Daily Archives: 26/07/2018
Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah : ‘’Nous n’irons pas jusqu’à dire que Ould Abdel Aziz et les Salafistes ont coordonné leurs démarches’’
Le Calame : à son départ de Nouakchott, Monsieur Macron a glissé à l’oreille de Ould Abdel Aziz les mots suivants : «sois courageux, tu en auras besoin. De toute façon, on sera là».
Dans notre entretien passé (Le Calame n° 1112 du 11 avril 2018), vous affirmez que les préférences de Monsieur Ould Abdel Aziz vont vers un 3ème mandat (plutôt que de changer le régime de présidentiel en parlementaire), à condition que l’ancienne puissance coloniale lui donne le feu-vert. Pensez-vous que ces mots de Monsieur Macron équivalent à un feu-vert de la part de la France à Monsieur Ould Abdel Aziz, pour contourner le bouclage de la Constitution qui lui interdit ce 3ème mandat ?
Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah: La première chose qui frappe le lecteur est le style familier, le tutoiement. Le Général de Gaulle, le plus grand (dans toute l’acceptation du terme) des présidents français n’a jamais tutoyé les présidents africains ; même si, ce qui est communément appelé France-Afrique, avait été l’œuvre de l’un de ses proches collaborateurs,
Monsieur Foccart. Dans le même ordre d’idées, le Président François Mitterrand, à l’occasion de l’une de ses tournées à l’intérieur de la France, fut interpelé par l’un de ses amis, préfet de département : «Monsieur le Président ! Devrions-nous nous tutoyer ou nous vouvoyer ?». «Comme vous le voulez», lui répond Monsieur Mitterrand.
Ces mots de Monsieur Macron interpellent le lecteur également par le choix du moment et la manière pour les dire : au départ et à l’oreille de Monsieur Ould Abdel Aziz. Monsieur Macron, oubliant à l’occasion, la sensibilité des micros. Les moments de départ et de séparation ont toujours été immortalisés.
Pour le poète Apollinaire, «partir c’est mourir un peu». Monsieur Macron donc, avant de «mourir» a tenu à assurer Monsieur Ould Abdel Aziz du soutien de la France dans l’épreuve qui l’attend et qui demande du courage. Qu’elle est donc cette épreuve qui attend Ould Abdel Aziz et qui demande de sa part du courage, même s’il est assuré d’avoir la France à ses côtés ?
Elle ne peut être que le fameux 3ème mandat, derrière lequel courait Monsieur Ould Abdel Aziz, tout en se jouant de tout le monde, pour dire, même la veille du sommet de l’Union africaine et de l’arrivée de Monsieur Macron qu’il n’est pas candidat à un 3ème mandat.
Mais cette générosité de Monsieur Macron, cette évocation, n’est pas sans contrepartie. Monsieur Macron a hérité de son mentor, Monsieur Hollande (plus un homme de guerre qu’un homme de gauche), une situation sécuritaire catastrophique au Sahel, caractérisée par la présence accrue et agressive des Salafistes et la faiblesse des armées des pays du G5.
Devant la nonchalance de Monsieur Ould Abdel Aziz à intégrer ce G5, Monsieur Macon se demandait, il y a quelques mois : «à quel jeu joue le Président Mauritanien ?», pendant que son ambassadeur à Nouakchott commence à parler du «successeur de Ould Abdel Aziz», lui qui jusqu’ici se contentait seulement «de prendre acte des déclarations du Président Ould Abdel Aziz de ne pas briguer un 3ème mandat».
On raconte qu’Ould Abdel Aziz aurait contracté un modus vivendi avec les Salafistes, pour se mettre à l’abri des attentats, lui qui voyage souvent à l’Est du pays. Durant la guerre du Mali, il avait refusé de faire la guerre aux Salafistes en allant vers eux, préférant rester dans les frontières nationales.
