Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: September 2014

Mauritanie: O. Maham qualifie les FLAM de « séparatistes »

ALAKHBAR (Nouakchott)-Le nouveau président du parti au Pouvoir (UPR) a qualifié de « séparatiste » le mouvement des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM) qui propose à l’autonomie de la partie sud de la Mauritanie à majorité noire.

Sidi Mohamed Ould Maham s’exprimait lors de son élection à la tête de l’UPR. Il a rejeté et condamné fermement ce «projet d’autonomie» qui menace selon lui la cohésion du peuple mauritanien et l’intégrité territoriale du pays.

Le nouveau patron de l’UPR a en revanche a appelé pour « un dialogue franc et constructif » qui permettrait à participation inclusive à la gestion politique du pays.

Samba Thiam président FPC, ex FLAM sur Chinguity TV: «Si je m’exprime en français, c’est par simple courtoisie, pour qu’on se comprenne, sinon, je m’exprime en Pulaar qui est ma langue, le français n’est pas ma langue»

altInvité à un débat sur Chinguitty TV, le président des forces progressistes du changement, ex-FLAM, Samba Thiam a  plusieurs fois haussé le ton, menaçant même de se retirer si le déroulement du  débat n’est pas réglé. « Si je savais que le débat allait se dérouler ainsi, je ne serais pas venu ». En effet, le président du FPC s’attendait à l’endroit de ses  vis-à-vis qu’ils  s’expriment   dans la langue de Molière pour porter la contradiction ; mais, il a eu à faire face à Abdou Salam Ould Horma, président de Sawab, d’obédience baasiste qui s’exprimait en arabe. Le choix de la chaine n’est peut-être  pas fortuit. Ont pris part au débat Me Lô Gourmo, vice-président de l’UFP et Bilal Ould Hamza venu visiblement défendre le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Certains  intervenants par téléphone se sont également exprimés longuement en arabe ou Hassaniya, ce que Samba Thiam ne comprenait ou ne maitrisait point. Le débat était donc mal engagé, même si, estime le vice-président de l’UFP, le plateau reflétait la diversité de la Mauritanie.  On semblait aborder un débat de sourds, avec un animateur qui avant d’être rappelé à l’ordre par le président Thiam n’était pas du tout à la hauteur. « Si je m’exprime en français, c’est par simple courtoisie, pour qu’on se comprenne, sinon, je m’exprime en Pulaar qui est ma  langue, le français n’est pas ma langue.» Et l’ex président des FLAM d’indiquer : « je ne refuse pas de parler Hassanya ou arabe, c’est tout simplement parce que  l’exil de près de trente ans m’a fait oublier le Hassaniya utilitaire, de bas niveau  que je possédais.»

Reprenant la parole après un tour de table, Samba Thiam revient à la charge : « Je veux répondre à Abdou Salam, mais je n’ai pas compris tout ce qu’il a dit, si voulez  qu’on poursuive ce débat, il faut que je sois dedans, sinon je me retire. On ne peut débattre tant qu’on ne se comprend pas, c’est prêcher dans le desert. » C’est seulement en ce moment que notre animateur se décide  a parler un français approximatif, et Abdou Salam Ould Horma de demander à Hamza de traduire  son propos.

Si Samba Thiam ambitionnait d’expliquer la vision des forces progressistes du changement aux mauritaniens, les problèmes que le pays rencontre dans la cohabitation entre les composantes du pays, l’exclusion des négro mauritaniens et les harratines, Abdou Salam Ould Horma lui reprochait aux FLAM d’ »avoir pris des armes contre leur propre pays, ce qui est contraire à la Constitution» avant d’ajouter : « si les FLAM ont décidé de s’inscrire dans le combat démocratique, ils doivent faire un mea culpa et demander pardon à leurs compatriotes.» Et le président des FPC de rétablir ce qu’il a qualifié   d’”affirmation fallacieuse  et dénuée   de tout fondement” du Vice -président de l”UFP qui posait que les “flam combattaient les maures” : « vous ne trouverez nulle part cette formulation dans le manifeste, le problème, c’est que vous inventez des choses ,dans le seul but de nous  diaboliser; nous n’avons jamais déclaré la guerre à la composante arabo-berbère mais a l’Etat arabo-berbère ,au  système , qui dirige le pays.» Et c’est-là  la différence d’approche ou de concept entre vous et nous, a répliqué Gourmo Lô. « Nous disions à l’époque que la responsabilité des problèmes du pays incombait à l’état néo colonial alors que vous imputiez cela à l’état Beidane». Réplique de Samba Thiam, « je suis sûr que si nous avions discuté avec les nationalistes arabes, on se serait entendu, mais par vos divertissements, vous nous en  avez empêchés.»

