Daily Archives: 21/08/2017
L’editorial du calame: N’en jetez plus, la cour est pleine!
Le referendum, (anticonstitutionnel, il faut le souligner) auquel notre guide éclairé tenait tant, pour tenter de se débarrasser d’un Sénat qui risquait de contrecarrer ses (noirs) desseins, appartient désormais au passé. Mais à quel prix ? D’énormes moyens ont été déployés, des meetings organisés un peu partout, des ministres envoyés au charbon, un pays à l’arrêt pendant deux semaines, une administration territoriale au garde-à-vous, pour arriver à un taux de participation qui s’annonçait, avant gavage de divers « bons » offices et le douteux concours de la CENI, rachitique. Dans les grandes villes, la désaffection des bureaux de vote fut manifeste. Une victoire tant entachée d’irrégularités, que les vainqueurs ne l’ont que peu ou prou fêté. Triomphe bien modeste, pour une fois. Le communiqué sanctionnant le conseil des ministres suivant n’a pas lâché un seul mot sur la consultation. Contrairement aux usages, on n’a félicité ni la population, ni les organisateurs, ni les forces armées et de sécurité qui ont « permis le bon déroulement du scrutin ». Le Président, dit-on, serait fort mécontent de son gouvernement, de son parti, de son staff de campagne et de « ses » hommes d’affaires qui n’ont pas mis la main à la poche. Bref, l’atmosphère, au Palais gris, tourne, ces temps-ci, au délétère. Et, pour corser le tout, l’homme des mois d’Août n’a pas trouvé mieux que de kidnapper et jeter, encore une fois en prison, le sénateur Ould Ghadda, alors que celui-ci est encore couvert par son immunité parlementaire, le Conseil constitutionnel n’ayant toujours pas proclamé les résultats du référendum. Et même s’il le faisait, cela ne changera pas grand chose. Bien avant le referendum azizien, le pouvoir considérait que le Sénat n’existait plus. Ni le premier ministre, ni quatre membres de son gouvernement n’ont daigné répondre à ses convocations. Mais pour nombre de citoyens, pour l’opposition, pour les démocrates, le sénat restera toujours la chambre haute du parlement qui s’est levé un jour pour dire Non à la violation de la Constitution.
Dans sa guerre sans merci contre le pouvoir, Ould Ghadda vient de démonter, grâce au témoignage d’un sous-officier présent au moment des faits, la version officielle de la « balle amie » de Tweyla, et a promis de dévoiler les dessous de l’affaire Senoussi. Il est devenu plus que gênant. Tout comme certains opposants à qui le pouvoir s’apprêterait à intenter un procès au pénal.
Le climat serait-il donc au politico-policier ? Ministre de la justice et président de la Cour suprême, sous la supervision directe d’Aziz, sont sommés de nettoyer les boubous de l’Etat. Ils ont en effet du pain sur la planche : Ghanagate (où l’inamovible Coumba Bâ est empêtrée) ; rançon de Senoussi ; argent de Khadafi ; monnayage de positions diplomatiques (un jour avec l’Iran et le Soudan, un autre avec le Qatar, une nuit avec la Saoudie, une attaque en règle contre l’Europe) ; Polyhondong exonéré de taxes et de rapatriement de devises, pendant 25 ans ; 7 milliards de dollars de la SNIM 2010-14 partis en fumée ; minerais bradés ; écoles, stades et ancien aéroport vendus à des privés triés sur le volet ; ATTM et ENER croulant sous la mauvaise gestion ; dette du pays propulsée à plus de cinq milliards de dollars ; centrales électriques ; avions de la MAI ; l’usine de montage des avions qui n’a jamais vu le jour malgré le déblocage de sommes faramineuses ; terres du fleuve, droits de douanes compromis ; fausses quittances du Trésor ; marchés de gré à gré et cession monnayée d’une partie du territoire : les armoires du pouvoir sont emplies de cadavres… Et il n’est pas du tout certain qu’en s’en prenant à ceux qui n’en supportent plus l’odeur, on élimine celle-ci. Bien au contraire. Le peuple mauritanien s’est certes habitué, en quarante années de développement militarisé, à toutes sortes de pestilences. Mais les estomacs les plus rustiques finissent, tôt ou tard, par se révulser. N’en jetez plus, général, la cour est pleine…
Ahmed Ould Cheikh
le calame
Mauritanie : le MAEC, un appareil « d’exclusion » des diplomates noirs
Alakhbar – Le Ministère mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération est un appareil « d’exclusion » des diplomates noirs, est le sentiment d’un groupe de négro-mauritaniens qui se sont plaints auprès d’Alakhbar.
Dans un long document, les plaignants affirment que la dernière affectation de quatre (4) conseillers aux affaires étrangères et d’un attaché consulaire dans nos ambassades renvoie à la réalité de l’exclusion systématique des noirs au sein de la diplomatie mauritanienne.
