Monthly Archives: May 2016
FLAMNET-RÉTRO: Interview du Président des FLAM , Samba Thiam au site www.flere.fr
Suite aux propos du président Mohamed ould Abdel Aziz, sur la mise en place de conseils régionaux qui devraient remplacer le Sénat, flamnet se propose de rediffuser sur sa rubrique ‘’RETROSPECTIVE’’, l’interview du président Samba Thiam accordée au FLERE en Avril 2012. Il s’y était prononcé sur la question touchant le Sénat à l’époque, et préconisait sa dissolution.
Revisitons le passé en relisant cette interview.
Né en 1949 à Sélibaby, M. Samba THIAM Président et membre fondateur des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM), n’est plus à présenter aux mauritaniens. Combattant acharné et inlassable pour la justice et l’égalité, il aura connu la prison pour avoir dénoncé la discrimination et l’accaparement de tous les leviers du pouvoir au profit d’une communauté entrainant une exclusion systématique des noirs de la gestion des affaires publiques. Chassé de la Mauritanie et refugié au Sénégal, M. THIAM séjourne actuellement aux Etats-Unis sans pour autant que sa détermination ne faiblisse.
Toujours très modeste et ayant magistralement conduit les FLAM à devenir une force incontournable dans le combat pour l’avènement d’une Mauritanie juste, assumant parfaitement ses positions et abordant les questions sans ambigüité, il revient sur la longue marche de la Mauritanie, le problème de l’esclavage, les obstacles à l’expression de la diversité, l’impossible définition de l’identité mauritanienne et la situation plus qu’inquiétante qui prévaut au pays actuellement entre autre.
Au moment où certains de nos compatriotes commencent à être habités par le doute par rapport à l’avènement d’une Mauritanie juste et égalitaire, il est important de recueillir les enseignements d’un connaisseur et combattant de longue date. Cette interview s’inscrit dans le but de la redynamisation du combat contre l’injustice et l’impunité qui sévissent en Mauritanie.
FLERE: En quoi les FLAM ont-elles contribué à l’évolution de la cause noire en Mauritanie?
SAMBA THIAM- Nous avons, croyons-nous , contribué à l’évolution de cette cause, en rompant d’abord ce mur du silence sur la réalité grossière en Mauritanie, que les régimes arabo–berbères s’attelèrent, de toutes leurs forces, à cacher à la face du monde. Nous croyons, également, avoir hâté et renforcé la prise de conscience tant chez les Négro-africains et les Haratines de leur condition d’opprimés, que chez une minorité de nos compatriotes arabo-berbères-qui grossit- sur le danger, à terme, de la situation. La question centrale de Cohabitation–notre crédo- ,que d’aucuns appellent, par euphémisme, la question de « l’unité nationale » est maintenant au cœur du débat actuel. Enfin, nous pouvons ajouter à ces acquis le retour, non pas à la sauvette, mais dans la dignité, grâce à notre ténacité, de ces milliers réfugiés du Sénégal !
Il ne fait aucun doute que n’eût été l’action des Flam, nous serions aujourd’hui dans la même situation que les Noirs du Maghreb; tels ces 5 millions d’algériens que l’on cache, comme une tare, au public, rélégués à la culture de l’olive, ou ces Noirs tunisiens, juste bons à régler la circulation !
Les Flam veillent, afin que d’autres puissent jouir de leur liberté d’action et de mouvement !
FLERE: Certaines langues disent, qu’après vingt ans d’exil et de combat les FLAM n’ont pas obtenu de résultats significatifs. D’ailleurs vous parlez vous même de la perpétuation du système inique à fondement raciste incarné aujourd’hui par le régime de Aziz, ne sentez-vous pas une certaine lassitude chez les militants ? Et l’heure n’est-elle pas venue pour le changement de stratégie ?
S.T : Arrêtez de nous parler de ce que pensent les « mauvaises langues » ! et puis quel sens donnent-ils au terme « significatif », fonction d’une perception toute subjective, très variable d’un individu à l’autre ?A quel degré décide-t-on qu’une action a été ou non significative ?
Ces gens, prompts à la critique facile, l’ont choisie comme mode d’action, face à notre engagement qui ne se dément pas, et qui leur donne mauvaise conscience ! Voilà tout ! Quoique nous fassions ils trouveront, de toute façon , toujours à redire !
J’ai déjà dit plus haut que ce débat, à mots couverts, sur la question nationale qui s’invite aujourd’hui sur l’arène politique, ce retour des réfugiés, et même cet amendement constitutionnel récent sur «le droit à la différence », qui renvoie, en fait, au concept d’identité du pays, réactualisé par nous, tout cela est à mettre, directement ou indirectement, à l’actif des Flam , quoi qu’en puissent penser nos détracteurs.
J’ajouterais même que la promotion sociale d’un bon nombre de Haratines et de Négro-africains, de par leur position au sein de l’Etat, n’a été possible, depuis Ould Taya jusqu’à Aziz, que grâce à notre Discours qui gène et que l’on cherche à déconstruire, par des réadaptations, des réajustements.
Bref, affirmer que les Flam n’ont pas obtenu de « résultats significatifs », c’est manquer de sens d’observation ou de bonne foi tout court !
