Daily Archives: 08/07/2015
Le forum ne participera pas à un dialogue n’impliquant pas toutes les parties et ne garantissant pas l’unité et la stabilité du pays
Essahraa – Le Président du forum national pour l’unité et la démocratie (FNDU) Me Diabira Maroufa, estime que le véritable choix du forum est la participation responsable à un dialogue national global, engageant toutes les parties participantes et garantissant l’unité et la stabilité du pays.
Le leader du forum a réaffirmé le pari pris par ce collectif de partis de l’opposition, portant sur la poursuite de l’activisme politique afin de créer une atmosphère appropriée à la coexistence entre les mauritaniens, dans le cadre de l’unité et du respect de la dignité ainsi que de la préservation des libertés humaines.
Selon le Président du forum, l’ultime objectif du collectif dans cette lutte est l’ancrage des valeurs démocratiques, a-t-il ajouté, soulignant que l’engagement et la disponibilité du forum ne signifient pas que le collectif compte se lancer précipitamment dans un processus improvisé, dans l’unique but de divertir l’opinion publique nationale et internationale et s’impatienter pour être édifié sur un ordre du jour devenu un secret de polichinelle.
Le leader du forum qualifie de fragile la situation du pays, précisant que la présence de la Mauritanie dans une sous-région menacée par l’insécurité, impose au gouvernement mauritanien d’œuvrer pour maîtriser cette situation sensible ainsi que pour épargner à notre peuple les conséquences de l’exercice unilatéral du pouvoir.
Me Diabira Maroufa a rappelé par ailleurs que le forum représente l’opposition la plus forte dans le pays, accusant l’actuel pouvoir de violations graves des libertés fondamentales, dont particulièrement l’interdiction des manifestations pacifiques en tant que moyen d’expression de l’opinion.
Il a précisé enfin qu’ils ont été témoins d’actes de violence, d’arrestations et d’emprisonnements d’hommes et de femmes commis par les autorités sécuritaires, sans respect de leurs droits civils.
Traduit de l’Arabe par Cridem
Diagana Ousmane, taille patron à Washington
Le mauritanien Diagana Ousmane a été nommé au poste de vice président de la Banque Mondiale (BM) le 30 juin dernier.
Le natif de Kaédi (430 kilomètres au Sud/Est de Nouakchott- dans la vallée du fleuve Sénégal), qui était jusque là Directeur des Opérations de l’institution pour la Côte d’Ivoire et quelques autres pays de la sous région ouest africaine, prend du galon et chausse le costume du patron.
Après 18 mois de résidence sur les bords de la lagune des pêcheurs ébriés, il va prendre ses quartiers à Washington, tout prés du Potomac.
Mr Diagana viendra renforcer une équipe de cadres chargée de mener à bien l’objectif d’une croissance inclusive de nature à mettre fin à l’extrême pauvreté dans le monde, avec un accent particulier sur l’Afrique, conformément aux orientations du président Jim Young Kim.
Il sera responsable «de l’éthique et de la conduite professionnelle» au sein du groupe.
Le communiqué annonçant la promotion de Mr Diagana au poste de vice-président de la BM insiste sur « sa rigueur intellectuelle, sa probité morale, son intégrité, son leadership, sa capacité managériale et sa connaissance approfondie des préoccupations du personnel sur le terrain ».
Ce cadre de haut niveau est armé d’une connaissance pointue des problématiques de développement et des solutions adaptées. Des qualités qui lui ont valu le titre de « Meilleur Ménager » du Groupe de la BM en 2009.
Au cours de sa riche carrière, Diagana Ousmane a mis son expertise et ses compétences au service de plusieurs pays africains en difficultés (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Tchad…..).
Ce grand défenseur d’une approche inclusive basée sur le partage des fruits de la croissance, est titulaire d’un diplôme de 3é cycle option finances et fiscalité de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) de Dakar.
Par Amadou Seck, Nouakchott
financialafrik.com
Alerte aux fuites !
