Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 21/03/2019

“Tu me précèdes et je te suis ou je te suis et tu me précèdes” ?

CPI, Gbagbo : Le coup de grâce | Par Tijane BalC’est le choix qu’un chasseur laisse à un autre à l’approche de la tanière du lion selon une histoire que les Haalpuaalen se racontent. Tout porte à croire que ce choix en apparence, non choix en réalité, s’applique au champ politique qui est un autre terrain de chasse.
Qu’à la veille d’une élection, chaque camp appelle à voter pour son champion est normal. Que celui-ci soit paré de plus de  vertus que ses concurrents est banal. De là à accuser les réticents de tous les péchés est plus inédit. C’est pourtant ce qui se passe depuis plusieurs semaines à propos de la candidature de Birame. L’homme possède incontestablement des qualités. Qu’il en soit le seul détenteur au point que nul ne soit autorisé à marquer la moindre réserve à l’égard de ce qu’il fut ou de ce qu’il est , de ce qu’il dit ou de ce qu’il fait est nuisible au débat démocratique. Que l’on prenne le risque d’attiser (volontairement ou non) des crispations voire des tensions ethniques en tenant des membres d’une communauté pour ethnicistes, particularistes est particulièrement risqué. Ainsi conçue, la candidature de Birame enferme le citoyen électeur dans un carcan étranger au registre démocratique. Il ne s’agit plus du choix entre être pour ou être contre. Ne pas adhérer c’est
trahir.Il existe dans certains cursus ce qu’on appelle des “options obligatoires”. Un oxymore. Cela y ressemble. Certains voudraient réinventer le vote obligatoire, sorte de fusil à un coup. Et il ne s’agit pas seulement de l’acte même de voter mais du choix du candidat. Il n’est pas sûr que ce soit lui rendre service que de présenter ce dernier en “sauveur suprême”.


Tijane Ball – Facebook.

 

Réponse à Oumar Ould Beibacar : On ne s’improvise pas historien !

Réponse à Oumar Ould Beibacar : On ne s'improvise pas historien !J’ai un grand respect pour Oumar Ould Beibacar, mais son article – si l’on peut l’appeler ainsi, est truffé d’inexactitudes et d’anachronismes historiques. Je ne reviendrai pas sur tous les points.

Le lecteur intéressé pourra lire avec fruit la petite mais utile bibliographie que j’ai fournie à la fin de cette réponse. Son article a certes le mérite de chercher à établir des ponts entre les différentes communautés nationales mauritaniennes, ce qui est à son honneur.

Toutefois, il n’en reste pas moins qu’il pèche par sa légèreté et les nombreuses affirmations hasardeuses qu’il contient. L’auteur pouvait bel et bien évoquer les liens symbiotiques et historiques entre les différentes populations sans chercher à enlever les rôles historiques aux uns pour les attribuer aux autres.

Rien que le fait de situer la fondation du Tekrour au milieu du 19e siècle témoigne du caractère hasardeux de l’argumentaire. Je dois aussi souligner que l’attribution de la chute de l’empire de Ghana (Wagadu) aux Almoravides a été magistralement remise en cause à la suite des travaux des Professeurs Abdoulaye Bathily et d’Oumar Kane, mais également à la suite de la belle thèse de feu Le Docteur Abdourahmane Bâ, prématurément arraché à l’affection à la communauté universitaire.

L’arrivée des Almoravides dans cette localité a trouvé que l’empire en question végétait déjà à la suite des guerres fratricides et des péjorations des conditions climatiques. Les causes principales de la chute de cet empire ne sont pas imputables aux Almoravides, mais aux guerres intestines et aux péjorations des conditions climatiques.

J’avais eu des démêlés avec feu Le Professeur Pierre Bonte à ce sujet lors d’un colloque ici à Paris V parce qu’il continuait à divulguer cette thèse dans les universités françaises. Quand il a voulu minimiser l’apport de l’école historique de Dakar à la remise en question de cette thèse controversée, je lui ai dit droit dans les yeux qu’il était un ethnologue et non un historien et qu’en conséquence il devait arrêter de raconter du n’importe quoi. J’ajoutais que s’il avait le droit de s’en tenir à son “terrain maure”, il n’avait pas à venir déverser sur les autres des informations qu’il tirait sous les tentes où il prenait du thé avec ses informateurs et qu’un scientifique devrait avoir comme souci impérieux de vérifier et de confronter les sources.