Peu importe qu’il ait ou non signé avec eux un modus vivendi, cette attitude de sa part était suffisante pour épargner à la Mauritanie leurs opérations. C’est pourquoi, les Salafistes en attaquant le siège de l’Etat Major de G5 ont piétiné tous les drapeaux, sauf celui de la Mauritanie.
Nous n’irons pas jusqu’à dire que Ould Abdel Aziz et les Salafistes ont coordonné leurs différentes démarches : les premiers, en programmant leurs attaques la veille du sommet de l’Union Africaine et en faisant monter les enchères par le nombre des morts et des blessés ; le second, Ould Abdel Aziz, en choisissant ce moment précis, pour poser la question du 3ème mandat qui lui tient tant à cœur, à un Macron, encore sous le choc des attaques des Salafistes.
Mais les événements vont se précipiter : la veille du sommet de l’Union Africaine et de l’arrivée de Monsieur Macron à Nouakchott, les Salafistes commettent une série d’attaques meurtrières, en ciblant le siège de l’Etat Major du G5 et la force Barkhane, au Mali, faisant des morts et des blessés.
Comme nous l’avons dit, les Attaques des Salafistes ont servi, à n’en pas douter, les desseins de Ould Abdel Aziz et poussé Monsieur Macron à tout mettre en œuvre pour que ces attaques cessent et ne se renouvellent plus contre les troupes françaises au Sahel.
Une région sévère du Sahara où, à partir de 9 h du matin, les Africains eux-mêmes, ne mettent plus le nez dehors et une heure plus tard, les animaux à leur tour, cherchent à se mettre à l’ombre s’il y’en a, quitte à s’entasser les uns sur les autres.
Si la mort des Africains ne soulève aucun problème en France ou ailleurs en Europe, celle d’un blanc, par contre, fut-il un 2ème classe de la légion étrangère, remue tous les cendres et alimente les journaux qui en font souvent une exploitation politique.
Si Monsieur Ould Abdel Aziz court derrière un 3ème mandat que lui interdit la constitution, Monsieur Macron, quant à lui, court derrière un 2ème mandat, pas plus facile et que les attaques des Salafistes et l’affaire Alexandre Benalla ne facilitent pas.
La veille de l’arrivée de Monsieur Macron, Ould Abdel Aziz a invité les Chefs d’Etat du G5 à accélérer les opérations et il a nommé un commandant du G5 en la personne de son chef d’Etat Major Adjoint, déclarant au sujet des attaques des Salafistes : «nous avons été touchés dans nos cœurs», invitant par la même occasion les chefs d’Etat du G5, présents au sommet, à accélérer les opérations de démarrage du G5.
Il ne fallait pas plus pour que Macron déclare: «Ould Abdel Aziz est incontournable» et lui glisser à l’oreille, au moment de son départ «sois courageux, tu en auras besoin. De toute façon, on sera là».
On comprend dès lors, que l’épreuve à laquelle Ould Abdel Aziz sera confrontée et qui nécessite de sa part d’avoir du courage, même s’il est assuré, en outre, que la France est derrière lui, n’est certainement pas une opération militaire, dirigée contre les Salafistes et commandée par Ould Abdel Aziz lui-même, mais plutôt une opération politique soutenue par la France et visant à faire sauter le bouclage de notre constitution à tout président qui aura fait 2 mandats et prêté serment en sa qualité de chef d’Etat musulman de ne pas tenter de modifier cette constitution dans le sens d’un 3ème mandat.
Pourquoi, selon vous Ould Abdel Aziz tient à un 3ème mandat ?
Nous avons toujours dit que Ould Abdel Aziz ne quittera pas le pouvoir de son propre gré et qu’il continuera toujours à le détenir tant qu’il peut, pour la simple raison qu’il ne fait confiance à personne, même si cette personne, qu’il prétendrait soutenir et présenter à sa place serait un proche et un homme de poigne, susceptible d’assurer sa sécurité et celle de ses biens, une fortune, dirions-nous, qui ne cesse de s’agrandir et que l’intéressé ne cache d’ailleurs pas ; elle couvre l’ensemble des secteurs de l’économie et des services.
