Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 09/08/2017

L’Editorial du Calame | 53% d’honneur : à emporter ou à consommer sur place ?

altOuld Abdel Aziz a finalement (dés)organisé « son » referendum.

Après le coup de sabot lancé, aux amendements constitutionnels, par le Sénat, les renvoyant, sans autre forme de procès, à leur expéditeur, notre guide éclairé tenait à cette consultation populaire, pour « laver son honneur » terni par une bande de « corrompus », comme il se plaisait à appeler les honorables de la Chambre haute.

Malgré son caractère anticonstitutionnel (l’article 38 qui lui sert de base juridique ne peut être invoqué, s’il s’agit de toucher la loi fondamentale de notre République), son coût (on parle de six milliards) et la levée de boucliers qu’il a suscitée dans la rue, le referendum a été bâclé, samedi dernier 5 Août. Août ? Tiens, tiens…

Le choix n’est pas aussi fortuit que cela. Après les coups d’Etat du 6… Août 2008 et 3… Août 2005, contre des présidents, nous avons, désormais, celui du 5… Août 2017, contre le pays, sa Constitution et ses symboles.

Jamais deux sans trois. Dans une atmosphère de fraude sans précédent, qui rappelle, étrangement, les premiers balbutiements de notre « démocratie militaire », lorsque le bourrage des urnes était la règle d’une administration juge et partie. Elle a été, cette fois encore, mise à contribution, après avoir été reléguée aux oubliettes, lors des consultations précédentes.

Chaque hakem a, en effet, reçu la rondelette somme de 17 millions d’ouguiyas pour « organiser » le scrutin comme il se doit. Et ils ne se sont pas fait prier pour faire du « bon » boulot. C’étaient eux, en fait, les véritables directeurs de campagne. À tourner et retourner, sensibiliser sur la nécessité – que dis-je, l’obligation ! – d’un oui massif, à défaut d’être franc, promettre et menacer, même, ceux qui n’étaient pas « chauds ».

L’essentiel était d’obtenir le meilleur score possible. Il faut dire que l’absence des représentants de l’opposition, dans les bureaux de vote, leur a grandement facilité la tâche. On a vu des bureaux voter oui à 100% d’inscrits, des absents et des morts accomplir leur devoir civique, des votes multiples, voire multi-multiples, des enfants voter comme des grands et des votants plus nombreux que les inscrits. Parallèlement, on a vu des villes « mortes » et des bureaux de vote déserts.

Un hiatus énorme, entre les agglomérations urbaines – là où y a le plus de votants, où le degré d’éveil est important et dont les habitants ont dit non aux amendements – et certaines localités de l’intérieur où les notabilités ont encore leur mot à dire. Dès les premières heures de la matinée de samedi, on s’est rendu compte que le taux de participation, dans les grandes villes, serait, sinon catastrophique, du moins très bas.

Et la tendance ne s’est inversée à aucun moment de la journée. Si bien qu’à Nouakchott, on évoquait un taux qui ne pouvait guère dépasser les 10%. Grosse panique dans les rangs de la majorité. Mais où est donc passée la marée humaine qui accueillit Ould Abdel Aziz, lors de son « super méga-meeting » de clôture de la campagne ? N’étaient-ils là que parce qu’ils étaient obligés ? La ferveur du jeudi soir a rapidement cédé à l’abattement.

La fête organisée, à grands frais, au Palais des congrès, pour fêter la victoire, a fini en queue de poisson. Ould Abdel Aziz s’est retiré bien avant la fin du show, énervé, dit-on, par la faible mobilisation des électeurs et le rendement plus que médiocre de certains directeurs de campagne qui l’ont, aurait-il dit, « roulé dans la farine ». L’arroseur arrosé…

La balle était à présent dans le camp de la commission électorale. Allait-elle proclamer les résultats véritables, au risque de fâcher ? Ou prendre ses aises avec les chiffres, pour les rendre plus « présentables » ? Tout au long de la journée de dimanche, on évoquait de profondes divergences, entre ses membres dont plusieurs auraient refusé de tripatouiller les calculs. Il n’en était rien, puisqu’à 22 heures sonnantes, son président annonce un taux de participation de… 53%. Logique, s’il parlait du… Sénégal voisin qui vient d’organiser des élections législatives.

