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Vers la fin de la campagne électorale : Morosité
La campagne électorale pour les élections municipales, régionales et législatives tire à sa fin. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la première semaine aura été très morose. Pour cause, les préparatifs de la Fête du mouton. Dans une situation marquée du sceau de la rareté des ressources, les citoyens avaient la tête ailleurs. Les candidats n’ont guère pu apporter de billets pour aider aux dépenses du Sacrifice. Mais, ce ne sont pas seulement les citoyens lambda qui tirent le diable par la queue, en cette période particulièrement difficile. Nombre de partis politiques ayant décidé, non sans contrainte, de s’engager dans les élections, afin de ne pas être rayés de la très longue liste de ceux-ci, se débattent dans des difficultés sans fin, pour battre campagne. Ceux qui comptaient sur la subvention annuelle ont vite déchanté. Le gouvernement ne semble pas décidé à ouvrir ses coffres. Résultats des courses, les partis, excepté les nantis, se débrouillent pour rencontrer les électeurs, ouvrir des sièges de campagne dans les quartiers, villes et villages. Sous Ould Taya, les campagnes électorales étaient, pour certains, de bonnes occasions de se refaire une petite santé financière. Même les plantons des services de l’État arrivaient à disposer de véhicules, carburant et argent de poche, pour aller « battre campagne » pour le parti au pouvoir. Les imprimeries et ateliers de calligraphie tournaient à plein régime, tandis que les agences de location de voitures peinaient à satisfaire la demande des clients. Les vendeuses ou loueuses de tentes ne se plaignaient pas, non plus. De mauvaises pratiques, au final, qui ont fortement contribué à dénaturer, voire prostituer, la politique. Chacun y allait de son « p’tit bénéf », du plus simple citoyen au plus haut cadre. Légitime, diront certains… Mais, aujourd’hui, si les gens traînent les pieds, c’est qu’ils attendent les commerçants de la politique dont beaucoup, convaincus de ce qu’ils vont perdre leur récépissé, craignent de perdre leur sous. Selon un candidat, plusieurs présidents de parti ont expliqué qu’il ne fallait pas délier les cordons de la bourse à la veille de la Fête, parce que les citoyens, ayant tout dépensé pour celle-ci, en demanderaient davantage dès le lendemain. Mais peut-on faire la moindre omelette sans casser d’œufs ? Sous Ould Abdel Aziz, la période de grâce n’aura été que de courte durée. Ce fut seulement en 2009 que l’argent coula à flots, grâce à Ould Bouamatou, devenu, depuis, l’homme à abattre du régime actuel. L’homme soutenait son cousin mais arrosa les Mauritaniens de tout bord politique. De l’argent, des maisons, des voitures furent gracieusement distribués, pour soutenir le candidat Ould Abdel Aziz. Depuis, les temps ont changé. Beaucoup même. Lutte contre la gabegie ? Aujourd’hui, on est loin de cette époque. Même les proches du pouvoir s’en plaignent, en aparté, obligés, pour certains, de casquer afin de défendre les candidats du pouvoir. À Nouakchott où le nombre de listes candidates a pourtant explosé, les animations de campagne ne sont pas au niveau de 2013. C’est seulement au lendemain de la fête que portraits et dépliants de campagne ont commencé à fleurir, le long des grands axes et autour des grands carrefours de la métropole. Ceux qui prétendent diriger les communes et les régions de Nouakchott, tout comme ceux qui espèrent siéger à l’Assemblée nationale se présentent à nous dans toute une panoplie de signes et portraits. Les uns avec le V de la victoire, les autres avec des regards ou des têtes bien peu rassurantes. Tous les signes, logos et insignes y passent : téléphones, lampes à pétrole, voitures, robinets, avions, vaches, chameaux, éléphants même… Avec cette pléthore de partis, il devient très difficile d’arborer le bon logo. Un bric-à-brac qui prouve surtout le peu de créativité de nos politiques. Mais, bref, la compétition sera très rude et que le meilleur gagne ! Dans la transparence, of course… Cela dit, la campagne a été surtout marquée par l’injonction du président de la République « d’octroyer, à l’UPR, une majorité écrasante, à l’Assemblée nationale ». De quoi lui ouvrir les portes d’un troisième mandat ? Une implication en tout cas fortement dénoncée, par l’opposition qui estime qu’Ould Abdel Aziz sort de son rôle de président de tous les Mauritaniens qui l’oblige à rester équidistant entre les différentes chapelles politiques. Mais, au final, l’intervention présidentielle ne serait-elle pas surtout l’aveu, comme lors de la campagne du referendum de l’an dernier, de l’incapacité de l’UPR à gagner seule le combat ? Lors du referendum, le Président avait justifié son engagement dans la campagne par le fait que la majorité présidentielle était incapable de relever le défi. Y aurait-il, à nouveau, de l’eau dans le gaz ?
