Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: May 2016

Evenements du 28 Mai 1968 à Zouerate : Ce qui s’est réellement passé

CouvertureDans leur livre « La montagne de fer: la SNIM, Mauritanie : une entreprise minière saharienne à l’heure de la mondialisation… »,les anthropologues   Pierre Bonte et Abdel Wedoud Ould Cheikh écrivaient à propos de ce qui s’est réellement passé à zouerate ce jeudi  28 Mai 1968.« …….Les principales revendications du personnel Mauritanien de la Miferma  ont déjà été exposées : Des augmentations de salaires par le biais principalement de revendications catégorielles et la question des logements pour  les agents recrutés localement qui n’a pas été envisagée initialement et qui va contribuer à la constitution des bidonvilles. Si la première grève éclate à Nouadhibou dés la phase de construction, avec des objectifs assez confus mais qui portent sur une exigence d’emploi  en priorité pour les nationaux et se traduiront par le départ de centaines de Sénégalais ,c’est à  Zouerate que le mouvement social débute  initialement .La première grève éclate en janvier 1964 et met déjà  en avant la question des salaires et du  logement, d’autres  se succèdent chaque année ou presque : En septembre 1965, les mineurs  cessent le travail puis l’ensemble du personnel en juin 1967. Ces mouvements annoncent la grève de 1968 dont nous analyserons par la suite le déroulement.

……Un acteur Ouvrier

Je n’étais plus délégué  et pas encore syndicaliste. Il y’avait beaucoup d’accidents de travail. Il n’y’avait pas de convention mine. on fonctionnait sur la base de la convention des travaux publics. On voulait une nouvelle convention avec des primes prenant en compte le travail de la mine ( santé) ..Logements. un texte en dix points a été élaboré  dont le premier était l’établissement d’une convention spécifique. Ces points ont été définis lors de la grève qui a déjà  démarré. Les expatriés voulaient travailler et ne la soutenaient pas. Laurent le chef du personnel était particulièrement hostile  et méprisant à l’égard de nos revendications.les choses ont pris de l’ampleur jusqu’ a l’arrivée des militaires qui ont fini par tirer. Moi  même je n’ai pas participé à la grève pour des raisons de sécurité (alimentation en eau et électricité), à la demande du syndicat, mais j’ai été dénoncé « pro-marocain » et emprisonné trois mois à Nouadhibou. J’ai été libéré mais je ne voulais pas quitter la prison. Le wali m’a convoqué et m’a demandé pourquoi je restais  là.je lui ai dis que je ne savais pas pourquoi j’étais  là. Pour fait de grève m’a-t-il répondu. Mais je n’ai pas fait de grève. Les 18 personnes emprisonnées doivent être libérées et réglées par la Miferma. J’ai obtenu gain de cause et on a fait un papier à Miferma. Les 18 ont été réintégrés. L’UTM a joué un rôle ambigu : favorable au début puis dénonçant les mineurs  irresponsables ».

Un témoin ouvrier.

«  J’étais à Atar et j’ai trouvé les gens en greve quand je suis rentré. Ceux qui voulaient travailler ne pouvaient pas le faire. Je suis resté chez moi et j’allais parfois discuter vers le goudron Au bout de deux ou trois jours tout le monde était mécontent. Certains ont commencé à fermer les boutiques ce qui n’est pas le rôle d’une  grève. L’Etat a envoyé des militaires et des gendarmes pour rétablir l’ordre. Le colonel a demandé aux gens de rester chez eux jusqu’à onze heures du matin .Ils ont obéi. Vers seize heures je revenais de la mosquée et j’allais vers une maison proche du four ( boulangerie ) que les gendarmes voulaient remettre en route. Je suis donc retourné vers la mosquée et j’ai entendu  des tirs de grenades lacrymogènes. Au même moment les femmes  sont allées  chercher les enfants à l’école et les hommes sont venus les rejoindre pour les protéger. Ils se sont trouvés face aux  militaires qui ont tiré. Il y’a eu des morts puis le couvre feu.  La grève s’est terminée  après un ou deux jours. Les autorités ont réuni tout le monde et ont fait un «  tri »,arrêtant  les « meneurs » qu’ils ont enfermés dans un logement cadre vide. Elles ont envoyées 40 ou 50 personnes  à Nouadhibou pour les juger. Beaucoup de gens ont été licenciés.

