Daily Archives: 17/09/2018
Pourquoi pas les islamo-démocrates ? / Par Isselmou ould Abdel Kader
Nous n’avons malheureusement ni la compétence scientifique ni le temps d’engager une polémique sur l’existence d’un État normatif selon l’islam. Qu’il nous soit au moins permis de penser comme Ali Abelderrazigh dont l’essai sur la nature de l’autorité politique dans le monde islamique suscite, depuis1925, un débat houleux sur la question. Cet éminent jurisconsulte et théologien estime envisageable la séparation du spirituel et du temporel, en s’appuyant sur l’argument péremptoire selon lequel, selon lui, le Prophète Mohamed (PSL) fut un guide spirituel et moral et non un roi de ce monde. Le débat au sein de la nébuleuse sunnite entre les tenants de cette conception et les courants salafistes ou wahhabites qui empoisonnent actuellement le monde a abouti à la formation de deux grandes mouvances politiques opposées, en l’occurrence celle des Frères musulmans et celle de l’Etat Islamique (DAECH).
Forcé de schématiser, mais sans vouloir dénoncer certains pays musulmans connus, pour avoir la même source d’inspiration que cette dernière mouvance extrémiste, on peut souligner que la première se reconnaît à travers le modèle étatique de la Turquie actuelle, la conduite du parti de la Nahda tunisienne et la gestion du présent gouvernement du Maroc.
Dans ces trois pays, le Mouvement des Frères musulmans tutoie de très près le modèle de démocratie classique en tirant le plus possible sur le fil trop élastique –quand on veut- de la chariaa islamique. L’habileté et l’intelligence de ce mouvement ne sont pas tant d’avoir accepté le jeu démocratique et le mode d‘accès au pouvoir par des urnes exprimant parfois la volonté de personnes n’ayant pas nécessairement la capacité juridique entière au regard de l’islam, mais d’avoir entériné le principe de la séparation des pouvoirs. Or, accepter ce principe qui est le fondement essentiel de la démocratie, c’est frapper à la porte de la laïcité en courant le risque d’être pointé du doigt par une grande majorité d’exégètes de la chariaa. Ne peut-on pas en conclure que le mouvement des Frères musulmans est, jusqu’ici, l’unique obédience islamique à offrir à l’Umma la possibilité d’accéder à la modernité et à participer à l’harmonie universelle sans se renier ni rompre avec ses racines spirituelles et culturelles ?
Montée inexorable
Retenons-nous cependant de parier sur le caractère inexorablede la montée de ce mouvement, même s’il donne l’impression d’être voué à régenter la plus grande partie du monde musulman, en particulier l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, en dépit de la force montante de l’obédience chiite qui semble avoir de beaux jours devant elle.
En Mauritanie, de nombreuses voies ont exprimé leur inquiétude face à la remontée spectaculaire du mouvement islamiste se regroupant principalement au sein d’une formation politique et noyautant par d’insoupçonnables ramifications de nombreux autres partis. L’on est obligé, en observant cette ascension, de se demander s’il était possible de l’endiguer et quel sacrifice il faudrait consentir pour y arriver. La réponse à ces deux questions interactives nécessite de formuler quelques observations d’ordre logique. Il convient de souligner d’abord que l’éradication d’un mouvement islamique qui accepte les règles du jeu démocratique ne saurait se concevoir autrement que par la voie des urnes, car l’utilisation de la force n’est ni acceptable ni opérante. Si c’était le cas, les partis nazis et fascistes n’auraient pas plongé le monde dans l’horreur pendant plusieurs années et leurs vestiges n’auraient pas perturbé actuellement le sommeil des leaders des démocraties occidentales. On aurait même éliminé les démocrates chrétiens et autres courants cherchant une légitimité dans l’attachement aux valeurs de la chrétienté. L’on ne peut donc arrêter l’ascension des démocrates islamistes que par des arguments et lorsqu’ils auront prouvé leur incapacité à accompagner l’évolution de la société ou réussi à convaincre de leur efficacité. Dans le premier cas, ils seront mis définitivement hors jeu à cause du caractère anachronique de leur référentiel méthodologique par rapport aux aspirations d’une société qui souffre principalement de l’obscurantisme. Dans le second, comme ce qui semble jusqu’ici le cas au Maroc, leur réussite sera dans l’intérêt de tout le pays. Quels seront alors les opportunités dont ils bénéficieront et les obstacles auxquels ils pourront se heurter ?
