Monthly Archives: August 2020
Sous le régime de la garde à vue: Aziz refuse de répondre aux limiers
L’ancien président, Mohamed ould Abdel Aziz, (2008/2019) se trouve toujours dans les locaux de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) ce mardi, a appris la PANA de source bien informée
auprès de l’enquête.
« Je viens de rencontrer notre client. Il se porte bien, même si les conditions de détention ne sont respectables par rapport au statut d’une personnalité de son rang, ancien chef de l’Etat.
Mohamed ould Abdel refuse absolument de répondre à quelque question que ce soit. Il est toujours au siège de la Direction Générale de la Sécurité Nationale », déclare mardi en début d’après maître Takioullah ould Eidda, avocat membre du collectif de défense.
L’ancien président mauritanien a été convoqué par la police et placé sous le régime de la garde à vue depuis lundi (18 heures locales et GMT).
Cette convocation intervient après la transmission à la justice d’un rapport établi par une Commission d’Enquête Parlementaire (CEP) dénonçant « la corruption » sous son régime.
Ce document de plusieurs centaines de pages, porte sur des attributions de marchés dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, la gestion du Fonds National de Revenu des Hydrocarbures (FNRH), la gestion de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), la pêche, une concession portuaire, la liquidation d’entreprises publiques, la gestion du foncier à Nouakchott.
Cependant, le fait que la première mesure de garde à vue dans le traitement de ce dossier, pour lequel 3 anciens premiers Ministres et plusieurs ministres, ont été auditionnés par la Commission d’Enquête Parlementaire (CEP), suscite des interrogations sur cette arrestation, qui pourrait être motivée par « des risques de troubles liés à l’ordre public ».
le calame
Peuple de l’au-delà : religion de vie, religion de mort. Par Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Le Mauritanien est tout tourné vers la mort. L’image qui lui est inculquée de sa religion est une image de mort. Pas une image de vie. Tout son projet d’existence est désormais …d’échapper à l’enfer.
L’enseignement de la religion est entièrement basé sur une espèce de « pédagogie » du châtiment. L’enfant dès son âge recevant les fouets du maître coranique a déjà ressenti dans sa peau les effluves de l’enfer. Puis suit une pédagogie de la terreur de la mort. L’esprit est formé à cette terrible crainte du châtiment des enfers, où, accompagné du Diable, il sera rôti de mille et une façons.
Mieux encore, et pour le faire encore souffrir sans attendre, nos « pédagogues » des tablettes coraniques, brandissent les châtiments qu’il subira dès qu’il aura un pied dans la tombe. La tombe est elle-même avant le jugement dernier l’antichambre des souffrances. Il y subira toutes sortes de torture et autres supplices comme avant-goût de ce qui l’attend.
L’esprit est ainsi formaté aux flammes de l’enfer et la psychologie du mauritanien en prend un tel coup qu’il ne pensera plus qu’à son salut. Aussi, toute sa vie durant, il ne verra dans la religion que le moyen d’aller au paradis. D’échapper à l’enfer et au supplice de la tombe.
Voilà tout son projet de vie. Son action est toute tendue vers l’au-delà. Il en résulte que la vie est, pour lui, secondaire et ne mérite pas qu’on s’y attarde car elle est éphémère et ne vaut pas la peine qu’on se scarifie pour elle. C’est plutôt à la mort qu’il faut penser et non pas à la vie.
Le Mauritanien a été imbu d’une religion de la mort et non d’une religion de la vie.
Un peuple fataliste
Ceci explique, son esprit déterministe, son mode de vie résigné, son comportement soumis et surtout son fatalisme qui fait qu’il ne peut devenir un être social, au sens moderne du terme.
Ce fatalisme, faisant qu’il ramène toute sa misère et l’injustice qu’il subit des hommes à Dieu. Ne réclame justice que de Dieu et mieux encore, on lui apprit que plus il tait ses souffrances et les confie à Dieu, et plus sa récompense dans l’au-delà n’en sera que meilleure. Alors mieux vaut être souffre-douleurs que réclamer justice. Car ceux qui l’on volé, mutilé, iront en enfer et lui …au paradis.
