Monthly Archives: May 2017
Baaba Maal expose le programme de Nann K pour la Mauritanie
Baaba Maal, le lead vocal du Dandé légnol, a appelé, lors d’une conférence de presse tenue le 14 mai, à Nouakchott le gouvernement mauritanien à appuyer les projets de développement que l’association Nann K compte mettre en œuvre dans la Vallée du fleuve Sénégal, en appui aux populations.
« Avec notre expertise et notre compétence dans les domaines de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture, nous tendons la main au gouvernement mauritanien qui est notre premier partenaire. D’autres organisations internationales prêtes à aider les populations africaines, nous accompagnent”, a noté l’artiste.
Baaba Maal s’est produit au cours du week end dernier, lors de deux grands spectacles à Nouakchott. Le concepteur du projet Nann K, qui projette d’étendre ses tentacules, a tenu à lever toute équivoque précisant que son association est apolitique et n’est pas non plus un mouvement de contestation.
Nann K est un mouvement de développement que j’ai créé après une collaboration de plusieurs décennies avec des organisations internationales, explique Baaba Maal. Pour booster le développement dans le monde, je me suis rendu compte qu’il fallait commencer par quelque chose, poursuit-il. “Je fais la promotion de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche dans le monde entier.
Quand je travaillais avec Oxfam international, nous avions constaté que nous disposons de grands cours d’eau, d’associations de femmes très bien organisées qui ne voulaient que travailler. Mais il leur manquait un grand plan agricole, mais aussi une voix. Quand j’élève la voix, les gens me répondent. Donc, c’est une occasion pour moi d’amener les gens à aller vers le développement”.
Cette association n’est pas non plus l’apanage des halpoularren, ni des wolof, c’est une structure appartenant à tous les mauritaniens sans distinction,a-t-il averti. Le lead vocal du Dande Leñol a salué l’engagement et le dynamisme des membres de la cellule du mouvement NANN-K de Mauritanie sous la houlette du Colonel(er) Diallo Alassane, en insistant sur l’apport considérable de ces membres ainsi que des amis du Dandé Lénol, notamment Sy Adama dit Ades et Lam Moctar dans la naissance et le développement de cette organisation apolitique.
Baaba Maal a élevé le colonel(ER) Diallo Alassane au rang de président d’honneur magnifiant le travail qu’il a entrepris au profit de son orchestre mais aussi pour la nouvelle structure non sans oublier sa « clairvoyance d’esprit ». Il a rappelé que cette initiative citoyenne lancée, en avril 2014, est un prolongement du Dandé Leñol et de sa vision constructive aux profits des communautés.
L’artiste a éclairé que le but de ce mouvement citoyen « est de donner la possibilité à Baba Maal, de tout ce que j’ai eu à affaire individuellement au Fouta et un peu partout dans le monde avec la collaboration d’organisations internationales, d’Ong et de fondations très célèbres » dit-il, « avant de revenir à la base, de partir avec des partenaires qui ont la même vision que moi, des gens qui croient en la paix, qui veulent se débarrasser de la peur, de la haine, de la jalousie, et qui veulent travailler pour un futur meilleur » dixit-il, parce que selon lui, c’est capital que « l’être humain retrouve sa dignité », celle-ci, dit-il, n’est rien d’autre que de « pouvoir travailler décemment, de se nourrir et de nourrir sa famille, de se protéger et de faire ce dont on a envie sans déranger les autres. »
Naan-K, l’appellation du mouvement est une abréviation en Pulaar, car selon le chanteur de « Thiaroye Gare », « le Pulaar est une langue internationale ». Il faut donc entendre par Naan-k, le « N » se traduit par l’élevage, le premier « A » par l’agriculture, le second « A » c’est la pêche, « N » c’est la culture et le « K » c’est la technologie ; parce que dit Baaba : « le développement ne peut pas aller sans l’agriculture, la pêche et l’élevage », renchérissant que «la culture doit être le moteur » avant de conclure que « nous avons le droit par rapport à l’époque que nous vivons d’utiliser les nouvelles technologies pour avoir une agriculture moderne, une pêche moderne et un élevage bien structuré, mais aussi d’avoir des artistes qui portent bien les messages pour les divulguer à travers : la télévision, la radio, l’internet … »
‘’On écoutera les populations, pour voir avec elles quelles sont leurs priorités et comment les accompagner”, a expliqué l’artiste. Dès le début, j’ai dit que ce n’est pas de l’argent que Baaba Maal a mis de coté pour des jours meilleurs va sortir de sa poche. Nous allons nous appuyer sur les coopératives. Certains de nos partenaires font partie de ceux qui ont aidé à monter ces coopératives. Comme elles sont très bien structurées, c’est la meilleure solution.
’’ Poursuivant, il a affirmé que son association va accompagner les jeunes dans la formation, le montage de projets pour aider les populations à monter des coopératives, à se prendre en charge, à utiliser les acquis (terres, fleuve, mer, etc.) et à les connecter avec les investisseurs qui sont intéressés’’, a-t-il dit. Baaba Maal a dit qu’il ‘’n’est pas normal qu’on ait de vastes étendues de terres, des cours d’eau, des bras valides et qu’on ne puisse pas se développer’’, a-t-il exposé.
Compte rendu THIAM
lE CALAME
Côte d’Ivoire : les mutins rejettent l’accord du gouvernement
Le ministre ivoirien de la Défense, Alain-Richard Donwahi, a dit lundi soir à la télévision d’Etat être parvenu à un accord avec les soldats mutins qui paralysent depuis quatre jours plusieurs villes pour réclamer le versement de primes mais les intéressés ont immédiatement rejeté la proposition gouvernementale.
Deux porte-parole des 8.400 mutins ont dit avoir refusé la somme proposée par le gouvernement.
« Ils ont proposé 5 millions de francs CFA (chacun) payables demain. Mais nous voulons 7 millions versés en une seule fois », a déclaré le sergent Seydou Koné.
La situation s’est tendue dans la journée avec d’intenses fusillades signalées à Bouaké, la deuxième ville du pays, dans le Nord, et Abidjan, la capitale économique, au Sud, ranimant les craintes de guerre civile.
Auteur: – Web-News
seneweb
Le ministre ivoirien de la Défense, Alain-Richard Donwahi, a dit lundi soir à la télévision d’Etat être parvenu à un accord avec les soldats mutins qui paralysent depuis quatre jours plusieurs villes pour réclamer le versement de primes mais les intéressés ont immédiatement rejeté la proposition gouvernementale.
Deux porte-parole des 8.400 mutins ont dit avoir refusé la somme proposée par le gouvernement.
« Ils ont proposé 5 millions de francs CFA (chacun) payables demain. Mais nous voulons 7 millions versés en une seule fois », a déclaré le sergent Seydou Koné.
La situation s’est tendue dans la journée avec d’intenses fusillades signalées à Bouaké, la deuxième ville du pays, dans le Nord, et Abidjan, la capitale économique, au Sud, ranimant les craintes de guerre civile.
O. Gadda déféré à la prison pour meurtre
Le procureur de la république à Rosso a déféré lundi après midi à la prison civile, le sénateur Mohamed O. Gadda, après sa détention trois jours à brigade de gendarmerie de la ville.
Pour justifier sa décision, le procureur s’est référé aux articles 295 et 296 du code pénal, aux articles 1 et 4 de la loi 20/76 /relative à l’obligation de l’assurance et à l’article 16 de la loi 47/2006 organisant la sécurité routière.
Selon des sources proches de l’enquête le sénateur avait remis une copie de son assurance au procureur.
Les autorités retiennent à l’encontre de l’intéressé différentes charges, dont notamment meurtre et provocation de blessures et conduite d’un véhicule sans assurance.
Le sénateur a refusé de signer le procès verbal sanctionnant l’enquête pour non respect de son immunité et pour avoir été espionné, la gendarmerie ayant écouté certaines communications téléphoniques personnelles de ses téléphones, selon lui.
O. Gadda a été conduit à la prison, à bord d’un véhicule de la gendarmerie dès sa sortie de chez le procureur.
Celui-ci l’avait entendu au palais de justice de Rosso, en présence de son avocat, l’ancien bâtonnier Ahmed Salem O. Bouhoubeini qui s’est chargé de la défendre.
Celui-ci avait déclaré que l’affaire de son client avait revêtu un caractère politique, en dehors de toute procédure judiciaire dans de pareils cas.
Pour rappel les proches des victimes s’étaient engagés par écrit dans un procès verbal signé auprès de la gendarmerie de Rosso qu’ils ne portaient pas plainte contre le sénateur.
Pendant ce temps, les sénateurs ont protesté contre le maintien en détention de leurs collègues et suspendus lundi une séance plénière au cours de laquelle devaient être débattus des projets de loi présentés par le gouvernement.
saharamedias
FLAMNET-AGORA: Unité nationale certes, mais Unité dans la diversité, Unité dans l’égalité… | Par Samba Thiam Pr. des FPC.
En conseil des ministres du 04 Mai 2017, il a été décidé, selon la presse, de retirer, dès la rentrée scolaire prochaine , l’enseignement des deux premières années du fondamental au secteur privé , au prétexte qu’il ne se conformait pas à ‘’ l’obligation de dispenser l’enseignement en langue arabe qui n’est pas respecté’’ ; les cours dans ces premières années, rappelons le , sont dispensés exclusivement en arabe , depuis la réforme scélérate de 2000.
A mots couverts, il est reproché au Privé d’enseigner aussi le Français dans ces cours d’initiation…De l’enseignement du pulaar , soninke et wolof, pas un mot !
Hélas, à l’écoute des lobbies et des milieux chauvins, forcément le Président perd de vue la forêt pour ne voir que l’arbre, percevant mal les problèmes centraux, structurels du système éducatif….
La problématique de l’Enseignement fondamental ne se situe pas dans les cours en Arabe ou en Français des 2 premières années ; elle renvoie à quelque chose de plus profond, tel le problème d’orientation de l’Enseignement , tel le niveau des Enseignants, la gestion chaotique du personnel, la texture des programmes , le rapport confus du Public/Privé , mais en particulier et par-dessus tout l’idéologie sous-jacente et le problème d’ordre ; un désordre général, ambiant, qui affecte tout , y compris le secteur de l’Education . Rappelons le cas de ces centaines de Professeurs et Instituteurs détachés qui avaient été rappelés pour rester , pour la plupart, inemployés à ces jours , en dépit d’un ratio maître /élèves déficitaire ; tous ces Enseignants qui sèchent les cours et continuent de percevoir leurs salaires ; Ailleurs , tous ces agents fictifs de la fonction publique, tous ces gens qui émargeaient, sans rien faire, au budget de l’Etat … C’est ce même désordre que l’on a laissé s’installer trop longtemps dans les transports urbains pour pouvoir y mettre fin tout d’un coup …
Voilà les nœuds du problème auxquels on devrait s’attaquer, et non pas s’attarder sur des points de détails ! Du reste, avec des Enseignants sans niveau ou qui désertaient quotidiennement les classes , comme cela se passe dans les écoles publiques, quel serait l’intérêt de la mesure appliquée ? Quelle serait son incidence sur un système éducatif qui continue de s’écrouler ? Aucune !
Retirer, en perspective, le cycle fondamental au Privé, anarchique il est vrai mais fort utile, n’est pas la solution ; il faut plutôt le réguler, le réorganiser, l’assujettir à un contrôle rigoureux, réguler le mouvement des Enseignants du Public qui s’y ruent, négligeant le travail dans les écoles publiques. On ne transfère pas des compétences de quelque chose qui marche cahin-caha vers quelque chose qui ne marche pas du tout ! Quoique l’on en dise le Privé est tout de même, par ces temps là, mieux que le Public .