Trouvez-vous, franchement, qu’avoir réussi à faire ramener, après 18 ans d’exil, plus de 20.000 réfugiés que les régimes arabo-berbères souhaitaient voir fondus dans la population sénégalaise, n’est pas significatif ? Qu’avoir développé la prise de conscience chez les opprimés ça n’est pas grand’chose ? Qu’avoir réussi, jusqu’ici, à protéger les Noirs mauritaniens du sort, peu envieux, réservé à leurs confrères du Maghreb, c’est peu de chose ? pas significatif ?
Que tout ceci soit insuffisant, j’en conviens; mais que rien dans notre action ne fut significatif , je ne puis le concéder !
Un Système enraciné, depuis 50 ans, ne disparaît pas comme ça, d’un tour de main ! C’est par petites touches que cela se fera, et pas d’un seul bloc, à moins d’un changement radical de rapports de force; il y’a tous les coups antérieurs portés à l’arbre, et il y’a le dernier après lequel celui-ci s’abat; lequel (ou lesquels) serait le plus significatif ?
Pour notre part, nous continuons de porter des coups au Système … Qui fait mieux ?
Concernant maintenant le changement de stratégie, je vous invite à relire les résolutions issues de notre congrès, tenu au mois de Mai dernier à Paris, en 2011.
FLERE : Les FLAM n’ont-elles pas besoin d’un rajeunissement de la classe dirigeante pour donner un nouveau souffle au mouvement ?
S.T – La “classe dirigeante” des Flam est, pour l’essentiel , jeune ; il n’y a qu’à revoir notre Bureau exécutif ainsi que tous les responsables de nos sections pour le constater ! Ce sont nos militants qui décident et choisissent, librement, leurs dirigeants , il faut le rappeler ; comparée à la classe politique nationale, la direction des Flam me semble très jeune !
Mais si, par contre, vous faites allusion à la « longivité du Président des Flam », je vous répondrais que je partage totalement ….; je ne cesse d’appeler à la relève ! Je puis vous assurer que la place est à prendre ! Nous sommes entrain de préparer les conditions de passation du témoin ; seules des circonstances exceptionnelles ont retardé, jusqu’ici, les choses !
FLERE: La multiplicité des mouvements et partis politiques voulant porter la cause noire en Mauritanie, sans jamais parvenir à s’entendre, (querelles de personnes…) ne constitue t-elle pas un obstacle à la cause ?
S.T – Quelque part, oui ! Mais nous devons garder l’optimisme, car si les chemins sont multiples, ils conduisent tous au même objectif, partagé ! Evidemment si chacun faisait sienne cette pensée de Thierno Bocar, selon Hampathé Ba, « savoir parfois rire de soi » disait-il, les luttes de préséance, les conflits d’égos seraient tellement amoindris….
FLERE: La forme unitaire de l’Etat mauritanien n’est-elle pas un obstacle à l’expression de la diversité ? Et quelle place doivent occuper les langues dites « Nationales » ?
S.T – Cette forme unitaire actuelle constitue, en effet, un obstacle à l’expression de la diversité, pour épouser les contours de l’Unitarisme et non pas de l’Unité! On a cherché à unifier, c’est-à-dire à niveler, gommer les différences ! Or c’est ce qu’il ne faut pas, justement ! Il faut unir et non pas unifier !
La forme d’unité la plus appropriée pour cette Mauritanie-pluri-culturelle et multi-ethnique- à notre avis, c’est l’Autonomie ; nous avons choisie cette option, traduite en projet, et vous verrez quand il sera rendu public, combien ce projet sied à la réalité de notre pays !
Concernant la place des langues nationales, nous avons toujours affirmé que l’égale dignité des communautés nationales passe, aussi, par l’égalité de traitement de leurs langues et cultures. Voilà pourquoi toutes les langues nationales doivent être officielles, langues de travail – d’apprentissage et de formation- pour l’éveil des consciences ou l’éducation des populations .
FLERE: L’esclavage en Mauritanie est une forme de discrimination la plus inhumaine. Les Flam acceptent-elles de prendre en charge cette question? Pourquoi vos détracteurs vous accusent de manque de volonté sur ce terrain ?
S.T -Vous dites bien « nos » détracteurs, comme vous parliez, plus haut, de ces (mauvaises) « langues ». Un détracteur c’est rarement objectif,… plutôt de mauvaise foi !
Nous avons pris cette question de l’esclavage en charge, dans le manifeste dès 1986, au moment où presque personne n’en parlait plus, après le fameux procès d’intimidation de Rosso. Quelques articles-scoop, du genre « la Mauritanie, pays aux 100.000 esclaves » paraissaient, rarement, ici ou là !
J’ajoute que nous avons, les premiers, contribué à internationaliser ce dossier en 1990 , au Congrès du parti communiste Français, tenu à Paris. Dans toute notre production, cette question est en bonne place. Qui d’autre a fait mieux ?
C’est sur nos traces qu’a marché SOS-esclave, dont le travail a contribué à amplifier la question; l’AHME a suivi, puis l’IRA, avec sa méthode plus agressive, donnant au dossier plus de répondant , disons le …
Bref nous n’avons jamais quitté ce terrain de lutte, et n’avons jamais lâché ce dossier !
Si nous n’avions pas été là, cette question n’aurait peut-être pas eu l’ampleur qu’elle a aujourd’hui; Elle serait, à l’heure actuelle, étouffée, reléguée aux oubliettes!
FLERE: Les combats contre l’esclavage et le racisme sont-ils indissociables selon vous ? Comment comptez-vous vous organiser pour rassembler ceux qui en sont victimes et qui sont en ordres dispersés depuis l’indépendance de la Mauritanie ?