Le mouvement islamiste évolue grâce à l’attachement à l’islam, les Mauritaniens qui perçoivent cette religion comme un toit commun pouvant résister aux menaces pesant sur leur unité et leur diversité culturelle. S’ajoute à cet attachement le goût de la revanche sur le déclin précipité du mouvement des Almoravides et, probablement, de l’échec du mouvement réformiste de l’Imam Nacer Eddine au milieu du 16e siècle dans la principale région du pays. Ce sont là, certes, de simples réminiscences qui ont, cependant, dans la mémoire des hommes du désert une trace indélébile.
La crise morale qui secoue la société mauritanienne depuis le début du cycle de la sécheresse et l’avènement du régime militaire, ont engendré une criminalité revêtant un caractère inédit et multiforme qui restitue à l’islam son rôle historique de refuge pour les victimes de l‘oppression, de l’exclusion et de l’épouvante, comme au début de la Rissala. C’est, à peu de chose près, comme maintenant où les Mauritaniens tiennent à survivre au règne de l’immoralité, à la misère et aux dangers économiques et culturels d’une modernité envahissante.
Les islamistes peuvent exploiter ce contexte dont ils ont une bonne connaissance en tant que produit tellurique du tissu social et culturel du pays. Ils peuvent obtenir facilement, et ils en ont le droit, des soutiens multiformes grâce à une solidarité agissante entre nébuleuses idéologiques et religieuses.
Contrairement aux autres mouvements qui demeurent emprisonnés sous les décombres des idéologies classiques et se limitent à un discours scolastique, les démocrates islamistes (ou Frères musulmans) compensent la vétusté apparente de leur référentiel par un élan d’enthousiasme exceptionnel et une imagination fertile en matière d’expression et de réponse, quand c’est possible, aux besoins de populations nécessiteuses.
Cordes sensibles
En évoquant ces opportunités, on touche des cordes sensibles qui risquent à tort ou à raison de susciter davantage de crainte de voir s’accélérer la montée du mouvement islamiste, particulièrement en Mauritanie où pourrait se manifester, dans le subconscient collectif, le souvenir du clivage entre la hiérarchie du Livre et celle de l’Étrier. Aussi, pourrait-on soupçonner ce mouvement d’avoir une faible marge d’évolution entre les besoins de rénovation sociale et la limite de tolérance que permet son interprétation des enseignements islamiques. L’on sait que tôt ou tard, cette marge aura besoin d’être élargie pour tenir compte de toute l’aspiration à la liberté. Or, il a été constaté que les questions relatives à l’émancipation des groupes sociaux vulnérables et à l’équité de genre ne sont pas encore bien traitées là où les islamistes assurent la gestion des affaires d’État.
Est-il vrai enfin qu’il existe un lien entre l’islamisme modéré et les groupes terroristes comme certains analystes le pensent ? D’aucuns affirment, en effet, que la galaxie islamiste est un labyrinthe à trois compartiments, à savoir le mouvement des Frères musulmans qui occupe la scène politique et accepte les règles du jeu démocratique, le mouvement salafiste fondé sur la vision wahhabite qui rejette la démocratie et donne raison à la seule voie des armes et enfin le mouvement des « Douatt » ou la djamaa-tabligh, une association pour la Prédication, fondée dans les années 1920 en Inde par Muhammad Ilyas Al-Kandhlawi. Selon des spécialistes, ce groupe aurait pour tâche de pourvoir les deux autres en militants selon les capacités de ceux qu’ils forment.
Force est de reconnaître, toutefois que, contrairement à une telle analyse, le mouvement islamiste mauritanien a prouvé sa capacité de rassembler autour de l’aversion pour la violence et de la pertinence de sa stratégie. Il a un capital humain auquel on peut faire confiance et capable de savoir que l’histoire ne doit être utilisée que pour en cautériser adroitement les plaies, que la modernité a des vertus et que l’État mauritanien a besoin d’une force politique disposée à en revisiter les fondements avec une grande dextérité et d’en rénover la charpente.
