Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: May 2017

Crise du transport : la théorie du complot revient

Crise du transport : la théorie du complot revientSuite aux nombreuses manifestations organisées à travers toute la ville de Nouakchott et dans certaines villes de l’intérieur en réaction au nouveau code du transport, les ministres de l’intérieur de la décentralisation et son collègue du transport ont intervenu directement mardi soir sur la Mauritanienne (TV officielle ).

Selon les deux ministres, il s’agit tout simplement d’un complot ourdi contre la quiétude publique par quelques ”directions” malveillantes. Le ministre de l’intérieur à proféré des menaces très sévères contre les manifestants dont beaucoup ne seraient, selon lui, que des délinquants ayant des antécédents judiciaires et des étrangers.

De son coté, le ministre de l’équipement et du transport à rappelé que le code, qui est à l’origine des troubles, existait avec des amendes plus importantes allant de six mille à cent cinquante mille ouguiyas.

Selon Ould Mohamed Khouna, le décret instituant ce code et la volonté du gouvernement de l’appliquer ne procèdent que de la détermination du pouvoir à veiller à la préservation des vies et des biens des citoyens.

le calame

Samba Thiam répond à Boydiel : Débat avant l’heure …

Samba Thiam répond à Boydiel : Débat avant l’heure …J’ai lu ces jours, non sans sourire , dans le Calame, l’interview de mon compatriote Boydjel ould Houmeid que je respecte . Pour son courage , pour sa constance, pour une simplicité que je lui découvre et que j’apprécie…

Je me suis intéressé à son propos sur le volet des langues . Il ’ s’exprime, à demi, avant l’heure, sur la question de l’officialisation des langues nationales (Pulaar , Soninke , Wolof)  .

Plaidant implicitement pour la transcription de ces langues en caractères arabes , Ould Houmeid soutend et soutient son raisonnement par le rappel du procédé pédagogique mnémotechnique, usité naguère par nos marabouts Peulhs et Wolofs, pour l’acquisition des lettres arabes .Une réserve tout de même à cette approche pour dire attention à l’amalgame, à la confusion, à éviter, entre deux problématiques distinctes qui relèvent l’une de technique de mémorisation, l’autre de choix idéologique …

Derrière le propos et le choix implicite de Ould Houmeid, Je crois avoir décelé , un souci -patriotique- me semble t-il , celui de construction d’un nation mauritanienne plus soudée, au travers de caractères de transcription …Chose louable, mais sans rapport ,dans le fond , avec notre situation interne, et qui serait totalement injuste si elle venait à s’appliquer, à bien des égards …

D’abord parce que ce serait remettre en cause le débat des années 70 , déjà tranché et complètement dépassé. Ce serait également, à mon sens , questionner la volonté des peuples qui ont librement exprimé leur choix souverain … Les Communautés Soninke , Pulaar , Wolof ont parlé …

Il ne faut, surtout pas , voir dans notre volonté de garder les caractères latins une hostilité à l’endroit de la langue arabe…Loin s’en faut ! Seuls les esprits chagrins et soupçonneux tirent ce type de conclusion hâtive et tendancieuse. Pour preuve, lorsqu’en 1955 El hadj Mahmoud Ba de Djeol (Gorgol) œuvrait , inlassablement, au rayonnement de la langue arabe par l’implantation d’Ecoles à Kankossa, dans les Agueylats , au Fuuta , au Mali , au Niger , au Nigeria , ‘’IBN Amar ’’-1er institut mauritanien – n’était pas encore né ; Qui ne verra le jour que dans les années 70! Tout pro-arabe qu’il fut il resta partisan des caractères latins ; rappelons, par fidélité à l’histoire, que n’eût été l’opinion , déterminante, de cette grande figure le choix actuel des caractères latins n’aurait pas prévalu…

