Daily Archives: 15/09/2014
Portrait de Sy Abdoulaye dit Saké, rescapé des purges de 1988
Le Terroir – C’est un membre actif du Collectif des Victimes et Rescapés des évènements de 1986 à 1991, une association formée pour défendre les droits des négro-Mauritaniens victimes de la répression aveugle du régime du dictateur Maouiya Sid’Ahmed Ould Taya.
Il a été engagé dans l’armée nationale en 1977 comme soldat de 2ème classe dans l’unité 510 de l’artillerie militaire. Aussitôt après son recrutement dans l’armée, il est envoyé au front en pleine guerre de la Mauritanie contre le Sahara occidental sous les ordres du capitaine Ould Minih qui commandait la 5ème région militaire.
Le soldat de 2ème classe Sy Abdoulaye dit avoir participé sous le drapeau national à trois accrochages militaires contre les forces ennemies.
A la fin de la guerre du Sahara, lui et un groupe de soldats fichés par le commandement militaire comme soldats indisciplinés sont réaffectés au groupement des méharistes commandés à l’époque par un certain sous lieutenant du nom de Modié avec comme adjoint l’adjudant Elati.
De 5 Heures du matin jusqu’à 6 heures de l’après-midi, Sy Abdoulaye et ses compagnons d’arme marchaient à pied conduisant des chameaux. C’était la pire souffrance, déclare t-il et à chaque fois qu’on trouvait à manger, ça coïncidait avec l’immolation d’un chameau, a ajouté Saké. La viande était partagée entre les 50 personnes et chacun conservait sa viande car les éléments de l’équipe se perdaient dans cette interminable marche dans le désert.
Le soldat et ses compagnons se sont égarés plusieurs fois à la frontière de l’Algérie et de la Mauritanie. La faim, la soif et la saleté nous rongeait les corps, le lieutenant Modié est là vivant et il peut en témoigner.
« Nous étions des nomades et nous partions à la recherche d’autres populations nomades dans des endroits perdus dans le désert et qui n’avaient pas accès à la santé et à l’eau ou qui traversaient des problèmes.
Une fois en plein désert parti à la recherche du bois de chauffe je me suis égaré et je ne dois mon salut qu’aux tirs nourris de mes compagnons d’armes qui m’ont orienté Tout ça nous l’avons accepté par patriotisme.
Un jour un serpent a mordu mon chameau qui a rendu l’âme par la suite. On m’a affecté à Oualata en qualité d’ordonnancier pour me punir, puis dans l’unité des supplétifs. Les injustices au sein de l’armée Mauritanienne sont très anciennes et font légion. Nous avons été commandés par Breîka à Néma qui nous a fait cultiver des champs et nous avions une ration individuelle, des boites de sardines et c’est le colonel Ould Lekhal qui a interdit cette pratique. Si on nous prive aujourd’hui de nos droits et on nous traite de la sorte, c’est le comble de l’ingratitude d’un état vis-à-vis de ses propre fils.
Malgré tout ça, nous continuons de courir derrière nos droits, la régularisation de nos pensions de retraite, moi et d’autres compagnons d’arme. Les sacrifices que nous avons déployés pour ce pays, méritent au moins qu’on prêtent attention sur nous et nos problèmes ».
«Notre rôle était de signaler ces cas aux pouvoirs publics. Nous étions équipés de RAC et accompagnés d’un infirmier. Nous avons visité de nombreuses localités telles, Néma, Oulata, Boumdeîd, Tidjikja, Tichitt où une forte pluie nous a surpris un jour sous des palmiers dattiers. Sans compter les risques énormes auxquels nous étions exposés avec la présence des reptiles. Nous avons sillonnés le Maroc et le Sahara. Nous avons été révoqués sans droit pour la seule raison que la couleur de notre peau est noire sur ordre du colonel Arby O Jdeîne, tortionnaire notoirement connu des Mauritaniens » a pesté Saké Sy.
« Et plus pire encore, nous ne parvenons pas à recouvrer nos droits alors que nous sommes des citoyens Mauritaniens qui avons sacrifié nos vies pour défendre ce pays » a martelé l’ex-artilleur de l’armée nationale.
« L’Etat Mauritanien n’a aucune considération pour nous, il n’a que du mépris pour nous. Dans ce pays, les gouvernants n’ont que du mépris pour les négro-africains ».
Toutefois, l’ex-soldat de 2ème classe Sy Abdoulaye ne tarit pas d’éloges à l’endroit de Mohamed Jemil Mansour, président du parti Tawassoul qui selon lui a une grande considération pour la communauté négro-africaine et ne rate aucune occasion de le faire savoir. Ce militant actif de COVIRE ne tarit pas également de critiques à l’égard de l’ancien président Eli O Mohamed Vall qui, dit-il, manifeste tous les jours son rejet de la communauté négro-africaine.
« Ely O Mohamed Vall s’exprime librement tous les jours dans les chaines de radio et de télévision sans être inquiétés par qui que ce soit. Et pourquoi alors s’acharner sur les Flam et son président Samba Thiam. Il faut laisser Samba Thiam tranquille, ce grand patriote qui n’a fait qu’émettre librement son point de vue sur la gestion de la Mauritanie et pas plus. Je remercie Birame Dah O Abeîd pour son combat contre l’injustice et l’arbitraire et je l’encourage à persévérer dans son combat noble pour les défendre les opprimés dans notre pays ».
Age 56 ans, l’ancien combattant de la guerre du Sahara, père de 3 enfants se bat sur tous les fronts de la défense des droits humains et contre tous les fossoyeurs des droits des victimes de la répression aveugle de Ould Taya et tous ceux qui veulent faire obstacle au règlement définitif, juste et équitable du passif humanitaire.
Daouda Abdoul Kader Diop
Source: cridem
Nomination à la Primature : Une autre facette de l’exclusivisme ethnique
Alors que l’unité nationale, le caractère multiethnique et culturel de la Mauritanie sont devenus depuis des années des thèmes porteurs, galvaudés dans tous les discours officiels, le partage des richesses et des postes de privilège semble cependant être circonscrit à une seule communauté.
Les dernières nominations à la Primature, et peu avant, à la tête des Secrétariats généraux des ministères indiquent clairement, que la Mauritanie appartient à une seule ethnie. Tous ceux qui dénoncent un tel état de fait courent le risque de la diabolisation sous les étiquettes «racistes» et «extrémistes».
Le Premier ministre entrant, Yahya Ould Hademine a nettoyé son écurie en amenant ses propres hommes après avoir renvoyé quelques figures vieillissantes que son prédécesseur avait laissées sur place.
De nouveaux chargés de mission et des conseillers viennent en effet d’être nommés à la Primature. Il s’agit de Marième Mint Tourad, Mohamed Mahmoud Ould Bousriya, Ahmed Salem Ould Mayabe, Nagi Ould Khattri, Aima Mint Salem Vall, Mohamed Yahya Ould Ahmed El Ghadhi, Hasni Ould Fghih, Isselmou Ould Meynouh, Ebaba Mint Abbad, Ahmed Ould Khteïra.
Des Ould et des Mint qui sonnent bien mauritaniens, pour une République exclusiviste où les autres composantes nationales doivent rester de simples sujets.
L’équipe du Premier ministre sortant, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf n’en était pourtant pas moins coloré, puisque certaines de ses éminences grises ont été remerciées par son remplaçant. Il s’agit entre autres de Isselmou Ould Sidi Moustaph, Mohamed Ould Khabaz, Aboubacar Ould Lemrabott et Yahya Ould Aly.
Toujours des Ould et des Mint qui viennent ainsi s’ajouter à une vingtaine d’autres Ould et Mint promus ministres dans un gouvernement à vingt-huit.
Plus récemment, des directeurs et des Secrétaires généraux ont été nommés parmi cette classe, dont les membres ont eu l’extrême privilège de naître Ould et Mint dans une République où cette particule, à condition d’être d’une bonne extraction, donne droit à toutes les exclusivités. Ainsi, un tel privilège a été accordé à Mohamed Ould Haïba, devenu DG du Port de Nouadhibou et président de l’Autorité de la Zone franche en remplacement de Ahmed Salem Ould El Arbi, projeté à la tête de la Somelec.
C’est au nom du même principe de classe que le capitaine de Vaisseaux, Ahmed Ould Sayed Ben Aouf, a été bombardé commandant de l’Académie navale, que Marième Mint El Mouvid, Mohamed Ould Ahmed Aida, Ahmed Ould Sidi Ould Edje, Khadijetou Mint Bouka, Lematt Mint Ownen, Khalil Ould Mehdi, Moyma Mint Dhehbi, Mokhtar Ould Hendi, M’Ayziza Mint Kerbaly, ont été promues ou maintenus comme Secrétaires généraux de ministères, ou directrice adjointe d’entités publiques.
Exception ! Une «Non Mint» en la personne de Aîda Niang a été casée dans un poste de directrice de cabinet. Sur plus de vingt postes de hauts fonctionnaires, Aida Niang est la seule représentante de la communauté négro-africaine, la seule qui n’appartient pas à la classe des privilèges, à être nommée dans cette dernière vague, comme si sa désignation n’avait en fin de compte pour finalité que d’éloigner le mauvais œil.
Mais pour les chauvins, ceux qui ne rêvent que d’une Mauritanie «blanche», «arabe», une Mauritanie qui pourra trimbaler dans les sommets de la Ligue une délégation colorée, au nez aquilin et à la chevelure lisse, toutes ces nominations ne rentrent que dans l’ordre normal des choses. Aussi, aucun site arabophone n’a relevé l’anomalie, aucun analyste de la communauté privilégiée, n’a crié au scandale. Mais qu’un Birame Abeid, un Birane Wane ou un Samba Thiam s’offusque d’un tel racisme, c’est tous les sites arabophones, toutes les armées d’analystes de la communauté visée qui vont s’élever pour les taxer d’extrémistes et de racistes.
Et le président Aziz montera sur ses grands chevaux pour les crucifier, applaudis par les milices de religieux, adeptes de la division de classe et de l’asservissement humain.
Ce constat ne pourra que remettre en débat, la sempiternelle équation de la cohabitation sociale et de l’unité nationale, rudement mises à l’épreuve par un racisme officiel d’Etat.
Pourtant, les autorités mauritaniennes qui ramènent dans tout leur discours ces deux problématiques, sont ceux-là même qui se sont érigés tout au long de l’histoire contemporaine du pays, en champions de la division, posant chaque jour les jalons de l’implosion intercommunautaire.
L’exemple de Niabina, ainsi que l’établissement dans toutes les villes de la Vallée d’une véritable administration de domination, éloignent encore davantage l’espoir d’une véritable réconciliation nationale.
Pas étonnant que la Mauritanie enregistre aujourd’hui une si forte exaspération communautariste, faisant imploser ici et là, la colère des exclus et des marginalisés.
Que les Haratines, utilisés à bon escient pour des besoins d’addition démographique, cherchent aujourd’hui à se soustraire du diktat des «Ould et Mint » bien nés, ou que les FLAM demandent l’autonomie régionale comme mode de gestion décentralisée, ne sont que l’expression d’une révolte face à l’injustice sociale, soigneusement encadrée et protégée par la classe dominante qui s’est arrogée à elle toute seule l’ensemble des privilégiés.
Cheikh Aïdara
Spoliation des terres a Arafat (Lar 1 et 2) : “A vous de Juger”
Collectif des familles Lar 1et 2 – Ce titre qui avait fait la une des médias reste encore sans suite après moult rencontres avec les différentes autorités concernées. Nous rappelons que ces terrains (environ 80 terrains) ont été saisis à la veille de la campagne présidentielle “le 05/06/2014” dit-on sur ordre du Président de la République comme disait le Hakem d’Arafat “cela vient du haut”.
Mais cette histoire de spoliation des terres semble prendre des dimensions inquiétantes (favoritisme, racisme, népotisme etc..), au moment ou tous les discours politiques prônent l’unité nationale, la justice, l`égalité etc.
Nous nous sentons aussi indignes du fait que jusqu’aujourd`hui aucun parti politique, ni député ou homme politique n`ait soulevé ce problème peut être qu`il ne concerne qu`une frange de la population démuni appartenant a l`autre clan. Nos hommes politiques passent tout leur temps à critiquer ou faire des éloges du pouvoir au lieu d`évoquer des sujets sensibles touchant l’unité nationale.
Des démarches et sit- in ont été menés auprès des autorités concernées (Ministère de l`Habitat, orientation Islamique, ADU, Présidence etc.) en vain.
Lors de notre premier sit-in devant la présidence on avait été reçu sous l’arbre par un des conseillers du Président, stupéfait de l’histoire nous a promis d’informer le Président tout en nous rassurant que ce dernier n’était pas au courant et que l’homme qu’il connait n`aurait nullement cautionné cette injustice. Sous l’émotion il nous déclara qu’il démissionnerait de son poste si cela s’avérerait.
A notre grande surprise notre fameux conseiller a changé de discours lors de notre deuxième rencontre.
Lors de notre rencontre avec le Directeur de l’ADU, ce dernier nous dit que la zone est saisie pour intérêt publique et que lui il n`a aucune solution à notre problème car étant juste une Agence d`exécution. Mais ce qui est bizarre ces terrains pour intérêt publique ont été donne aux imams et les badges d`attribution des terrains sont signés par l’ADU.
Parmi ces terrains spoliés, deux lots (784 et 785) qui appartiennent a un membre du collectif disposant de papiers en bonne et due forme datant de 1999 année d’attribution de la zone qui font l’objet d’un double emploi avec le Hakem de Vassala détenant des papiers non authentiques en date de 2002 et à qui le Hakem d’Arafat a autorisé d’occuper et de construire ces terrains. Apres collecte des informations il s’est avéré que ce dernier a été autorisé à construire parce qu`il est parent au Hakem adjoint de Arafat et au Ministre de l’intérieur, nous autre n’ayant pas des parents on n’a pas droit de construire.
Maintenant arriva un troisième larron “l’imam a qui on avait donné le terrain à la veille de la campagne” trouva le terrain déjà construit et se mettra à casser la construction réalisé par le hakem de Vassala.
Ce dernier, “l’imam” convoqué à la moughataa d’Arafat a été sommé de refaire l’état des lieux ce qui est fait.
Nous rappelons qu’un groupe de la collective a été arrêté et condamné pour avoir cassé leur propre briques qui a été utilise par l’imam.
Vu que ces papiers ne sont pas authentiques, le hakem contacta le directeur de l’ADU qui à son tour lui promet de lui fournir les badges comme ceux des imams. Nous collectif de la famille des terres spoliées a Arafat Lar 1 et 2, nous demandons que nos terrains nous soient restitués au nom de la justice et de l’égalité.
Collectif des familles Lar 1et 2
CRIDEM