Monthly Archives: October 2017
Le différend entre les savants mauritaniens … concernant le sermon officiel du vendredi
Un différend oppose actuellement l’imam de la grande mosquée Ahmed Ould Lemrabott Ould Habib Rahman et le Conseil suprême de la Fatwa et des Griefs représenté par son principal juriste Mohamed Mokhtar Ould M’Balla, à propos du sermon officiel de ce vendredi 13 Octobre et le sermon du vendredi précédent..
Les divergences entre les deux parties ont éclaté au grand jour, lors d’un récent atelier organisé par le conseil suprême de la Fatwa et des griefs pour faire connaitre le » livre total des Fatawi » auquel Ould Lemrabott dit préférer le livre « fatwa Chinguitienne » de Yahya Ould El Barraa .
…..Mais le différend est ancien . Depuis la création du Conseil suprême de la Fatwa et des griefs , l’imam de la Grande Mosquée conteste sa mission et estime qu’elle ferait mieux de se transformer en une institution (genre Arabie Saoudite) pour » enjoindre le bien et interdire le mal » ( هيئة للأمر بالمعروف و النهي عن المنكر ).
Il a même rappelé ce vœu lors du sermon de l’avant dernier vendredi . Seulement l’Arabie Saoudite , sur qui, l’Imam Ould Lemrabott veut copier ,s’est rétractée récemment et a dissout l’institution » enjoindre le bien et interdire le mal » ( هيئة للأمر بالمعروف و النهي عن المنكر ) .
Les observateurs de l’arène scientifique et intellectuelle affirment que le renouvellement du conflit entre les savants mauritaniens et sa portée au niveau du grand public sont liés à la compétition , qu’ils se livrent pour accéder à la présidence du nouveau Haut conseil de la Fatwa et des griefs, approuvé par les récents amendements constitutionnels et qui sera doté de pouvoirs très larges.
Source : http://mourassiloun.com/node/1925
Traduit par Adrar.Info
Israël et les Etats-Unis quittent l’Unesco
Francetvinfo – Le retrait américain, confirmé par l’organisation internationale, sera effectif au 31 décembre. Israël a annoncé son départ dans la foulée.
Après son retrait de la COP21 en juin, Washington continue de faire cavalier seul. Jeudi 12 octobre, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a annoncé que les Etats-Unis quittaient ses rangs.
“Cette décision n’a pas été prise à la légère, et reflète les inquiétudes des Etats-Unis concernant l’accumulation des arriérés à l’Unesco, la nécessité d’une réforme en profondeur de l’organisation et ses partis pris anti-israéliens persistants”, a précisé le département d’Etat américain dans un communiqué.
Dans la foulée, Israël a annoncé qu’elle quittait également l’organisation. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, “a donné pour instruction au ministère des Affaires étrangères de préparer le retrait d’Israël de l’organisation, parallèlement aux Etats-Unis“, a dit son bureau dans un communiqué. “L’Unesco est devenue le théâtre de l’absurde où l’on déforme l’histoire au lieu de la préserver”, a-t-il ajouté.
Un désaccord sur le conflit israélo-palestinien
Les Etats-Unis devraient toutefois maintenir leur présence dans cette organisation en tant que simple observateur. C’est “une perte pour la famille des Nations unies“, a réagi immédiatement l’instance internationale qui “regrette profondément”. “L’universalité est essentielle à la mission de l’Unesco pour construire la paix et la sécurité internationales face à la haine et à la violence, par la défense des droits de l’Homme et de la dignité humaine”, a déclaré sa directrice générale, Irina Bokova.
Washington avait prévenu début juillet de son intention de réexaminer ses liens avec l’Unesco après sa décision de déclarer la vieille ville de Hébron, en Cisjordanie occupée, “zone protégée” du patrimoine mondial. Cette décision, qualifiée d’“affront à l’histoire”, “discrédite encore plus une agence onusienne déjà hautement discutable”, avait alors déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley.
Une prise de distance entamée en 2011
Les Etats-Unis, alliés d’Israël, avaient déjà pris leurs distances avec l’Unesco. Ils avaient ainsi arrêté de participer à son financement en 2011 après que l’agence a admis les Palestiniens parmi ses Etats membres. Mais ils continuaient depuis à siéger au Conseil exécutif de l’Unesco, composé de 58 membres.