S’agissant de la question de l’Islamisation de l’empire de Ghana, là également, Oumar Ould Beibacar prend, sans citer une seule source, le contre-pied de ce que les meilleurs spécialistes de la question et de la région ont écrit de façon circonstaciée et documentée. La thèse selon laquelle le Wagadu-Ghana avait été islamisé par les Almoravides a pendant longtemps prévalu dans les travaux alors qu’elle était fondée sur des sources controversées produites par des géographes dont la plupart n’avaient jamais mis pied dans la région en question, mais se contentaient de faire leurs travaux de synthèse à partir des sources de seconde main, sources très décriées en Histoire.

Parmi ces auteurs, il y avait Ibn Khaldoun qui avait vécu au 14e siècle, c’est-à-dire plusieurs siècles après la disparition de Wagadu-Ghana. C’est ainsi que des historiens de l’école historique de Dakar, après la confrontation des sources écrites et orales, mais aussi après une analyse rigoureuse du contexte de production des sources en question, se sont inscrits en faux contre cette thèse. Selon tous les spécialistes cités plus haut et dont les travaux sont dans la bibliographie que j’ai fournie à la fin de cette rapide réflexion, l’Islamisation de cet empire est antérieure à l’arrivée des Almoravides.

Cheikh Moussa Kamara et Oumar Kane parlent même de l’arrivée des 11 familles soninkées (parmi lesquelles : Sakho (Sako), Tuure (Touré), Barro, Diako, Doucké, Talla, etc) islamisées en provenance de l’empire de Ghana dans la région du Fouta Toro. Ces familles ont largement contribué à la diffusion de l’Islam dans cette région. Elles étaient composées des marabouts-jula. Oumar Kane, poussant l’analyse plus loin, affirmait même que les mots njuulu et julde viennent du mot Jula (soninké).

Il ajoute que le takande dow et takande less (taxande en soninké) pour parler des différentes parties du Coran, Kanmu (ciel), sallifana (la prière du dhohr) viennent du soninké, grâce à la place importante que les Julas (marabouts marchands soninkés) ont occupée dans la diffusion de l’Islam dans la région du Fouta Toro, entre autres. Ce n’est surement pas un hasard le fait que tous ces termes religieux soient empruntés à la langue soninké.

Cette petite mise au point rapide n’est pas du tout de nature à mettre la bonne foi de mon aîné Ould Beibacar en question, ni à installer une concurrence entre les communautés nationales mauritaniennes, mais à montrer qu’en Histoire on ne doit rien écrire sans confronter et critiquer rigoureusement les sources. Or beaucoup de faits banalement avancés dans ce papier et sur lesquels je ne reviendrai pas, faute de temps, font trembler tout historien qui se respecte, parce qu’ils ne tirent leur légitimité d’aucune source fiable.

En résumé, l’Histoire n’est pas une légende, un conte, une discussion des salons, un témoignage familial, une hagiographie, etc. L’histoire se fait à partir d’une démarche, mais aussi d’une confrontation et d’une critique rigoureuses des sources écrites et orales, entre autres. Tous les points avancés dans ma réponse peuvent être confirmés par la bibliographie qui suit.

Par Youba Mahamadou Wagué

Bibliographie

BA A., Le Tekrour des origines à la conquête par le Mali (VI-XIIIè siècles) CRIAA-Département d’histoire, Université de Nouakchott, IFAN-UCAD, Dakar, 2002, 176p.

BATHILY A., Imperialism and expansion in Senegal in the 19th century with particular reference to the economic, social and politic developments of the kingdom of Gajaaga (Galam), Birmingham, Center of west african studies, Ph.D. thesis, Paulo PARIAS. et John FAGE (dir.), 1975, 515p.

BATHILY A., « A discussion of the tradition of Wagadu with some reference to ancient Ghana, including of review of oral accounts, Arabic sources and archeological evidence », BIFAN, Série B, t.37, n°1, 1975, pp.1-94.

