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Algérie : Bouteflika candidat en 2019, annonce le secrétaire général du FLN
Jeune Afrique – Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbès, a annoncé le 28 octobre que le président algérien Abdelaziz Bouteflika sera bien le candidat du FLN à la présidentielle prévue en avril 2019.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika sera le candidat du Front de libération nationale (FLN), son parti, à la présidentielle prévue en avril 2019, a annoncé le 28 octobre au soir Djamel Ould Abbès, le secrétaire général du parti, cité par l’agence de presse d’État APS.
« Je le dis en tant que secrétaire général du parti, le candidat du FLN pour l’élection présidentielle de 2019 c’est Abdelaziz Bouteflika », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie en l’honneur du nouveau chef du groupe parlementaire du parti, Mohamed Bouabdallah.
« Cette candidature est une revendication de tous les cadres et militants du FLN sur l’ensemble du territoire national », a-t-il ajouté, selon l’APS.
Le comité central (instance dirigeante) du FLN se réunira prochainement pour officialiser cette candidature, a déclaré à l’AFP le chef de cabinet de Ould Abbes, Nadir Boulegroune.
Insistance de ses proches
Âgé de 81 ans et affaibli par les séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC) remontant à 2013 qui ont affecté son élocution et sa motricité, le chef de l’État n’a jusqu’ici pas fait part de ses intentions. Chef de l’Etat depuis 1999 et détenteur du record de longévité à la tête de l’Algérie, Bouteflika ne fait que de rares apparitions, sur un fauteuil roulant, et ne s’exprime plus en public depuis son AVC. Sa santé fait l’objet de spéculations récurrentes.
Ces derniers mois, son camp avait multiplié les appels à un cinquième mandat.
Le 7 avril dernier, Ould Abbes, réputé être un proche de longue date du chef de l’Etat, avait le premier publiquement fait part du « souhait » et du « désir des militants de voir Bouteflika poursuivre son oeuvre » après 2019.
En 2014, Bouteflika n’avait mis fin au suspens qu’à deux fois de l’élection et uniquement une dizaine de jours avant la clôture des candidatures
Lui avaient emboîté le principal allié du FLN, le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouhayia, les islamistes du Rassemblement de l’Espoir de l’Algérie (TAJ), d’autres membres de la majorité présidentielle, la centrale syndicale UGTA, l’ex-syndicat unique ou encore le Forum des chefs d’entreprises (FCE), principale organisation patronale.
Pourtant, le chef de l’Etat ne s’est toujours pas exprimé à ce sujet.
Un scénario qui rappelle celui de 2014. Comme aujourd’hui, Bouteflika n’a toujours pas confirmé lui-même sa prise de candidature.
A l’époque il n’avait mis fin au suspens qu’à deux fois de l’élection et uniquement une dizaine de jours avant la clôture des candidatures. Et c’était encore une fois le secrétaire général du FLN de l’époque, Amar Saïdani qui avait assuré, plusieurs semaines auparavant, que Abdelaziz Bouteflika serait candidat à sa succession.
Une opposition affaiblie
L’incertitude autour d’une nouvelle candidature du chef de l’Etat a monopolisé ces derniers mois le débat politique en Algérie, mais semble dans l’immédiat susciter moins d’opposition affichée qu’en 2014, notamment au sein du sérail politique et militaire.
Les opposants à un nouveau mandat d’Abdelaziz Bouteflika restent dans l’immédiat peu audibles et semblent se résigner à ce qui leur apparaît inéluctable.
De nombreux observateurs, algériens et étrangers, se disent également persuadés que Bouteflika sera de nouveau candidat en 2019.
