Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: June 2018

Ciré Ba : Alliance électorale IRA/RAG – SAWAB : aucune campagne « d’explications » ne pourra justifier l’assassinat de l’éthique morale et politique

altLa pilule est remplie de sang de victimes du génocide perpétré par le second, auteur avéré de l’exclusion de la communauté noire et partisan de la perpétuation du système esclavagiste.

IRA/RAG gagnerait à renoncer à cette aventure qui n’honore personne. De son président, Il est attendu le bon sens.

La mouvance Baathiste de Mauritanie est une nébuleuse qui a infiltré tous les rouages de l’Etat et pris en otage ses structures, une machine de guerre, un système hégémonique qui a les moyens de sa mission évoquée plus haut comme l’atteste le document qui suit.

M.Devali Ould Cheine du parti SAWAB, son nouvel allié, qualifié ici de « leader maximo » du mouvement Baathiste n’est pas à son premier coup d’essai. Lisez ce papier qui date d’octobre 2016.

Extraits : « …. Son combat (le parti Baath) vise deux objectifs affirmés: la promotion de la langue Arabe, dans l’enseignement, l’Administration publique, ainsi que l’affirmation de l’identité Arabe de la Mauritanie. … Sans rentrer dans les détails de l’histoire et des méthodes du mouvement Baathiste en Mauritanie, on peut considérer qu’il a été de toutes les luttes politiques, au sein des syndicats des travailleurs et des étudiants, mais aussi en noyautant biens des structures, civiles et militaires, de tous les régimes qui se sont succédé en Mauritanie depuis l’Indépendance et jusqu’aujourd’hui. …Pour atteindre ces objectifs, le mouvement Baathiste a tenté, et réussit quelquefois, des alliances tactiques avec quasiment toutes les formations et mouvements politiques du pays, exceptés ceux d’obédience Négro-africaine ». En savoir plus

Source : Ciré Ba

 

Limam Ahmed Ould Mohamedou, Secrétaire Permanent du RFD : ‘’Le RFD est fier d’appartenir à cette opposition qui refuse la compromission et le tcheb-tcheb ambiant’’

Limam Ahmed Ould Mohamedou, Secrétaire Permanent du RFD : ‘’Le RFD est fier d’appartenir à cette opposition qui refuse la compromission et le tcheb-tcheb ambiant’’Le Calame : Une partie de l’opposition dite radicale, à laquelle vous appartenez, a décidé de prendre part aux élections prévues en été prochain. Qu’attend le RFD pour se décider ?
Limam Ahmed : Qu’est-ce que vous entendez par « opposition radicale » ? Si vous faites ainsi allusion aux forces politiques qui refusent la compromission, le tcheb-tcheb ambiant, qui demeurent attachées aux idéaux de démocratie et de justice quel qu’en soit le prix, le RFD est fier d’appartenir à cette opposition-là !

Pour revenir à votre question, nous venons d’entamer une session du Bureau Exécutif pour en débattre.

