Daily Archives: 13/05/2017
FLAMNET-AGORA: Dix ans déjà : Analyse psychique d’un général (deux fois) putschiste, chef d’Etat | Par le Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Tout ce qui façonne l’homme, sa force, sa dignité et sa gloire se retrouve dans la dialectique d’un « ego » (la représentation et la conscience que l’on a de soi-même) et d’un « alter ego » (Personne à qui l’on donne toute sa confiance).
Les comportements de chaque individu sont à l’image de ce qu’il veut être et de ce que les autres veulent qu’il soit. Lorsque ces personnes emportent toute la confiance alors l’ego tend vers l’alter ego. Lorsque cette confiance brusquement se rompt, alors l’ego se détache de son alter ego. La crise nait alors de cette rupture. Chez certains elle et passive (repliement sur soi) chez d’autres , elle est réactive (actes violents, physiques ou verbaux).
Depuis les dernières élections de 2007, qui ont conduit à l’élection d’un président de la République, toute la dynamique qui a secoué l’espace politique mauritanien s’explique par la dialectique entre l’ego d’un général et son alter ego, ce président, qu’il a soutenu et auquel il a fait confiance. Et dans cette relation, l’alter ego n’avait pas le choix des armes.
I- Le général bafoué : L’éviction de l’alter ego
Lorsqu’un militaire fait deux coups d’Etat successifs et qu’il monte en grade , l’on ne peut que se réduire à l’évidence : les coups d’Etat sont devenus pour lui un acte normal. Une forme de bonne gouvernance. Mieux, encore un acte hautement gratifiant.
Devenu général après le premier coup d’Etat, il devint chef d’Etat après le second. Il a pris le pli d’un acte qu’il ne juge même pas répréhensible, car le coup d’Etat est devenu dans la pratique politique mauritanienne, un usage au sens où l’entendraient les juristes: une pratique répétée qui entraine la conviction de son caractère obligatoire.
En effet on décompte plus d’une dizaine de coups d’Etat depuis 1978, et tous ceux qui les ont commis sont devenus des chefs d’Etat, des présidents de la République ou au moins député à l’Assemblée nationale. Le seul putschiste qui, avec ses compagnons, fut fusillé, est le colonel Kader, il eût moins de chance que les autres ou plutôt il vînt au mauvais moment, car d’autres ayant raté leurs coups sont aujourd’hui des élus du peuple.
Le général Ould Abdel Aziz, agit donc bien dans la droite ligne de ceux qui l’ont précédé et qui ont fait des coups d’Etat , les voies normales d’accès au pouvoir. Cette légalité dans laquelle il fut pris après l’élection du Président de la République en 2007, se devait de perpétuer son influence et non pas la contrarier. Il avait psychologiquement besoin de continuer à perpétuer une mainmise de l’armée dans le politique qui ne doit pas s’interrompre.
– Les espaces de liberté que le président renversé avait pris sonnaient pour lui comme le glas de sa secondarité. Secondarité qu’il ne pouvait pas admettre de celui qu’il a aidé à accéder au pouvoir et qui lui devait tout. Le personnage, le président, son « alter ego » qui devait refléter en tout et pour tout son propre vouloir, lui échappait. Alors le général bafoué, trahi dans ses espoirs de continuer à asseoir son influence à travers le vieil homme décida alors de le déstabiliser. Le « coup d’Etat » armé fut l’ultime recours après que le « coup d’Etat » légal ait échoué.
– En effet, le coup d’Etat légal fut celui qui allait à travers, tous les mécanismes partisans (fronde parlementaire) et les menaces institutionnelles ( enquêtes sur la fondation, haute cour de justice pour le président ) déstabiliser le président. Mais les efforts s’épuisèrent sans succès. Et ce qui fut certainement le drame psychologique du général, c’est que face à tous ces mécanismes, le Président de la République restait imperturbable. Le Président clamant que la fondation est « sans reproche », les frondeurs c’est des « trouble-fêtes ».
– Et cause donc perdue car le président n’allait pas dissoudre l’Assemblée nationale qui permettrait de renvoyer devant le peuple une majorité qui lui était favorable et recevoir en retour une autre majorité qui le renierait vue son impopularité que les militaires ne manqueraient pas d’amplifier en cas d’élections, le Président n’allait pas accepter non plus une enquête sur la Fondation et il n y aura donc aucun scandale qui l’éclabousserait, le Président confortait son premier ministre qui battait le ralliement de la majorité qui le soutenait…
Le général voyant le « coup d’Etat » légal piétiner, aurait pu patienter encore et d’avoir le Président par l’usure, les députés et les sénateurs de la fronde venaient , en effet, de déterrer l’argument de la Haute Cour de justice pour « juger » le Président. Mais peu habitué à l’argumentaire et bien porté sur une force à la quelle il s’est habitué, le général trouva alors dans le dernier décret du Président de la République, l’occasion inespérée de le renverser. En bon militaire et se considérant toujours l’égal du Président, il considéra que le décret le limogeant était une violence à son égard à laquelle il ne devait répondre que par la violence. Le naturel revenant comme on le sait au galop.