Auquel cas, la victoire ne devrait pas échapper au président sortant, considéré par de nombreux Algériens comme l’artisan de la réconciliation nationale après la guerre civile (1992-2002) et réélu haut la main en 2014 avec 81,5% des suffrages au premier tour.
jeune afrique
Arafat: Impossible forcing
La commission électorale Nationale indépendante a annoncé les résultats du troisième tour des élections municipales d’Arafat et d’El mina. Selon elle, l’Alliance des partis de l’opposition, conduite par Tawassoul, a remporté le scrutin avec plus de 800 voix sur l’UPR alors que celui-ci aurait gagné avec plus de 118 voix au niveau de la moughataa d’Elmina. Il faut rappeler que l’Alliance des partis de l’opposition avait remporté le scrutin aux deux premiers tours et que c’est la chambre administrative de la cour suprême, après un recours introduit par l’UPR, qui a décidé de l’organisation de ce troisième tour inédit dans les annales des consultations électorales. Finalement la reconquista d’Arafat sera remise à plus tard malgré la mobilisation de quasiment toutes les personnalités de Nouakchott et d’ailleurs du parti au pouvoir: les ministres, les conseillers de la présidence et de la primature et leurs chargés de mission, les directeurs généraux des grandes institutions publiques, les hommes et femmes d’affaires, les fonctionnaires de la moughataa réunis par leurs supérieurs en plus de toutes autres sortes d’intimidations, de promesses et de menaces. C’est le ministre de l’économie et des finances, le maestro en chef, qui a pu faire passer en conseil des ministres du 25 octobre 2018 (deux jours avant le scrutin) plus d’une trentaine de nominations et qui aurait, selon des sources proches de l’UPR, distribué beaucoup d’argent, surtout au niveau de la moughataa d’Arafat. Cette victoire de l’Alliance des partis de l’opposition redonne l’espoir dans la capacité de ces formations de s’entendre autour de quelque chose et de pouvoir, le cas échéant, dépasser leurs divergences pour réaliser un objectif. Cette réalisation devrait servir à toute l’opposition de base pour engager des discussions de fond pour réfléchir ensemble à des modalités consensuelles, envisager sereinement l’avenir et poser les jalons d’une collaboration plus inclusive dans la perspective de la présidentielle de 2019.
le calame
Le torchon brûle-t-il entre les compères ? Par Samba Thiam président des FPC
Engager une polémique avec plus ‘’grand’’ que soi n’est pas sans risques tout comme affronter un aîné peut paraître déplacé . Mais que faire quand les plus qualifiés pour le faire font profil bas et tournent casaque , au mieux, louvoient, au lieu de croiser le fer ?
Quoique Yehdih soit mon adversaire idéologique déclaré, c’est quelqu’un je le lis toujours avec respect, et auprès de qui j’apprends, toujours…Je suis admiratif de cette érudition , de cette profondeur et de ce style éthéré qui n’appartenait qu’à lui . N’empêche, il m’apparait parfois développer une logique paradoxale que l’on ne saurait ne pas relever .L’ article ’’ faire la paix avant la guerre’’ paru récemment, sonnait comme une révolte contre le Président Abdel Aziz ou , en tout cas , laisse sourdre une irritation , une sorte de colère contenue et… pourtant ! Et pourtant, au regard des sentances tirées, ici et là, de ses articles passés, au gré de mes lectures, le Président semble l’avoir suivi et appliqué à la lettre ?
Je crois , au cours de ces neuf dernières années, que la politique nocive du Président de la république s’est inspirée largement des ‘’conseils ’’ de cet intellectuel hors pair, érigé en conseillers occulte du Prince ; qui ne parlait, généralement, qu’au peuple maure, arabo-berbère, rien qu’à lui, et ne prenait la plume que dans les tournants historiques.. .
Lisez :
‘’L’Etat responsable ne peut dormir que d’un oeil pour s’assurer qu’il n’est pas entrain d’être assiégé , et qu’un cheval de Troie peint aux couleurs de la paix et de la justice n’est pas installé au cœur de la forteresse ‘’ .(Yehdih).