Les invités ont également divergé sur l’appellation « arabo-berbère », la prédominance de  la langue sur le Pulaar, le Soninké et le Wolof. Pour Samba Thiam, si les maures mauritaniens ne se sentent pas concernés par ce vocable, pourquoi alors s’offusqueraient- ils ?

Pour Bilal Ould Hamza, il faut oublier tous les problèmes qu’a connus le pays pour se tourner vers le futur et saisir l’opportunité qu’offre le président Aziz pour bâtir notre pays.

Une thèse rejeté et par Thiam et Gourmo qui ont indiqué qu’il faut d’abord  reconnaître les problèmes de cohabitation que connait  le pays pour  les résoudre par le dialogue et la négociation.

Il regrettable que des débats de ce genre ne soient pas mieux prépares et confiés à des hommes d’expérience. Les mauritaniens  et chaines de TV  en profiteraient  grandement.

LE CALAME.

 

De Tene Youssouf Gueye à Lamine Mangane : Le Septembre Noir

De Tene Youssouf Gueye à Lamine Mangane : Le Septembre NoirTous les mois appartiennent à Dieu, il y a de ces mois au cours desquels les démons s’allient avec les hommes pour verser le sang des innocents. Dieu a, Lui-même, du haut de Son Trône interdit l’injustice, mais les hommes s’entêtent en arrachant la vie de leurs semblables. Que l’on soit en septembre 1988 ou en septembre 2011, les autorités mauritaniennes avaient décidé d’appliquer ces pactes pour que coule le sang noir. Désormais, septembre est devenu noir.

Téne Youssouf Gueye est né en mai 1923 à Kaedi et décédé le 07 septembre 1988 à Walata. Le célèbre écrivain, père de neuf enfants, a été arrêté en 1986, à la suite de la publication du manifeste du négro-mauritanien, lequel fut largement distribué à Adis-Abeda. L’Etat l’avait condamné à une peine de quatre ans ferme. L’homme avait osé dénoncer le racisme de l’Etat en soutenant la cause des élèves noirs. L’Etat voulait arabiser à outrance le pays aux dépens des noirs qui n’étaient pas préparés vu les programmes scolaires en vigueur. Devant une répression inouïe et aveugle partout dans la vallée, il fallait lever le petit doigt pour interpeller le dirigeant injuste. Téne Youssouf Guéye l’a fait à travers ses écrits et à travers la conscientisation de ses miens. Accusé de fomenter un coup d’Etat et d’être parmi les rédacteurs du manifeste des 19, il ne survivra pas à la torture. Voilà l’une des facettes des supplices : « On nous mettait dans un trou et on nous ruait de coups. Des fois, on bandait nos yeux et on nous emmenait dans un endroit pour nous signifier qu’on allait nous exécuter. Les menottes aux mains et aux pieds, chacun de nous était attaché à un autre prisonnier. Sans compter les violences corporelles ». L’écrivain a été arrêté, soumis à la torture, sa famille humiliée, sa personnalité vilipendée par les sbires du système raciste. Et, lorsqu’il fut transféré avec d’autres grands intellectuels noirs au bagne de Walata, Téne Youssouf Guéye savait que la suite ne présageait pas bonne augure : il n’était pas parti pour purger sa peine mais pour périr. L’Etat savait qu’en exécutant les intellectuels et les officiers, il tuait tout un peuple. Aujourd’hui, ils ont presque réussi leur projet, l’héritage de Taya est la haine qui exacerbe par les agissements de son dauphin Mohamed Ould Abdel Aziz et sa bande des tortionnaires.

