Daily Archives: 21/10/2016
LY DJIBRIL HAMET: UN HOMME ENGAGÉ: “La Mauritanie est assise sur une poudrière!
La Mauritanie est assise sur une poudrière! J’écris pour dire non à cela. Pour dire qu’il faut changer. Pour le bonheur de t…ous! Ce qu’on l’on appelle pudiquement passif humanitaire en Mauritanie et qui est une somme de crimes et diverses forfaitures, un racisme d’Etat, vicie et gangrène la vie du pays. Nombre de militants des droits humains réclament avec insistance, des journées nationales d’échanges réels et profonds sur les années de braise afin de dégager la vérité et de réconcilier le peuple mauritanien avec lui-même.
En 1986, des camarades et moi-même, avons rédigé un manifeste qui dénonçait les maux évoqués plus haut et proposait des solutions concertées. Pour cela j’ai connu 4 ans de prison dont la partie la plus dure était le bagne d’Oualata. Avec mes camarades. Nous avons souffert dans notre chair. Quatre d’entre nous y sont définitivement restés dont une de nos meilleures plumes, un ancien ministre et deux officiers.
En 1987, à l’issue d’une parodie de procès, des militaires noirs accusés d’avoir voulu tenter de prendre le pouvoir par la force, sont sévèrement condamnés. Trois d’entre eux ont été passés rapidement par les armes, contre toute logique et à la désapprobation totale de tous les défenseurs de droits humains.
Mais le pire était à venir: 1989-1991. Des massacres aveugles, des viols, des expropriations, des spoliations des terres, des expulsions de leur patrie de milliers de citoyens qui avaient commis, pour seul crime, d’appartenir à la mauvaise communauté rétive et frondeuse. Une communauté qui a osé élever le ton, dire non. Des arrestations, des exécutions sommaires, extrajudiciaires. Un nettoyage ethnique méthodique. Des fosses communes dont les occupants réclament encore de nos jours des sépultures dignes afin que les veuves et orphelins puissent faire leur deuil.
Les victimes et tous ceux qui luttent à leurs côtés, réclament que toute la lumière soit faite. Que les coupables soient identifiés, traduits en justice et que soient rétablis dans leurs droits les victimes et/ou les rescapés et les ayants-droit.
Au lieu de cela, le régime sous lequel ces forfaits ont été commis à fait voter par le parlement une loi d’amnistie. Une loi d’autoamnistie! Et tous les régimes qui se succèdent depuis sont restés silencieux sur la question.
Il y a certes eu des journées de concertation. Sans suite. D’autres saupoudrages également, fortement médiatisés. Pour exorciser, dirait-on. Certes aussi, des réfugiés au Sénégal et au Mali sont revenus au pays, mais ne sont jamais rentrés dans leurs droits, n’ont même pas eu droit à des actes d’état civil, ont été misérablement cantonnés dans des sites, en véritables apatrides, dans leur propre patrie. Une diaspora qui ne dit pas son nom.
L’Etat mauritanien se doit de s’inscrire dans une logique de justice transitionnelle.
Ce sont là des priorités que devrait se fixer tout régime clairvoyant”.
Ly Djibril Hamet (Lors des Rencontres Euromaghrébines de littérature, 2e édition, Tunis, du 27 au 29 novembre 2014)
FLAMNET-RETRO : Interpellation des intellectuels arabo-berbères : par SAMBA THIAM
‘’ Un pays est d’abord fondé sur une volonté des diverses parties de coexister , de vivre ensemble dans la paix. Sans ce choix et cette volonté c’est une partie perdue ‘’.
‘’… Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable qui , surtout , n’est pas tenable ‘’.
On croirait lire le cas mauritanien … Et pourtant il n’en ait rien !
Il s’agit en fait du cas malien , traité par un mauritanien bien particulier : l’éminence grise du Président ould Abdel Aziz , selon certaines sources , en l’occurrence Yehdih ould Bredeleil qui , à travers un article intitulé ‘’ l’Azawad’’, prend nettement, résolument et légitiment position pour les Touaregs opprimés du Mali …en abstraction totale cependant de sa Mauritanie !