‘’Aucun Etat ne saurait compter sur la bonté de ses voisins (…) sans s’exposer à devenir l’objet de rivalités des autres ,…’’(Yehdih)
*L’effet de ces sentances a été d’engendrer la frilosité , l’inquiétude, la méfiance extrême voire l’hostilité developpées par le Président à l’égard de nos voisins Marocains et Sénégalais , et même Algériens …
‘’La maitrise d’une crise (- entendez entre Etats-) ne consiste pas nécessairement à la moderer, mais surtout à l’utiliser aux fins d’une stratégie, c’est –à-dire à avancer dans ses objectifs’’.(Yehdih)
– Celle-ci eut pour effet dévastateur de cultiver l’impossible relation apaisée avec le Maroc et le Sénégal surtout , malgré la politique de ‘’balle à terre ‘’ de ce dernier .
‘’La politique pacifique de tout Etat conscient ne doit pas être trop ostentatoire’’ (yehdih)
*Prenant Yehdih au mot , notre Président se comporte comme un va-t-en-guerre, permanent !
Le Pays est défendu tant que les frontières le sont ‘’ ; ‘(’…) le danger auquel fait face la Mauritanie est : des groupes restreints traversant nuit et jour , en pirogue ou à la nage , une frontière de plusieurs centaines de kilomêtres de long , peu ou pas surveillée ‘’. (Yehdih)
D’où toutes ces tracasseries excessives ,ce calvaire de tous les jours que l’on fait endurer à tous ces Ouest-africains à la frontière sud, plus particulièrement.
‘’La Mauritanie est une destination privilégiée pour les Africains , soit pour prospecter leurs chances d’y travailler soit pour la traverser vers le Nord …’’ (or) Nous sommes un pays de trois millions d’habitants dont la configuration humaine et culturelle reste très sensible ‘’.(Yehdih)
Décodez : Si on laissait ces Africains venir et s’installer , c’en est fini de la Mauritanie culturelle majoritairement arabe , fini de l’équilibre culturel et démographique existant! N’allez pas chercher ailleurs la source de la xénophobie ambiante , que les mauritaniens , hospitaliers légendaires, ne connaissaient pas.
‘’Avec un taux de chômage de 35% tout apport supplémentaire (d’immigrants ouest-africains) signifierait inévitablement retirer aux mauritaniens la nourriture de la bouche’’.(Yehdih), …d’où cette allergie qui s’exprime à tous les coins de rue , pour tout ce qui vient de l’Afrique noire et en particulier du Sénégal .
‘’Si l’état civil n’est pas sécurisé et fait l’objet de trafic c’est qu’on est en pleine irresponsabilité la plus caricaturale ‘’ .(Yehdih)
Décodez : Tous ces Négro-africains du Pays qui se prétendent mauritaniens avaient obtenu leurs papiers d’état civil frauduleusement ; il faut y mettre fin. ..D’où l’invention d’un Enrôlement biométrique, étranglé, pour réduire, drastiquement, leur poids démographique !
‘’ Que la langue arabe continue à être marginalisée et combattue avec la bénédiction de l’Etat, et notre sort est scellé ‘’. Appel et Incitation explicites à plus d’arabisation que ce qui est fait ; il existe des poches de résistance à éliminer, coûte que coûte , pour arriver à l’assimilation forcée de cette minorité negro-africaine …
Comment au vu de l’application à la lettre de ses ‘’conseils’’ Yehdih peut-il encore se rebeller contre son disciple ?
Sur l’Azawad –sa passion- voilà ce que Yehdih écrivait il y a peu de temps encore :
‘’ (… ) les drames , les injustices et les oppressions dont il (l’Azawad) a été victime depuis 50ans , sous nos fenêtres…’’ …. ’’l’Azawad était une zone de non droit et l’Etat Malien ne s’y manifestait que par l’injustice’’
‘’(…) que toute politique concernant le devenir de notre pays ne peut ignorer l’Azawad…’’ .
Comment à partir de telles positions s’en prendre à un Président qui , justement , essayait de traduire tout ça en réalité en déployant maintenant son armée, pour protéger les Azawadis , soutenir le Mnla ? une stratégie, mise en œuvre dans des normes ,définies plus haut, par Yehdih lui-même, Avec pour finalité d’étoffer la Mauritanie blanche, garantir sa perennité , protéger son identité, en un mot veiller à préserver justement , ‘’ces trois millions d’habitants dont la configuration humaine et culturelle (menacée) reste très sensible ‘’ !