Pour Ould Abdel Aziz, l’essentiel n’est d’ailleurs pas tellement de détenir le pouvoir pour le pouvoir que le pouvoir pour préserver et fructifier la fortune qu’il a accumulée. C’est en ce sens qu’il ne fait confiance à personne ; il a peut-être raison, parce que personne n’accepterait d’être président et laisser Ould Abdel Aziz dans l’impunité. Ailleurs, un président qui tenterait seulement de s’enrichir, même sous la table, serait vite jugé et destitué.
En l’absence du feu-vert français pour un 3ème mandat, il ne reste à Ould Abdel Aziz qu’à changer la forme du pouvoir, de présidentiel en parlementaire, avec tous les pouvoirs. Le régime parlementaire, s’il résout le problème de la fortune d’Ould Abdel Aziz, c’est-à-dire sa dépendance du pouvoir, ne convient pas à sa personne ; il ne s’accommodera pas d’un autre titre que celui de président.
En outre, la charge de Premier Ministre ne lui convient pas non plus, c’est une fonction exigeante et Ould Abdel Aziz n’est pas une personne à travailler beaucoup et elle ne lui laisse pas le temps de s’occuper de ses affaires. C’est pour toutes ces raisons qu’Ould Abdel Aziz tient à un 3ème mandat, en dépit du non respect de la Constitution, de celui du peuple mauritanien et du serment qu’il a prêté.
Ce serait le 4ème coup de force qu’il effectuerait, chaque fois qu’un obstacle se dresse devant lui ; cette fois c’est la Constitution. Il avait réalisé au préalable 3 coups de forces ; contre Ould Taya dont il était censé assurer la sécurité et auquel il est lié par des liens sociaux et humains auxquels il doit tout. Le second coup concernait son propre cousin, feu le Président Ely Ould Mohamed Vall, qui était derrière sa formation d’officier et enfin le dernier coup de force était dirigé contre le Président élu, Sidi Ould Cheikh Abdellahi.
La France a soutenu tous ces forfaits, ces coups de force ; va-t-elle encore le soutenir pour son 4ème coup de force contre la constitution : «Sois courageux, tu en auras besoin. De toute façon on sera là».
Les Mauritaniens, occupés par un antagonisme inter et intra tribal et ethnique dont le pouvoir en fait, d’ailleurs, un outil de gouvernement, semblent ne pas se soucier de la dépendance de cette fortune du pouvoir. Malheureusement, chez nous, les Mauritaniens continuent encore à se déterminer, en fonction de leur appartenance tribale, ethnique ou sur ordre du chef de la confrérie religieuse à laquelle ils appartiennent.
Le Pouvoir axe donc sa politique sur le communautarisme où la responsabilité sera plutôt collective (tribu, ethnie, groupement social) qu’individuelle. On comprend, sans peine, pourquoi les chefs de tribu, les fils des chefs, les cadres et les notables des communautés ethniques sont les principaux bénéficiaires du pouvoir : après avoir fait valoir leurs droits à la retraite, ils se sont vus nommés à la tête des Conseils d’Administration des Sociétés et des Entreprises de l’Etat pour quelques années encore, pendant que des milliers de cadres et de diplômés manifestent tous les jours devant la présidence en quête d’un emploi.
Le vote sera, essentiellement collectif (tribal, ethnique, groupement social ou confrérie religieuse) au lieu d’être la conséquence d’une appréciation citoyenne, personnelle et individuelle.
N’est-ce pas le pouvoir lui-même qui a créé le Biram noir et le Biram blanc qui ont le privilège, eux et leurs compagnons, de s’affronter dans les télévisions qui sont toutes, d’ailleurs, favorables au pouvoir.