Tous les dictateurs qui se sont succédés à la tête de l’Etat mauritanien exploitent très bien ce fatalisme du mauritanien qui fait que sa structure mentale, déformée par le fatalisme religieux, en fait un être, qui ramenant tout à Dieu, se soucie peu de défendre ses intérêts en réclamant justice. Il ne croit pas aux instituions, ni à l’Etat, son seul vis-à-vis c’est Dieu et lui seulement.
Le Mauritanien est tout tendu vers l’au-delà. Mieux encore, il « aime » l’au-delà puisqu’il y trouvera le repos éternel.
La vision de société, telle qu’on le lui a inculqué est aux antipodes de celle du « contrat social ». Celle où tous les citoyens sont liés par un pacte d’agir ensemble pour le bien commun ici-bas et qui met le citoyen face à ses responsabilités et dont la conséquence est que son châtiment, tout comme sa récompense, viendra de cette société et de nulle part ailleurs.
Faisant de lui un être social, un être pour lequel, la vie c’est d’abord, le bonheur de bien vivre et de s’épanouir en société. Une philosophie de vie, plutôt qu’une cogitation de mort vivant en attente de sa disparition.
Pourtant un tel pacte est prévu par l’islam puisqu’il montre à l’homme tous les richesses naturelles qu’il a mises sur terre et l’invite à vivre dans le bonheur et la jouissance.
Allah a dit : ” Et recherche à travers ce qu’Allah t’a donné, la Demeure dernière. Et n’oublie pas ta part en cette vie. ” (Sourate Al Qasas, verset 77) ; “
« Dis : “Qui a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ? ” Dis : “Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection.” (Sourate Al A’raf, verset 32).
« Et les bestiaux, Il les a créés pour vous ; vous en retirez des [vêtements] chauds ainsi que d’autres profits. Et vous en mangez aussi. Ils vous paraissent beaux quand vous les ramenez, le soir, et aussi le matin quand vous les lâchez pour le pâturage. ” (Sourate An-Nahl, versets 5-6)
Et le Prophète PSL a dit : ” Font partie du bonheur du fils d’Adam : la femme vertueuse, la bonne demeure et la bonne monture “
Et des centaines de versets et de hadiths qui incitent le musulman à vivre une vie apaisée de joie et de gaieté. Une vie de bonheur par laquelle, il rend une image ostensible de grâce à l’être suprême qui lui a tout donné pour être heureux.
« Dieu est beau et aime la beauté », expliquant ce hadith du prophète, rapporté par Muslim, Ibn Qayyîm al-jawziya explique : « ce hadith englobe la beauté vestimentaire, sujet du hadith en question, mais englobe aussi, vu la portée générale du propos, la beauté de toute chose. ». La beauté, le fait d’être bien apprêté est, pour l’homme, un une façon de remercier Allah « pour Ses bienfaits ».
Abû al Ahwas Al Juchamî rapporta que le prophète l’ayant vu habillé en haillons lui dit : Possèdes-tu quelque bien ? Il répondit : Oui. Le prophète lui demanda : Quel type de bien ? Il lui répondit : Toutes les sortes de biens dont Allah m’a fait don, chameaux, ovins…. Le Prophète PSL lui dit alors: Fais donc en sorte que les effets des bienfaits et de la grâce d’Allah apparaissent sur toi. » (Hadith cité par Ahmad, Abû Dâwoud, at-Tirmidhî et an-Nassâ-î)
Tout dans la religion tend vers la beauté de l’être et la grandeur d’âme. Des versets entiers sont consacrés, à la place du beau du sublime et du merveilleux dans la vie du croyant.
Et pourtant cet aspect de l’Islam en tant que religion de vie, est passé sous silence pour accentuer ses aspects mortifères, de sanction, de châtiment et de mort.
Cette « pédagogie » de l’enseignement de la religion qui est conçue comme un arsenal de mesures terrifiantes toutes orientée vers la souffrance et le châtiment marque l’inconscient du Mauritanien, et lui dicte un comportement d’un être qui vit…dans l’au-delà.