Au vu du décor déjà planté par le pouvoir, j’ajouterai, à titre personnel, qu’il n’y a véritablement pas le feu…
Quel est le bilan de la campagne de réimplantion de votre parti qui s’est déroulée presque en même temps que celle de l’UPR qui a totalisé plus d’un million d’adhérents ? 
Notre campagne se déroule normalement, en toute sérénité, auprès de citoyens convaincus… Elle a pris fin à Nouadhibou et au Hodh Echarghi. Elle sera bouclée, Inchaa Allah, sous peu à Nouakchott. Dans le reste du pays, elle est en cours. Le bilan interviendra lorsque toute l’opération aura pris fin. S’agissant du « million et quelque d’adhérents » de l’UPR, je laisse les Mauritaniens apprécier le ridicule de cette nouvelle mascarade que le régime ajoute à son pitoyable palmarès du genre « tant que tu n’auras pas honte, continue à faire ce que tu veux »…
Selon les résultats d’une étude effectuée par les Nations Unies, avec le concours de la Ligue Arabe et de l’Université d’Oxford, la Mauritanie caracole en tête des pays arabes les plus pauvres. Qu’en pensez-vous ?
Ce rapport vient s’ajouter aux irréfutables preuves qui mettent à nu la gestion catastrophique du régime en place… Sinon, comment peut-on imaginer que notre pays soit condamné à occuper, partout, la dernière place, malgré ses importantes ressources humaines et naturelles et les multiples avantages dont il devrait bénéficier, notamment sa position géostratégique ? Puis viendront, à nouveau, les « fous » de Mohamed Ould Abdel Aziz pour nous vanter les mérites de « l’Homme providentiel » et nous gaver de ses incommensurables réalisations pour le bien-être de son peuple, n’en déplaise aux ennemis de la Nation que sont l’Opposition, les Nations Unies, l’Université d’Oxford et tous ceux qui nous envient le paradis dans lequel nous vivons…
Quelle appréciation faites- vous de la grève des médecins et de l’escalade qui en découle ?
Il s’agit d’une grève dont l’une des revendications mérite, à elle seule, respect et considération, à savoir la gratuité des soins médicaux dans les unités d’urgence au profit des citoyens nécessiteux. Exprimées de façon civilisée, ces revendications sont tout à fait légitimes comme l’augmentation des salaires, très en deçà de ceux des médecins et infirmiers étrangers engagés par l’État, ou la mise en place de programmes de formation permettant de suivre l’évolution dans les divers domaines médicaux ou encore la nécessité d’associer le médecin au processus d’acquisition et d’entretien des équipements qu’il utilise dans le cadre de son travail, au lieu de les acheter via des intermédiaires motivés uniquement par le gain…
L’obstination avec laquelle le pouvoir continue d’ignorer ces revendications et l’approche punitive qu’il adopte à l’égard du mouvement en dit long sur son mépris pour le peuple mauritanien qui souffre énormément des effets de la grève. Je ne peux que saluer la persévérance et de le courage de ces grévistes face à un pouvoir qui piétine, chaque jour davantage, leurs droits les plus élémentaires.

Le RFD a déjà exprimé son indéfectible solidarité envers eux, c’est ici le lieu de la réitérer.
Propos recueillis par DL

source lecalame.info

Pouvoir/ Opposition par Sow Abou Demba, ancien ministre

altL’opposition radicale reproche au Président de gérer les affaires du pays d’une manière unilatérale. En France on appelle ça la verticalité dans l’exercice du pouvoir, la façon jupitérienne pour dénoncer la vision verticale, voire autoritaire du Président Macron.

Ces amis politiques expliquent que l’élection présidentielle est la rencontre d’un homme et un peuple, sur la base d’un programme qu’il est tenu d’appliquer après son élection, contre vents et marais.

Ce qui exige une autorité et une volonté ferme de ne pas se plier aux pressions de groupes qui ne défendent que leurs intérêts propres ; que c’est un héritage Gaullien de la Ve République que tous les Présidents avant lui ont pratiqué.

Nous ne sommes pas loin de cet héritage Gaullien, puis que notre constitution de 1991 s’en est largement inspiré. En France on crie au despotisme et on réclame plus de négociation, plus de concertation avant les décisions importantes pour le pays.

En Mauritanie, il y’a incontestablement quelque chose à faire dans ce domaine, car la démocratie exige une négociation permanente entre le pouvoir gouvernemental, le pouvoir législatif et le pouvoir social. Pour cela on doit commencer par rehausser le niveau et la qualité de nos parlementaires, en exigeant de justifier au moins un DEUG (2e Année d’université ou équivalent).

Le président Aziz a mis œuvre son approche managériale et contractuelle de l’économie. Ce qui lui a permis de redresser les comptes de l’état et de limiter les détournements des deniers publics.

Il a incontestablement marqué des points dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. On est loin aujourd’hui de la période où on assassinait impunément nos soldats à Tourine, Lemgheity, ou l’on enlevait et tuait les occidentaux sur la route de Nouadhibou, d’Aleg, à Nouakchott, et ou les terroristes s’échappaient allègrement de la prison civile de Nouakchott.

Il a su très rapidement, réorganiser et rééquiper notre armée. Ce qui lui a permis de sécuriser nos frontières du Nord à l’Est du pays et de redonner à notre armée nationale une place prépondérante dans la sous-région ouest-africaine, et une expertise et un savoir-faire reconnus de tous, dans ce domaine de lutte contre le terrorisme transfrontalier.

Il a également marqué des points dans le domaine diplomatique, puisque c’est un domaine que j’ai connu un peu, en réalisant en un temps record, l’organisation pour la première fois dans l’histoire de notre pays de deux sommets internationaux qu’on n’a jamais pu faire, le sommet de la ligue Arabe et bientôt, celui de l’Union Africaine.

Sa présidence de l’union Africaine et sa participation à plusieurs initiatives diplomatiques mondiales ont permis d’améliorer l’image et la commune renommée du pays.

Sur le plan des infrastructures, l’Aéroport International de Nouakchott « Oum Tounsi » constitue à lui seul le gros morceau, sans parler du nouveau palais des congrès en finition, des routes, et d’autres infrastructures que tout visiteur du pays peut constater.

Le programme des boutiques Emel et la distribution du Elf (aliments de bétails), dans le cadre d’une année marquée par un fort déficit pluviométrique, ont mobilisé les couches les plus nécessiteuses du pays, même si, il faudra plus que ça pour secourir ces populations frappées cette année, par un hivernage quasi inexistant.

On comprend donc pourquoi les Oulémas, les notabilités et tout le pays profond se prononcent pour que le Président Aziz reste pour continuer à faire le Job.

Si le Président décide de ne pas répondre à cet appel et de soutenir un candidat, c’est ce qui semble-t-il pourrait être le cas), ce dernier ne sera probablement élu que sur la base de ces réalisations du Président Aziz et de son soutien actif.

Il reste encore beaucoup à faire, sur le plan social, le niveau de vie et le pouvoir d’achat des populations a beaucoup baissé à la suite de la modification de l’ouguiya, car les commerçants en ont profité pour augmenter les prix des denrées de première nécessité.

Sur le plan de la sécurité civile publique, les actes de délinquance, de crimes (meurtre, vol, viol, braquage de banques) ont connu une recrudescence à Nouakchott.

Deux départements sont dans un mauvais état et constituent une préoccupation essentielle des populations, car ils touchent à leurs conditions d’existence et l’avenir de leurs enfants. La santé qui est dans une situation de blocage totale actuellement et l’éducation en état de dégradation avancée.

Nous pouvons dire que le successeur du Président Aziz aura du pain sur la planche sur ces domaines.

L’opposition radicale a, à mon avis commis trois erreurs fondamentales dont les conséquences ne finissent pas de leur tomber en cascade sur la tête :

La première c’est l’inscription dans l’accord de Dakar des stipulations pour autrui qui n’avaient aucune valeur juridique. En effet, Ils avaient flanqué au prochain président des obligations et une manière de gestion qui ressemble à une obligation de cogestion du pays. Or aucun vainqueur, même s’il venait de leur rang ne peut accepter une telle stipulation.  La seule stipulation qui vaille est celle de son peuple souverain qui l’a élu sur la base d’un programme qu’il est tenu d’appliquer.

Or, l’opposition s’est accrochée mordicus à l’application de ces stipulations par le Président désormais élu. C’est cette exigence mal fondée et inaccessible qui a amené cette opposition à commettre sa deuxième erreur, celle du boycott qui l’a sortie de l’Assemblée Nationale et de la scène politique pendant plus de cinq ans maintenant.

Puis, réalisant qu’elle a fait une grosse erreur en boycottant, elle décide à la dernière minute de participer coute que coute, sans conditions aux prochaines élections.

Voilà sa troisième erreur car il fallait s’y prendre à temps et négocier avec le pouvoir les conditions de sa participation.

Sans consensus sur un candidat unique et sur un programme commun, pratiquement impossible à réaliser, compte tenu des divisions, de la course au leadership au sein du trop composite FNDU, devenu G8, et des délais impartis, je vois mal comment cette opposition pourra tirer son épingle du jeu des prochaines échéances électorales, notamment la Présidentielle.

Qu’Allah préserve la Mauritanie.

Sow Abou Demba, Ancien Ministre

Paris le 16/06/2018

 

Adrar-info

Pouvoir/ Opposition par Sow Abou Demba, ancien ministre

L’UA à Nouakchott: Leçon d’Histoire du Panafricanisme : Pour les Nuls…et les autres aussi/Prof. Boubacar N’Diaye

L’UA à Nouakchott: Leçon d’Histoire du Panafricanisme : Pour les Nuls…et les autres aussi/Prof. Boubacar N’DiayeLorsque, dans quelques semaines, la Mauritanie accueillera le sommet de l’Union Africaine (UA), selon une formule bien rodée, Nouakchott sera ‘la capitale de l’Afrique. Une autre interaction à la fois délicate, inconfortable, entre la Mauritanie et UA, en perspective ?

Déjà, en 2014, à un tournant critique de l’évolution de l’organisation continentale, Ould Abdel Aziz en avait été fait président en exercice (même si c’était par défaut, aucun autre chef d’Etat de l’UMA éligible ne s’étant porté candidat).

Cette distinction lui avait donné l’occasion de savourer une belle revanche sur une organisation qui, quelques années plus tôt exerçait –vainement– des pressions pour lui faire lâcher prise d’un pouvoir qu’il avait usurpé à un président démocratiquement élu un 6 août 2008. Mais c’était là une toute autre affaire, aujourd’hui oubliée.

Donc, très bientôt, attendons-nous à ce que les ondes et tous les media soient saturés d’autres formules bien faites, de rhétorique panafricaine sans conviction, et autres tournures de bon aloi.

Il parait même qu’un hommage sera rendu au grand Nelson R. Mandela, le champion toutes catégories de la lutte contre l’oppression raciale, de l’éthique en politique, et de la bienséance. Cet hommage lui sera rendu en Mauritanie, En 2018…

Il est fort à parier cependant, que l’idéologie dominante aidant, mais aussi du fait de la déconfiture totale de notre système éducatif depuis belle lurette,(très) peu, dans la classe dirigeante (ceux-là mêmes qui auront beau jeu de manipuler cette rhétorique panafricaniste pour la galerie continentale) et même dans l’intelligentsia (toutes générations confondues ?), connaissent vraiment le panafricanisme, sa genèse, son histoire, sa signification comme mouvement politique, culturel et psychosocial, et, bien sûr, sa pertinence pour la Mauritanie (surtout celle d’aujourd’hui, avec l’intensification de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles et contre le racisme subconscient, ou assumé et institutionnalisé).

Bourdes diplomatiques récurrentes

Pendant plusieurs années, y compris après l’avènement de l’ère des colonels, la Mauritanie s’est enorgueillie, à juste titre, de son rôle comme membre fondateur de l’ancêtre de l’UA, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et un de ses acteurs les plus en vue.

Grace à une diplomatie de haute gamme et une forte volonté de poursuivre à fond sa vocation de « trait d’union » entre l’Afrique Subsaharienne et l’Afrique Arabo-berbère, selon la formule du Président Ould Daddah, l’organisation avait, de l’avis général, avait fait un bond qualitatif en avant lorsque ce dernier en assura la présidence tournante en 1971.

L’aura qui en résulta pour le pays (et pour Moktar lui-même) s’est assurément estompée au fil des ans, la guerre du Sahara aidant, mais surtout avec l’avènement du pouvoir en treillis et ses bourdes diplomatiques récurrentes.

Donc, en préparation du sommet et peut-être pour situer un tel sommet dans le contexte (faites votre choix du qualificatif qui vous sied) dans lequel il va bien falloir le placer lorsqu’il se tient en Mauritanie, en 2018, un petit rappel de ce qu’est le panafricanisme, ‘l’unité, la solidarité Africaines’, au-delà des sommets, des conférences et autres forums de l’UA, peut s’avérer avantageux pour tous. Pour les nuls, mais aussi et surtout, pour ‘les autres’.

D’abord, le Panafricanisme ne peut être compris qu’en gardant à l’esprit un simple mot, ‘racisme’ et son corollaire ‘oppression du Peuple Noir’, notions qui devraient interpeller tout mauritanien compte tenu du discours politique et culturel national de ces dernières décennies.

Puissent ceux qui s’égosilleront bientôt à ressasser les formules creuses telles que ‘solidarité/intégration africaine’, ‘intérêts communs’, ‘relations fraternelles’, ‘coopération mutuellement avantageuse’ s’en souvenir.

Les déclarations, résolutions, conventions, protocoles, et autres instruments laborieusement négociés et signés au cours des cinq décennies passées par les Etats membres pour les outiller à intégrer leurs économies, et autres politiques, illustrent certes tout le progrès que le panafricanisme a accompli, compte tenu de ses ennemis intérieurs et extérieurs.

Evidemment, leur mise en œuvre effective laisse à désirer et s’est heurtée à l’absence de volonté politique, au sacrosaint fétiche de la ‘souveraineté nationale’, et surtout à l’absence d’implication des masses africaines.

Cependant, le panafricanisme est avant tout un esprit, des valeurs, et une vision dont l’essence est la lutte pour la dignité et les droits des peuples africains. Ceci implique la lutte contre le racisme qui est la négation même de la dignité humaine, de l’égalité, et de la valeur intrinsèque de tout être humain.

En d’autres termes, le panafricanisme ne peut pas être confondu avec la création de l’OUA en Mai 1963, même si cet évènement était bien sûr historique. Pas même avec la nécessité de surmonter les clivages idéologiques des ‘groupes’ ou ‘bloc de Casablanca’, ‘bloc de Monroviaou même, avant ceux-ci, le ‘groupe de Brazzaville’.

Le panafricanisme ne peut davantage être confondu avec le tournant historique du 5ème congrès de Manchester en 1945 qui lui a sans aucun doute insufflé la dynamique et à une certaine mystique qui ont conduit à la montée des nationalismes, aux indépendances chèrement acquises, et à la création de l’OUA.

Le panafricanisme ne peut non plus être confondu avec ce qui est devenu une bureaucratisation, une distorsion d’une vision grandiose par sa réduction en ‘simples’ rapports ‘d’état à état’ entre entités postcoloniales se disant indépendantes, et leurs occasionnels sommets et conférences. Il faudra remonter bien plus haut dans l’histoire du Peuple Noir pour cerner ce qu’est vraiment le panafricanisme.

La colonisation, ce néo-esclavage

Il faudra commencer avec l’holocauste de l’esclavage des Noirs, leur combat contre ce système inhumain, cette institution deshumanisante. Une œuvre commune qui sans doute avait commencé, déjà, à forger chez eux la conscience d’un destin commun.

Le Panafricanisme en tant qu’idée et mouvement intellectuel, sociopolitique, culturel devra attendre plus ou moins la fin de la calamité que fut le commerce des Noirs et leur asservissement et avilissement à travers les Amériques (et ailleurs, bien sûr, mais passons sur cet aspect pour l’instant).

Après des siècles de ces pratiques, leur prohibition, tout à fait formelle pour encore longtemps, ne se fera que vers le milieu du 19eme siècle. Donc, le combat de millions d’ex-esclaves, qu’ils aient gagné leur liberté de haute lutte et glorieusement, comme en Haïti (en 1801) ou que celle-ci ait été concédée à travers des amendements à quelque constitution ou la prise de nouvelles lois, le combat pour une véritable émancipation ne faisait que commencer.

En effet, les idéologies racistes véhiculées par les sommités intellectuelles européennes et outre-Atlantique, Arthur de Gobineau, Friedrich Nietzsche, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Thomas Carlyle, Robert Knox, pour ne citer que ceux-ci, avaient tant pénétré les Psychés et cultures, et rationalisé l’esclavage et le mépris de Noir que, libres ou pas, les hommes et femmes d’origine africaine avaient toutes les peines à se faire une place d’égalité et de dignité dans les sociétés américaines post-esclavage. Et bien sûr, très bientôt, commencera pour leur continent une nouvelle ère de néo-esclavage, connue comme la colonisation.

Cette conscience de la communauté de destin rendue évidente par la répression raciale aveugle, la brutalité des lynchages fréquents, la marginalisation souvent institutionnalisée, et toutes autres formes de discrimination qui étaient devenues le lot quotidien de l’africain où qu’il se trouve sur le continent américain, au nord comme au sud et dans les iles des Caraïbes.

Bientôt, des intellectuels et couches moyennes commencèrent à s’insurger, à résister, à s’organiser, à construire une vision et une stratégie pour l’avenir, non seulement pour ces peuples de la Diaspora, mais pour toute la ‘race’ africaine.

Cette vision, on ne peut plus cohérente, était bâtie sur la conscience d’appartenir à une même communauté ‘biologique’, culturelle, géographiquement définie, la légitimité et la nécessité de lutter pour ses droits et sa dignité, et la foi en un destin commun meilleur.

Si, bien sûr, cette lutte devait être menée dans les différents emplacements de la diaspora, elle devrait être menée aussi contre l’impérialisme et le colonialisme qui avaient déjà commencé leur sinistre œuvre de subjugation et d’exploitation du continent-mère sous le prétexte d’un racisme insidieusement allégorisé dans l’infamant poème de Joseph Rudyard Kipling, The White Man’s Burden (‘le fardeau de l’Homme Blanc ‘celui-ci étant, bien sûr, de civiliser les autres).

Ainsi donc vit le jour, et se développa au fil des ans, le panafricanisme. Ses précurseurs, théoriciens et militants sont nombreux, mais parmi les plus connus, Henry Sylvester William, W.E.B. Dubois, James Beale Africanus Horton, Edward Wilmot Blyden, Benito Sylvain, Mojola Agbebi, et tant d’autres.

Articulée de manière soutenue au fil d’une série de congrès et de conférences dont le premier se tient en 1900 à Londres, leur vision était celle d’une ‘race’ africaine réhabilitée dans sa dignité, fière, solidaire, débarrassée du racisme, du stigmate de l’esclavage, de l’inégalité, et de l’exploitation coloniale.

Ses membres, en particulier dans la diaspora, débarrassés de tout complexe d’infériorité, exprimant leur solidarité et affermissant les liens entre eux et avec leurs frères et sœurs du continent et opérant un ‘retour ‘psychologique, spirituel, intellectuel, culturel, et pourquoi pas physique, vers leur continent d’origine.

C’est cette vision et l’espoir qu’ils portaient pour le Peuple Noir qui ont été communiqués au monde à chaque opportunité propice, en particulier lors des conférences qui se sont succédé pendant les premières décennies du 20ème siècle, quand l’ordre impérialiste et la suprématie raciale gouvernaient le monde.

Ainsi, bien avant que Kwame Nkrumah ne théorise et ne plaide pour l’existence d’une ‘personnalité africaine’, qui doit être reconnue et valorisée comme socle de la renaissance de l’Homme Noir, et bien avant qu’il ne plaide pour un Etat continental (fédéral), Edward W. Blyden, cet éducateur Caribéen qui vécût et enseigna en Sierra Leone et au Liberia, avait déjà conçu ces deux concepts à la fin du 19eme siècle.

Ce sont donc ces notions de résistance à l’oppression raciale pour la dignité, la fierté d’appartenir à la ‘race’ noire malgré des siècles de dénigrement systématique et d’exploitation, qui sont au cœur du panafricanisme.

Ces notions ont été aussi à la base de l’émergence, dans les années 1920, du puissant mouvement de masse, le Universal Negro Improvement Association (UNIA) qu’un autre chantre du panafricanisme, le jamaïcain Marcus Mosiah Garvey, a fait épanouir et dirigé à New York, à travers les USA, et les iles Caraibes.

L’Histoire retiendra aussi qu’un jeune nationaliste africain, alors étudiant de son état, dans les années 1930, Kwame Nkrumah, avait été profondément influencé par ce mouvement, sa philosophie et ses objectifs.

Après avoir joué un rôle central dans le congrès de Manchester, Nkrumah devait retourner au Gold Coast (future Ghana) et galvaniser la lutte pour l’Independence de la colonie britannique et mettre en chantier la décolonisation du continent et jeter les bases du panafricanisme sur le continent. Il était hanté, obsédé, par la nécessité (urgente !) de la rédemption du ‘Black Man’ (l’Homme Noir).

Un chantre nommé Nkrumah

La centralité de l’état postcolonial (dans les frontières érigées par la conférence de Berlin et les découpages coloniaux) dans les relations entre les peuples africains ne devrait donc pas faire oublier l’essence du panafricanisme qui est antiracisme et anti-oppression de l’Homme du fait de la couleur de sa peau.

Les congrès panafricains de 1974 et de 1994 et autres conférences connexes l’ont rappelé. Il est vrai que ceux-ci se sont déroulés dans le contexte de ce qui s’apparente à un nouveau dogme : la « souveraineté nationale » triomphante, la non-ingérence, chères aux élites politiques nationales africaines.

L’on ne devrait pas perdre de vue cette essence de panafricanisme : La lutte contre le racisme et l’exploitation des peuples Africains et pour leur dignité, ainsi que la vision d’une communauté de destin de ces peuples où qu’ils vivent.

Il est donc pertinent de noter qu’en Mai 2018, un rapport accablant du comité des Nations-Unies pour l’élimination de toutes formes de discrimination (Cerd), publié à Genève, avait souligné que la Mauritanie ne s’était pas acquitté de ses obligations aux termes de la Convention Internationale sur l’Elimination de Toutes Formes de Discrimination Raciale qu’elle a signée en 1966 et ratifiée en 1988.

Le comité s’est déclaré « préoccupé » par la présence continue de pesanteurs sociétales, structurelles et culturelles qui, en Mauritanie, conduisent à la « discrimination à l’égard des Harratines et des Négro-africains » et à leur sévère sous-représentassions dans les secteurs-clef de la vie publique, ce qui les empêche de jouir pleinement de leurs droits de citoyens mauritaniens.

Le rapport recommande aussi des politiques et mesures pour mettre fin à cette discrimination et à cette marginalisation qui sont massives et durables, liées à la couleur de la peau des victimes. L’on se souvient aussi de la controverse et des tensions liées au débat sur le racisme et l’exclusion lors de la tenue à Nouakchott de la 62eme session de la Commission Africaines des Droits de l’Homme et des Peuples.

Le sommet de Nouakchott devrait donc être une occasion propice pour se rappeler que c’était cette essence même du panafricanisme qui avait mu les chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Addis Abeba, en Mai 1963, pour créer l’OUA, à écrire une cinglante lettre ouverte au président John F. Kennedy pour attirer son attention sur le mauvais traitement qui était réservé aux noirs américains dans les Etats du Sud au plus fort du mouvement pour les droits humains et civiques des américains d’origine africaine, ces véritables Harratine outre-Atlantique.

Les mots choisis par ces dirigeants, au nom de l’Afrique méritent d’être cités, parce qu’ils devraient avoir une résonnance singulière lors du sommet de Nouakchott :

Dans cette lettre (citée par le New York Times du 23 mai 1963), les dirigeants africains n’avaient pas eu froid aux yeux pour attirer l’attention de leur homologue américain sur le fait que :

« Ces Noirs, qui, au moment même où se tient cette conférence, sont assujettis aux traitements les plus inhumains(…) contre qui des chiens dressés ont été délibérément lâchés par la police, sont des nôtres… Leur seul tort est d’être noirs et d’avoir exigé le droit d’être libres et de tenir la tête haute comme citoyens à part entière des Etats Unis d’Amérique ».

Le panafricanisme se saurait être conçu sans cette tradition de courage politique et moral dans la lutte sans merci contre le racisme sous toutes ses formes, quels qu’en soient les responsables. C’est cette tradition qui planera aussi sur le sommet de Nouakchott, et qui hantera les participants—s’ils en ont conscience.

Puisse les dirigeants africains et les élites s’en souvenir et s’en inspirer. Et puisse les élites et les dirigeants mauritaniens (qui sont bien africains, n’est-ce-pas ?–et pas seulement pour la durée du sommet !) se souvenir aussi de ce que c’est là l’essence du panafricanisme.

le calame

Suspension de la grève des médecins mauritaniens

Suspension de la grève des médecins mauritaniensApanews – Les médecins mauritaniens ont décidé de suspendre pendant deux semaines leur grève qui dure depuis 45 jours pour donner une chance à la médiation jugée sérieuse, a-t-on appris de source sûre samedi à Nouakchott.

« Cette médiation est conduite par des personnalités publiques fiables en dehors du gouvernement et munies de garanties précises », a expliqué à APA une source proche du dossier qui, selon elle, est désormais sur le bureau du président de la République.

Les médecins ont pris cette décision au cours d’une assemblée générale à huis-clos destinée à discuter les développements de la grève et des chances d’aboutir de la médiation engagée.

Organisée par les deux syndicats des médecins généralistes et spécialistes, cette grève, observée à 95% dans l’ensemble des villes mauritaniennes, est motivée par des revendications salariales et l’amélioration des conditions de travail.

Dans une mesure de sanction, le ministère de la Santé mauritanien qui qualifie le mouvement d’illégal a annoncé la suspension des salaires des grévistes et procédé au limogeage de plusieurs de leurs responsables.

Réagissant à cela, les grévistes ont résilié collectivement leurs contrats avec l’hôpital militaire de Nouakchott. En dépit de cet arrêt de travail, un service minimal est assuré dans toutes les structures d’urgence du pays.

MOO/te/APA

 

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