Yearly Archives: 2019
Version en français du Discours du candidat Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ahmed O. El Ghazwani
Initiatives News – Mauritaniens,
Mauritaniennes,
Mes Chers compatriotes,
Dans quelques mois, notre pays connaîtra une échéance décisive qui devrait créer les conditions favorables à un débat sérieux sur la situation de notre pays 60 ans après son indépendance, et sur la vision de chacun d’entre nous sur ce qu’il devrait être à l’avenir.
Certes, nos points de vue et nos perceptions peuvent diverger sur l’évaluation de chacune des étapes de la création de l’Etat Mauritanien moderne.
Pour ma part, je ne dirai pas, et ne saurai dire, que tous ceux qui ont gouverné le pays avait totalement failli, car si tel était le cas, nous n’aurions pas eu une nation dotée de tous les attributs d’un Etat.
Suivant la même logique, je ne dirai pas non plus que chacun d’entre eux avait totalement réussi, car, si tel était le cas, nous n’aurions pas constaté les dysfonctionnements et les insuffisances, qui sont en réalité le propre de toute œuvre humaine.
Je présume qu’ils étaient tous animés de bonne foi et d’esprit patriotique.
Je dirai donc qu’à des périodes diverses, et dans des conditions diverses – qu’on ne maîtrise pas le plus souvent – ils ont fait de leur mieux, en essayant de faire évoluer le pays. En réussissant sur certains points, ils ont droit à la double récompense pour avoir essayé et réussi. En ayant échoué sur d’autres, ils ont, au moins, le mérite d’avoir essayé et sont excusés au regard de leur époque, de leurs conditions et de l’environnement au sein duquel ils évoluaient.
Ce qu’il faudrait reconnaître, c’est que chacun d’entre eux a apporté sa pierre à la construction de cet édifice où le travail ne finit jamais : la mise en place d’un Etat fort qui veille au bien-être de ses citoyens, protège son intégrité territoriale et occupe la place qui lui sied dans le concert des nations.
Toutefois, et pour être juste, je peux dire, en toute objectivité, que la dernière décennie s’est singularisée par de grandes réalisations, grâce à l’esprit patriotique et la vision stratégique du frère Président Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz. Ces grandes réalisations se manifestent à travers l’ancrage de la démocratie, le renforcement de l’unité nationale et la place distinguée qu’occupe désormais notre pays sur l’échiquier international, en plus de l’essor économique général qui constitue dans sa globalité un bond qualitatif sans précédent dans notre parcours de développement.
Naturellement, nous ne sommes pas encore arrivés au point final ; il nous reste encore beaucoup de choses à faire sur un long parcours parsemé de défis et de risques.
Chers Frères,
Chères Sœurs,
Mes Chers compatriotes,
Fort de ma profonde conviction de l’impérieuse nécessité de relever les défis qui se dressent sur notre chemin, j’ai décidé, avec l’aide d’Allah et comptant entièrement sur Lui, de me porter candidat pour gagner votre confiance lors des prochaines élections présidentielles. J’ose espérer que vous me donnerez l’occasion de servir mon pays – même si je ne suis pas le meilleur d’entre vous – gardant à l’esprit tout le poids de cette responsabilité.
Je m’engage, en âme et conscience, à mettre à profit en toute sincérité, sérieux et dévouement, tout ce dont ALLAH m’a comblé en terme d’éducation, de formation, d’expérience et de connaissance profonde des rouages de l’Etat, afin de traiter les dysfonctionnements et combler les insuffisances quels qu’ils soient, afin de réaliser notre ambition légitime de bâtir une société moderne, forte de ses valeurs islamiques et de ses traditions séculaires, garantissant à tout citoyen son droit à la liberté, l’égalité, le bien-être pour ne parler que des grands axes, laissant les détails au moment approprié…
A cet effet, j’œuvrerai avec la volonté d’ALLAH à préserver l’intégrité territoriale, à consolider les acquis démocratiques et à renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale dans le cadre d’un Etat de droit fondé sur le principe de la citoyenneté, riche de sa diversité et réconcilié avec lui-même.
Je m’attellerai à promouvoir une diplomatie active et agissante, respectueuse des fondamentaux et guidée par l’intérêt du pays, tirant sa force de notre glorieuse histoire de passerelle d’échanges et de point de rencontre entre les peuples de notre région.
Au premier rang de mes préoccupations sera la multiplication des chances pour toute composante de notre cher peuple, qui connût à travers son histoire, une injustice économique ou sociale. Nous trouverons – avec l’aide d’ALLAH – les mécanismes appropriés qui rendront ces compatriotes fiers d’appartenir à notre chère patrie.