C’est un autre écrivain-rescapé, Boye Alassane Harouna qui immortalisera les sévices. Son livre, J’étais à Oualata, est une bible qui traduit la haine noire en dévoilant le projet de l’Etat mauritanien destiné à l’abrutissement du peuple noir notamment en tuant ses plus grands intellectuels.

Tene Youssouf Guéye n’était pas le seul, Ibrahima Mocktar Sarr, Djiguo Tapsirou, Ba Abdoul Ghoudouss mort les chaines aux pieds… Les familles revendiquent les sépultures des fils, même si le sable de la haine les a engloutis.

La mort de Lamine Mangane le 27 septembre 2011 s’inscrit dans le même esprit criminel de l’Etat mauritanien. Les hommes ont changé, mais les intentions ont subsisté. Nous sommes dirigés par des assassins étouffeurs, par des militaires aux mains ensanglantées, ils sont des hommes sans vergogne. Comment, l’on ordonne de tirer sur un adolescent de 19 ans et puis on dépêche une délégation pour acheter la famille de la victime : c’est d’être d’une ignoble moralité humaine. Notre dirigeant et ceux qui se sont rendus à Magama racheter la peine des Mangane sont d’une bassesse humaine. Au lieu d’obliger la traduction du gendarme criminel, ils ont démontré à tous les citoyens leur haine envers les opprimés et les faibles. Les meurtriers de Téne Youssouf Guéye et de Lamine Mangane, comme de milliers de noirs, se pavanent encore sous nos cieux, ils entretiennent même des rapports privilégiés avec nos dirigeants. Pour sauvegarder sa pérennité, nous disons qu’un Etat juste et droit ne doit pas favoriser l’impunité. Jugez celui qui a assassiné L. Mangane, il se trouve à Rosso. Jugez les assassins de Walata, d’Inal et de Jreida avant que le peuple ne s’empare des palais de justice et vide les prisons pour y conduire les complices.

Mourir dignement, il y a certainement un prix à payer. C’est mourir lorsque tout le monde espère en nous et que l’on meurt pour eux. La Mauritanie a tué un intellectuel père de famille, comme elle a arraché la vie d’un adolescent qui se construisait un destin. Dorénavant, si réfléchir est un acte criminel, nos intellectuels sont avisés. Et si brandir une pancarte pour revendiquer ses droits est un délit, nos adolescents sont prévus. S’il faut mourir à tout prix, le choix s’impose. Ne les oublions pas, ils sont morts pour nous.

Source: http://www.fr.alakhbar.info

boolumbal

 

Affaire de Niabina : Chasser le naturel, il revient au galop !

Affaire de Niabina : Chasser le naturel, il revient au galop !Le Rénovateur Quotidien – L’affaire de Niabina continuera de prendre les devants de la scène, autant que les autorités demeureront fidèles à leur politique de deux poids, deux mesures.

Un paradoxe qui intervient au moment où au sommet de l’Etat, on martèle à l’opinion nationale et devant les tribunes internationales et sans passer aux actes, que la Mauritanie est démocratique, une et indivisible, que ces citoyens sont égaux dans les droits et les obligations.

La Mauritanie est toujours otage de ses monstres en hibernation, qui se réveillent au grand jour, de temps à autre, malgré les forts calmants injectés pour masquer ses malformations et leurrer sur ces dysfonctionnements condamnés à disparaître pour la naissance d’un Etat égalitaire.

Qu’il s’agisse des questions de l’esclavage ou des discriminations, les exemples sont très nombreux pour montrer que le danger est parmi et qu’il y lieu d’agir trop vite pour prémunir le pays du péril qui le guette pour le ravager au moment des ses plus grandes faiblesses. On répète ici et là qu’il n y a pas d’esclavage, alors que cette tare souffre encore pour disparaître d’une politique ferme qui manifeste la tolérance zéro aux maîtres esclavagistes.

On affirme officiellement que les composantes nationales sont unies dans les droits et les obligations, alors qu’elles sont traitées différemment par les autorités censées incarnées cette unité.

L’affaire de Niabina est encore vivante pour attester de la libre circulation des monstres sociaux dans nos murs. La communauté soninké et avant elle les wolofs ont exprimé leur désolation d’être sous-représentés ou pas du tout dans le gouvernement.