Psychologiquement, le Général est bien en conformité avec sa conscience. Il ne fait que perpétuer une pratique normale dans la passation des pouvoirs en Mauritanie: les coups d’Etat. Il ne fait, en bon militaire, que rendre coup pour coup ce que le Président lui a fait. En somme, il se devait de gagner au duel. Un duel commencé en Avril 2007.
Fort intéressante expérience de politique mauritanienne qui démontre comment se résout la dialectique de la force (militaire) et celle de la Démocratie (civile), lorsque la force qui a établi la démocratie se fait prendre au piège de la légalité.
II- Le général acclamé : le retour de l’ego
Il est fortement probable que le général ayant eu raison de son « alter ego », avait dans les premiers jours de son geste, l’intention de céder le pouvoir , de s’en éloigner ou tout au moins de revenir à une neutralité militaire. Hélas! C’était sans compter sur le pouvoir maléfique du microcosme politique courtisan mauritanien et sur l’hystérie populaire qui réduit souvent les dirigeants de bonne volonté en dieux de l’Olympe.
La caractéristique de la sphère politique mauritanienne est d’être absolument dénaturée par deux phénomènes qui ont un impact éminemment important sur le détenteur du pouvoir.
D’abord les cercles courtisans et laudateurs qui très vite réalisent une approche “déïficatrice” et sacralisante du détenteur du pouvoir et lui font croire de façon sournoise mais habile qu’il est le « nombril du monde ». Ces cercles qui ont acquis leurs lettres de « noblesse » sous les régimes précédents, ont développé leurs armes et les ont fourbies pour tirer le meilleur parti de celui qui prendrait légalement ou de force le pouvoir. De ce point de vue , ils ne font pas de distinction, ce qui compte pour eux ce n’est ni les intérêts de la nation ni ceux de l’Etat, c’est de se servir du pouvoir au mieux de leurs intérêts.
Ces cercles comprennent tous les éventails possibles : les intellectuels qui défendent , tout au long des colonnes de journaux ou d’ondes radio et télé, l’indéfendable et qui pertinemment, savent que leur mauvaise foi, à défaut de les tuer pourrait servir leur désir d’ascension auprès de celui qui les écoute; les chefs de tribus qui habitués au négoce de leur soutien au plus fort, à l’encontre des intérêts de leurs membres, se joignent aux laudateurs ; les groupuscules économiques en difficulté qui veulent profiter de la situation pour améliorer leur situation en attirant les faveurs ; les groupuscules sociaux, déçus ou rabroués durant l’ancien régime qui voudraient leur part du pouvoir etc.
En définitive, toute une mécanique laudatrice et courtisane qui rapidement prend d’assaut le pouvoir et qui finit par acquérir son oreille à son chant mielleux et trompeur. Le général doit certainement être en train d’entendre les fameux « Eddarjeu liman ? » et autres « monsieur le Président si vous ne vous présentez pas aux élections on vous attaquera devant la Cour internationale de justice pour non assistance à peuple en danger… » Etc. etc.
Une formidable machine de dénaturation de l’ego du détenteur du pouvoir, lui renvoyant une image qui très vite lui fait croire que la terre ne tournerait pas sans lui. N’a-t-on pas écrit que « les hommes politiques mesurent leur pouvoir au nombre des faveurs qu’on vient leur demander. »? (Maurice Druon, le pouvoir)
L’élément déterminant sur la psychologie du nouveau détenteur du pouvoir reste sans aucun doute l’acclamation populaire. En Mauritanie, comme pour tous les coups d’Etat, l’acclamation populaire du nouveau venu est une tradition. Un peuple qui applaudit à tout vent, pourvu que celui qui arrive lui promette de changer sa misérable situation.
Mais les effets d’une telle acclamation populaire sont dévastateurs sur l’ego de celui que l’on applaudit. Il finit par croire que c’est lui que le peuple soutien, alors que le peuple ne soutien qu’un espoir indépendamment du personnage. Si celui qui reçoit de telles acclamations sait que le peuple est descendu dans la rue pour soutenir tous les putschistes depuis 1978, il sortirait très vite de son leurre.
