Daily Archives: 14/03/2019
Moi aussi j’étais à Oualata – 1 : Mes liens avec les Peuls/Par Oumar Ould Beibacar
Le 7 Mars 1969, mon père, alors chef d’arrondissement d’El Ghabra, actuel Barkéol, fut affecté, au titre de chef d’arrondissement, à M’bagne, donnant l’occasion, à notre famille, de cohabiter, pour la première fois, avec la communauté peule. Originaire du Fouta Toro qui fonda le royaume du Tekrour, au milieu du 19èmesiècle, dans la basse et moyenne vallée du fleuve Sénégal, cette communauté avait été la première négro-africaine à se convertir à l’islam, au début du 11ème siècle, convaincue par les prêches d’Abdallah ibn Yacine.
En combattant aux côtés de l’almoravide Abou Bekr ibn Amer, des princes du Tekrour contribuèrent activement à la chute, en 1076, de l’Empire du Ghana composé de noirs majoritairement soninkés païens. On compte, dans la communauté peule, de grands savants prédicateurs et conquérants musulmans qui portèrent le flambeau de l’islam en Afrique noire. Citons, à titre d’exemple, Ousmane Dan Fodio, grand érudit inspirateur de Cheikou Amadou, fondateur de l’Empire peul du Macina, au 19ème siècle, dans l’Est mauritanien et le Nord malien, ou El Hadj Oumar Tall, grand résistant djihadiste et fondateur de l’Empire Toucouleur.
Liens ancestraux avec les Peuls
Cette communauté a des liens, multiséculaires, d’alliance et de bon voisinage, avec les tribus arabo-berbères du Brakna, dont les plus célèbres sont ceux conclus entre les Oulad Abdallah et les Halaybes. Ma grand-mère paternelle, Khadijetou Yéro Kane, est d’origine peule Ehl Modi Nalla, la famille de son grand-père Oumar Yéro Kane s’était entièrement beydanisée et dissimulée, dans la tribu Ehl Sidi Mahmoud du Guidimakha, fraction Lemjachta Ehl El Keihil où elle est identifiée, aujourd’hui, sous le nom de Ehl Yerou. Elle est domiciliée à Taghada, dans le département d’Ould Yengé.
Après mon arrestation, le 28 Novembre 2015, je reçus la visite de quelques notables parents d’Ehl Yérou. L’un d’eux me dit : «Il paraît que tu as été arrêté parce que tu défendais les Peuls. Tu ne sais pas qu’ils sont nos plus grands adversaires à Taghada ? – Tout ce que je sais », lui répondis-je, « c’est que vous êtes des peuls et devez profiter du nouvel état-civil pour reprendre votre nom, Kane, il est confirmé que les Ehl Modi Nalla sont des chérifs, plutôt que de vous identifier à des berbères. – C’est vrai», reconnut-il, « mais, par les temps qui courent, il n’est pas bon de s’affirmer peul, ils sont persécutés par le pouvoir. Attendons des jours meilleurs. »
Après un court séjour à l’école coranique du campement, mon père, fils unique, fut confié, à l’âge de dix ans, en vue de l’inscrire à l’école coloniale, par mon grand-père à son grand ami Ngalam Traoré, un agriculteur soninké hors pair, résident à Bakel mais également propriétaire de champs au Guidimakha mauritanien et à Mbout. Bientôt titulaire du certificat d’études primaires, mon père avait assimilé, au cours de sa scolarité, les quatre langues parlées à Bakel, à savoir le soninké, le pulaar, le wolof et le bambara. En plus de sa langue maternelle, le hassaniya, il savait écrire et parler l’arabe et le français.
Le témoignage de ma mère
Au début du mois de Juillet 1969, je suis venu à M’Bagne, pour la première fois en vacances. J’ai tout de suite constaté que mes petits frères commençaient à parler le pulaar sans accent et intégraient bien le milieu, alors que ma maman, une terrouzia intelligente, généreuse et cultivée, comprenait elle aussi quelques mots, communiquant, de temps en temps, avec les domestiques, avec, elle, beaucoup d’accent. Quand j’ai interrogé ma mère sur ses impressions, quant à ce séjour de quatre mois en village peul, elle m’en fit le résumé suivant.