BATHILY A., Guerriers tributaires et marchands : le Gajaaga (Galam) le pays de l’or : le développement et la régression d’une formation économique et sociale sénégalaise (VIIIème-XIXème siècles), Thèse de doctorat d’Etat en Histoire, Université de Dakar, Catherine COQUERY-VIDROVITCH (dir.), 1985, 3 tomes : 358 p., 371 p. et 328p.

BATHILY A., Les portes de l’or. Le royaume de Galam (Sénégal) de l’ère musulmane au temps des négriers (VIIIème-XVIIIème), Paris, L’Harmattan, 1989, 379p.

BA O., Les Peuls du Foûta Tôro à travers leur tradition nationale orale et écrite, Thèse d’histoire de l’Université de Paris I, Yves PERSON (dir.), 1972, 1724p. BA O.,« Glossaire des mots mandé passés en poulâr du Foûta Tôro », BIFAN., T.XXXV., Série B, n°2, 1973, pp.433-443.

BA O.,« Glossaire des mots étrangers passés en Poulâr du Foûta Tôro », BIFAN., T.XXXV, Série B, n° 3, 1973. pp.667-711.

BA O., Le Foûta Tôro au carrefour des cultures, Paris, Harmattan, 1977, 424p. KAMARA S.M., Florilège au jardin de l’histoire des noirs. Zuhûr Al-Basātīn. L’aristocratie Peule et la Révolution des clercs musulmans (vallée du Sénégal) (Dir. J. SCHMITZ), Paris, Editions du CNRS, 1998, 460 p.

KANE A., « Histoire et origine des familles du Fouta Toro », Annuaire et Mémoires du Comité des Etudes historiques et scientifiques de l’AOF, Volume 1, 1916, pp.325-343.

KANE O., Le Fuuta Tooro des Satigui aux Almami (1512-1807), Thèse d’Etat en Histoire, Dakar, Jean DEVISSE (dir.), 1986, 1124p.

KANE O., « Les unités territoriales du Fouta Tooro », BIFAN, Série B, XXXV, 1973, pp.614-631.

KANE O., « La place des Almoravides dans l’islamisation des Noirs du Tekrour : l’état de la question », Actes de Colloque International sur le mouvement Almoravide », Cahiers des sources de l’histoire de la Mauritanie, n° 2, 1996, pp.133-142

KANE O., La première hégémonie peule. Le Fuuta Tooro de Koli Teηella à Alamaami Abdul, Paris, Karthala-Presses Universitaires de Dakar, 2004, 670p.

cridem

Adieux du candidat Ghazwani au gouvernement : Première gaffe?

altLe candidat Ghazwani  a fait ses adieux au gouvernement, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, jeudi dernier. Le candidat favori à la prochaine présidentielle a avoué qu’il soutenait les initiatives réclamant le troisième mandat pour son alter ego, Mohamed  ould Abdel Aziz  qui, à en croire le désormais ex-ministre de la Défense,  n’en voulait pas. Et d’ajouter qu’il avait été placé devant ses responsabilités pour  continuer le travail entamé, voici quelque dix ans. Comme il le sait, mieux que quiconque, la question du troisième mandat a failli mettre la Mauritanie, sans dessus dessous, et tous les observateurs s’accordent à dire qu’il aura fallu l’intervention de l’armée pour pousser Ould Abdel Aziz à mettre fin à la prolifération des initiatives en faveur du troisième mandat. On ne savait pas si Ghazwani avait soutenu l’une ou l’autre position et le cas échéant, laquelle. Pourquoi donc s’être déclaré, maintenant ?