Vos lecteurs comprendront pourquoi les mouvements extrémistes et communautaristes ne sont pas très loin du pouvoir, tout en voulant se réclamer aussi de l’opposition. Quand une ethnie semble s’éloigner du pouvoir, une autre s’en rapproche, pour mettre à profit le vide créé par cet éloignement et ainsi de suite. Le pouvoir joue sur tout cela, il est même souvent à la base de ‘’l’éloignement’’ ou du ‘’rapprochement’’ de telle ou telle ethnie, groupe social ou tribu simplement.
En tout état de cause, le communautarisme biaise le combat politique, économique et social du peuple mauritanien contre le sous-développement, la précarité et l’ignorance.
Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh
LE CALAME
Mauritanie : L’ex-maire de la capitale, Ahmed Hamza, quitte le RFD
L’ex-président de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN) a quitté son parti, le RFD. Ahmed Hamza a adressé, ce jeudi 26 juillet, sa lettre de démission au président du parti, Ahmed Ould Daddah. Alakhbar a obtenu une copie de la lettre.
Ahmed Ould Hamza a écrit : « En dépit de tout cet engagement politique, tant pour vous que pour le RFD, j’ai senti, avec amertume, que depuis un certain temps, je devenais, de plus en plus, un problème pour vous. A l’origine de cette situation, pourrait-t-on penser, des rumeurs pour lesquelles je n’étais pour rien et qui réclameraient le renouvellement et l’alternance au niveau de notre parti, le RFD. »
Ahmed Hamza de poursuivre: « Quoi qu’il en soit, le constat est, désormais, là. J’étais devenu un problème. En effet, toutes les réunions du parti qui s’étaient tenues au cours des deux dernières années ont toujours été marquées par un malentendu et une incompréhension entre vous et moi-même.
Ainsi, toutes mes demandes de parole ou prises de parole vous irritaient, à chaque fois. Aussi, loin est le temps où nous entretenions d’excellentes relations de concertation et d’échange de points de vue. Plus rien de cela, depuis un certain temps ».
L’ex- maire de Nouakchott souligne aussi : « Il m’était apparu que le manque de dialogue entre le RFD et les autres partis de l’opposition, d’une part, et l’unilatéralisme et l’improvisation, puis la radicalisation de notre parti, le RFD, d’autre part, que tout cela était contre productif. Un point de vue qui était partagé par d’autres responsables de ce parti ».
ALAKHBAR
Mariama Bâ fait 100% au bac
La Maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée est restée fidèle à sa réputation. Elle a réalisé un taux de réussite de 100% au bac. L’AS, qui donne l’information, ajoute que l’établissement a enregistré une pluie de mentions : 3 Très bien, 13 Bien, 10 Assez bien et 5 Passable.
seneweb
Ould Abdel Aziz, Ghazouany et la présidence de la République : Rendez-vous est pris pour octobre 2018
En s’abstenant de proposer un candidat à sa succession à huit mois de la fin de son second mandat, le président Ould Abdel Aziz n’ajoute-t-il pas exprès de la confusion à la confusion née du marasme politique que vit le pays ?
Certainement… mais l’homme est-il réellement maître du jeu ? Tout porte à croire que le président Ould Abdel Aziz n’a pas encore dévoilé tous ses secrets sur la fin de son mandat prévue pour la mi-2019. Même si lors de ses dernières sorties publiques, il n’a cessé de réitérer son engagement à respecter la constitution -qui limite les mandats présidentiels à deux-, décidant incidemment de ne pas se représenter pour un troisième mandat, le chef de l’Etat ne semble pas serein.
Pas à cause des partis de l’opposition -affaiblis- qu’il méprise. Encore moins à cause des engagements de départ du Pouvoir qu’il peut regretter. En fait, tout se passe comme si une force supérieure, l’étouffe et le contraint à continuer d’observer la situation.