Non, les Négro-africains n’étaient pas et n’ont jamais été opposés à la langue arabe ; y compris nos marabouts et ce depuis l’islamisation du Sahel  ; en revanche Ils ont été et demeurent contre l’instrumentalisation de cette langue à des fins de domination qui, aujourd’hui, fait d’eux des laissés pour compte, effacés chaque, jour un peu plus, de la sphère publique…Effacés de l’ Ecole , de l’Administration , de l’Armée , de la Justice, de l’Economie, gommés de la direction de toutes structures officielles , jusqu’au site de la plage des pêcheurs … Au vu de tout celà on cherche, malgré tout, à forcer ‘’l’adhésion’’ aux caractères arabes !!! Discrimination de toutes sortes à tous les niveaux que ces mêmes acteurs politiques observaient tous les jours sans rien dire, mais dès que ‘’ l’officialisation des langues’’ est évoquée il y a levée de boucliers ! On crie à l’ethnicisme, on alerte sur des menaces imminentes à l’unité !   Cette discrimination ouverte, persistante , sert-elle à convaincre les principaux concernés à changer d’option dans le choix des caractères ?   Question ouverte à Ould Houmeid et consort  … Non, Mohamed ould Abdel Aziz était tout sauf le Président de tous les mauritaniens !

Rappelons, par ailleurs, encore une fois, que si L’Unité nationale –souci apparent de Mr Boydjel pensons-nous- devait se construire ou se consolider, cela ne saurait se faire que dans le respect réciproque, dans l’acceptation des différences de nos composantes nationales .

Dernière raison, de principe enfin : s’il est communément constaté et admis que les Arabes mauritaniens , voire ceux du continent , se sentent plus proches, ou plus attachés à leurs frères de race du Proche Orient , au nom de quelle logique refuserait-on aux communautés Peulh , Wolof et Soninké et bambara de Mauritanie la même aspiration  à garder un lien ( linguistique) avec leurs frères du Mali , de Côte d’Ivoire ,du Burkina et d’ailleurs ? A moins d’une raison obscure , à moins d’une intention sordide, un principe reste et demeure un principe , applicable partout et pour tous…

Récemment nous nous posions la question : ‘’ pourquoi donc nos frères – leaders haratines – restaient-ils silencieux devant notre revendication légitime pour l’officialisation de nos langues nationales ?’’

Ould Houmeid vient apparemment pour sa part d’y répondre , à sa façon … laissant présager une position du futur , plus ou moins déclarée ici . Décodons proprement et prenons bonne note…

Attendons sur la question ould Bulkheir , Mohamed Vall, Biram , Boubacar , ould Beye, ould Werzeg, Borboss , ould Ciré et autres …

Samba Thiam

Avril 01 Mai-2017

 

Le calame

Grève des taxis : tensions et violents heurts à Nouakchott

Grève des taxis : tensions et violents heurts à NouakchottTawary – Pneus brûlés,barricades érigées, tensions, affrontements avec les forces de sécurité, les manifestations de chauffeurs de taxis protestant contre les nouvelles mesures sur la circulation routière prises par les autorités de Nouakchott ont donné lieu ce mardi 2 mai, à de nombreux incidents dans les différents départements de la capitale, a-t-on constaté.

Des véhicules saccagés, des commerces attaqués, des blessées et plusieurs personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre selon des sources.

A Riad, deux véhicules dont un tout terrain et une Mercedes 190 ont été saccagés par des groupes de grévistes au niveau du carrefour du stade et sur la route du rond point Bamako.

Selon une source sécuritaire, la plupart des manifestants sont des jeunes qui cherchent à piller les commerces et casser les véhicules. A en croire, qu’il s’agit d’une ambiance surchauffée surtout des quartiers périphériques tels Arafat, El Mina à Riad, où, notre reporter a passé. A Riad, les policiers pourchassaient à bord de leur véhicule les manifestants dans les rues.

Hier, lundi 1er Mai, au carrefour Msid-Nour deux commerçants ont été blessés l’un à la jambe et l’autre à la tête alors que les pillards voulaient vandaliser leurs magasins, selon des témoins oculaires.

Par ailleurs, dans la matinée de ce mardi, certains manifestants descendus à pied sur le périphérique bloquaient par intermittence la circulation dans les deux sens qui conduisent à Riad. Sur les abords des axes routiers et aux carrefours, des protestataires chantaient et scandaient des slogans hostiles au pouvoir en place et aux mesures qu’ils qualifient de sévères. Les manifestants sont accompagnés par un concert de klaxons de voitures.