Quoi qu’il en soit, aucune mouvance politique autre que les islamistes ne semble, dans le contexte actuel, pouvoir rassembler les Mauritaniens autour d’un projet de société largement partagé en rassurant les autres formations politiques qu’elles ne seront pas laissées sur le trottoir comme dans d’autres pays.
le calame
Ministre de l’enseignement superieur : Il y’a lieu de distinguer entre ceux qui sont de la majorité et ceux qui s’appuient sur Satan et les forces de l’extrémisme
Le coordinateur de la campagne du parti au pouvoir (UPR) à Nouadhibou , le ministre de l’enseignement superieur , Sidi Ould Salem, a déclaré : qu’il y’a lieu de faire la différence entre ceux qui sont dans la majorité , membre du parti au pouvoir et qui soutiennent le président Mohamed Ould Abdel Aziz et ceux qui utilisent Satan et les forces de l’extrémisme, du séparatisme et du particularisme pour faire face à ce que le Président de la républque a accompli de réalisations qu’on ne peut surenchérir que par arrogance .
Ould Salem a fait cette declaration, lors de la première réunion tenue , après l’annonce des résultats du second tour des elections , ajoutant que l’on doit être clair : Celui qui est avec le parti au pouvoir doit l’annoncer et ne pas s’en cacher et celui qui n’est pas avec le parti ,doit le quitter de lui meme sinon il en sera expulsé .
Le ministre a , ensuite, révélé la gestion transparence des fonds destinés à la campagne electorale , affirmant que beaucoup de citoyens ne sont pas habitués, à ce genre de revelations considerées comme secret.
Il a indiqué que la federation de la pêche leur a donné 60 millions d’ouguiyas au premier tour .
Au second tour , la meme fedration de la peche leur a fourni 60 millions d’UM et l’Etat leur a versé 25 millions d’UM, affirmant que les 60 millions d’UM ont été dirigés vers les cellules de base du parti .
Le ministre parlant des concurrents politiques de l’UPR a estimé, qu’ils joueraient le rôle d’opposition au conseil municipal de Nouadhibou ,quoi qu’ entente trouvée avec le parti Al Karama ,mais là , c’est une autre affaire.
Ould salem considére que le parti au pouvoir est fort à Nouadhibou et que personne ne peut rien faire sans sa participation .
À son tour, la fédérale du parti UPR , Mariem Mint Dahoud, a déclaré que son parti avait remporté un grand succès dans la ville et que l’opposition n’avait rien accompli, décrivant ce qui s’est passé dans la municipalité, où, pour l’election municipale, cinq partis se sont joints sournoisement à un parti de la majorité.
Mint Dahoud a qualifié la campagne de son parti de « responsable » au cours de laquelle personne n’a offensée et tout en reconnaissant les résultats du scrutin au niveau de la municipalité de Nouadhibou , elle a qualifié l’alliance d’un parti de la majorité avec l’opposition comme une « trahison ».
Source : https://alakhbar.info/?q=node/13371
Traduit par Adrar-info.net
Le devoir arabe : plus que jamais dans le soutien à Mohamed b. Salmane, Mohamed b. Zaîd et Sissi/ Par Mohamed Yehdih O. Breideleil
Transformer le destin en conscience
Quelqu’un a posé dernièrement la question à un sage qui observe avec détachement la société mauritanienne : quel est le problème des mauritaniens ? Ils n’ont jamais été, de leur vie, aussi nombreux, aussi instruits, aussi riches et pourtant ils n’ont jamais été aussi déprimés, aussi inquiets pour leur avenir, aussi insatisfaits de leur présent, aussi dépourvus de volonté pour affronter leurs difficultés et leur sort.
Il a répondu : ‘’ils sont vaincus’’.
Vaincus, sans avoir livré bataille ?
‘’Oui, la plus sournoise des défaites c’est celle qui s’est infiltrée dans le moral, à force de déception, de tromperie, après mille espoirs miroités frauduleusement !
Il est à craindre que la situation de la Mauritanie ne soit qu’une miniature du monde arabe.
L’extrapolation est tentante intellectuellement, comme approche heuristique, mais elle trouve rapidement ses limites, si elle veut simplement élever la situation régionale à une puissance x, pour appréhender la situation arabe globale.
Si les arabes, eux aussi, n’ont jamais été aussi nombreux, aussi instruits, aussi riches, la mécanique et l’âme qui les meuvent sont fondamentalement différentes, non seulement de degré mais de nature de celles qui ont cours dans un pays particulier de nature de celles qui ont cours dans un pays particulier et encore faut-il spécifier de quel pays il s’agit. Un pays du centre et un pays de la périphérie ne sont pas représentatifs avec la même intensité, la même franchise, de l’ensemble arabe.
