3e mandat: L’échec du Dauphinat en Mauritanie fait réfléchir les autres chefs d’Etat
Rewmi – L’Afrique de l’Ouest est très secouée par un vent de troisième mandat. La Côte d’Ivoire y est déjà avec Alassane Ouattara qui s’est décidé, après le décès de son ancien premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, à se représenter.
La Guinée va rejoindre les rangs probablement avec un Alpha Condé qui ne va pas hésiter suite à un coup de fouet donné par ses partisans. Au niveau du Sénégal, c’est l’expectative, étant entendu que tout est possible en 2024 même si nous sommes encore loin de cette échéance électorale.
Tout indique que ça réfléchit fort au niveau des Palais et des différents états-majors des chefs d’Etat concernés sur une question assez sérieuse.
Cependant, tout le monde a suivi avec beaucoup d’intérêts l’exemple de la Mauritanie. Nos voisins du Nord ont été les premiers, dans la zone, à expérimenter le sujet.
Le 22 juin 2019, un nouveau Président de la République a été élu. Il s’agit de Mohamed Ould Ghazouani de façon démocratique, pour la première fois dans l’histoire du pays, une passation de pouvoir a été faite dans la paix.
Ould Ghazouani a agi comme dauphin de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Cependant, depuis, l’élu a pris ses distances. Pis, il s’est inscrit dans une dynamique de fouiner dans le passé et de créer les conditions d’une reddition des comptes.
Ainsi, il a mis en place une Commission d’enquête, a réactivé la Haute Cour de justice et l’ancien Président Aziz avait été convoqué même s’il a refusé de répondre.
Il y a eu ainsi de l’eau dans le gaz entre les deux. Une situation qui en dit long sur l’échec du dauphinat en Mauritanie, ce qui, dans les autres pays, a fait réfléchir.
Alassane Ouattara, Alpha Condé et Macky Sall se sont brusquement rendu compte que cette stratégie du dauphinat ne fonctionne pas toujours et que le risque est là d’avoir quelqu’un qui peut exactement agir comme un opposant qui arrive au pouvoir.
Ce type de situation a été observé en République Démocratique du Congo (Rdc) entre les Président Kabila et Félix Tshisekedi qui l’a remplacé.
Mais, là-bas, le problème se pose moins pour Kabila car il contrôle presque 80% des députés et autant au gouvernement avec des ministères clefs de souveraineté. Même si, malgré cela, les pro-Kabila dont plusieurs généraux souffrent d’une forme de purge organisée par le nouveau Président. C’est en tout cas l’impression qui se dégage pour les non-initiés de la politique dans ce pays.
Toutes situations et bien d’autres qui font hésiter au niveau des Palais. Elles peuvent notamment pousser beaucoup de Présidents, au terme de leurs mandats, de s’accrocher encore au pouvoir.
C’est ce qui semble se dessiner. Car, rappelons-le, du fait du mode de gestion du pouvoir en vogue essentiellement marqué par la gabegie, la corruption, le clientélisme largement dénoncés dans les rapports des corps de contrôle dans un pays comme le Sénégal, il va de soi que les uns et les autres pourraient avoir des appréhensions à partir ne serait-ce que pour ne pas exposer des proches à une forme de justice de la vengeance.
Et ces proches sont nombreux : ce sont les parents, les partisans, les alliés, les amis et autres citoyens proches de ces derniers. La chaîne de collaboration est longue à ce niveau. Car on trouve à chacun une façon de participer au système, surtout d’en profiter. Et c’est valable dans les autres pays.
Ainsi, le souhait de tous les chefs d’Etat élus est de justement de rester au pouvoir ou d’y hisser quelqu’un de suffisamment ‘’fiable et sûr’’ pour le lui léguer.
Car, il n’est pas admissible que le parti présidentiel dans un pays comme la Côte d’Ivoire n’ait pas assez de cadres pour obvier le vide laissé par la disparition de Amadou Gon Coulibaly. Les cadres ne manquent pas. Mais, c’est la confiance en eux qui fait défaut. Et c’est valable dans les autres pays.
Le souci, ici, c’est d’assurer ses arrières, de rester au pouvoir directement ou indirectement et de protéger les siens et son legs.
Conséquence, après la Guinée, la Côte d’Ivoire est en train de renouer avec la violence avec mort d’hommes. Et ce n’est qu’un début. Malheureusement. Et le Sénégal n’est pas à l’abri.
C’est pourquoi, comme pour les coups d’Etat, il faudra que la CDEAO agisse pour mettre fin à ces velléités de troisième mandat par des recommandations fortes et une attitude ferme de punition de ceux qui seraient tentés.
Malheureusement, pour le moment, ce sont ces Chefs d’Etat qui sont les plus influents au niveau de l’instance sous-régionale, ce qui ne va faciliter les choses, du moins à court terme.
Assane SambÂ
cridem