Ces groupes de jeunes manifestants à majorité des collégiens, des lycéens et des ouvriers sont souvent pourchassés par des forces de sécurité dont la police anti-émeute et la garde nationale qui usent des grenades lacrymogènes.

Par A.SIDI

cridem

FLAMNET RETRO : Pour une coopération plus éclairée : par SAMBA THIAM président des FPC.

 Maintenant que le sommet arabe est fini, bien fini, l’auto congratulation passée, redevenons nous –mêmes  et  revenons à nos moutons …)  

 Pour une coopération plus clairvoyante

       Unité nationale-radioscopie…  

” Notre lutte n’était pas dirigée contre les Blancs eux- mêmes, mais contre la domination des Blancs, contre une politique hégémonique qui se reflète dans la composition raciale des principales structures du Gouvernement, à tous les échelonsN. Mandela. 

L’auteur de ces lignes, pour lever tout amalgame et toute ambiguïté, clarifie le sens et la direction de la lutte de l’ANC.  

Lignes fortes, à résonnance particulière pour les militants des FPC–d’inspiration ANC- qui luttent aussi contre un Etat, contre un Système et non contre une communauté raciale quelconque; “un Système fondé sur des préjugés, des présupposés qui aboutissent à une hiérarchie’’ que définissait si bien A Césaire . 

Résonnance particulière de ces lignes également chez les Négro-africains en général pour refléter ce qu’ils vivent au quotidien, à travers leur descente aux enfers qui se manifeste par leur élimination, graduelle et sans fin, de la superstructure et des principaux secteurs de la vie publique, amorcée dès l’indépendance. 

 Dès 1960, un Système est mis en place par Moctar  ould Daddah, à travers le contrôle de quatre verrous essentiels -leviers du pouvoir:– le contrôle du pouvoir politique, du pouvoir culturel (la langue), du pouvoir militaire, du pouvoir économique et financier, que viendra couronner le monopole des médias. Un Système pernicieux, bien construit, à l’origine de l’Inégalité ethnique consacrée et institutionnalisée ’’actuelle, qui fera dire à un visiteur étranger de passage ‘’qu’en Mauritanie être Noir est un délit  sans que cela ne soit inscrit nulle part’’ ! 

Le Gouvernement du Président Abdel Aziz, sur les traces de prédécesseurs imbus de la même idéologie, consolide et perpétue ce Système, en exécutant cette  ‘’ politique hégémonique qui se reflète dans la composition raciale des principales structures du Gouvernement, à tous les échelons ‘’ dont parle Mandela. Ce gouvernement dans son empressement à asseoir définitivement et clôturer le Système, l’a profondément  exacerbé, accentuant davantage la fracture communautaire …

  Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer autour de nous pour constater la composition raciale du secteur de la justice, celui des (9) Ecoles spéciales, ou des commissions chargées de l’enrôlement biométrique, du corps de commandement des forces  armées et de sécurité, des médias enfin. Des faits, rien que des faits que le Président, campant dans sa posture de déni habituel, s’efforçait de faire porter aux autres  ( message à la nation en début et fin du ramadan, entre autres ).Au regard de ces faits, têtus, qui est-ce qui, en réalité, œuvrait  dans le sens  du “sectarisme’’ , du “racisme’’ ou de la ‘’ségrégation’’ ? Qui ‘’ divisait le  peuple’’, à entendre nos “alter égo de Vichy’’, déclamer des slogans éculés, complètement  déconnectés  du réel?  

A ce tableau d’iniquités décrit, vient s’ajouter ce découpage administratif et territorial des plus arbitraires et des plus injustes, depuis toujours. Citons en quelques cas significatifs à titre d’exemple : 

L’Adrar : 62 658 habitants, 4 préfectures, 5 députés, 4 sénateurs (9 parlementaires)

 

Le Guidimakha : 267 029 habitants, 2 préfectures, 6 députés, 2 sénateurs  (8 parlementaires)

 

Le Tiris Zemmour : 53.261 habitants ,3 préfectures, 4 députés, 3 sénateurs (7 parlementaires)

 

Le Gorgol :   335.917 habitants, 4 préfectures, 10 députés  4 sénateurs (14 parlementaires);

 

Le Tagant : 80.962habitants ; 3 préfectures, 5 députés, 4 sénateurs (9 parlementaires) .