Un pays arabe particulier, disons –le, peut se soustraire, être rayé de la carte officielle sans que le monde arabe , comme entité, soit entamé, affaibli, parce que sa force tient à une civilisation, à une volonté et non à une addition de parties.
Il peut même renaitre comme il ne l’a jamais été, redevenir créateur et s’imposer comme partenaire majeur de la scène internationale sans se souvenir de cette perte.
Certains Etats arabes sont en phase de marginalité. Il y règne le silence et le sommeil, l’unanimité autour du néant, la paix dans la malheur, l’incapacité acceptée face à tous les défis qui, pourtant, assaillent de partout. D’aucuns n’hésitent pas à considérer qu’ils sont dans un état nécrosique.
Le monde arabe, en tant qu’ensemble, est traversé par les contradictions -la preuve réelle de vie, les luttes à mort. Il est vivant. Sans retrouver son unité, qui est la condition du recouvrement de sa dignité, il n’a pas le droit d’être tranquille et il n’en sera jamais ainsi. L’unité ne peut pas sortir de la paix des cimetières. Pourtant, seule l’unité peut clore le cycle sismique actuel des contradictions.
La différence essentielle entre Etats, au sein de l’ensemble, tient non pas à leur PIB, ni au chiffre de leur population mais à leur volonté de participer à l’action commune.
Déracinement et anomie
Un pays du centre se sent et est considéré comme investi d’une responsabilité arabe collective, alors que les pays de la périphérie n’ont jamais assumé ce choix et de ce fait essentiel, personne à l’extérieur n’a jamais traité avec eux de problèmes arabes globaux, sauf cas accidentels. A titre d’exemple, en 1965, lorsque les occidentaux avaient incité Bourguiba à casser l’unanimité arabe à propos de la Palestine ou, lorsque un sommet arabe tenu à Rabat a été contraint par complaisance diplomatique de confier la présidence du comité de Jérusalem au Roi du Maroc. L’idée viendrait difficilement à une puissance ou un groupe de puissances étrangères de traiter de problèmes arabes globaux avec le Maroc ou la Tunisie, pourtant ce ne serait pas incongru s’il le faisaient avec le Koweït ou le Bahreïn. Pourquoi ?
La raison, on l’a dit, ne tient pas à un potentiel démographique ou économique, ni même à la centricité géographique. C’est une question d’option politique, de choix culturel, de confiance en soi. Cette confiance en soi est déterminante. Or les gens de la périphérie ne l’ont jamais cherché et ne l’ont jamais acquise, sauf cas rares. Leur élite ayant été formée et parfois façonnée en dehors de sa langue et de sa culture, elle a été affectée, à un degré ou un autre, par le déracinement et du coup touchée par l’anomie.
Ils ont été désaxés par leur empathie à l’égard de leur culture, ce legs immatériel, qui vertèbre, donne la consistance aux individus et aux Etats et dont l’écrivain André Malraux disait : « La culture c’est ce qui répond à l’homme quand il se demande ce qu’il fait sur terre ‘’ Et il ajoute : ‘’ ce que les hommes ont mis sous le mot culture, tient en une seule idée : transformer le destin en conscience’’.
Seul, Boumediene n’avait pas ce complexe et il l’a prouvé plus d’une fois et notamment au lendemain de la catastrophe de 1967, lorsqu’il s’est envolé pour Moscou sans que personne ne le délègue, délégué uniquement par son devoir et sa responsabilité à l’égard de ses frères, par sa propre conscience personnelle. Boumediene avait tenu aux Soviétiques, qui étaient des amis des Arabes, l’âpre langage de la vérité qu’il savait tenir mieux que quiconque, et les Soviétiques avaient capté le message et fourni à l’Egypte les armes sophistiquées avec lesquelles celle-ci allait pouvoir mener la «guerre d’usure », à partir de 1968, et finalement la guerre d’octobre 1973 qui libéra le Canal de Suez, ô combien symbolique et cher aux cœurs des Arabes.
Occident belliqueux
Certes, les Arabes de la périphérie savent faire cas de leur arabité quand ils sont à court d’argent – et à la vérité, les Arabes du centre n’ont jamais louvoyé quand il faut aider leurs frères – ou s’ils sont en difficulté.
