Daily Archives: 24/03/2019
Massacre au Mali: IBK remplace son état-major et dissout la milice dogon
Le dernier bilan de massacre ce samedi de civils peuls dans le centre du Mali fait état d’au moins 135 morts et plus de 50 blessés. Les assaillants étaient habillés en tenue traditionnelle de chasseurs « dozo ».
Au lendemain de l’attaque, c’est la consternation, alors que les secours s’occupent encore des blessés. Le gouvernement malien a annoncé ce dimanche après-midi le limogeage des principaux chefs de l’armée et la dissolution de la milice dogon Dan Amassagou accusée d’exactions.
Selon des témoins, c’est la désolation dans le village meurtri de Ogossagou. Les habitants creusent ce dimanche une fosse commune pour enterrer une quarantaine de civils, qui n’ont pas pu être inhumés la veille, le jour du drame.
« Nous n’avons pas le moral, les gens sont tous traumatisés », témoigne par téléphone un élu. Un autre décrit les restes de cases brulées, les animaux calcinés, les affaires personnelles réduites en cendres, témoignages silencieux de l’horreur.
Une délégation du gouvernement – composée notamment de trois ministres – est présente sur place. Des dizaines de militaires ont aussi été dépêchés dans les villages pour sécuriser les lieux et rassurer les habitants. Enfin, le gouvernement s’est engagé à arrêter les auteurs de ces massacres et à apporter la justice.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a réuni un Conseil des ministres extraordinaire « pour annoncer la dissolution de l’association Dan Nan Ambassagou pour dire clairement aux uns et aux autres que la protection des populations restera le monopole de l’Etat », a déclaré à la presse le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga à l’issue de la réunion. Ce dernier a également annoncé « la nomination de nouveaux chefs militaires », sans donner de détail. Les responsables de l’armée limogés sont le chef d’état-major général des armées, M’Bemba Moussa Keïta, et ceux de l’armée de Terre et de l’Air.
Par ailleurs, les secours se sont organisé une partie de la soirée, samedi, notamment pour évacuer les blessés. Ils ont été conduits vers la localité de Bankass pour certains, vers Mopti pour d’autres.
Sur les réseaux sociaux ou dans les rues, les Maliens disent leur choc et leur indignation au lendemain du massacre. Un choc partagé par le représentant de la mission de maintien de la paix Mahamat Saleh Annadif qui, devant la presse samedi et entouré d’une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, a enjoint à l’État de stopper la spirale de la violence.
“Face à ce drame inqualifiable, j’en appelle d’abord à la cessation de la spirale de la violence. Dans le cadre de notre mandat de protection des civils, une force d’intervention rapide de la Minusma a été aussitôt déployée dans le lieu de l’incident. De même, des mesures pour évacuer les blessés vers Sévaré ont été prises.”
De son côté, le gouvernement est resté plutôt discret. Il n’y a pas eu de prise de parole publique pour le moment. Dans son communiqué samedi soir, les autorités assuraient qu’une enquête avait été ouverte.
Comme d’autres élus des environs, Cheick Harouna Sankaré, maire de Ouenkoro, affiche son inquiétude. Cet ancien candidat à la présidentielle explique que dans la ville de Bankass, aujourd’hui, des civils peuls demandent protection, demandent même à partir plus au sud.
Les associations des droits de l’homme ainsi que l’association communautaire peul Tabital Pulaaku pointe l’absence de l’État dans cette zone. Le massacre d’Ogossagou n’est pas un cas isolé. Selon Tabital Pulaaku, dans le cercle de Bankass, les affrontements intercommunautaires ont fait au moins une cinquantaine de mort depuis janvier 2019.
RFI
Réunion de la Communauté Halpulaaren proche du pouvoir chez Kane Yahya : «Réconcilier les clans et se positionner pour la présidentielle»
La maison de Kane Yahya, a abrité, jeudi 21 mars, dans l’après-midi, une importante réunion de la communauté Pulaar de la majorité présidentielle. Notables, hauts cadres de l’administration, des généraux à la retraite de l’armée et quelques jeunes ont accouru de tous les quartiers de la capitale.