DL
le calame
O. Bouamatou : « ma vie est menacée et la mort du président Ely est suspecte »
Fervent soutien du président Mohamed O. Abdel Aziz lors de sa candidature aux élections présidentielles en 2009, avant que la situation entre les deux hommes ne se dégradent et que l’homme d’affaires mauritaniens, qui vit en exil volontaire depuis quelques années, ne devienne le farouche opposant à son allié d’hier.
L’inimitié entre les deux hommes a amené le pouvoir du président O. Abdel Aziz à lancer un mandat d’arrêt international à l’encontre de Mohamed O. Bouamatou dont les avoirs bancaires, dans le pays, ont été saisis et gelés suite à une décision judiciaire du parquet mauritanien.
Dans un article publié mercredi, l’homme d’affaires mauritanien affirme qu’il sait que sa vie est continuellement menacée, révélant que des personnes avaient été chargées d’exposer sa vie au danger.
« Loin de craindre ces menaces, a encore dit O. Bouamatou, celles-ci ne feront que renforcer ma détermination à poursuivre le combat jusqu’à terme, afin de réaliser mon rêve, celui de voir mon pays un véritable état de droit où tous les citoyens jouissent de la liberté, la justice et l’égalité des chances ».
Mohamed O. Bouamatou, pour qui l’ancien président Ely O. Mohamed Vall était mort dans « des circonstances suspectes », a promis de révéler un jour, les dessous de cette mort suspecte.
« Je m’engage, a écrit O. Bouamatou, de dévoiler un jour, les conditions suspectes de la mort de mon frère et ami, Ely O. Mohamed Vall, parti dans des circonstances dramatiques et mystérieuses ».
L’homme d’affaires mauritanien a dénoncé les politiques du régime en place en Mauritanie, qui « croupit sous une dictature féroce » avant d’appeler les citoyens mauritaniens à voter pour l’opposition et de refuser les choix du régime.
« Notre seul adversaire, a encore dit O. Bouamatou est la dictature et notre slogan doit être tout sauf la dictature ».
L’homme d’affaires mauritanien a enfin appelé à « la désobéissance civile » et au boycott de toutes les activités organisées par le régime.
saharamedias
Appel à la résistance contre la tyrannie (Par Mohamed Ould Bouamatou)
Voilà dix ans que notre peuple souffre sous une dictature brutale et impitoyable. Voilà dix ans que la Mauritanie est prise en otage par un rebelle qui s’est emparé du pays par un coup de force militaire pour installer un pouvoir personnel sans partage et faire main basse sur les biens de l’Etat et les ressources de la Nation.
Voilà dix ans que nos libertés sont bafouées et nos concitoyens exposés aux pires avanies de la police politique. Il ne se passe pas un jour sans que des opposants, des militants de droits de l’homme ou des journalistes sont arrêtés et jetés en prison.
Des artistes engagés sont persécutés et contraints à l’exil. Des sénateurs, des syndicalistes et des journalistes sont placés sous le contrôle de la police avec confiscation de passeports et interdiction de voyage. Des mandats d’arrêts illégaux sont lancés contre des hommes politiques et des hommes d’affaires dont les biens sont arbitrairement saisis en connivence avec une justice aux ordres.