Que voulait donc le grand Maître , pardi ? Pourquoi trouvait-il à redire , puisque sur toute la ligne le président semblait suivre à la lettre son credo ? J’avoue ne pas comprendre la logique, paradoxale, qui semblait animer, Yehdih , et l’amenait , maintenant , se retourner contre un Président qui s’était, jusque-là, revélé être un de ses plus fidèle talibés !
Visiblement le torchon brûle-t-il entre les deux compères – le grand maître et son élève- pour une raison mystérieuse qui nous échappe …
Mais qui ne se souvient pas, par ailleurs, que Yehdih a toujours soutenu ces régimes militaires, autoritaires, sécuritaires,qu’il jugeait seuls à même de garantir la préservation du Système, au détriment d’une Démocratie, dangereuse, qui laisserait s’exprimer toutes sortes de ‘’sentiments confinés d’injustice’’ ! Soutenus tant que ceux –là gardaient la ligne d’une Mauritanie arabe, soutenus tant qu’ils inhibaient les espoirs et étouffaient les revendications légitimes des uns, surtout …Ce fut le cas avec le régime sanguinaire de ould Taya, tant qu’il constitua le gardien du Système ; il se retourna contre le colonel lorsqu’il le perçut comme étant devenu une menace à la préservation du Système…
Enfin ,Yehdih n’était il pas entrain de rejouer, en filigrane , le coup fait au Président , démocratiquement élu, Sidy O cheikh Abdallahi ? On se souvient que c’est à partir de son article ‘’Eviter l’infâmie ‘’ qui sonna le tocsin, qu’une collusion de conspirateurs s’était constituée pour éjecter Sidioca de son fauteuil , lorsque celui-ci prit la résolution de corriger les dérives du Système ; Sidioca , était un danger pour la préservation du Système , jugea-t-il …
Qui sait ce qui se passe dans les grands cerveaux ? Mais si Aziz coulait , Yehdih ne risquait-il pas de couler avec, au vu de son immense responsabilité dans ce qui nous arrive ?
Wait and see !
Samba Thiam (President des FPC)
27 octobre 2018
El Wiam en congrès
Le parti d’El Wiam, dont Boydiel Ould Houmoud est président, se prépare à organiser un congrès extraordinaire le dimanche 28 octobre 2018. Normalement de très importantes décisions seront prises au cours de cette réunion parmi lesquelles la dissolution du parti au sein de l’Union Pour la République. La désignation il y a quelques jours du président d’El Wiam comme premier vice-président de l’Assemblée Nationale après avoir rencontré Mohamed Ould Abdel Aziz a constitué le premier acte de ce sabordement. Actuellement une commission paritaire composée de six membres dont trois de l’UPR et trois d’El Wiam travaille sur les modalités de cette refondation pour savoir quels sont les postes qui seront réservés dans les instances dirigeantes de l’UPR à ses nouveaux adhérents et quels sont les fonctions administratives et autres qui seront dévolues dans le cadre de ce pacte aux cadres d’El Wiam.
le calame
Messaoud Ould Boulkheir, président de l’APP et du Conseil Economique, Social et Environnemental, et député à l’Assemblée Nationale : ‘’Amender la Constitution pour briguer un troisième mandat serait anticonstitutionnelle et donc irrecevable’’
Le Calame : La Mauritanie a connu des élections, municipales, régionales et législatives. Êtes-vous satisfait de leur déroulement ? Comment vous jugez le travail de la CENI, très décriée par l’opposition ? Serez-vous favorable à sa recomposition, pour intégrer le reste de l’opposition, avant la prochaine présidentielle ?
Messaoud Ould Boulkheir : J’ai exprimé dès le départ, ma désapprobation, pour plusieurs raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas ici, du calendrier choisi pour les élections que vous venez d’évoquer. Les résultats obtenus sont la conséquence directe de leur mauvaise préparation et de leur absence de maîtrise, à tous les niveaux, par tous les acteurs, y compris la CENI elle-même, dont la faute première est d’avoir avalisé, par faiblesse, ledit agenda choisi par le gouvernement pour des raisons qui lui sont propres et qui n’auraient pas dû engager la CENI en quoi que ce soit, puisqu’elle est, en la matière, seule responsable et juge.