« Mon fils, pour connaître les valeurs d’une communauté, il faut absolument vivre avec elle, en son milieu naturel. M’Bagne est la capitale du canton, une entité comparable à l’Emirat. Le chef de canton est Abdoul Aziz Kane, décédé en 1960, les deux maisons que tu vois, dans cette même enceinte, lui appartiennent. Dans celle à l’Est, avec cinq ou six pièces, habitent sa femme Hapsa Anne et ses enfants. Celle à l’Ouest, forte de quatre pièces, là où nous sommes présentement, est prêtée et non louée à l’administration, c’est là que se trouvent le domicile et le bureau du chef d’arrondissement.
Les Peuls sont, généralement, des pasteurs nomades, leur histoire se confond avec celle des vaches, de couleur blanche qui produisent beaucoup de lait, symbole, à leurs yeux, de bonne santé, et présente à tous leurs repas, l’élevage bovin leur est sacré et leur confère un prestige social, ils se marient entre eux, pour éviter de disperser leur troupeau ». Mon père renchérit : « Le grand historien peul, Amadou Hampaté Ba, rapporte, dans ses livres, la légende suivante. Quand Dieu créa la vache, il créa le peul pour s’en occuper. Les Peuls ne vendent pas leurs vaches mais les laissent en héritage pour leurs enfants. Pour eux, la vache assure la continuité du peul ; sans vache, pas de peuls. »
« Ils disent aussi, reprit sa mère, « qu’en la vache il y a la baraka, barke nagge. Les Foulbés sont, habituellement, des nomades, spécialisés dans l’élevage bovin, les bergers peuls, comme ceux que tu connais à Touil Ehl Togba et à El Ghabra, suivent rarement leur troupeau. C’est leur troupeau qui les suit. On dirait qu’ils communiquent. Depuis l’avènement de la colonisation, les Foulbés se sont sédentarisés. Certains historiens disent que les Peuls sont d’origine himyarite, arabes du Yémen, d’autres disent que particulièrement les Kane, tes oncles, ainsi que la famille régnante, ici, sont des chérifs, descendants du prophète Mohamed (PBL). Aujourd’hui, les Peuls font partie intégrante de la société négro-africaine. C’est une communauté très nombreuse, s’étendant de la Mauritanie au Soudan, en passant par le Sénégal, le Mali, la Guinée, le Niger, le Nigéria, le Tchad, et le Cameroun, entre autres.
Tribus et castes
Comme nous, les Toucouleurs sont formés de tribus. A M’Bagne, il y en a deux grandes : les Hirlabés qui se trouvent à Mbagne, Niabina, Dabbé, le village du professeur Oumar Ba, Ndiawaldi, Sorimalé et Garalol. La deuxième tribu, les Hébiabés, habite à Bagodine, Dawlel, Ferrallo, Mbohé et Foundou Djéri. Contrairement aux Maures, le sommet de la hiérarchie, chez les Peuls, est occupé par les marabouts qu’on appelle Torodos, puis suivent les guerriers, appelés les Théddos ; les pêcheurs, les Thuballos ; puis les autres, griots, forgerons, tisserands et esclaves. Ils vivent tous en très grande harmonie, dans un respect mutuel extraordinaire. Les Peuls sont un peuple fier, doté d’une rigueur morale à toute épreuve.
Les castes étant fondées sur les métiers, on peut, parfois, changer de caste, en changeant de métier. Par exemple, un thuballo qui abandonne le filet pour le livre devient torodo ; un torodo abandonne le livre pour le filet ou le fusil et devient thuballo ou theddo. A l’exception des esclaves, toutes les autres castes font partie de la noblesse. Mais ce qui m’a le plus impressionné, chez les Toucouleurs, c’est surtout la rigueur de leur discipline et leur solidarité sans faille. Les plus âgés, quelle que soit leur caste, sont obligatoirement respectés par les plus jeunes. Même pendant les repas : personne ne peut manger avant quiconque de plus âgé que lui et le plus jeune maintient le plat avec sa main gauche. Quand ils te croisent, ils te saluent toujours les premiers. Le salut est la plus grande marque de respect. Et plus la personne est âgée et plus elle est respectée, quelle que soit sa caste.