Il ne se passe désormais pas un jour sans que la presse ne fasse état d’un scandale impliquant le pouvoir ou un de ses tentacules. Un jour, c’est le camion du Commissariat à la sécurité alimentaire, un autre, les boutiques de l’Ecole de police, les factures exagérément gonflées payées, par la SOMELEC, pour des lampadaires solaires dont plus de la moitié a déjà rendu l’âme, la construction de l’hôpital d’hépatologie ou du siège de la SNIM à Nouakchott, la mise en place de la centrale électrique dual attribuée, dans des conditions opaques, à Wartsila, pistonnée, en sous-main, par un « haut placé »… Il y a quelques jours, le noyautage de l’Etat, par un groupe, preuves à l’appui, a fait les choux gras de la presse qui ne s’est pas privée de citer des noms, à la pelle. Du népotisme avéré qui fait tache. A croire que la Mauritanie est désormais le Sénégal des Wade, la Libye des Kadhafi et la Tunisie des Trabelsi réunis, toutes proportions gardées, bien évidemment. Ould Abdel Aziz nous avait pourtant fait miroiter la lune, avec des slogans à l’emporte-pièce sur la nécessaire lutte contre la gabegie. On voit, sept ans plus tard, le résultat. Jamais cette pratique, pourtant décriée, n’a été aussi présente ni aussi sélective. Seule une poignée d’individus a voix au chapitre, lorsqu’il s’agit des marchés publics. Sinon, comment expliquer que tous les appels d’offres, pour fournir le CSA, la SONIMEX et les boutiques Emel en denrées de première nécessité, reviennent toujours à un même groupe ? Pourquoi l’ENER ne sous-traite-t-il le marché des routes qu’à ce même groupe, devenu tentaculaire ? Pourquoi ce sont toujours les mêmes qui soumissionnent et gagnent les marchés lancés par l’Etat et les grandes entreprises ? Qu’on ne se cache surtout pas derrière son petit doigt, pour nous asséner que le trafic d’influence a toujours existé et que le « président des pauvres » n’y est pour rien. Argument éculé qui ne convainc plus personne.
Les grands chantiers se sont révélé de véritables éléphants blancs. L’agriculture, qui a englouti et continue à engloutir des milliards d’ouguiyas, n’a même pas été capable de produire une seule variété de riz de bonne qualité. N’en déplaise à son ministre qui chante, sur tous les toits, qu’elle fournit 70% des besoins du pays en riz, alors que, si l’Etat ne l’achetait pas pour le vendre, à perte, on n’en entendrait plus parler. Le fisc maintient une pression telle que des dizaines de sociétés ont mis la clé sous la porte. Les délestages d’électricité sont tellement longs et fréquents qu’on ne sait plus à quoi servent toutes ces centrales achetées à prix d’or, si ce n’est à distribuer des commissions. Le secteur minier est à l’agonie. La SNIM éprouve tous les difficultés du monde, avec la baisse des prix du fer, et Tasiast a renvoyé, aux calendes grecques, son projet d’extension de la mine d’or. Sans compter le boulet que constituera la condamnation de l’Etat, par le CERDI, dans l’affaire BUMI, injustement délesté de son permis de recherche dans l’Inchiri. Ne parlons pas de l’Education et de la Santé, morts et enterrés depuis lurette.
Bref, la barque fuit de partout. Croit-on colmater les brèches en organisant de somptueuses messes d’autocongratulations et d’applaudissements à tout rompre, aux quatre coins du pays ? Sinon duper qui ? Et combien de temps encore ? Mais si l’on appelait à l’aide les charpentiers, de quels bidouilleurs familialement haut perchés l’appel d’offres se ferait-il l’apôtre ? Certains ne se préoccupent donc plus que de se préparer des bouées de sauvetage, variablement garnies. Quant à nous, mauritaniens lambda, il va falloir songer sérieusement à apprendre à nager. Sans tarder.
Ahmed Ould Cheikh
le calame
La politique pourquoi faire?
