Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 04/08/2020

Le pouvoir judiciaire et l’occasion en or

La Commission d’Enquête Parlementaire (CEP) a remis son rapport à l’Assemblée nationale qui, comme à son accoutumée, l’a «instantanément» transmis au ministère de la justice, sans même en corriger les coquilles et autres fautes de syntaxe, et ce pour engager, au plus vite, les poursuites judiciaires contre les personnes «impliquées» dans les dossiers de corruption présumée.

De nombreuses incongruités ébranlent la crédibilité dudit rapport:

1. Au départ, la CEPfut proposée par l’opposition aiguillonnée par les «Frères musulmans» (14 députés sur les 24 qui avaient parrainé cette initiative). En démocratie, ce type de manœuvre politique est assez «standard», il relève d’une tactique de harcèlement médiatique et populaire du pouvoir, régulièrement réactivée par l’opposition pour rappeler qu’elle existe et tester, au passage, la cohésion politique de ses adversaires.

En général, de telles manœuvres ne font pas long feu, vite oubliées à la faveur d’un échange de vaines salves oratoires. On comprend alors que la création de la CEP ne visait nullement un objectif d’enquête sérieuse et n’avait –a priori- aucune chance de réussir.

Si la CEP avait été «naturellement» proposée par la majorité parlementaire, les choses auraient été complètement différentes…

2. L’aval de la majorité en faveur de la CEP, est venu alors que cette majorité était empêtrée dans le débat acrimonieux, au sein du parti au pouvoir, au sujet de la «référence». On peut ainsi estimer que cet aval faisait partie intégrante de la panoplie de mesures visant à trancher, dans le vif et au plus vite, un tel débat,

3. La plupart des parlementaires qui ont soutenu, sur le tard, l’initiative de la CEP, avait défendu –mordicus- les projets autour desquels planent aujourd’hui des soupçons de corruption, et avait unanimement légiféré dans ce sens,

4. La majorité des parlementaires actuels a pathétiquement milité (hier par écrit)en faveur du renouvellement du mandat présidentiel, en violation des dispositions pertinentes de la Constitution du pays; en somme, ils ont tenté d’octroyer une nouvelle «décennie de gabegie», en sus de celle qu’ils critiquent en chœur aujourd’hui et de manière si véhémente!

5. La commission parlementaire comprenait des membres connus pour leur hostilité déclarée à l’endroit de l’ex-président de la République; bien entendu cette observation confirme à nouveau le point n ° 2,

6. C’est notoire, certains membres de la CEP elle-même, disposent de lourds «dossiers» en matière de corruption et de gabegie, du temps où ils exerçaient des charges publiques,

7. Les dossiers d’inspection ont été choisis de manière sélective,  visant principalement à incriminer l’ex-président de la République et certains de ses anciens collaborateurs, en épargnant d’autres, et ce parfois de manière vulgaire, invraisemblable et sur la base de calomnies vite démenties par leurs auteurs,

8. La CEP a fait appel à trois bureaux d’études (tous étrangers) pour contrôler des faits, en rapport avec la souveraineté du pays, sans expliquer nulle part les précautions techniques en matière de sécurité politique. La probabilité d’une «influence intelligente» (extérieure ou intérieure) ne peut plus être entièrement écartée,

9. Dans son rapport, la CEP a critiqué «vertement» tous les organes officiels de contrôle, à l’exception notable du parlement, dont la plupart des membres actuels avait approuvé les projets et accords «suspects» et dont est issue la commission,

10. On est fondé de s’inquiéter du nombre limité de dossiers arbitrairement sélectionnés par la CEP, car cela pourrait consister en une tentative par les adeptes de le corruption et de la gabegie, durant la «décennie», «la vingtaine» et la «trentaine», visant à incriminer un nombre limité de responsables, en victimes expiatoires, au moindre coût, d’un profond problème de société, permettant ainsi à ces adeptes de s’adonner sans risque à leur activité nocive favorite, du moins sur le court terme.