Le plus curieux c’est qu’il ne vient , à aucun instant , à l’esprit de Yehdih que sa description de principe s’appliquait aussi et rigoureusement au cas mauritanien , à travers la difficile coexistence actuelle ! Manifestement il n’a pu se déprendre de ces solidarités grégaires qui souvent nous retiennent ; prisonnier d’une vision partisane et du prisme déformant de la solidarité mécanique, il ne fait ni retour sur soi , ni flexion sur sa propre réalité…Surprenant de la part du grand cerveau !
Cette attitude est assez courante hélas chez un bon nombre d’intellectuels et d’hommes politiques arabo-berbères qui tombent , généralement , dans le déni dès que nos problèmes sont évoqués ! Le mal existe ailleurs et pas en Mauritanie…
Cette attitude qui interpelle ne serait –elle pas fondée par hasard sur une tentation de vouloir copier le maghreb ? Le Maghreb ( Egypte incluse ) compte , aux dires de Cheikh T Ndiaye, quatre vingt millions de Noirs . 8o millions absents de la superstructure ; des ombres portées … Noirs pourtant assimilés , pourtant musulmans … Vouloir copier ce maghreb -là, pour ceux tentés de le faire, serait , sans aucun doute , une cruelle méprise au regard de la géographie physique et humaine de la Mauritanie …
Cette attitude ou position singulière m’amène de plus en plus à penser qu’un débat interne s’impose au sein de la communauté arabo-berbère, qui devra se déterminer sur le‘’ vivre ensemble’’, préliminaire à tout dialogue inter-communautaire sur la question.
Le nœud du problème , me semble-t-il , réside davantage chez elle que chez les Négro-africains . Les Arabo-berbères veulent –ils vivre avec les Négro-africains ? si oui , sous quelle forme et à quelles conditions ? Dans l’assimilation ou dans le respect des identités respectives ? Dans l’accaparement de tous les secteurs de la vie publique par les uns ou le partage équilibré du pouvoir entre tous ? Au travers de l’unité ou de l’unitarisme ? Une clarification à ces niveaux s’impose à l’élite qui devra se parler , la minorité courageuse des Justes débattre avec la majorité silencieuse qui assiste, sans rien dire, au mensonge triomphant , au péril montant … Ils devront se parler afin de nous éviter de continuer de tourner en rond , de vivre sans cesse des crises sans fin, de nourrir un pessimisme chaque jour plus accusé sur notre commun devenir .
Initier et parrainer un tel débat interne au sein de la communauté arabo-berbère voilà, pour les segments actifs de la Société civile , un chantier urgent, porteur et autrement plus important que tous ces ateliers autour de questions, parfois sans diagnostique et sans débat de fond .
Enfin les amis et partenaires internationaux de la Mauritanie devront comprendre que ‘’la Mauritanie sans cohésion interne,’’ est porteuse de tous les dangers que leur ‘’tout- sécuritaire ‘’ ne pourrait juguler…La Mauritanie d’abord !
“Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante , c’est une position pas raisonnable qui , surtout , n’est pas tenable ‘’.
La lutte continue!
Samba Thiam président des FPC
Le Président de la République affirme que le dialogue national est le fruit des efforts des Mauritaniens pour enraciner la démocratie
Le Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé, dans un discours prononcé jeudi soir au palais des congrès de Nouakchott, à l’occasion de la cérémonie de clôture des assises du dialogue national inclusif, que ce dialogue a été un succès à tous les égards, qu’il est le fruit de trois semaines de débats et d’échanges francs pour enraciner la démocratie, renforcer la cohésion nationale et assurer un avenir meilleur à tous les Mauritaniens.
Le Président de la République a indiqué que les contenus de l’accord fondamental sanctionnant ce dialogue seront soumis à la consultation populaire par voie référendaire, pour permettre au peuple mauritanien de prendre son avenir en main, loin des intérêts personnels et des surenchères politiques.