Un climat de terreur et d’intimidation est entretenu pour étouffer toute velléité de contestation. Voilà dix ans que la corruption et la gabegie gangrènent notre pays. Toute notre économie est mise au service d’un dictateur et d’une poignée d’individus autour de lui, qui sucent le sang du peuple comme des sangsues. Voilà dix ans que le secteur privé et les banques sont soumis à un racket permanent du régime et font l’objet d’un chantage éhonté.
Quand ils financent les frasques du régime, il font preuve d’« acte de patriotisme » et quand ils financent l’opposition, ils sont accusés de corruption et de haute trahison. Le terrorisme d’Etat que le régime exerce sur les citoyens est pire que le terrorisme qui sévit contre les populations dans la région du Sahel.
Aujourd’hui, alors qu’il est à quelques mois de la fin de son second mandat, le tyran veut, coûte que coûte, modifier le texte de la Constitution qui lui interdit de briguer un troisième mandat. Tourmenté par la hantise de quitter le pouvoir et pris de panique à l’idée de devoir rendre compte de ses méfaits, il n’hésite pas à diriger personnellement, au mépris de la Constitution, la campagne électorale du parti fantoche qu’il a créé. Sillonnant le pays avec les moyens de l’Etat, il s’emploie à menacer et intimider les hommes politiques et les citoyens afin de les contraindre à voter pour la perpétuation de la dictature.
Face au grave péril qui menace l’avenir de notre pays, je lance un appel à tous les partis de l’opposition, les organisations de la société civile, les syndicats et à toutes les forces vives du pays pour faire échouer les desseins irresponsables et criminels du dictateur. Nous devons taire nos différences et unir nos forces dans un élan patriotique. Nous avons tous l’impérieux devoir d’être solidaires dans cette épreuve décisive pour le destin de la Nation.
Le seul adversaire qu’il faut battre, c’est la dictature. Notre mot d’ordre doit être « tout sauf la dictature ». Notre lutte ne s’arrêtera pas aux élections mais continuera jusqu’à la libération totale de notre pays du joug de la dictature et de l’infamie des marchands d’otages et des escrocs du Ghanagate.
J’en appelle aussi aux dirigeants des partis de la “majorité“ et aux personnalités indépendantes qui se sont présentées sous leurs couleurs de voter contre le parti des comparses de la dictature. Vous devez laver l’affront du tyran qui vient de renier tout lien avec vous en appelant à voter uniquement en faveur de son parti godillot.
Fidèle à son ingratitude légendaire, il s’est servi de vous pour faire passer ses forfaits contre le peuple et la Constitution. Maintenant qu’il pense ne plus avoir besoin de vous, le voilà qui vous humilie en vous traitant comme quantité négligeable. Le tyran n’a pas de parole.
Si vous ne prenez pas vos responsabilités, si vous continuez à soutenir le dernier Yahya Jammeh de la région, vous le regretterez un jour, de la même manière que moi je regrette aujourd’hui de l’avoir fait. Celui qui n’a pas respecté son serment devant Allah le Tout-puissant après avoir juré sur le Saint Coran, ne saurait respecter ses engagements vis-à-vis des hommes.
A tous les Mauritaniens, aux femmes et aux jeunes de Mauritanie, je lance un appel pour cesser toute forme d’activité ou de commerce avec le dictateur et ses acolytes. Il s’agit d’une petite bande de malfaiteurs dont chacun des membres est bien connu de vous. Ils ont saigné à blanc l’Etat et les entreprises publiques.
Partis de rien, ils sont devenus richissimes en fort peu de temps grâce aux passe-droits et aux facilités fiscales exorbitantes leur permettant d’évincer toute concurrence. Leur fortune est faite sur votre dos. N’achetez pas les produits qu’ils vendent sans jamais acquitter les droits de douanes. Ne traitez pas avec les banques qu’ils ont créées pour le blanchiment de l’argent sale.
Ne travaillez pas avec leurs sociétés écrans pour lesquelles ils ont imposé le monopole des prestations pour les sociétés minières et pétrolières. N’acceptez pas de travailler dans leurs usines, nisur leurs bateaux dont les licences de pêches ont été accordées par népotisme en violation de la loi et au détriment des professionnels mauritaniens du secteur.