L’on comprend son attachement à ces marabouts, qui dès le jeune âge ont formaté, par la violence de leur « pédagogie », son esprit et y ont introduit, la peur, la crainte et le fatalisme. Ils ont annihilé, par le fouet, toute capacité de raisonner sur ce qu’il apprend et sur ce qu’on lui inculque. Ils ont inhibé cette force de vie en la remplaçant par la faiblesse de l’esprit.
Et dans son élan de terreur vis-à-vis de ce qui pourrait l’attendre dans l’Au-delà, il les prend souvent malgré l’interdiction d’Allah, comme intercesseurs auprès de lui, s’imbibant même de leurs crachats pour s’attirer une baraka que celle Dieu peut donner.
Une religion de vie
L’enseignement de la religion dans notre pays se doit d’être entièrement revu. Tant dans la formation de ceux qui l’enseignent que dans la pédagogie d’enseignement à adopter. Et cela dès les premières années de l’enseignement religieux. Il faudrait que la violence qui caractérise cet enseignement disparaisse et notamment dans les écoles coraniques traditionnelles.
Il faudrait que l’enseignement de la religion se fasse suivant des pédagogies modernes dans les écoles et surtout que les méthodes adoptées pour cet enseignement en fassent, un savoir de vie et non un savoir de mort.
Il faut que l’enfant, apprenant, perçoive dans sa religion un culte d’amour et de beauté. Une confession d’espoir, d’attachement aux grandes valeurs d’humanité et de grandeur qui font l’être humain et que rapporte l’Islam dans toute sa dimension spirituelle et historique. Il faut que l’enfant sente dans sa religion l’autre, son prochain, à l’égard duquel il doit affection et soutien car ce sont ceux-là les véritables voies de son salut.
Le Prophète Mohamed PSL n’a-t-il pas dit : « لن يؤمن أحدكم حتى يحب لأخيه ما يحب لنفسه » « Aucun de vous ne croira jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même » ? (Rapporté par El Boukhari et Muslim)
Les jurisconsultes musulmans (Abou Daoud essajessstani, El Fechni ; El Jardani…) s’accordent à dire que ce hadith est l’une des règles fondamentales de l’Islam.
Et que cet enfant, adolescent puis adulte aille à la prière, non dans une quête du paradis mais dans celle de l’adoration d’un Dieu devant lequel il peut se prosterner sans craintes et sans reproches pour ses actes accomplis dans cette vie. Une vie dans laquelle, il a semé amour, beauté et fraternité à travers cette « compassion » qui tira des larmes des yeux du prophète PSL. Et qui fera que Dieu, dans sa miséricorde accordera aussi sa compassion.
Il faudrait alors que cet enfant-là devenu adulte ait été formé à une religion de la beauté, du savoir, et de la compassion à travers une pédagogie enseignant les saintes paroles suscitant l’émerveillement et le grandiose, loin de la coercition et de la contrainte, transmettant ainsi une spiritualité de vie, embellissant l’existence.
Et si toute fin se devait d’être évoquée, elle ne sera alors que le début d’un merveilleux, un paradis, une continuité dans l’au-delà de ce qui fut beau et attachant ici-bas. Une pédagogie d’une religion de lumière.
C’est ainsi que devrait se concevoir la voie par laquelle une religion de vie s’enseigne, sans violence, intègre l’esprit et forge des hommes et des femmes qui œuvreront pour leur vie sachant bien que c’est à travers leurs actes ici-bas qu’ils gagneront la béatitude dans l’au-delà.
De cette religion de vie, ils tireront l’espérance et la tolérance, la richesse matérielle et humaine. Une religion intégrant la dimension de leurs espoirs. Divinement humaine. Humainement divine.
En somme, des musulmans acquis à une religion de vie et qui ne craignent plus la mort, puisqu’elle ne sera plus que le couronnement d’une vie vécue dans la félicité d’une religion du bonheur. Ici-bas et… au-delà.
La religion de vie épanouie les peuples, la religion de mort, les éteint. Et Un peuple vivant dans l’au-delà, sans destin ici-bas, ne se gouverne pas.