Acteurs politiques partiaux

Contrairement au pouvoir exécutif au sein duquel un «PNP», n’ayant jamais travaillé pour l’Etat, peut miraculeusement occuper les postes les plus prestigieux de l’administration publique, et agir, à son tour, dans cet esprit sur le double plan financier et administratif, ou au pouvoir législatif dont l’accès n’exige que moins de deux semaines de campagne électorale, au cours desquelles, en plus de l’argent sale, les «leviers» sordides de tous les particularismes (tribalisme, régionalisme, «ethnicisme», sectarisme …) sont actionnés à tout bout de champ, contrairement donc aux deux pouvoirs précédents, le pouvoir judiciaire n’est accessible que via des concours en bonne et due forme, exigeant de vraies qualifications professionnelles. Ce pouvoir est, fort heureusement, indépendant des deux pouvoirs exécutif et législatif.

Il me semble que ce pouvoir judiciaire dispose, aujourd’hui, d’une occasion en or susceptible d’aider le pays à porter un coup décisif à la culture de la corruption et de la gabegie, une culture qui a régulièrement freiné les efforts publics en faveur de la lutte contre la misère et l’atténuation significative des écarts sociaux. Ce pouvoir peut considérer le rapport remis par le parlement et rédigé par trois bureaux d’études étrangers, sous l’influence d’acteurs politiques partiaux, comme une notification formelle au sujet d’une présomption d’existence d’actes illicites dans la gestion publique, et procéder, sur cette base, au prélèvement d’un nouvel échantillon aléatoire parmi les départements ministériels, les institutions publiques et les grands projets de développement, conforme aux procédés statistiques rigoureux en matière de contrôle et de vérification, «lissant» ainsi les données comprises dans un rapport notoirement politique et donc subjectif. Ceci aura l’avantage de mesurer avec une grande précision l’ampleur du phénomène au sein de l’appareil de l’Etat, sur une base professionnelle, impartiale et donc indiscutable; ceci serait en phase avec les méthodes et procédures d’investigation judiciaire, étroitement encadrées par les textes légaux et déontologiques. Ceci aura enfin l’avantage de rassurer, demain, les coupables éventuels à propos des raisons de leur condamnation, de préserver l’image extérieure du pays et la dignité de ses fonctionnaires.

Si, en plus, le pouvoir judiciaire pouvait éclairer, à titre comparatif et en respectant naturellement les normes juridiques de prescription, les lanternes des citoyens mauritaniens sur la manière dont les affaires publiques étaient gérées avant la «décennie», ce serait, sans nul doute, «le gâteau sous la cerise»…

Dr IsselkouOuld Ahmed Izidbih

le calame

Biram Dah Abeid à Radio Mauritanie : satisfecit et espoir pour la démocratie

Biram Dah Abeid à Radio Mauritanie : satisfecit et espoir pour la démocratieLe Courrier du Nord – Le député Biram Dah Abeid (opposition) a visité, ce lundi 3 août 2020, le siège central de Radio Mauritanie où il a été accueilli par le directeur général de l’établissement, M. Mohamed Cheikh Ould Sidi Mohamed.

Après une visite guidée des principaux départements et services de Radio Mauritanie, le député a dit toute sa satisfaction de voir que les médias publics (Radio, Agence, Télévision) aient à leurs têtes, depuis l’arrivée du président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, des professionnels dont la nomination répond, objectivement, aux attentes des défenseurs des droits de l’homme, des politiques et de tous les militants.

Le député élu au nom du parti Sawab a dit espérer que la démocratie mauritanienne naissante connaisse une évolution positive sous le magistère de l’actuel président qui a bouclé, le 01 août dernier, une année de pouvoir.

Pour cet opposant pur et dur, la première année du pouvoir du président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani est satisfaisante pour ce qu’elle a d’esprit d’ouverture et de concertation, y compris avec les partis de l’opposition.

Il a également félicité le directeur général de Radio Mauritanie pour les importants progrès accomplis au niveau de ce service public qui a le plus grand impact médiatique sur des populations dont la majorité ne bénéficie pas encore de la couverture télévisuelle ou « netique », alors que la presse papier ne dépasse pas la zone de Nouakchott.

Le député Biram Dah Abeid s’est dit prêt à collaborer avec la direction de Radio Mauritanie pour la production de l’information et pour qu’elle consolide un leadership médiatique connu et reconnu parce qu’il est le plus ancien et le plus large.