S.T – Oui je le crois, tout à fait ! Indissociables tant sous l’angle pigmentaire, que sous l’angle de classes!
Ces combats nous semblent si bien liés que nous avons toujours pensé que la fin, définitive, de l’esclavage passe, nécessairement, par la fin du racisme d’Etat! Sortir de l’esclavage pour les Haratines, sans livrer bataille pour la fin du racisme d’Etat, reviendrait, simplement, à changer de ghetto ! Ils auront gagné la bataille sur le déni d’humanité qui les frappe mais, inévitablement, retomberont dans celui de citoyenneté !
Voilà pourquoi le mouvement Haratine se devrait d’avoir une vision plus globale, plus lointaine des choses, une vision prospective en somme …
FLERE : La majorité des Harratines n’a pas été recensée car dépourvue de pièces d’état civil, pourquoi, selon vous, il y a une certaine fébrilité de la part des ONG ou certains partis politiques de prendre en charge de façon pragmatique cet épineux dossier ?
S.T -Je parlerais plutôt de frilosité …
Vous devez comprendre qu’il existe, chez nous, deux types d’Opposition; l’Opposition au Système -hors du Système -, et l’Opposition dans le Système !
Avez-vous entendu l’opposition arabo-berbère dénoncer avec vigueur et constance ce projet d’enrôlement à caractère raciste? non! l’avez–vous vue s’opposer, vigoureusement, à la tentative de spoliation massive des terres qui nous guette? Non ! Ou plaider vigoureusement pour la restitution des terres spoliées des réfugiés ?exprimer, même à mi-voix, la pleine reconnaissance du pulaar, soninké et wolof comme langues officielles ? non plus!
Les visions de cette Opposition et celle du régime sur l’identité du Pays et sur les questions cruciales sont très voisines, pour ne pas dire identiques !
Encore une fois il y’a Opposition et Opposition !
FLERE: On parle beaucoup de l’esclavage des maures, selon certains maures, l’esclavage existe aussi au sein de la communauté négro-africaine, pourquoi les Flam ne sont pas montées au créneau pour dénoncer ce système discriminatoire incompatible avec les valeurs que vous prônez : Unité, Liberté, Egalité ?
S.T -Les Flam dénoncent toutes les tares sociales, où qu’elles se trouvent, qui affectent les composantes nationales, sans distinction .
Seulement, il faut quand même préciser que la réalité des formes d’esclavage en milieu négro-africain et arabo-berbère est totalement différente .
Résiduel en milieu négro-africain, l’esclavage s’y pose plutôt en terme de statut social. Nulle part, ici, les descendants d’esclaves ne se voient empêchés d’hériter de leurs ascendants; il est impossible de forcer quelqu’un à travailler pour un Maître ! L’ancien esclave et son descendant jouissent pleinement de leurs biens et propriétés; il est simplement impensable, dans ce milieu, qu’un homme puisse en vendre un autre, comme une vulgaire marchandise !
Voilà pourquoi nous (Flam) mettons davantage l’accent sur le second, beaucoup plus inhumain, que sur le premier-plutôt résiduel-qui se résorbera doucement, par l’urbanisation, la scolarisation, et le développement économique.
FLERE : Qu’est ce qui caractérise la féodalité négro-africaine et en quoi constitue t-elle un handicap à l’unité de cette composante ?
S.T -Vous devriez plutôt chercher la bonne réponse (scientifique) du côté des chercheurs …
Mais, je crois, pour ma part, que ce qui caractérise la féodalité négro-africaine ce sont ces stratifications, ces statuts en paliers … Bien entendu cela gène, quelque part, l’unité de cette communauté. On n’a pas compris que la division initiale des groupes sociaux était une division du travail, et non de classes sociales ou d’hiérarchisation des statuts ; le système de castes assurait, à l’origine, un rôle de régulation en attribuant à chaque groupe social une fonction. C’est après qu’il s’est produit une sorte de glissement vers une hiérarchisation qui, du reste, ne repose sur aucune base objective !
Cela dit, il faut quand même nuancer et cesser de considérer le facteur « castes », comme l’obstacle majeur à l’unité; en effet, face aux événements de 1986-89, ces différences de castes, de classes ou de statuts se sont évanouies. Contre le racisme d’Etat les Négro-africains ont fait bloc, sans considération de leur origine sociale !
Ajoutons, également, que la question des castes ne comporte pas que des inconvénients, à en croire Cheikh Anta Diop; « la création du système des castes assure plus de permanence et d’équilibre que celui du système des classes en Occident» dit-il ! C’est d’ailleurs une des raisons, entre autres, qui explique pourquoi il n’y eut pas de révolutions en Afrique, ajoute –t-il plus loin .
Autre temps autres mœurs?
FLERE: Pensez-vous que la communauté Maure vive une exclusion de quelque manière que ce soit de la part du système ?
S.T – Une partie de la communauté maure vit sa part d’exclusion, incontestablement; dans la stigmatisation de classe ( Zénaga, forgeron ), dans la redistribution des richesses, etc… On dit que la mentalité tribale bidhaani fonctionne en cercles concentriques; c’est d’abord moi , ensuite ma famille, puis mes cousins, ma fraction, ma tribu, et enfin mon ethnie ! Comme le Pouvoir est y perçu, généralement, comme une vache à lait, les retombées qu’on en tire, forcément, ne seront pas les mêmes chez tout le monde ! Plus on s’éloigne du centre des cercles, plus la part de gâteau s’amenuise; ceux qui sont en dehors de ces cercles sont simplement exclus du partage .