Je suis donc pour sa recomposition, intégrant, d’une part, tous les acteurs politiques et, d’autre part, pour des raisons d’adéquation aux mutations politiques intervenues ces derniers temps.
– Le moins qu’on puisse dire est que les résultats de l’APP n’ont pas été à la mesure de vos attentes : trois députés. Un net recul par rapport à 2013. Quelles sont, à votre avis, les causes de cette contreperformance ?
– Je pense, très sincèrement, que l’APP s’est sortie très honorablement d’affaire, compte-tenu des nombreux aléas qui ont émaillé son parcours, les complots exogènes et endogènes n’étant que la partie visible de l’iceberg ; l’impréparation psychologique, matérielle et financière achevant la quadrature du schéma.
Chacun, bien sûr, est libre de penser ce qu’il veut et d’interpréter les résultats à sa manière mais l’APP a su et pu supporter le choc, continuant, seul et contre tous, d’incarner, aujourd’hui, la seule force politique que chaque pôle souhaite compter parmi les siens, pour sa crédibilité, son sérieux et sa discipline, n’en déplaise à ses détracteurs.
C’est, en tout cas pour moi, l’occasion d’exprimer aux cadres et, particulièrement, aux militants lambdas du parti, femmes et hommes, tous humbles et anonymes, souvent en butte aux tracasseries journalières et aux injustices de la vie, ces humbles anonymes qui n’ambitionnent ni promotion, ni salaire, mais seulement vivre dignement. À ceux-ci qui, pour la plupart, ne m’ont jamais rencontré, toutes mes félicitations, tous mes remerciements et tous mes encouragements pour les nombreuses victoires enregistrées grâce à leur patience et à leur persévérance dans l’effort et pour la confiance jamais démentie qu’ils me vouent. Je suis d’autant plus fier d’eux que je sais qu’aucun autre parti politique de la place ne compte des militants aussi dévoués et désintéressés qu’eux.
– Parmi les explications avancées par certains, on évoque de profondes divergences, à propos de l’investiture des candidats…
-Je ne nierai pas ces divergences, qu’elles soient profondes ou superficielles, mais l’APP continue d’exister et de susciter des envies et des envieux…
– Selon nos informations, l’APP devait tenir son congrès à la veille des élections, mais il a été reporté. Pouvez-vous nous dire quand il se tiendra ?
-Nous comptons toujours tenir notre Congrès avant les échéances électorales prochaines.
– Lors du second tour des législatives opposant un candidat UPR à un candidat de la Coalition Tawassoul –AJD, APP a appelé à voter pour le premier. Du coup, vos détracteurs vous ont accusés d’ « avoir été acheté ». Voudriez-vous bien expliquer à nos lecteurs les raisons de votre choix ?
-Si prendre une décision politique en faveur de qui détient le pouvoir implique, nécessairement, d’avoir été « acheté », il faut reconnaître, au président de l’APP que je suis, d’avoir été, de tous ses accusateurs du pouvoir actuel, celui qui sut lui résister le plus durablement. La vérité est que je ne pouvais, en aucun cas, donner des consignes de vote favorisant ceux qui ont, ostensiblement, choisi de faire, de moi, un non-opposant, un ennemi, un vendu, un traître et, pour finir, lancer une fatwa vouant, aux géhennes, ceux qui voteraient pour moi, descendant d’esclaves.
Il n’est pourtant un secret pour personne que, depuis le coup d’État de 2008, ce sont mes positions, choix et initiatives politiques, notamment à propos des deux dialogues organisés jusqu’ici, qui ont animé la vie politique du pays et contribué aux avancées, irréfutables, en matière de démocratie, droits de l’Homme, unité nationale et, enfin, clarification de la position du chef de l’État, à propos du 3ème mandat. Puisque voter blanc n’est pas dans mes gênes, j’ai toujours assumé mes responsabilités et mes choix, appelant à voter pour le pouvoir que je connais, plutôt que pour l’inconnu…
– Parmi les enjeux de ces élections, il y a, évidemment, la présidentielle de 2019. Au sortir des dernières consultations, pensez-vous que le chemin est bien balisé pour cette élection majeure ? Pensez-vous qu’elle sera consensuelle, contrairement aux élections de Septembre passé ? Sinon, que faudrait-il faire, à votre avis pour qu’elle le soit ?