Refusez de travailler sur les terres agricoles qu’ils ont usurpées dans la vallée au détriment de leurs propriétaires légitimes. Ne travaillez pas dans leurs chantiers dissimulés tels l’école de police et autres immeubles extorqués au domaine public.
Refusez de débarquer leurs marchandises importées sans paiements de taxes, ni de droits de douanes. Ne payez pas les impôts tant qu’eux-mêmes ne les payent pas. Face à la loi de la jungle appliquée par le régime, proclamez la désobéissance civile. Révélez au grand jour les pratiques maffieuses du régime et dénoncez ses crimes abominables.
La jeunesse de notre pays est à la pointe du combat contre le despotisme. Jeunes de Mauritanie, vous êtes les principales victimes de la dégradation de l’enseignement et du chômage endémique qui frappe le pays. Vous avez une responsabilité capitale dans l’avènement du changement. Intensifiez la lutte contre la dictature jusqu’à la libération du Président BiramOuld Dah Ould Abeid et du sénateur Mohamed Ould Ghadda qui donnent un exemple magnifique de courage et de sacrifice face à l’oppression féroce du régime.
Jeunes de Mauritanie, vous tenez entre vos mains votre destin et celui de votre pays. Agissez avant que la turpitude du monstre ne conduise notre pays à un sort pire que celui de la Somalie. Votez contre la tyrannie. Votez pour les partis de l’opposition.
Votre vote est décisif. Protégez-le en barrant la route à la fraude, à la duplicité et au mensonge érigés en méthode de gouvernement. Le dictateur a entrepris une gigantesque opération de fraude avec l’utilisation des moyens de l’Etat, l’asservissement de l’Administration, la menace et l’intimidation des électeurs. Mais la révolte des consciences est plus forte que la brutalité de l’oppression.
Le tyran peut bien saisir nos biens. Ce n’est pas l’argent qui compte le plus dans la bataille que nous engageons mais notre volonté et notre détermination à abattre la dictature. Le Mahatma Gandhi a libéré l’Inde de la colonisation alors qu’il n’avait pour toute fortune qu’un pagne blanc, une chèvre et des sandales. Par la résistance et l’activisme, faites que ces élections soient un raz-de-marée qui emportera le tyran et ses acolytes.
Pour ma part, je m’engage, pour le restant de mes jours, à lutter inlassablement pour l’avènement d’une Mauritanie libre et démocratique, une Mauritanie débarrassée du sinistre Basepet de tous les stigmates de la dictature, une Mauritanie où le citoyen se sent en sécurité sans risque d’être agressé ni inquiété arbitrairement, une Mauritanie qui vit dans « la justice à l’intérieur et la paix avec l’extérieur» et notammentles pays voisins.
Je sais que je suis continuellement menacé. Des barbouzes étrangers sont payés pour attenter à ma vie. Mais, loin de me faire peur, ces menaces ne font que renforcer ma détermination pour continuer à me battre jusqu’au bout pour la réalisation de mon rêve, celui de voir mon pays devenir un Etat de droit où tous les citoyens jouissent de la liberté, de la justice et de l’égalité des chances, un Etat où sont bannies à jamais la famine, la soif et tous les syndromes de la pauvreté et de l’ignorance.
Mon ambition est de voir mon pays devenir un Etat où le pouvoir n’est pas un raccourci pour l’enrichissement, où les droits de l’homme sont respectés, l’alternance pacifique assurée et le pouvoir du président limité à deux mandats, successifs ou non. Mon vœu le plus cher est de voir la Mauritanie devenir, un jour, la Norvège de l’Afrique de L’Ouest.
C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à nos vaillantes forces armées qui sont conscientes que l’armée n’est pas faite pour opprimer le peuple, ni défendre une personne ou un clan mais le pays tout entier. Sa noble et exaltante mission est de sauvegarder la patrie, l’intégrité du territoire et la souveraineté de la Nation.
Je prends l’engagement solennel d’élucider, un jour ou l’autre, les circonstances de la mort suspecte de mon frère et ami, feu le Président Ely Ould Mohamed Vall, tragiquement disparu dans des conditions encore mystérieuses.
A tous les Mauritaniens épris de justice et de dignité, je lance un appel à la résistance. Le temps est venu de briser les chaines de l’esclavage dans lequel le tyran veut maintenir notre peuple. Quelque soit la force des ténèbres, elles ne peuvent empêcher le jour de se lever. Aucune force au monde ne peut sauver les dictateurs quand vient l’heure de leur déchéance.
Mohamed Ould Bouamatou
mauriweb
Mauritanie : face au président Abdel Aziz, Bouamatou appelle à la « désobéissance civile » et affiche ses ambitions
Dans un « appel à la résistance contre la tyrannie » qu’il vient de lancer, l’opposant et homme d’affaire mauritanien, Mohamed Ould Bouamatou, a tiré à boulets rouges sur la gouvernance du président Mohamed Ould Abdel Aziz et ses velléités de briguer un 3e mandat.
C’est la première sortie politique de l’ex-allié du chef de l’Etat mauritanien qui a été contraint ces dernières années à l’exil à la suite de son divorce avec le régime de Nouakchott et qui prône désormais et ouvertement la lutte contre « la dictature ».
Avec cette sortie, Mohamed Ould Bouamatou se pose désormais en opposant en chef du président Adbdel Aziz et promet l’avènement d’une nouvelle Mauritanie, ce qui confirme les ambitions présidentielles que certains lui prêtaient depuis belle lurette. C’est désormais à visage découvert que l’homme d’affaires mauritanien, Mohamed Ould Bouamatou, monte au front contre le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Dans un « appel à la résistance contre la tyrannie » qu’il vient de publier, l’opposant en exil n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire tout le mal qu’il pense de la gouvernance de son ex-allié, « le dernier Yahya Jammeh de la région », qu’il promet désormais de « combattre inlassablement jusqu’à l’avènement d’une Mauritanie libre et démocratique ».
C’est la première sortie publique de l’homme d’affaires qui a été ces derniers temps, et depuis son divorce avec le pouvoir de Nouakchott, dans laquelle il assume pleinement son opposition au président Abdel Aziz, tout en confirmant les ambitions présidentialistes que certains analystes lui prêtaient depuis belle lurette. Bien qu’il n’ai pas fait acte de candidature, l’appel qu’il vient de lancer ressemble fort bien au lancement d’un mouvement politique qui a déjà son mot d’ordre tout trouvé, « tout sauf la dictature ».
« Voilà dix ans que notre peuple souffre sous une dictature brutale et impitoyable. Voilà dix ans que la Mauritanie est prise en otage par un rebelle qui s’est emparé du pays par un coup de force militaire pour installer un pouvoir personnel sans partage et faire main basse sur les biens de l’Etat et les ressources de la Nation. Voilà dix ans que nos libertés sont bafouées et nos concitoyens exposés aux pires avanies de la police politique.
Il ne se passe pas un jour sans que des opposants, des militants de droits de l’homme ou des journalistes sont arrêtés et jetés en prison. Des artistes engagés sont persécutés et contraints à l’exil. Des sénateurs, des syndicalistes et des journalistes sont placés sous le contrôle de la police avec confiscation de passeports et interdiction de voyage.
Des mandats d’arrêts illégaux sont lancés contre des hommes politiques et des hommes d’affaires dont les biens sont arbitrairement saisis en connivence avec une justice aux ordres. Un climat de terreur et d’intimidation est entretenu pour étouffer toute velléité de contestation », épingle Ould Bouamatou dans son message.
La sortie de l’opposant et homme d’affaires n’est pas fortuite bien qu’elle intervienne dans un contexte électoral avec la campagne pour les élections législatives de septembre prochain. Elle intervient quelques jours après une nouvelle sortie publique du président Mohamed Ould Abdel Aziz dans laquelle il dévoila, mais toujours de manière ambiguë, des velléités pour un troisième mandat.
Le vendredi 24 Août dernier lors d’un meeting de son parti à Rosso une localité du sud du pays à la frontière du pays, le président a appelé la population à voter pour les candidats de l’Union pour la République (UPR), « pour la poursuite des projets et programmes de développement en cours ».
