Monthly Archives: September 2015
FLAMNET-RÉTRO: Oualata : chronologie funèbre
Anniversaire de la mort en détention de nos martyrs de Oualata 4ème et dernière partie : la mort de Djigo Tabssirou Par Boye Alassane Harouna- Écrivain et rescapé de Oualata – Quand, avec toute la conscience religieuse qui était la sienne, il avait dirigé et organisé les cérémonies funéraires de Bâ Alassane Oumar et de Bâ Abdoul Khoudouss, Djigo Tabssirou, notre imam (devenu notre doyen depuis la mort de Ten Youssouf Gueye, était naturellement bien loin de s’imaginer que très bientôt il allait reposer dans une tombe à côté de celles de nos deux camarades. En effet, il n’aura survécu que trente-deux jours à Bâ Alassane Oumar, et seulement quinze jours à Bâ Abdoul Khoudouss. Pendant neuf mois, il fut notre imam. Entendre cet homme au moment de la prière réciter le Coran, c’était un plaisir de l’âme et du coeur. Quand il récitait le Coran au moment de la prière matinale, il arrivait souvent que sa voix belle et puissante réveillât tous ceux qui parmi nous avaient le sommeil lourd. Et dans les moments critiques de notre détention, quand la lassitude morale et physique prenait le dessus, quand le désespoir cherchait à s’installer, quand le moral commençait à vaciller, quand, sous l’effet de la tension nerveuse, il se produisait çà et là quelques différends et autres coups de gueule, les sermons de Djigo Tabssirou venaient toujours remonter le moral et restaurer la sérénité. Très grand tribun, ses propos, inspirés du Coran et des hadiths, étaient toujours réconfortants par l’optimisme et l’espérance qu’ils véhiculaient. L’homme était humble et aimable. Sa mort fut aussi rapide que celle de Bâ Abdoul Khoudouss. Moins de soixante-douze heures s’étaient écoulées entre son alitement et son décès. N’Gaïdé Aliou Moctar était resté à son chevet. Dans la nuit du 27 septembre 1988, de la cour où il se trouvait avec quelques camarades qui le veillaient, nous parvenaient ses gémissements. Des difficultés respiratoires persistantes l’empêchèrent de dormir toute la nuit. Le lendemain matin 28 septembre 1988 vers 9 heures 30, Djigo Tabssirou s’éteignit. Diallo Abou Bakri qui le secondait dans sa fonction d’imam lui succéda. À ce titre, il organisa et dirigea la cérémonie funéraire de Djigo Tabssirou qui fut enterré à côté des tombes de Bâ Alassane Oumar et de Bâ Abdoul Khoudouss. Un mois : quatre morts. Cela fait une moyenne d’un décès par semaine. Quand on sait que dans cette même période plusieurs détenus étaient gravement atteints de béribéri et incapables de se mouvoir, autant dire que sans la mobilisation et la pression internationales, plusieurs, pour ne pas dire tous les locataires du fort-mouroir se retrouveraient au cimetière. Quelques mois plus tard, nous demandions à l’administration carcérale de nous permettre de matérialiser durablement les tombes de nos camarades et d’y inscrire leurs noms. Ainsi, avec du ciment et des pierres, nous élevâmes un petit mur autour de chaque tombe. Et chacune des trois tombes fut dotée d’une plaque sur laquelle sont inscrits en pulaar, français et arabe, les nom, prénom et date de décès de chacun de nos quatre compagnons.
Alassane Boye 27 septembre 2006.
www.flamnet.info
REF: [1] J’ÉTAIS À OULATA- LE RACISME d’État EN MAURITANIE- L’Harmattan, 1999. Page 138 à 139
Avant le développement durable, le pillage durable
Plus de 150 dirigeants de la planète ont adopté vendredi à New York le programme de développement durable à l’horizon 2030, promettant un monde meilleur d’ici 15 ans. Cet ambitieux programme s’est fixé 17 objectifs de développement durable, déclinés en 169 «cibles». L’objectif numéro un est l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes d’ici 2030, alors que 836 millions de personnes vivent actuellement avec moins de 1,25 dollar par jour. Il faudra également assurer l’accès de tous à l’éducation et à la santé, lutter contre les inégalités ou encore promouvoir la bonne gouvernance. Mais c’est là que le bas blesse. Ces objectifs sont tout à fait louables, mais dans notre monde arabe et africain on ne devrait pas parler de développement durable mais de pillage durable. En effet en Afrique et dans le monde Arabe, à l’exception notable du chef de l’Etat capverdien, nos dirigeants et leur entourage immédiat pillent les ressources nationales. Tous les présidents africains sont infiniment plus riches que lorsqu’ils sont parvenus au pouvoir. Alors peut-on demander à des politiques qui n’ont pour objectifs que de se remplir les poches de penser « assurer l’accès de tous à l’éducation et à la santé, lutter contre les inégalités ou encore promouvoir la bonne gouvernance » ;
Rappelons que cette feuille de route a été négociée pendant trois longues années par les gouvernements avec la participation du secteur privé et de plusieurs ONG. Et elle est la suite logique aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui portaient sur la période 2000-2015.
