Daily Archives: 01/08/2018
L’Editorial du Calame : Bienvenue au cirque !
Dans un mois jour pour jour, les Mauritaniens sont appelés à élire leurs conseils régionaux, députés et maires, dans une opération qui s’apparentera plus à une foire d’empoigne qu’à des élections proprement dites.
À part une dizaine de formations qui peuvent se prévaloir de programme plus ou moins cohérent, la centaine d’autres qui se lanceront dans la bataille n’ont de partis que le nom. La décision du gouvernement de dissoudre tout parti qui ne se présente pas à deux consultations électorales successives ou n’obtient pas plus de 1 % de votants les a soudainement réveillés de leur torpeur.
Résultat des courses : certains ont cédé leurs partis gracieusement, d’autres ont carrément vendu des places sur leurs listes – les meilleures, bien évidemment –, tous ont accueilli des mécontents, particulièrement du parti/État qui n’est pas parvenu à satisfaire les demandes des milliers de candidats à la candidature.
Rien qu’à Nouakchott, plus de quarante listes se disputeront les suffrages des électeurs, dans chaque moughataa, sans compter les listes nationales qui dépassent la centaine. A l’intérieur du pays, la concurrence, aiguisée par les enjeux locaux et un tribalisme exacerbé, fait voler l’électorat en éclats.
Avec de non-négligeables risques de débordement. Face à cette inflation de candidats, de partis et de logos, comment la Commission électorale pourra-t-elle confectionner les bulletins de vote, les acheminer à l’intérieur du pays dans des délais aussi courts ; en bref, organiser des élections transparentes et crédibles ? Cela relève, au bas mot, des travaux d’Hercule.
Et, si jamais la consultation est organisée comme prévu, comment les électeurs arriveront-ils à s’y retrouver, avec autant de bulletins de vote ? Lors des élections de 2013, avec moins de formations politiques, le parti arrivé en tête fut celui des bulletins nuls.
Imaginez le pauvre citoyen perdu, derrière l’isoloir, avec des logos pleins la tête, ne sachant pas quoi faire. Ce serait un miracle si tout le monde réussissait à voter correctement. Une fois l’opération achevée, ce qui ne sera pas une mince affaire, il est illusoire de penser un instant qu’un parti pourrait obtenir une majorité à l’Assemblée nationale.
L’UPR – PRDS nouvelle version, l’argent en moins – risque de payer très cher ses mauvais choix. Il est contesté partout et certains gros bonnets n’hésitent plus à soutenir ouvertement des listes concurrentes.
L’opposition risque, elle aussi, de faire les frais de ses atermoiements et de son manque de moyens. Beaucoup de petits partis devraient, du coup, profiter de la situation et, jouant sur la fibre tribale et régionale, obtiendront des postes de maire et de député un peu partout dans le pays.
En temps normal, il aurait été pratiquement impossible de fédérer autant de monde dans une majorité parlementaire mais les choses ont changé en catimini. La loi sur la transhumance politique a été abrogée en douce et n’importe quel député peut quitter son parti et conserver son mandat.
Sentant le vent du boulet, Ould Abdel Aziz a voulu prendre les devants et préparer, comme en 2006, un bataillon de députés, issus de divers horizons, pour se constituer, au final, une majorité à sa botte. Et si tout ceci n’était, somme toute, qu’un cirque destiné nous faire avaler, au final, de nouvelles couleuvres ?
Ahmed Ould Cheikh
le calame
Droits de l’homme : Les veuves empêchées de voyager à Genève protestent contre les propos du porte-parole du gouvernement
Les veuves, orphelins et rescapés militaires, qui devraient se rendre à Genève pour assister à la 64e réunion sur les droits de l’homme et que la police avait interdit de sortie du territoire, s’élèvent vigoureusement les propos du prote-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh les accusant, d’avoir tenté de voyager clandestinement avec de faux visas. La délégation des veuves était invitée par HRW et devrait s’envoler, le dimanche, le 21 pour Genève, mais c’était sans compter avec les autorités mauritaniennes.
Dépêchées au Calame par la présidente du collectif des veuves, , Madame Houleye Sall, la vice-présidente, Aissata Anne et la chargée de communication, Aissata Alassane Diallo, ont tenu à protester vigoureusement contre les accusations du ministre porte-parole du gouvernement, selon lesquelles, Aissata Anne, Maimouna Alpha Sy, Aissata Alassane Sarr, Baba Traoré, et Sy Yaya ont tenté de voyager clandestinement à Genève, avec de faux visas, délivrés par l’ambassade de ce pays au Sénégal.
« Après avoir accompli nos formalités, un policier est venu récupérer nos passeports, quelques minutes avant le décollage de l’avion ; il nous a demandé si on avait une lettre officielle d’invitation des autorités, nous avons répondu que non, qu’on était muni de visa en bon et dur forme. Mais comme l’objectif était de nous bloquer, il nous a demandé de contacter l’ambassade, de surcroit un week end. Néanmoins, l’ambassade a été saisie par mail et a notifié que les visas étaient authentiques. Mais, qu’a cela ne tienne, après avoir disparu, le policier ne reviendra qu’après, le décollage de l’avion pour nous dire que les photos sur nos visas sont différentes de celles sur nos passeports, et que les instructions sont venues de la DGSN », racontent les deux membres du collectif. Pourquoi on nous a empêchées de voyager à Genève pour assister à la réunion sur les droits de l’homme, se demandent les deux dames. Parce que les autorités du pays et leur bras, la DGSN cherchent toujours à cacher ce qui s’est passé dans ce pays, entre 1989 et 1991, expliquent les membres du collectif qui affirment que ce n’est là qu’un rendez-vous manqué et qu’on ne les reprendra pas la deuxième fois. Nous ne raterons aucune occasion pour dénoncer les exécutions de nos êtres les plus chers et pour réclamer que les tortionnaires soient traduits devant la justice, tonnent les veuves qui, visas à l’appui, fustigent l’attitude du gouvernement mauritanien qui s’est évertué à cacher la vérité sur cette page sombre du pays. « Nous ne baisserons pas les bras, si nous ne sommes pas là demain, nos enfants qui n’ont pas eu la chance de connaître leurs papas continueront le combat», font remarquer les représentantes du collectif.
Le calame