M’Bagne est une ville des Thouballo, les plus nombreux et généreux. Ils passent la majeure partie de leur temps à distribuer le produit de leur pêche aux plus nécessiteux, dans la plus grande discrétion. Les cultivateurs font la même chose, pendant la période de cueillette. Ainsi que les éleveurs. Al Hadji Samba Baidi Diop, dit El Hadji Sa – décédé en Juillet dernier, paix à son âme ! – est un thouballo très grand bienfaiteur. Grand commerçant de M’Bagne, un des plus grands, il passe tout son temps à prêter son argent aux voyageurs nécessiteux au Sénégal ou qui ont de petits étudiants à prendre en charge. Ainsi qu’aux cordonniers, pêcheurs ou forgerons démunis, en attendant des jours meilleurs. On dirait que les commerçants de M’Bagne ne cherchent pas le profit mais, plutôt, la bienfaisance et la solidarité.
Foi et convenances
Les Peuls du département de M’Bagne sont de vrais croyants. Des trente-cinq villages que compte le département, très rares sont ceux qui ne sont pas dotés de mosquées construites par les villageois eux-mêmes. Celle de M’Bagne est très bien entretenue, les prières y sont régulièrement et correctement accomplies, à bonne heure. Le département avait un ministre dans le gouvernement, Diop Mamadou Amadou, du temps de Moktar Ould Daddah c’est un thiouballo, un homme exceptionnel. Il vint ici en permission et rendit visite à toutes les familles dont les pères étaient plus âgés que lui, à commencer par la famille du chef de canton. Il en fit ainsi, chez nous, avec beaucoup de courtoisie et de modestie. Tu vois cette femme assise sur sa chaise ? C’est Habsa Anne, une femme âgée mais très lucide et de forte personnalité. Elle se lève au petit matin, accomplit ses prières, puis commence à réveiller tous les enfants et étrangers majeurs, pour en faire de même et petit déjeuner.
Mais attention ! Ici, il y a des choses interdites : il ne faut jamais dire Do weni M’Bagne. Ici, c’est Mbagne. – Pourquoi ? », quémandai-je. Elle me répondit : « Au cours d’un des nombreux combats que menèrent les M’Bagnois contre leurs voisins, leur chef aurait été gravement blessé et à son retour à cheval, il aurait demandé aux populations qui l’avaient accueilli, « Do weni Bagne? » (C’est ici, M’Bagne ?). Depuis, prononcer cette interrogation est perçu, par les M’Bagnois, comme une provocation. »
« D’où tiens-tu toutes ses informations ? », lui demandai-je enfin. « Je me renseigne », me confia-t-elle en guise de conclusion, « auprès des arabophones m’bagnois ; surtout de Thierno Samba Tafsirou Ba, décédé en 1977, cadi du département de Mbagne et imam de la mosquée. Un homme très cultivé et courtois, puisse le Tout-Puissant l’accueillir en Son paradis. » (A suivre)
Le calame
Candidature unique de l’opposition : Piètre spectacle
Regroupant l’essentiel des partis politiques de l’opposition, l’Alliance Electorale de l’Opposition Démocratique (AEOD) peine toujours à accoucher d’un candidat unique pour la présidentielle prochaine. Elle s’y était pourtant engagée, depuis bien longtemps, mais après des mois et des mois de gestation, ses divers camps n’arrivent toujours pas à s’entendre sur le choix d’un seul candidat. Pathétique spectacle… Les militants de l’opposition et, même, de certains segments de la majorité escomptaient une alternative crédible et une alternance démocratique qui permette, au pays, de se débarrasser du régime des kakis qui ont mis le pays sous coupe réglée, depuis 1978. Leurs aspirations semblent aujourd’hui s’estomper, à moins que les acteurs politiques de ce pôle politique essentiel à la démocratie mauritanienne, réussissent à se surpasser. Difficile cependant de s’accrocher à ce mince espoir, même si l’AEOD a réussi, en tout cas jusque ici, à maintenir ce que d’aucuns considèrent comme une « unité de façade ». Contre vents et marées, dirait un autre…
Pour se présenter à la présidentielle de 2019, avec quelque chance de succès, l’opposition avait fait le constat de l’impérieuse nécessité d’une candidature unique. Cela impliquait de s’entendre, tout d’abord, sur un programme de gouvernance. Mais, très vite, la commission s’est focalisée sur le choix du candidat, reléguant, au second plan, le programme commun de gouvernement. Une approche qui a semé le doute, chez nombre de leaders de l’AEOD qui se sont mis à ne plus vendre bien cher le projet de candidature unique. Selon leur analyse, les partis politiques sans candidat possible à la présidentielle n’accepteraient pas l’émergence de potentiels concurrents et, traînant les pieds, joueraient sur le pourrissement, en prêchant une candidature externe.