Pr ELY Mustapha
Le mécano et le polytechnicien : Kane Ousmane était “mécaniquement” incompétent. Par Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Lorsqu’un mécanicien auto de tuc-tuc militaire qualifie un polytechnicien d’incompétent sur des dossiers financiers, quelles conclusions en tirer ? Où il s’agit d’une comédie de boulevard, ou d’une tragédie humaine. Quand un tel acte se joue au sommet de l’Etat, c’est une comédie tragique pour la crédibilité et la gestion de l’Etat.
Il est probable que Aziz ayant confondu « mines » antipersonnel et Ecole des mines avait maintenu Kane Ousmane dans son giron. Mais Kane Ousmane, est probablement pour quelque chose dans ce qui lui est arrivé. Non pas qu’il soit incompétent ou malhonnête.
L’homme ne figure pas dans ce profil loin de là. Mais simplement en acceptant de figurer si longtemps dans le giron et dans le gouvernement d’un président putschiste légalisé, il cautionnait la dérive du pouvoir et de son inconséquence. Il vient d’en tirer les leçons et c’est tant mieux. Mieux vaut tard que jamais.
Le mécanicien-général-président-putschiste-légalisé, a longtemps continué à faire tourner son gouvernement-moteur à explosion (économique et sociale), tant qu’il a trouvé des pièces détachées dans l’intelligentsia mauritanienne pour crédibiliser sa mécanique du pouvoir. Kane Ousmane en fut une. L’homme qu’il fallait, à la place où… il ne devait pas être.
Le système est ainsi fait, depuis la « révolution à reculons » des mœurs et des valeurs en Mauritanie, que l’homme est instrumentalisé tant qu’il peut servir les bas intérêts des dirigeants, au nom d’une classe, d’un clan, d’une ethnie ou d’une tribu, puis il est rejeté s’il n’est pas spolié de ses biens ou piétiné.
Le cas de Kane Ousmane, grand commis de l’Etat, a été l’exemple même de ce qui peut advenir aux intellectuels mauritaniens qui par amour de leur pays, renoncent à des privilèges acquis dans des organisations internationales prestigieuses pour venir joindre leurs efforts à son développement.
Mais c’était sans compter sur la nature même du pouvoir en Mauritanie, qui n’est pas là pour servir le pays, mais pour aider des hommes à se servir. Et dans cette logique, il est dérisoire de croire que tout individu, quel que soit son niveau intellectuel, technique ou scientifique y est le bienvenu.
Alors, quelles leçons peut-on en tirer pour l’intelligentsia mauritanienne ?
La première leçon, malgré tout, ce n’est pas de renoncer à aider son pays et à œuvrer en tout point du globe à son rayonnement.
En effet, si nous devions faire des statistiques de la valeur ajoutée quantitative et qualitative de l’apport au pays, de l’intelligentsia mauritanienne à l’étranger, on se rendra donc qu’elle dépasse de loin et de très loin toute la gesticulation des trois quarts de l’administration publique mauritanienne.
La diaspora mauritanienne a une forte présence dans les grandes instances internationales et exerce au sein d’administrations et d’entreprises publiques et privées de nombre pays amis et frères et du reste du monde. L’image qu’elle donne du pays a précédé et continue à précéder les médiocres performances de notre administration des affaires étrangères.
La seconde leçon, c’est de ne pas se fermer au dialogue constructif sans pourtant devenir un suppôt du système et céder aux sirènes de l’assimilation à la mauvaise conscience. Savoir dire et redire sans relâche, sur tous les fronts et tous les médias, ce que l’on pense juste et profitable pour le pays.
Enfin, troisième leçon, ne pas renoncer à aider quantitativement (dons, projets, aides, bourses etc.) et qualitativement (expertise, formation, appui scientifique etc.) le pays. Car la Mauritanie n’appartient pas à une personne mais à tous ses enfants.
Et il ne faudrait pas que la cavalcade malsaine du politique mauritanien, rebute notre intelligentsia de participer économiquement et financièrement au développement du pays. Les dirigeants, comme leurs actes et leurs discours sont éphémères. La Mauritanie reste.