C’est précisément le cas du Maroc lorsqu’il s’est trouvé isolé lors de l’occupation du Sahara occidental. Il ne s’est pas gêné de plaider sa cause au nom de l’unité arabe – qui l’eût cru ?- auprès de l’Iraq d’Ahmed Hassan Al Bakr et de la Syrie de Hafez Al Assad, arguant qu’on ne devrait pas ajouter aux frontières existantes, qui enserrent les Arabes de nouvelles. Mais l’annexion est contraire par essence à l’unité arabe. L’unité arabe est volontaire. Toujours est-il que l’Iraq est tombé dans le panneau, à cause d’une casuistique, et la Syrie ébranlée, est restée partagée entre le principe absolu et élevé de l’unité et la méthode anti- unitaire. Ce que les théoriciens avertis de l’unité ont dit est que toute unité, même réactionnaire, est supérieure à une division progressiste. Mais jamais d’unité par la force.
Le tour de la Mauritanie est venu, en 1989, lors de la crise avec le Sénégal, de rappeler, elle aussi, son arabité, voire son arabisme, lorsqu’elle s’est sentie isolée et menacée. Partout, de ‘’l’Atlantique au Golfe’’, ses S.O.S suppliants tombaient dans les chancelleries et ses envoyés désemparés développaient auprès des chefs d’Etats arabes un réquisitoire contre le Sénégal, à la limite de l’intelligible. Les responsables mauritaniens, habitués à travailler en Français, sont peu familiarisés avec la langue arabe orale normée différente du dialecte mais inférieure à la langue littéraire, et ont toutes les peines du monde à soutenir un développement cohérent. Bien souvent ils ont recours à des mots dialectaux incompréhensibles, ou plus grave, à des termes français qui ajoutent à la confusion. On suppose leur message plus qu’on ne le comprend.
Quoiqu’il en soit, Saddam Hussein apporta son soutien à la Mauritanie et il faut bien croire qu’il s’est rappelé, en ce instant, le mot du notable Ghoraïchite, Savouane Ibn Oumeyya , le jour de la bataille de Honeïn. Alors qu’il partageait encore l’idolâtrie avec la tribu des Hawazine lorsqu’on lui annonça la défaite du Prophète Mohamed, qui était ce jour-là à la tête des musulmans, Savouane s’écria : « Malheur à vous qui m’annoncez le triomphe des bédouins Hawazine!>>
Comme il n’a pas eu le temps d’écrire ses mémoires, on ne sut jamais quels sentiments ou quelles pensées traversaient l’esprit de Saddam face à des envoyés qui ont eu le cynisme ou la détresse de lui demander aide au moment où les baathistes étaient sous les verrous en Mauritanie. C’était, en tout cas, franchement aller à Canossa.
Les pays de la périphérie subissent au même titre que les autres Arabes les dégâts et les contre- coups de la guerre générale et continuelle que livre l’Occident aux Arabes sans distinction.
Si certains dirigeants ponctuels ne savent pas qui ils sont, l’Occident sait qui sont leurs peuples.
Dans cette guerre, les Arabes dans leur ensemble, en sont les vaincus, pour le moment. Mais le paradoxe veut que l’Occident ne soit pas le vainqueur. Sans être vainqueur, l’Occident est capable de mener des guerres destructrices et il en mènera toujours d’aussi meurtrières, à l’avenir, ici ou ailleurs. Son bellicisme est structurel, substantiel.
Guerres ruineuses
Après avoir engagé le monde dans la ruineuse course aux armements nucléaires, aux ICBM (missiles balistiques intercontinentaux) , aux ABM (missiles antibalistiques), à la ‘’ mirvisation ‘’ des missiles , autrement dit la substitution d’ogives nucléaires multiples aux têtes nucléaires uniques, à la recherche de ‘’l’arme absolue’’, la fabrication de la bombe à neutrons, qui ‘’tue le bébé sans abîmer le landau’’, il engage le monde dans une nouvelle course aux missiles ‘’ intelligents ‘’ et autres armes télécommandées, sans parler des avions furtifs dont l’Américain F-35, en cours de construction, a déjà coûté 400 milliards de dollars. Mais la dernière trouvaille est l’armée de l’espace.
Pour la paix rien, pour le dialogue avec les autres rien, pour la concorde rien, pour soulager la misère de leurs ‘’amis’’ ou dédommager leurs victimes, rien.