Cette rencontre avait pour but de sceller la réconciliation entre les différentes tendances politiques de la vallée, d’une part, de créer un cadre de concertation et suivi sur les problèmes spécifiques de cette partie du territoire national, mais aussi d’arrêter un choix commun pour la présidentielle prochaine, d’autre part. En effet, comme partout ailleurs, les clans politiques ont étalé toutes leurs divergences politiques, lors de la dernière réimplantation de l’UPR puis au cours des investitures des candidats pour les municipales, législatives et régionales de septembre dernier, au point que certains responsables politiques de la communauté se regardent en chiens de faïences, s’invectivent même, reléguant ainsi en arrière plan, les intérêts de leurs compatriotes. La tâche était ardue, le défi énorme et il a fallu que certains hommes comme Bâ Bocar Soulé, Kane Abdoul Wahab et N’Gaidé Alassane s’activent, avec le soutien décisif de Mme Bâ coumba chargée de mission à la présidence, des généraux à la retraite, Dia Adama , N’Diaga Dieng et de Félix Négri, pour en arriver à la réunion de ce jeudi, 21 mars. Une date à marquer, d’une pierre blanche, pour certains dans les démarches unitaires de la communauté Foutanke. Ils ont réussi, en quelques semaines, à réconcilier ceux qui ne se parlaient même pas, dans les 7 régions du pays où vivent les Peulh, en particulier dans la vallée, avant de contacter et de sensibiliser, autour de la problématique unitaire, les notables, les cadres, imams et certains acteurs de la société civile. Tous ont accueilli favorablement le projet d’où leur présence importante au lieu de la rencontre pour écouter le compte rendu des démarches effectuées et d’envisager, dans la sérénité, la prochaine présidentielle. Parce que reconnaissent les différents intervenants, sans l’unité et le resserrement des rangs, point de réussite des actions et démarches à entreprendre. Sans l’unité observe un cadre, nous ne pèserons rien dans l’arène politique.
L’unité, l’unité, l’unité
Expliquant l’objet de cette rencontre, M. Bâ Bocar Soulé a fortement insisté sur l’urgence de dépasser les querelles entre les acteurs politiques pour s’unir autour de l’essentiel, ” sans unité dans nos rangs, point de succès dans nos combats quotidiens pour la communauté et pour le pays”, dira-t-il. Et de préciser: nous ne nous réunissons pas ici parce que nous sommes hostiles aux autres composantes du pays, mais, parce que nous avons d’abord à surmonter nos clivages internes, à extirper le mal qui mine nos rangs et à débattre de nos problèmes spécifiques et enfin, à tendre la main aux autres compatriotes. Il s’est réjoui de la grande mobilisation de la communauté, ce qui, à ses yeux témoigne de l’adhésion à l’idée mise en branle par les jeunes parlementaires de la vallée.
En effet, sollicités par la direction de leur parti, pour apporter un soutien aux candidats de l’UPR, contraints au 2e tour, au niveau d’El Mina et au 3e tour à Arafat, les parlementaires dont N’Gaidé Abderrahmane et Niang Mamadou Younouss sont descendus dans ces quartiers populeux. Le parti leur avait assigné la mission de sensibiliser l’importante communauté négro-africaine vivant dans ces départements pour voter pour les candidats UPR. C’est dans ce cadre qu’ils ont décidé, après avoir écouté les populations exposer les problèmes qu’ils vivent dans leur quotidien, de transmettre ces doléances aux plus hautes autorités de la République et d’œuvrer à leur satisfaction. Cette réunion de jeudi est donc l’aboutissement de cette démarche.
Chapelet de doléances
Prenant la parole à son tour, le général à la retraite Dia Adama a explicité les objectifs attendus de la rencontre. Après avoir rappelé, à l’attention de ceux qui seraient amenés à en douter, que les Peulh sont des mauritaniens au même titre que les autres composantes du pays, qu’ils ne se réunissent pas contre les autres, mais pour débattre de leurs problèmes spécifiques. Nous ne sommes pas extrémistes, nous sommes des centristes et réclamons simplement des droits. Lesquels problèmes touchent l’état civil, des rapatriés rentrés au pays sans état civil, sans lequel on ne peut ni candidater, ni voter, manque de moyens pour mettre en valeur la terre et le cheptel. Il faut mettre en rapport les investisseurs et les propriétaires, suggère-t-il ; le chômage des jeunes, l’absence d’hommes d’affaires et donc d’investissements pour améliorer la production agricole et tendre vers l’autosuffisance alimentaire, car un homme qui a faim n’est pas digne; la question des langues nationales, pour le vivre ensemble, la représentativité au sein de l’administration… Sans égalité, point de justice.