Les faits semblent leur donner raison. Tout paraissait bien aller, jusqu’à l’entrée en lice de l’ex- PM, Sidi Mohamed ould Boubacar. Particulièrement inattendue – l’intéressé n’ayant jamais, c’est le moinsqu’on puisse dire, brillé dans l’opposition – cette candidature a beaucoup perturbé les plans de celle-ci et de divers de ses leaders qui se sont battus, des années durant, contre le pouvoir en place. Ils espéraient, en briguant la magistrature suprême, sortir de l’ombre. Un légitime aboutissement, au demeurant, quelle que soit l’issue de la bataille. L’opposition n’a de sens que si elle aspire au pouvoir, par la voie des urnes. « Comment donc s’être si longtemps battue, en ce sens, pour ne servir, enfin de compte et sur un plateau d’argent, le pouvoir qu’à un intrus ? », s’est interrogé l’un des leaders de l’opposition. Ce n’est donc pas peu de dire que l’entrée en scène d’Ould Boubacar a dérangé l’AEOD, même s’il a, semble-t-il, séduit certains partis de celle-ci. Dérangement puis carrément blocage des tractations au sein de l’Alliance, les soutiens à l’ex-PM n’hésitant d’autant moins à déclarer que leur candidat aurait, croient savoir certains, l’appui d’Ould Bouamatou, le célèbre homme d’affaires et opposant d’Ould Abdel Aziz, très influent auprès de l’opposition mauritanienne.
Père, garde-toi à droite ! Père, garde-toi à gauche !
Autre problématique, la candidature même d’Ould Ghazwani qui pourrait, à en croire certaines confidences, compter sur le soutien d’une partie de ladite opposition. On suspecte notamment un des grands partis de celle-cide lorgner de ce côté, avec, à la clé, un deal qui l’amènerait à contribuer à diviser sa famille politique. Il est en tout cas certain que l’échec de l’AEOD profiterait à Ghazwani qui se présente en « candidat indépendant ». Même si l’un des leaders dudit parti suspecté a déclaré qu’aucune rencontre n’a eu lieu avec le candidat déclaré de la majorité, de forts soupçons demeurent. Tout comme, d’ailleurs, sur la sortie du bois de l’ex-PM d’OuldTaya, logé à la même enseigne.
Une chose est certaine : les partis politiques de l’opposition affichent et étalent leurs divergences sur la place publique, compliquant les chances de compromis au sein de l’AEOD. Quand le vice-président de Tawassoul déclare que l’AEOD a circonscrit son choix autour de deux candidats : Ould Bettah et Ould Boubacar ; le parti Sawab rectifie, dans un communiqué : « Trois choix ont été déposés, lors de la dernière réunion de la coalition des partis de l’opposition ; à savoir, le député Biram Dah Abeid, maître Mahfoudh ould Bettah et, de l’extérieur de la coalition, Sidi Mohamed ould Boubacar ». Gros nuages donc sur l‘unanimité autour d’un candidat unique et la déclaration du RFD, affirmant qu’il n’a refusé aucun des candidats, révèle combien les divergences sont profondes.