« Ceux qui parlent souvent de troisième mandat doivent d’abord gagner les législatives et permettre à l’UPR d’obtenir une majorité écrasante au Parlement, car cette majorité est indispensable pour continuer la réalisation de nos projets en cours », a lancé le président Abdelaziz.
Des propos qui ajoutent à la confusion sur les réelles intentions du président qui, légalement, arrivera au terme de ses deux mandats de cinq ans en avril 2019 et qui ont déjà provoqué une levée de boucliers de l’opposition politique regroupée au sein Front national pour la démocratie et l’unité (FNDU).
La balle au rebond
C’est donc dans la même lancée de la fronde qu’entend mener l’opposition contre le régime d’Abdel Aziz et ses intentions de prolonger son bail à la tête du pays que s’est arrimé, Mohamed Ould Bouatmou qui n’a pas fait dans l’économie des mots les plus acerbes pour tirer un bilan des dix ans au pouvoir de l’ancien militaire putschiste qu’il a pourtant soutenu lors de sa reconversion en démocrate. « Voilà dix ans que la corruption et la gabegie gangrènent notre pays.
Toute notre économie est mise au service d’un dictateur et d’une poignée d’individus autour de lui, qui sucent le sang du peuple comme des sangsues », assène l’opposant qui a eu maille avec la justice et les autorités du pays, depuis son divorce avec Abdel Aziz.
« Aujourd’hui, alors qu’il est à quelques mois de la fin de son second mandat, le tyran veut, coûte que coûte, modifier le texte de la Constitution qui lui interdit de briguer un troisième mandat. Tourmenté par la hantise de quitter le pouvoir et pris de panique à l’idée de devoir rendre compte de ses méfaits, il n’hésite pas à diriger personnellement, au mépris de la Constitution, la campagne électorale du parti fantoche qu’il a créé.
Sillonnant le pays avec les moyens de l’Etat, il s’emploie à menacer et intimider les hommes politiques et les citoyens afin de les contraindre à voter pour la perpétuation de la dictature », estime Ould Bouamatou.
Pour Mohamed Ould Bouamatou, « face au grave péril qui menace l’avenir de notre pays », tous les partis de l’opposition, les organisations de la société civile, les syndicats doivent se mobiliser pour « faire échouer les desseins irresponsables et criminels du dictateur ». « Nous devons taire nos différences et unir nos forces dans un élan patriotique. Nous avons tous l’impérieux devoir d’être solidaires dans cette épreuve décisive pour le destin de la Nation », poursuit-il, promettant que cette lutte ne s’arrêtera pas aux élections, « mais continuera jusqu’à la libération totale de notre pays du joug de la dictature et de l’infamie des marchands d’otages et des escrocs du Ghanagate ».
Projet politique et ambitions présidentialistes
Pour l’heure, l’homme d’affaires se contente d’appeler à la mobilisation contre le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. Il s’est en ce sens adressé, en plus de l’opposition politique, aux dirigeants des partis de la majorité, aux personnalités indépendantes sans oublier des appels de pied aux jeunes, « principales victimes de la dégradation de l’enseignement et du chômage endémique qui frappe le pays », mais aussi aux forces armées, « qui sont conscientes que l’armée n’est pas faite pour opprimer le peuple, ni défendre une personne ou un clan mais le pays tout entier ».
Appelant à un vote massif en faveur des partis de l’opposition lors du prochain scrutin, Bouamatou plaide, pèle-mêle, au boycott actif du régime, ainsi qu’à la désobéissance civile. « Votre vote est décisif. Protégez-le en barrant la route à la fraude, à la duplicité et au mensonge érigés en méthode de gouvernement », appelle le nouvel opposant qui souligne que « le dictateur a entrepris une gigantesque opération de fraude avec l’utilisation des moyens de l’Etat, l’asservissement de l’Administration, la menace et l’intimidation des électeurs».
L’homme d’affaires qui a passé une bonne partie de son récent exil au Maroc avant de s’envoler pour Londres n’a pas manqué de revenir sur son cas avec la saisie de certains de ses biens et le gel de ses comptes. « Le tyran peut bien saisir nos biens.