Un acteur officiel

En 1968, j’exerçais des fonctions à Zouerate . l’histoire est partie d’ un forgeron R’Gueiby, delegué du personnel , qui voulait remplacer un cadre expatrié parti en congé. Il était agent de maitrise mais voulait assumer l’intérim cadre . Il a chauffé les gens autour de lui..Et certaines autorités en contact avec les R’Guibatt qu’il avait contacté pour qu’elles le soutiennent nous ont alertés. Ahmed Ould Bah a été nommé délégué du gouvernement  pour  la baie du lévrier et du Tiris Zemmour. La grève a éclaté et Grosjean (Responsable de la sécurité de Miferma ) est venu m’alerter. On a réquisitionné le peloton de gendarmerie de F’Dérick et comme cela ne suffisait pas on a demandé des renforts de Nouakchott. Ils ont envoyé Viya Ould Mayouv. Les troupes ont ét déployées entre le quartier Français et la pagaie pour éviter une intervention des troupes Françaises. J’ai rencontré le Directeur de Miferma à Zouerate qui acceptait le départ du conseiller juridique de l’entreprise qui s’en tenait  à une application trop rigide de la convention. Le Directeur délégué Richardson était d’accord. L’inspection du travail avait accepté les revendications et tout semblait réglé. Un accord a été lu devant une partie de la population sur la ligne de démarcation (entre cité et bidonville). Certains sont partis , les autres n’avaient pas entendu et nous nous proposions de nous adresser à eux.

Viya voulait une réquisition spéciale pour intervenir. On a demandé au délégué du gouvernement de venir. Il est arrivé et a réclamé la fermeté. Les gens se rassemblaient à nouveau. Nous avons repris alors les méthodes du «  tribalisme » et demandé aux représentants des grandes tribus d’intervenir. Ils l’ont fait avec un certain succès. Pendant ce temps les gardes essayaient de repousser la population. Ils ont tiré  en l’air, les gens ont répliqué avec des pierres. Les militaires ont commencé à reculer. Quand ils sont arrivés au niveau des autorités, le Délégué a donné l’ordre de tirer.On a mis en barrière un FM avec 25 cartouches. Il y’a eu 8 morts et 23 blessés. Les choses se sont calmées tout de suite. Les gens savaient qu’ils étaient en tort car il y’avait eu beaucoup de destruction avant. Les accords ont été appliqués.

Le Directeur de Miferma Jean Audibert

A l’origine, il y’’eu 8 jours plus tot,  le report unilatéral et sans explication de la réunion hebdomadaire avec les délégués par un membre du service du personnel. Cette réunion ,me dit-on  a été  prise en raison d’un travail urgent  concernant l’informatique…Peut aprés une menace de sanction est transmise à un délégué par le service du personnel ; Puis vient un meeting où les onze délégués se font réprimander et démissionnent…Tout cela me parait classique encore que je note ,dans mon enquête, l’empressement du petit encadrement européen  à designer comme bouc émissaire le service du personnel et sa volonté systématique de bloquer les informations, qu’elles viennent d’en haut ou d’en bas. C’est vraisemblement  le délégué mécontent  qui, lundi a déclenché la greve des chauffeurs chargés de conduire le personnel au travail, sans doute dans l’idée de paralyser toute activité. Mais pourquoi, le mercredi, le bidonville qui côtoie la cité s’est-il mis en mouvement ? On n’avait jamais vu cela. Dans ce bidonville vivent maintenant 7.000 personnes venues de partout, la plupart oisives. Malgré nos demandes, l’administration  ne s’y est pas implantée  et a laissé la situation se dégrader ? Mercredi, les femmes sont sorties de leur ghetto et en rangs serrés, ont proféré des menaces à l’encontre des agents Européens. Ceux-ci s’étaient enfermés dans leurs maisons. Ils ont eu très peur. Jeudi, après sommation, la troupe tirait dans la foule. Résultat : huit  tués -dont six travaillaient pour la  Miferma-  et vingt deux  blessés qui sont soignés dans notre clinique. Vendredi un vote était organisé et samedi le travail reprenait ».

Extrait du livre : La montagne de fer: la SNIM, Mauritanie : une entreprise minière saharienne à l’heure de la mondialisation… par   Pierre Bonte,et Abdel Wedoud Ould Cheikh …KARTHALA Editions .page 144 à 151

Ely Salem Khayar

 

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Libre Expression | Les nuisibles orpailleurs

Libre Expression | Les nuisibles orpailleursHamdi Enna – Concernant la pagaille qui sévit depuis un bon moment dans les localités de Tijirit et Taziast, nous avons malheureusement constaté que les orpailleurs ont nuisiblement détruit aussi bien notre faune que notre flore.