La solution ? réhabiliter l’Enseignement à la base, résoudre les dysfonctionnements existants, atténuer les disparités graves constatées entre enfants issus de milieu social diffèrent , plutôt que s’orienter vers des choses peu essentielles …Au lieu de chercher à redresser le secteur public par la restauration du travail, de l’éthique, de l’ordre et de la discipline, on se focalise sur des horaires de l’Arabe en 1ere et 2e année !!! Cette manière de voir contraste avec les propos récents du ministre de l’Enseignement supérieur qui nous incitait à revoir notre nombrilisme pour nous orienter vers les langues internationales. Cacophonie avec son Boss ? Allez savoir !
De façon générale, non seulement cette mesure est sans grand intérêt et fait fausse route, mais elle demeure, par essence, injuste, inique, provocatrice et dangereuse …
On le sait, tous les psycho-pédagogues s’accordent à dire qu’un enfant qui commence sa scolarité par une langue étrangère, au sens pédagogique du terme , accuse 6 années de retard… Pourquoi s’obstinait- on à maintenir cet obstacle pour les enfants non arabes ? Mohamed O abdallaye disait que « la langue maternelle constitue pour tout un chacun l’outil irremplaçable de toute production scientifique effective et le socle de tout esprit créatif ». Pourquoi donc le Président Abdel Aziz s’acharnait – il à vouloir, obstinément , pénaliser ces enfants , en les privant de ces possibilités, en leur refusant les mêmes opportunités ?
Cette mesure est d’autant plus surprenante qu’elle intervient peu après que le président aie reçu le plaidoyer des trois Associations culturelles _Pulaar , Soninke , Wolof- demandant la réintroduction de ces langues dans le système éducatif et leur officialisation ; pour que chaque enfant démarre sa scolarité dans sa langue maternelle . Pourquoi ce Président persistait – il dans la voie d’une Ecole qui discrimine et divise les enfants d’un même pays , à travers ses neuf Etablissements spéciaux ou ce type de mesures ?
Au-delà du problème d’équité et de justice qu’elle pose, cette mesure perd de vue une foule d’avantages – pédagogique, cognitif , didactique , psychologique et politique – à enseigner ces langues maternelles à l’Ecole ; Cela permettrait , en effet, d’apaiser les tensions en réduisant les frustrations accumulées toutes ces années, cela permettrait une communication maître-élève plus aisée, un apprentissage qui se ferait mieux et plus vite, un retard scolaire atténué, (harmonie entre Apprenant et médium-), une unité nationale renforcée, grâce à l’empathie induite de la communication élèves-élèves dans leurs langues maternelles respectives . Nos enfants maintenant ne communiquaient plus, ou s’ils le faisaient c’est en Français ou en Turc. Chacun parlant la langue de l’autre, c’est le fondement même du respect réciproque… S’y ajoute, enfin , l’efficacité accrue du système par la réduction des déchets scolaires – déperditions et échec massif- non sans impact positif sur le développement …C’est connu .
Bref, l’enseignement et l’officialisation des langues nationales constitue un gage d’équité , un facteur de stabilité et de développement …Et c’est du reste , ne l’oublions pas , un des points de consensus retenu du dialogue national de septembre 2016 , délibérément et arbitrairement supprimé des amendements constitutionnels à soumettre au peuple .