 

Le Hodh Gharbi 294 109 habitants, 4 départements, 9 députés, 4 sénateurs  

Au total, toutes régions comprises, on dénombre 203 parlementaires dont 150 Arabo-berbères (73 %), 20 haratines  et 33 Negro africains .Le pays compte 55 préfectures  au total, et seulement 7 pour la vallée du fleuve malgré sa forte densité ! 

De quelle ‘’Unité nationale’’ nous parle-t-on lorsqu’il n’existe d’équité nulle part, au regard de ces faits ? 

‘’ Annihiler la force numérique et la force de travail que représentent les Noirs pour les transformer en simples instruments, sans qu’aucune possibilité ne  leur soit laissée  de sortir de cette situation ’’. N  Mandela   

Rien ne distingue ce but ultime de l’idéologie afrikaner, ici décrit, des objectifs politiques de la plupart des  régimes  mauritaniens,  en particulier celui du Président Ould Abdel Aziz !  

Voilà qu’après la main mise sur tous les leviers essentiels, le Système va boucler la boucle, à travers l’action du Président ould Abdel Aziz qui se tourne maintenant vers le dernier carré, jusque là préservé : les terres de la vallée du fleuve. Cela semble se dessiner à  travers un comité interministériel, à pied d’œuvre depuis juin 2016, ouvert aux bailleurs de fonds,  naturellement, mais qui restera sourd aux complaintes  légitimes des populations concernées, comme toujours!    

             Pour une coopération plus éclairée…   

Ce qu’il faut déplorer dans cette situation c’est qu’il se trouve, hélas, des partenaires internationaux qui, consciemment ou inconsciemment , accompagnent cette politique ; en effet, certaines institutions internationales, certains partenaires étrangers participent de cette dangereuse entreprise de spoliation, par leur apport multiforme dans ce secteur ; a travers  leurs  programmes d’appui, leurs financements …Or sans crever l’abcès, c’est-à-dire sans œuvrer au rétablissement  préalable de la vérité  sur l’occupation des terres-qui possède quoi-, sans affirmation claire du caractère intangible du droit de propriété, sans apaisement des rancœurs  et des frustrations accumulées toutes ces années à cause des injustices nombreuses , il ne serait ni judicieux, ni raisonnable de s’engager dans ce secteur . Il serait illusoire de vouloir exploiter de manière efficiente et productive ce secteur agricole durablement ; illusoire d’espérer en tirer des bénéfices probants ; plutôt, on risquerait de créer ou précipiter les conditions d’instabilité explosive, sans plus. A titre d’illustration, peut–on légitimement envisager un projet d’exploitation ou d’extension des manguiers des femmes de Thiembene  sans risques ? Serait-il moralement juste de s’approprier le fruit de leur labeur pendant des années, de transformer de facto un cas de flagrante injustice en fait accompli, définitivement accompli ?  

Enfin il ne faut pas que la raison de sécurité l’emporte sur celle (des risques) du chaos social éminemment plus dangereux  

Attention toutefois, que l’on nous entende bien : la vallée du fleuve doit voir son potentiel agricole mis en valeur, exploité au bénéfice de tout le peuple mauritanien. Seulement, ce développement devra tenir compte de certains principes, reposer sur la concertation avec les populations concernées  à  associer, respecter l’espace vital des villages et certains droits séculiers (accès à la terre pour les paysans, accès au fleuve pour les pécheurs, couloirs de parcours et d’accès à l’eau pour les éleveurs). Ainsi et ainsi seulement, on s’acheminerait vers un développement réfléchi, apaisé,  qui profiterait à tous. Voilà pourquoi nous pensons que tout plan d’exploitation de cet espace devrait se décliner en paliers, ci-après :  

La Zone du ‘’ Waalo’’- ou partie inondable- sera affectée aux populations locales que l’Etat accompagnera  

– Les investisseurs nationaux et sous–régionaux se verront attribuer le moyen Dierri -12km du fleuve,  

-Les Investisseurs internationaux (le grand capital ) occuperont le haut Dierri -20km du fleuve et au de-là-.   