Le Président de la République a demandé à la jeunesse mauritanienne, dans toute sa diversité, de prendre l’engagement de renouveler la classe politique et d’adopter les propositions
Ci-après l’intégralité du discours du Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz :
M. le Premier ministre,
M. le président de l’assemblée nationale,
Messieurs les ministres,
Messieurs les présidents des institutions constitutionnelles,
Messieurs les élus,
Messieurs les représentants des partis politiques
Messieurs et Mesdames, représentants les syndicats, les associations professionnelles et les organisations de la société civile,
Honorable assistance,
Chers citoyens qui nous suivent à travers le petit écran,
Je tiens tout d’abord à vous remercier pour votre présence ici et à remercier tous les participants à ce dialogue national ainsi que les commissions chargées de l’organisation de ce dialogue et tous les citoyens qui l’ont soutenu de prés ou de loin.
L’objectif fondamental de ce dialogue est d’enraciner la démocratie et de renforcer l’unité nationale. Ce qui ne m’empêchera pas de revenir un peu sur le discours d’ouverture de ce dialogue, il y a trois semaines, quand j’ai dit que l’objectif principal du dialogue est la défense des intérêts du peuple et de l’Etat mauritaniens, puisqu’il n y a pas de raison de poser des questions personnelles qui n’ont aucun lien avec les affaires publiques, comme il n y a pas lieu de douter et de susciter les querelles et les problèmes pour ce cher pays.
Ils ont tenté cela en surfant sur la vague des révolutions dont les résultats ont été malheureusement dramatiques pour certains Etats gangrenés par ces révoltes.
Ils ont voulu aujourd’hui propager des mensonges et des allégations infondés, que personne n’avait auparavant soutenus, qui n’existent que dans leur imaginaire, rien que pour créer des problèmes à ce pays et lier son destin à celui d’Etats instables, que je ne veux pas citer.
L’objectif de ce dialogue est d’ancrer la démocratie dans l’intérêt aussi bien de ceux qui y ont participé que ceux qui l’ont boycotté ou qui ont suspendu leur participation à la dernière minute.
Les conclusions du dialogue qui sont claires et limpides seront appliquées parcequ’elles procèdent uniquement de l’intérêt général du peuple tout entier et des générations futures.
Le renforcement de l’unité nationale est un objectif important pour la cohésion du peuple mauritanien, qui a souffert par le passé de problèmes multiples, ayant visé son entité et son unité.
Certains responsables de ces problèmes se trouvent malheureusement parmi les boycottistes du dialogue et parmi ceux qui se sont absentés par mépris du peuple mauritanien et de son intérêt, dans leurs étroites considérations, s’opposant à son intérêt général, à son progrès et à sa prospérité.
Quand ils ont pris conscience que la porte est hermétiquement fermée devant leurs caprices personnels, ils se sont adonnés à la propagation du mensonge.
Ce qui a été dit à propos des articles 26 et 28 de la constitution qui sont interdépendants de par le contenu, vise pour certains la révision de l’âge de candidature dont seulement 30.000 des Mauritaniens en profitent, selon les statistiques biométriques du pays, relatifs à ceux qui sont privés par l’actuelle constitution de la candidature.
Si certains s’opposent à l’amendement de ces aspects par souci de renouveler la classe politique, c’est une vérité, puisqu’il ne faut pas modifier la constitution pour l’intérêt d’une personne précise , d’une catégorie donnée, du fait qu’il y a des fondamentaux dans la constitution qui ne peuvent être transgressés,du fait de l’impératif de consolidation de la démocratie et du développement. S’agissant de l’article 28, sa modification ne sert que l’intérêt d’une seule personne, en l’occurrence le Président de la République.
Bien que de nombreux participants aient requis son amendement, personnellement, je n’ai jamais demandé sa modification, sous quelque pretexte que ce soit, comme je n’ai jamais manifesté un désir quelconque pour un troisième mandat.
En conséquence, la constitution de la République ne doit pas être la risée de certains, à travers sa modification pour servir les desseins d’une personne précise ou d’une entité donnée, mais doit s’effecteur sur la base de l’intérêt général, afin d’ancrer la démocratie. C’est cet objectif pour lequel nous devrons oeuvrer.
Je veux également vous affirmer que je ne trouve pas de gêne à demander l’amendement de la constitution puisque j’ai l’ai déjà abrogé par le passé quand cela servait l’intérêt du peuple mauritanien.
Je suis convaincu de la nécessité de préserver la constitution surtout des articles relatifs à l’intérêt de personnes précises. C’est ma totale conviction. Cette question doit être définitivement dépassée et ne peut être utilisée pour déstabiliser le pays ou porter atteinte à sa sécurité.
