».
Dans son mot à l’occasion, le président des FPC a salué le courage du Calame et a encouragé son patron et sa rédaction à maintenir sa ligne éditoriale qui force le respect et participe à l’édification de la démocratie, à travers la diffusion d’une information plurielle. Samba Thiam a assuré que Le Calame trouvera à ses côtés les FPC pour ce noble combat.
De son côté, le patron du Calame s’est réjoui de la présence, au siège du journal, et en plein bouclage, du président Samba Thiam à qui il exprimé toute sa reconnaissance pour son geste et ses encouragements. Droit dans ses bottes, Ahmed Ould Cheikh a indiqué que Le Calame, quelles que soient les entraves, ne déviera pas de la ligne qu’il s’est tracée depuis sa création en 1993.
Le Calame défendra une information plurielle, œuvrera pour une Mauritanie dans laquelle l’ensemble de ses fils cohabitent dans la paix, la sérénité et le respect mutuel, a-t-il martelé.
Rappelant les différentes mesures de suspension et d’interdiction du Calame sous le règne d’Ould Taya, Ould Cheikh a réitéré la très forte conviction de feu Habib Ould Mahfoudh fondateur du Calame, « les hommes passent, les institutions restent »
le calame