Je veillerai à renforcer l’essor économique dans le respect des équilibres macro-économiques, en accélérant la transition vers une économie productive alliant, avec harmonie, les dimensions économiques et sociales de manière à impacter positivement et rapidement la création d’emplois pour les jeunes et les chômeurs.
La réforme de notre système éducatif recevra une part importante de mon attention, dans le but d’améliorer ses performances et de le rendre en adéquation avec les besoins du développement, à l’aube des grands changements économiques et sociaux en perspective.
La jeunesse recevra l’attention et l’encadrement qu’elle mérite à travers la création des conditions favorables et des cadres appropriés à l’éclosion de son génie créateur lui permettant ainsi de contribuer efficacement à la construction nationale.
De même, j’œuvrerai pour que la femme puisse prendre la place qui lui sied dans la société afin qu’elle joue pleinement son rôle d’acteur actif dans le développement du pays.
En tout état de cause, mon attention sera focalisée sur les voies et moyens susceptibles d’assurer le niveau le plus élevé possible de bien-être au citoyen, auquel je tiendrai absolument à assurer la sécurité et la quiétude, tout en veillant à ce qu’il bénéficie des richesses de son pays, et que ses espoirs et aspirations trouvent leur traduction dans son vécu quotidien, sans discrimination aucune, si ce n’est pour favoriser les composantes précédemment citées.
Chers Frères,
Chères Sœurs,
Mes Chers compatriotes,
A la veille de ces importantes échéances, Je vous appelle tous à vous mobiliser autour de ce projet, dans un sursaut national sincère afin d’opérer le changement auquel nous aspirons.
J’appelle toutes les formations politiques, les organisations professionnelles et de jeunesse, ainsi que la société civile à contribuer à son succès et à participer efficacement à sa mise en œuvre.
Je ferai preuve d’une écoute attentive et d’un esprit ouvert à toute contribution positive et à toute idée constructive.
Avec vous sera parachevé le succès ;
Chacun d’entre vous, de là où il est, pourra y contribuer.
أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
إِنْ أُرِيدُ إِلَّا الْإِصْلَاحَ مَا اسْتَطَعْتُ ۚ وَمَا تَوْفِيقِي إِلَّا بِاللَّهِ ۚ عَلَيْهِ تَوَكَّلْتُ وَإِلَيْهِ أُنِيبُ
صدق الله العظيم
Vive la Mauritanie paisible et prospère.
CRIDEM
Déclaration de candidature de Ghazwani : Peu d’enthousiasme à l’UPR
A quelques heures de la cérémonie de déclaration de la candidature du général Ghazwani, on ne note pas d’enthousiasme dans la capitale. Le thermomètre ne s’emballe pas. En effet, au stade Cheikh Boidya qui va abriter la cérémonie ce vendredi, après midi, il n’y a pas foule. Seuls quelques techniciens étaient en train de mettre les banderoles sur les façades. Sur l’une des banderoles, on note les bienvenues formulées dans les langues nationales, l’espagnol et l’anglais. L’événement est pourtant majeur parce qu’il prépare la succession à la tête du pays.
Mais, on ne sent rien bouger dans la ville. Aucun portrait du candidat du président de la République n’est visible sur les avenues de la capitale, contrairement aux initiatives vantant, il y a quelque temps, les réalisations du président Aziz et appelant à un 3e mandat pour ce dernier. Même sur les sites internet, on voit peu d’initiatives de soutien. L’UPR qui devrait être fer le lance de l’événement s’active pour un autre chose, la tenue de son congrès, le samedi, 2 mars. Un congrès qui n’aura qu’à désigner semble-t-il qu’une commission de pilotage. Les choses sérieuses ne se feront qu’au lendemain de la prochaine présidentielle. Un cadre de ce parti a laissé entendre que l’UPR n’est pas impliquée dans l’organisation de la cérémonie de cette après midi. Des sources disent que le candidat désigné aurait souhaité garder son indépendance et sa liberté de manœuvre par rapport au parti/état. Il ajoute que même au sein de l’UPR, le malaise est perceptible ; seul un cercle restreint de la direction monopolise l’organisation, ce qui semble donner raison au général candidat.
Ce peu d’engouement pour la cérémonie d’intronisation d’Ould Ghazwani laisse les observateurs perplexes!
le calame
“VOTER UTILE” un livre événement
RMI-Info – Voter Utile vient de paraitre, chez les Auto-Editions LAM. Un ouvrage politique coécrit par de jeunes compatriotes mauritaniens dont deux parmi eux sont déjà auteurs (Abdoulaye Dia ; auteur du livre Ainsi murmurait le néophyte édité chez Amazon ; et Mohamed Lam ; auteur de l’essai l’oubli volontaire édité chez les Auto-Editions LAM).