Ce n’est pas l’argent qui compte le plus dans la bataille que nous engageons mais notre volonté et notre détermination à abattre la dictature », estime toutefois celui qui n’hésite pas à faire le parallèle avec Gandhi, « qui a libéré l’Inde de la colonisation alors qu’il n’avait pour toute fortune qu’un pagne blanc, une chèvre et des sandales ».
Si pour l’heure, il prône « la résistance et l’activisme », tout en appelant à faire que les prochaines élections « soient un raz-de-marée qui emportera le tyran et ses acolytes », Bouamatou a aussi profité pour dévoiler ce qui ressemble bien à des ambitions politiques.
« Pour ma part, je m’engage, pour le restant de mes jours, à lutter inlassablement pour l’avènement d’une Mauritanie libre et démocratique, une Mauritanie débarrassée du sinistre Basep et de tous les stigmates de la dictature, une Mauritanie où le citoyen se sent en sécurité sans risque d’être agressé ni inquiété arbitrairement, une Mauritanie qui vit dans “la justice à l’intérieur et la paix avec l’extérieur” et notamment les pays voisins », lance Ould Bouamatou.
« Je sais que je suis continuellement menacé » poursuit l’homme d’affaires qui affirme que « des barbouzes étrangers » sont payés pour attenter à sa vie. Mais, ajoute-t-il, loin de lui faire peur, « ces menaces ne font que renforcer [sa] détermination pour continuer à [se] battre jusqu’au bout pour la réalisation de [son] rêve, celui de voir [son] pays devenir un Etat de droit où tous les citoyens jouissent de la liberté, de la justice et de l’égalité des chances, un Etat où sont bannies à jamais la famine, la soif et tous les syndromes de la pauvreté et de l’ignorance ».
Selon lui, son ambition est de voir la Mauritanie devenir un Etat où le pouvoir n’est pas un raccourci pour l’enrichissement, où les droits de l’homme sont respectés, l’alternance pacifique assurée et le pouvoir du président limité à deux mandats, successifs ou non. « Mon vœu le plus cher est de voir la Mauritanie devenir, un jour, la Norvège de l’Afrique de L’Ouest », annonce comme projet politique celui qui a pris « l’engagement solennel d’élucider, un jour ou l’autre, les circonstances de la mort suspecte de [son] frère et ami, feu le président Ely Ould Mohamed Vall, tragiquement disparu dans des conditions encore mystérieuses ».
Tout un programme politique qu’il va devoir désormais traduire en acte et surtout structurer, en se faisant d’abord une place au sein de l’opposition. Bien qu’on lui prête des puissants réseaux sur l’échiquier politique mauritanien ainsi que des relais dans le secteur privé et à l’étranger, la partie qu’il inaugure avec ce nouvel engagement politique, s’annonce semée d’embûches pour Ould Bouamatou, qui comme beaucoup de ses semblables de la même trempe en Afrique, va devoir pour le moment endosser le rôle d’opposant de l’extérieur.
Par Aboubacar Yacouba Barma
cridem
Aziz : « des extrémistes soutenus de l’extérieur prennent part aux prochaines élections »
Le président Mohamed O. Abdel Aziz a déclaré que des opportunistes à l’étranger et des extrémistes à l’intérieur du pays soutenus de l’étranger prennent part aux élections législatives, locales et régionales prévues le 1er septembre.
- Abdel Aziz s’exprimait à Aioun, lors d’une réunion avec les cadres, les élus et les représentants des acteurs sociaux de la wilaya du Hodh El Gharbi.
Pour O. Abdel Aziz, aux côtés de l’union pour la république, prennent part aux prochaines élections des opportunistes et des extrémistes locaux, porteurs de projets extérieurs et des partis d’opposition dont les premiers responsables au passé connu de tous.
« Il est inacceptable, a encore dit O. Abdel Aziz que des militants de l’UPR au pouvoir et ses délégations puissent soutenir des listes ou d’autres choix que ceux du parti quelque soit les erreurs ou les observations portées contre le parti ».
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