”Le discours de Ghazwani nous rassure”
Évoquant la prochaine présidentielle, le général à la retraite n’a pas manqué d’attirer l’attention des participants sur le choix responsable qu’il faut opérer. Dans ce cadre, il fait observer que parmi les personnalités qui ont officialisé leur candidature, seul le général Ghazwani est sensible aux préoccupations de la communauté ci-haut mentionnés. Dans son discours, il a reconnu, poursuit le général Dia, les efforts faits, les insuffisances enregistrés avant de s’engager à régler les problèmes d’injustices dont sont victimes certaines communautés. Dès lors, estime-t-il, il faut aller vers celui-là pour lui proposer un partenariat. Son discours nous rassure parce que nous sommes des citoyens modérés de ce pays.
Pour ce faire, l’ensemble des doléances de la communauté qui se sent très marginalisée dans l’administration et presque tous les autres secteurs de l’état, feront l’objet d’un document qui sera soumis au candidat par une commission qui sera désignée. La commission de 3 personnes, à la base de l’initiative sera étoffée pour peaufiner le document avant de le présenter au candidat Ghazwani.
D’autres orateurs ont pris la parole pour abonder dans le même sens, instant surtout sur la concrétisation de cet engagement. « Si cette démarche n’aboutit pas, la communauté aura enregistré le plus cuisant échec dans son cheminement et dans ses rapports avec les autres communautés », a prévenu une intervenante.
Signalons que dans son mot de bienvenue à l’assistance, le doyen d’âge Kane Yahya, comme l’Imam Ball Mohamed, l’Imam Sow Abou avaient insisté sur l’urgence pour les membres de la communauté de réussir leur pari; ils ont félicité les initiateurs de la rencontre et souhaité son plein succès. M. Dieng Boubou Farba, a fait remarquer qu’il est inédit que la communauté se réunisse à la veille d’une échéance électorale pour se positionner derrière un candidat ; c’est un pas à saluer et à encourager ; il a suggéré de s’ouvrir aux autres qui vivent les mêmes problèmes que la communauté. De son côté, Sow Moussa Demba dit Thiombé, quelque peu sceptique, s’est demandé si les intérêts égoïstes laisseront enfin la communauté réussir le pari de l’unité. Il a invité les uns et les autres à faire preuve de maturité et de pragmatisme.
Notons qu’en plus de ces personnalités, on a noté la présence de Dia Amadou Mamadou, Bâ Mamadou Alassane, Yall Zakaria, Diallo Abou Moussa, Sow Adama, Kane Abdoul Wahab, Kane Moustapha, Wane Ismaila, N’Gaidé Lamine Kayou, Bâ Coumba, Le Pr. Kane Boubacar, Dia Moctar Malal, Djinda Ball, les généraux à la retraite, N’Diaga Dieng, Félix Négri, l’ancien ministre Bâ Ousmane, l’ancien maire Thiombé Sow, Bâ Amadou Abou, Kane Hadya,l’ancien ambassadeur N’Gam Adama, Kadiata Diallo…
LE CALAME
Mali: plus de cent morts dans un massacre dans le village peul d’Ogossagou
Cheick Harouna Sankaré est le maire d’une commune du centre du Mali. Comme d’autres, bouleversé, il décrit la scène. Tôt ce samedi matin, des hommes armés débarquent dans le village d’Ogossagou, non loin de la ville de Bankass, « massacrant plusieurs dizaines de civils peuls ».
Un autre élu donne des détails. Le chef de village, Amadou Belko Bari est « tué devant sa mère » qui sera, à son tour, « exécutée ».
Un chef religieux local, Bara Sékou, a également « été tué ».
Dans la furie, les assaillants n’épargnent personne… ni les femmes, ni les enfants, ni les jeunes, ni les vieillards, tous de la communauté peule.
Et comme s’ils s’étaient bien préparés, alors qu’un groupe tuait sans discernement, un autre groupe d’assaillants habillés en chasseurs traditionnels mettait le feu aux cases.
Dans le village d’Ogossagou, il y a également un endroit où étaient cantonnés les jeunes peuls armés, ex-jihadistes ou pas, qui souhaitaient intégrer le Processus désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). Certains, parmi eux, ont perdu également la vie.
Selon des sources concordantes, le dernier bilan fait état de plus de 100 morts.
RFI