-Je pense que tout reste à faire : qu’il s’agisse de la liste électorale elle même, de la composition de la CENI ou, encore, de la recomposition finale et définitive du paysage politique, très précaire et imprécise. Je pense que le chemin le plus court et le plus clair serait d’envisager un dernier dialogue.
– En dépit de ses déclarations, certains, non seulement du côté de l’opposition dite radicale mais, aussi, de celui de certains segments de la majorité, continuent à douter des intentions du président de la République, sur le 3e mandat que la Constitution limite à deux. Vous qui avez rencontré le Rais à plusieurs reprises, en avez-vous parlé avec lui ? Le cas échéant, que vous en a-t-il dit ?
-J’en ai discuté avec lui, lors de notre dernière rencontre, après le deuxième tour des élections. Il m’a affirmé qu’il n’envisageait pas de briguer un troisième mandat.
– Avec une majorité presque mécanique, à l’Assemblée nationale, Ould Abdel Aziz pourrait présenter des amendements constitutionnels, pour ouvrir justement la voie à un troisième mandat de l’actuel président dont le second et dernier expire en 2019. Pour y arriver, il suffirait de déverrouiller l’article 26 de la Constitution qui limite le mandat présidentiel. Qu’en pensez-vous ? Et, au cas où un tel amendement soit déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale, le voteriez-vous ?
-Les amendements de la Constitution sont permis dans certains cas et ne le sont pas dans d’autres, comme celui de briguer un troisième mandat. Si une telle éventualité se présentait, elle serait donc anticonstitutionnelle et irrecevable.
– Vos relations, avec le président ould Abdel Aziz, connaissent, des hauts et des bas. On se rappelle l’épisode du dernier dialogue. Votre parti a carrément exprimé son refus, quand certains de la majorité ont tenté d’introduire, dans les débats, la question du troisième mandat qui ne figurait pas à l’ordre du jour. On se souvient, également, de votre fâcherie, quand le Ministère des Finances a voulu fourrer son nez dans le fonctionnement de l’institution que vous dirigez, à savoir le Conseil économique, social et de l’Environnement. Certains membres de votre parti n’hésitent pas à qualifier d’« ingrate », l’attitude du pouvoir à votre égard. Vous avez contribué à crédibiliser les deux dialogues politiques, désamorcé le printemps Arabe qui couvait en Mauritanie, ceci au moment où des rumeurs alarmantes et alarmistes sur l’état de santé du président hospitalisé à Paris, suite à une « balle amie » montaient… Comment qualifierez-vous, vos relations avec le Président ? Ne partagez-vous la réaction des cadres et militants susdits d’APP ?
-Nos relations n’ont jamais été stables et ont toujours fluctué selon nos tempéraments respectifs.
– Vos rapports, avec plusieurs membres de l’opposition dite radicale (FNDU–RFD) ne sont pas cordiaux. Que leur reprochez-vous exactement ? Leur attitude, lors de la présidentielle de 2009, vous reste-elle à travers la gorge ?
-Je vous renvoie à la question 5 pour la réponse à cette question.
– Depuis quelque temps, on assiste à une escalade entre le pouvoir et Tawassoul, première force de l’opposition au Parlement. Le président de la République n’a pas exclu de prendre, le moment venu, des mesures appropriées contre les islamistes. Quelle appréciation vous faites-vous de cette guéguerre, pour ne pas dire guerre ? Pensez-vous que le pouvoir ira jusqu’à dissoudre ce parti ?
-Je ne suis pas dans les secrets du Pouvoir, pas plus que je ne suis son confident. Je suis cependant un démocrate et pour cette raison, je ne suis pas pour l’interdiction ou la dissolution des partis politiques, lesquels devraient être respectueux des lois de la République.