Mais, au final, le véritable problème de l’Alliance semble être le nerf de la guerre. Notre remarque précédente au sujet de Bouamatou le signalait déjà : les partisans de la candidature externe expliquent que l’opposition ne dispose pas de moyens financiers pour battre campagne et qu’elle a besoin d’un candidat assuré d’autres forces. Le pouvoir au prix de l’espoir ? Le choix d’Ould Boubacar– ou de tout autre de son acabit – pourrait bien enterrer définitivement l’espérance que l’opposition avait, jusqu’ici, réussi à susciter. La démocratie mauritanienne ou ce qui en tient lieu en sortirait notablement altérée. Car à quels désespoirs, alors, les militants se verraient-ils abandonnés ?
DL
le calame
A Biram Dah Abeid : Zorro n’existe pas en politique
Ciré Ba – Demander des explications à un candidat qui aspire à diriger un pays est d’une banalité universelle. Le présenter comme ZORRO, comme la seule solution alors qu’il n’a pas apaisé des inquiétudes légitimes, relève d’un fanatisme annonciateur de totalitarisme.
En politique, ZORRO n’existe pas. Le président Emmanuel Macron l’a appris à ses dépens. Que certains des partisans de Biram Dah Abeid se comportent d’avance en « soldats fanatisés » n’est pas rassurant. Il existe des solutions portées par des femmes et des hommes qui luttent pour une Mauritanie réconciliée, apaisée, juste et égalitaire entre ses composantes.
En lieu et place des insultes, de l’arrogance et de la suffisance, des diffamations et autres méthodes s’apparentant à du “terrorisme” pour faire taire, beaucoup attendent toujours son argumentaire. Pourtant, c’est simple. Autrement, on restera dans le débat sans tomber dans la vulgarité,
Ciré Ba – Paris, le 12 mars 2019
Le Prince Ely Mustapha : “je suis de la race des seigneurs, et alors ?” | Par Pr ELY Mustapha
Pr Ely Mustapha – Le descendant de Antar Ibnou Cheddad a dit: « La Mauritanie, un pays qui vit sur ses ancêtres ». Il est étonnant de vouloir être quelque chose en se référant à sa lignée.
La Mauritanie, un pays extrêmement pauvre, qui vit une misère sociale, économique et humaine de tous les jours et tout le monde se targue d’une noblesse qui sied mal à son environnement et à ses actes.
La question existentielle est : peut-on être si noble et vivre dans un pays si appauvri par sa « noblesse »? La noblesse est-elle dans la lignée ou dans les actes ?
Chaque mauritanien a son arbre généalogique pour faire de l’ombre à son prochain. Un pays désert où il y a tellement d’arbres qui ne produisent aucun fruit. Sinon celui d’une noblesse déplacée d’un pays déclassé dans le concert des nations.
Les mauritaniens ont excellé dans leurs références généalogiques pour prouver on ne sait plus quoi. Peut-être qu’à défaut de devenir, ils veulent être…ce qu’ils furent. Il est plus facile (sinon plus lâche) de vivre dans le passé que dans le présent. Surtout quand le présent exige des sacrifices.
Pourquoi se réfère-t-on à son arbre généalogique en Mauritanie ?
a- La fonction socio-psychologique de vouloir prouver qu’on est bien né.
En Mauritanie, personne ne s’aventurerait à se présenter comme un znagui, ou un elheimi ou même comme un forgeron. C’est une sous race, des “intouchables, des moins que rien. Des sous-hommes et des sous-femmes… Par contre se présenter comme” d’une lignée guerrière, zouaya, chérifienne et autres c’est plus acceptable. Quand on est fils ou fille de personne, on ne doit ni apparaître ni paraître.
Il faut dire que l’ancien régime avait exacerbé cette situation où on accusait une tribu de monopoliser le pouvoir et donc la tribu a pris une importance institutionnelle particulière. Elle était devenue le refuge et le bouclier que l’on utilisait pour se défendre.
