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Mauritanie (1/6), une décennie perdue 2008-2018
Le coup d’État en 2008 de l’actuel président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a interrompu une expérience démocratique prometteuse pour le pays.
Voici le premier volet d’une série de six papiers, signés Moussa Fall, président du Mouvement pour un changement démocratique, à la veille des élections législatives de septembre prochain. Le 6 août 2008, le coup d’état militaire de Mohamed Ould Abdel Aziz est venu interrompre un processus démocratique amorcé 15 mois plus tôt par l’arrivée d’un président civil élu à l’issue des élections les plus transparentes que le pays ait connues depuis son indépendance.
La facilité avec laquelle ce coup de force a fini par s’imposer, en dépit de la résistance appréciable menée par l’opposition organisée au sein du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD), s’explique peut-être, comme certains analystes l’ont souligné, par le niveau encore insuffisant de la demande réelle de démocratisation au sein des populations, dans le pays.
Autrement, comment comprendre la réaction des populations en Turquie et dans bien d’autres pays contre les coups de force (y compris en Afrique de l’Ouest), qui se sont soulevées pour défendre leurs acquis démocratiques alors qu’en Mauritanie des hommes d’affaires, des élus et même des partis de l’opposition, et non des moindres, ont soutenu les putschistes, leurrés par leurs déclarations d’intention. Comment aussi comprendre la réaction, allant de la résignation, à la bénédiction de la communauté internationale autrement que par la hiérarchie des priorités qui relègue au second plan la démocratisation des états et leur bonne gouvernance par rapport aux préoccupations de l’heure : la lutte contre le terrorisme et l’émigration clandestine vers l’Europe.
Les textes fondateurs de la courte expérience démocratique que la Mauritanie a connu dans le passé avaient alors été élaborés avec maîtrise par le gouvernement de la transition de 2005 à 2007 sous la présidence de feu Ely Ould Mohamed Vall. Durant cette courte période, et sous la supervision des autorités de la transition, une Commission Électorale Nationale Indépendante et consensuelle avait organisé, dans l’impartialité et la transparence, des compétitions électorales notamment la présidentielle de 2007.
Respectant leur engagement, les autorités de la transition ont, à l’issue de ces élections transmis le pouvoir à un président élu démocratiquement. Ce fut un évènement majeur qui devait inaugurer une nouvelle ère pour le pays.
Sitôt élu, le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a engagé des réformes innovantes allant dans le sens de l’amélioration de la qualité de la gouvernance du pays, conformément à ses engagements de campagne. Une équipe gouvernementale avait été mise en place avec un premier ministre et des ministres responsabilisés sur la base d’une lettre de mission et bénéficiant, chacun, d’une large marge de manœuvre.
Les institutions exerçaient leurs missions dans l’indépendance et le respect. Le parlement en particulier était représentatif avec une présence significative de l’ensemble des partis politiques. Les débats parlementaires étaient suivis avec intérêt par les téléspectateurs pour leur qualité et le niveau des députes et des sénateurs.
Des avancées notables avaient été enregistrées sur le front de l’unité nationale et de la cohésion sociale. La loi incriminant l’esclavage avait été élaborée par voie de concertation et promulguée. Le retour des déportés avait été organisé dans des conditions convenables.
Un Commissariat chargé de la promotion de l’investissement avait été créé et une concertation avait été engagée avec le privé pour favoriser le développement des affaires dans le pays.
L’ensemble des partenaires au développement avaient manifesté leur disponibilité pour encourager et appuyer la réussite de l’expérience de démocratisation du pays. Cette disponibilité avait été exprimée lors des travaux du groupe consultatif organisés en décembre 2007 à Paris pour mobiliser les financements nécessaires au programme national d’investissement.
Cette expérience inédite, malgré des imperfections inévitables à ses débuts, voulait engager le pays sur la voie d’un réel développement économique et social et d’une réelle démocratisation avec à l’horizon l’organisation d’élections transparentes autorisant l’alternance pacifique au pouvoir. Malheureusement cette expérience s’était déroulée dans un climat peu propice, marqué par une hausse vertigineuse des prix à l’importation des produits de première nécessité, par la fragilité de l’assise politique du pouvoir avec, à l’époque, une majorité diffuse, hétérogène et surtout par l’absence d’une emprise réelle sur les forces armées et de sécurité.
Ces différentes failles avaient été exploitées pour fomenter une fronde déstabilisatrice qui a abouti au coup d’État d’août 2008. Ce fut alors la restauration de l’autocratie en tant que méthode d’administration du pays. Autre système, autre style. Le pouvoir personnel a remplacé le respect de la loi, la concertation et la responsabilisation. L’improvisation s’est substituée à la programmation réfléchie. L’outrance a pris la place de la retenue. Les administrations et les entreprises ont été mises sous tutelle. Même l’organisation du patronat n’a pas échappé à cette règle. L’équilibre des pouvoirs a été ignoré, les libertés muselées. Les conséquences économiques et sociales de ce type de gouvernance seront traitées dans les autres parties de ce document. Dans ce chapitre nous nous limiterons à la gouvernance politique.
