Daily Archives: 26/08/2017
L’éditorial de La Nouvelle Expression : Au pays d’un seul homme
La Nouvelle Expression – La Mauritanie, un pays et un homme : Mohamed Abdelaziz. C’est une manifestation radicale d’une réalité amère : Mohamed Abdelaziz est le seul homme valable en Mauritanie.
On attribuait à Ould Boylil (actuel président de l’Assemblée nationale), à l’époque gouverneur d’une région (Adrar ou Assaba) des propos suivants : « Dans cette région, il y a deux hommes : le « Glader » (bulldozer) et moi ». C’était, dit-on, un puissant gouverneur de l’époque Maaouiya. Ce dictateur (Ould Taya) laissait des prérogatives à ses ministres, gouverneurs et autres.
C’est une époque qui a comme prolongement notre ère, engendrant un autre super puissant à l’échelle nationale où Ould Boylil lui-même, lui fait la courbette. Aujourd’hui, il (Abdel Aziz) est au début et à la fin de ce qui bouge ou fait bouger en Mauritanie. Le patron de toutes les affaires.
Il est le Président, l’homme tout puissant qui décide de tout et fait tout en Mauritanie. Il fait ce qu’il veut où il le veut, quand il le veut, comme il le veut et surtout comment il le veut et à qui il veut. Et les autres s’exécutent, l’échine courbée et en applaudissant. Ils ne sont ni autorisés à penser ou à agir mais à réagir quand il veut et contre qui il veut.
Comme l’autre qui était Président dans un pays lointain mais culturellement très proche de nous et qui disait : «Faites ce que je vous demande de faire, ne faites pas ce je fais et surtout ne dites-pas ce que je fais ». Et pour le maître de Nouakchott avec ses troubadours du jour, le chemin semble être tracé. Un chemin grandement balisé, comme pour un lion dans un enclos de petits ruminants. La Mauritanie est à sa merci. Il personnifie les procédés de l’Etat. Il voulait d’un référendum pour en finir avec le sénat. Il l’a fait contre vents et marées en bottant en touche le droit et les règles les plus élémentaires de bon usage de la démocratie.
Il arrête qui il veut. Il fait exiler qui il veut. Et, même très impopulaire, le tout puissant Président déroule son agenda en réécrivant le l’histoire du pays comme il l’avait déclaré au Tagant. Pour notre super Président, comme disait le camp de Gbagbo, « Il ya rien en face ».
Le Président Mohamed Abdel Aziz agi et fait réagir. Les réactions du pôle opposé à son régime le stimulent dans son élan de fonceur vers cet objectif qu’il s’est fixé. Un objectif qui semble être clair pour tout le monde. Et personne ne peut l’arrêter mais surtout il n’y a personne pour l’arrêter.
Le tout puissant Président est fort et il est surtout très craint. Il fait trembler les autres hommes qui, pense-t-on, seraient capables de lui dire STOP. L’impopularité et les anomalies qui ont émaillé son référendum ne semblent avoir aucun impact sur la philosophie de l’homme. Le puissant Président va certainement proposer d’autres amendements constitutionnels. Qui peut l’arrêter ? Personne.
Et on votera OUI après une campagne électorale « bien menée ». Pour exécuter la volonté du Président, « on » ne tergiverse pas. C’est lui qui peut ordonner d’arrêter un sénateur ; et à la justice de trouver les charges pour l’inculper. Il ordonne de tabasser les opposants car pour lui ils n’existent que sur les réseaux sociaux. Le puissant Président ne peut être contredit car il a toujours raison.
Mais, seulement, le danger, aujourd’hui pour l’homme fort de Nouakchott, c’est qu’il croit vraiment qu’il est fort. Il croit à sa puissance, fort de sa force visible mais surtout « invisible »…
Quand on s’efforce à ignorer la réalité vis-à-vis de son peuple, on appelle cela du mépris. Si on refuse de voir ou de comprendre que les soutiens du moment sont les pires laudateurs que la Mauritanie ait connus, on risque de vivre l’effet d’un caillou jeté dans un arbre envahi par des oiseaux.
C’est le destin de tous les super-Présidents.
Camara Seydi Moussa
cridem
Collectif des avocats du sénateur Ould Ghadda : Communiqué
Collectif des avocats de Ghadda – Les membres du collectif d’ avocats commis par la famille de Monsieur Mohamed Ould Ghadda pour assurer sa défense [[ le Collectif] ont eu aujourd’hui un entretien avec Monsieur le Procureur de la République prés le tribunal de la Wilaya de Nouakchott – Ouest pour examiner avec lui le déroulement de l’instruction préliminaire entreprise dans le cadre de cette procédure.