Mais, en Mauritanie, au seul vu du déroulement du scrutin et malgré la fraude, il est impossible que ce chiffre atteigne de telles proportions. Ah, vieillesse ennemie, se lamentera donc le plus propre des sept «metteurs en CENI » de cette triste mascarade, que n’ai-je donc vécu que pour cette infamie ? Le vieux peut en effet se lamenter. Entendez-vous glousser les rires, partout dans nos villes ? Hé, m’sieur l’président, vos 53% d’honneur, c’est pour emporter au Palais ou vous consommez sur place ?

Ahmed Ould Cheikh

le calame

FLAMNET- AGORA : Portait d’un grand combattant de la liberté

altkaawIl y a longtemps que ce projet me taraudait l’esprit, rendre hommage à ce camarade convaincu, cet ami fidèle et ce confident muet comme une tombe. Mais en réalité, je ne savais ni sous quel format, ni quand entamer cette tâche, encore moins par quel bout commencer, tellement l’Homme est multidimensionnel. Fallait-il écrire sa biographie? N’était-il pas très tôt de parler de quelqu’un qui n’était qu’au zénith de sa vie? Me disais-je parfois. Fallait-il  parler de l’Homme de culture? Du technocrate? (Vous avez bien lu technocrate) ou tout simplement du militant invétéré?

 

Mais assez d’excuses, lasse que je suis de voir des ” portraits” de ce grand combattant de la liberté qui, même mis  bout à bout ne capturent pas toute la dimension de l’homme. Au risque de l’indisposer, connaissant son humilité naturelle, sa modestie sincère et sa sobriété légendaire; j’ai décidé aujourd’hui de me jeter à l’eau, il aurait certainement préféré l’expression ” franchir le Rubicon” eu égard à son raffinement culturel.

 

Je vais vous raconter mon très cher ami Mouhamadou Touré dit Kaaw ou tout simplement Elimane Bilbassi comme il a fini par être connu dans le monde virtuel; Kaaw Tokossel pour la famille et les intimes. L’inamovible chargé de communication et porte-parole des FLAM et des FPC. Mais je préfère l’appeler par son sobriquet peu connu de N’GUZ.

J’ai connu Kaaw pendant les années de braises; lorsque nous étions tous deux très jeunes, mais ” il mangeait déjà avec les grands” tellement ” ses mains étaient propres”. Ceux qui l’ont côtoyé peu avant moi m’ont rapporté un militantisme précoce. Pouvait-il en être autrement pour cet enfant à quelques jets de pierres de la mythique

” Ceenal Bilbassi”?  Kaaw a commencé à militer dans les langes, j’allais dire dans le berceau mais ceux-ci sont inconnus dans sa contrée; Diowol Saaree Sebbee; car confronté comme tout enfant negro-mauritanien au racisme brut, presque normal de l’Etat. Mais n’étant pas un enfant comme les autres, il n’a pas passé longtemps à chercher la réponse. Il a vite compris, il fallait résister. C’est pourquoi il s’engagea très tôt dans la résistance culturelle, à travers la légendaire association ” Jaalo Wali”. Il était  loin de savoir en ce moment-là, que le régime lâche de Taya l’avait déjà dans la visée. 1986 publication du manifeste du négro-mauritanien opprimé, l´arrestation de tous les leaders de l´organisation. Manifestation et protestation à Nouakchott. Kaaw et quelques jeunes de Jowol organisèrent la première manifestation publique et ouverte contre le régime militaire de Taya à l´intérieur du pays. Le village des guerriers de Bilbassi fut encerclé et mis sous un état de siége, arrestation d´une cinquantaine de jeunes du village, Kaaw faisait partie du lot des détenus. De guerre lasse, les forces de sécurité finirent par le jeter en prison et il avait à peine ses 18 ans et qui faisait de lui le premier plus jeune prisonnier politique du colonel sanguinaire Ould Taya. Voulait-on les humilier ou les dompter? Mais c’était sans compter avec la témérité de ce descendant des seigneurs du Mandé.