La revalorisation de l’appartenance à la tribu a éclipsé celle de l’appartenance à la nation. Mais la tribu n’est pas en elle-même un danger ce qui l’est par contre c’est de croire que par sa lignée on est plus précieux que d’autres, qu’on a un “plus” par rapport à d’autres et pire encore, qu’on est dans les grâces Dieu. Et qu’en s’annonçant comme tel on est forcément sous la bénédiction divine. Ainsi par sa descendance guerrière on sera plus aptes à guerroyer que d’autres ou par sa descendance chérifienne on est de facto béni par l’éternel.
b- Charité bien ordonnée commence par soi-même : le descendant de guerrier.
Je sus à 25 ans que j’étais de la tribu guerrière des Oulad Nasser de la fraction des « Laa’natra». Donc que j’étais un descendant direct de sa seigneurie “Antarata el Abbsy”. L’inénarrable guerrier et poète, celui qui déroutait les armées par son sabre et les poètes par sa langue. (D’ailleurs ma ressemblance avec l’image de mon ancêtre, à cheval, qui accompagne cet article est frappante !)
Je le sus, hélas tardivement (cela aurait, peut-être, expliqué pourquoi je terrorisais mes petits amis d’enfance), que j’étais de sang royal et que je l’étais d’une noblesse à toute épreuve. Prouvée et signée. Donc, il n’y avait rien à dire, j’étais de la race des seigneurs. Seulement voilà, je n’avais ni cour ni de droit de cuissage sur qui ce soit.
Toutefois, je me demandais si, à force de l’éloignement de génération en génération depuis la lointaine Arabie et les croisements multiples de mes ancêtres traversant les mille et une contrées afro-berbères, en multipliant les épousailles et les alliances, si donc mon sang royal n’était pas tellement dilué que l’on n’y retrouverait à peine un globule rouge appartenant à mon illustre arrière, arrière, arrière (exponentiel) ancêtre.
Mais c’était confortable d’être de la race des seigneurs et de se dire qu’après tout c’est le nom qui compte. Et je devrais d’ailleurs réclamer à cors et à cris qu’il y a une erreur dans mon état civil et que mon vrai nom était « Mustapha Ibnou Cheddad », ou « Ould Cheddad » pour rester un peu Mauritanien; car à vrai dire si nous nous rattachions tous aux abbassides ou aux omeyyades, nous devrions émigrer (“rebrousser chemin” serait mieux) au Moyen orient.
Et nous devons faire vite pour au moins profiter du pétrole qui nous reste là-bas puisque le pétrole du pays dans lequel nous nous sommes installés est de mauvaise qualité ou plutôt la qualité de ceux qui en profitent est mauvaise.
Mais voilà, je sus aussi que ce n’est pas mon aïeul qui viendra m’apporter mon pain quotidien et qu’un nom quel qu’il soit ne nourrit pas son homme. A quoi servirait-il de déclamer que l’on est fils de seigneur si l’on n’agit pas comme les seigneurs.
A quoi sert-il de dire que l’on est descendant d’une noblesse quelconque si nos actes n’expriment ni la noblesse du geste, ni moins encore la noblesse du cœur.
Les mauritaniens devraient adopter un emblème national similaire à celui des français. : Le coq. Le coq est, dit-on, le seul animal qui chante avec les pattes dans la boue.
Se rattacher à une tribu Quraychites quelconque si ce n’est du grand Hijjaz ou tout au moins du lointain Cham ne sert à rien, car même si cela était prouvé, cela ne donnerait à aucun Mauritanien le droit d’un visa pour aller en pèlerinage…chez ses ancêtres.
Mais qu’est-ce que cela rapporte à notre pays, cette continuelle volonté de vouloir être descendant d’un “grand quelqu’un” ?
c- Des exemples publics récents : les chérifs dans les médias.
Deux cas de déclaration de lignée publiquement déclarée se retrouvent dans des interviews « historiques ». Celle officielle accordée par l’épouse d’un ancien Président de la République à un journal et celle déclamée dans un article par un ancien directeur général de la SNIM.