Le président démocratiquement élu avait été emprisonné et, en réaction au coup d’État, l’opposition unie au sein du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) avait organisé des manifestations qui avaient été sauvagement réprimées. Depuis, le pays vit une crise politique ouverte constamment entretenue par l’attitude autocratique et dédaigneuse du chef de l’État envers l’opposition démocratique.
Le pays avait alors basculé dans une ère nouvelle, une ère de non-droit, marquée par un net recul du processus démocratique, un pouvoir personnel sans partage et un déni permanent de la loi. Pour illustrer cet état de fait, nous donnerons quelques exemples concrets qui démontrent le peu de cas que l’actuel Chef de l’État fait de la Loi et son mépris envers les institutions de la République :
● Depuis ce coup d’État, aucune des échéances électorales relatives au renouvellement de l’Assemblée Nationale, aux tiers du Sénat (fixées par l’article 47 de la Constitution) et aux conseils municipaux (fixée par l’article 93 de l’Ordonnance 87-289 du 20/10/87) n’a été respectée. Ces élections, législatives et municipales, qui devaient se dérouler en 2011 avaient été repoussées jusqu’en 2013. Le mandat de l’Assemblée Nationale avait été prorogé par un congrès parlementaire tenu avec des députés dont le mandat avait expiré depuis trois mois et avec un sénat dont le mandat des deux tiers n’avait pas été renouvelé dans les délais prescrits. Quant au Sénat, il a continué à légiférer jusqu’à sa dissolution avec des membres ayant largement dépassés les délais de validité de leurs mandats. Le renouvellement des conseils municipaux n’a été effectué que deux ans après l’expiration de leur mandat.
En l’absence d’un dialogue sérieux et crédible que le pouvoir s’est obstiné à refuser, les élections législatives et municipales de 2013 se sont déroulées dans des conditions de partialité manifeste de l’administration et de certains généraux de l’armée en appui aux candidats du pouvoir. La grande majorité des partis de l’opposition avait décrété le boycott de ce scrutin. Ces circonstances ont permis l’élection d’une majorité automatiquement consentante n’exerçant aucun contrepouvoir face à l’exécutif. Les législatives de 2013 ont mis en place un parlement non représentatif et irrespectueux de ses missions au service de la Nation que sont : le droit d’amendement et d’approbation de la politique budgétaire ; le droit d’investigation, le droit de création de commissions d’enquête et de contrôle sur l’emploi de l’argent public ; le droit d’information par des missions et des groupes de travail ; le droit de censure du gouvernement. Le rôle du parlement est en effet essentiel dans la vie de la nation et ce rôle a été réduit à sa plus simple expression ces dernières années. On se trouve ici en présence d’une des principales sources des dérives évoquées plus haut.
La présidentielle de 2014 avait été boycottée, pour les mêmes raisons, par la totalité des formations de l’opposition. L’absence de candidats de l’opposition explique le score astronomique obtenu par l’actuel chef de l’État (81,89%) et le bourrage des urnes massivement pratiqué, surtout à l’intérieur du pays, n’a pas pu masquer l’ampleur du boycott prôné par l’opposition. Le taux officiel de participation était de 54 %.
● Tout comme le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire a été bafoué et domestiqué. L’indépendance de la justice a été réduite à néant. Pis encore, la justice a été transformée en un instrument aux mains de l’exécutif qu’il utilise pour les règlements de comptes politiques et économiques.
● L’ordonnance 2007/12 du 8/2/07 portant organisation de la justice stipule en son article 18 : « Le président de la cour suprême (désigné pour un mandat de 5 ans) ne peut être suspendu ou admis à cesser ses fonctions avant le terme normal de son mandat que dans les formes prévues pour sa nomination et sur sa demande ou pour cause d’incapacité physique, pour perte de droits civils et politiques ou pour manquement aux convenances, à l’honneur et à la dignité de sa fonction ». Or, cette institution qui représente le sommet de la pyramide du pouvoir judiciaire a connu quatre présidents en moins de 7 ans sans qu’aucun d’eux n’ait terminé son mandat. On se rappelle que l’un de ces présidents, pour un moment récalcitrant, avait été éconduit de son bureau manu-militari par la police.