Selon le département d’Etat, un statut d’observateur permettrait de continuer d’apporter la “vision” et “l’expertise” américaines “sur certains dossiers importants gérés par l’organisation”, notamment “la protection du patrimoine mondial, la défense de la liberté de la presse” et la promotion des sciences et de l’éducation.
La justice de Mauritanie camoufle un nouveau scandale d’esclavage
IRA Mauritanie – A. Des faits sans équivoque
Après une longue journée au parquet de Nouakchott-sud, le substitut du procureur de la république a fini, le 10/10/2017 par camoufler une affaire d’esclavage au premier degré.
En effet, Amadou Ousmane Diallo, jeune Peulh, travaillait dans la zone de Chami, au nord de la capitale Nouakchott ; marié à une Hartania, c’est-à-dire une femme descendante d’esclaves de maures, appelée Meimouna Mint Breika, ils élevaient, ensemble, 3 enfants, dans la commune populaire de Elmina (Nouakchott).
L’époux fut alerté par son frère Mamadou, qu’un policier répondant, au nom de Jaeffar Ould Moctar est venu, le 4 /10/2017 à la maison, pour enlever Meimouna Mint Breik et deux de ses rejetons mineurs, Khadjetou et Samba. L’agent de la force publique, auteur de la séquestration, n’est autre que le fils des maîtres de la susdite.
Après l’avoir kidnappée, il l’installait à Aghchorguit, localité située à 200 km au sud de Nouakchott, la capitale ; elle y passe quelques jours, malgré l’insistance du mari, au travers d’une plainte en bonne et due forme, auprès du commissariat 2 d’Elmina.
B. La contrefaçon habituelle
Le maître ramène son esclave, au commissariat de police Elmina 2 (Nouakchott) ; après audition, ils rentrent ensemble, au mépris du conjoint. Le lendemain, Amadou Ousmane Diallo et son frère Mamadou Ousmane Diallo sont déférés devant le procureur de la république, qui se contente de camoufler les actes avérés d’esclavage, par l’inculpation du policier, pour des « menaces » téléphoniques à l’égard du mari ; le magistrat, au nom d’un sens précaire de l’équilibre, poursuit le frère de Ousmane Diallo, de « coups et blessures et d’atteinte aux bonnes mœurs ».
Ainsi, l’affaire à été vidée de son contenu juridique, requalifiée sur le fond et la forme afin de soustraire, de la rigueur de la loi, les justiciables de pratiques de servitude ; ce faisant, il fallait, comme d’usage récurrent dans le pays, rejeter la responsabilité sur les victimes. Actuellement, le dossier se trouve entre les mains du juge d’instruction qui a mis Mamadou Ousmane Diallo et Jaeffar Ould Moctar sous contrôle judiciaire.
C. Une histoire répétée
Il convient de le relever, l’agent de police plaçait le mari de Meimouna, en demeure de choisir, entre trois options : divorcer, laisser son épouse s’installer à Aghchorguit durant une année de pension versée par lui, sinon s’exposer, lui-même, au risque d’un emprisonnement à vie. A la faveur de l’évènement, les témoins assistaient, en plein jour, au spectacle d’une famille d’esclavagistes, s’efforçant d’arracher une femme à son mari, sur les marches du Palais de justice.
D. Conclusion
Nous lançons un appel aux forces vives mauritaniennes espérant un lendemain meilleur, la concorde social et la paix civile, représentées par les organisations civiles et politiques, à s’exprimer sur cette propension du régime de Ould Abdel Aziz a blanchir inexorablement les crimes contre l’Humanité que sont les pratiques esclavagistes.
Nous appelons la communauté internationale: organisations non-gouvernementales de défense de la dignité humaine et les organismes sous-régionaux et internationaux: Commission Africaine des droits de l’Homme et des Peuples, Union Africaine, Union Européenne, les Nations Unies et leurs différents rapporteurs spéciaux sur tous les compartiments des droits humains, a mettre en accusation publique le régime mauritanien réfractaire aux principes élémentaires de la dignité humaine, un régime méprisant ses propres lois et piétinant les engagements et conventions internationales qu’il a lui même ratifié.
Le régime du général Mohamed ould Abdel Aziz a atteint le stade suprême d’impunité des crimes inhumains qui justifie sa mise au banc des Nations.
