Daily Archives: 14/08/2020
Les suppôts de la corruption. Par Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Ceux qui, aujourd’hui, ont été cités pour corruption, mis sous contrôle judiciaire à la suite du Rapport de la Commission parlementaire, ne sont ni les plus dangereux, ni les plus corrompus.
S’ils font partie du premier cercle des impliqués dans la catastrophe financière et immobilière, qu’a vécu le pays, il reste que les personnages les plus dangereux courent toujours et leur danger sur l’avenir du pays est encore bien plus important.
En effet, si Aziz a subi la secousse politique de la corruption, emportant avec lui des complices directs, il n’en est pas l’épicentre. L’épicentre de la corruption est ce ramassis d’individus, bien connus qui gravitait autour du pouvoir et qui l’incitait à commettre tous ses actes.
Les actes commis par Aziz, ont bénéficié du soutien public et de la connivence de personnes qui ont justifié au peuple tous ses actes. Qui ont accompagné le dictateur, qui l’ont encensé, qui l’ont aidé par leur parole et leurs actes publics à tromper le peuple, qui ont fait campagne pour lui, qui ont fraudé les consciences et les institutions par leur mensonge et leurs mystifications.
Ces personnes-là doivent être traduites en justice pour complicité. Car ce sont les suppôts de la corruption. Et ils adoreront encore le premier qui aura le pouvoir. Ce sont des adorateurs de la corruption, du mensonge et de la trahison. Ils n’ont ni morale, ni valeurs.
Ce sont eux qui minent le devenir de ce pays.
Le virus dans l’Etat
Le malheur de la gouvernance, en Mauritanie, n’est souvent pas celui qui prend les rênes du pouvoir mais ceux qui l’entourent, qui le corrompent.
S’il est vrai que « le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument » (Lord Byron), je dirai que le pouvoir ne corrompt celui qui le détient que s’il est servi par des corrompus.
Lorsque la courtisanerie, n’est imbue ni de valeurs, ni de vertu, alors le pouvoir, comme le poisson, pourrit par la tête.
La courtisanerie politique mauritanienne est, comme Talleyrand, mais sans en avoir le talent, « une merde dans un bas de soie » (Napoléon). Cette soie, dont elle cherche à se parer par la corruption des consciences.
C’est justement ce qui se passe, et s’est toujours passé pour tous ceux qui ont, à un moment ou à un autre, occupé le pouvoir, depuis 1978. Depuis cette date, les régimes successifs ont été accompagnés d’une classe dite « politique », de personnes mafieuses qui manipulent le pouvoir, applaudissent les dictateurs, servent leurs intérêts, vont en campagne pour eux, trompent le peuple à leur sujet et les reconduisent au pouvoir, et ce sont les dictateurs que l’on blâme !
En somme, traduire les dictateurs devant la justice, c’est blâmer le malade d’être malade tout en laissant le virus, en l’état. Dans l’Etat.
Comment pouvons-nous concevoir que toute cette courtisanerie a tout-à-coup fait volte-face dès que le dictateur a quitté le pouvoir ?
Comment concevoir que ses membres l’ayant adulé, se retournent contre lui en un jour et vont jusqu’à demander son jugement et sa condamnation pour corruption ? Comme s’ils ne sont pas eux-mêmes les premiers complices de sa forfaiture ?
Comment accepter que les adeptes de cette secte mafieuse, puissent continuer à squatter la scène politique et se présenter en donneurs de leçon et dispensateurs de morale ?
Lorsque, il y a à peine quelques mois, ses membres encensaient Aziz et que l’un d ’eux, avait érigé Aziz en Dieu, lui-même puisque cet avocat, avait dit en s’adressant à la population que c’est « Aziz qui l’a prémuni de la faim et sécurisé contre tout danger ». Paraphrasant les paroles de Dieu lui-même !
Cet individu et ses compères de la sale courtisanerie, courent toujours et occupent même, les plateaux des médias, pour demander à ce que… Aziz soit jugé pour ses méfaits à l’égard de la nation et pour corruption !
Dans quel pays sommes-nous, pour tolérer un continuel délitement de la gouvernance et de la politique du pays sous l’impact de cette mafia politique courtisane ?
Une courtisanerie crasseuse
Il est urgent que des mesures soient prises contre cette mafia politique, de la courtisanerie crasseuse pour le salut de la nation. Car elle corrompt tout dans les institutions de l’Etat, de son dirigeant à ses collaborateurs.