IL y a du cynisme dans cette mesure comme dans cette déclaration d’intention de la dernière réforme scolaire (2000) qui stipulait qu’il fallait rendre notre Enseignement ‘’ national’’, ‘’authentique’’ , tendre vers l’indépendance culturelle , au travers de la ‘’repersonnalisation de l’homme mauritanien’’. Repersonnalisation bonne pour les uns , superflue pour ceux-là qui ne comptaient pas ou ne le méritaient pas , et qu’on pouvait aliéner à loisir et sans remords …
Si, comme d’aucuns l’affirment ‘’ chaque individu reste porteur d’une dignité inaliénable’’, que ‘’chacun reste fier de ses racines et de sa culture ‘’, pourquoi poursuivait- on cette logique discriminatoire dans notre Ecole ?
Abdel Aziz est tout sauf le Président de tous les mauritaniens …
Malgré le peu de considération , pour ne pas dire le mépris – qu’il témoigne à certaines composantes nationales , il se trouve, malgré tout , des ‘’gens ’’ – toujours les mêmes – pour tenir encore des discours laudatifs ici et là , ou se mettre en pré-campagne pour un référendum de tous les dangers, et qui ne prenait en charge aucune de nos préoccupations centrales . Ces gens qui roulaient pour Aziz usaient de leur statut de fils du terroir, pour abuser les populations, en leur demandant de maintenir un Système qui les écrasaient !!!
Dieu fait l’homme en se retirant disait quelqu’un…
Unité nationale certes , mais Unité dans la diversité , Unité dans l’égalité !
14 Mai 2017
Samba Thiam
FLAMNET-AGORA: Dix ans déjà : Analyse psychique d’un général (deux fois) putschiste, chef d’Etat | Par le Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Tout ce qui façonne l’homme, sa force, sa dignité et sa gloire se retrouve dans la dialectique d’un « ego » (la représentation et la conscience que l’on a de soi-même) et d’un « alter ego » (Personne à qui l’on donne toute sa confiance).
Les comportements de chaque individu sont à l’image de ce qu’il veut être et de ce que les autres veulent qu’il soit. Lorsque ces personnes emportent toute la confiance alors l’ego tend vers l’alter ego. Lorsque cette confiance brusquement se rompt, alors l’ego se détache de son alter ego. La crise nait alors de cette rupture. Chez certains elle et passive (repliement sur soi) chez d’autres , elle est réactive (actes violents, physiques ou verbaux).
Depuis les dernières élections de 2007, qui ont conduit à l’élection d’un président de la République, toute la dynamique qui a secoué l’espace politique mauritanien s’explique par la dialectique entre l’ego d’un général et son alter ego, ce président, qu’il a soutenu et auquel il a fait confiance. Et dans cette relation, l’alter ego n’avait pas le choix des armes.
I- Le général bafoué : L’éviction de l’alter ego
Lorsqu’un militaire fait deux coups d’Etat successifs et qu’il monte en grade , l’on ne peut que se réduire à l’évidence : les coups d’Etat sont devenus pour lui un acte normal. Une forme de bonne gouvernance. Mieux, encore un acte hautement gratifiant.
Devenu général après le premier coup d’Etat, il devint chef d’Etat après le second. Il a pris le pli d’un acte qu’il ne juge même pas répréhensible, car le coup d’Etat est devenu dans la pratique politique mauritanienne, un usage au sens où l’entendraient les juristes: une pratique répétée qui entraine la conviction de son caractère obligatoire.
En effet on décompte plus d’une dizaine de coups d’Etat depuis 1978, et tous ceux qui les ont commis sont devenus des chefs d’Etat, des présidents de la République ou au moins député à l’Assemblée nationale. Le seul putschiste qui, avec ses compagnons, fut fusillé, est le colonel Kader, il eût moins de chance que les autres ou plutôt il vînt au mauvais moment, car d’autres ayant raté leurs coups sont aujourd’hui des élus du peuple.
Le général Ould Abdel Aziz, agit donc bien dans la droite ligne de ceux qui l’ont précédé et qui ont fait des coups d’Etat , les voies normales d’accès au pouvoir. Cette légalité dans laquelle il fut pris après l’élection du Président de la République en 2007, se devait de perpétuer son influence et non pas la contrarier. Il avait psychologiquement besoin de continuer à perpétuer une mainmise de l’armée dans le politique qui ne doit pas s’interrompre.