Sinon, pourquoi ne désignerait-il pas un candidat à sa succession dès lors où quelques mois nous séparent de la prochaine présidentielle ? Pourquoi continue-t-il de tolérer les sorties du ministre porte-parole du gouvernement pour qui, il resterait encore au pouvoir au-delà de son second mandat ? Pourquoi encourage-t-il les partisans du troisième mandat dont la campagne a connu dernièrement un regain d’activité dans l’ensemble du territoire national ? Pourquoi laisse-t-il son clan familial cultiver et encourager des informations sur la continuation de son règne au-delà de 2019 ?
Après le départ de Ely Ould Mohamed Vall et l’affaiblissement de l’opposition, s’il existe aujourd’hui un obstacle, voire un frein aux projets-« desseins » du président de la République, ce ne peut être que de l’état-major des forces armées nationales que dirige son compagnon de route le général Ould Ghazouany.
On se rappelle qu’en prenant à deux le pouvoir des mains de Ould Taya en 2005, les deux hommes s’étaient juré fidélité et solidarité. Depuis, ce contrat a vaincu de toutes les épreuves. Des chefs de tribus, des élus, des membres du gouvernement, des militaires et même des puissances étrangères ont tenté de brouiller ces relations, en vain.
Tous en ont fait les frais à l’image du colonel à la retraite, maire de Zoueratt, Cheikh Ould Baya, un moment pressenti comme probable successeur du Raïss et qui, fort de ce statut, avait poussé sa témérité jusqu’à décider d’organiser des journées de réflexion politique sur l’avenir du pays, avec le parrainage du président de la République et insidieusement, au nez et à la barbe du général Ould Ghazouany qu’il considérait comme un adversaire.
Non seulement, cette manifestation n’a finalement pas été autorisée après qu’elle eut pourtant bénéficié d’une imposante campagne d’annonce à la TVM, mais plus, Cheikh Ould Baya est depuis, réduit au silence. Et, pour étouffer toute velléité présidentielle, il a été promu la semaine dernière, candidat UPR à la députation de Zoueratt.
Au demeurant, le terrain ne serait pas entièrement balisé entre le président et le général. Autant, ils étaient engagés à se partager la gestion du pays -l’un s’occupant de la politique et du secteur public et l’autre des forces armées nationales-, autant ils s’entendaient à se relayer au pouvoir en conservant celui-ci pour leur intérêt commun, autant aujourd’hui, ils se craignent. Sont finalement passés par là, les lobbies de tous bords, les nouveaux intérêts économiques, financiers, les proches du président de la République, ceux du général et surtout les notabilités tribales, les deux hommes appartenant à deux tribus historiquement antagonistes.
Départ
Au mois d’octobre prochain, le général Ould Ghagouany va faire valoir ses droits à la retraite. Conséquemment, il perdrait sa force militaire, son pouvoir et son influence dans le pays. Va-t-il se laisser « éliminer » sans garantie? Successeur naturel du président de la République, il ne peut être désigné candidat à la succession alors qu’il porte encore le treillis ! Devra-t-il user dès à présent, de sa puissance pour être promu à cet avenir promoteur auquel il s’attend ?
Pour autant, bénéficiera-t-il en aval, des égards du président de la République auprès duquel il n’aurait plus, à ce moment, aucune influence ?
Ce qui est sûr, c’est que le président de la République ne se prononcera pas clairement et définitivement à propos de sa succession et du troisième mandat, avant ce fatidique mois d’octobre. Le ministre porte-parole du gouvernement en a d’ailleurs fait écho jeudi dernier lorsqu’il a soutenu : “ceux qui disent que le président de la République va partir après 10, 11 mois sont vraiment en train de rêver en plein jour. Les événements et jours à venir (octobre 2018-vont vous démontrer ce que je dis”.
Le sort du Pouvoir ou plutôt, le sort de la Mauritanie est-il lié à ce mois d’octobre à venir ? Libre à chacun d’apprécier, pour notre rédaction, il n’existe pas l’ombre d’un doute.
JOB
l’authentique
Heures sombres à l’UPR : Le début de la fin ?