Les trois autres sont des acteurs sociaux très impliqués dans la vie sociopolitique du pays : Baye Oumar Niass, homme politique et membre actif de la société civile ; Cheikhna M’Bouh Tandia, juriste et membre actif de la société civile et Dieynaba Ndiom sociologue et membre active de la société civile.
Dans cet essai, les auteurs mènent des réflexions profondes et poussées sur la question de l’utilité du vote en particulier dans le contexte actuel en Mauritanie et en Afrique d’une façon générale. Ils partent de la réalité socio-politique du pays pour analyser les motifs, les mobiles qui motivent le vote des citoyens mauritaniens lors des échéances électorales.
Chacun d’entre eux traite dans sa partie, avec des approches différentes et assez originales, le fait spécifique des mobiles de vote des citoyens mauritaniens.
Le point focal ou point commun de nos jeunes auteurs, dans cet ouvrage, tourne autour des déterminants communautaires dans le champ politique mauritanien.
Dans la conclusion générale, ils attirent l’attention sur le concept du « Voter Utile » qu’ils ont bien illustré dans leurs différentes parties pour inciter les citoyens mauritaniens lors des échéances électorales à voter pour un candidat qui présente le meilleur programme électoral et que le choix du vote ne devrait pas être guidé par des intérêts communautaires, tribaux ou ethniques mais plutôt par l’intérêt général, l’intérêt de toute la nation mauritanienne.
C’est à cela que répond l’esprit du « Voter Utile » qui reviendrait tout simplement à dire que le choix de l’électeur doit porter sur le meilleur candidat sur tous les plans : politique, économique, social etc.
Un livre aux saveurs politiques agréables, aux lyrismes poétiques envoutants, par une écriture limpide, claire, et précise.
Alors lecteurs voraces, empressez vous d’arracher ce livre passionnant qui vient à point nommé ; à la veille des élections présidentielles notamment.
Les bénéfices des ventes du livre seront totalement reversés pour aider quelques enfants ; des plus démunis dans leurs scolarités.
cridem
Présidentielle 2019 : Macky réélu au premier tour
Le président de la Commission nationale de recensement des votes, juge Demba Kandji, a donné, ce jeudi, les résultats de la présidentielle du 24 février 2019. Il a annoncé la réélection au premier tour du Président sortant, Macky Sall, avec 58,27%.
Il est suivi par Idrissa Seck, qui a obtenu 20,50%. Ousmane Sonko est troisième avec 15,67%. Issa Sall et Madické Niang ferment la marche avec, respectivement, 4,07% et 1,48%.
Sur plus de six millions d’inscrits, 4 millions 383 mille 879 suffrages se sont valablement exprimés, soit un taux de participation de 66,23%.
Avant de donner les résultats, le juge Demba Kandji a tenu à signaler que ces résultats prennent en compte l’ensemble des bureaux de vote, sauf ceux trois de Port-Gentil au Gabon et quelques-uns d’Italie.
Il a aussi signalé que lors de la réunion précédant la proclamation des résultats provisoires, Idrissa Seck n’était pas représenté. Sa plénipotentiaire, qui prenait part jusque-là aux travaux de la commission, ne s’est pas présentée ce jeudi, selon le magistrat.
Demba Kandji a également souligné les représentants de Madické Niang, d’Ousmane Sonko et d’Issa Sall ont fait des observations sur le déroulement du vote. Observations qui, renseigne Demba Kandji, seront versées dans le rapport qui sera transmis au Conseil constitutionnel, habilité à donner les résultats définitifs.
Les candidats ont 72 heures pour déposer un recours.
seneweb
Mame Less Camara : “Les choses sont claires aux yeux de ceux qui veulent proclamer les résultats, mais…”
Journaliste et analyste politique, Mame Less Camara se dit convaincu que, sur le plan comptable, les chiffres de la présidentielle sont déjà disponibles, mais puisqu’il y a une sorte d’attente de second tour, le pouvoir est en train de voir comment gérer la réaction qui fera suite à la publication des résultats. Dans cette interview accordée à Seneweb, il revient aussi sur les tendances du vote, la percée d’Ousmane Sonko, la sortie du Premier ministre, notamment.
De 2000 à 2012, le Sénégal était habitué à avoir les résultats de la présidentielle le soir du scrutin ou le lendemain. Pour 2019, l’attente a duré plus longtemps. À quoi devrait-on s’attendre ?