C’est au cours d’un débat entre journalistes sur Al Mourabitoune que la question a été soulevée. A quoi sert la politique ? à prendre le pouvoir ? à participer aux affaires de la cité ? à concevoir les meilleures conditions pour la réalisation du bien commun ? à établir un contrat ou des règles reconnues par tous en vue de parvenir à des équilibres dans la conduite des affaires publiques ? Au tout début était la question de savoir qu’est-ce qui a manqué à notre élite politique pour imposer un processus démocratique plus ou moins acceptable et consensuel. Pour répondre à cette question, on peut axer sur le seul aspect exercice du pouvoir et donc sur ses modalités (élections). Pour expliquer que notre élite n’a jamais eu les éléments du jeu entre les mains, qu’elle a dû subir la brutalité du pouvoir militaire chaque fois qu’elle a cru être au bout du processus. C’est faire preuve d’indulgence vis-à-vis de cette élite qui n’a jamais rien essayé depuis la première décennie de l’indépendance. A l’époque, contre vents et marées, l’élite a bien eu pour ambition d’asseoir les fondements d’un Etat égalitaire, citoyen, moderne, pacifique et ouvert. Elle a réussit plus ou moins. Plus quand il s’est agi d’imposer un Etat dans un environnement hostile où les ennemis de l’intérieur étaient plus actifs et plus dangereux que ceux de l’extérieur. Plus aussi quand le jeune Etat a pu imposer des règles générales à tous et à se faire accepter par les élites traditionnelles (féodales). Plus enfin quand le jeune Etat est devenu un acteur de la scène internationale. Moins sans doute pour ses incapacités à éradiquer les tares d’une société profondément inégalitaire et donc injuste. Moins aussi quand le pays a été incapable d’instituer le pluralisme et d’incarner la pluralité. Moins enfin quand le jeune Etat s’est laissé enivré par ses succès relatifs et a cru qu’il était assez fort pour mener une guerre qui ne se justifiait pas. Mais depuis la première décennie, qu’a fait l’élite politique mauritanienne ? Un constat nous permettra peut-être d’en savoir plus. En mars 2007, le pays connait sa première élection présidentielle consensuelle, plus ou moins régulière. Sur les 19 candidats, deux sortent du lot et doivent se faire face pour un second tour : Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et Ahmed Ould Daddah. Deux hommes qui ont tous deux appartenu au dernier gouvernement de Mokhtar Ould Daddah, celui qui a été renversé le 10 juillet 1978. Deux hommes connus pour être des technocrates et non des politiques. Même si pour Ould Daddah, l’entrée en politique date de 1991 (décembre), on peut estimer que les deux hommes sont entrés dans le champ politique par accident (si ce n’est par effraction). On peut en tirer deux conclusions : soit que la nostalgie était si forte que le peuple a voulu restaurer ce qui restait du pouvoir de Mokhtar Ould Daddah ; soit que toute l’action politique des mouvements et groupuscules qui ont animé la scène trois décennies durant, n’a pas permis de faire sortir du lot un homme capable de provoquer l’adhésion du plus grand nombre. Dans l’une comme dans l’autre des conclusions, c’est bien un échec avéré du personnel politique. Si l’on suit l’actualité, rien que depuis 1992 (la première élection présidentielle pluraliste), on se rend compte que le personnel politique a toujours couru derrière les événements. Que la capacité d’initiative a été nulle. Une excuse et une explication. L’excuse, c’est que les formations sont profondément infiltrées par les services de renseignements et que les acteurs subissent des pressions sociales et politiques énormes. L’explication, c’est que les acteurs sont pour leur écrasante majorité obnubilé par l’exercice du pouvoir et le profit qui peut en être tiré. Une conséquence aussi : les acteurs politiques ne voient pas venir les événements, ils sont alors obligés de se contenter de réagir. D’où cette propension à toujours reconnaitre les putschs qui surviennent et qui arrivent à un moment où les forces politiques sont lessivées par des querelles de positionnements qui les empêchent de voir clair. Mais plus grave encore : notre démocratie a besoin de démocrates. Sommes-nous prêts à concéder une once d’attention, un sacrifice minime pour nous permettre de nous écouter les uns les autres, de trouver entre nous un terrain de convergence ? Avons-nous justement une idée claire de ce terrain de convergence vers lequel nous devons nécessairement évoluer ? Quelle conception avons-nous de la démocratie en général et de notre devenir commun ? Laissons-nous une place pour l’autre et quelle perception justement avons-nous de l’autre ? Il faut rappeler que l’élite politique actuelle a été formée à l’école du monolithisme (Parti unique, mouvements identitaires, totalitaristes…). Que ce que nous voulons exiger en termes d’alternance pacifique au pouvoir est une notion étrangère à la culture qui est la nôtre. Qu’il s’agit donc d’un apprentissage, long et ardu, qui demande patience et sacrifice. Chaque fois que vous demandez à notre intelligentsia de réfléchir à l’avenir, de chercher à le concevoir et à le réaliser dès à présent, vous êtes l’objet d’un lynchage public. Une façon de cacher le désarroi face à l’avenir devant lequel on se sent incapable. Quand on refuse de se projeter pour anticiper sur les événements à venir, on annihile toute capacité de progrès. On se condamne à l’inertie. Et c’est ce qui nous arrive.
Publié par Mohamed Fall Oumeir