Monthly Archives: January 2019
CPI, Gbagbo : Le coup de grâce | Par Tijane Bal
Tijane Bal – « Le procès de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo devait sceller le triomphe du droit international sur la violence politique.
Mais, révélant les carences d’une instruction à charge, les audiences mettent en lumière les responsabilités françaises dans le conflit et la puissance du réseau du président Alassane Ouattara ». Fanny Pigeaud. Le Monde diplomatique. Décembre 2017. La CPI n’a pas attendu l’acquittement de Laurent Gbagbo pour être critiquée. Tout ça pour ça a-t-on envie de dire ! Gbagbo à la suite de M’Bemba.
De quoi conforter les sceptiques et faire douter les plus bienveillants. Les juges de La Haye ont donc, à quelques mois d’intervalle, décidé d’élargir deux accusés emblématiques. Les deux événements interviennent à la veille d’échéances majeures dans leurs pays respectifs.
Un scénario idéal pour les conspirationnistes. A n’en pas douter, La CPI va, une fois de plus, se retrouver sur la sellette. Justice de vainqueurs.
L’accusation d’incohérence ne manquera pas de s’ajouter à celle de « justice des vainqueurs ». Expression d’ailleurs équivoque puisqu’elle renvoie à au moins deux faits de natures différentes : la vengeance contre les perdants de ce seul fait ou le triomphe de principes de justice à la suite de la défaite de ceux qui les ont bafoués. S’agissant du cas de Gbagbo, on serait bien en peine de trancher. Et ce, bien que le renvoi de l’intéressé à la Haye ait été rendu possible grâce ou à cause (c’est selon) d’une intervention étrangère.
Qu’était-il donc reproché au leader du Front Populaire Ivoirien ? D’abord son entêtement électoral face à M. Ouattara. Ce dont découlent les violences post-électorales. Dans un article prémonitoire de décembre 2017, intitulé Débâcle de l’accusation contre M. Gbagbo, la journaliste Fanny Pigeau détaille les chefs d’inculpation contre l’intéressé non sans pointer les failles du dossier d’accusation : responsabilité dans la mort d’au moins 167 personnes lors de 4 événements : la répression d’une manifestation le 16 décembre 2010, celle d’une marche de femmes pro-Ouattara le 3 mars 2011, le bombardement d’un marché le 17 mars 2011, des violences au lendemain de l’arrestation de l’ancien président.
Par contraste, les éléments du camp de M. Ouattara échappent à toute mise en cause notamment pour le massacre, en mars 2011 dans la ville de Duékoué qui a fait au moins 800 morts civils et dont certains d’entre eux sont suspectés. Perspicace, la journaliste pressentait : « tout indique que son procès (de Gbagbo) se terminera par un échec pour le bureau de la procureure ». Justice sélective.
C’est la seconde accusation et celle ayant peut-être le plus fort impact: le biais racial. Pas nécessairement par choix mais simplement parce que certains justiciables constituent un maillon faible. Ce n’est pas un secret. Un certain nombre de pays-et non des moindres- ont d’emblée récusé toute collaboration avec la juridiction instituée par le statut de Rome de 1998. Il est en revanche frappant de constater que la quasi-totalité des prévenus qui ont défilé devant les juges de La Haye sont des Africains noirs. D’où les accusations récurrentes de racisme portées contre la juridiction. En football, certaines actions sont dites téléphonées. On peut en dire autant du remplacement fort opportun du juge argentin Luis Moreno Ocampo par la Gambienne Fatou Bensouda. On aurait de bonnes raisons de penser qu’il vise à allumer des contre-feux.
Reste que le procès à la CPI sous ce chef n’est pas sans faire débat. On peut se demander si ceux qui l’instruisent ne passent pas à côté de l’essentiel. N’est-il pas plus déterminant en définitive de savoir si « les Noirs » extradés à la Haye y ont leur place pour les faits qu’ils ont commis? Peu importe qui ils y côtoient. Ou pas.