Le docteur Mohamed Lemine ould Cheikh, porte-parole du gouvernement, vient de déclarer que l’actuel président de la République ne quittera pas le pouvoir, à la fin de son deuxième et dernier mandat, en dépit de la Constitution qui limite le mandat présidentiel à deux. Ce n’est pas la première fois que le ministre s’avance à telle annonce. Cet énième remake intervient quelques semaines après les déclarations de l’intéressé, sur les antennes de France 24, réaffirmant qu’il respectera les termes de la Constitution et qu’un troisième mandat ne le tente pas. Ould Abdel Aziz ne dit pas plus que ce que dit la Constitution. Ce n’était donc pas un scoop mais certains ne comprennent pas et veulent le pousser à parjurer. À quelle fin ? Le nouvel écart du ministre scandalise en tout cas l’opposition et le FNDU l’a fait savoir. Elle demande même à traduire Ould Cheikh devant la justice. Divers responsables n’ont pas hésité à parler de « provocation » et se demandent si le ministre n’a pas reçu l’aval de son patron… qui se refuse de le sanctionner, conformément à l’usage, sous d’autres cieux. Un peu curieux, cependant, dans une démocratie. Même bananière !
Agenda perturbé
Mais, à la différence des précédentes sorties d’Ould Cheikh, celle de jeudi dernier tombe dans un contexte particulièrement délicat pour la Mauritanie. Les citoyens sont appelés à renouveler leurs mandataires municipaux, régionaux et nationaux (députés). Le scrutin est fixé au 1er Septembre prochain. Plus l’échéance approche, plus la tension monte, entre le pouvoir et son opposition dite radicale qui a décidé de participer aux élections. Elle y va avec, pour la première fois, de fortes alliances, parfois coalisées. En dépit du patron de l’UPR qui l’en croit incapable, elle présente des listes un peu partout dans le pays. Tawassoul, actuel premier parti de l’opposition parlementaire, en a monté, à lui seul, cent cinquante-six.
La décision de l’opposition de prendre part aux élections semble avoir perturbé l’agenda du pouvoir qui s’attendait à un autre boycott qui lui aurait grand ouvert les portes, ainsi qu’à ses partis satellites. C’est d’abord pour empêcher le pouvoir de « se maintenir par la fraude », comme le rappelaient, de concert, Ahmed ould Daddah et Mohamed ould Maouloud, lors d’une récente conférence de presse au siège du RFD, que les partis de l’opposition ont scellé des alliances entre leurs différentes coalitions. L’Alliance Électorale de l’Opposition Démocratique (AEOD) rassemble ainsi le FNDU, le RFD-UNAD, l’IRA-Sawab, le CDN et Al Watan-RD, affichant sa détermination à entrer, en masse, à l’Assemblée nationale et à lutter contre la fraude dont elle suspecte le pouvoir, lors des prochaines consultations. Sa faiblesse : un cruel manque de moyens financiers, avec de fortes disparités entre ses divers partis.
Côté pouvoir, si l’argent ne fait pas défaut pour battre campagne – les nouveaux hommes d’affaires sont prompts à décaisser… – le choix de ses candidats et la grogne qui s’en est suivie, avec quelques dissidences en corolaire, ont formé une équation à plusieurs inconnues. Les querelles de tendances, réapparues de plus belle lors de la dernière campagne d’implantation du parti-état, ont ébranlé ses rangs. Si la composition des listes, pour les municipales et les régionales, semble passée sans grand accroc, le choix des députés exacerbe tant les tensions que l’UPR aurait envisagé de le « rééquilibrer ». La manœuvre consisterait à substituer, aux candidats déjà investis par le parti, des candidats membres de tendances rivales. On annonce que ses instances, dont la commission d’investitures, seraient en conclave pour peaufiner une nouvelle mouture. Le député sortant de M’Bagne, Belou Bâ, a ainsi annoncé, samedi dernier, à ses sympathisants, lors d’une rencontre chez lui à Niabina, qu’il a été reconduit à la place de Cheikh Dia, précédemment retenu. Selon des informations concordantes, l’homme avait informé, mécontent de sa non-reconduction, qu’il quittait l’UPR pour l’UDP, invitant ses supporters à le suivre.