Mauriweb
Une grâce présidentielle très discutable
Un communiqué laconique publié par le présidence de la République a annoncé la veille de la fête de la Tabaski qu’ “A l’occasion de l’Aid Al Adha, le Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a accordé par décret en date du 23 septembre 2015 et conformément aux dispositions de l’article 37 de la Constitution une grâce à 69 détenus de droit commun”
Sur ces Soixante et neuf (69) détenus 24 prisonniers sont détenus à Aleg, 17 à Nouakchott, 4 à Kaédi et les autres dans d’autres prisons du pays.
Mais alors que toute la Mauritanie s’attendait à voir figurer dans cette liste les prisonniers de l’IRA, la présidence n’a apparemment pas voulu les en faire profiter. Toujours est il que selon le site Al Mushahid, cette liste comporte les noms d’une bande de quatre dangereux délinquants arrêtés il ya seulement quelques mois pour fait de plusieurs agressions et vols en bande organisée commis en divers endroits de Nouakchott et qui avaient été condamné suite au dossier RP24/2015 à 5 ans de prison fermes.
On sait que trois critères sont habituellement nécessaires pour figurer sur la liste des graciés : n’avoir commis un délit grave, avoir purgé au moins la moitié de sa peine et faire preuve d’un comportement exemplaire en prison. Ce qui évidement ne s’applique pas à cette bande.
Pourquoi cette bande de dangereux criminels multirécidivistes a –t-elle bénéficié de cette remise de peine ? Qui les a fait figurer sur cette liste ? L’insécurité à Nouakchott ne requiert elle pas de la fermeté face aux bandits agresseurs ? Autant de questions auxquelles devra répondre le ministre de la Justice ou le président de la République lui-même.
Mauriweb
UNE DROLE DE FIEVRE SUR NOUAKCHOTT : EST-CE UNE MALEDICTION ?
Une forme particulière et inédite de fièvre dite paludéenne sévit depuis quelques semaines dans la ville de Nouakchott.
L’épidémie est si grave que le personnel de santé, débordé, a fini par lancer un S.O.S en direction des pouvoirs publics pour une action énergique et urgente au profit des populations, qui elles, parlent de malédiction !
La fièvre dite « fièvre de Teyarett » sévit désormais de manière alarmante et épidémiologique dans la ville de Nouakchott, touchant plus de la moitié de ses habitants. Partout, les centres de santé refusent du monde ; certains patients sont obligés de demeurer dans les couloirs ou dans les cours desdits centres en attendant de bénéficier de soins nécessaires. Nombre d’entre eux luttent depuis plusieurs jours contre la mort. Désespérément. De sources médicales, il y aurait plus de malades qui ont décidé de rester chez eux que ceux qui ont finalement été conduits, en ultime recours, dans des centres de santé privés et publics. Ici et là, la situation est catastrophique, constate en substance le corps médical qui se dit dépassé par l’ampleur de la catastrophe sanitaire et qui, face à l’épuisement des stocks de perfusion, se trouverait dans l’obligation d’obliger les patients à s’approvisionner en médicaments dans les pharmacies privées. Le pire, est qu’aux dernières nouvelles, ces dernières seraient en rupture de stocks ! Partant, la situation sanitaire est des plus graves dans la ville de Nouakchott avec une fièvre dont les origines semblent encore inconnues.
Les avis sont ainsi très partagés au sein du personnel médical où l’on parle parfois d’une fièvre épidémique ou épidémiologique, parfois d’une forme particulière de paludisme, parfois de la Dengue. En tout état de cause, il semble qu’il n’existe pas de traitement spécifique pour cette fièvre sévère, selon le corps médical qui retient en substance qu’il s’agit d’une maladie virale transmise par les moustiques qui s’st propagée ces derniers mois de faon spectaculaire dans la ville de Nouakchott et même dans certaines régions du pays. Toujours selon les médecins, la maladie évolue de manière exponentielle dans les périphéries de la capitale, avec des variations locales de risque surtout fonction des précipitations, de la température et de l’urbanisation rapide et non maîtrisée.
L’occasion pour les médecins de lancer un appel en direction des Autorités pour le renforcement des moyens de lutte contre cette épidémie, mais surtout pour une politique d’urbanisation plus moderne avec des opérations régulières de salubrité publique.