Ne tombe-t-on pas dans l’automatisme et un nationalisme un peu facile en se faisant les alliés objectifs de « clients » peu défendables qui, pour les besoins de la cause, retrouvent des accents patriotiques aussi peu sincères qu’opportunistes ? A l’image de tel dirigeant qui, ne s’étant pas trouvé suffisamment nationaliste pour éviter d’expédier des fortunes colossales dans des banques étrangères, mais brandit néanmoins l’étendard dès que, par la grâce d’ONG, il s’est trouvé alpagué par la justice pour « biens mal acquis ».
Alors président en exercice de l’Union africaine, M. Alfa Condé, sus à la condamnation classique du « deux poids, deux mesures », défendit la résolution adoptée par l’organisation continentale en janvier 2017 demandant aux Etats africains de quitter la CPI. « Non pas parce que nous sommes en faveur de l’impunité et contre les droits de l’homme mais parce qu’il faut que les Africains soient jugés en Afrique par notre Cour pénale Internationale dont les statuts doivent être ratifiés » crut-il devoir préciser. On se demande au passage pourquoi les Etats tardent-ils tant à ratifier ces fameux statuts.
Il est désormais de bon ton de brandir le procès à Dakar de Hissène Habré, ancien président du Tchad, pour célébrer les juridictions africaines et les estimer plus indiquées pour juger des dirigeants africains coupables d’exactions durant leurs mandats. C’est oublier que l’ancien dictateur tchadien a échappé de longues années à la justice et que la pression en vue de la tenue d’un procès a été surtout le fait de ressortissants tchadiens et/ou bi-nationaux vivant principalement en Belgique.
Il serait certes préférable « que les Africains soient jugés en Afrique ». Reste à savoir avec quelle crédibilité et si une certaine Afrique le veut. Rien n’est moins sûr.
Tijane Bal
cridem
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo acquitté de crimes contre l’humanité (CPI)
Africanews – Laurent Gbagbo a été acquitté mardi de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), qui a ordonné la mise en liberté immédiate de l’ancien président de la Côte d’Ivoire.
“La Chambre fait droit aux demandes d’acquittement présentées par Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé (ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, fidèles à M. Gbagbo) concernant l’ensemble des charges” retenues contre eux et “ordonne la mise en liberté immédiate des deux accusés”, a déclaré le juge président Cuno Tarfusser.
Les deux hommes se sont pris dans les bras en entendant les mots du juge, sous les applaudissements de leurs sympathisants présents dans la tribune publique de la salle d’audience.
Premier ancien chef d‘État à avoir été remis à la Cour, M. Gbagbo, 73 ans, était jugé pour des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
Un nouveau camouflet pour la CPI
La mise en liberté des deux accusés est suspendue jusqu‘à mercredi afin de laisser le temps à l’accusation de répondre à la décision historique rendue par la CPI.
Ils étaient tous deux accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.
La décision des juges est un nouveau camouflet pour la CPI. Les tentatives précédentes de la Cour afin de juger des personnalités politiques de haut rang – la plupart en Afrique – ont toutes rencontré des obstacles.
L’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba avait été acquitté à la surprise générale en appel en juin 2018. Il avait d’abord été condamné à 18 ans de prison pour des crimes commis par sa milice en Centrafrique entre 2002 et 2003.
Les députés de l’opposition : « nous ferons face à toute tentative de modification de la constitution »
Le président en exercice du forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), Mohamed O. Maouloud a déclaré ce lundi que l’opposition fera face à toute tentative tendant à modifier la constitution, pour permettre au président Mohamed O. Abdel Aziz de briguer un troisième mandat.
Mohamed O. Maouloud a qualifié de « minable » l’initiative lancée par des députés de la majorité pour modifier la constitution.
Le président en exercice du FNDU s’exprimait lors d’une manifestation de jeunes activistes de l’opposition devant l’assemblée nationale pour rejeter l’initiative, ajoutant qu’il était normal que toutes les forces vives de la nation manifestent contre cette initiative.
Pour sa part le député Biram O. Dah O. Abeid, président du mouvement IRA et candidat aux prochaines élections présidentielles a dit que les députés de l’opposition feront écran contre toute tentative destinée à modifier la constitution.