– On sait que vous ne partagez certes pas la méthode de lutte du Mouvement IRA de Biram Dah Abeid, élu député depuis le 1er Septembre dernier. Que pensez-vous, tout de même, de son arrestation, de son incarcération, depuis fin Août 2019, et de la récente répression dont ont fait l’objet les militants du mouvement, venus réclamer la libération de leur leader, le 8 Octobre, devant l’Assemblée nationale? Certains redoutent la levée de l’immunité parlementaire de Biram par celle-là. Qu’en pensez-vous ? APP voterait-il ce texte, s’il arrivait à être déposé ?
– Je suis, bien évidemment, contre toute forme d’oppression et toute répression des manifestations pacifiques légitimes, sans autre prise de position. Et ce, d’autant plus que j’ai été mis en garde contre toute ingérence dans les affaires d’autrui, surtout qu’en l’occurrence, il s’agit de problèmes de justice, d’une part, et de Bureau de l’Assemblée nationale, d’autre part.
– La question de l’unité nationale reste une de vos préoccupations majeures, comme en témoigne votre compromis national « La Mauritanie d’abord ». Que reste-t-il de cette entreprise ? Quelle appréciation vous faites, de façon générale, de notre unité nationale ? Pensez-vous que des mesures (décret, tribunaux, feuille de route, prière de Kaédi…) prises par les pouvoirs publics ont fait bouger les lignes de la cohabitation en Mauritanie ?
-Si l’APP est, aujourd’hui, le parti politique le plus respecté dans le pays, ce n’est, évidemment pas, grâce au grand nombre de ses représentants au niveau national, régional ou local, mais, surtout, grâce à son attachement viscéral à la patrie, au citoyen et à son objectif, permanent, de susciter lesconditions les plus favorables à la naissance d’une Nation mauritanienne unie, solidaire et fraternelle, parce que libre, égalitaire et respectueuse du Droit. Tout, autour de l’APP et en son sein, peut changer, sauf cet objectif. Mais ma réponse est, à mon grand regret, que notre unité, notre solidarité, notre fraternité, notre respectabilité et notre attachement au droit et aux humanités résonnent, aujourd’hui, comme autant de vœux pieux et, donc, comme autant de dissonances annonciatrices de désastres.
Il est urgent de se ressaisir et de réagir, contre tous les particularismes, plus exacerbés, de nos jours, qu’à aucun autre moment de notre histoire, et que nous entretenons tous, consciemment ou non, dans l’anonymat de notre multitude et la singularité de notre solitude. C’est donc dire qu’il s’agit, pour nous, de nous questionner plus sur l’existence de notre pays que sur la cohabitation de ceux dont le vœu le plus cher est d’y vivre en citoyens.
– Nos rapports, avec nos voisins immédiats (Maroc et Sénégal), connaissent toujours des hauts et des bas. Qu’est-ce qui peut expliquer, à votre avis, ces tensions ?
-Les incompréhensions qui naissent entre pays frontaliers sont amplifiées ou minorées selon la perception qu’en ont ceux qui les dirigent et la tendance, très regrettable, de ces dirigeants à les traiter comme s’il s’agissait de conflits ou de revendications opposant des individus. Les États ne pouvant déménager ou renoncer à leurs droits, la seule consigne permanente est de faire montre de courtoisie, de patience, de souplesse et de sagesse.
– Que pensez-vous de la reprise des élections municipales, entre Tawassoul et l’UPR, à El Mina et à Arafat ?
-Puisque la Justice l’a décidé, je n’en pense que du bien…
– Que reste-t-il de l’Alliance entre l’APP, El Wiam et l’AND ?
-L’expérience que chacun en aura tiré.
– Que pouvez-vous nous dire du Conseil Économique, Social et de l’Environnement que vous présidez ? Est-il opérationnel ?
– Une institution importante et utile, quand on la met dans les conditions protocolaires, humaines, financières et logistiques idoines.
Propos recueillis par Dalay Lam
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