Des milliers de creux profonds espacés à peine de quelques centimètres ont fait plusieurs dégâts dans notre cheptel (blessures graves des chameaux et même vols) et une flore sauvagement détruite (appel aux ONG).

De ce fait, nous, éleveurs et habitants de ces deux localités, demandons aux gouvernement et aux ONG environnementales de bien prendre en considération nos doléances pour terminer cette pagaille et le plus vite possible serait le meilleur.

Si non, nous serons obligés à prendre les choses en main et d’essayer de récupérer l’irrécupérable car nos terres sont devenues désastreuses.

A bon entendeur salut.

Hamdi ENNA 

cridem

Nomination des généraux dans l’Armée : Une bizarrerie mauritanienne (troisième partie) / Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar

altLe 3ème mousquetaire

Dans le partage du pouvoir, le binôme conspirateur avait confié le corps de la Garde nationale à leur chouchou, le 3ème mousquetaire. Celui-ci, quand il était notre commandant de brigade d’élèves officiers d’active, à l’EMIA d’Atar, au cours de l’année 1980-81 portait le nom de Félix Henri Négri. Quand il avait été désigné chef d’état-major de la Garde nationale en juin 2008, il portait sur sa pièce d’identité,  celui de Félix Joseph Négri.

Le 25 décembre 2007, lorsqu’il avait été proposé par le ministre de la Défense, au poste de chef d’état-major national, le président de la République aurait demandé d’enlever le prénom de son père, pour   sa connotation trop européenne. Comme si son  prénom et son nom avaient une connotation trop mauritanienne. Depuis lors, il porte le nom de Félix Négri, son père est un italo-sénégalais naturalisé mauritanien, sa mère est une thiouballo de Mbagne domiciliée à Boghé. Pour mauritaniser son nom, le site Lakhbar Tebga Viddar avait proposé le nom de Fah Ould Negra.

C’est un miraculé. Rescapé des événements  de 1987-88, du génocide de 1990 et transformé en négationniste, rescapé de la tentative de putsch du 08 juin 2003, où il était pris en otage, et humilié avec d’autres officiers, par les mutins pendant quelques heures au Bataillon des blindés. Cet officier, hors-la-loi, avait été chargé par le général de brigade commandant du Basep, de détruire le mythe de la Garde nationale, ce corps républicain séculaire qu’il ne portait pas dans son cœur, en le mettant progressivement sous l’autorité de l’Armée nationale pour en faire un corps supplétif.

En effet, le premier mousquetaire avait toujours considéré le corps de la Garde comme un corps civil, au même titre que la police nationale puisqu’elles relèvent toutes les deux de l’autorité du ministre de l’Intérieur, ainsi que la Douane qui, elle, relève de celui des Finances, auxquelles il ne faut jamais avoir confiance. C’est pourquoi il faut toujours les faire commander par des militaires.

Le troisième mousquetaire s’était très bien acquitté de cette mission. C’est ainsi qu’il avait cédé une partie du patrimoine foncier de la Garde à Atar et à Néma, à l’Armée nationale, et qu’il avait érigé toutes les unités de maintien de l’ordre et de sécurité publique en unités exclusivement d’infanterie, qu’il avait mises à la disposition de l’Armée nationale commandées directement par des commandants de régions militaires en violation des lois et règlements en vigueur. Privant ainsi la Garde de ses missions régaliennes, en la remplaçant par de vieux retraités désarmés, mettant en péril les institutions de la République. Et lorsque les ambassades avaient rejeté le contingent des retraités chargé de les sécuriser, il les a fait remplacer par des policiers, au lieu du personnel relevé de la Garde, qui était formé spécifiquement pour ces missions et qui avait une expérience de plus d’une quinzaine d’années. Même le petit groupe de gradés et gardes, chargé de sécuriser les membres du gouvernement et hauts fonctionnaires de l’Etat, a été congédié pour être remplacé par des flics plus fréquentables.

Il avait aussi détaché tous les médecins et  infirmiers de la Garde à la direction de la santé militaire pour les mettre sous l’autorité du 2ème mousquetaire, selon des procédures peu orthodoxes. Le recrutement des officiers de la Garde, régi par un statut particulier et relevant exclusivement des prérogatives du ministre de l’Intérieur, relève désormais de l’autorité du 2ème mousquetaire, en violation des règlements en vigueur.

L’intouchable.