Nouakchott, le 12/10/2017
La commission de communication
cridem
L’ambassadeur des Etats Unis en Mauritanie, dans un entretien à cœur ouvert avec Sahara Media : Il évoque le refoulement des activistes américains, la suppression du sénat et les rapports avec la société civile
Dans un entretien accordé lundi à Sahara Media, l’ambassadeur américain en Mauritanie Larry André, dont l’accréditation vient de prendre fin, a affirmé que les relations de son pays avec la Mauritanie ne seront pas affectées par la décision des autorités mauritaniennes de refouler des militants américains des droits de l’homme à leur arrivée à l’aéroport de Nouakchott.
L’ambassadeur a déclaré que des contacts avaient été pris avec les autorités mauritaniennes depuis le mois de juin à propos de la visite de cette délégation et qu’un programme de la visite leur a été remis officiellement.
« Nous ressentons, a dit le diplomate américain une certaine inquiétude car toutes les mesures avaient été prises avent l’arrivée de la délégation ».
Le diplomate considère que la délégation, en arrivant en Mauritanie, voulait apprendre de l’expérience mauritanienne en matière de lutte contre l’esclavage.
Cette délégation répondait à une invitation du président de « SOS esclaves » Boubacar O. Messaoud qui s’était rendu aux USA et qui souhaitait un échange d’expériences entre les deux parties.
L’ambassadeur s’est longuement apaisanti sur cette question et a notamment déclaré que ces personnes avaient de nobles intentions en venant en Mauritanie car elles voulaient en toute honnêteté connaître la Mauritanie.
« Elles me l’avaient confirmé, a ajouté le diplomate et m’ont révélé qu’elles souhaitaient apprendre de la Mauritanie, loin de vouloir donner des leçons ».
Elles ont un grand respect pour la Mauritanie et pour son peuple et quand on leur avait demandé de quitter le territoire mauritanien, elles s’étaient exécutées et avaient tenu des propos positifs à cet égard.
Interrogé sur un éventuel changement de la politique américaine en Mauritanie, Larry André a réaffirmé que les objectifs des Etats Unis en Mauritanie demeuraient les mêmes, la sécurité, la prospérité et les droits de l’homme et que l’assurance d’une telle volonté lui avait été affirmé par le secrétaire d’état américain Tillerson lors d’une rencontre à Washington.
Il a ajouté que les USA respectaient l’organisation « SOS esclaves », « car elle représente l’exemple d’une organisation de la société civile qui travaille avec le gouvernement et qui consent des aides aux personnes.
L’ambassadeur estime que l’action du mouvement IRA est portée sur le plan international et qu’il n’a pu en rencontrer les responsables qui étaient à chaque fois à l’étranger ou dans les prisons.
Il a salué le rôle joué par la Mauritanie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le pays n’ayant connu aucun attentat depuis 2011 mais aussi le dialogue engagé avec les anciens extrémistes, « une approche, ajoute l’ambassadeur dont doivent s’inspirer les pays de la région».
Interrogé sur la suppression du sénat, l’ambassadeur a tenu plutôt à rappeler des points importants à propos de la politique américaine.
« Nous avons changé 27 fois la constitution, car à chaque fois qu’un nouvel état faisait son entrée dans l’union, nous étions tenus d’ajouter une étoile au drapeau ».
Le diplomate trouve normal qu’un pays choisisse un système bicaméral ou un système à une seule chambre, le monde étant partagé entre ces deux choix.
Normal également pour l’ambassadeur que tout diplomate, accrédité dans un pays, puisse nouer des relations avec les populations locales, sans que cela ne soit considéré comme une immixtion dans les affaires intérieures du pays.
L’ambassadeur a confirmé la fin de son accréditation en Mauritanie.
Il représentera les USA à Djibouti et a révélé le nom de son successeur à Nouakchott, Mike Dadmen, des nominations encore assujetties à l’approbation du sénat américain.
Ci-dessous l’intégralité de cette interview.
Question :
Excellence, quelle évaluation faites-vous de la coopération entre la Mauritanie et les Etats Unis sous la présidence de Donald Trump ?
Est-ce que quelque chose a changé ou est ce qu’il est prévu qu’il change ?
Réponse :
Nos relations sont excellentes et portées même au degré de partenariat. Elles sont basées sur des intérêts communs.
En me nommant à ce poste, le président Obama m’a défini 3 objectifs : la sécurité, la prospérité et enfin les droits de l’homme et la bonne gouvernance. Assurer la sécurité et la prospérité pour les peuples américain et mauritanien.