« Une honte pour le parlement mais aussi à l’endroit du peuple mauritanien ces parlementaires qui œuvrent pour la modification de la constitution » a notamment déclaré Biram.
Pour sa part le député et blogueur Mohamed Lemine O. Sidi a déclaré à Sahara Media que l’initiative de modifier la constitution est illégale, irresponsable et menace la stabilité du pays, ajoutant qu’elle n’aboutira pas car la majorité des députés y sont opposés.
Mohamed Lemine O. Sidi a déclaré enfin que le sort de celui qui s’en prend à la constitution est connu et que « O. Abdel Aziz n’est pas plus militaire que Mohamed Khouna O. Haïdalla, ni plus populaire que Maouiya O. Sid’Ahmed Taya ni plus légal que le président Sidi Mohamed O. Cheikh Abdallahi ».
Source: https://www.saharamedias.net
Mauritanie : le lourd bilan de Ould Aziz pour son successeur en avril prochain
Kassataya – L’avènement au pouvoir du président Ould Aziz depuis 2009 s’inscrit dans un Etat à l’histoire agitée par des coups d’Etat militaire depuis 78.
Ce lourd héritage légué aux différents autocrates qui se sont succédés au palais de Nouakchott n’a pas permis de faire avancer le processus démocratique encore moins la réconciliation nationale. Impasse économique sur fond d’un pays dont la dette publique avoisine 100 pour cent du PIB et impasse politique avec une difficulté d’instaurer un Etat de droit fondé sur le respect de la citoyenneté et des libertés.
Dans un pays où les autocrates ont gagné du terrain historiquement depuis le premier coup d’Etat militaire de 78, Ould Aziz peut revendiquer légitimement être l’héritier de plus d’un demi-siècle de dictature militaire.
Arrivé au pouvoir en 2009 il s’était autoproclamé « président des pauvres » et à mi-mandat il a fait un virage à 360 degrés pour devenir riche et « président des riches » grâce à un système de clientélisme politique derrière lequel se cache une oligarchie militaire pour s’accaparer des richesses nationales.
A commencer par la SNIM, la vache à lait du régime qui va permettre au gouvernement de puiser largement les bénéfices de ce fleuron de l’industrie mauritanienne pour boucler les budgets annuels durant le premier mandat. La lutte contre gabegie et la corruption les deux chevaux de bataille de Ould Aziz sont abandonnés en cours de route. Et ce sont les sociétés nationales qui prennent un grand coup sur fond de faillite. Ces mauvais résultats ne seront pas corrigés durant la seconde législature qui s’est heurtée en plein fouet à une réforme monétaire obligatoire sous la pression des gendarmes financiers mondiaux le FMI et la Banque mondiale.
Cette nouvelle monnaie a ralenti le pouvoir d’achat et l’économie du pays avec les exportations du minerai de fer en chute libre, le pétrole au bas niveau, le poisson qui se vend mal, l’or et le cuivre ne profitant qu’aux investisseurs étrangers. Avec une gouvernance qui tourne le dos aux agriculteurs et aux éleveurs les mauritaniens sont au bord de la famine. Une éducation nationale à plusieurs vitesses avec un enseignement public en décadence et un enseignement supérieur en quête d’excellence.
Ajouter à cela un secteur préférentiel de santé au profit des médecins étrangers. Ce tableau sombre fait de la Mauritanie un des pays les plus corrompus du continent, le plus pauvre du Maghreb et le moins nanti en infrastructures routières et l’avant dernier de la classe en matière de compétences économiques et d’accès aux biens et services.
L’espoir en fin de mandat c’est l’exploitation des nouvelles ressources de gaz que la Mauritanie partage à part égale avec le Sénégal ( 10 pour cent et le reste aux investisseurs américains et britanniques). C’est surtout l’Etat de droit qui a été bafoué pendant ses deux mandats avec en toile de fond le non-respect de la constitution pour contourner le véto du Sénat en imposant finalement aux mauritaniens un référendum qui a conduit à ses réformes constitutionnelles, un nouveau drapeau et un nouvel hymne et la suppression du Sénat.