Enfin, il a indiqué attendre « des résultats positifs » de l’enquête parlementaire, surtout qu’après lecture de son rapport, il y a constat qu’elle a abordé des faits tangibles.

cridem

Mauritanie: les islamistes craignent l’enterrement du rapport sur les années Abdel Aziz

Mauritanie: les islamistes craignent l’enterrement du rapport sur les années Abdel AzizRFI Afrique – Alors que l’Assemblée nationale a approuvé mercredi 29 juillet un rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz, les regards sont désormais tournés vers la justice et la longue liste d’accusations de détournement, corruption, entre autres par l’ancien président et des personnalités de son régime.

Le parti islamiste Tawassoul craint toutefois que ce rapport « ait le même sort que d’autres » : sans suite.

Le parlement a recommandé des poursuites judiciaires contre les accusés de détournement de biens publics cité dans le rapport. Un défi lancé aux autorités mauritaniennes, selon Saleck Sidi Mahmoud, vice-président du parti islamiste Tawassoul.

« Nous pensons que la volonté politique du gouvernement est mise à l’épreuve : si le régime se débarrasse des responsables cités dans le rapport, cela ne ferait qu’encourager la justice, le contraire serait décevant et traduit une absence de volonté pour lutter contre la gabegie », a affirmé cette figure de la principale force de l’opposition.

Le parti Tawassoul invite le pouvoir à faire preuve de fermeté en matière de lutte contre la gabegie financière. Faute quoi, le rapport de la commission d’enquête parlementaire, n’aura servi à rien.

« Au niveau de notre parti Tawassoul, nous manifestons une certaine inquiétude, car nous craignons que ce rapport ait le même sort que d’autres rapports, tels que ceux de la Cour des comptes, qui sont restés, pour le moment, sans suite », s’inquiète Saleck Sidi Mahmoud.

La justice mauritanienne fera son travail le moment venu promet le ministre de la Justice Haïmoud Ould Ramdam.

Avec notre correspondant à Nouakchott,
Salem Mejbour Salem

Ghazouani et le cadeau empoisonné. Par Pr ELY Mustapha

Ghazouani et le cadeau empoisonné. Par Pr ELY MustaphaQue de gesticulations autour du rapport de la commission parlementaire, alors que depuis des années, son contenu est connu, les délinquants indexés et dénoncés sur les réseaux sociaux. Les journaux en ont traité à l’intérieur du pays et à l’extérieur.

Les salons mauritaniens, en sont les échos quotidiens depuis une quarantaine d’années. Depuis les « roumouz el vessade » de Xould Y, aux dénonciations de canalH à mon blog, haut-et-fort, en passant par Taqadoumy (l’authentique site, pas l’imitation) etc, etc. les faits et les crimes figurant au rapport, et bien plus encore, ont été exposés et dénoncés depuis de dizaines d’années.

Ce rapport d’enquête parlementaire n’est pas exceptionnel et si le grand manège de la convocation de certains responsables devant la commission parlementaire, lui a donné un aspect spectaculaire, si l’exposé de documents accompagnant le rapport (dont beaucoup a déjà été publié ces dernières années sur le net), a permis de les collationner dans un même document, ce rapport n’a porté que sur une infime partie de la nébuleuse de corruption et de malversation qui a touché les finances publiques, les marché publics et le domaine public… Il a « oublié » plusieurs corrompus qui ont pignon sur rue jusque dans le giron du parlement.

Il ne faut pas donner à ce rapport plus d’intérêt qu’il ne mérite. En tout cas pas dans l’absolu. Car ce serait faire un rapport dans l’unique objectif de faire un rapport, soit faire de l’art pour l’art. Et si ce rapport reste lettre morte, la montagne aura accouché d’une souris.

Mais si ceux qui ont initié ce rapport, l’ont vivement demandé et se sont organisés en commission, ont pris beaucoup de leur temps pour l’élaborer (sachant que le travail n’est pas une vertu en Mauritanie, surtout pour des parlementaires, payés même à ne rien faire, ou à somnoler sur leurs pupitres), ont fait preuve de zèle et de disponibilité, c’est que le rapport pour eux n’a pas de valeur absolue mais toute relative…à Ghazouani.