 

La bienveillance de Dieu, la protection de ses ancêtres et les bénédictions de ses parents finirent par le faire traverser le fleuve en décembre 1987 et d´échapper à la chasse des hommes du redoutable tortionnaire, le commissaire Cheikh qui semait à l´époque la terreur dans la vallée. Il lui est reproché d´avoir initié et dirigé encore une fois avec quelques jeunes lycéens de Kaëdi une grève de protestation contre l´exécution des premiers martyrs de la cause négro-africaine, les jeunes officiers Ba Seydi, Sy Saidou et Sarr Amadou. Et c’est au pays de la Teranga qu’Elimane Bilbassi fourbit ses armes pour aller à l’assaut de l’Etat raciste mauritanien. 

Prêtez moi alors vos oreilles (vos yeux dans ce cas), je vais vous narrer dans mon style droit, (celui qu’il me connait bien) c’est à dire venant droit du Cœur, que la raison n’a pas encore enjolivé. Cette curieuse raison qui a toujours tendance à peser et à sous-peser toute parole contre les normes sociales quitte à en faire souffrir la vérité.
Assurément un seul jet ne suffirait pas à appréhender N’GUZ car sa vie est …toute une vie.

 

Kaaw Toure l’intellectuel:
Ce qui frappe de prime abord chez Kaaw est sa maitrise de la langue de Molière et sa très vaste culture littéraire. C’est de loin l’un des meilleurs de notre génération, celle des 88ards. Je peux même affirmer sans ambages que “c’est le meilleur parmi eux” comme dirait sa favorite tante Viviane Wade. En effet, dans le même texte, il peut convoquer la mythologie grecque, citer un auteur de la pléiade et décrire une fresque orientale.
Surprenant pour quelqu’un qui a connu l’école formelle dans la deuxième décennie après les indépendances ou tout foutait le camp en Mauritanie, au moment où la médiocrité et le desordre généralisé s’installait avec l’arabisation des premières années de l’enseignement fundamental.

Il n’était pas non plus bien loti au lycée Limamoulaye, qui était bien loin de l’excellence qu’il connait aujourd’hui, mais comme à son habitude, il a su tiré son épingle du jeu et passé son bac avec brio au-dessus de la mêlée.

C’est à la prestigieuse Ecole nationale d’Economie Appliquée (ENEA) qu’il a fait ses  humanités, ou il a côtoyé de nombreux cadres africains: des maliens, des béninois, nigériens, tchadiens, malgaches, camerounais, des comoriens… qui sont retournés occuper de hautes fonctions dans leurs pays ou dans des organisations internationales.

Que de ministres ou de directeurs que Kaaw connait, personnalités qui ont lui offert de nombreuses opportunités qu’il a toutes déclinées préférant continuer la lutte. “La lutte continue” qui ne lui connait pas ce slogan?

Il aurait pu être un Enarque, personne n’aurait rien à y redire car c’est un prodige. Ce littéraire reconverti est en réalité un ingénieur de formation, qui l’aurait cru. Ne vous y trompez guère, son éternel béret français ne cache pas seulement une grosse tète, mais une tête bien pleine, celle d’un planificateur doublé d’un démographe. Quel gâchis pour la Mauritanie!

Mon ami est un artiste accompli, je dirai presque complet. En effect, Kaaw est un chanteur, compositeur, poète, parolier, écrivain, dramaturge… Les seules formes d’art qu’il n’a pas taquiné sont le 7eme ou peut être les arts plastiques, encore que ça ne serait pas surprenant s’il s’y aventure de temps à autres, lui qui fréquentait la même gargote que Joe Ouakam.
N’GUZ est un polyglotte; il comprend l’arabe, s’exprime très bien dans la langue de Shakespeare, maitrise le suédois… Curieusement  la seule langue qui semble  lui échapper est celle de Kooc Barma, même Lobbatt Fall la parle mieux que lui.

Fin du premier jet

La lutte continue!

 

Abou Hamidou Sy – FPC Amérique du Nord