Nous devons être clairs à ce propos, non par peur ou par égoisme, mais par souci de l’intérêt suprême du pays que nous ne devons pas perdre de vue. Toute personne qui se permet de déstabiliser le pays, en se servant de cet alibi, s’exposera à la réaction de l’Etat et fera l’objet de mesures appropriées pour l’arrêter à ses limites.
Concernant les propos abordés par le dialogue, l’accord fondamental a recommandé la suppression du Sénat ; ce qui constitue une option objective que certains peuvent désapprouver, mais, un groupe précis ou un parti, non plus un Président, ne peuvent pas imposer au peuple mauritanien, leur opinion.
Un référendum sera organisé à ce propos, que personne ne pourra empêcher. Seul le peuple sera l’arbitre, parce que la constitution demeure la seule référence pour le référendum et qu’il existe des voies juridiques pour tout recours.
Nous avons proposé une alternative au sénat, par la création des conseils régionaux élus, afin de renforcer la démocratie, d’élargir les opportunités de développement, de les rapprocher des citoyens, d’assurer des interventions équitables de l’Etat dans les wilayas, de combler les insuffisances dans les domaines de l’enseignement, de la santé, de l’économie et de renforcer la décentralisation.
L’accord fondamental a stipulé également le changement des symboles de l’Etat, d’améliorer le visuel du drapeau national qui est notre fierté. Il n y a pas de mal dans l’introduction d’amendements après le référendum populaire.
Il s’agit d’un fait simple, surtout que le peuple mauritanien n’a jamais été consulté par le passé sur l’actuel drapeau, de prendre en compte les sacrifices consentis par le peuple mauritanien en particulier, puisque ce drapeau a été choisi sur la base de considérations non dépourvues d’improvisation et personne ne sait les raisons du choix de ses couleurs.
Je vous remercie.
AMI
Résultats du dialogue : le nombre de mandats et l’âge de la candidature à la présidentielle préservés
Les travaux du dialogue national organisé depuis le 29 septembre par le gouvernement, se sont achevés jeudi au palais des congrès.
Les recommandations issues de ce dialogue ont été lues en présence du président Mohamed O. Abdel Aziz.
Une absence remarquée, celle du président de l’APP, Messaoud O. Boulkheir, dont la formation politique avait suspendue sa participation à ce dialogue, quelques jours avant sa clôture.
Les recommandations faites consacrent la préservation de l’article 26 relatif à l’âge de la candidature à la présidence de la république et au nombre de mandats présidentiels.
Le document final souligne cependant que des participants ont proposé la modification de l’article 26 de la constitution demandant le relèvement de l’âge de la candidature à la présidentielle, et d’autres celle du nombre de mandats objet de l’article 28.
Deux propositions qui ont été à l’origine de fortes dissensions entre la majorité et l’opposition, notamment l’APP qui a du suspendre sa participation avant la fin des travaux.
Le document final propose par ailleurs l’organisation, avant la fin de cette année, d’un referendum sur certaines modifications de la constitution.
Celles-ci concerne la suppression du sénat, le renforcement des prérogatives du président de la république et du parlement et l’intérim du président de la république en cas de vacance du pouvoir.
L’intérim reviendrait d’abord au président de l’assemblée nationale et au président du conseil constitutionnel en cas d’empêchement de ce dernier.
Autres propositions faites, le changement du drapeau et de l’hymne national et l’organisation d’élections législatives et communales anticipées afin de permettre la participation de tous et la consolidation de la proportionnelle limitée.
Les participants proposent par ailleurs de nouvelles dispositions pour la constitution de la commission électorale indépendante de manière transparente et la révision du système de gestion de l’institution de l’opposition démocratique afin de consacrer la représentativité de l’ensemble de l’opposition.
Dans le cadre des réformes constitutionnelles, les participants proposent la suppression de la haute cour de justice, l’accusation restant du ressort du parlement.
Ils proposent également la consolidation du conseil constitutionnel, la création de conseils régionaux, la révision de la loi autorisant les partis politiques et leur adaptation et leur financement pour qu’il soit sur des bases transparentes.
saharamedias