Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 03/09/2018

Mauritanie : un scrutin test et des couacs

Mauritanie : un scrutin test et des couacsLe Point Afrique – Les élections législatives, régionales et locales de ce samedi ont vu certains Mauritaniens contraints de jouer les prolongations pour voter. Pas rassurant à moins d’un an de la présidentielle de mi-2019.

C’est un signe qui ne trompe pas pour illustrer les problèmes d’organisation du scrutin qui vient de se dérouler en Mauritanie. Ce samedi, à 19 heures (GMT et locale), heure prévue pour la fermeture des bureaux, plusieurs centaines d’électeurs attendaient toujours dans la cour du centre de vote de Teyarrett, un quartier populaire de Nouakchott, la capitale, selon le constat d’un correspondant de l’AFP.

«  Tous ceux qui se trouvent à l’intérieur de la cour pourront voter  », ce qui devrait prolonger les opérations de vote jusqu’à «  tard dans la nuit  », a expliqué le président de ce bureau de vote. Le taux de participation s’établissait à 18 h dans une fourchette de 40 à 60 % selon les régions, avec une moyenne nationale de 42 %, a indiqué à l’AFP un membre de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Dans les bureaux de Nouakchott, il était de 50 à 55 % à 19 heures. Contrairement aux précédentes législatives, en 2013, l’opposition y participait, y compris dans ses composantes dites «  radicales  », ce qui porte au nombre record de 98 les partis politiques en lice à ce premier tour, dont les résultats sont attendus en début de semaine. Un éventuel second tour se tiendrait le 15 septembre.

Comment expliquer les cafouillages ?

À ce stade, il y a lieu de s’interroger sur les problèmes d’organisation. Selon certains observateurs, les retards constatés ici et là s’expliquent par les difficultés de certains électeurs à trouver leur bureau de vote. L’emplacement de ces derniers aurait été changé à la dernière minute. Il y a aussi la complexité des opérations de vote : il faut introduire les bulletins dans cinq urnes correspondant à différents niveaux de pouvoir. Peu évident.

«  Nous ne pouvons pas savoir pour le moment quelle est la part de l’incompétence, de l’erreur humaine ou de la volonté de fraude dans ces manquements  », a déclaré en fin de journée un leader de l’opposition, Mohamed Ould Moloud. « Des bureaux de vote entiers ont disparu et leurs électeurs continuent d’errer à Nouakchott sans les retrouver, des électeurs d’une commune ont été transférés vers une autre et il y a des bureaux dont la liste électorale a été multipliée par quatre  », a-t-il poursuivi.

L’épouvantail islamiste

Est-ce la profonde crainte de perdre la main notamment face aux islamistes qui explique ces cafouillages sur lesquels beaucoup s’interrogent ? En tout cas, pendant la campagne, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé que le pays était « en danger » à cause d’une opposition divisée entre, selon lui, «islamistes dangereux, extrémistes racistes et des résidus d’anciens régimes ayant mis le pays à genoux ». « Nous devons les tenir loin des affaires par un vote massif pour l’UPR », le parti présidentiel, a-t-il dit, après avoir affirmé que les islamistes « n’attendent que leur échec politique pour prendre les armes  ».

«C’est M. Aziz qui a pris les armes contre un régime élu et assassiné la démocratie », a rétorqué un responsable du parti islamiste Tewassoul, Jemil Ould Mensour. Faut-il le rappeler ? Le président Aziz, ancien général, est arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2008, avant d’être élu en 2009 et réélu en 2014. Bien qu’il se soit engagé à maintes reprises à ne pas tenter de modifier la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, il n’a pas apaisé les soupçons de l’opposition.

Pour le moment, son parti, l’UPR, large vainqueur des législatives de 2013 boycottées par la quasi-totalité de l’opposition radicale, mise pour convaincre sur «une croissance retrouvée et un indice de pauvreté ramené à 31 %, contre plus de 40 % en 2008», dans un pays d’un peu moins de quatre millions d’habitants avec un taux d’alphabétisation demeuré faible. En face, l’opposition argumente et dénonce «une forte baisse du pouvoir d’achat et des indices de développement classant la Mauritanie au bas de l’échelle à tous les niveaux ».

Le pouvoir «satisfait» du déroulement de la campagne électorale

En tout cas, en ce samedi, après avoir voté dans la matinée, le président Aziz ne s’est pas gêné pour se féliciter du «caractère apaisé et tout à fait démocratique» de la campagne, ce qui n’a pas fait oublier les invectives entre majorité et opposition de son pays engagé aux côtés de ses alliés régionaux et de la communauté internationale dans la lutte contre le djihadisme au Sahel.

Alors qu’opposants et ONG dénoncent régulièrement des atteintes aux droits de l’homme, l’ancien sénateur Mohamed Ould Ghadda, inculpé pour «corruption», a retrouvé samedi la liberté après plus d’un an en détention provisoire, bien qu’il ait refusé de signer les conditions de son contrôle judiciaire, dont une interdiction de quitter le territoire, selon son avocat. Il avait pris l’an dernier la tête d’une fronde contre la suppression du Sénat voulue par le président Aziz. Le texte a finalement été adopté en août 2017 lors d’un référendum boycotté par une partie de l’opposition.

Le Point Afrique (avec AFP)

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Libération de Mohamed ould Ghadda

Mauritanie : un scrutin test et des couacsMohamed ould Ghadda, ancien sénateur, meneur de la fronde de la chambre haute du parlement de  Mauritanie (supprimée par voie référendaire le 05 août 2017) contre un projet de révision constitutionnelle initié par le président Mohamed ould Abdel Aziz, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire ce week-end, après une année de détention préventive, selon une annonce du collectif des avocats de la défense, rendue publique samedi soir.
Mohamed ould Ghadda est poursuivi dans le cadre d’une instruction pour présomption « de corruption » ouverte le 01 septembre 2017.
Celle-ci implique également 11 autres  anciens sénateurs, des syndicalistes et des journalistes, tous  placés sous contrôle judiciaire depuis une année.
Cette libération est le fruit d’une bataille judiciaire acharnée, mais aussi « de pressions  faites par les organisations de défense des droits humains, des organismes internationaux relevant du système des Nations Unies (ONU), qui ont, à juste raison, considéré que la détention de Mohamed ould Ghadda est abusive, qu’elle est contraire à la loi et qu’elle viole les engagements  souscrits par le gouvernement vis-à-vis de la communauté internationale tout entière ».
Ces différents acteurs « ont exigé la libération » de l’ex sénateur, et « son indemnisation pour le grave préjudice qu’il a subi du fait d’actes liberticides  commis à son encontre ».
Ce retour à la liberté de Mohamed ould Ghadda a pris la forme d’un véritable feuilleton.
En effet, opposé au principe d’une libération provisoire assortie d’une mesure de contrôle judiciaire, après une année de détention préventive, l’ancien sénateur  refusa  de sortir de la prison de Dar Naim. Son  cas se transformait ainsi en véritable patate chaude pour les autorités pénitentiaires.
Il fut extrait de force de la maison d’arrêt,  et conduit dans les locaux de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), vendredi soir, pour d’interminables tractations qui ont duré jusqu’au samedi.
Une période pendant laquelle ses avocats étaient dans l’impossibilité de le rencontrer.
Ce qui, explique un communiqué du collectif des conseils de la défense, selon est une nouvelle forme de séquestration.

 

le calame