En 2014, accusé de flagrant délit de mauvaises mœurs, le 3ème mousquetaire n’avait pas été inquiété. En pareilles circonstances, dans une République qui se respecte, et pour préserver le prestige de la fonction et l’honneur des officiers, le chef d’état-major aurait dû porter plainte contre x, pour diffamation et laisser la justice suivre son cours. Soit l’accusation n’est pas fondée, dans ce cas, l’accusateur doit en répondre devant la justice. Soit, les faits sont avérés, dans ce cas le chef doit être traduit devant les juridictions compétentes.

Le 23 janvier 2015, face à la prise d’otages de deux gardes à la prison civile, le plus grand défi sécuritaire qu’à connu la Mauritanie depuis l’indépendance,  ce fameux chef d’état-major, pris de panique,  s’était avéré incapable de traiter convenablement cette situation exceptionnelle. Les trois mousquetaires n’avaient pas trouvé mieux que de confier  cette mission hautement stratégique au « général de corps d’armée », ministre de la Justice et au « colonel major » régisseur de la prison pour trouver une solution à l’amiable, répondant aux exigences des terroristes.

Avec le recul, on peut comprendre que cette honteuse défaite historique de nos forces armées et de sécurité  face à ce défi terroriste au cœur des états-majors de nos forces armées, est peut être consécutive à l’application   de l’une des clauses sécrètes de l’accord bilatéral de non-agression conclu entre le pouvoir militaire et Al Qaida et dont le brouillon avait  été  retrouvé dans les documents personnels d’Oussama Ben Laden et divulgué récemment par les américains. Sinon rien ne peut justifier  cette deuxième capitulation du pouvoir d’exception.

En avril 2015, une mission de l’inspection générale des forces armées et de sécurité, envoyée gentiment  pour contrôler la Garde, par le général de brigade commandant le Basep, suite à un tract qu’aurait  lancé des officiers mécontents de la Garde nationale – de quoi faire retourner le capitaine Mamoye Diarra dans sa tombe- , dénonçant leurs mauvaises conditions de travail, avait décelé un trou de 90  millions d’ouguiyas pour ce premier trimestre, dans la gestion du 3ème mousquetaire.

Affolé, le capitaine trésorier et chef de sa tribu s’était éclipsé pendant quelques jours avant de se rendre, suite, semble-t-il, à l’intervention de ses proches qui lui auraient garanti son immunité,  sa parenté avec la première dame devant   jouer en sa faveur. Entretemps, le premier mousquetaire avait ordonné de pousser l’inspection pour couvrir toute l’année 2014. Le contrôle avait confirmé un trou de 448 millions d’ouguiyas pendant cette période. Soit un déficit global de 538  millions

La justice avait été saisie, des procès-verbaux de police judiciaire avaient été établis,  des officiers concernés entendus par le parquet, le juge d’instruction censé être indépendant aurait été saisi, le capitaine trésorier avait été écroué et attend depuis un an son jugement. L’auteur principal, le troisième mousquetaire, n’avait  jamais été entendu, malgré les preuves accablantes qu’aurait présentées son trésorier contre lui. Pour qu’il soit entendu par le parquet, il faut absolument un ordre de poursuite établi par le ministre de la Défense conformément aux dispositions de l’article 7 de la loi sur la justice militaire.

Le ministre n’avait pas été sollicité, à propos de cet ordre de poursuite, ni en amont par le chef de l’Etat, ni en aval par le chef d’état-major des Armées. Puisque le troisième mousquetaire, l’intouchable, était protégé par le  second. Pour le pouvoir militaire,  538  millions d’ouguiyas, c’est juste de l’argent de poche pour un général. Il ne faut surtout pas l’inquiéter car cela pourrait porter préjudice à tout le monde. On trouvera, le moment venu, une solution pour exfiltrer le capitaine trésorier et clôturer cet encombrant  dossier. Et pour blanchir définitivement  l’intouchable budgétivore, on l’avait décoré le 28 novembre dernier de la plus haute distinction dans l’ordre du mérite national. Pourtant rien n’empêche de le poursuivre aujourd’hui puisqu’il a perdu son statut militaire et peut donc être justiciable des tribunaux civils, comme tout citoyen. Mais la justice ne peut pas fonctionner normalement, puisqu’on est toujours en période d’exception où les généraux sont au-dessus de la loi.

Inspections bâclées et règlement des comptes.

Si le 1er mousquetaire, « pionnier » de la lutte contre la gabegie, voulait vraiment savoir l’ampleur des détournements effectués à la Garde, pendant le commandement du 3ème mousquetaire, il lui suffisait de pousser le contrôle jusqu’en juin 2008, date de sa prise de commandement ; comme il l’avait fait pour son prédécesseur. Ainsi, il aurait sans doute découvert le pot-aux-roses, estimé en moyenne  à 500  millions détournés chaque année, soit un montant de  plus de 3 milliards d’ouguiyas.