Les FLAM se sont plaints à la tenue de leurs dernières assises de ne pas bénéficier de la même marge de liberté accordée aux partis et associations cartables, qui n’ont que leur récépissé pour membres.

Ce qui est fort regrettable, c’est le laisser-aller qui caractérise ces écarts sans interpeller la conscience de nos politiciens, médias et intellectuels pour rappeler à l’Etat ses responsabilités et ses dérives, dans l’espoir de corriger ses erreurs.

Ce ne serait jamais une mauvaise chose pour un pouvoir qui se proclame lui-même « un mouvement de la rectification » et par ses convictions démocratiques, il doit s’ouvrir pour apporter les sutures socioéconomiques nécessaires à la Mauritanie « fracturée. »

C’est sans doute en respect à son devoir politique et national que l’UFP a fait une résolution sur Niabina qui pourrait servir de piste pour montrer que la Mauritanie est toujours fragilisée par ses politiques aux allures subjectives, instaurant tantôt les privilèges et les exclusions sélectifs.

Le Bureau exécutif de l’UFP, réuni en session ordinaire les 21, 22, 23, 24 et 25 août 2014 dit condamner le le comportement méprisant de l’administration et des forces de sécurité à l’endroit des paisibles populations de Niabina et fustiger ce genre de comportement irresponsable, dont l’objectif avoué ou non est de nature à susciter des tensions intercommunautaires nuisibles à l’unité nationale.

Le parti exige également qu’une enquête sérieuse soit diligentée afin de connaître les tenants et aboutissants de cette affaire louche et réclame des sanctions exemplaires contre les responsables de ces forfaits dans l’espoir que de telles pratiques ne se reproduisent plus.

Un appel patriotique que les mille et un parti mauritaniens, les médias et les élites ne se donnent pas la peine de faire le sien pour contribuer à élever la Mauritanie des sables mouvants de l’injustice, du favoritisme, du tribalisme et de l’exclusion. A bon entendeur salut !

Md O Md Lemine

Mauritanie : L’éveil inéluctable des Harratines

Mauritanie : L'éveil inéluctable des HarratinesMozaïkRIM – Les soubresauts sociaux de ces dernières années, particulièrement dans la communauté Harratine, continuent le mouvement d’émancipation social enclenché depuis plus de trente ans, et qui annoncent un bouleversement majeur, inévitable, de tous les ordres établis en Mauritanie.

Le manifeste des harratines diffusé par un groupe de cadres de cette communauté, la grève des dockers du port de Nouakchott , la grande rencontre publique de toutes les grandes personnalités politiques, intellectuelles, associatives et syndicales harratines la semaine passée, la tournée intérieure de l’initiative pour la résurgence anti-esclavagiste (IRA) il y a plus d’un an, la tentative de récupération politique des autorités par la création d’une agence chargée de gérer les séquelles liées à l’esclavage…

Autant de signes d’un mouvement social de fond de la principale composante communautaire du pays.

Ce branle-bas, tout azimut, est intervenu parallèlement à la publication du manifeste des cadres harratines qui énumère les inégalités criantes dans la répartition du pouvoir politique, des richesses économiques, ou de l’influence sociale, à l’encontre d’une partie de la population mauritanienne qui représenterait entre 40 et 45% de la démographie du pays. Une nette majorité qu’on peut difficilement continuer à ignorer, comme elle l’a été depuis l’indépendance.

Presque un mauritanien sur deux vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un euro par jour. Dans cette proportion, «80% d’entre eux sont des harratines» rappelle le manifeste. Les Harratines représenteraient 85% des analphabètes, près de 90 % des paysans sans terre et plus de 90 % des travailleurs exerçant des métiers pénibles et mal rémunérés.

Ces statistiques sont à retrouver dans un mémorandum rendu public, et rédigé par des cadres harratines appartenant aux différents partis politiques de la majorité et de l’opposition, ainsi qu’aux organisations de la société civile, selon un document publié le mercredi 9 janvier 2013 par l’hebdomadaire Alakhbar.

Refonder un citoyen mauritanien«Les Harratines étaient très divisés-Ils le sont d’ailleurs actuellement- divisés par leur appartenance tribale, régionale et par le fait qu’en Mauritanie, on n’a jamais vraiment uni les gens. Les gens sont divisés par ethnie, par tribu et par la race», explique un cadre harratine de la mouvance politique de la majorité au pouvoir.

Et les Harratines esclaves, anciens esclaves ou assimilés suivent le courant de la tribu à laquelle ils pensent appartenir. «Aujourd’hui, ils s’en dégagent. Et grâce à l’émergence d’une élite harratine, opprimée comme le reste, les gens sont devenus mûrs à poser leurs problèmes de manière concertée, claire et sans équivoque» continue le cadre.

«La présente initiative a pour ambition de traduire une nouvelle prise de conscience de la communauté Haratine pour capitaliser les acquis des luttes menées depuis la création du Mouvement El Hor en mars 1978, tirer les leçons de ces combats et concevoir un nouveau projet à la fois fédérateur et en rupture franche avec le système des hégémonies particularistes, tribales en particulier, et ce dans le but de servir les intérêts supérieurs de la nation. Le grand mouvement civique que ce Manifeste voudrait susciter et animer, s’inscrirait à contresens de l’ordre ancien, esclavagiste et féodal, pour créer les conditions d’une révolution sociale et politique portée par une forte mobilisation citoyenne, pacifique et démocratique, associant toutes les forces, issues de toutes nos communautés nationales et transcendant les appartenances partisanes de culture, d’opinion ou de couleur» conclut le manifeste, qui marque ainsi sa volonté de symboliser la rupture qu’il entend annoncer.

Cette rupture ne saurait se faire selon la plupart des cadres harratines rencontrés lors de leur fameuse réunion publique à l’ancienne maison des jeunes la semaine passée, sans la destruction de ce puissant complexe d’infériorité inculqué par les anciens maîtres au fil des générations.

Complexe que les Oulémas ont délibérément entretenu.

Le poids des Oulémas s’effrite- C’est cette superstructure religieuse justement, comme dirait feu Marx, qu’une organisation comme l’initiative de la résurgence abolitionniste veut mettre en pièce en démontrant les velléités politiques et sociales cachées derrière de «brumeuses raisons religieuses pour noyer l’esprit de l’ancien esclave» (dixit le président de l’IRA, Birame Ould Abeid).

C’est ainsi qu’il y a deux ans, le pays était encore agité des manifestations épidermiques enclenchées par l’incinération des livres dits de rite malékite, que l’ordre politique, puis religieux, ont tenté d’instrumentaliser pour mettre fin à cette dénonciation symbolique de l’inféodation des pouvoirs religieux au pouvoir temporel politique des hommes.

Et ça a marché : débats, prises de position explicatives d’un point de vue religieux d’un érudit tel que Cheikh El Mehdi, ont amené des partis comme Tawassoul, qui avait dénoncé l’acte, à nier que la religion musulmane puisse permettre la sujétion d’hommes à d’autres hommes.

Une telle manipulation a justement pu perdurer du fait, comme le souligne le manifeste, de la quasi inexistence d’oulémas harratines : un seul Faghih Harratine (spécialiste en jurisprudence islamique) est agréé sur plusieurs centaines et quelques dizaines d’Imams sur des milliers reconnus.

Quand le combat est littéraire aussi… – Dans son roman YESSAR, le romancier mauritanien Ahmed Yeddaly annonce ce changement majeur, dans l’éveil d’une conscience sociale Harratine forte, et surtout ce désir d’égalité, de fusion des hymnes culturels, pour enfin exposer un citoyen mauritanien libre.

« Yessar, militant anti-esclavagiste devant recueillir l’assentiment de ses «maîtres» pour s’affranchir, est sans doute représentatif du Mauritanien conformiste, souvent en « compromis » avec des structures sociales d’un autre âge : prétendant désavouer des différenciations sociales artificiellement maintenues par l’endogamie, mais sans jamais enfreindre ses règles de sélection qui consacrent naturellement la naissance » conclut dans la note de lecture du roman Yessar, d’Ahmed Yeddaly, qu’en fait Mohamadou Saidou Touré.

Et bien avant l’IRA, Ahmed Yeddaly raconte au travers de différents personnages représentatifs de l’ordre social mauritanien, que cet ordre n’est point d’ordre divin, mais bien et seulement humain.

Ce fait est consacré dans le livre lors de la rencontre du personnage Yessar, avec Mouftah El Kheïr, un « Bidhane », directeur d’école, « fils de grands savants musulmans », qui lui confirme que les « abîd », « esclaves, en milieu maure », « n’ont pas été capturés au cours d’un jihad [« guerre sainte »], mais au cours de diverses razzias menées par les Bidhanes en terre noire » (page 76).

«Le roman psychologique d’Ahmed Yedaly est réaliste à plus d’un titre : Yessar, militant anti-esclavagiste devant recueillir l’assentiment de ses « maîtres » pour s’affranchir, est, sans doute, représentatif du Mauritanien conformiste, souvent en « compromis » avec des structures sociales d’un autre âge : prétendant désavouer des différenciations sociales artificiellement maintenues par l’endogamie, mais sans jamais enfreindre ses règles de sélection qui consacrent naturellement la naissance» conclut Mohamadou Saidou Touré.

Cet état de choses semble sur la (longue) voie d’être changé.

La continuité du mouvement El Hor– 5 mars 1978 : un groupe de jeunes harratines, étudiants pour la plupart, marchent pour la «dignité et l’honneur». «Ce mouvement a été à l’origine de l’abolition formelle de l’esclavage avec la déclaration le 5 juillet 1980 et sa promulgation le 9 novembre par les mêmes colonels qui nous ont gouvernés sans interruption pendant une trentaine d’années» rappelle Boubacar Ould Messaoud, dans un entretien accordé au site électronique Alakhbar.

«C’est la première rupture d’une première génération de citoyens Harratines avec des hommes comme Messaoud Ould Boulkheïr, Ethmane Ould Yali, Boubacar Ould Messaoud, entre autres, qui se sont rebellé ouvertement contre l’ordre social établi» rappelle MOMS, journaliste au quotidien L’Authentique.

«Depuis, cette marche a connu bien des défections et bien des trahisons, mais aussi un relâchement et l’embourgeoisement de certains leaders qui ont vite abdiqué face à l’appel des sirènes d’un état prompt à dompter les empêcheurs de tourner en rond de l’ordre social préétabli» continue-t-il.

«C’est le premier geste fort, c’est le premier élan qui a permis de planter cette graine qui germe et qui arrive aujourd’hui en 2013 bientôt à maturation et qui fera éclore les fruits de l’égalité et de la citoyenneté» explique, lyrique, Boubacar Ould Messaoud. «Entre-temps la libération massive des esclaves se déroule, mais s’il reste encore des choses à faire au niveau des lois et de leur application surtout» termine le président de SOS-Esclaves.

Mamoudou Lamine Kane

Quelques chiffres issus du Manifeste des Harratines :

– Sur le plan agricole, moins de 10% des 2 à 3 milliards d’UM de prêts accordés annuellement par le Crédit agricole pour financer la campagne éponyme, profitent aux milliers de cultivateurs locaux (à majorité Harratines) contre plus de 90% pour les dizaines d’entrepreneurs de l’agro-business (ou prétendus tels), ressortissants de milieux et de zones sans vocation agricole dans leur grande majorité.

– La parcelle d’un paysan local est en moyenne de 0,25 à 0,5 hectare contre une moyenne de 200 hectares pour la parcelle d’un fonctionnaire ou homme d’affaires agriculteur d’occasion.

– S’agissant de la Sécurité et de l’Armée, les Harratines, comptent 2 ou trois commissaires de police sur plus de 150, moins de 30 officiers supérieurs sur plus de 500 et aucun général parmi les 12 que compte le pays.

– Pour les professions libérales, on compte moins de 20 médecins Harratines sur 600, moins de 20 professeurs d’université sur plus de 300, moins de 5 magistrats sur plus de 200 et moins de 20 ingénieurs sur plus de 200.

– Dans la Fonction publique et aux postes de décision, moins de 2% des hauts fonctionnaires et cadres supérieurs du secteur public et parapublic sont Harratines. Ils sont une dizaine d’administrateurs civils sur plus de 200.