Il n’est pas erroné de dire qu’entre le moment ou il a fait son coup d’Etat et celui où ils est allé recevoir les acclamations de la foule, une translation psychologique c’est probablement réalisée chez le général Ould Abdel Aziz. Son « ego » lui dicterait alors qu’il a et qu’il est le pouvoir. « Le peuple est avec lui, il a besoin de lui ». Pourquoi ne resterait-il pas plus longtemps, sinon faire que le pouvoir, directement ou indirectement, ne lui échappe pas? Renvoyer les élections aux calendes grecques et perdurer davantage…
III – Le retour d’un ego amplifié par le pouvoir.
Ainsi, l’alter ego en berne et l’ego au vent, le général deux fois putschiste est pris entre sa conscience de militaire venu rétablir une situation qu’il a jugée déviationniste et un piège qui est en train de se refermer sur lui : la mauvaise conscience des autres.
Et il n’est nul besoin de dire que c’est moins la conscience de ce militaire qui entrainera le pays dans l’impasse que la mauvaise conscience de ceux qui le soutiennent.
Que les gens meurent, se suicident autour de lui….comme le référendum, un pis-aller.
– Un général sans alter ego, face à son ego…. désarmé.
Pr ELY Mustapha
cridem
FLAMNET-AGORA: ELY OULD MOHAMED VALL ECHAPPE A LA JUSTICE DES HOMMES
Depuis l’annonce de la mort d’Ely Ould Mohamed Vall, vendredi 5 mai 2017, nombre de journaux internationaux rivalisent d’ingéniosité sélective pour ne le présenter que comme un démocrate.
Tandis que Saleh Ould Hennena, porte – parole du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), faisant écho à cela, déclare ceci à l’AFP : « la disparition du président Ely Ould Mohamed Vall est une grande perte pour la Mauritanie et pour l’opposition démocratique » (Le Monde du 09/05/2017). Il est vrai que ces dernières années le défunt, convaincu d’être l’alternative à son cousin président Mohamed Ould Abdel Aziz, a mené une grande campagne de lobbying auprès d’hommes politiques puissants, de fondations, d’organisations influentes en France et au Sénégal via deux chaines de télévision dans ce dernier pays cité. Cette stratégie de communication a fini par payer. Si Ely Ould Mohamed Vall a le droit de polir son image, il nous revient en tant que citoyens mauritaniens d’interroger tout l’héritage de l’homme qui fut directeur de la sûreté nationale (1986 – 2005) puis président de la République (2005 – 2007).
De sa fonction de directeur général de la sûreté nationale, chacun a en mémoire le génocide perpétré contre une partie de la communauté noire, durant trois longues années (1989-1992). Son nom figure en bonne place sur toutes les listes des bourreaux. Comme tous les grands criminels en liberté qui ont eu une ambition politique, Ely Ould Mohamed Vall a voulu se donner une virginité à travers sa communication en se contentant simplement de nier sa responsabilité pourtant directe et évidente en rapport avec sa fonction de patron de la sureté nationale pendant cette période et même avant. Début octobre 1986 il s’était distingué à notre endroit en nous qualifiant déjà de terroristes, dans son discours radio télévisé, aux allures haineuses et guerrières, en ces termes : « les terroristes en Mauritanie seront poursuivis et arrêtés,…. nous allons les prendre et les châtier avec la plus grande sévérité ».
Ce fut sa réponse autorisée à nos manifestations spontanées et à nos actions clandestines (distributions de nuit de tracts, inscription de graffitis sur des murs et saccages de voitures officielles à Nouakchott) en faveur de nos camarades arrêtés, accusés d’avoir porté atteinte à la sureté de l’Etat pour avoir rédigé et distribué « Le Manifeste du Négro mauritanien opprimé ». Il demanda et mit en conséquence à nos trousses tout l’arsenal répressif (police, armée, gendarmerie et garde nationale). S’installa alors une répression aveugle et disproportionnée contre nos proches, qui deviendra très vite massive et durable avec les conséquences que l’on connait : l’exil forcé pour beaucoup, les mises à mort à petit feu pour certains de nos camarades emprisonnés à Oualata.