Mais 3 petits milliards, c’est toujours acceptable pour un général, surtout un général qui avait joué un rôle prépondérant dans la prise de pouvoir par la force. Pourtant, «l’irréprochable »  3ème mousquetaire, s’était beaucoup enrichi pendant les quelques années qu’il avait passées à la tête de la Garde nationale. L’achat en 2013 d’une villa à 70  millions d’ouguiyas payés cash à Tevragh Zeina (NOT), au profit de son épouse, constitue incontestablement un signe extérieur d’enrichissement illicite.

Son prédécesseur,  un colonel de l’armée nationale, ancien chef d’état-major national et ancien chef d’état-major particulier du chef de l’état, n’était pas en très bon rapport  avec le binôme conspirateur. Particulièrement après leur promotion au  grade de général, qu’il aurait dénoncé auprès de ses chefs. Il boudait toutes les réunions de la commission nationale de sécurité, en se faisant remplacer par son adjoint pour éviter de les rencontrer.

A la fin du mois de mai 2008, une vidéo compromettante tournée par un capitaine,  dénonçant un important détournement par le commandement de la Garde, était tombée entre les mains du général de brigade  commandant du Basep, qui aurait  sauté sur l’occasion, pour forcer le Président de la République à déclencher immédiatement une inspection, afin de se débarrasser de cet encombrant colonel peu docile, et le faire remplacer par un proche en vue de mieux contrôler la sécurité des membres du gouvernement et des points stratégiques, qui lui échappaient.

Pour ce faire, il avait réussi à convaincre le président de la République d’utiliser une procédure exceptionnelle, nommant  par décret une commission spéciale de contrôle du corps de la Garde nationale, dirigée par son ami personnel, un colonel ancien membre du CMJD, qui était inspecteur des forces armées au ministère de la Défense avec deux ou trois inspecteurs du ministère de l’Intérieur et quelques officiers intendants de l’Armée nationale, pour s’acquitter de cette mission limitée à la période de commandement du chef d’état major concerné.

L’inspection générale du ministère de tutelle, qui comprenait un colonel inspecteur de la Garde nationale, désigné par le conseil des ministres et qui avait toute l’habilitation requise, avait été contournée pour la circonstance, donnant ainsi aux militaires toute la latitude de conduire cette inspection, une autre erreur stratégique du président de la République. Ce contrôle s’était déroulé sous l’impulsion du général de brigade commandant du Basep et avait découvert un très grand détournement de deniers publics d’un montant de plusieurs centaines de millions d’ouguiyas.

Mais le but n’était pas de poursuivre pénalement le chef d’état-major de la Garde nationale, car cette décision pouvait conduire à ouvrir la boîte de Pandore, c’est pourquoi l’affaire a été classée sans suite, malgré sa gravité. Le but recherché était juste de l’humilier et de le démettre de ses fonctions, pour le faire remplacer par le 3ème mousquetaire, afin de mettre la main sur la sécurité du gouvernement et des points sensibles de Nouakchott comme la télévision et la radio entre autres, instruments indispensable pour prendre le pouvoir par la force.

(A suivre)

le calame

touristique. Parce qu’un site web peut être l’outil le plus efficace au service du développement économique, social et culturel de la région.

Pourquoi l’Adrar ? Parce que l’Adrar est aujourd’hui une région qui amorce un type de développement qui peut servir de modèle pour certaines régions du pays. L’explosion du

Le Chef de l’État refuse de recevoir le Président du Sénat, Mohcen Ould Hadj

Le Chef de l'État  refuse de recevoir le Président du Sénat, Mohcen Ould HadjLe Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a rejeté des demandes d’audience adressées par le Président du Sénat Mohcen Ould Hadj, avant son voyage en Turquie. D’autres audiences sollicitées auprès du Chef de l’Etat par certains sénateurs sont restées également sans suite, révèlent des sources. Le Président mauritanien serait mécontent de la fronde orchestrée dernièrement contre son pouvoir par certains membres de la chambre haute du parlement, consécutive à son discours prononcé à Néma, dans lequel, il a évoqué une éventuelle dissolution du Sénat par voie référendaire. Les sénateurs qui ont mis en place une commission secrète de coordination pour contrer cette orientation, ont rejeté des invitations adressées par le président de l’UPR et le Premier ministre ainsi qu’une médiation de bons auspices menée par la sénatrice Malouma Mint El Meidah. Ils ont boycotté par ailleurs la visite effectuée dernièrement par l’homme fort de Nouakchott à la capitale économique Nouadhibou, demandant la démission du gouvernement et promettant de ne pas adopter les résultats dégagés du dialogue attendu.