Peu importe que le paradigme des guerres occidentales nous soit fourni par Marx et Lénine ou que par allergie à l’idéologisation qui est un stade d’explication des faits sociaux complexes devant lequel nos esprits, depuis l’enfance tournés ailleurs, s’avouèrent incompétents, nous estimons simplement que c’est la nature hostile de nos adversaires. De toute façon les deux visions convergent vers le même résultat concret, même si l’une est myope et l’autre lucide.
Ce qui ne peut pas faire de doute, c’est que plus la puissance économique et technique de l’Occident grandit, plus sa propension à la guerre augmente. Le paradoxe veut pourtant qu’il ne soit plus en mesure de remporter des guerres et s’il les remporte militairement, il les perd politiquement. Pourquoi ?
Parce qu’il ne mène aucune guerre juste. Il ne fait plus de guerre à ses frontières, ni pour une rectification de frontières, ni pour l’adjonction d’une province perdue, ni pour répondre à une agression, ou un empiétement sur sa souveraineté, ou un droit spolié. Les guerres entreprises sont toujours des guerres lointaines dont la justification est douteuse, le motif peu transparent pour sa population, la localisation, pour elle, incertaine sur une carte. Les populations des pays occidentaux sont sceptiques quant à la nécessité et à l’utilité de ces interventions contre d’autres peuples. En général, elles y sont hostiles et leur éducation et leurs mœurs ont horreur du sang et des injustices.
De plus, la guerre n’est pas une partie de plaisir et elles y perdent des fils, sans raisons, et beaucoup d’argent qui, à leurs yeux, se soustrait aux possibilités d’amélioration de leur bien-être.
Les appelés eux-mêmes ne veulent pas mourir pour une cause obscure, et ne veulent pas mourir tout court, et les volontaires ne sont plus trouvables. Les citoyens des pays occidentaux veulent surtout vivre paisiblement en organisant une vie de bonheur.
Les premières ailes d’une guerre c’est son motif qui mène les gens soit par l’enthousiasme pour une cause, soit par la haine pour un ennemi. Les militaires occidentaux sont envoyés à la guerre animés par aucun de ces sentiments.
Dans cette impasse, on supplée par des appareils, des engins, des techniques et un excès de dépenses. Or une guerre est menée par des hommes et non des engins et surtout par une société motivée et mobilisée, qui accepte les sacrifices requis, soutient ses fils et les pousse à la guerre et au sacrifice. Si c’est une simple opération de l’establishment dominant : gouvernement, Etat-major, services de Renseignement, lobbies des armes et autres institutions intéressées par quelque gain particulier, la population sera nécessairement dubitative, voire inquiète, et au fur et à mesure des dégâts : cercueils et blessés rapatriés, engloutissement de sommes faramineuses, en pure perte, il y a toutes les chances que les peuples rechignent à les poursuivre et, dans certains cas, contraignent les gouvernements à faire machine arrière à des moments délicats, au milieu du gué ou du torrent , avec en prime la perte de crédibilité et de la face et la perspective d’avoir à rendre compte du gâchis engendré pour l’économie , la monnaie , le niveau de vie ou le pouvoir d’achat et même à répondre dans la case droit- de- l’hommiste. Les dirigeants eux-mêmes ne sont plus à l’abri et leur pouvoir s’amincit et devient de gré ou de force, extrêmement éphémère et instable. On dirait qu’ils ont échangé quelque chose avec les pays sous-développés des années 1970 – 1980.
Les guerres des occidentaux prennent, depuis peu, le caractère de frappes, parce que leurs citoyens n’acceptent plus de mourir à la guerre. Dans certaines zones du Tiers-monde, les occidentaux peuvent provoquer des guerres par procuration où les combattants sont locaux, et du coup les morts, les blessés et les dégâts sur l’infrastructure squelettique des pays pauvres.
C’est leur système économique et social qui a créé pour les occidentaux les nombreux handicaps qui les assaillent, un peu comme cette créature vivante dont les rejets sont si nombreux que, finalement, ils l’assiègent et l’empêchent d’avancer.