Peut-on les traduire pénalement devant la justice ? Certes le complice subit les mêmes peines que l’auteur principal du crime. Hélas ! si leurs actes sont qualifiables politiquement, ils ne le sont pas juridiquement puisque la qualification des délits et des crimes est soumise au principe de légalité des délits et des peines, ce qui signifie qu’il n y a pas de peine sans texte (loi) qui la prévoit et que ce texte soit antérieur au fait, acte incriminé.
Pour pouvoir qualifier les actes de cette courtisanerie crasseuse, le juge doit établir si les faits reprochés à ses membres font l’objet d’une incrimination légale. Et cette qualification doit être exacte, à peine de relaxe ou d’acquittement.
C’est autant dire que le code pénal mauritanien ne comprend pas des dispositions relatives aux délits politiques, la sanction du mensonge ou de la connivence partisane en politique.
Ces actes ne deviennent pénaux que lorsqu’il en résulte, des faits manifestement dommageables pour la collectivité nationale, dont la certitude et la matérialité ne laissent pas de doute et que, par la liaison des causes à des effets, permettent au juge de les qualifier au titre des délits et des crimes prévus par la loi.
Or les actes néfastes de cette classe politique mafieuse, sont diffus car ils sont « dilués » dans leur action « politique », dans la masse, et leur liaison directe avec les dommages subis par la société, bien que immenses (dans tous les secteurs de la vie de la nation) , sont difficiles à rapporter devant le juge.
Mais si dans la singularité de l’acte, le droit ne peut sanctionner, il le pourra dans son universalité. Car les actes commis par cette mafia courtisane, dans le maintien de la corruption et de ceux qui l’accomplisse, peuvent être liés aux causes de cette corruption.
Cependant, cette justice universelle, ne relève pas au niveau national, des tribunaux judiciaires mais du droit de la société civile, à travers ses organisations et ses structures de sanctionner les suppôts de la corruption et d’œuvrer à les bannir de la scène politique.
Pour cela les tribunes, les forums et les manifestations pacifiques sont les instruments les plus appropriés, pour réclamer cette justice, de ceux qui, hors de la punition judiciaire, doivent subir la vindicte populaire.
En effet, tant qu’existe cette classe politique mafieuse qui, de régime en régime, corrompt la scène politique et ses acteurs, il y aura autant de Aziz qu’il en faudra pour assouvir la soif de ces suppôts de la corruption. Et l’avenir du pays, déjà hypothéqué dans ses moyens, le sera toujours dans son devenir.
Ainsi, face à ces suppôts de la corruption des régimes successifs, Aziz est bien innocent, car il ne fut que le produit de cette classe crasseuse, parasite des régimes, qui lui adjugé …et vendu le pays.
Hélas ! Comme l’écrivit, si justement, Ernest Hemingway : « Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l’innocence. »….
Pr ELY Mustapha
3e mandat: L’échec du Dauphinat en Mauritanie fait réfléchir les autres chefs d’Etat
Rewmi – L’Afrique de l’Ouest est très secouée par un vent de troisième mandat. La Côte d’Ivoire y est déjà avec Alassane Ouattara qui s’est décidé, après le décès de son ancien premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, à se représenter.
La Guinée va rejoindre les rangs probablement avec un Alpha Condé qui ne va pas hésiter suite à un coup de fouet donné par ses partisans. Au niveau du Sénégal, c’est l’expectative, étant entendu que tout est possible en 2024 même si nous sommes encore loin de cette échéance électorale.
Tout indique que ça réfléchit fort au niveau des Palais et des différents états-majors des chefs d’Etat concernés sur une question assez sérieuse.
Cependant, tout le monde a suivi avec beaucoup d’intérêts l’exemple de la Mauritanie. Nos voisins du Nord ont été les premiers, dans la zone, à expérimenter le sujet.
Le 22 juin 2019, un nouveau Président de la République a été élu. Il s’agit de Mohamed Ould Ghazouani de façon démocratique, pour la première fois dans l’histoire du pays, une passation de pouvoir a été faite dans la paix.
Ould Ghazouani a agi comme dauphin de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Cependant, depuis, l’élu a pris ses distances. Pis, il s’est inscrit dans une dynamique de fouiner dans le passé et de créer les conditions d’une reddition des comptes.
Ainsi, il a mis en place une Commission d’enquête, a réactivé la Haute Cour de justice et l’ancien Président Aziz avait été convoqué même s’il a refusé de répondre.