En laissant entendre qu’il s’employait à « rééquilibrer » ses listes, l’UPR espère retenir les mécontents dont bon nombre auraient choisi de se faire investir sous d’autres couleurs, pour les municipales et les législatives. Selon diverses sources, d’autres sont à l’affût. Du jamais vu sous le magistère du PRDS. Une fois les candidatures annoncées, les mécontents prenaient le large avant de revenir, à la maison, une fois élus sous d’autres couleurs ou en indépendants. Pourtant, c’est le même UPR qui avait déclaré, lors de sa campagne de réimplantation, que le choix des candidats relevait, désormais, exclusivement des structures de base (unités de base, sous-section et section) majoritaires. Pourquoi revenir, aujourd’hui, sur cette décision ? S’il ya eu des irrégularités, pourquoi le parti ne sévit-il pas ? En procédant à un « rééquilibrage », l’UPR ne risque-t-elle d’ouvrir une boîte de pandore ? Comment gérera-t-elle les « défalqués » ? Ce parti est suffisamment ébranlé pour en ajouter une couche. Ce faisant, il risque d’ouvrir le couloir, non seulement, à d’autres partis de la majorité présidentielle, comme l’UDP qui recrute bien les défalqués et certains « recommandés » comme El Karama ou Sursaut, mais, aussi, à des partis de l’opposition dite radicale, comme Tawassoul ou le RFD, et, dans une certaine mesure, l’UFP, El Moustaqbel, le MPR, etc.
Un parti en lambeaux
Autre difficulté, pour le pouvoir, la gestion, jugée calamiteuse par l’opposition, du processus électoral. En plus d’être non inclusive, la CENI a prouvé, avec la réaction du pouvoir à sa décision de proroger la date de dépôt des listes candidates pour les municipales, régionales et législatives, après concertation avec les partis politiques impliqués et l’inscription à distance sur les listes électorales, combien sa marge de manœuvre est limitée par le gouvernement.
Ces décisions pouvaient calmer, un peu, l’opposition, en lui donnant le temps de confectionner ses listes et, aux urbains, surtout celui de se rendre chez eux pour voter. Mais, très vite contestées par le ministère de l’Intérieur, elles ont été déclarées illégales par la Cour suprême. Et, en dépit de la décision de la CENI de maintenir, lors de sa réunion de samedi dernier, l’inscription à distance, les bureaux ouverts à cette fin sont restés fermés, depuis vendredi. On n’y comprend plus rien. Surtout côté opposition où l’on fait feu de tout bois, pour accuser le pouvoir d’instrumentaliser la CENI qui vient de changer de président. Ould Bellal, ancien président du FNDU qui pourfendait, il y a peu, le régime en place, vient d’être porté à la tête de cet organe d’organisation et de contrôle des élections.
Selon plusieurs observateurs, la remise du 3èmemandat sur le tapis, par le porte-parole du gouvernement, tend surtout à calmer le jeu, au sein de la majorité, éviter ce qu’un journaliste appelle le risque de « débandade » dans les rangs de l’UPR. En effet, explique un de ces analystes, l’UPR ne tient qu’à la présence du président Ould Abdel Aziz qui a tenté, dix ans durant, d’en faire un vrai parti politique. Presque en vain. Certains responsables de l’UPR lui font porter la responsabilité de tous les aléas. Le porte-parole du gouvernement aurait-il entendu que les choses n’allaient pas bien, au sein du parti-État, et qu’il fallait ressouder les rangs autour du Président ? Au final, une menace à peine voilée, donc, à l’endroit de ceux qui voudraient quitter le navire, puisque le président de la République s’était dit résolu, lui, à le faire, en 2019…
Dalay Lam
le calame