Le vrai objectif du rapport, n’est pas d’exposer ce que l’on sait déjà, ni de restituer les biens détournés, ni de malmener des corrompus qui ont leur entrée jusqu’au parlement et certains ont leurs sièges au gouvernement, mais de servir un dessein fort pernicieux qui jusque-là semble avoir échappé à l’opinion publique. Le rapport d’enquête parlementaire (REP), n’est rien d’autre que l’expression du cynisme traduit dans la sphère politique : un cadeau empoisonné. Celui que l’on offre à Ghazouani.

Choix booléen et dilemme cornélien

En effet, un cadeau qui va être très difficile à ingurgiter. En effet, ce rapport met Ghazouani dans une situation extrêmement délicate. Il ne lui laisse qu’un choix booléen, dire oui ou non au rapport, qui le met dans tous les cas dans un dilemme cornélien :

– Soit décider d’accomplir son devoir, en tant que premier magistrat de la République actionner la machine du Ministère public pour exécuter les recommandations du Rapport.

– Soit maintenir le statu quo et l’ignorer mettant en jeu sa crédibilité, face à ses engagements électoraux, et sa capacité à gouverner face au microcosme politique corrompu qui l’entoure.

Ce cadeau est d’autant plus toxique que ceux qui sont indexés dans le rapport ne se laisseront pas faire. Forts de leurs appuis tribaux, régionaux, de leurs influence « monnayée » et historiquement achetée au sein de groupes sociaux qui les parasitent et qui doivent leur survie aux prébendes qu’ils leur distribuent grâce aux détournements des biens publics, ils ameuteront leurs troupes et se présenteront en victimes.

Déjà un groupuscule tribal dénonce les accusations portées contre Aziz et refuse tout acte visant à l’incriminer, des notables de tribus s’organisent pour influencer toute décision visant à « porter atteinte à l’intégrité » de membres de leur tribus cités dans le rapport. D’autre part, les corrompus ont eux-mêmes mis en œuvre leur capacité financières pour acheter les responsables qui seraient en charge des dossiers et les magistrats véreux.

A travers le rapport de la CEP , et contrairement à ce que l’on déclame dans les moyens d’information, « l’étau ne se resserre » pas sur Aziz, ni non plus sur ses sbires, mais il se resserre sur Ghazouani.

Ghazouani, devra donc faire face à une machinerie sournoise qui se déclenchera aussitôt qu’il exprimera la moindre volonté de rendre effectives les recommandations du rapport.

Ghazouani, face à ce cadeau empoisonné, est certainement en train de peser le pour ou le contre.

Mais quelle que soit l’option, il devra trancher le dilemme.

Culpabilité par action ou par omission ?

Alors s’il choisit d’appliquer les recommandations du rapport, il devra se munir d’une solide volonté de contrer les forces « obscures » qui voudront le mettre en échec. Car dès les premières mesures prise, il se retrouvera tout seul !

Tout seul d’abord, parce que quasiment tout son gouvernement se retrouvera devant le juge.

Tout seul ensuite, parce que le lobby corrompu mauritanien, sabotera tout processus judiciaire visant ses pontes et il ne pourra faire justice.

Par contre s’il décide de tout laisser en l’Etat, ignorant le rapport de la CEP, alors il aura montré qu’il n’est qu’un maillon d’un système et qu’il a été élu pour valider ses malversations, pour le couvrir et le protéger. Il donnera alors de lui, une image dont les conséquences seront désastreuses sur sa crédibilité, sa capacité à gouverner et sur un quelconque mérite à le soutenir.

Et pire encore, il ne pourra même pas, contrairement à ceux cités dans le rapport, se prévaloir d’une quelconque présomption d’innocence. Car il serait déjà coupable par omission (inaction prouvée), alors que ceux du rapport le seront par action…qui reste à prouver.

Alors que décidera-t-il ?

Ce que l’on pourra dire, sans préjuger de l’homme et de ses capacités à réagir à l’adversité, c’est que tout poison ne résiste pas à son antidote. Et, si en politique, il y a un antidote à tous les poisons, c’est bien la morale.

Pr ELY Mustapha

 

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