(A suivre)
Source : Le Calame
Le Mali, la Mauritanie et le futur protectorat de l’Azawad en bordure du Sénégal (Par Babacar Justin Ndiaye)
Après le vacarme électoral et l’investiture sobre du Président Ibrahim Boubacar Keita (le calendrier sino-africain avait bloqué plusieurs chefs d’Etat à Beijing), le compte à rebours a commencé simultanément à Bamako, Nouakchott, Alger et Paris.
Dans cette optique, la lecture et l’analyse de quelques évènements récents ou en cours, pré-dessinent un schéma inspiré par l’Accord de paix d’Alger mais amendé et amélioré dans un sens (présumé) politiquement plus digeste. Un Plan de paix vraiment inédit. Convenons-en, le ver de la partition du Mali était déjà dans le fruit, avant d’être glissé, aux forceps, dans une chemise déposée sur la table de travail d’IBK. En effet, l’Accord d’Alger du 15 mai 2015 constitue, en lui-même, une oraison funèbre pour le Mali, jusque-là, Etat entier et indivisible sur la mappemonde. D’où sa difficile voire sa périlleuse application par le Président de la république qui en est pourtant le cosignataire. Le référendum qui devait constitutionnellement préluder à sa mise en œuvre, est abandonné face à l’énergique réprobation du peuple massivement descendu dans la rue, pour conjurer toute velléité de démantèlement du « Grand-Mali ». Un blocage que la France désireuse de décamper (BARKHANE coûte cher et s’ensable) contourne habilement par le parrainage d’une entité étatique dénommée Azawad qui sera placée sous la tutelle de la Mauritanie. Un Protectorat formellement maintenu dans l’ensemble malien mais étroitement rattaché à la Mauritanie qui le sécurisera, en lieu et place, de l’armée de Bamako définitivement interdite d’accès à Kidal.
Plusieurs faits alertent et intriguent les observateurs. D’après nos confrères du site Africa-Kibaru, une colonne d’une quinzaine de véhicules de l’armée mauritanienne est entrée à Kidal, dans la nuit du 11 au 12 septembre. Le détachement précurseur est commandé par le Colonel Ahmed Mohamed Abdi. Immédiatement, les contacts entre l’officier mauritanien et ses collègues français de BARKHANE ont commencé. Informations ni confirmées ni infirmées par le gouvernement muet de Bamako. Après l’alerte donnée par Africa-Kibaru, Dakaractu a interrogé des journalistes du site Kidal-infos qui ont répercuté des rumeurs persistantes. Des rumeurs qui enflent sans cesse et précisent que la base principale et le PC des soldats mauritaniens seront implantés à Essouk, à 45 km de Kidal. Pour l’instant, selon les derniers échos, le matériel et quelques militaires mauritaniens bivouaquent non loin des Abattoirs de Kidal. Question : Nouakchott pose-t-elle les premiers jalons d’une annexion convenue et, surtout, bénie par Bamako, Alger et Paris ?
En tout cas, chacun des trois pays trouverait des motifs de bénédiction et de satisfaction dans un tel cas de figure. La France allègerait son dispositif puis mettrait progressivement un terme au lourd volet malien de BARKHANE, tandis que l’Algérie serait moins inquiète et plus heureuse de voir l’armée française assez éloignée de sa frontière. Mieux, les Algériens apprécieraient, sans aucun doute, une tutelle rampante de la Mauritanie, un pays ami qui a reconnu, dès 1979, le Polisario. Et qui, demain, stabiliserait l’Azawad, en encadrant la future armée régulière du MNLA. Vu d’Alger, la permanence de la présence et l’accroissement de l’influence de la Mauritanie (pays arabo-africain) seraient le moindre mal dans le Nord-Mali. Quant au Président Mohamed Abdelaziz, il saisirait cette aubaine octroyée par Macron et IBK, pour asseoir son leadership dans le Sahel. Une division géopolitique du travail qui ferait du Président Idriss Déby, le Clausewitz du Sahel et du chef de l’Etat mauritanien, le Bismarck du G5. Dans l’attente de la dissipation du brouillard encore épais autour du débarquement de l’armée mauritanienne à Kidal, admirons la maestria dans cette manœuvre exécutée par le Général Aziz ! Un double champion du coup de poker et du jeu clair-obscur. Après avoir joué sa partition dans la déstabilisation de son voisin, « l’homme fort de Nouakchott » se pose en sauveur du Mali au bord du naufrage.