– Les espaces de liberté que le président renversé avait pris sonnaient pour lui comme le glas de sa secondarité. Secondarité qu’il ne pouvait pas admettre de celui qu’il a aidé à accéder au pouvoir et qui lui devait tout. Le personnage, le président, son « alter ego » qui devait refléter en tout et pour tout son propre vouloir, lui échappait. Alors le général bafoué, trahi dans ses espoirs de continuer à asseoir son influence à travers le vieil homme décida alors de le déstabiliser. Le « coup d’Etat » armé fut l’ultime recours après que le « coup d’Etat » légal ait échoué.
– En effet, le coup d’Etat légal fut celui qui allait à travers, tous les mécanismes partisans (fronde parlementaire) et les menaces institutionnelles ( enquêtes sur la fondation, haute cour de justice pour le président ) déstabiliser le président. Mais les efforts s’épuisèrent sans succès. Et ce qui fut certainement le drame psychologique du général, c’est que face à tous ces mécanismes, le Président de la République restait imperturbable. Le Président clamant que la fondation est « sans reproche », les frondeurs c’est des « trouble-fêtes ».
– Et cause donc perdue car le président n’allait pas dissoudre l’Assemblée nationale qui permettrait de renvoyer devant le peuple une majorité qui lui était favorable et recevoir en retour une autre majorité qui le renierait vue son impopularité que les militaires ne manqueraient pas d’amplifier en cas d’élections, le Président n’allait pas accepter non plus une enquête sur la Fondation et il n y aura donc aucun scandale qui l’éclabousserait, le Président confortait son premier ministre qui battait le ralliement de la majorité qui le soutenait…
Le général voyant le « coup d’Etat » légal piétiner, aurait pu patienter encore et d’avoir le Président par l’usure, les députés et les sénateurs de la fronde venaient , en effet, de déterrer l’argument de la Haute Cour de justice pour « juger » le Président. Mais peu habitué à l’argumentaire et bien porté sur une force à la quelle il s’est habitué, le général trouva alors dans le dernier décret du Président de la République, l’occasion inespérée de le renverser. En bon militaire et se considérant toujours l’égal du Président, il considéra que le décret le limogeant était une violence à son égard à laquelle il ne devait répondre que par la violence. Le naturel revenant comme on le sait au galop.
Psychologiquement, le Général est bien en conformité avec sa conscience. Il ne fait que perpétuer une pratique normale dans la passation des pouvoirs en Mauritanie: les coups d’Etat. Il ne fait, en bon militaire, que rendre coup pour coup ce que le Président lui a fait. En somme, il se devait de gagner au duel. Un duel commencé en Avril 2007.
Fort intéressante expérience de politique mauritanienne qui démontre comment se résout la dialectique de la force (militaire) et celle de la Démocratie (civile), lorsque la force qui a établi la démocratie se fait prendre au piège de la légalité.
II- Le général acclamé : le retour de l’ego
Il est fortement probable que le général ayant eu raison de son « alter ego », avait dans les premiers jours de son geste, l’intention de céder le pouvoir , de s’en éloigner ou tout au moins de revenir à une neutralité militaire. Hélas! C’était sans compter sur le pouvoir maléfique du microcosme politique courtisan mauritanien et sur l’hystérie populaire qui réduit souvent les dirigeants de bonne volonté en dieux de l’Olympe.
La caractéristique de la sphère politique mauritanienne est d’être absolument dénaturée par deux phénomènes qui ont un impact éminemment important sur le détenteur du pouvoir.