Il est clair que certains segments de la communauté bidhaan vivent leur part d’exclusion.
Mais cette réalité ne doit pas, toutefois, occulter ou atténuer une autre réalité, toute aussi têtue : la communauté bidhaan, dans son ensemble, bénéficie, bel et bien, des retombées du Système discriminatoire en cours, en terme de développement de sa langue et de sa culture, en terme de reconnaissance pleine et entière de sa citoyenneté, voire de sa suprématie, consacrée par le Système, sur les autres composantes nationales …
FLERE : Avez-vous de bonnes relations avec les abolitionnistes qui sont actifs à l’intérieur de la Mauritanie, (SOS-ESCLAVES, IRA-MAURITANIE) et ceux de l’extérieur, (L’Association des Harratine de Mauritanie en Europe ?
S.T – Nos relations avec ces organisations et Associations sont bonnes.
FLERE : Les FLAM comptent se redéployer en Mauritanie, nombreux sont vos militants qui ont été condamnés sans avoir purgé leurs peines, ne craignez vous pas que l’Etat mauritanien rouvre certains dossiers pour vous mettre les bâtons dans les roues afin de procéder à des arrestations arbitraires à l’image des années sombres 1987-1989?
S.T – D’abord je ne crois pas qu’il existe des peines, pendantes, pour un seul flamiste.
Ensuite en matière de lutte, le risque de répression est toujours là, inhérent à l’action! On ne peut donc s’arrêter sur ce type de considération. Quand la nécessité l’impose ou que le peuple a besoin de vous, ce risque- là disparaît ou passe au second plan !
FLERE: La jeunesse mauritanienne s’interroge sur la véracité de l’accusation portée contre les militaires négro-africains d’avoir voulu fomenter un coup d’Etat, quelle est votre version des faits pour mettre en lumière cette affaire ?
S.T – Je crois deviner, derrière votre question, un dépit, largement partagé du reste … ; mais je dois vous apprendre que je n’étais ni acteur ni témoin de cet évènement. Je pense, malgré tout, qu’avec les versions, croisées, et les choses écrites la- dessus par des témoins vivants, on peut raisonnablement, donner foi à la véracité de cet évènement !
A mon sens la question n’était pas de savoir s’ils avaient, oui ou non, tenté un putsch, mais plutôt, s’ils avaient, eux- aussi , le « droit » d’en tenter un, au même titre que d’ autres ! S’ils avaient le culot d’oser, comme tous ceux-là qui les avaient précédés, pour nous rendre notre dignité d’homme ! Ou si le traitement excessif qui leur avait été infligé était juste ? ( 3 peines capitales pour une tentative… dans la tête ! ), en comparaison à celui réservé aux auteurs de tentatives sanglantes, et qui furent non seulement impunis, mais promus !
Toute la question, en fait, c’est bien cette politique à deux vitesses qui prétend construire un pays !
FLERE : Pourquoi les Flam n’ont pas introduit une plainte collective au niveau du Tribunal Pénale Internationale, l’ONU et à l’Europe pour exiger le jugement des criminels de l’armée mauritanienne?
S.T – Ecoutez, on ne peut quand même pas nous demander, dans cette lutte, d’être présents partout, et partout devant, sur tous les fronts !
Et puis on ferait des jaloux, vous connaissez les mentalités !
FLERE: Croyez-vous que la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), prenne en charge de façon efficiente les problèmes fondamentaux du racisme de l’Etat, de l’esclavage et du passif humanitaire ?
S.T – Je vous ai déjà dit qu’il y’a deux types d’opposition en Mauritanie : L’Opposition au Système ( hors du Système) et l’Opposition dans le Système !
FLERE: La Mauritanie traverse ces derniers temps une crise multiforme, (enrôlement contesté, grève à l’Université, spoliation à grande échelle des terres du Sud, l’opposition qui appelle à un coup d’Etat), quelle lecture faites-vous de cette situation ? Et quelles conséquences en tirez-vous ?
S.T – En effet, on observe une situation plutôt agitée ces derniers temps, et qui n’est pas sans dangers.
A mon sens, cela tient en partie à la navigation à vue, trop suffisante, trop sûre d’elle-même, du Président Aziz, qui ne satisfait personne ! Mais cela tient aussi aux positions, quelque peu versatiles, d’une certaine opposition qui porte, quelque part, la responsabilité historique de ce qui nous arrive, actuellement!
Rappelons que ce fut une partie de cette Opposition, prétendue démocratique, qui soutint, à bout de bras, le Général putschiste ! Ce fut encore une partie de cette opposition qui cautionna des accords, qu’elle savait, par avance, utopiques, condamnés, contribuant ainsi , à installer Aziz dans la légitimité , dont il avait tant besoin ! Et c’est aussi une fraction de cette même Opposition qui était allée à la soupe !
Et voilà que maintenant cette même Opposition marche, pour demander le départ de Abdel Aziz !
N’y a-t-il pas là un manque de cohérence voire de crédibilité ?
Aziz « dégage ! », entend-on clamer ! Très bien, mais pour mettre qui à la place ?
Enfin, je pense, pour relativiser un peu, que toute cette agitation n’est peut être pas si mauvaise que ça ! Ce peuple, habitué à plier l’échine sous le joug militaire , maintenant se redresse pour dire non à ses dirigeants !
C’est bon signe et c’est sain pour la Démocratie !
FLERE : Si les FLAM prenaient le pouvoir aujourd’hui, quelle sera la première grande mesure à prendre ?
S.T – L’appétit du pouvoir n’a jamais caractérisé les Flam, c’est connu; sa conquête, ne fut jamais leur préoccupation centrale, orientée surtout vers la solution du problème de la cohabitation , d’où qu’elle vienne et quelqu’en soit l’agent .
Votre question me prend donc de court, vous le comprenez !
Mais si je devais, malgré tout, m’essayer à l’exercice , je prendrais non pas une mais trois mesures : je supprimerais le Sénat, fermerais l’ISERI et m’attelerais à mettre en place les conditions pour la tenue d’un dialogue national ( sur la cohabitation et l’esclavage) et la convocation d’au moins quatre Etats Généraux .
Le premier est un gaspillage de ressources et ne correspond pas à notre réalité ; La Mauritanie ne « pèse» pas encore un Sénat, ni économiquement ni démographiquement; Et, du reste, les communautés se feraient très bien représentées, et de manière encore plus équilibrée, au niveau des trois pôles que sont la Présidence, la Primature, l’Assemblée nationale .
Le second – l’ISERI – ne donne ni à boire ni à manger, et comporte de surcroît un risque , potentiel , non négligeable! Nos « Mahadras » traditionnelles nous suffisent, largement!
Enfin quatre secteurs méritent des réformes urgentes (l’Armée, l’Education, la Justice, l’Emploi des Jeunes)
FLERE : Question : votre dernier mot ?
S.T– D’abord les enseignements à tirer de la situation du nord du Mali et du Sénégal -à méditer par les mauritaniens – qui montrent , dans le premier cas, que l’on ne peut étouffer, sans danger, indéfiniment les aspirations légitimes des minorités , et dans le second, que le cadre démocratique , qui permet l’expression concurrente des idées et des projets , est peut-être le plus sûr moyen pour la résolution des problèmes, y compris les problèmes d’identité !
Un message aux mauritaniens, ensuite, pour dire que rien est encore perdu. Nous n’avons pas franchi la ligne de rupture, alors reprenons-nous ! On peut encore faire de ce pays un havre de paix et de fraternité, où il fait bon vivre pour tout le monde !
Je ne puis terminer, bien sûr, sans vous remercier de m’avoir accordé cette interview.
Propos recueillis par : BA Tidjane, Dicko Hanoune, BA Youssouf.
09 Avril 2012
Suite aux propos du président Mohamed ould Abdel Aziz, sur la mise en place de conseils régionaux qui devraient remplacer le Sénat, flamnet se propose de rediffuser sur sa rubrique ‘’RETROSPECTIVE’’, l’interview du président Samba Thiam accordée au FLERE en Avril 2012. Il s’y était prononcé sur la question touchant le Sénat à l’époque, et préconisait sa dissolution.
Revisitons le passé en relisant cette interview.
Samory Bèye, président du Mouvement El Hor, membre du Manifeste des Haratines: ‘’Nous pouvons dire que, du point de vue de nos objectifs, rien n’a bougé, depuis ces trois ans que nous marchons’’
C’est la troisième fois que Le Manifeste marche pour réclamer plus de droits politiques, économiques et sociaux. Quel bilan tirez-vous de ces actions?
Samory Bèye : Permettez-moi de remercier, d’abord, tous les membres du Manifeste, ses sympathisants et tous ceux qui ont accepté de lui apporter soutien et solidarité, à l’occasion de cette troisième marche. Par rapport à votre question, En effet, l’esclavage et ses pratiques persistent ; les Haratines continuent à vivre dans la marginalisation, à tous les niveaux : politiques, économiques et sociaux.
On peut considérer que le Manifeste n’a pas fait bouger les lignes comme on l’aurait souhaité mais il ne faut pas perdre de vue que, rassembleur d’une grande diversité de sensibilités, il n’a pas du tout démérité, dans la mesure où il a réussi à préserver sa cohésion et à maintenir le cap. C’est, en soi, un pas. Ces différentes sensibilités du Manifeste sont parvenues, je le rappelle, à un consensus autour de trois axes fondamentaux.
D’abord, que les Haratines constituent une composante différente des Beïdanes ; ensuite, qu’ils sont victimes de l’injustice, de la marginalisation à tous les niveaux, alors qu’ils constituent la plus importante composante du pays ; enfin, qu’ils vont œuvrer ensemble, pour changer cette situation, se battre pour conquérir la place qui est la leur, auprès des autres composantes du pays : maures et négro-africains, dans le respect réciproque des spécificités des uns et des autres.
Le Manifeste a réussi à asseoir les base de cette vision, en poser le premier jalon, ce qui lui a permis de s’imposer, aujourd’hui, en tant que force politique et sociale importante dans le pays, de devenir un interlocuteur de poids, sur la scène nationale, avec sa spécificité culturelle et sociale qu’il entend préserver, promouvoir et défendre.
Nous pouvons dire que le résultat est là. Il peut paraître maigre pour certains mais, dans un contexte d’hostilités, je pense que c’est un premier pas de franchi. Un pas important qui a conduit à une grande prise de conscience de la communauté haratine, avec ses spécificités, sa hartanité.
Comme vous le savez, nous travaillons dans un environnement hostile. Le régime dont nous gênons l’entreprise, pour avoir, surtout, marqué notre différence par rapport aux Beïdanes, ne ménage aucun effort pour saper nos rangs. Tout y passe : tentatives de corruption, de débauchage, d’intimidation…
Mais, grâce à la détermination de ses militants, à la prise de conscience de la jeunesse haratine, le Manifeste a réussi à survivre à ces attaques, à préserver sa cohésion et à poursuivre son noble combat, son combat libérateur. Le Manifeste fait donc tout pour poursuivre le combat.
– Si, je ne m’abuse, aucune de vos revendications n’a donc été satisfaite par le pouvoir. Vous n’avez pas réussi à faire libérer les militants d’IRA, malgré des demandes réitérées. A quoi servent alors ces marches ? N’avez-vous pas l’impression de faire du surplace, comme l’a dit l’un des membres du directoire du Manifeste ?
– Comme je l’ai dit tantôt, le régime en place, je devrais dire le Système qui gouverne le pays, depuis son accession à l’indépendance, n’entend rien céder, nous en sommes conscients. Pire, il fait tout pour torpiller notre action. Mais le Manifeste se bat et continuera à se battre, pour détruire le discours de ce système raciste.
Il existe, aujourd’hui, une jeunesse haratine très consciente, très déterminée à se battre pour déconstruire le système. C’est là un important signe d’espoir. La cause haratine est désormais affirmée, soutenue et défendue.
Le pouvoir fait tout pour bloquer les activités et actions des Haratines. J’en veux pour preuve le cas des dirigeants d’IRA, incarcérés, injustement, depuis bientôt deux ans, pour rien, sinon pour leur position, leur refus du système en place. Malgré les demandes répétées de la communauté nationale et internationale, ces personnalités continuent à croupir en prison.
Le pouvoir se trompe lourdement, en croyant tenir là la solution. Ce n’est pas en embastillant les Haratines qu’on va les faire plier. Ils continueront à se battre, vaille que vaille, pour faire triompher leur cause, c’est dire détruire le système d’apartheid qui gouverne le pays.
– Contrairement aux deux précédentes éditions, les observateurs ont relevé un déficit de mobilisation lors de cette troisième marche. Quelles en peuvent être les raisons ?
– L’important, à mon avis, n’est pas le nombre des marcheurs, mais, plutôt, la qualité et la charge symbolique qu’il y a, derrière, pour porter le message, dénoncer les maux de la communauté, marquer son rejet du système en place. Cette troisième marche a prouvé, une fois encore, la détermination du Manifeste à poursuivre son combat.
De mon point de vue, on aurait pu faire l’économie des querelles intestines, lors de la succession du regretté président Mohamed Saïd Hamody, dans la mesure où le statut et le règlement intérieur avaient défini la règle de succession. La charge devait, naturellement, échoir au premier vice-président, Boubacar ould Messaoud.
C’était très simple. Très pressés, certains ont tenté de changer les règles du jeu. Nous comprenons leur empressements et leur ambitions mais ils doivent s’habituer à respecter les règles du jeu, à se plier aux règles démocratiques de la structure.
Le Manifeste est un ensemble démocratique où des ambitions peuvent s’exprimer, c’est légitime, pourvu, simplement, qu’elles respectent les règles en place. Au terme d’un débat au sein du groupe, nous avons réussi à stabiliser la situation, à surmonter cette difficulté conjoncturelle. Ces querelles ont-elles eu un impact sur la mobilisation pour la marche ? Nous le saurons au terme de notre évaluation.
Ce qu’il nous faut déjà reconnaître, je crois, c’est que nous avons manqué de temps matériel nécessaire pour sa préparation. C’est une tâche ardue et ingrate, j’en sais quelque chose pour avoir présidé, à deux reprises, la commission d’organisation. Cette fois, absent du pays, je n’ai pas pris part aux préparatifs.
Cependant, j’estime que la marche a été à la hauteur ; on a réussi à prouver notre maturité, notre détermination, l’engament de nos militants et sympathisants à poursuivre le combat qu’ils ont enclenché depuis trois ans.
– N’avez-vous pas l’impression que cette marche n’est plus seulement celle des Haratines mais de toutes les victimes des injustices du « Système » qui gouverne le pays depuis son indépendance ? Ne redoutez-vous pas une récupération ?
– La marche, dans sa forme actuelle, peut être interprétée de diverses manières. Chacun peut y aller de sa lecture. Certains peuvent penser qu’il s’agit d’une ouverture à tous les Mauritaniens, parce que le Manifeste pose un problème national et défend une cause juste contre la discrimination.
Quand une question nationale se pose, elle doit interpeller l’ensemble des Mauritaniens qui doivent tous s’unir pour trouver, ensemble, une solution. D’autres peuvent penser que cette ouverture cache une tentative de récupération et de manipulation. A mon avis, il ne faut pas négliger cette préoccupation.
Certes, il faut s’ouvrir aux autres mauritaniens, accepter leur solidarité, partager, avec eux, les préoccupations nationales, les impliquer à la gestion et à l’organisation du Manifeste. mais je pense qu’il ne faut pas en perdre, pour autant, notre âme, les objectifs du Mouvement.
Les Haratines ne doivent plus accepter de tutorat, l’histoire de ce pays leur a montré que les autres communautés, ayant eu en charge la gestion de ce pays, n’ont jamais songé à y associer les Haratines, à les sortir de leur situation. C’est aussi pour cette raison qu’ils doivent rester méfiants et vigilants. Nous retenons cette leçon pas du tout encourageante.
En dépit de tout ce qui a été accompli, il demeure un mur de béton, des mentalités rétrogrades qui s’efforcent à maintenir le système, à le pérenniser. C’est ce qui explique, peut-être, le ton modéré du discours, c’est d’ailleurs l’esprit du Manifeste, à savoir, prendre en compte toutes les susceptibilités, internes et externes. Le Manifeste est le fruit d’un consensus. Cela impacte forcément sur le ton du discours que certains voudraient plus dur, plus radical.
J’ose penser que, petit à petit, les jeunes qui vont prendre la relève ne manqueront pas de redresser la barre. Aujourd’hui, il n’y a rien qui puisse justifier la modération du discours des Haratines, parce que rien n’a changé depuis trois ans ; ils continuent à croupir dans la misère et la précarité, à souffrir de la discrimination.
Ils vivent dans un pays où ils sont considérés comme des maudits, des damnés de la terre. Cette situation exige, de nous, un combat ardent et des sacrifices, pour faire bouger les lignes.
La marche a également prouvé une ouverture du Manifeste aux autres composantes du pays qui ont bien voulu prendre part à la marche, lui témoigner leur solidarité. Le Manifeste prône une Mauritanie où tous les citoyens jouissent des mêmes droits, ont les mêmes chances, les mêmes égalités, un pays débarrassé de l’esclavage et de toutes formes de discrimination.
C’est ce message dont est porteur le Manifeste. Nous l’envoyons, conjointement, à l’Etat et à tous les citoyens de ce pays. La Mauritanie doit être et demeurer un pays de tous, sans discrimination aucune. Je pense que le message et bien passé, même si le Système refuse de recevoir le directoire du Manifeste, refuse de recevoir officiellement le document du Manifeste, de satisfaire ses doléances, réparer les torts causés à la communauté haratine.
C’est vous dire que le défi est énorme et qu’à ce titre, le combat doit continuer, dans toute sa rigueur, contre un système esclavagiste, rétrograde, discriminatoire, incarnant l’idéologie, si j’ose dire, d’apartheid.
Discrimination dans les écoles, dans la répartition des richesses, dans le développement humain durable – certains vivent dans des ghettos – devant la justice, les fonctions publiques, les grades des officiers de l’armée et des forces de sécurité… Le Manifeste ambitionne de déconstruire ce système, pour reconstruire le pays sur des bases saines. Un pays égalitaire, démocratique et juste. C’est la philosophie du Manifeste.
– Que pensez-vous de la mise en place de la commission nationale de prévention contre la torture ?
– La mise en place de cette commission souffre d’un déficit de transparence. Je dirai, même, qu’elle a été, comme tant d’autres inventions du Système, taillée sur mesure. Des postulants remplissant tous les critères objectifs de sélection ont été écartés, tout simplement pour ne pas gêner le pouvoir. Mon cas en est une illustration parfaite.
J’ai constitué un dossier solide, en ma qualité de syndicaliste et d’activiste des droits de l’homme, mais je n’ai pas été retenu. Personne dans ce pays et, même, ailleurs, n’ignore le rôle de Samory dans le mouvement syndical et dans celui des droits de l’homme mais, à ma grande surprise, mon dossier a été rejeté.
Tous les corps ont été représentés, sauf les syndicats, un corps social pourtant très présent, dynamique. Je ne peux que dénoncer cette manière de faire, cette volonté de monter des commissions faire-valoir, en lieu et place de structures à même de défendre les véritables causes.
Cette manière cavalière prouve, une fois encore, que le pouvoir persiste dans sa politique de fuite en avant, de discrimination, et autre marginalisation. A chaque fois qu’il tente un pas en avant, il rétrograde de deux pas en arrière. C’est cette hypocrisie que nous dénonçons et continuons à dénoncer, à la CLTM, au Mouvement El Hor et au parti El Moustaqbel.
Propos recueillis par Dalay Lam
le calame
Contrepoint | Le port du voile, plus culturel que religieux
Aux ilots A, Cheikh Tidiane Ly, enseignant arabe de son état, était catégorique dans un débat, face à des mauritaniens à l’écoute sur le port du voile en Mauritanie. Très versé dans les questions religieuses, selon lui, « le voile intégral est culturel et non islamique, il n’y a aucun texte religieux, ni le Coran encore moins un hadith, qui encourage le port du voile intégral ». Je défie quiconque de me démontrer le contraire? a-t-il affirmé, mettant à dos certaines interprétations qui rament à contre-courant. Selon Cheikh Tidiane, le voile intégral relève de la culture « et celle-ci n’a rien à voir avec l’islam, celles qui portent la burqua ou le niqab, peuvent être de mauvaise foi ».
Il va poursuivre son argumentaire par un avertissement, « nous devons être vigilants, car certains soi-disant sunnites se cachent derrière ce voile intégral pour faire des actes qui sont en porte à faux avec l’islam ».
Citant le livre « rissala », l’enseignant arabisant confie que si un jugement islamique est dévoyé jusqu’à présenter une menace, un risque ou troubler l’ordre public, les érudits doivent se réunir pour l’abroger. Pourquoi ? Parce que pour lui, « religion et société vont de pair ; elles sont indissociables ».
L’homme fera une invite à l’assistance : « Allons lire le verset 59 de la sourate, les coalisés, (O Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées, Allah est Pardon et Miséricorde) ». Avant d’éclaircir : « le Fikh (jurisprudence) précise que le port du voile se ramène à la poitrine ». A l’en croire, « nous devons distinguer la bonne graine de l’ivraie ».
Il met aussi à nu des pratiques machiavéliques de certains. « Ceux qui disent qu’ils enseignent aux femmes l’islam pour développer une proximité ont tout faux. Le Prophète (PSL) dispensait des cours devant sa mosquée. Après son union avec Aïcha, cette dernière était chargée d’éduquer les femmes. C’est cela la vérité », objecte M. Cheikh Tidiane Ly.
Le débat religieux dans les ilots A, initié par un groupe de femmes, verra un fécond échange sur la religion qui obéit à des fondamentaux qui reposent sur des enseignements clairs. « Nous sommes dans un pays où certains esprits malintentionnés se cachent derrière le voile pour faire des actes répréhensibles, à l’image des infanticides, notre pays bat le record des bébés tués ».
Comme quoi, le voile qui focalise toute les attentions dans les pays européens est une question de culture et non de culte, des femmes le portaient même pour se prostituer. Le port du voile intégral est antérieur à l’islam. Toutefois sur son cas, les avis restent très partagés. Quand certains affirment clairement leur approbation pour lui, d’autres prennent une position discordante.
ADN
Source : Rédaction Cridem
La création du poste de vice président de la république serait à l’ordre du jour du prochain dialogue national
Des sources propres à Sahara Media ont révélé ce jeudi que le gouvernement a entamé des contacts secrets avec les acteurs politiques afin de mettre en pratique les engagements du président de la république d’entamer un dialogue dans quatre semaines avec ceux qui seraient disposés à y prendre part.
Les mêmes sources précisent que des efforts sont entrepris afin de convaincre le président de l’APP, Messaoud O. Boulkheir, celui d’El Wiam, Boidjel O. Houmeid et Mohamed O. Bourbouss, de l’alliance d’entente nationale.
Des contacts secrets auraient été entrepris avec les dissidents du mouvement IRA et le président de l’AJD-MR, ancien candidat à la présidentielle, Ibrahima Moctar Sar.
Les sources de Sahara Media ajoutent par ailleurs que des contacts accrus ont lieu avec des dirigeants de la composante négro-mauritanienne membres du FNDU de même qu’avec les personnalités qui s’étaient retirées du RFD, dirigées par l’ancien diplomate, Bilal O. Werzeg.
Parmi les points les plus importants inscrits à l’ordre du jour du dialogue, la création du poste de vice président de la république, après l’annonce par le président de la suppression du sénat.
Ce poste sera exclusivement réservé aux Haratines en lieu et place de la présidence du parlement.
Les sources ajoutent que le poste du parlement devra échoir à la composante négro mauritanienne en lieu et place de la présidence du sénat désormais supprimé.
saharamedias
FPC : A PROPOS DU DISCOURS DE NEMA
Nous avons suivi avec intérêt la sortie du Président Aziz à Nema .
Relents de campagne d’un homme si fier de son bilan …
Au plan des perspectives deux points ont retenu notre attention : la dissolution du Sénat et l’érection de conseils régionaux . Le Président se propose de soumettre au ” dialogue” une proposition de référendum sur ces points ; chose que je trouve tout à fait superflue !
En effet il peut soit directement soumettre la question au peuple sans avoir à passer par quelque intermédiaire puisqu’en dernière analyse seul le point de vue du peuple importe , ou alors porter les points pré-cités à débat du dialogue , sans besoin de référendum .
Voilà pour la forme .
Pour le fond, l’idée de dissoudre le Sénat est une bonne chose , car comme nous le disions dans une interview accordée au Flere en 2012 , la Mauritanie ne pèse pas encore un Sénat. Quant à l’érection de Conseils régionaux , c’est une chose judicieuse et opportune si toutefois l’idée n’est pas vidée de toute substance ! Telle que formulée à Néma , elle reste pour l’instant encore floue dans ses contours… Voilà pourquoi elle doit être complétée par une retérritorialisation sur la base des aires culturelles, historiques et des potentialités économiques naturelles des Zones( région à vocation) . Ce n’est pas tout , des compétences, réelles, et des moyens financiers conséquents à accorder aux régions doivent suivre . Cela dit , pour que ce projet important ne demeure pas une coquille vide il devra être sous-tendu par une vision globale de l’ensemble des réformes indispensables à mener , toutes liées ; à défaut de quoi , on tomberait dans une approche parcellaire , fragmentée, sans unité d’ensemble , ce qui fausserait alors tout !
Il est à craindre , malheureusement, que le Président soit justement dans ce cas de figure … au regard de son approche superficielle de l’Unité nationale et de l’Ecole , de son mutisme total sur les discriminations criantes et de ses positions figées sur l’esclavage…
C’est tant mieux dirons-nous si le Président marche sur nos traces même si, gêné , il semble visiblement éviter notre terminologie ! Pourtant Il n’y a pas de quoi , car c’est faire preuve de force que reconnaître parfois à l’adversaire politique qu’il pouvait aussi voir juste …
En tout état de cause si les idées des FPC peuvent servir , contribuer au changement , peut importe le canal ou l’agent , pourvu simplement que la Mauritanie s’en trouve transformée , fortifiée et grandie !
Nouakchott, le 04 Mai 2016
Le secrétariat national à la communication.