Dans la Mauritanie de la deuxième moitié des années quatre – vingt où la dictature militaire était des plus féroces, l’on peine à croire que ce qui se faisait comme exactions (déportations de plusieurs dizaines de milliers de personnes au Sénégal et au Mali, exécutions extra judiciaires, emprisonnements arbitraires, viols collectifs…) n’avaient pas l’assentiment du directeur général de la sûreté de l’Etat. Tout porte à croire que les listes de personnes persécutées étaient sinon dressées à sa demande, du moins validées avec sa bénédiction tant il avait avec Djibril Ould Abdallah alias Gabriel Cimper (ministre de l’intérieur) la haute main sur la police et la police politique qui ont exécuté, fait disparaitre nombre de personnes dans les villes et villages du Sud au vu et au su de tout le monde : ces disparitions ont été maintes fois dénoncées par plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’homme dont Amnesty International.
Comme chef de la junte militaire qui a mis fin le 3 août 2005 au régime de l’autre colonel qui fut son mentor, Maawiya Ould Sid Ahmed Taya, il pesa de tout son poids pour que la question des déportés ne puisse être posée et discutée durant la transition (2005 – 2007) en même temps que tous les points inscrits à l’agenda des journées de concertation nationale. En déplacement à Rosso, il aurait traité les déportés et des militaires noirs, rescapés des exactions venus demander justice et réparation, d’aventuriers. Des propos qu’il nuancera à peine un peu plus tard à l’occasion d’une visite au Sénégal par la négation de l’existence de déportés mauritaniens dans ce pays. Leu retour fut finalement légué au président civil démocratiquement élu le 25 mars 2007, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui sera renversé le 6 août 2008 par la même junte militaire, cette fois avec un seul chef : son désormais rival et cousin germain Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ely Ould Mohamed Vall est donc parti sans être entendu, ni demander pardon aux familles des victimes, alors même que son innocence n’est pas prouvée. Il a toujours nié jusqu’il y a peu l’évidence, sans jamais faiblir. Il est toutefois une Justice à laquelle il ne pourra échapper, celle du Créateur, l’Unique, le Justicier. De là où il nous a précédés, il devra répondre comme chacun d’entre nous à son tour, de ses actes d’ici bas, ordonnés ou accomplis depuis les responsabilités qu’il a occupées, notamment comme détenteur du pouvoir.
En sera-t-il de même pour Maawiya Ould S’d’Ahmed Taya? En sera-t-il de même pour tous les autres génocidaires en vie et en liberté. Certains sont toujours dans les cercles restreints du pouvoir. Conscients de leur responsabilité certainement directe dans les forfaits commis, ces bourreaux font tout pour retarder ou empêcher la manifestation de la vérité. Mais jusqu’à quand ? Maawiya Ould Sid’ Ahmed Taya a fait voter une loi d’Amnistie de ses crimes de génocide, adoptée en 1993 par une assemblée et des députés à ses ordres. La tentation de tracer un trait sur les faits était déjà là. Le temps ne doit pas avoir de prise sur notre détermination et notre volonté à œuvrer, pendant qu’il est encore temps, pour la requalification de l’insultante appellation « passif humanitaire » en génocide. Des vagues réclamant la fin des injustices et leurs réparations déferlent partout en Mauritanie, les autorités devraient savoir qu’ « on n’arrête pas la mer avec ses bras ». Cette formule populaire d’un pays voisin illustre bien l’impérieuse nécessite de construire une autre Mauritanie.
Ciré Ba et Boubacar Diagana – Paris, le 13 mai 2017
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Les sénateurs dénoncent le traitement réservé au sénateur O. Gadda après un accident mortel sur la route de Rosso
Des sénateurs ont dénoncé vendredi l’arrestation du sénateur Mohamed O. Gadda et sa mise en cellule individuelle, après un accident sur la route de Rosso, qui avait coûté la vie à une femme et un enfant.
Dans une conférence de presse, les sénateurs ont dénoncé le traitement infligé au parlementaire, dont le véhicule avait été fouillé, ses téléphones confisqués avant d’être détenu dans un lieu secret, sans aucun respect pour son statut de parlementaire qui lui confère une immunité.
Six sénateurs ont été dépêchés à Rosso auprès des autorités pour suivre l’affaire.
Ils ont adressé leurs condoléances à la famille des victimes, mortes alors que le sénateur tentait d’éviter un troupeau de camelins qui traversait la route, perdant le contrôle de son véhicule qui est allé percuter une baraque à plus de 10 mètres de la voie.
Les sénateurs, au nombre de 16, ont imputé les causes de l’accident à la divagation des animaux sur les axes routiers et la détérioration des routes.
Ils ont ensuite attiré l’attention des autorités sur la nécessité de traiter le sénateur avec les égards qui lui sont dus.
saharamedias