Une seule Noire Sokhna Guèye (Pretoria) figure parmi les quatre. Les autres sont des Beidane Mohamed Mouftah Ahmed (Abuja), Cheikh Hadrami Othman (Mascate), Ahmed Abdallah (Bamako) et Abdarahmane Mohamed Lemine (Riyad).
A la tête de l’administration centrale du MAEC, on trouve un ministre et un secrétaire général maures, comme tous les conseillers du ministre et les chargés de mission. Il y a la présence d’un seul conseiller de l’ethnie peule dans le réseau des représentations diplomatiques de la République Islamique de Mauritanie.
Sur les 14 directions du MAEC, il n’y a qu’un seul directeur négro-africain, lequel occupe la direction des affaires juridiques et des traités. Sur les 15 directeurs-adjoints, il n’y a qu’un seul soninké et un seul harratin.
A l’étranger, sur les 48 représentations diplomatiques, il n’y a que 7 ambassadeurs négro-mauritaniens dont deux diplomates de carrière à savoir Bâ Abdarahmane (Nigéria) et Ngam Yahya (Japon). Ni Wagne Abdoulaye (Brésil), ni Ball Mohamed El Habib (Chine) ni Bâ Samba Mamadou (Soudan) encore moins Bâ Ousmane (ONU) ne sont des diplomates. On dénombre qu’un seul négro-mauritanien qui occupe le poste de consul de deuxième classe (en Guinée-Bissau). Hormis l’actuel ambassadeur des Nations-Unies à New York, il n’y a aucun fonctionnaire mauritanien noir affilié au ministère des affaires étrangères dans un poste de diplomatie multilatérale. Quelques éléments harratins, wolof, soninké, parsemés ça et là dans le réseau diplomatique mauritanien à l’étranger.
Par ailleurs, dans tout le réseau diplomatique, il n’y a que 7 négro-mauritaniens chefs de mission diplomatique. De toute l’histoire de la Mauritanie, seuls deux négro-mauritaniens, à savoir Sall Abdoul Aziz et Sow Abou Demba, ont occupé le poste de ministre des Affaires étrangères.
Entre 2011 et 2014, plus de 38 cadres afro-mauritaniens sortant de l’Ecole Nationale D’administration (ENA) ont fait leur entrée au MAEC. Aucun parmi eux, hormis 6 chefs de services nommés à l’administration centrale, n’occupe un poste à responsabilités, ni au ministère, ni à l’étranger, et ce bien qu’il y ait des compétences incontestables parmi ces cadres.
En 2011, une vingtaine d’attachés consulaires est sortie de l’ENA, dont une dizaine de francophones. Tous les attachés consulaires négro-mauritaniens de cette promotion sont installés dans des postes de chef de division depuis plus de 6 ans. Tandis que leurs collègues attachés consulaires maures occupent des postes de directeurs adjoints, chefs de service et conseillers dans les ambassades.
Il est pourtant facile de constater que la majorité des directions au MAEC privilégie le français dans le traitement des correspondances diplomatiques. Ces 38 cadres négros-mauritaniens ne sont-ils bien placés pour remplir les tâches de ces directions ?
Les autorités administratives du ministère ont opté absurdement pour une stratégie selon laquelle un maure arabisant ne sachant traiter un courrier en français occupe toujours un poste dont il n’assure pas le fonctionnement, au grand dam des cadres négro-mauritaniens laissés sur le carreau.
L’exemple le plus patent demeure le cas de l’actuel directeur-adjoint du département des affaires africaines, un attaché consulaire qui ne comprend pas un mot en français, la langue de transmissions diplomatico-administratives dans ce service. Il fait recours à des chefs de services négro-mauritaniens qui font le travail à sa place. Ce cas de figure se reproduit dans l’essentiel des directions du ministère, notamment au sein de la direction des affaires administratives et financières.
Par ailleurs, si la non-maitrise de la langue arabe a toujours été un prétexte pour écarter les négro-mauritaniens de l’appareil diplomatique mauritanien, actuellement le ministère dispose d’arabisants et autres maîtrisards en anglais parmi les cadres négro-mauritaniens. Signalons que parmi la vague des conseillers affectés dans les chancelleries en 2016, il y a une arabisante affectée à Tunis, dont l’incapacité à rédiger une phrase correcte en arabe est connue même par ses collègues de promotion.
Enfin, rappelons que le parachutage d’un mathématicien au poste de ministre des Affaires étrangères comme les nominations dans les grandes capitales européennes d’individus n’ayant rien à avoir avec les réalités de la diplomatie montrent bien l’amateurisme avec lequel la Mauritanie présente son image à ses partenaires étrangers. A cela, il faut ajouter l’exclusion arbitraire des diplomates compétents écartés pour des considérations raciales et ethniques.