● La loi 2007-O54 du 18/09/07 relative à la transparence financière prévoit en son article 2 : « Le Président de la République, après son investiture et à la fin de son mandat, fait une déclaration de sa situation patrimoniale et celle de ses enfants mineurs. Chacune de ces déclarations est rendue publique ». Jusqu’à ce jour, et malgré les demandes réitérées de l’opposition, de la société civile et de larges secteurs de l’opinion nationale, le Chef de l’État actuel refuse de faire une déclaration de ses biens et de ceux de ses enfants, laissant planer le doute sur la valeur et l’origine du patrimoine acquis depuis son accession au pouvoir. Pis encore, il a fait tomber cette loi (qui concerne tous les gestionnaires des biens public) en désuétude, laissant le champ libre à la mauvaise gestion et aux détournements. En effet, depuis l’avènement de ce pouvoir, aucun des responsables visés par cette loi n’a daigné, suivant en cela le Chef de l’État, faire la déclaration de ses biens.
● La Loi n° 2010 – 044 du 22 juillet 2010 portant code des marchés publics est quotidiennement bafouée par les décisions d’octroi de marchés de gré à gré pour les travaux financés sur les ressources propres du pays (travaux de préparation des sommets arabe et africain, voieries, tronçons routiers Nouakchott-Wad Naga, NKT-Rosso, aménagements hydro agricoles. etc.),
● A la suite du tollé soulevé par l’accord avec la société de pêche chinoise Poly-Hondong, les domaines qui relevaient de la loi ont été soustraits au contrôle du parlement et rendus au domaine réglementaire, c’est-à-dire à la discrétion du Chef de l’État. Il s’agit notamment des conventions et contrats d’attribution des permis de recherche et d’exploitation des richesses minières et des licences de pêche, permettant ainsi au chef de l’État de disposer à sa guise des richesses du pays.
● L’Ordonnance 024-2007 du 9/4/07 modifiée par la loi 212-047 du 22/7/12 portant statut de l’Opposition Démocratique, promulguée lors de la période de transition, stipule en son article 12 : « Le Président de la République et le Premier Ministre consultent, chaque fois que de besoin, le chef de file de l’opposition démocratique sur les problèmes nationaux et les questions majeures concernant la vie de la Nation. En tout état de cause et en vue de favoriser le dialogue politique entre le Gouvernement et l’Opposition, une rencontre périodique est programmée tous les trois mois ». Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel chef de l’État les dispositions de cette loi ont été délibérément ignorées malgré l’insistance de l’Institution de l’Opposition Démocratique.
● L’article 27 de la Constitution stipule : « Le mandat de Président de la République est incompatible avec l’exercice de toute fonction publique ou privée et avec l’appartenance aux instances dirigeantes d’un parti politique ». L’esprit de cette clause est d’éviter l’abus de la fonction au service d’un parti aux dépends des autres. Or, on constate clairement que le chef de l’État dirige directement un parti dont il fait un véritable “parti-État” et au service duquel il mobilise les moyens, l’administration et les agents de l’État. La dernière réimplantation de l’Union Pour la République (UPR) a donné la mesure de l’implication du Chef de l’État en personne et de l’investissement de tout l’appareil de l’État, y compris certains généraux chefs de corps des Forces Armées et de Sécurité, dans le rabattage des adhérents et dans les querelles autour des unités de base du parti.
L’article 50 de la Constitution stipule : « Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou des votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions ». Un sénateur, Mohamed Ould Ghadde, a été arrêté et mis en prison depuis le 10 août 2017 alors qu’il jouissait de son immunité parlementaire. Une sénatrice, Madame Vervoure mint Babe est objet d’un mandat d’arrêt international émis en août 2017 et plusieurs autres sénateurs sont placés sous contrôle judiciaire. Tous n’ont fait que voter contre un projet de loi proposé par le pouvoir. Dans ce même dossier des journalistes, des responsables syndicalistes et des hommes d’affaires parmi lesquels Mohamed Ould Bouamatou sont poursuivis et persécutés pour leurs opinions et leur engagement politique.
● La loi n° 2012-018 du 28/02/12 fixe en son article 5 les temps d’antenne accordés à la radio et à la télévision publiques pour l’opposition. Or, l’opposition n’a jamais joui de l’accès à ces médias désormais consacrés au culte de la personnalité et aux dénigrements de l’opposition.
● Les activités des partis politiques sont entravées : Il faut une autorisation pour faire une manifestation alors qu’une loi datant de 1973, jamais modifiée, stipule qu’une simple déclaration suffit. Certaines de leurs manifestations sont sauvagement réprimées par les forces de l’ordre. Même les réunions dans des lieux clos (hôtels, salles publiques) sont soumises à autorisation.