Récemment j’ai séjourné pendant quelques mois à Washington et j’ai rencontré le secrétaire d’état américain Tillerson mais aussi mes collègues à la maison blanche qui m’avaient confirmé que les objectifs qui m’avaient été fixés demeuraient les mêmes.
Nos relations avec la Mauritanie et son peuple demeureront excellentes à tous les niveaux.
Question :
Excellence les autorités mauritaniennes avaient refoulé, il ya quelques jours des américains, militants des droits de l’homme et vous avez publié un communiqué qui critiquait cette décision.
Cette mesure aura-t-elle des incidences sur les relations entre les deux pays ?
Réponse :
Merci pour cette question, car je me dois d’évoquer ce fait. Ma réponse à votre question est toute simple : non.
Nos relations n’en pâtiront pas car elles servent les intérêts des deux peuples, mauritanien et américain.
Dans notre vie privée deux amis intimes peuvent avoir des points de vue divergents, mais cela n’affecte en rien leur relation.
Nous nous avons un point de vue différent à propos de cette délégation américaine, mais cela n’a aucune incidence sur nos relations, des relations ancestrales, basées sur des priorités communes.
A propos de la visite de cette délégation je voudrais apporter certaines précisions.
D’abord la Mauritanie a tout le droit de déterminer qui doit entrer sur son territoire ou qui ne le doit pas, tout comme les Etats Unis également qui ont ce droit.
Il arrive qu’aux Etats Unis nous autorisons l’entrée sur notre territoire de personnes qui n’ont pas forcément de bonnes intentions et nous refusons les mêmes faveurs à d’autres qui sont tout à l’opposé.
J’évoque ici le cas des Etats Unis d’Amérique.
Pour être clairs à propos de la souveraineté nationale et les décisions des dirigeants nous nous devons de les respecter.
Quand on avait commencé la préparation de cette visite, mes collègues ont eu des entretiens avec les autorités mauritaniennes. Ils avaient rencontré le commissaire aux droits de l’homme au mois de juin dernier.
Ils ont par ailleurs rencontré d’autres responsables au niveau de l’agence « Tadamoun », des ministres et d’autres institutions gouvernementales.
Nous avons élaboré un programme officiel dans lequel nous avons cité toutes les personnes que cette délégation devait rencontrer.
Nous l’avons transmis par une note verbale en date du 30 août.
Nous avons annoncé dans notre communiqué que nous étions inquiets à juste raison alors que nous étions en contact permanent avec les autorités à propos de cette mission.
J’ai servi en Mauritanie pendant 3 ans au cours desquels j’ai n’ai cessé de rappeler à chaque fois les importantes réalisations à l’actif de ce gouvernement dans le domaine des droits de l’homme et notamment dans celui de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles.
En 2015 a été votée une loi contre l’esclavage, des tribunaux pour lutter contre le phénomène.
Il s’agit là d’importantes réalisations et nous estimons que ce gouvernement a fait mieux que tous ceux qui l’ont précédé mais le chemin est encore long pour faire davantage.
Dans mon pays il existe différentes communautés et nous faisons face à des défis dans le domaine des droits de l’homme et tout le monde sait l’ampleur de ces défis.
Ce que nous voulons c’est partager nos expériences et c’est dans ce cadre que se situait la visite de cette délégation.
Cette délégation est composée de dirigeants afro-américains, de dirigeants de la communauté musulmane aux Etats Unis, tous occupent des rangs importants dans la société américaine et des responsabilités aussi.
Ils avaient rencontré en 2015 le président de « SOS esclave » et ont discuté avec lui ce qu’ils devaient faire en tant que militants des droits de l’homme aux Etats Unis pour faire face aux problèmes aigus auquel fait face la société américaine, comme par exemple les détenus esclaves et chômeurs.
Ceux-ci défendent les droits de l’homme et œuvrent à réaliser la paix et la fraternité pour un meilleur devenir de la société américaine.
A l’issue de son séjour aux Etats Unis, Boubacar O. Messaoud avait invité ces personnes à visiter la Mauritanie, d’abord dans la logique de l’hospitalité mauritanienne et pour s’imprégner des réalisations de la Mauritanie dans le domaine de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles.
Ils voulaient voir de visu ces réalisations et c’est pourquoi la majorité de leurs entretiens étaient prévus avec des responsables gouvernementaux et certaines structures qui en sont proches.
Dans la note verbale nous avons détaillé toutes les rencontres prévues dans le programme.