Pr ELY Mustapha
Les suppôts de la corruption. Par Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Ceux qui, aujourd’hui, ont été cités pour corruption, mis sous contrôle judiciaire à la suite du Rapport de la Commission parlementaire, ne sont ni les plus dangereux, ni les plus corrompus.
S’ils font partie du premier cercle des impliqués dans la catastrophe financière et immobilière, qu’a vécu le pays, il reste que les personnages les plus dangereux courent toujours et leur danger sur l’avenir du pays est encore bien plus important.
En effet, si Aziz a subi la secousse politique de la corruption, emportant avec lui des complices directs, il n’en est pas l’épicentre. L’épicentre de la corruption est ce ramassis d’individus, bien connus qui gravitait autour du pouvoir et qui l’incitait à commettre tous ses actes.
Les actes commis par Aziz, ont bénéficié du soutien public et de la connivence de personnes qui ont justifié au peuple tous ses actes. Qui ont accompagné le dictateur, qui l’ont encensé, qui l’ont aidé par leur parole et leurs actes publics à tromper le peuple, qui ont fait campagne pour lui, qui ont fraudé les consciences et les institutions par leur mensonge et leurs mystifications.
Ces personnes-là doivent être traduites en justice pour complicité. Car ce sont les suppôts de la corruption. Et ils adoreront encore le premier qui aura le pouvoir. Ce sont des adorateurs de la corruption, du mensonge et de la trahison. Ils n’ont ni morale, ni valeurs.
Ce sont eux qui minent le devenir de ce pays.
Le virus dans l’Etat
Le malheur de la gouvernance, en Mauritanie, n’est souvent pas celui qui prend les rênes du pouvoir mais ceux qui l’entourent, qui le corrompent.
S’il est vrai que « le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument » (Lord Byron), je dirai que le pouvoir ne corrompt celui qui le détient que s’il est servi par des corrompus.
Lorsque la courtisanerie, n’est imbue ni de valeurs, ni de vertu, alors le pouvoir, comme le poisson, pourrit par la tête.
La courtisanerie politique mauritanienne est, comme Talleyrand, mais sans en avoir le talent, « une merde dans un bas de soie » (Napoléon). Cette soie, dont elle cherche à se parer par la corruption des consciences.
C’est justement ce qui se passe, et s’est toujours passé pour tous ceux qui ont, à un moment ou à un autre, occupé le pouvoir, depuis 1978. Depuis cette date, les régimes successifs ont été accompagnés d’une classe dite « politique », de personnes mafieuses qui manipulent le pouvoir, applaudissent les dictateurs, servent leurs intérêts, vont en campagne pour eux, trompent le peuple à leur sujet et les reconduisent au pouvoir, et ce sont les dictateurs que l’on blâme !
En somme, traduire les dictateurs devant la justice, c’est blâmer le malade d’être malade tout en laissant le virus, en l’état. Dans l’Etat.
Comment pouvons-nous concevoir que toute cette courtisanerie a tout-à-coup fait volte-face dès que le dictateur a quitté le pouvoir ?
Comment concevoir que ses membres l’ayant adulé, se retournent contre lui en un jour et vont jusqu’à demander son jugement et sa condamnation pour corruption ? Comme s’ils ne sont pas eux-mêmes les premiers complices de sa forfaiture ?
Comment accepter que les adeptes de cette secte mafieuse, puissent continuer à squatter la scène politique et se présenter en donneurs de leçon et dispensateurs de morale ?
Lorsque, il y a à peine quelques mois, ses membres encensaient Aziz et que l’un d ’eux, avait érigé Aziz en Dieu, lui-même puisque cet avocat, avait dit en s’adressant à la population que c’est « Aziz qui l’a prémuni de la faim et sécurisé contre tout danger ». Paraphrasant les paroles de Dieu lui-même !
Cet individu et ses compères de la sale courtisanerie, courent toujours et occupent même, les plateaux des médias, pour demander à ce que… Aziz soit jugé pour ses méfaits à l’égard de la nation et pour corruption !
Dans quel pays sommes-nous, pour tolérer un continuel délitement de la gouvernance et de la politique du pays sous l’impact de cette mafia politique courtisane ?
Une courtisanerie crasseuse
Il est urgent que des mesures soient prises contre cette mafia politique, de la courtisanerie crasseuse pour le salut de la nation. Car elle corrompt tout dans les institutions de l’Etat, de son dirigeant à ses collaborateurs.
Peut-on les traduire pénalement devant la justice ? Certes le complice subit les mêmes peines que l’auteur principal du crime. Hélas ! si leurs actes sont qualifiables politiquement, ils ne le sont pas juridiquement puisque la qualification des délits et des crimes est soumise au principe de légalité des délits et des peines, ce qui signifie qu’il n y a pas de peine sans texte (loi) qui la prévoit et que ce texte soit antérieur au fait, acte incriminé.
Pour pouvoir qualifier les actes de cette courtisanerie crasseuse, le juge doit établir si les faits reprochés à ses membres font l’objet d’une incrimination légale. Et cette qualification doit être exacte, à peine de relaxe ou d’acquittement.
C’est autant dire que le code pénal mauritanien ne comprend pas des dispositions relatives aux délits politiques, la sanction du mensonge ou de la connivence partisane en politique.
Ces actes ne deviennent pénaux que lorsqu’il en résulte, des faits manifestement dommageables pour la collectivité nationale, dont la certitude et la matérialité ne laissent pas de doute et que, par la liaison des causes à des effets, permettent au juge de les qualifier au titre des délits et des crimes prévus par la loi.
Or les actes néfastes de cette classe politique mafieuse, sont diffus car ils sont « dilués » dans leur action « politique », dans la masse, et leur liaison directe avec les dommages subis par la société, bien que immenses (dans tous les secteurs de la vie de la nation) , sont difficiles à rapporter devant le juge.
Mais si dans la singularité de l’acte, le droit ne peut sanctionner, il le pourra dans son universalité. Car les actes commis par cette mafia courtisane, dans le maintien de la corruption et de ceux qui l’accomplisse, peuvent être liés aux causes de cette corruption.
Cependant, cette justice universelle, ne relève pas au niveau national, des tribunaux judiciaires mais du droit de la société civile, à travers ses organisations et ses structures de sanctionner les suppôts de la corruption et d’œuvrer à les bannir de la scène politique.
Pour cela les tribunes, les forums et les manifestations pacifiques sont les instruments les plus appropriés, pour réclamer cette justice, de ceux qui, hors de la punition judiciaire, doivent subir la vindicte populaire.
En effet, tant qu’existe cette classe politique mafieuse qui, de régime en régime, corrompt la scène politique et ses acteurs, il y aura autant de Aziz qu’il en faudra pour assouvir la soif de ces suppôts de la corruption. Et l’avenir du pays, déjà hypothéqué dans ses moyens, le sera toujours dans son devenir.
Ainsi, face à ces suppôts de la corruption des régimes successifs, Aziz est bien innocent, car il ne fut que le produit de cette classe crasseuse, parasite des régimes, qui lui adjugé …et vendu le pays.
Hélas ! Comme l’écrivit, si justement, Ernest Hemingway : « Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l’innocence. »….
Pr ELY Mustapha
3e mandat: L’échec du Dauphinat en Mauritanie fait réfléchir les autres chefs d’Etat
Rewmi – L’Afrique de l’Ouest est très secouée par un vent de troisième mandat. La Côte d’Ivoire y est déjà avec Alassane Ouattara qui s’est décidé, après le décès de son ancien premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, à se représenter.
La Guinée va rejoindre les rangs probablement avec un Alpha Condé qui ne va pas hésiter suite à un coup de fouet donné par ses partisans. Au niveau du Sénégal, c’est l’expectative, étant entendu que tout est possible en 2024 même si nous sommes encore loin de cette échéance électorale.
Tout indique que ça réfléchit fort au niveau des Palais et des différents états-majors des chefs d’Etat concernés sur une question assez sérieuse.
Cependant, tout le monde a suivi avec beaucoup d’intérêts l’exemple de la Mauritanie. Nos voisins du Nord ont été les premiers, dans la zone, à expérimenter le sujet.
Le 22 juin 2019, un nouveau Président de la République a été élu. Il s’agit de Mohamed Ould Ghazouani de façon démocratique, pour la première fois dans l’histoire du pays, une passation de pouvoir a été faite dans la paix.
Ould Ghazouani a agi comme dauphin de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Cependant, depuis, l’élu a pris ses distances. Pis, il s’est inscrit dans une dynamique de fouiner dans le passé et de créer les conditions d’une reddition des comptes.
Ainsi, il a mis en place une Commission d’enquête, a réactivé la Haute Cour de justice et l’ancien Président Aziz avait été convoqué même s’il a refusé de répondre.
Il y a eu ainsi de l’eau dans le gaz entre les deux. Une situation qui en dit long sur l’échec du dauphinat en Mauritanie, ce qui, dans les autres pays, a fait réfléchir.
Alassane Ouattara, Alpha Condé et Macky Sall se sont brusquement rendu compte que cette stratégie du dauphinat ne fonctionne pas toujours et que le risque est là d’avoir quelqu’un qui peut exactement agir comme un opposant qui arrive au pouvoir.
Ce type de situation a été observé en République Démocratique du Congo (Rdc) entre les Président Kabila et Félix Tshisekedi qui l’a remplacé.
Mais, là-bas, le problème se pose moins pour Kabila car il contrôle presque 80% des députés et autant au gouvernement avec des ministères clefs de souveraineté. Même si, malgré cela, les pro-Kabila dont plusieurs généraux souffrent d’une forme de purge organisée par le nouveau Président. C’est en tout cas l’impression qui se dégage pour les non-initiés de la politique dans ce pays.
Toutes situations et bien d’autres qui font hésiter au niveau des Palais. Elles peuvent notamment pousser beaucoup de Présidents, au terme de leurs mandats, de s’accrocher encore au pouvoir.
C’est ce qui semble se dessiner. Car, rappelons-le, du fait du mode de gestion du pouvoir en vogue essentiellement marqué par la gabegie, la corruption, le clientélisme largement dénoncés dans les rapports des corps de contrôle dans un pays comme le Sénégal, il va de soi que les uns et les autres pourraient avoir des appréhensions à partir ne serait-ce que pour ne pas exposer des proches à une forme de justice de la vengeance.
Et ces proches sont nombreux : ce sont les parents, les partisans, les alliés, les amis et autres citoyens proches de ces derniers. La chaîne de collaboration est longue à ce niveau. Car on trouve à chacun une façon de participer au système, surtout d’en profiter. Et c’est valable dans les autres pays.
Ainsi, le souhait de tous les chefs d’Etat élus est de justement de rester au pouvoir ou d’y hisser quelqu’un de suffisamment ‘’fiable et sûr’’ pour le lui léguer.
Car, il n’est pas admissible que le parti présidentiel dans un pays comme la Côte d’Ivoire n’ait pas assez de cadres pour obvier le vide laissé par la disparition de Amadou Gon Coulibaly. Les cadres ne manquent pas. Mais, c’est la confiance en eux qui fait défaut. Et c’est valable dans les autres pays.
Le souci, ici, c’est d’assurer ses arrières, de rester au pouvoir directement ou indirectement et de protéger les siens et son legs.
Conséquence, après la Guinée, la Côte d’Ivoire est en train de renouer avec la violence avec mort d’hommes. Et ce n’est qu’un début. Malheureusement. Et le Sénégal n’est pas à l’abri.
C’est pourquoi, comme pour les coups d’Etat, il faudra que la CDEAO agisse pour mettre fin à ces velléités de troisième mandat par des recommandations fortes et une attitude ferme de punition de ceux qui seraient tentés.
Malheureusement, pour le moment, ce sont ces Chefs d’Etat qui sont les plus influents au niveau de l’instance sous-régionale, ce qui ne va faciliter les choses, du moins à court terme.
Assane SambÂ
cridem