D’abord les cercles courtisans et laudateurs qui très vite réalisent une approche “déïficatrice” et sacralisante du détenteur du pouvoir et lui font croire de façon sournoise mais habile qu’il est le « nombril du monde ». Ces cercles qui ont acquis leurs lettres de « noblesse » sous les régimes précédents, ont développé leurs armes et les ont fourbies pour tirer le meilleur parti de celui qui prendrait légalement ou de force le pouvoir. De ce point de vue , ils ne font pas de distinction, ce qui compte pour eux ce n’est ni les intérêts de la nation ni ceux de l’Etat, c’est de se servir du pouvoir au mieux de leurs intérêts.
Ces cercles comprennent tous les éventails possibles : les intellectuels qui défendent , tout au long des colonnes de journaux ou d’ondes radio et télé, l’indéfendable et qui pertinemment, savent que leur mauvaise foi, à défaut de les tuer pourrait servir leur désir d’ascension auprès de celui qui les écoute; les chefs de tribus qui habitués au négoce de leur soutien au plus fort, à l’encontre des intérêts de leurs membres, se joignent aux laudateurs ; les groupuscules économiques en difficulté qui veulent profiter de la situation pour améliorer leur situation en attirant les faveurs ; les groupuscules sociaux, déçus ou rabroués durant l’ancien régime qui voudraient leur part du pouvoir etc.
En définitive, toute une mécanique laudatrice et courtisane qui rapidement prend d’assaut le pouvoir et qui finit par acquérir son oreille à son chant mielleux et trompeur. Le général doit certainement être en train d’entendre les fameux « Eddarjeu liman ? » et autres « monsieur le Président si vous ne vous présentez pas aux élections on vous attaquera devant la Cour internationale de justice pour non assistance à peuple en danger… » Etc. etc.
Une formidable machine de dénaturation de l’ego du détenteur du pouvoir, lui renvoyant une image qui très vite lui fait croire que la terre ne tournerait pas sans lui. N’a-t-on pas écrit que « les hommes politiques mesurent leur pouvoir au nombre des faveurs qu’on vient leur demander. »? (Maurice Druon, le pouvoir)
L’élément déterminant sur la psychologie du nouveau détenteur du pouvoir reste sans aucun doute l’acclamation populaire. En Mauritanie, comme pour tous les coups d’Etat, l’acclamation populaire du nouveau venu est une tradition. Un peuple qui applaudit à tout vent, pourvu que celui qui arrive lui promette de changer sa misérable situation.
Mais les effets d’une telle acclamation populaire sont dévastateurs sur l’ego de celui que l’on applaudit. Il finit par croire que c’est lui que le peuple soutien, alors que le peuple ne soutien qu’un espoir indépendamment du personnage. Si celui qui reçoit de telles acclamations sait que le peuple est descendu dans la rue pour soutenir tous les putschistes depuis 1978, il sortirait très vite de son leurre.
Il n’est pas erroné de dire qu’entre le moment ou il a fait son coup d’Etat et celui où ils est allé recevoir les acclamations de la foule, une translation psychologique c’est probablement réalisée chez le général Ould Abdel Aziz. Son « ego » lui dicterait alors qu’il a et qu’il est le pouvoir. « Le peuple est avec lui, il a besoin de lui ». Pourquoi ne resterait-il pas plus longtemps, sinon faire que le pouvoir, directement ou indirectement, ne lui échappe pas? Renvoyer les élections aux calendes grecques et perdurer davantage…
III – Le retour d’un ego amplifié par le pouvoir.
Ainsi, l’alter ego en berne et l’ego au vent, le général deux fois putschiste est pris entre sa conscience de militaire venu rétablir une situation qu’il a jugée déviationniste et un piège qui est en train de se refermer sur lui : la mauvaise conscience des autres.
Et il n’est nul besoin de dire que c’est moins la conscience de ce militaire qui entrainera le pays dans l’impasse que la mauvaise conscience de ceux qui le soutiennent.
Que les gens meurent, se suicident autour de lui….comme le référendum, un pis-aller.
– Un général sans alter ego, face à son ego…. désarmé.
Pr ELY Mustapha
cridem