J’ai été long dans ma réponse à cette question, afin que les mauritaniens sachent que ces personnes étaient animées de bonnes intentions, et ont voulu, en toute honnêteté, connaître la Mauritanie, apprendre auprès d’elle, loin d’eux l’idée d’être des donneurs de leçon.
Ils vouent un respect absolu pour l’état et le peuple mauritaniens et quand on leur avait demandé de quitter le territoire mauritanien, ils se sont exécutés, non sans avoir tenus des propos positifs en ce sens.
Question :
Quelle évaluation faites-vous des droits de l’homme dans le pays et quel est votre point de vue sur l’action des organisations de défense des droits de l’homme en Mauritanie ?
Réponse :
En arrivant il ya trois ans, j’ai encouragé le gouvernement et la société civile à travailler en commun.
En décembre 2014 j’ai longuement discuté avec les responsables du parti au pouvoir et mes collègues et moi au niveau de l’ambassade avons entrepris d’importantes actions, soucieux que le gouvernement et la société civile puissent réaliser pour la Mauritanie un avenir radieux.
Quant à savoir s’il ya certains problèmes de droit de l’homme en Mauritanie, la réponse est oui.
Ya-t-il des problèmes relatifs aux droits de l’homme aux Etats Unis ? La réponse est aussi oui.
Nous sommes deux peuples qui partagent beaucoup de spécificités et nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres.
Question :
Est-ce que vous soutenez certaines organisations des droits de l’homme en Mauritanie, comme par exemple « SOS esclaves » ou IRA ?
Réponse :
Nous avons beaucoup de respect pour « SOS esclaves » car elle constitue un modèle parfait de la coopération entre le gouvernement et une organisation de la société civile.
Elle collabore avec le tribunal pour les délits d’esclavage, prépare les dossiers pour la cause et apporte par ailleurs son appui aux nécessiteux en les formant à des emplois et c’est là des faits réels.
Le mouvement IRA a fait de sa priorité l’action au plan international et le temps où je suis resté en Mauritanie, ses dirigeants étaient soit à l’étranger ou en prison.
N’ayant pas eu la même opportunité qu’avec SOS esclaves pour évaluer son action, je pense qu’il est du devoir de tous les acteurs de la société civile de témoigner le respect pour le gouvernement mauritanien et je crois aussi qu’il est de l’intelligence pour le gouvernement mauritanien de trouver la voie pour travailler avec la société civile.
Question :
Pour revenir à la question des relations entre les deux pays notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier quelle évaluation faites-vous des efforts de la Mauritanie dans ce domaine ?
L’appui américain à l’armée mauritanienne va-t-il se poursuivre ?
Réponse :
La Mauritanie a une histoire qu’elle doit porter à la connaissance du monde.
Beaucoup d’états ont été malheureusement les cibles d’attaques terroristes, comme ce fut le cas pour la Mauritanie entre 2005 et 2011.
Le gouvernement et les forces armées ont pu mettre fin à cette situation, comparée aux pays de la région la situation de la Mauritanie, Dieu Merci, est meilleure.
Il n’ ya pas eu d’attaques depuis 2011 et les autres pays se doivent d’apprendre de l’expérience mauritanienne, tant sur le plan sécuritaire que sur celui de l’instauration d’un dialogue avec d’anciens extrémistes religieux à travers des chefs religieux.
Une histoire passionnante pour beaucoup de pays qui ont souffert du terrorisme.
La coopération militaire se poursuit.
Des instructeurs américains continuent de venir en Mauritanie pour entraîner les soldats mauritaniens et des soldats américains s’entraînent eux aussi auprès de soldats mauritaniens pour se familiariser avec les réalités du Sahara.
Certains encadreurs américains m’ont vanté les mérites des soldats mauritaniens prompts à se perfectionner.
La coopération touche aussi le domaine des équipements mais aussi d’autres voies qui permettent de garantir les intérêts des deux pays.
Question :
Quel jugement portez-vous sur la force mise sur pied récemment par les pays du Sahel lors d’un sommet qui a réunit les chefs d’état de ces pays avec le président français Emmanuel Macron ?
Réponse :
Le mérite de la constitution de cet ensemble revient à ce gouvernement qui a reçu à Nouakchott les chefs d’état de ces pays et les a encouragé à créer un pôle régional pour servir les intérêts sécuritaires et économiques des peuples de la région.
Chose louable, la Mauritanie est à 100% maghrébine mais aussi à 100% sahélienne, ce qui place la Mauritanie dans une position stratégique qui lui permet d’avoir une influence fondamentale dans la région.