Enfin s’il y a réforme foncière, elle devra être une, la plus équitable possible, applicable du Nord au Sud, d’Est en Ouest avec la même impartialité.  

D’ores et déjà nous ne pouvons que déconseiller fortement tout financement de projets agricoles de partenaires  dans la vallée du fleuve, avec le statu-quo  actuel ; tout comme nous décourageons les appuis au secteur de la justice dans  laquelle  Negro-africains et haratines ne se reconnaissent pas ; Ils n’y sont pas représentés, ne peuvent  s’y exprimer (N-africains), ni en attendre des verdicts impartiaux. Une justice enfin, où on ne donnait pas aux  juges honnêtes  de  dire le droit. A nos yeux l’appui visant à  ‘’ rendre cette justice plus forte,’’ comme  se le proposent certains partenaires au développement, mérite d’être questionné, car il ne serait pas de nature à favoriser la cohésion nationale, pour  accentuer et consacrer la marginalisation des Négro-mauritaniens.    

Pendant l’occupation algérienne Albert Camus eut à tenir ces propos sur la Justice française qui lui valurent bien des quolibets:‘’ entre votre Justice et ma mère je choisis ma mère’’, dit-il. C’était sa manière de dénoncer la justice française appliquée pendant la guerre d’Algérie, exigeant  une autre justice plus conforme  à  celle incarnée  par la rigueur et la droiture de sa vertueuse mère !  

Citation qui ne saurait mieux traduire le ressenti actuel des Négro-africains à l’égard de la justice mauritanienne perçue comme une justice partisane au service d’une entité, une justice des riches et des puissants pourvoyeuses de cellules  …Nous sommes des assiégés !  

Nous sommes des assiégés, en survie !    

Dans le livre titré ‘’ la vallée du fleuve Sénégal ’’ de B Grousse et Sidy M Seck, Ed karthalla 1991, le mauritanien Ba Boubacar Moussa révèle -page 265- : ‘’ dans un rapport confidentiel, le ministre de l’intérieur écrit’’ « Les halpulareen tentent de déstabiliser la Mauritanie en remettant en cause son arabité. La base sociale sur laquelle se développe ce particularisme tributaire de l’hégémonisme sénégalais, c’est la composition ethnique du peuplement local actuel, majoritairement halpulareen. En modifiant radicalement la composition de ce peuplement, on prive ce particularisme de toute possibilité de développement à moyen terme ».  

C’est on ne peut plus clair !  

 La majorité des mauritaniens victimes des évènements Sénégalo-mauritaniens de 1989, expulsés du Sénégal se sont vus bloqués sur la ligne du fleuve, contraints et forcés de s’y installer  alors qu’ils avaient, pour la plupart, émis le désir de regagner leurs régions d’origine…Ils furent autorisés à occuper villages et champs de Négro-africains déportés, non encore restitués à ce jour, comme pour le carré de manguiers des braves dames de Thiembene …  

L’esprit du rapport confidentiel était en marche …   

La déportation des populations négro-africaines au Sénégal et au Mali s’inscrit dans le même sillage ; comme le refus obstiné de ramener les (12000) déportés mauritaniens au Mali, qui participe de la même logique …  

On le voit, le rapport était en applicationLa descente vers le Sud n’a donc pas été que ‘’spontanée’’ ou sous la poussée de la sécheresse, contrairement à certaines affirmations ; elle fut inspirée, suscitée et même encouragée… pour des motifs obscurs.  