Au niveau des populations, les avis sont partagés. S’ils sont nombreux ceux qui croient à la thèse médicale qui argue qu’il s’agit des conséquences d’une mauvaise urbanisation et de l’incompétence de ceux-là qui sont chargés d’entretenir la capitale, ils sont aussi nombreux ceux qui croient dur comme fer, qu’il s’agit d’ne malédiction qui tombe sur la capitale. Nouakchott serait sanctionnée par la force divine pour les dérives qu’elle connaît, pour les inégalités qu’elle entretient mais surtout, pour cette pauvreté et cette crise socio-économique qui semblent « être voulues » par les pouvoirs publics qui ont bel et bien l’air de sadiques.
MOMS
Source : L’Authentic.Info
FLAMNET-RÉTRO: Harouna Rachid LY, écrivain-journaliste, Auteur du livre-témoignage :« 1989, gendarme en Mauritanie»
Harouna Rachid LY, écrivain-journaliste, Auteur du livre-témoignage :« 1989, gendarme en Mauritanie»
« Le discours qui valait hier à leurs auteurs le qualificatif «d´ennemis de la nation» était devenu subitement un cheval de bataille qu´enfourchaient tous les prétendants aux trônes. «Unité nationale», «retour des déportés», «règlement du passif humanitaire», «esclavage»; on eût dit que, brusquement, tout le monde s´était réveillé FLAMISTE»
FLAMNET reçoit aujourd´hui un grand homme de lettres, une plume sûre, un combattant de la liberté, un intellectuel de haute facture qui n´est plus à présenter aux mauritaniens, nous voulons nommer Harouna Rachid Ly l´enfant chéri de Wouro Dialaw. Ancien gendarme mais révoqué pendant les années de braise pour délit de faciès. Oui, c´était un crime d´être un noir et fier de sa négritude pendant le régne de sa majesté Ould Taya et Rachid était fier de ses origines donc un «ennemi de la nation».
Rachid LY travaille maintenant dans un Cabinet d’Avocat à Nouakchott. Il a collaboré à plusieurs journaux indépendants comme le Calame de feu Habib Ould Mahfoudh, Al Bayane et est actuellement rédacteur-en-chef de l’hebdomadaire “La Nouvelle Expression”.
Écrivain et auteur de plusieurs ouvrages dont : Le réveil agité, Editions L’Harmattan, (Paris, France, 1997), Que le Diable t´emporte ! publié à compte d’auteur( Nouakchott, 2000), Le trésor des Houya-Houya, Editions Manuscrit.com, (Paris, France, 2001) et maintenant il vient de publier «1989, Gendarme en Mauritanie», Editions Cultures Croisées, Roissy-en-Brie, France, ( 2007).
Pour la petite histoire Rachid est l´un des rares mauritaniens de l´intérieur à écrire à visage découvert et à participer aux débats sans langue de bois dans le FORUM FLAMNET pendant les années de plomb de Taya. Entretien…..
FLAMNET : Bonjour Rachid, voulez-vous vous présenter aux lecteurs de FLAMNET?
FLAMNET : Nous savons que vous venez de mettre la dernière main sur un ouvrage, voulez-vous nous donner la primeur des thèmes qui y sont abordés?
FLAMNET : Gendarme en 1989 en Mauritanie et noir en plus ça ne devait pas être facile au royaume de Taya?
FLAMNET : Est-il facile d´être Négro-mauritanien et de mener une carrière désengagée?
FLAMNET : Votre ouvrage vient après “J’étais à Oualata” de Boye et “L’enfer d’Inal” de SY. Peut-on à votre avis parler d’une floraison ou d’un printemps de la littérature de la mémoire?
FLAMNET : Quelle est la situation de la presse en Mauritanie, est-ce que c´est facile d´exercer ce métier aujourd´hui au pays sans grands soutiens financiers ou sponsors?
FLAMNET : Comment expliquez-vous le refus du CMJD d´aborder pendant la transition les questions qui “fâchent” à savoir le racisme d´Etat, l´esclavage, les déportations, le passif humanitaire, etc…
FLAMNET : Vous êtes un observateur averti de la scène politique nationale; Sidioca a-t-il la volonté et la marge de manoeuvre nécessaires pour résorber la question nationale? Ne risque-t-on pas d’assister à un exercice de colmatage qui se réduirait à faire rentrer les Déportés et passer sous silence tout le reste?
FLAMNET : Pensez-vous que la démocratie est maintenant bien ancrée en Mauritanie et qu´avec la nouvelle “république” la situation des négro-mauritaniens n´est plus à déplorer?
FLAMNET : Que pensez-vous des FLAM, de leur lutte et du site Flamnet ?
FLAMNET : Votre dernier mot à nos lecteurs!
FLAMNET : Oui Rachid , la lutte doit continuer et merci d’avoir répondu à notre invitation.
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Propos recueillis par Kaaw Touré et Abdoulaye Thiongane.
Le mercredi 13 juin 2007