La création d’une force commune est importante car les extrémistes ne respectent pas de frontières, des gens qui vénèrent la violence et ne croient en rien d’autre.
La coopération entre les 5 pays de la région est une idée intelligente et nous observons toutes les voies à même de permettre d’apporter notre aide.
Question :
La scène politique connaît des remous après le récent referendum, l’arrestation d’un sénateur et l’interpellation d’autres.
Quel est votre point de vue relativement à ce qui se passe sur la scène politique ?
Réponse :
Plutôt qu’évoquer les affaires intérieures de la Mauritanie, je mettrais l’accent sur des aspects importants de la politique américaine.
Nous avons modifié 27 fois la constitution du pays, car à chaque adhésion d’un nouvel état à l’union, nous devons ajouter une nouvelle étoile au drapeau.
A propos de la promulgation des lois, les pays font l’un des deux choix.
Certains adoptent le système bicaméral et d’autres celui d’une chambre unique, il n’ ya donc rien d’inhabituel.
A propos du programme du gouvernement pour la lutte contre la gabegie nous nous attendons à ce que la loi soit appliquée de façon juste et je crois, comme me l’avait dit le président de la république, que quand il s’agit de justice il n’ ya point de place pour la politique.
Question :
Excellence Monsieur l’ambassadeur vous êtes apparus plus d’une fois dans des cérémonies mondaines, ce que certains ont considéré une infiltration suspecte au sein de la société et que par conséquent il ne fait pas partie de votre mission diplomatique.
Quelle réponse de votre part ?
Réponse :
Je crois que me serais senti coupable si je ne m’étais pas fait des amis en Mauritanie.
J’ai été épaté par beaucoup de mauritaniens que j’ai rencontré et qui ont fait preuve d’une incroyable hospitalité.
Ils m’ont reçu chez eux et moi aussi j’en ai fait autant.
Mon ami l’ambassadeur Daddah (ambassadeur de Mauritanie à Washington) m’a révélé qu’il avait de nombreux amis américains avec lesquels il échange les visites, chose tout à fait normale.
Moi je n’ai pas accusé l’ambassadeur Daddah de s’immiscer dans les affaires intérieures américaines parce qu’il a accepté l’hospitalité américaine.
Question :
Enfin, à la fin de votre mission en Mauritanie, qu’avez-vous apporté au pays pendant votre accréditation et quelle est votre nouvelle destination ?
Réponse :
Je m’attends à ce départ dans les prochains mois et je n’ai rien de précis à ce propos.
Je dois quitter la Mauritanie avec beaucoup de tristesse et j’ai eu l’occasion de rencontrer Mike Dadman qui a été désigné par le président Trump pour me succéder et j’ai été désigné ambassadeur à Djibouti.
Seulement rien encore de sûr, quant à ces désignations, car dans le système américain le président désigne les ambassadeurs mais le dernier mot revient au sénat qui accepte ou qui rejette les propositions formulées.
A propos des réalisations j’évoquerai les trois objectifs principaux qui m’ont été fixés, à savoir la sécurité, la prospérité et les droits de l’homme.
Notre partenariat est encore plus forte aujourd’hui qu’auparavant, tant au niveau de la coopération militaire, l’application des lois et une action commune avec les autorités pour améliorer les conditions des prisonniers et celles des prisons et nous avons contribué à la formation des magistrats.
Dans le domaine militaire nous avons approfondi notre coopération et dans le domaine commercial on note un accroissement des exportations américaines et mauritaniennes et nous en sommes fiers.
Nous poursuivrons nos importants programmes en faveur des jeunes, notamment dans le domaine de la formation professionnelle pour favoriser les opportunités d’emplois.
S’agissant de nos rapports avec le gouvernement et la société civile nous continuerons de partager les idées qui nous ont permis de régler les problèmes aux Etats Unis et à écouter les idées mauritaniennes qui peuvent contribuer à la solution des problèmes aux USA mais aussi celles qui peuvent profiter aux mauritaniens dans le respect.
saharamedias
Pour éviter l’Algérie à sa frontière, Senghor a voulu créer la République du Walfougui
Le360 – Front de Libération du Walo, du Fouta et du Guimakha (Walfougui), ce mouvement a l’acronyme plutôt compliqué, fondé par un gendarme du nom de Alioune Diaw, fût révélé à l’attention des journalistes et des analystes politiques au début des années 1980.