C’est une très mauvaise situation, l’attente pourrit toutes les situations. Ceux qui espèrent que leur candidat passera au premier tour, vont s’impatienter ; il s’agit des partisans de Président sortant, Macky Sall. Cette impatience-là n’est pas bonne. Deuxièmement, ceux qui espèrent un second tour, sont en train de penser que ce temps ne sert à rien d’autre qu’à trouver les moyens qui servent à légitimer ce qu’ils considèrent déjà comme une forfaiture. Dans ce processus-là, il faut faire le plus vite, de la manière la plus fiable bien sûr, mais ne pas trop s’arrêter dans des procédures qui semblent peu compréhensibles, puisqu’on a vu des résultats de deuxième tour proclamé quelque deux à trois heures après le scrutin. Aujourd’hui, les gens se demandent ce qui se passe ; et le doute et les questionnements sont gros de danger.
Que se passe-t-il, selon vous ?
Il y a une sorte de baisse de compétence du point de vue de la fiabilité des opérations de la part des différentes instances, peut-être de la part des différentes personnalités impliquées dans le processus de traitement des élections. Manifestement, on est en perte de compétence, on est moins bon qu’en 2000, 2007 et 2012. Qu’est-ce qui s’est passé, est-ce qu’à force de reconduire les mêmes, ils sont fatigués. Est-ce que le pouvoir sent qu’il y a au niveau des grands centres urbains une sorte d’attente de second tour, et que cette attente, si elle ne se réalise pas, pourrait causer, peut-être, des troubles ? Manifestement, on est en train de prendre des dispositions pour que si ça éclate, qu’il y ait un dispositif capable de l’absorber et de réprimer d’éventuelles émeutes.
“Sonko est le candidat de l’alternative, alors que Idrissa Seck est le candidat de l’alternance. La vraie rupture, c’est ce que Sonko a dans son projet. Idrissa est le continuateur du même système que Sonko n’a cessé de fustiger. Mais le continuateur du système, peut-être selon d’autres modalités.”
Cette crainte explique-t-elle l’important déploiement de forces de l’ordre à Dakar ?
Ils sont quasiment en état d’alerte, on ne sait pas comment ça peut se produire. D’autant plus qu’il est manifeste qu’aucun candidat ne contrôle ceux qui ont voté pour lui. Au plan comptable, j’ai l’impression que les choses sont claires aux yeux de ceux qui veulent proclamer les résultats, mais c’est la manière de gérer les réactions qui suivra la proclamation des résultats qui me semble jeter dans la perplexité les autorités administratives. On n’a pas pu créer des leaders politiques d’envergure. Aucun des cinq candidats n’est un leader auquel on s’attache par affection, par conviction. Il y a simplement des courants qui se sont distribués en fonction des parentés qu’on a avec celui-ci ou celui-là. C’est ce noyau-là qui reste. Ce sont des noyaux parentaux, ce sont de vieux militants devenus quasi inséparable. Mais l’adhésion de la grande masse à tel ou tel autre parti ou leader est une adhésion très molle.
Ils ont trouvé des alliés médiatisés qui ont proclamé leur changement de conviction, de candidat. Cela peut avoir un effet un peu émotionnel sur quelques électeurs, mais véritablement, la transhumance n’est pas le fait de leaders politiques, c’est le fait de publics très versatiles qui peuvent changer de camp à la moindre contrariété. Et ils sont plus nombreux, puisque les partis ont peu de militants, ils ont des compagnons temporaires qui s’activent le temps d’une campagne, parfois motivés par l’argent ou tout autre échange, mais il est difficile de trouver dans les partis des gens encrés dans des convictions politiques, idéologiques. D’ailleurs, il n’y a plus d’idéologie pour renforcer la conviction de ceux qui sont derrière tel ou tel autre leader.
Parlons des tendances. Idrissa Seck avait le soutien de presque l’ensemble des recalés, pourtant il semble au coude-à-coude avec Ousmane Sonko, qui était quasi “seul”. Comment expliquez-vous les scores annoncés de chacun des deux ?