A cette occasion, le Collectif a rappelé à Monsieur le Procureur de la République l’impératif devoir, dans un état de droit, d’observer scrupuleusement les lois et conventions internationales garantissant et protégeant les libertés.
Les Avocats ont, en particulier, rappelé que Monsieur Mohamed Ould Ghadda est en état d’arrestation depuis le 10/8/2017 et que le délai légal de sa garde à vue a largement expiré sans qu’il ne soit ni libéré, ni qu’il ne comparaisse devant un juge comme l’impose la loi ; ils ont invité Monsieur le Procureur de la République à faire cesser cette situation liberticide.
Ils ont aussi demandé que leur client puisse jouir de l’ensemble de ses droits et notamment du droit de visite de ses avocats et ses proches que consacrent clairement le droit mauritanien et les conventions internationales auxquelles la Mauritanie a adhéré.
En réponse, Monsieur le Procureur de la République a déclaré souscrire totalement aux principes et règles rappelés par les membres du Collectif mais par rapport aux deux questions ponctuellement posées par les avocats, ses réponses sont restées particulièrement évasives.
Le Collectif dénonce la disparition forcée dont a été victime le sénateur Ghadda, perpétrée en violation non seulement de l’immunité que consacre en son article 50 la Constitution en faveur des membres du Parlement mais aussi en violation des règles de procédures applicables à tout citoyen.
Il constate avec consternation que le Sénateur est soumis à un interrogatoire roulant de la Gendarmerie aux différents services de police, et que sa garde à vue -ou ce qui en tient lieu-, se prolonge indéfiniment.
Par ailleurs, les membres du Collectif déplorent que le Mécanisme National de Prévention de la Torture ait pu publier, à l’issue de sa visite tardive, un communiqué faisant part de sa satisfaction des conditions de détention de notre client sans recueillir au préalable l’avis de sa défense et en occultant manifestement les circonstances pénibles dans lesquelles se sont déroulés ces interrogations et notamment sa privation de sommeil.
Le Collectif invite les autorités politiques et judiciaires ayant engagé les poursuites pénales contre Monsieur Mohamed Ould Ghadda à faire cesser les violations de la loi et les entorses graves au droit de la défense en procédant à l’élargissement immédiat de notre client.
Le Collectif ose espérer qu’il sera mis fin à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques partisanes dans ce dossier. L’image de marque de notre pays gagnera sans nul doute au respect de sa constitution, de ses lois et des nombreux instruments internationaux auxquels il a adhéré.
Le Collectif
Nouakchott, le 25 Août
cridem
Mauritanie, les journalistes dénoncent les atteintes aux libertés
Le jeudi 25 août 2017, la Direction de Répression des Crimes économiques a convoqué les journalistes Moussa Samba Sy (Le Quotidien de Nouakchott), Jedna Deida (Site Mauriweb), Babacar Baye N’Diaye et Mme Rella Bâ (Site Cridem).
Elle s’est aussi rendue au siège du Calame pour la convocation du directeur du journal Ahmed Ould Cheikh, en voyage à l’étranger.
Ingérences dans les médias
Interpellés individuellement, chacun des journalistes a eu à répondre sur le contenu de ses productions de presse, sa ligne éditoriale, ses sources de financement.
Face à cette situation gravissime qui porte atteinte aux libertés et à la dignité des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, nous journalistes, dénonçons avec force le harcèlement des acteurs de presse, l’ingérence flagrante du pouvoir dans les affaires internes des médias, et partant, l’intrusion outrageuse de l’Autorité publique et la confiscation de la liberté de presse.
Après avoir divisé la corporation, mettant fin à ses sources de financement, tenté de décrédibiliser la presse privée, érigé la rétention de l’information en règle absolue, les Autorités publiques sortent aujourd’hui, l’arme de l’intimidation pour mettre sous-scellé l’indépendance du journaliste tant qu’il n’obéît pas aux désidératas du pouvoir.
De tels comportements viennent démontrer le recul des libertés individuelles et prouvent le manque de sincérité dans le discours officiel qui prétend défendre les idéaux de démocratie dans le pays.
Violations des libertés
Partant de ces manquements et faits de violation manifeste des libertés, nous signataires du présent communiqué,
– apportons sans réserve notre solidarité la plus agissante à nos confrères interpellés
– condamnons, avec force ces pratiques que l’on croyait révolues ;
– exigeons l’arrêt immédiat de l’interpellation arbitraire des médias du fait de leur ligne éditoriale ;
– rejetons toute velléité d’utiliser des événements politiques à des fins de règlements de comptes.
Par Nicolas Beau
le monde