L’esprit de ce rapport-circulaire était en marche. IL est en marche, non plus localement, mais à l’échelle nationale  avec le Président Abdel Aziz ; au niveau des forces armées et de sécurité, de la Police,  de l’Administration, de la Justice, des Ecoles spéciales, des médias , à travers cet ’enrôlement biométrique aux commissions techniques mono ethniques  et ces conseils de ministres ; l’esprit de cette circulaire se poursuit encore et se reflète jusque dans l’organisation du sommet arabe récemment à Nouakchott où nous avons été tenus absents ; Arabité oblige, toutes les émissions en langues nationales pulaar , soninke , wolof ont été suspendues , le temps d’un sommet… Or l’Unité ne peut se fonder sur l’assentiment des peuples en présence, dans l’acceptance  et le respect réciproques. Dès lors qu’une des parties est perçue comme une gène, voire un boulet au pied  l’Unité n’est plus viable !  

Le Président, son compère de l’état major et la dame de la CUN, par leur action conjuguée, tentent  de parachever au pas de course l’infâme  projet, amorcé en 1960,  considérablement  aggravé  par Ould Taya dans les années 1980. Le Président veut développer ce pays, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose; ce qui est mauvais par contre est qu’il veuille le développer sans Nous,- nous Négro-africains et Haratines- chose inacceptable, encore une fois !  

 Un pays, une Nation, un Etat viable ne sauraient se construire de cette façon là…En conséquence toute coopération dans ces conditions devient donc questionnable.  

Dans son allocution du 12 juillet 2016, l’ambassadeur des Etats-unis à Nouakchott, évoquant la question de l’esclavage, disait, je cite : «les histoires de nos deux pays ont de tristes similitudes. Comme la Mauritanie, nous luttons pour surmonter les séquelles de notre passé, et pour construire un meilleur pays pour tous les citoyens ». A cette différence qui échappait peut-être à son Excellence : si aux Usa l’esclavage a été vaincu c’est  parce qu’il y eut des consciences torturées, des intellectuels et des hommes de foi qui n’en pouvaient plus de transiger avec  leurs consciences, torturées ; ce  n’était pas le cas en Mauritanie où l’on fait  surtout semblant … En Mauritanie l’hypocrisie  et  le  ‘’faire semblant’’ sont entrés dans les mœurs …  

 

Isselmou O Abdel kader  disait  au cours  d’une rencontre publique récente que 90% de l’économie de Kaédi était aux mains des familles maures ; Dire 90% de l’économie de toute la vallée du fleuve aurait été plus proche de la réalité ! « Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable et qui, surtout, n’est pas tenable » soutenait  Yehdih. 

 

                    Il faut reprendre Aleg  

S’il s’était agi de corriger le déséquilibre issu du legs colonial on aurait compris ! C’eût été légitime, parce que c’eût été faire justice; mais l’on s’attela, plutôt, à éliminer la composante négro-africaine des sphères de la vie publique, totalement! Evidence, hélas, que le Pouvoir en place et une bonne partie de l’élite arabo-berbère s’obstinaient à nier! Or il ne pouvait y avoir d’unité ou simplement de rencontre avec l’autre sans la reconnaissance de l’autre dans son altérité …      

Au vu de toutes ces données, appuyer ou financer donc le secteur agricole ou celui de la justice ou encore des forces armées et de sécurité  mono ethniques actuelles, sans créer au préalable  les conditions d’égalité, d’équité et de justice entre les composantes nationales dans ces secteurs, ne serait ni plus ni moins  qu’aggraver cet état de siège. Ce serait  apporter une caution à notre exclusion, soutenir et légitimer la domination d’une composante nationale sur les autres. Nous sommes des assiégés en état de survie ! Voilà pourquoi l’appui à ces secteurs doit être questionné, encore une fois…  

 Il faut reprendre Aleg qui fut un raté ! Il faut rediscuter des conditions de coexistence, du vivre ensemble. Les partenaires et amis de la Mauritanie se doivent donc de faire preuve de claire voyance et davantage de vigilance et de prudence dans leur coopération avec l’Etat ou le régime mauritanien, buté, de nature éthniciste, aux tendances autocratiques, répressives et prédatrices ….  

 

Samba Thiam  

Président des Forces Progressistes du Changement FPC

Nouakchott, le 31 juillet 2016