Sonko est le candidat de l’alternative, alors que Idrissa Seck est le candidat de l’alternance. La vraie rupture, c’est ce que Sonko a dans son projet. Idrissa est le continuateur du même système que Sonko n’a cessé de fustiger. Mais le continuateur du système, peut-être selon d’autres modalités. Et très certainement, de la même manière qu’il a hérité des recalés du parrainage, il va hériter de tous ceux qui veulent que les choses changent en restant comme elles étaient. Sonko pourrait mettre en mal tout ce dans quoi le système politique actuel s’arrime depuis la colonisation. Si Sonko reste fidèle à ses annonces depuis un an maintenant, il va chambouler, c’est une vrai révolution, un nouveau parcours, avec de nouveaux hommes, de nouvelles méthodes, de nouvelles institutions peut-être et un autre type de relations internationales, notamment avec les anciens pays colonisateurs, un autre type de rapport avec les richesses nationales qu’un système mondialisé a déjà confisqué avant même qu’on ne les découvrent. Il y a déjà la mainmise du Système sur l’or, le pétrole…
Les Chinois parlent de la route de la Soie, mais les routes de l’Empire sont tout au moins aussi anciennes et plus solides. Les Chinois veulent revitaliser d’autres circuits, mais le circuit actuel est celui de l’ancien empire colonial. De Senghor à Macky Sall, c’est le même système que Ousmane Sonko veut détruire, mettre en cause, et à la place, il dit : ‘arrêter les changements qui ne sont que des effets de surface et faisons l’alternative’. Il y a une autre voie. Comme dit la chanson de Awadi : ‘…un autre monde est possible…’. Mais ce monde-là, il faut le construire en détruisant l’ancien monde qui est celui du Sénégal depuis l’indépendance jusqu’ici. et peut-être même du monde depuis le 20ème siècle.
Au cas où il y a un second tour, comment le symbole de “l’alternative” peut-il s’allier avec celui qui incarne de “l’alternance” ?
C’est du “tout sauf…” ! Au Sénégal, pendant les présidentielles de 2000 et de 2012, on ne parlait plus de programme ou projet. L’urgent est de se débarrasser de celui qui est au pouvoir. Et cela a marché à deux reprises, si bien que le pouvoir sortant a tiré la leçon qui consiste à dire qu’il faut survivre, et survivre, ce n’est plus parler aux populations de programmes, de réalisations, c’est : “cramponnons-nous et restons au pouvoir”, alors que les opposants taisent leurs divergences pour faire partir celui qui est au pouvoir. La situation la plus illustrative de cette perspective, c’est ce qui s’est passé en 2012. Quatorze candidats au premier tour et tous les douze autres éliminés ont soutenu Macky Sall. Wade est sorti de l’élection avec le même score avec lequel il était entré. En 2000, c’était le même score avec Diouf, à quelques décimaux près. Macky a raison de le souligner : le deuxième tour ne pardonne pas le pouvoir sortant.
“Le Premier ministre se tire une balle dans le pied : si son candidat est proclamé vainqueur, il donnera à l’opposition, le prétexte de dire :’on le savait, le Premier ministre l’avait déjà proclamé’. C’est donc une maladresse.”
Les régions les plus reculées de l’intérieur du pays sont étiquetées pro-pouvoir. Pourquoi ?
Le débat politique en Afrique n’existe que dans la capitale et quelques grandes villes. Les médias sont agglutinés littéralement dans ces villes et très souvent, leur portée est assez limitée autour de ces villes. C’est là qu’on voit assez souvent une remise en cause des pouvoirs ou la vie est plus dure. C’est ce qui fait que l’adversité la plus rude est rencontrée par les pouvoirs au sein des centres urbains. Alors que dans les centres ruraux, une certaine tradition s’avère plus tolérante vis-à-vis des écarts du pouvoir que dans les centres urbains. Il faut dire également que plus on s’éloigne de la capitale et des grandes villes, plus le pouvoir d’influence politique des chefferies religieuses restent intact. Dans les villes se constitue une opinion, dans l’arrière-pays, une certaine tradition reste vivace.
Les candidats Idrissa Seck et Ousmane Sonko avancent que le deuxième tour est inévitable. Le Premier ministre Mohammad Dionne, lui, a déclaré son candidat Macky Sall vainqueur au premier tour avec 57%. Qui croire ?
Concernant le Premier ministre, je crois qu’il ne faut pas en rajouter. Tout le monde, y compris dans son propre parti, a réprouvé cette façon cavalière de venir dans l’audiovisuel public pour, contre tous les usages et contre toute forme d’élégance, abuser de sa position gouvernementale, pour décider du résultat d’un processus électoral. Comme on dit, il se tire une balle dans le pied, parce que si son candidat est proclamé vainqueur, lui donnera à l’opposition, le prétexte de dire : on le savait, le Premier ministre l’avait déjà proclamé. C’est donc une maladresse. Concernant les deux autres, il me semble qu’il est de bonne guerre de taire les adversités. Ils vont se battre de manière souterraine, mais ce qu’ils mettent en avant, c’est la mobilisation pour faire perdre Macky Sall comme c’était le cas avec Diouf et Wade.
seneweb