● L’article 99 de la Constitution stipule : « Tout projet de révision de la Constitution doit être voté à la majorité des deux tiers (2/3) des députés composant l’Assemblée Nationale et des deux tiers (2/3) des sénateurs composant le Sénat pour pouvoir être soumis au référendum ». Les amendements constitutionnels avaient été, en conformité avec la Loi, soumis aux deux chambres. Le sénat par une large majorité avait refusé les modifications proposées. Ce rejet franc devait mettre fin à la procédure de révision et enterrer définitivement le projet présenté par le Gouvernement. Faisant fi de ce rejet, le pouvoir a activé l’article 38, en flagrante violation de la Constitution, pour organiser un référendum le 5 août 2017.
● Usant des mêmes méthodes qu’il utilisera par la suite pour la réimplantation de son parti, le chef de l’État s’est impliqué outrageusement dans cette campagne. On se rappellera toujours le discours irrespectueux prononcé au meeting de l’aéroport. On sait aussi que sur ses instructions, l’argent public avait été indument utilisé pour le financement de la campagne, pour le transport, l’enregistrement et l’encadrement des électeurs, ainsi que pour l’appui aux activistes du pouvoir. Les hauts fonctionnaires de l’État avaient été embrigadés. Dans l’administration territoriale, les Walis et les Hakems s’étaient ouvertement engagés pour encadrer les notables et les électeurs avec des consignes de vote en faveur du OUI et des obligations de résultats.
Malgré les moyens considérables mobilisés par le pouvoir, qui a usé de la carotte et surtout du bâton, le référendum avait été boycotté par l’écrasante majorité des mauritaniens, d’abord pour son illégalité, ensuite par le caractère impopulaire des réformes proposées. Ce boycott massif, dont tout le monde a été témoin, n’a pas empêché le pouvoir de sortir des résultats truqués, proclamant la victoire du “oui”.
● L’administration du pays a été transformée en un instrument d’action électorale et politique pour conforter et pérenniser le pouvoir du chef de l’État. Les recrutements, avancements et nominations se font sur de critères électoralistes. Les compétences sont ignorées car ce qui est demandé, en premier lieu, aux fonctionnaires c’est de faire preuve de zèle à l’occasion des campagnes électorales du parti au pouvoir ou à celles des préparations des visites et des meetings du chef de l’État à l’intérieur du pays. Pire certaines administrations, en particulier celle des impôts, sont instrumentalisées contre des opposants.
Il ressort que l’accès au pouvoir par les urnes – un temps entraperçu entre fin 2005 et début 2008 – n’est plus d’actualité car la partialité de l’État et son refus d’observer une neutralité indispensable pour l’organisation d’élections libres et transparentes, constitue l’obstacle majeur à une telle alternance. Cette partialité est la véritable cause de la crise politique que traverse le pays depuis l’avènement du coup d’État de 2008. L’obstruction de l’accès au pouvoir par des voies démocratiques expose le pays à de graves perturbations dans une période à hauts risques marquée par la menace terroriste, la résurgence du tribalisme et des particularismes, le développement de l’intégrisme, l’extrême pauvreté endémique avec ses facteurs d’aggravation que sont les aléas climatiques et la hausse inconsidérée des prix.
http://https//mondafrique.com/mauritanie-1-6-une-decennie-perdue-2008-2018/%20%20target=
L’Assemblée nationale se dirige vers le dépôt d’une motion de censure contre le Gouvernement
Akhbar Watan – L’Assemblée nationale dont le Président Ould Boilil et la majorité des députés n’ont pas été investis comme candidats aux prochaines élections par l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir, se dirige vers le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement.
Une mesure qui intervient à titre de riposte musclée à leur exclusion des postes éligibles aux futures consultations, de la part de la commission chargée des candidatures au sein de l’UPR.
Il n’est pas exclu que cette situation finisse par engager le parlement dans la même piste frondeuse empruntée au cours de l’année dernière par le Sénat, et qui avait conduit à une situation de crise véritable, avant que le pouvoir ne décide de dissoudre la Haute Chambre.
Cette même situation pourrait créer un exode du parti au pouvoir et entrainer un massif vote sanction contre ses candidats au niveau de toutes les circonscriptions électorales, en punition de ce que les mécontents appellent des choix « subjectifs et arbitraires » des candidats aux prochaines élections.
Avec le risque de perdre la majorité en raison de cet élan de contestation, le Président de la République pourrait opter en faveur d’un coup d’Etat blanc, contester les résultats des élections, dissoudre l’Assemblée nationale et demander la formation d’un nouveau gouvernement chargé de superviser l’organisation d’élections législatives et présidentielles…
Traduit de l’Arabe par Cridem
Si j’étais Ibrahima Sarr, si j’étais Samba Thiam
Tijane Bal – Que l’on m’autorise deux précisions préalables avec l’espoir de lever toutes équivoques éventuelles. La première est que ces lignes sont un simple billet d’humeur.
Merci aux lecteurs (éventuels) de ne les lire qu’à cette aune. La seconde est que seul le souci de l’ordre alphabétique explique qu’Ibrahima Sarr soit systématiquement cité en premier tout au long de ce texte. Il ne faut y voir aucun parti pris. Ni aucune prévention à l’égard des Thiam en général.
Vous représentez deux figures importantes de la communauté négro-mauritanienne. Votre rapprochement ne constitue donc pas un événement anodin. Certains considéreront que ce rapprochement vient à son heure. D’autres attendront de voir. Les uns et les autres ne manqueront pas de se demander ce qui a rendu possible aujourd’hui ce qui ne l’a pas été si longtemps.
La déclaration du 12 juillet représente assurément un tournant. Le mot « réconciliation » en est d’ailleurs absent. Célébrant des « retrouvailles de la famille nationaliste négro-africaine », Monsieur Abou Hamidou Sy lui a préféré un vocable plus neutre.
Il est vrai que la notion de « réconciliation » suppose une rupture préalable alors que celle de retrouvailles laisse plus de place à l’interprétation. Des esprits critiques pourraient faire observer que « la famille » n’est pas au complet. L’un de ses membres, et non des moindres-les FLAM pour ne pas les nommer- ne semble pas avoir été approché par les « médiations de bonnes volontés » évoquées dans la déclaration. Du coup, on ne peut que constater un vide sur la photo de famille.
Le 15 mai dernier, vous déclariez, Samba Thiam, qu’entre votre organisation, les FPC, et les FLAM, « la rupture est totale ». La formule pourrait être jugée abrupte. Il vous est également arrivé de flétrir ceux que vous appelez les « dissidents » et de proclamer la péremption des FLAM dans la foulée de votre repositionnement.
Votre évolution n’a rien d’absurde. Pour autant, n’était-il pas plus démocratique de prendre acte des différences d’approches dans le respect du pluralisme ? De vous à moi, rediriez-vous la même chose? Vous savez mieux que personne qu’en politique, le « définitif » peut, à l’usage, s’avérer n’être que provisoire. L’actualité qui a inspiré ces lignes, en est une illustration.
Passons. L’heure est pour l’instant aux retrouvailles. Apparaitront plus tard des questions banales du genre : que ne l’ont-ils fait plus tôt ? D’où vient la bouderie ?
Il n’est jamais plaisant ni aisé de revenir sur les raisons d’un différend. Surtout au moment où on le solde en se réconciliant.
Mais ce pourrait être une démarche salutaire. La déclaration du 12 juillet actant votre réconciliation fait état « de simples divergences stratégiques » pour expliquer les désaccords passés. Si les motifs de la discorde ne sont en effet pas rédhibitoires, ils pourront être exposés d’autant plus facilement sans risques de réveiller des rancunes.
Votre mésentente a pu surprendre tant vous aviez des choses en partage : un engagement commun, le combat politique qui en découle, hélas la prison et ses affres. Tous ces facteurs auraient pu vous rapprocher.
Il est vrai qu’on pourrait aussi, à l’inverse, considérer que des épreuves aussi traumatisantes que la prison, la promiscuité, la torture, et la déshumanisation qui vont de pair ne sont pas les meilleurs vecteurs d’entente et d’harmonie. Les témoignages de rescapés ayant partagé votre sort ont livré une tragique réalité, propre à altérer les esprits, pervertir les comportements individuels et collectifs et ruiner toute sociabilité. Il n’est donc pas étonnant que le calvaire de l’enfermement ait pu laisser des séquelles et corroder les relations les plus solides. Cette triste réalité est à porter à votre décharge.
Votre réconciliation est, de ce point de vue, la preuve qu’il est possible, malgré tout, de réparer les fractures que l’action politique et ses conséquences, voulues ou subies, génèrent quelquefois. Elle incite à une forme d’optimisme. Nul doute toutefois que l’optimisme du moment cèdera le pas très vite à des questionnements : « Et maintenant » ? « Et après » ?
Après ? Il conviendra de pointer les changements à venir, de les rendre visibles d’en dessiner les contours et d’en imprimer le rythme sachant que pour être prometteuses, les avancées devront être structurelles et pas seulement individuelles. On touche très vite aux limites de l’interpersonnel. Restaurer, s’il y a lieu, de bonnes relations personnelles est nécessaire. Pas suffisant. Nécessaire car il arrive que les désaccords sur les principes dérivent en inimitiés personnelles.
Pas suffisant car acteurs du processus en cours, vous gagnerez à (dé)montrer que ce qui se joue dépasse vos personnes et a vocation à s’inscrire dans un projet collectif. Les difficultés ne devraient pas être insurmontables. Vous pourrez faire valoir, avec des chances de convaincre, que tout bien considéré, vos retrouvailles sont plus conformes à l’ordre des choses que certains attelages récents.
Vos trajectoires personnelles, vos prises de position antérieures (et actuelles) pourraient facilement venir à votre rescousse et témoigner d’une communauté de vues sur l’essentiel.
Cela étant, il est à craindre que la bonne volonté ne suffise pas à faire oublier le contexte de vos retrouvailles. La période préélectorale que vit le pays est propice au soupçon. Il est donc vraisemblable que votre réconciliation soit jugée suspecte à la lumière des circonstances. Il vous appartient de la déconnecter des contingences du moment et de l’inscrire dans la durée.
Par ailleurs, vous concéderez que vos situations politiques respectives sont, pour le moins, différentes. La vôtre, Ibrahima Sarr, semble a priori plus confortable. Vous êtes à la tête d’une formation politique reconnue, présente dans l’espace public et représentée à l’assemblée nationale. Le parti de Samba Thiam est, quant à lui, en quête d’une reconnaissance qui, semble-t-il, peine à intervenir.
A cet égard, Samba Thiam, comment expliquez-vous la persistance de vos difficultés à faire reconnaitre votre formation alors qu’à l’origine, les choses semblaient si bien engagées ? Pour reprendre une expression triviale : il est où le problème ?
Sans que ceci explique cela, aviez-vous seulement intégré à votre démarche le fait que l’espace politique que vous entendiez investir, au regard de votre credo, pouvait être occupé ? Par Ibrahima Sarr précisément.
Quant à vous Ibrahima Sarr, loin d’être une critique, il relève du simple constat que vous êtes perçu comme un homme du sérail, pas totalement extérieur au champ institutionnel, ni même en marge. Vous êtes, à ce titre, en situation d’apporter à Samba Thiam une certaine visibilité institutionnelle dont la non reconnaissance prive son parti. A titre d’illustration, réserver à celui-ci une place de choix sur vos listes, dans la perspective des scrutins à venir, serait un geste politiquement fort. A supposer que les FPC le souhaitent bien évidemment.
Samba Thiam, si, dans l’hypothèse où vous envisageriez de prendre part aux élections, votre parti devait passer le cap des candidatures, arrivera le temps des programmes. Sur ce sujet, les «recommandations » faites à Monsieur Birame Ould Abeid dans un précédent « Si j’étais Birame » vaudraient mutatis mutandis pour vous-même comme pour Ibrahima Sarr.
Un programme monothématique, axé par exemple sur la seule question négro-africaine, comporterait le risque d’installer ou de conforter l’idée d’une alliance raciale et/ou communautaire autour d’un credo racial et/ou communautaire ou à dominante raciale et/ou communautaire. Ce qui, bien entendu, ne signifie pas que cette dimension devrait en être absente.
Pour le reste, l’histoire et l’actualité regorgent de duos de « frères ennemis » : le Zoulou Buthelezi et le Xhosa Mandela, le Shona Mugabe et le Ndebelé Nkomo, le Berbère Ait Ahmed et l’Arabe Ben Bella, le Nuer Riek Machar et le Dinka Salva Kir, les Palestiniens Mahmoud Abbas et Ismael Haniyé……Et la liste aurait pu être bien plus longue.
Vous avez eu le courage de dire vos divergences, de cerner l’«essentiel des contentieux et des malentendus » qui vous ont éloigné les uns des autres, « vos stratégies différentes », des « options » dont vous reconnaissez que certaines furent « parfois antinomiques ».
Il vous appartient à présent d’éviter ce que vous avez appelé les « surenchères contre productives » et ce qu’un analyste a nommé les « dispersions fatales ». C’est à ces conditions que vous parviendrez à consolider la « dynamique de réconciliation et de partenariat » que vous avez amorcée afin de répondre « aux vœux d’unité de votre base ».
De quoi l’avenir de vos retrouvailles sera-t-il fait ? Seul l’avenir le dira. Incha Allah.
Tijane Bal
cridem
L’Unité re-questionnée …(Par Samba Thiam)
La plupart des pays confrontés au problème d’Unité nationale, ou de violations massives des droits humains, tentent, chacun à sa manière, de panser les blessures, de trouver la catharsis nécessaire pour ressouder les fractures inter-communautaires…
Notre pays, à travers son gouvernement, à l’opposé de cette tendance visant à mettre du baume sur les plaies, lui choisit de nier les problèmes, d’opter pour la fuite en avant ou la répression ! Empêcher la délégation des veuves des militaires assassinés de se rendre à Genève s’inscrit dans cette logique.
La rengaine du discours officiel à laquelle nous sommes habitués, généralement servie aux visiteurs étrangers est que l’esclavage n’existe plus ; la question de la diversité culturelle ? un faux débat –puisque mise en pratique à travers chants et danse, et celle du “passif humanitaire”-euphémisme du génocide- un problème résolu, dépassé …
Et pourtant ces questions demeurent et constitueront des boulets à nos pieds, et l’obstacle majeur à notre cohésion et à toute réconciliation nationale, tant qu’elles ne seront pas correctement résolues.
La question du passif
L’on se souvient il y a quelques années le Maroc entamait sa réconciliation nationale a travers la justice transitionnelle… La Tunisie et la Guinée Conakry, à leur tour, lui emboîtaient le pas…
Si la Tunisie remonte à plus haut dans l’histoire et traite de la période comprise entre 1955 à 2016, la Guinée, elle, se limite pour l’instant, à “l’évènement du 28 septembre”, survenu en 2009 sous Dadis Kamara, alors Président de la junte militaire putschiste.
Nous avons encore en mémoire la commission Vérité et Réconciliation de l’Afrique du Sud post- apartheid, puis les cas du Chili et de l’Argentine aujourd’hui derrière nous, pour l’essentiel résolus…Ces cas enseignent que le temps n’efface pas ces questions mémorielles.
Partout donc il souffle un vent du changement, de réconciliation, partout sauf chez nous où l’on s’enfonce dans la fuite en avant, à travers dénis, dénégations et négation …
Pendant qu’ailleurs on tente de revisiter le cours d’un passé douloureux , de retrouver les places où sont ensevelies à la sauvette des dépouilles de victimes, notre chef de l’Etat, lui, choisit de berner nos veuves, de barrer la route à toute investigation sur les dizaines de fosses communes découvertes, d’en effacer toutes traces en rasant les repères, d’intimider et interdire toute manifestation interne , tout acte de souvenir . Il ordonne de bloquer toute plainte, de plomber toute bouche, d’étouffer toute voix qui tente de soulever ces questions !
Ainsi, croit- il, naïvement, pouvoir gommer des mémoires ces tragédies survenues entre 1986 et 1992. C’est peine perdue car elles y resteront à jamais gravées. Nous n’oublierons pas …
Si en Guinée-Conakry on a parlé de 150 morts dans un stade, des dizaines de femmes violées et de disparues, ce qui s’est produit en Mauritanie pendant cette terrible période est sans commune mesure avec le cas guinéen … Ce fut un véritable génocide, méthodiquement planifié.
La question culturelle ou de la diversité culturelle …
Aujourd’hui chez nos voisins du Maghreb l’élite arabe au pouvoir, après des années de crispation, a décidé de reconnaître l’existence du peuple berbère par l’officialisation de la langue et de la culture berbère. Le Maroc en fut le pionnier, l’Algérie, pétrie d’un nationalisme à fleur de peau, après moult hésitations, vient de suivre…Elle s’ouvre à un débat en train de prendre corps qui porte à la fois et sur le rôle et la place de la langue Française dans le système éducatif algérien et sur la nécessité de “découpler la langue arabe du conservatisme religieux”( A. Dourari) pour lui restituer sa capacité, aujourd’hui perdue, à produire le savoir.
Chez nos voisins tunisiens le débat porte plus loin ; il questionne l’identité arabe du peuple tunisien, à l’origine, un melting-pot constitué de grecs, de romains, de Turcs, de Français, de berbères, de Noirs et d’arabes … Là où, pour baliser l’avenir, nos voisins maghrébins marquent un temps de pause pour évaluer et réfléchir, les mauritaniens, à travers l’aile la plus chauvine, “hystérisent” le débat dès que les questions sérieuses sont abordées… pour s’enflammer, au moindre vent, pour des causes extérieures à la Mauritanie, et encore …de façon sélective !
Au lieu de s’attaquer à nos problèmes de fond on nous distrait avec des chansonnettes sur la résistance nationale, bricolée sur un récit national à sens unique, falsifié …
Pendant que d’autres peuples se penchent sur la revalorisation de leur patrimoine culturel, le développement des langues maternelles en vue de l’apaisement identitaire, notre élite et nos gouvernants se refusent à toute évaluation, à tout examen sérieux et lucide de la situation passée et présente pour, obstinément, poursuivre le projet assimilationniste de la composante non arabe du pays… perçue comme une menace à la pérennité du caractère arabe (décrété) du pays !
L’obstacle le plus sérieux à notre cohésion nationale et au Changement en général réside ,en réalité, dans le complexe aryen, inavoué, de race supérieure qui régit sournoisement nos rapports inter-communautaires…Ce complexe explique et sous-tend ces désastreuses et dangereuses pratiques politiques au plus haut niveau de l’Etat et le silence général de l’élite sur ces questions de fond ,empêchant, en partie, ce pays d’entrer de plain-pied dans le concert des nations modernes.
En effet si notre Ecole va très mal c’est en raison, essentiellement, de ce soubassement, teinté d’idéologie ; tout le monde pâtit de la déconfiture de notre système scolaire, c’est certain, mais les Ecoliers, Elèves, Etudiants négro-africains et Haratines, sacrifiés, en pâtissent bien plus. Pendant ces quatre dernières années, sur les 100 premiers au Bac C, leur nombre d’admis varie entre 1 et 5 ! Dans tous les examens et concours récemment organisés ils sont laissés pour compte (médecins spécialistes 3/64, Ingénieurs sortant 3/18, Ecole militaire 1/30, magistrats* 0/20 etc.). Dans toutes les séries et partout ailleurs l’échec est général, massif, patent.
Les corps de commandement de l’Armée et de la Police nationales sont simplement nettoyés, le recrutement à la base, attentivement scruté ethniquement ; les promotions à l’EMIA et à la base de Rosso reflètent la même réalité… Pour masquer le déséquilibre ethnique dans les groupes exposés, les cameramen zooment sur quelques têtes nègres, placées sciemment au premier rang, et balaient d’un faisceau rapide le reste du groupe… Dans les séminaires, ateliers, colloques, symposiums, nous sommes là juste comme un appoint, un accessoire. Ce faisant on a, délibérément, perdu de vue que pour constituer la Mauritanie, le colonialisme français a assemblé deux aires culturelles distinctes, deux peuples aux traditions et habitudes mentales différentes, deux entités politiques historiques indépendantes, des mémoires nationales …
Il nous faut revenir à l’histoire…
Malgré cette situation gravissime, il se trouve, hélas, des nègres et intellectuels sans scrupules, qui roulent pour le parti au pouvoir et les partis satellites, renforçant ainsi un Système qui les opprimait, trompant au passage de pauvres hères, dont il collectent, moyennant quelques ouguiyas, les cartes d’identité… A côté de tout cela, l’inaction déroutante des plus concernés !!!
Il est devenu urgent pour nous mauritaniens honnêtes, soucieux du devenir de ce pays, d’examiner et débattre la question du vivre-ensemble, pour en déterminer le type, si toutefois il est encore partagé…
Les compatriotes arabo-berbères veulent-ils vivre avec les Négro-africains ? Si oui, sous quelle forme et quelle condition ? Dans la poursuite de cette tentative obstinée d’assimilation des autres à tout prix, ou dans le respect des identités respectives ? Dans l’accaparement de tous les secteurs de la vie publique par les uns ou dans le partage équilibré du Pouvoir ? Au travers de l’Unité ou de l’Unitarisme ?
Ces questions méritent d’être tranchées au plus vite, car la fracture entre communautés nationales s’aggrave tous les jours un peu plus ; la tension extrême créée par cette discrimination aiguë que vit actuellement la communauté négro-africaine et les dérives du gouvernement en tout genre suscitent , en ce moment, un débat intense et légitime dans les réseaux sociaux, pour lequel toutes les options doivent rester ouvertes…
Pour ma part, j’ai toujours pensé que les fondamentaux du vivre-ensemble supposaient, nécessairement, le respect de la diversité culturelle, ethnique, religieuse, l’égalité des chances et l’équité …
Un de nos intellectuels affirmait, non sans justesse, malgré une posture partisane (soutien aux touaregs de l’Azawad) que, “Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable et qui, surtout, n’est pas tenable”.
Il nous faut nous ressaisir.
Samba Thiam
Président des FPC
29 Juillet 2018
*Dans ce concours, contrairement à la pratique habituelle fixée par la loi, au lieu de présenter l’épreuve de langue en fonction des options –Français / Arabe-, tout le monde fut contraint de composer en arabe !!! Cette fois encore, comme pour l’arabisation totale du secteur de la justice, un quidam s’est levé et en a décidé ainsi !
DÉCLARATION DE PRESSE DES FPC
Forces Progressistes du Changement (FPC);
– Considérant les enjeux des prochaines élections,
– Considérant l’identité de vues des partis FPC et AJD/MR sur la situation du pays et sur l’’unité nationale,
– Considérant la rencontre historique du 18 juin 2018 entre les camarades Ibrahima Moctar Sarr président de l´AJD/MR et Samba Thiam président des FPC,
– Considérant leur commune volonté d’unir leurs forces face aux défis communs:
– Le Bureau Exécutif National des FPC:
apporte son soutien total au parti AJD/MR pour les élections législatives, régionales et communales,
– Exhorte ses militants et sympathisants à s´inscrire massivement et à se mobiliser activement aux côtés des militants AJD/MR pour le succès de leurs listes, partout où ils le pourront .
La lutte continue.
Nouakchott le 29 juillet 2018.
Le Département de la communication.