Il y a eu ainsi de l’eau dans le gaz entre les deux. Une situation qui en dit long sur l’échec du dauphinat en Mauritanie, ce qui, dans les autres pays, a fait réfléchir.
Alassane Ouattara, Alpha Condé et Macky Sall se sont brusquement rendu compte que cette stratégie du dauphinat ne fonctionne pas toujours et que le risque est là d’avoir quelqu’un qui peut exactement agir comme un opposant qui arrive au pouvoir.
Ce type de situation a été observé en République Démocratique du Congo (Rdc) entre les Président Kabila et Félix Tshisekedi qui l’a remplacé.
Mais, là-bas, le problème se pose moins pour Kabila car il contrôle presque 80% des députés et autant au gouvernement avec des ministères clefs de souveraineté. Même si, malgré cela, les pro-Kabila dont plusieurs généraux souffrent d’une forme de purge organisée par le nouveau Président. C’est en tout cas l’impression qui se dégage pour les non-initiés de la politique dans ce pays.
Toutes situations et bien d’autres qui font hésiter au niveau des Palais. Elles peuvent notamment pousser beaucoup de Présidents, au terme de leurs mandats, de s’accrocher encore au pouvoir.
C’est ce qui semble se dessiner. Car, rappelons-le, du fait du mode de gestion du pouvoir en vogue essentiellement marqué par la gabegie, la corruption, le clientélisme largement dénoncés dans les rapports des corps de contrôle dans un pays comme le Sénégal, il va de soi que les uns et les autres pourraient avoir des appréhensions à partir ne serait-ce que pour ne pas exposer des proches à une forme de justice de la vengeance.
Et ces proches sont nombreux : ce sont les parents, les partisans, les alliés, les amis et autres citoyens proches de ces derniers. La chaîne de collaboration est longue à ce niveau. Car on trouve à chacun une façon de participer au système, surtout d’en profiter. Et c’est valable dans les autres pays.
Ainsi, le souhait de tous les chefs d’Etat élus est de justement de rester au pouvoir ou d’y hisser quelqu’un de suffisamment ‘’fiable et sûr’’ pour le lui léguer.
Car, il n’est pas admissible que le parti présidentiel dans un pays comme la Côte d’Ivoire n’ait pas assez de cadres pour obvier le vide laissé par la disparition de Amadou Gon Coulibaly. Les cadres ne manquent pas. Mais, c’est la confiance en eux qui fait défaut. Et c’est valable dans les autres pays.
Le souci, ici, c’est d’assurer ses arrières, de rester au pouvoir directement ou indirectement et de protéger les siens et son legs.
Conséquence, après la Guinée, la Côte d’Ivoire est en train de renouer avec la violence avec mort d’hommes. Et ce n’est qu’un début. Malheureusement. Et le Sénégal n’est pas à l’abri.
C’est pourquoi, comme pour les coups d’Etat, il faudra que la CDEAO agisse pour mettre fin à ces velléités de troisième mandat par des recommandations fortes et une attitude ferme de punition de ceux qui seraient tentés.
Malheureusement, pour le moment, ce sont ces Chefs d’Etat qui sont les plus influents au niveau de l’instance sous-régionale, ce qui ne va faciliter les choses, du moins à court terme.
Assane SambÂ
cridem
La justice saisit des sociétés et des biens appartenant à l’ex-président Aziz
Alakhbar – La justice mauritanienne a mis sous-scellé, le mercredi 13 aout courant des sociétés et des biens appartenant à l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, révèlent des sources, selon lesquelles ces rebondissements s’inscrivent dans le cadre de la progression des instructions menées sur quatre de ses partenaires financiers arrêtés mardi soir passé, après l’interpellation d’un notaire et la fermeture de son Cabinet.
Les biens saisis comptent entre autres 50 voitures Toyota Hilux et 35 camions, indiquent les sources précitées.
L’identité de l’un des partenaires financiers de l’ex Chef de l’Etat a été également révélée.
Il s’agit de El Merchri Saleh, le comptable de Fondation Rahmaa de bienfaisance, dont les fonds baptismaux avaient été jetés par feu Ahmedou Ould Abdel Aziz, avant que son frère Bedre Ould Abdel Aziz ne lui succède à sa direction après sa mort.
Edité par Al-akhbar
Traduit de l’Arabe par Cridem