Pour les milieux bien informés, les visées de la Mauritanie sur le Mali ont fait l’objet d’une d’une réelle planification. Rien n’a été improvisé. Grandement servie par l’histoire et la géographie, la Mauritanie possède une grande et pointue connaissance du Mali (ex-Soudan français) dont elle a avalé, en 1941-1945, les villes de Néma et d’Aïoun el-Atrouss, à la faveur d’un redécoupage territorial subitement opéré par le Gouverneur Christian Laigret. D’où le gros vivier de « Maures de culture bambara » bien éparpillés dans l’administration, la police et les armées mauritaniennes. Le Général Hanena Ould Sidi, nouveau Commandant en chef des Forces du G5 Sahel en est la parfaite illustration.
Natif de Néma (département de Bassiknou), ce n’est pas un hasard, si le Président Abdelaziz en a fait le Patron du QG de Mopti et, par ricochet, le Proconsul du Sahel, une sorte de Général Mc Arthur de la bande saharo-sahélienne. Exactement dans le même que le pugnace Général américain joua, jadis, au Japon et dans le Pacifique. Avant la nomination du Général Hanena Ould Sidi, c’est un autre Maure-bambara, le Colonel Hassan Koné, attaché militaire et haut cadre des services de renseignement mauritaniens qui a supervisé, depuis l’ambassade de Mauritanie à Bamako, tout le processus qui débouche, aujourd’hui, sur le protectorat programmé de l’Azawad. En mai 2014, le Colonel Hassan Koné prépara – en tant qu’éclaireur de pointe – la brève visite de médiation du Président Mohamed Abdelaziz, à Kidal.
Le savoir-faire personnel du Président Mohamed Abdelaziz n’est pas en reste. Bien au contraire. L’action couronnée de succès a été préparée de longue main. En effet, le chef de l’Etat mauritanien a été le parrain et l’artisan, au plan logistique, de la réélection contestée d’IBK. Les gros des moyens de la campagne électorale ont été fournis par Nouakchott. IBK a fait le tour du Mali, à bord d’un avion de « Mauritanie Airways ». Beaucoup de véhicules 4X4 allongeant indéfiniment les cortèges du candidat IBK, gardaient intacts leurs numéros d’immatriculation RIM. Il n’est donc pas étonnant – par voie de conséquence – que la première visite à l’étranger du second mandat d’IBK soit effectuée, le 24 août, en Mauritanie. Avant son investiture. Un axe Bamako-Nouakchott tellement fluide qu’il a accouché de la sous-traitance du destin de l’Azawad, à la Mauritanie. Signe de la complicité du duo Macron- Aziz et, notamment, de l’enchevêtrement des intérêts des deux pays, c’est l’actuel l’ambassadeur de France à Nouakchott, Joël Meyer, qui va incessamment présenter ses lettres de créances à Ibrahim Boubacar Keita, en qualité de nouveau Représentant de la France au Mali. En attendant d’être cumulativement nommé à Kidal.
La partie dissimulée de l’iceberg (la tutelle mauritanienne sur l’Azawad) réside profondément dans les calculs et les arrière-pensées du Président Abdelaziz. Avec l’ajout des Touaregs blancs, c’est une Mauritanie davantage arabo-berbère qui prendra démographiquement forme. Dans le Gotha politique mauritanien, ce sont les tenants du nationalisme et, surtout, du panarabisme hégémonique qui se frottent les mains. La deuxième occasion est ainsi offerte, de réajuster ou de rééquilibrer le peuplement de la Mauritanie de plus en plus noire. Déjà, lors du conflit sénégalo-mauritanien de 1989-1990, certains conseillers de l’ex-Président Maouiya Ould Taya avaient préconisé un transfert massif de réfugiés Touaregs maliens sur la rive mauritanienne du Fleuve Sénégal, en vue de surclasser numériquement les Haal Pulaars, au lendemain des déportations massives.
Comme on le constate, l’agenda de la Mauritanie s’accommode mal de la présence vigilante du Sénégal dans le G5 Sahel. D’où la mise à l’écart de Dakar. Voilà les agissements, d’hier et d’aujourd’hui, d’un voisin avec lequel le Sénégal est en double partenariat gazier et pétrolier. A l’heure des craquements territoriaux et des bouleversements géostratégiques qu’induit le crépuscule de la crise malienne – La Mauritazawad est entrain de naitre – le Sénégal est englué dans le parrainage, alors qu’il a besoin de blindage.