Rien ne semblait en effet l’obliger à  lancer ce que les observateurs politiques considèrent comme  sa  première « bourde »  ou  « gaffe »  de  débutant. Alors que tout le monde avait salué sa discrétion, lors de la levée des dites initiatives, le voilà à se compromettre dans une sortie, sinon intempestive, du moins vraiment pas urgente. Des rumeurs  avaient certes laissé entendre qu’il  avait été sollicité, par les  députés  pétitionnaires, pour influer sur leurs homologues de l’Est  et l’actuel chef d’état-major actuel, mais de là à conclure qu’il les soutenait, il y a un grand pas que les observateurs jugeaient infranchissable. On ne pouvait penser que le probable candidat soutenait  une « violation de la Constitution » ni le soupçonner  d’être un candidat par défaut, en ce qu’il bénéficiait, selon l’opinion quasi-unanime, du soutien de l’armée et de plusieurs chancelleries  occidentales installées à Nouakchott,  surtout préoccupées par  des  questions de sécurité au Sahel.

L’idée serait-elle de tenter de dissiper une certaine impression de flou, au sein  la majorité, après une déclaration de candidature trop peu appuyée sur celle-ci ? Le 1er Mars, son discours  novateur, pour ne pas dire de rupture et d’espoir de changement, semait en effet le trouble dans l’opinion. Un malaise entretenu, dès le lendemain, par toute une série de fausses notes : le 2 Mars, tenue, la peur au ventre, d’un congrès, sans enjeu ni résultat probant, du principal parti de la majorité (UPR), qui aurait dû l’investir, en tant que candidat… mais qui s’en abstint, en l’absence d’Ould Abdel Aziz ; mise en place, dans la foulée, d’une commission de préparation d’un congrès-bis chargé d’élire ses nouvelles instances… après la présidentielle ; déclaration malencontreuse d’Ould Adbel Aziz sur la candidature de son ami Ghazwani ; polémique autour d’une photo du Président décrochée de la salle où le candidat Ghazwani  conférait, avec les membres de la commission de suivi du parti ; désamour  désormais perceptible, entre  Ould Abdel Aziz  et  ladite  commission…

Qui trop embrasse…

On sent comme une espèce de cafouillage, au sommet de l’Etat, et la sortie du gouvernement du candidat l’entretient plus qu’elle ne le contrarie. Les rumeurs, sur l’imminence de l’annonce de la candidature de l’ex-PM, Moulaye ould Mohamed Laghdaf, accentuées  par  sa rencontre  avec Ould Abdel Aziz, à son retour de voyage  et le rappel, au gouvernement, d’un autre ancien PM, Ould Hademine, ne sont  pas de nature à dissiper les suspicions au sein d’une majorité apparemment scindée en deux camps.

Pour nombre  d’observateurs, Ghazwani aurait  dû se taire sur la cuisine interne, au sommet de l’Etat et/ou de la Grande Muette. Sa stratégie de ne déplaire à aucun cercle de la majorité, en particulier celui de son  compagnon de quarante ans, ne risque-t-elle pas lui constituer une  faiblesse que ses concurrents ne manqueraient pas d’exploiter ? Comme sa trop forte « proximité », pour ne pas dire « complicité », voire dépendance, vis-à-vis de  son alter ego qu’il ambitionne de remplacer à la tête du pays ? Rassembler, embrasser, c’est fort compréhensible mais trop, c’est au final, toujours mal étreindre…

DL

Le calame

L’Armée nationale effectue avec succès et professionnalisme une opération militaire au sud-est du pays

L'Armée nationale effectue avec succès et professionnalisme une opération militaire au sud-est du paysAMI “L’Armée nationale a effectué récemment avec succès et professionnalisme une opération militaire au sud-est du pays”, selon un communiqué de l’État-major national des armées dont une copie est parvenue, mercredi soir à l’AMI. Voici le texte intégral du document:

“Suite à des informations faisant état de mouvement d’une bande de contrebandiers ayant des liens avec des organisations d’extrême violence s’activant dans la zone du Sahel et qui tente de s’infiltrer par les frontières mauritaniennes. Un suivi minutieux et une opération militaire qualitative ont été coordonnés et exécutés, par la suite, à son endroit, sur la ceinture frontalière sud-est du pays, le 18 mars 2019.

Un ratissage opéré sur le lieu par une unité de la 2ème région militaire a permis de constater la destruction de totale de trois véhicules et leur cargaison de l’ordre de 3,3 tonnes de drogue, l’arrestation d’un 4ème ainsi que des dégâts colossaux dans le rang des ennemis”.

AMI