C’est un épisode sur lequel revient Babacar Justin Ndiaye, journaliste sénégalais, fin analyste politique à la plume alerte, dans sa chronique «Laser du lundi» publié chaque semaine sur le site d’informations en ligne «Dakaractu». Son exercice pour l’histoire et la mémoire est entrepris dans un contexte de relations passablement tendues entre Dakar et Nouakchott, à l’origine de la crainte du réveil des vieilles rancœurs.
Sous le titre «les jointures, les fractures et les abysses sénégalo-mauritaniens» le célèbre politologue revient, à travers les éphémérides, sur un épisode très mal connu des relations entre ces 2 pays frères, aux liens aussi multiples qu’inextricables.
D’abord, Justin Ndiiaye dresse un constat selon lequel «toutes les jointures sont ancrées dans les entrailles de la relation ou, plus exactement, dans les tréfonds de l’osmose entre le Sénégal et la Mauritanie. Tout a collé, voire soudé les 2 pays: la géographie, la religion et les 3 séquences essentielles de l’histoire (avec un grand H) que sont les phases précoloniales, coloniales et postcoloniales».
Il rappelle l’amitié et la bonne entente entre les présidents Léopold Sédar Senghor et Mokhtar Ould Daddah, le début des incompréhensions sous l’ère du régime militaire et la terrible déchirure de l’année 1989.
Sur la séquence de l’aventure de Diaw, le journaliste écrit: «Affolé par la perspective d’avoir une frontière commune avec l’Algérie de Houari Boumediene, via une Mauritanie infiltrée et dominée par le Polisario, le président Senghor, un an avant son départ du pouvoir, nourrit l’idée d’un glacis (une sorte de cordon sanitaire) le long du fleuve Sénégal.
A cet effet, les services secrets sénégalais ont enrôlé un sous-officier de la gendarmerie mauritanienne, du nom de AD, initiales qui se révèleront être celles d’un certain Alioune Diaw.
La mission du sous-officier et déserteur avait été de créer un front de libération du Fouta, du Walo et du Guidimakha (Walfougui). La manœuvre avait pour but de favoriser la naissance- sur une ligne tampon qui va du barrage de Diama à la ville de Selibaby– d’un Etat tampon (fantoche) et protecteur du Sénégal dans le cas de figure où l’Algérie, via le Polisario et avec la complicité du colonel Ould Haidallah, prendrait le contrôle de la Mauritanie».
Senghor avait raison de procéder ainsi, puisque lui et Houari Boumediene ne se sont jamais sentis. Et si le Polisario venait à prendre le dessus sur l’armée mauritanienne, l’Algérie ne manquerait pas de chercher des noises au Sénégal. D’où la démarche de Senghor qui a toujours été un fidèle ami de Mokhtar Ould Daddah, renversé quelques mois plus tôt.
En fin analyste, Babacar Justin Ndiaye ne s’est pas arrêté à ce seul épisode de l’histoire entre les deux pays et a rappelé deux actes témoignant des liens entre Senghor et Ould Daddah. “Ces liens-là ont des volets secrets et moins secrets qui, à deux reprises, ont mis la Mauritanie à l’abri de la déstabilisation et/ou de l’effondrement. Le défunt Président Mokhtar Ould Daddah révèle dans ses Mémoires un geste très amical de son homologue sénégalais”, écrit-il,
Le premier épisode intervient quand Senghor offre à l’aviation française l’occasion de bombarder le Polisario à partir de la base militaire de Dakar. Par le second, il a pris le soin d’atterrir brièvement à Nouakchott pour informer son ami Ould Daddah de se méfier du nouvel ambassadeur de France d’alors, Jean François Deniau. Ce dernier n’avait pas que de bonnes intensions à son égard.
Mais lors de l’après Senghor-Daddah, il y a eu les évènements de 1989-90, quand les deux pays ont failli en venir aux armes et que plusieurs milliers de citoyens ont été chassées de part et d’autres du fleuve. Encore aujourd’hui, ils sont encore nombreux à demander leur retour en Mauritanie.
Selon Justin Ndiaye, “en vérité, Nouakchott a tiré les leçons traumatisantes de la fracture des années 89-90, puis élaboré une «doctrine sénégalaise» faite de rancœurs, de vigilance et de précautions”. Et il conclut en affirmant que “l’histoire ne se répète pas, elle bégaie”.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya