Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 24/05/2017

Côte d’Ivoire : mutins pyromanes et argent roi

Dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 décembre 1999, un petit groupe de soldats, dont certains ont le visage grimé ou dissimulé par une cagoule, s’empare sans coup férir de la poudrière du camp d’Akouédo, sur la route de Bingerville, à l’est d’Abidjan.

À la tête du commando, les sergents-chefs Souleymane Diomandé et Boka Yapi, épaulés par les caporaux Issa Touré, Neman Gnepa, Oumar Diarra Souba et Yves Gnanago. Pas vraiment le gratin de l’état-major… Les auteurs de cette opération spectaculaire entendent obtenir le paiement d’arriérés de soldes et de primes et, au-delà, l’amélioration de la situation des hommes du rang. Vers midi, plusieurs dizaines de mutins sèment la panique dans les rues de la capitale économique, tirant en l’air et réquisitionnant véhicules particuliers, taxis ou gbakas, ces petits bus de transport collectif. Tout le monde connaît la suite : la chute du président Bédié au profit d’une junte dirigée par le général Robert Gueï.

 

Mais comparaison n’est pas raison : Alassane Ouattara n’a rien à voir avec un Sphinx de Daoukro incapable de comprendre qu’il n’était pas de taille à jouer les Houphouët ni, a fortiori, de prendre la mesure de sa fonction comme de la situation. Bien sûr, la Côte d’Ivoire de l’époque n’était pas celle d’aujourd’hui, en particulier sur le plan politique. Il n’empêche : il faut se souvenir de décembre 1999. Il n’est jamais bon, ici comme ailleurs en Afrique – nombre d’ex-chefs d’État peuvent en témoigner –, de laisser des mutins, pour la plupart sans éducation, jouer les pyromanes, menacer l’autorité de leurs supérieurs et du gouvernement, et se convaincre, comme un acquis pavlovien, que tirer en l’air et prendre en otage les populations aboutirait nécessairement à la satisfaction de leurs desiderata.

Les leçons de cette nouvelle crise – rappelons que des événements similaires se sont déroulés en novembre 2014, puis en janvier et en février 2017, ce qui est proprement effarant – sont nombreuses. Alassane Ouattara ne pourra faire l’économie d’une vaste revue de ses « troupes ». Comment cela a-t-il pu se produire sans que personne – à la tête de l’armée comme au sein du gouvernement ou des services de renseignements – n’ait rien vu venir ? Comment peut-on passer d’une cérémonie en grande pompe et en sa présence, le 11 mai, au cours de laquelle un sergent, prétendument porte-parole des militaires, annonce que « tous les soldats renoncent définitivement à leurs revendications d’ordre financier », aux jours de panique qui ont suivi ? Qu’attend le gouvernement pour accélérer la mise en œuvre de cette fameuse et ambitieuse loi de programmation destinée à refonder une armée « mexicaine » à deux vitesses et sans colonne vertébrale, composée de trop nombreux gradés, de corps d’élite qui travaillent dans les meilleures conditions, mais aussi de bidasses sans formation ni moyens, et d’hommes qui se sont fait la guerre, en 2011, et en conservent un profond ressentiment ?

Autre leçon, et autre défi, majeur à nos yeux : la lutte contre le culte de l’argent roi et… mal gagné. Cela ne date pas de l’arrivée au pouvoir d’ADO (il faut se souvenir de la période Gbagbo, entre autres…) et cela ne concerne pas que cette terre d’Éburnie qui aspire aujourd’hui à l’émergence, à la modernité et qui s’apprête, dans quelques semaines, à aller lever des fonds sur les marchés financiers. Mais tout de même : ici, des policiers continuent d’extorquer quelques centaines de francs CFA à de modestes travailleurs, parce qu’« ils ont soif ». Ici, des médecins peuvent vous laisser passer de vie à trépas à l’hôpital, parce que vous n’avez pas les moyens de leurs petites ambitions personnelles. Ici, un fonctionnaire, mais aussi un juge, un homme politique, un religieux, un commerçant ou un journaliste sont prêts à toutes les compromissions pour mettre du beurre dans leur attiéké. Ici, enfin, l’argent circule, comme on dit, surtout chez les « grands quelqu’un », le plus souvent dans le giron du pouvoir en place, quel qu’il soit, parfois à une vitesse ahurissante. Villas cossues, véhicules de luxe, grands crus, cigares cubains se multiplient comme des petits pains. Des fortunes se créent en un tournemain. Trop vite au goût de nombre d’Ivoiriens. Cercle vicieux : beaucoup finissent par se demander « pourquoi pas moi ? ». À commencer par de jeunes soudards pour qui 7 millions de F CFA représentent la promesse d’une vie meilleure. Sans travailler…

jeune afrique

L’Editorial du Calame : Au sens plein et entier de la démocratie…

L'Editorial du Calame : Au sens plein et entier de la démocratie…Vendredi 12 Mai dernier, alors qu’il roulait, sur la route de Rosso, vers Nouakchott, Mohamed ould Ghadde, le sénateur frondeur est victime d’un accident de la route. Voulant éviter un chameau en divagation, il perd le contrôle de son véhicule et quitte la route. Voyant la voiture foncer sur eux, les habitants d’une baraque au bord de la route s’éparpillent aux quatre vents. Une femme et son bébé sont fauchés et décèdent. Une autre est grièvement blessée. Alertée, la gendarmerie se présente rapidement sur les lieux. Elle entame la procédure habituelle en pareilles circonstances. Mais au bout de quelques minutes, la nouvelle remonte en haut lieu et, soudain, changement complet de décor : la voiture du sénateur est fouillée de fond en comble, ses téléphones confisqués et il est mis aux arrêts, malgré son immunité parlementaire qui devrait, dans un Etat normalement constitué, le prémunir d’une arrestation intempestive. Commence alors une longue série de vexations pour faire payer, au sénateur, son « insolence ». Le voilà mis au secret et privé de visite. Même son avocat, accouru de Nouakchott, est empêché de le voir, pendant trois jours. La presse aux ordres est mise à contribution, pour distiller des informations tout aussi erronées les unes que les autres : la voiture n’aurait pas de police d’assurance en cours de validité, le sénateur a été arrêté en flagrant délit, ce qui lève, de fait, son immunité, fait-on ainsi savoir. Renseignements pris, il n’en est strictement rien. Sinon, l’occasion, rêvée, de faire payer, à ce bouillant sénateur, son opposition, non seulement, aux amendements constitutionnels mais, aussi, à toutes les dérives du pouvoir actuel qu’il ne cesse de fustiger.

Après trois jours de garde à vue, Ould Ghadde est présenté à un juge et son dossier programmé pour une sentence expéditive. Le Sénat monte alors au créneau. Ses pairs, qui ne se sentent désormais plus en sécurité, décident d’activer l’article 50 de la Constitution stipulant que « la détention ou la poursuite d’un membre du Parlement est suspendue, si l’assemblée dont il fait partie le requiert ». Une injonction en bonne et due forme, adressée au Parquet et, au-delà, au ministre de la Justice et à tout l’exécutif dont le chef n’appréciera que modérément cette nouvelle fronde du Sénat. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la justice n’a, cependant, plus d’autre choix que de libérer le sénateur.

Au-delà de cet épisode malheureux,  voilà que toute personne ayant exprimé un avis divergent ou manifesté son opposition au pouvoir se retrouve en sursis. A la moindre incartade, c’est à la case prison qu’on est illico envoyé. Mais ne baissons pas, pour autant, les bras ! Qui ne dénonce pas une injustice en devient le complice. En cette occurrence, la presse, ce « quatrième pouvoir », a une responsabilité énorme. Tout comme la société civile. L’une et l’autre doivent, elles aussi, monter aux créneaux. Citoyens, dénoncez les agissements illégaux du pouvoir, indexez, par la publication de leur nom et photo, les fonctionnaires qui se prêtent à son jeu : agents des impôts, juges, policiers, gendarmes, tous ceux, gradés, troufions ou dégradés, qui tendent leurs mains pour exécuter un quelconque acte illégal… Intimidez-les ! Mettez-les devant leurs responsabilités : un policier qui m’arrête, me retire mon téléphone ou commet tout autre acte que je juge dégradant, illégal ou anti-civique, c’est lui nommément qu’il me faut dénoncer, avec sa photo, nom et corps d’origine (police, gendarmerie, justice, etc.). Qu’on se le répète, citoyens, dans les khaîmas et les cases ! C’est, à chacun, au quotidien, à chaque instant, de vivre et faire vivre le pouvoir du peuple, c’est-à-dire la démocratie, au sens plein et entier du terme.

Ahmed Ould Cheikh

Ould Hademine : « le pouvoir actuel ne quittera pas en 2019 »

altComme attendu, le premier ministre est arrivé mardi soir 23 mai 2017 à Tintane où des sources concordantes rapportent que les populations lui ont réservé un accueil populaire. Il y a juste deux à trois heures, le PM a présidé un meeting au cours duquel il a rappelé l’importance des amendements constitutionnels et exhorté les citoyens à voter en leur faveur par un oui massif lors du prochain référendum. Le PM a crée le buzz en annonçant sans détour que les autorités actuelles ne quitteront pas le pouvoir en 2019. Une information qui vient accréditer la thèse de ceux qui ont toujours soutenu que le président Mohamed Ould Abdel Aziz est résolument déterminé à briguer un troisième mandat. Pour cela, il est évident que des manœuvres sont nécessaires pour démanteler les verrous constitutionnels qui lui interdisent cette possibilité. Aussi, avec cette nouvelle révélation, cette histoire d’amendements constitutionnels ne serait alors que le début d’une longue aventure dont personne ne sait où va-t-elle mener un pays déjà très dangereusement affecté par de nombreux problèmes de tous ordres : politique, économique et social.

Le calame