Le non-respect de la citoyenneté et des libertés avec la chasse aux militants anti-esclavagistes de l’IRA et en première ligne son président plusieurs fois arrêtés et emprisonnés avant d’être libéré sous la pression de la communauté internationale et nationale. L’instrumentalisation de la justice pour arrêter les patrons de la presse indépendante et des syndicats libres à des fins de règlement de compte avec l’opposition sous couvert de l’Affaire du milliardaire mauritanien Bouamatou exilé en France.
Et enfin sa grande satisfaction c’est d’avoir organisé les élections législatives municipales et régionales de septembre dernier sur fond d’irrégularités et de fraudes et qui ont permis de gagner son pari c’est à dire la reconduction du régime avec une majorité absolue au parlement et le monopole de toutes les régions et la quasi-totalité des mairies. Une suprématie non négligeable sur la scène nationale qui pourrait bien compter pour les présidentielles d’avril prochain.
Mais le successeur aura bien du mal à porter ce lourd bilan de fracture sociale qu’elle que soit sa couleur politique. Et un fardeau qui porte le nom de réconciliation nationale. 10 ans au cours desquels Ould Aziz a tourné le dos pour fermer les yeux sur la loi d’amnistie de 93 qui protège les crimes perpétrés contre les civils et soldats noirs sous le régime de Ould Taya de 86 à 91. Cette question nationale occultée depuis l’indépendance a enfanté aujourd’hui des communautés nationales méprisées par les pouvoirs politiques. Sentiment exacerbé par cette attente très forte des différents locataires du palais de Nouakchott qui tarde toujours à venir pour réconcilier tous les mauritaniens.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
Présidentielle au Sénégal: Karim Wade et Khalifa Sall recalés
RFI – Au Sénégal, Karim Wade et Khalifa Sall ont été recalés de la course à la présidentielle. Le Conseil constitutionnel a rejeté, ce lundi matin, leurs dossiers de candidatures et en a validé cinq.
Ceux de Macky Sall, Idrissa Seck, El Hadj Issa Sall, Ousmane Sonko et Madicke Niang. Karim Wade et Khalifa Sall ont désormais 48 heures pour déposer leurs ultimes recours, la liste définitive des candidats sera publiée par le Conseil constitutionnel au plus tard dimanche prochain.
Les motifs invoqués sont différents, mais ce sont bien les déboires judiciaires de Karim Wade et de Khalifa Sall qui ont bloqué leurs candidatures à l’élection présidentielle. Le Conseil constitutionnel considère que les deux figures de l’opposition ne peuvent plus se prévaloir de leur qualité d’électeur et qu’ils ne peuvent donc, de fait, pas être candidat à la présidentielle.
Procédure en cassation pas bouclée
Pour l’ex-maire de Dakar, la haute instance cite les articles L27 et L31 du Code électoral et estime que sa condamnation en appel à cinq ans de prison pour escroquerie le prive de ses droits civiques. La procédure en cassation n’est pourtant pas bouclée, Khalifa Sall n’est donc pas définitivement condamné.
Pour Karim Wade, le Conseil constitutionnel applique l’article L115 du Code électoral qui impose aux candidats à la présidence de présenter, dans leur dossier, leur carte d’électeur. Or, l’inscription sur les listes électorales du fils de l’ex-président a été rejetée l’an dernier, car il a été condamné à une peine supérieure à cinq ans de prison.
Deux jours pour un recours
Khalifa Sall, qui est en prison depuis mars 2017, et Karim Wade, qui est en exil au Qatar, ont toujours affirmé que le pouvoir utilisait la justice pour bloquer leurs candidatures. La majorité a, à chaque fois, répliqué que la justice était indépendante. Les équipes des deux leaders politiques ont désormais deux jours pour déposer un éventuel recours. La liste définitive des candidats à la présidentielle, le premier tour est prévu le 24 février, doit être publié au plus tard ce dimanche par le Conseil constitutionnel.
rfi