 

Cridem 

FLAMNET- RETRO: DECLARATION du MND de 1987.

Flamnet partage avec vous dans sa rubrique RETROSPECTIVE, en vue d’instruire la jeunesse sur ce long chemin vers la liberté, la fameuse déclaration historique du MND, après le ‘’coup d’Etat’’ manqué de 1987, dans laquelle le MND demandait notre châtiment. Pour les jeunes cette déclaration permettra de connaitre l’histoire politique en Mauritanie, surtout du MND, et de mieux comprendre nos divergences. Cette déclaration reste très instructive pour la jeunesse.

 

Bonne lecture.

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DÉCLARATION du MND /1987

 

Le 22 octobre dernier(1987), un putsch pas comme les autres a été déjoué de justesse ; un groupe de jeunes militaires Haal-Pulaar avait envisagé de renverser, par les armes, l’équilibre politique existant depuis 1960, entre les nationalités composant notre peuple. Imaginer pouvoir remettre en cause cet équilibre par la conspiration et la violence, à partir d’une position sectaire hostile à la majorité arabe et ne tenant aucun compte de l’avis et des intérêts réels des minorités négro-africaines, frise la démence. Tout le monde en convient aujourd’hui, la Mauritanie a échappé de peu à l’abîme de la guerre raciale. 

 

Les putschistes avaient-ils conscience de conduire leur pays vers un drame à la libanaise ? La guerre raciale, qu’est ce donc sinon le suicide pour la Mauritanie ? Dans une telle catastrophe il n’y a aucun respect des « droits des Noirs » ; il n’y a aucune égalité à conquérir sauf l’égalité dans le malheur, la souffrance et la mort. Dans une guerre raciale, il n’y aura qu’un gagnant, les puissances étrangères interventionnistes, et un seul perdant : le peuple, tout le peuple mauritanien ! Les extrémistes réussiront peut-être à jouer aux seigneurs de guerre, disposant de leur groupe ethnique comme réserve de chair à canon, mais ne seront en réalité que de simples marionnettes manipulées par les forces étrangères qui les arment et les financent et qui seules décident du sort du conflit fratricide. 

Le mouvement nationaliste négro-africain FLAM justifiait le recours à la violence raciale par l’existence d’une «situation d’Apartheid» en Mauritanie. Parce que qu’il y a des injustices, des inégalités, des manifestations d’oppression des minorités. Mais quel pays africain en est donc exempt ? De quels droits jouissent les minorités au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Zaïre, etc… Et dont sont privées celles de Mauritanie ? 

Il est paradoxal que ceux qui prétendent être les porte-drapeaux de «la cause des Noirs» soient incapables, dans leur pensée et leur action, de dépasser les horizons étroits d’un seul groupe ethnique négro-africain. Depuis 1979, le nationalisme étroit négro-africain s’est enfermé dans une logique nihiliste : il dénonce une «situation d’Apartheid», mais ne formule aucune revendication 

politique précise, ni ne cherche à convaincre l’opinion nationale, ni même les masses négro-africaines par aucun programme, ni des propositions déterminées. Et pourtant, avant même que l’opinion ne sache ce qu’il veut, le voilà qui en vient aux pires extrémités. 

 

Phraséologie sur l’«Apartheid», actions terroristes, putsch, sont en fait les symptômes d’une inquiétante fuite en avant. Que les nationalistes étroits aient une opinion erronée sur les problèmes de coexistence entre nos nationalités est leur droit qu’on ne peut contester. Mais qu’ils incitent à la violence raciale et tentent même, par l’action terroriste et putschiste de mettre le feu à la maison commune est inadmissible ; c’est un crime contre notre peuple multinational. Dans les contradictions nationalitaires, un extrémisme en cache toujours un autre. L’événement du 22 octobre a donné prétexte à une campagne raciste hystérique et immonde dirigée contre les Haal-Pulaar. Des extrémistes exhortent les masses arabes à «leur donner une leçon» à «les écarter de tous les postes de confiance», à «leur faire traverser le fleuve», diffusent des rumeurs venimeuses inventées de toutes pièces. Il est non moins grave que certains fonctionnaires de l’état se comportent dans le même sens, voient en tout Haal-Pulaar un putschiste, un non citoyen potentiellement dangereux, à traiter de façon discriminatoire. Nous retrouvons ici aussi le même appel à la violence raciale qui précède l’action criminelle. 

 

En fait, les extrémistes négro-africains et arabes se rejoignent. Ils ont le même but : détruire l’unité de notre peuple multinational ; les mêmes méthodes : exacerber et exploiter les mauvais sentiments et l’inconscience du peuple. Ces pyromanes sont aujourd’hui en cabale. Pour que la maison commune ne prenne feu, chacun doit veiller sur sa propre chambre. Les Négro-africains patriotes, surtout les Haal-Pulaar, ont le devoir de se démarquer de l’extrémisme du FLAM et du putsch manqué, les Arabes, de débusquer leurs extrémistes, de dénoncer toute propagande anti-Haal-pulaar et toute manifestation de discrimination et de chauvinisme officieux, au sein de 

l’état. 

En effet, l’enjeu patriotique principal est aujourd’hui la préservation de ll’unité nationale, et la seule stratégie qui vaille pour désamorcer les affrontements raciaux est précisément d’isoler les extrémistes au sein de leur propre groupe ethnique. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi s’interroger sur la signification de la crise actuelle pour éviter qu’elle ne se renouvelle en des termes plus dramatiques. 

 

L’événement du 22 octobre n’était point un coup de tonnerre dans un ciel serein. 

 

Remontons dans le temps : 

– 1986 : agitation extrémiste du FLAM ; – 1979-80 : l’UDM, le MPAM, l’ODINAM (qui donneront naissance au FLAM) incitent aux affrontements raciaux; ‘

– 1966 : affrontements raciaux tragiques ;; 

– 1961 : controverse raciale lors du Congrès constitutif du PPM. Entre tous ces événements, un fil conducteur ; il y a bien des problèmes qui gênent la coexistence fraternelle entre les nationalités composant notre peuple. 

 

De quoi s’agit-il ? Au lendemain de l’indépendance, le souci des minorités négro-africaines était d’obtenir des garanties constitutionnelles contre toute tentative de marginalisation ou d’assimilation par la majorité arabe. A partir de 1966, l’introduction de l’arabe les inquiète relativement à l’avenir de l’accès aux emplois et de l’équilibre entre nationalités au sein de l’état. 

Depuis 1983 l’inquiétude porte sur les conséquences de la mise en valeur de la vallée liée à l’après barrage, et de la loi foncière sur la propriété terrienne des Foutankoobe. Rien donc, au départ, que des préoccupations légitimes par rapport à des problèmes politiques réels. Et il est naturel que la cohabitation fraternelle de nos nationalités soit périodiquement en butte à des divergences d’approche et d’aspiration suivant les mutations politiques, culturelles et socio-économiques de notre pays. 

 

Il est cependant inévitable que cela donne lieu à des manifestations de l’esprit étroit, à des tendances maximalistes qui posent mal ces problèmes, et partant, rendent plus difficile leur solution. 

«L’UGOMS» en 1961-62 réclamait un fédéralisme ressemblant fort au confédéralisme et qui créait une partition de fait de la Mauritanie. Les “19”, en 1966, rejetteront l’introduction de l’arabe -langue de la majorité- dans le système d’enseignement. Depuis 1979, le nationalisme étroit baigne dans une grande confusion, ne sachant s’il est plus payant de se situer sur les positions des minorités opprimées qui réclament leurs droits, ou de faire de la surenchère au nom de “la majorité noire”, et en matière de réforme foncière de se contenter de préconiser l’interdiction par la violence, l’accès des Arabes aux terres de la vallée. 

De son coté, le chauvinisme arabe ne posera pas mieux ces différents problèmes. En 1961-62, il réclamait «l’arabisation immédiate de l’enseignement», ne tenant aucun compte des intérêts culturels des négro-africains. A partir de 1966 ce slogan reviendra continuellement, farci de conceptions racistes du genre : «la Mauritanie n’appartient qu’aux arabes» ; «la minorité doit se soumettre à la majorité», «arrêt de l’immigration noire». En 1979-80, on pousse l’absurde jusqu’à réclamer la sortie de la Mauritanie des organisations «noires» : OMVS, CEAO, CDEAO. 

Le regain de tension ethnique, sensible depuis 1978, est indissociable de deux facteurs : le rétrécissement de l’aire d’influence des idées patriotiques consécutif à la tentative de liquidation du MND en 1975, et surtout, l’exacerbation de la crise économique et sociale du système néocolonial, suite à la catastrophique et injuste guerre d’annexion du Sahara et aux retombées de la récession du capitalisme mondial. L’activité économique tournant au ralenti, le 

marché de l’emploi s’est rétréci. Puis ce fut l’intervention des syndics des usuriers (FMI, BM), qui imposent, pour se faire rembourser et mieux nous dominer, la misère et le chômage. Il se comprend donc, qu’en Mauritanie, chacun se sente à l’étroit. Chaque emploi, chaque crédit ou marché devient l’enjeu d’une véritable foire d’empoigne entre tribus, régions, nationalités, races. D’où l’exacerbation de tous les particularismes depuis le début des années 80. Quant à la politique officielle de l’état mauritanien, depuis 1960, elle peut être résumée en deux mots : «porte close et bouche cousue». Au nom de l’unité nationale, interdiction de parler des entités qui la composent, d’évoquer l’existence de problèmes de coexistence. Officiellement le sujet est tabou. Dans la pratique, les courants particularistes arabes ou négro-africains ont les coudées franches pour manipuler tel ou tel secteur de l’état, suivant leurs visées. A ce jeu, il faut le dire nettement, le chauvinisme l’emporte en vertu de la loi du nombre et la menace de marginalisation ou d’assimilation devient plus sensible pour les Négro-africains. Et puisque les problèmes ne sont jamais abordés franchement et frontalement, ils s’accumulent, la confiance fait place à la méfiance, le pourrissement s’ensuit, et le particularisme s’oriente vers la surenchère et l’action extrémiste. Et lorsqu’une crise éclate, on en diffère la solution par le recours à des demi-mesures. Cette politique de l’autruche, en vogue dans la plupart des États néo-coloniaux d’Afrique, en interdisant l’examen franc et loyal des difficultés de coexistence entre nos nationalités, ne laisse le champ libre qu’aux mauvaises entreprises de ceux qui, sous le couvert de l’indifférence de l’état, trichent pour tirer toute la couverture à eux et de ceux qui tombent dans l’extrémisme. 

 

La question nationale est certes, mal posée par l’extrémisme. Elle n’en est pas moins un problème réel. Et la meilleure arme contre l’extrémisme est justement de le poser correctement. En témoigne l’expérience de notre peuple. Il est significatif en effet que la seule pause dans la controverse raciale fut la période 1968-75 où le MND réussit à réduire à la passivité chauvinisme et nationalisme étroit en unissant toutes les forces vives de nos nationalités sur une plate-forme patriotique où la question nationale était posée franchement et équitablement, sur les bases suivantes : 

– reconnaissance de l’existence des nationnalités (Arabes, Haalpulaar, Soninke, Wolof) et leurs aspirations particulières légitimes, 

– affirmation que la solution juste et durrable de la question nationale ne peut être réalisée que dans un ordre d’indépendance et de démocratie politique et sociale, pour lequel il est prioritaire de lutter et, que le maintien de l’unité patriotique de tout notre peuple est la seule garantie pour le succès des revendications particulières immédiates de telle ou telle nationalité. Les contradictions entre nos nationalités sont des contradictions entre membres d’une même famille, à résoudre pacifiquement et équitablement. Elles sont secondaires par rapport à la contradiction entre le peuple mauritanien dans son ensemble et ses oppresseurs : l’impérialisme et le féodalisme.

Mettre ces contradictions secondaires au premier plan -ce que nous reprochons plus que tout aux extrémistes- c’est servir l’impérialisme et les forces rétrogrades en divisant le peuple; c’est en quelque sorte dire aux Mauritaniens : oubliez les geôliers qui vous martyrisent et que chacun de vous se préoccupe plutôt d’arracher une meilleure place à son compagnon de prison.

 

L’unité de notre peuple est la seule garantie pour nos intérêts généraux et particuliers. Il est urgent de la préserver en restaurant un climat de dialogue et de confiance. Dans ce but, que tous les patriotes réclament avec nous :

 

1°) la renonciation à la politique officielle de silence sur la question nationale et ouverture d’un débat national, dans les formes adéquates et démocratiques pour favoriser la compréhension mutuelle et la recherche de solution juste ; 

2°) la liberté d’opinion pour tous -y compris les nationalistes négro-africains et arabes – à condition de condamner tout recours à la violence raciale et contre toute forme de culpabilisation de l’une de nos nationalités ou de discrimination à son encontre. 

 

Non aux diviseurs de toutes espèces ! 

Vive l’unité de notre peuple !

 

Nouakchott 8 novembre 1987

LE MND