A une question posée par un journal qui l’interviewait la première dame répondît ainsi :
« Vous conviendrez avec moi qu’il n’est point aisé de se présenter soi-même, mais je tâcherai quand même de le faire. Je suis Khattou Bint El boukhary, descendante d’une lignée Chérif ».
D’autre part, un ancien directeur général de la SNIM, parlant de lui-même à l’occasion d’une réponse au chef de l’Etat écrivit: « (…) C’est cependant toujours le même homme, fier de son origine Quraïchite par son aïeul éponyme paternel Abderrahmane Rakkaz et son aïeul Menny (pseudonyme de Fatimetou), fille de l’Imam El Hadramy, de l’épopée de Boubakar Ben Amer et ses compagnons et de l’histoire de la confédération tribale Idoïch ( …) ».
On comprend alors comment la SNIM fut gérée.
Mais les exemples peuvent être multipliés car chaque mauritanien s’attache à son origine et peut souvent remonter très loin dans son arbre généalogique.
Connaître ses racines est une bonne chose. Car on ne peut, dit-on, connaître où l’on va si l’on ne sait pas d’où l’on vient.
Cependant, le Mauritanien s’en sert pour entrainer une présomption de bonne foi à son égard. On est de telle lignée ou de telle autre donc forcément on est dans une situation meilleure que les autres. Si ce n’était pas le cas, pourquoi s’évertue-t-on alors à déclamer sa lignée patriarcale ou matriarcale ?
La question est d’autant plus grave qu’elle peut même être constitutive d’une hérésie car Dieu n’a-t-il pas dît que le plus proche de Dieu est le plus croyant d’entre-vous.
إن أكرمكم عند اللهِ أتقاكم)
Et cette croyance en Dieu, signifie que l’on souscrit à toutes les prescriptions de notre sainte religion.
Prescriptions qui mettent l’homme dans un perpétuel jugement par rapport à ses actes et non par rapport à sa lignée ou à sa descendance… Que vous soyez descendant direct de tous les rois d’orient ou d’occident ou de tous les saints de la terre, vous ne pouvez vous prévaloir de cette lignée pour justifier vos actes ni devant Dieu ni devant les hommes.
Que les Mauritaniens comprennent que les puissantes nations d’aujourd’hui se sont bâties justement en reconnaissant que tout développement se doit d’être bâti sur l’humain et autour de l’humain, détaché de tout préjugé quant à ses origines ou à sa descendance. Et que le plus valeureux de leurs ancêtres n’est pas un prétexte pour justifier une mauvaise guerre et que le plus chérif de leurs ancêtres n’est pas un prétexte pour prouver sa bonne foi. Car qu’adviendrait-il alors des lois, de la nation et de l’Etat ?
Sinon une concentration d’humains qui chantent les louanges de leur lignée ancestrale dans une misère qu’ils tirent directement de la lignée de leurs actes.
A force de clamer que nous sommes de la race des seigneurs, ne sommes-nous pas devenus (par nos actes d’appauvrissement de notre pays, d’avilissement de notre prochain par sa couleur et sa race, par nos actes qui détruisent toute une nation qui saigne dans son présent et son avenir), plutôt de la race des saigneurs ?
كن ابن من شئت واكتسب أدباً
يُغْنِيكَ مَحْمُودُهُ عَنِ النَّسَبِ
فليس يغني الحسيب نسبته
بلا لسانٍ له ولا أدب
إن الفتى من يقول ها أنا ذا
ليسَ الفَتَى مَنْ يقولُ كان أبي
Pr(ince) ELY Mustapha (Ould Antar Ibnou Cheddad).
cridem
Thechnologie: Facebook, instagram, WhatsApp affectés
Selon les médias les plus grands sites Web du monde sont frappés par une série de pannes liées à un important problème d’internet dans le monde.
Facebook, Instagram, WhatsApp et bien d’autres souffrent de problèmes qui empêchent les gens de se connecter à Internet via des sites Web et des applications.
La cause du problème n’est pas claire, ce qui ne frappe que des utilisateurs spécifiques pour certaines raisons. Il n’est également pas confirmé comment ou si les problèmes sont liés.
Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp travaillent pour résoudre le problème.